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5 avril 2025
Développement
LA FIN DE L’ÈRE DES DÉPUTÉS-MAIRES ?
Depuis l'indépendance, de nombreuses figures politiques ont incarné cette dualité des fonctions, de Lamine Guèye à Ousmane Sonko. Mais le nouveau pouvoir entend tourner la page de cette pratique qu'il juge antidémocratique
Depuis l’indépendance, la vie politique sénégalaise a été marquée par une particularité : le cumul des fonctions de maire et de député par certaines figures incontournables. Ce modèle de double fonction, un héritage d'une organisation centralisée du pouvoir, pourrait bien appartenir au passé avec les nouvelles politiques du nouveau régime.
Alors que certains leaders et militants du Pastef réaffirment leur promesse de campagne d’interdire le cumul des mandats, le Sénégal pourrait tourner la page de cette pratique controversée, source de nombreux débats sur la transparence et l’efficacité de la gouvernance.
Ils sont nombreux à avoir marqué le paysage politico-administratif sénégalais. Blaise Diagne, premier député noir à l’Assemblée française, fut également maire de Dakar, entre 1920 et 1921. Lamine Guèye occupa, lui, la fonction de maire de Dakar et de député en 1961, tout en étant député jusqu’en 1968. D’autres figures emblématiques comme Mamadou Seck (Mbao), Mbaye Jacques Diop (Rufisque), Robert Sagna à Ziguinchor, Ibrahima Tall, Cheikh Bamba Dièye à Saint-Louis et les contemporains comme Khalifa Sall, Barthélemy Dias, Amadou Mame Diop, Aïda Mbodj (à Bambey), Aminata Mbengue Ndiaye, Ousmane Sonko et Ahmet Haidara ont également porté cette double casquette de député et de maire, influençant profondément la vie politique du pays.
Cette dualité des rôles, tout en leur conférant un poids politique indéniable, a souvent suscité des critiques sur la concentration du pouvoir entre les mains de quelques-uns, alimentant le débat sur le cumul des mandats. Ces élus, en accédant à ces postes simultanément, avaient la possibilité d’impacter à la fois au niveau local et national.
Cependant, cette fusion des fonctions a souvent été critiquée pour l'absence de délimitation claire entre les responsabilités municipales et législatives, une situation qui a parfois mené à des conflits d'intérêts et à un manque d’efficience.
Une rupture politique initiée par le régime de Sonko
Avec l’ascension du régime du Pastef, le Sénégal a vu émerger une critique plus virulente envers cette pratique. Fidèle à son engagement de campagne, le parti au pouvoir, Pastef, n’a investi aucun maire sur ses listes pour les élections législatives, annonçant ainsi sa volonté de rompre avec ce qu’il considère comme une pratique antidémocratique. Dans ce contexte, Cheikh Aliou Bèye, député-maire de Diamaguene Sicap Mbao, pourrait bien être le dernier de son genre pour le parti d’Ousmane Sonko. On se souvient de la pression exercée contre Birame Soulèye Diop, maire de Thiès-Nord, poussé par les militants et sympathisants du Pastef à démissionner de son poste de maire ou de député en 2022, afin de respecter le principe de non-cumul.
Cette position du Pastef s’inscrit dans une volonté d’instituer une séparation des pouvoirs plus marquée. Les partisans du non-cumul estiment qu’un maire, en tant que gestionnaire exécutif d’une commune, doit se consacrer pleinement aux affaires locales. Inversement, un député, représentant de la nation, ne devrait pas être accaparé par des tâches exécutives qui pourraient compromettre l’objectivité de ses responsabilités parlementaires. Ce découpage clair des rôles permettrait, selon eux, de recentrer les élus sur leurs missions spécifiques, évitant ainsi la dispersion des responsabilités.
Les arguments pour et contre le cumul des mandats
Les défenseurs du cumul des mandats soutiennent que cette pratique assure une meilleure connexion entre les enjeux locaux et nationaux. Un maire-député serait plus à même de faire entendre la voix de sa localité au Parlement, réduisant ainsi la distance entre les préoccupations du terrain et les décisions législatives. Ils font également valoir que le cumul permet de limiter les conflits entre les pouvoirs locaux et nationaux en facilitant une coordination plus harmonieuse.
En revanche, les opposants au cumul dénoncent une concentration excessive de pouvoirs dans les mains d'une élite politique, parfois au détriment de la bonne gouvernance. Ces élus ‘’cumulards’’, selon les critiques, auraient tendance à monopoliser les postes et les ressources, alimentant un système clientéliste. Les pratiques telles que l’utilisation de voitures de fonction pour des activités privées, le détournement des fonds publics ou encore la répartition avantageuse de privilèges constituent autant de dérives qui, selon eux, tirent leurs racines du cumul des fonctions.
En France, les lois de 1985, 2000 et plus récemment de 2014 ont limité ce cumul en interdisant aux députés nationaux et européens ainsi qu’aux sénateurs de cumuler leurs mandats avec des fonctions exécutives locales. Ce modèle inspire de nombreux observateurs sénégalais pour qui l’adoption d’une loi similaire pourrait renforcer la transparence et la responsabilité politique au Sénégal.
Dans cette nouvelle législature, plusieurs maires se positionnent déjà pour siéger à l’Assemblée nationale, illustrant un appétit toujours vif pour le cumul des fonctions. Parmi eux, le maire de la commune de Richard-Toll, ancien président de l’Assemblée nationale, ou encore Barthélemy Dias, figure politique marquante et ardent défenseur des intérêts de sa commune. Cheikh Oumar Anne, Cheikh Guèye ainsi qu’Amadou Ba, journaliste et maire de Missirah, rejoignent cette dynamique, soulevant des interrogations sur la capacité d’un élu à concilier efficacement les exigences locales de la mairie et les impératifs nationaux du mandat parlementaire.
Cette persistance du cumul, malgré les critiques, semble mettre en lumière la force de l’ambition personnelle et les intérêts politiques.
Le 5 avril dernier, sous l’instruction du président Bassirou Diomaye Faye, le Premier ministre Ousmane Sonko a donné aux ministres nouvellement élus un mois pour renoncer à leur mandat électif local, renforçant ainsi la détermination de l'État à interdire le cumul des mandats. Cette mesure, perçue comme une avancée vers une gouvernance plus responsable, vise à réduire la mainmise des élites sur les ressources publiques et à encourager un renouvellement de la classe politique.
Cependant, la décision suscite des inquiétudes. En effet, des voix s’élèvent pour dénoncer les risques politiques que pourrait engendrer cette interdiction pour le parti au pouvoir. Pour certains, restreindre les fonctions des élus pourrait affaiblir leur influence locale au détriment de leur base électorale, en particulier dans des zones où les élus jouent un rôle social essentiel. À cela s’ajoute la crainte que cette réforme, perçue par une partie de l’opposition comme une tentative d’aseptiser le jeu politique, se retourne contre le gouvernement en aliénant certains de ses partisans les plus fidèles.
Un avenir sans cumul des mandats : vers une nouvelle culture politique ?
Pour beaucoup, la fin du cumul des mandats est plus qu’une simple réforme ; elle représente un véritable changement de culture politique. Au-delà de la gestion des ressources et des conflits d’intérêts, cette décision vise à encourager la responsabilisation des élus et à diversifier la représentation politique. En exigeant des maires et des députés qu’ils renoncent à cumuler les fonctions, le gouvernement Pastef espère ainsi promouvoir une nouvelle génération de leaders capables de se consacrer pleinement à leur rôle.
Il reste à voir si cette mesure suffira à éradiquer les comportements clientélistes et le favoritisme politique enracinés dans la culture politique sénégalaise.
En attendant, les législateurs du Pastef ont annoncé leur intention de déposer un projet de loi pour interdire définitivement le cumul des mandats et accélérer le renouvellement du personnel politique, en faisant valoir que l’exclusivité des mandats est essentielle pour moderniser la gouvernance et améliorer la répartition des responsabilités.
Avec cette réforme en gestation, le Sénégal pourrait ainsi ouvrir la voie à une nouvelle ère de transparence et d’efficacité dans la gestion des affaires publiques. Mais cette transition, bien que saluée par certains comme une avancée démocratique, n’est pas sans susciter de nombreux défis et résistances au sein même de la classe politique.
ABASS FALL A VU LES CHOSES TROP EN GRAND
La tête de liste départementale de Pastef a évoqué une prétendue "immunité totale" durant la période électorale. Une lecture contestée par les juristes qui rappellent que la loi ne protège que les actes directement liés à la compétition électorale
Dimanche dernier, Abass Fall a évoqué l'existence d'une super immunité électorale susceptible de protéger, envers et contre tous, tout acte durant cette période électorale. Qu'en est-il réellement ? ‘’EnQuête’’ a vérifié pour vous.
La première journée de campagne électorale a été marquée par des scènes de violence dans le département de Dakar. Les sympathisants de Barthélemy Dias d'un côté et ceux d'Abass Fall de l'autre se disputent d'ores et déjà le contrôle de la capitale. À la suite d'un pugilat, avant-hier dimanche, Abass Fall, la tête de liste départementale de Pastef, a invité ses soutiens à la riposte.
Car pour celui qui se surnomme aussi “Borom Ndakaru”, une certaine immunité protégerait tout le monde, à tout-va, durant cette période de campagne. “Nous sommes en campagne électorale, il y a une immunité totale. C’est pourquoi ils se comportent ainsi. Les textes disent qu’en campagne électorale, si tu tues quelqu’un ou si tu le blesses, tu es couvert par une immunité. C’est ce qu’ils savent, c’est pourquoi ils se permettent de se comporter ainsi. On ne va pas se laisser attaquer. Qui s’y frotte s’y pique’’, hurle-t-il.
Ce qu'il faut retenir d'emblée, c'est que le membre du Pastef n’a pas eu une bonne lecture des dispositions de la loi électorale. En fait, ceux qui tiennent ce genre de propos s’appuient sur les articles L117 et suivants intitulé (section intitulée immunité et prescription en matière électorale).
Aux termes de l’article L117 : ‘’De l'ouverture officielle de la campagne électorale jusqu’à la proclamation des résultats du scrutin, aucun candidat ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé pour des propos tenus ou des actes commis durant cette période et qui se rattachent directement à la compétition.” Selon cet expert, cette disposition ne concerne que les déclarations et actes en lien direct avec la compétition. ‘’Il va sans dire que tuer quelqu’un, incendier, s’attenter à l’intégrité physique de quelqu’un n’a rien à voir avec la compétition électorale. Ce sont des actes réprimés par le Code pénal et la loi électorale ne saurait y apporter aucune dérogation’’, souligne notre interlocuteur.
En outre, la jurisprudence des violences électorales de la Présidentielle 2019 est là pour prouver qu’Abass est effectivement passé à côté. En effet, les affrontements à Tambacounda entre partisans de l'ancien régime de Macky Sall et la garde rapprochée du candidat du Pur avaient notamment causé la mort d'Ibrahima Diop. Les personnes responsables de ces actes ont été arrêtés jugés deux ans plus tard. L’un d’eux a d’ailleurs été condamné à une peine de 15 ans de réclusion criminelle.
C'est là une preuve supplémentaire que le lieutenant d'Ousmane Sonko s'est trompé dans son interprétation des dispositions de la loi électorale.
L'autre aspect qui vient un peu contredire Abass Fall est la sortie du ministre de la Justice. S'exprimant à travers un communiqué ce lundi, le garde des Sceaux s'est dit aux aguets des moindres faits et gestes des acteurs. “Dans le cadre de la campagne pour les élections législatives anticipées prévues le 17 novembre 2024, le ministère de la Justice a pris note de comportements et de propos qui pourraient constituer des infractions susceptibles d’entraîner des poursuites judiciaires. Ces agissements, survenus notamment dans le département de Dakar en ce début de campagne, ont suscité une réaction ferme des autorités’’. C'est dans ce sillage qu’Ousmane Diagne a “ordonné l’ouverture d’enquêtes pour faire la lumière sur ces événements et identifier les responsabilités”.
Il est rappelé dans la note reçue l’importance du respect des lois et des règlements en vigueur, soulignant que “toute atteinte à l’ordre public sera traitée conformément aux procédures légales”.
Enfin, en appelant les acteurs politiques et leurs partisans à faire preuve de retenue, le ministère de la Justice invite chacun à s’abstenir de tout “acte ou discours pouvant compromettre la tranquillité publique ou alimenter les tensions”.
Selon le ministère de la Justice, cet appel à la responsabilité et à la discipline vise à “assurer un climat de sérénité tout au long de la campagne, garantissant ainsi un processus électoral pacifique et exemplaire conforme aux valeurs démocratiques du Sénégal”.
PAR Farid Bathily
DÉCLARÉ MORT À TORT, IL ÉCHAPPE DE PEU AU PRÉLÈVEMENT DE SES ORGANES
En octobre 2021, Anthony Hoover est déclaré mort après une overdose dans un hôpital du Kentucky. Alors que tout est prêt pour le prélèvement de ses organes, l'impensable se produit : le "défunt" se réveille
Déclaré mort, Anthony Hoover s’est réveillé alors que les médecins s’apprêtaient à lui prélever ses organes.
"Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra. Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais." Depuis trois ans, ce verset biblique est inscrit sur le siège d’Anthony Hoover chez lui. Il s’agit sans doute d’un marqueur de la vie de cet Américain de 36 ans encore appelé "TJ Hoover", depuis que celle-ci a basculé il y a trois ans sur la table d’opération de l’hôpital Baptist Health Hospital de Richmond dans le Kentucky.
Admis sur place totalement inconscient le 25 octobre 2021 à la suite d’une overdose de drogue, Anthony a été déclaré en état de mort cérébrale quatre jours plus tard, après un placement sous appareil respiratoire. Alors que les médecins s’apprêtaient à lui prélever ses organes en tant que donneur, le patient reprend vie.
"Il s’est réveillé", se souvient avoir entendu sa sœur Donna Rhorer de la part des médecins. "Il bougeait dans tous les sens, se débattait. Il s'agitait sur le lit. Et quand on s'est approchés, on pouvait voir qu'il avait des larmes qui coulaient. Il pleurait visiblement", témoigne Natasha Miller, chargée de la préservation d’organes à NPR.
Des signes avant-coureurs
La scène décrite comme "chaotique" par Miller provoque immédiatement le refus des chirurgiens de procéder à l'opération. Des signes avant-coureurs auraient pourtant dû alerter les personnes chargées du patient.
Selon le déroulé des évènements rapporté par Nyckoletta Martin, un autre chargé de la préservation d’organes sur place, Anthony Hoover s'était réveillé et avait manifesté des signes de conscience lors d'un cathétérisme cardiaque destiné à évaluer la viabilité de son cœur dans la perspective d’une transplantation.
Malgré cela, la procédure de don d'organes a suivi son cours. Sa sœur se souvient même l'avoir vu "ouvrir les yeux" lors de son transfert vers le bloc opératoire. "On nous a dit que ce n’étaient que des réflexes, juste une réaction normale", affirme-t-elle.
L’affaire révélée au grand public le mois dernier en marge d’une audience de la Commission de l'énergie et du commerce de la Chambre des représentants sur les organismes de prélèvement d'organes, fait désormais l’objet d’enquêtes des autorités fédérales et de l’État.
Un système sous pression ?
À en croire certains observateurs, elle remet au goût du jour la controverse sur le concept de "mort cérébrale". La loi américaine datant de 1980 la définit comme "l'arrêt total des fonctions du cerveau". Or, la science révèle aujourd’hui que l'hypothalamus de certains patients dits "morts" peut continuer de réguler la température de leurs corps ainsi que leurs hormones.
Des questions émergent également quant au processus du don d'organes aux États-Unis. Alors que les services du ministère de la Santé estiment à 170 millions le nombre d’Américains inscrits à cet effet, moins de 1% répondent effectivement aux critères spécifiques de l’opération, selon l’organisation fédérale à but non lucratif, Donor Network West.
Cela entraîne 17 décès par jour en liste d'attente de greffe. Trois ans après cet incident, Anthony Hoover vit près de sa sœur. "TJ connaît des difficultés, notamment des problèmes de mémoire à court terme, de vision et d'équilibre. Mais il est assez robuste pour suivre une kinésithérapie plusieurs fois par semaine, et il a gardé son humour", décrit CNN qui lui a rendu visite.
UNE DÉFORESTATION DE PRÈS DE 53 000 HECTARES ENREGISTRÉE CHAQUE ANNÉE EN AFRIQUE DE L'OUEST
Ces chiffres préoccupants soulignent l'urgence d'agir pour préserver les richesses forestières face aux menaces croissantes.
Les forêts de la sous-région font face à des niveaux élevés de déforestation, avec en moyenne une perte annuelle estimée à 52, 920 hectares entre 2010 et 2020, a déclaré mardi, le directeur général des eaux et forêts, le colonel major Babacar Dione.
‘’Malgré leurs inestimables richesses, les forêts de la sous-région font face à des niveaux élevés de déforestation, avec en moyenne une perte annuelle estimée à 52, 920 hectares entre 2010 et 2020, soit en l’espace de dix ans’’, a-t-il dit.
Le colonel major Babacar Dione s’exprimait lors de la cérémonie officielle d’ouverture d’un atelier d‘échange régional sur les cadres juridiques forestiers et les tendances liées à la déforestation : enjeux transfrontaliers et approche communautaire.
‘’La situation n’étant toutefois pas homogène entre les pays, les principales causes de la déforestation sont l’agriculture et l’exploitation forestière à petite échelle (20.4% et 16.7% respectivement) ainsi que les incendies (14%)’’, a-t-il indiqué.
Il a signalé que les cadres juridiques relatifs aux forêts du Ghana, du Liberia, de la Sierra Leone, de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, de la Gambie et du Sénégal, ont été évalués en tenant compte des instruments internationaux et sous régionaux pertinents.
”Sur cette base, a-t-il poursuivi, des recommandations ont été élaborées pour promouvoir une gestion durable de ces forêts, ainsi qu’une approche sectorielle ciblant les droits et attentes des communautés locales, tout en prenant en compte les défis transfrontaliers liés à la déforestation et la prise en compte du genre”.
‘’Parmi ces recommandations, a-t-il relevé, figurent la nécessaire de renforcer les cadres de coopération bilatéraux et multilatéraux afin de lutter contre l’exploitation et le commerce illégal de faune et de flore, et l’importance de promouvoir la coopération policière et judiciaire à l’instar des mécanismes existant entre certains pays’’.
Le directeur des eaux et forêts a souligné par ailleurs que le cadre juridique forestier du Sénégal “se porte bien”.
”Le cadre juridique forestier du Sénégal adopté en novembre 2018 et son décret d’application sorti en janvier 2019, se porte bien ”, a-t-il magnifié, ajoutant que ce code forestier, en vigueur,” permet de renforcer les sanctions, les peines liées aux infractions, aux trafics de bois, aux coupes et feux de brousse”.
”Ce code permet aussi de responsabiliser davantage les communautés locales et donne beaucoup plus d’avantages également aux collectivités territoriales”, a-t-il déclaré.
”Avec ce code forestier, 40% des recettes tirées de l’exploitation des ressources forestières sont versées aux communautés, et aux collectivités territoriales”, indique-t-il, invitant à leur vulgarisation et diffusion auprès de l’ensemble des communautés.
Cet atelier vise à améliorer la connaissance des cadres juridiques nationaux forestiers des pays de la CEDEAO et des principaux enjeux liés à la gouvernance forestière décentralisée et aux délits forestiers.
Organisé par le Bureau sous régional de la FAO à Dakar, l’atelier vise également à partager les résultats accomplis dans le cadre de la mise en œuvre de la composante juridique (FA 2) du projet ” Transformation globale des forêts pour les peuples et le climat : un accent sur l’Afrique de l’Ouest”.
Plusieurs représentants de pays de la CEDEAO et des partenaires ont pris part à cette rencontre.
MACKY SALL CONFIRME SON ABSENCE DE LA CAMPAGNE
L'ancien président, chef de liste de la coalition d'opposition Takku Wallu, préfère rester à l'étranger. Il invoque le respect de "la tradition" des ex-chefs de l'État sénégalais pour justifier son choix de laisser le champ libre à ses successeurs
(SenePlus) - L'ancien président Macky Sall, tête de liste de la coalition Takku Wallu, ne rentrera pas au pays pour la campagne électorale. Dans un entretien exclusif accordé à RFI Fulbe, il écarte toute possibilité de retour immédiat à Dakar, bouleversant ainsi les plans de sa formation politique.
"Mon retour au Sénégal n'est pas encore à l'ordre du jour. Une fois décidé, je ferai moi-même une annonce officielle", a déclaré l'ancien chef d'État installé désormais au Maroc. Il justifie cette absence par le respect des traditions : "Quand un président est longtemps resté au pouvoir, il doit se retirer pour laisser le soin à ses successeurs afin qu'ils puissent bien dérouler."
Malgré son absence physique, Macky Sall reste actif dans la campagne. Dimanche, lors du meeting de sa coalition à Fatick, il est intervenu par téléphone pour galvaniser ses troupes. "Les Fatickois ont toujours fait montre de dignité et de loyauté. Comme d'habitude, nous sommes conscients qu'ils vont faire la bonne option pour le bien du Sénégal", rapporte Le Soleil, citant ses propos.
Cette campagne à distance suscite déjà des critiques acerbes. Seydina Oumar Touré, l'ancien capitaine de gendarmerie devenu directeur général de l'Agence nationale de la sécurité de proximité, n'a pas manqué de railler l'ancien président, le qualifiant de "première tête de liste de l'histoire du Sénégal à battre campagne sur WhatsApp et TikTok".
L'attaque de Touré va plus loin, rappelant le bilan contesté de Macky Sall : "Après s'être illustré dans la dictature en enregistrant le plus grand nombre d'arrestations, d'emprisonnements, de radiations et de morts, entre autres incommodités", avant d'ajouter ironiquement que "cet homme nous réserve encore des surprises".
Face à ces critiques, l'ancien président reste stoïque. S'il reconnaît que sa décision "pourrait peut-être créer une situation de découragement", il minimise l'impact sur sa campagne, rappelant que "l'expression du vote revient aux Sénégalais". Une posture qui interroge alors que le scrutin du 17 novembre approche.
Il y a quelques jours, Jeune Afrique révélait déjà que l'ancien chef de l'État avait choisi de mener la campagne des législatives depuis l'étranger par "crainte de voir ses adversaires, le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre, Ousmane Sonko, lancer une procédure judiciaire contre lui et le faire arrêter une fois arrivé sur le territoire national".
VINICIUS VICTIME DE SON COMBAT CONTRE LE RACISME ?
L'attaquant brésilien du Real Madrid et son entourage voient dans sa défaite au Ballon d'or 2024, la sanction de son combat acharné contre le racisme. Une controverse qui éclate alors que le joueur de 24 ans a réalisé une saison sportive exceptionnelle
(SenePlus) - Le Ballon d'Or 2024 laisse un goût amer à Vinicius Jr. L'attaquant brésilien du Real Madrid, deuxième derrière l'Espagnol Rodri de Manchester City, voit dans ce résultat la conséquence de son engagement contre le racisme, rapporte Reuters.
"Je le referai 10 fois si nécessaire. Ils ne sont pas prêts", a lancé le joueur sur X après la cérémonie, boycottée par le Real Madrid qui avait anticipé la non-victoire de son attaquant vedette. Un message lourd de sens, que son entourage a tenu à expliciter auprès de Reuters : "Le monde du football n'est pas prêt à accepter un joueur qui se bat contre le système."
Le Brésilien de 24 ans s'est en effet imposé comme le fer de lance de la lutte antiraciste dans le football espagnol. Régulièrement ciblé par des insultes racistes dans les stades de Liga, son combat a déjà abouti à deux condamnations historiques en Espagne.
Cette défaite au Ballon d'Or apparaît d'autant plus contestable que la saison sportive de Vinicius a été exceptionnelle. Pilier du Real Madrid lors du doublé Ligue des Champions-Liga, il a contribué à une année presque parfaite, couronnée par les titres de meilleur entraîneur pour Carlo Ancelotti et de meilleur club pour le Real Madrid.
La solidarité s'est rapidement manifestée. "Mon frère, tu es le meilleur joueur du monde et aucun prix ne peut dire le contraire", a affirmé son coéquipier Eduardo Camavinga sur X. Plus virulente, la légende brésilienne Marta s'est insurgée : "J'ai attendu toute l'année que Vini Jr soit reconnu comme le meilleur joueur du monde et maintenant on me dit que le Ballon d'Or n'est pas pour lui ?"
France Football, organisateur du trophée attribué par les journalistes des 100 premiers pays du classement FIFA, n'a pas souhaité réagir à la controverse, précise Reuters. Cette polémique pose une question cruciale : l'engagement contre le racisme peut-il devenir un handicap dans la course aux récompenses individuelles ?
par Alioune Tine
ENGAGER IMMÉDIATEMENT LA DÉSESCALADE POUR DES ÉLECTIONS APAISÉES ET TRANSPARENTES
Il se met en place une culture du dégagisme et du pousse-toi que je m'y mette sans normes, sans limites où tous les coups sont bons. Nous vivons l'effondrement de l'éducation et de la culture, l'effondrement du civisme, du patriotisme
Entendre la leçon magistrale du président Diomaye pour des élections transparentes et apaisées, c'est appeler tous les leaders politiques du pouvoir comme de l'opposition à condamner les actes de violence, à bannir les violences politiques. C'est maintenant pendant la campagne électorale qu'il faut le faire, sans aucune ambiguïté.
C'est seulement après les condamnations de la violence que la promotion d'élections apaisées peut faire sens dans la bouche des leaders politiques. Aucune rupture systémique du système ne peut s'opérer dans un climat de violence et de guerre civile larvée.
Pour réguler la violence politique et électorale, il faut que les institutions publiques s'en mêlent de façon résolue, notamment la justice et le ministère de l'Intérieur en charge de la sécurité. C'est le moment pour ces institutions de montrer leur efficacité et leur impartialité, c'est le moment de montrer leur capacité à rassurer la société.
Autrement, tous ceux qui appellent à la violence doivent au moins faire l'objet d'une audition par la justice, tous les actes de violence doivent faire l'objet d'une enquête judiciaire pour en tirer toutes les conséquences.
Nous assistons depuis quelques années à la montée d'une violence politique et électorale inhabituelle, qui transforme petit à petit la démocratie sénégalaise, par une logique diffuse et une culture sourde, en une démocratie négative d'insurrection et de contre insurrection. Il se met en place une culture vulgaire du dégagisme et du pousse-toi que je m'y mette sans normes, sans limites et où tous les coups sont bons. Ses effets sociaux sont terribles avec une polarisation extrême de la société et une radicalisation de la défiance sociale.
Le résultat, c'est l'impuissance totale qu'on crée à gouverner ce pays, quel que soit le parti et les coalitions de partis qui se mettent en place. Les logiques électoralistes et les logiques pouvoiristes en marche depuis quelques années mettent à mal les liens sociaux, mettent à mal le pacte républicain que le président Diomaye Faye appelle sans pouvoir se faire entendre malheureusement.
Nous avons besoin plus que jamais de dialoguer, de rediscuter dans la sérénité, et dégager pendant cette campagne des éléments de consensus qui réduisent les risques belligènes et renforcent le consensus sur un pacte démocratique et républicain.
On va vers un monde plus difficile et plus complexe, il faut s'y préparer par l’éducation, la culture et une capacité de résilience et de sublimation. Comme ce Sénégal en a d'ailleurs le secret.
Nos chefs religieux toutes obédiences confondues doivent réagir maintenant.
Tout ce que nous vivons signale l'effondrement de l'éducation et de la culture, l'effondrement du civisme et du patriotisme.
par Pierre Sané
LE MIROIR BRISÉ DE L'OCCIDENT
Les Israéliens en bons Européens au fond ne font que dérouler leurs valeurs de civilisation : la barbarie. Ne devraient-ils pas être exclus des Nations Unies comme ce fut le cas pour l’Afrique du Sud à l’époque ?
Un oxymore est une figure de style qui consiste à allier deux mots de sens contradictoire. Ainsi en est il de « civilisation occidentale ».
Gandhi a qui un journaliste anglais demandait ce qu’il pensait de la « civilisation occidentale », aurait répondu « ce serait une bonne idée ! »
Aimé Césaire plus incisif dans son Discours sur le colonialisme écrit « Une civilisation qui s'avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde »
Aujourd’hui Israël qui se réclame comme étant l’avant-poste de la civilisation occidentale au Moyen Orient se voit enfin (!) desafiliée sinon répudiée par le président français qui a dit lors de la conférence sur le Liban : « Je ne suis pas sûr qu’on défende une civilisation en semant soi-même la barbarie». Israel, le mouton noir de la civilisation occidentale ? Israel dont les agissements criminels (la barbarie), seraient aux antipodes des règles de « bonne conduite de la civilisation occidentale » ? Ou plutôt Israël, le dernier avatar de ce que la « civilisation occidentale » a déroulé depuis cinq siècles dans le reste du monde ?
Les Européens n’ont-ils pas inventé les génocides ? Le nettoyage ethnique ? L’extermination des « brutes » ? Le colonialisme, la traite esclavagiste, le racisme, l’apartheid ? Les Israéliens en bons Européens au fond ne font que dérouler leurs valeurs de civilisation : la barbarie. C’est dans l’ADN de l’Europe qui à exterminé six millions de juifs. C’est pourquoi elle se tait. De même que leurs cousins Américains qui ont ensevelis sous les bombes des centaines de milliers d’Irakiens de Syriens d’Afghans de Serbes de Yéménites et autres. Clairement, l’occident est à l’agonie et il ne lui reste qu’une option pour maintenir son hégémonie : la violence aveugle.
En attendant, Israël qui défie toutes les règles de l’ordonnancement international mérite-t-il d’exister ? A-t-il le droit d’exister ? Ne devrait-il pas être exclu des Nations Unies comme ce fut le cas pour l’Afrique du Sud à l’époque ? On est en droit de se poser la question au vu de ses agissements. Cela permettrait au moins à la minorité occidentale de sortir de son silence honteux.
LE CALVAIRE DE DIEYNABA SANGARÉ NDIAYE
La jeune juriste, qui a osé porter plainte contre son mari violent, se retrouve derrière les barreaux pour avoir tenté de le faire chanter. Une victime devenue accusée dans un système judiciaire qui peine encore à protéger les femmes victimes de violences
(SenePlus) - Depuis plusieurs jours, une affaire de violences conjugales secoue le Sénégal, où une jeune juriste de 25 ans se retrouve derrière les barreaux après avoir menacé son mari violent de diffuser des vidéos intimes. Selon les informations recueillies par Jeune Afrique (JA), l'histoire met en lumière les défis persistants dans la lutte contre les violences faites aux femmes dans le pays.
"Où est le ministère de la Femme ? Où est Diomaye ? Nous sommes fatiguées !" Ces cris de colère ont résonné dans le centre de Dakar le 22 octobre, où des manifestantes réclamaient justice pour Dieynaba Sangaré Ndiaye, condamnée à trois mois de prison ferme.
L'histoire de ce couple commence comme un conte de fées. Les photos de leur mariage à Dakar montrent des époux "souriants, heureux et amoureux". Mais le rêve vire rapidement au cauchemar quand la jeune femme rejoint son mari, médecin-chef du district sanitaire de Matam.
Dans sa plainte consultée par JA, Dieynaba décrit des violences brutales : "Interpellé sur son infidélité, il a fait preuve d'une agitation et d'une agressivité surprenantes. Subitement, il s'est levé et s'est mis à me rouer de coups sur le visage, le nez, la tête et la bouche." Un certificat médical atteste d'une interruption temporaire de travail de dix jours.
Malgré l'intervention de ses frères venus de l'étranger, la situation perdure. "Il a reconnu qu'il l'avait battue", témoigne son frère Abedi Ndiaye. Après son divorce religieux, le harcèlement continue : "Il appelait sur le téléphone de ma mère, d'une cousine [...] avec des numéros masqués."
C'est dans ce contexte que Dieynaba menace de diffuser une vidéo intime, ce qui lui vaut aujourd'hui l'incarcération. Une réaction de désespoir qui contraste avec le traitement judiciaire de sa propre plainte pour violences. Ndeye Coumba Kane, son avocate, s'étonne : "Personne ne s'attendait à cette condamnation. On pensait que le cas de violences conjugales entraînerait la clémence des juges."
Les chiffres sont éloquents : selon l'ANSD, 26% des Sénégalaises ont subi des violences physiques, majoritairement de la part de leur partenaire. "Sur cent femmes victimes de violences, moins de cinq portent plainte", révèle Zahra Barry, présidente de l'association Avise.
Plus troublant encore, d'anciennes compagnes d'Alioune Badara Mbacké témoignent auprès de Jeune Afrique d'un homme "à deux visages", décrit comme un "manipulateur" usant de son statut de médecin pour séduire avant de devenir violent. "Ce que Dieynaba a vécu, j'ai vécu à peu près la même chose", confie l'une d'elles.
L'affaire met en lumière les pesanteurs socioculturelles persistantes. Comme l'explique Ndeye Magatte Ndiaye de l'Association des femmes juristes : "Les femmes ont tendance, sur l'autel du mugn, du kersa, du sutura, à supporter l'insupportable." Une réalité d'autant plus préoccupante que 46% des Sénégalaises de moins de 50 ans considèrent encore justifiables certaines violences conjugales.
Placé en garde à vue le 23 octobre, Alioune Mbacké attend son procès, tandis que son ex-épouse reste incarcérée à la prison des femmes de Liberté 6, victime devenue accusée dans un système judiciaire qui peine encore à protéger les femmes victimes de violences.
Par Mohamed GUEYE
UN DÉVELOPPEMENT ENDOGÈNE
Le pays veut mobiliser plus de 12 800 milliards de FCFA de fonds publics et 5 675 milliards en PPP. Face à l'ampleur du défi et aux turbulences actuelles, l'horizon temporel de cette transformation reste la grande inconnue
Le gouvernement du Sénégal voudrait revoir son programme avec le Fonds monétaire international. Les médias prêtent au ministre des Finances et du budget, Cheikh Diba, d’avoir annoncé, en marge des Réunions annuelles conjointes Fmi-Banque mondiale, à Washington, que le pays souhaitait réviser l’accord actuel qui le lie à l’institution financière. Depuis les péripéties nées de la déclaration d’un audit des Finances publiques, qui aurait dévoilé des chiffres «falsifiés» et maquillés, dans le but de faire croire à une situation beaucoup plus reluisante qu’elle n’était, la situation des Finances publiques, déjà difficilement gérable à l’arrivée du duo Sonko-Diomaye au pouvoir, est devenue très fortement perturbée, à dire le moins.
Selon les médias, un nouveau programme avec le Fmi devrait intervenir en 2025, et celui actuellement poursuivi, qui implique le décaissement d’1,8 milliard de dollars, serait tout bonnement abandonné. Il faut dire que le Fonds monétaire international, si prompt à communiquer sur d’éventuels développements avec ses pays partenaires, est resté étonnamment muet sur la question. Ni sur le site ni dans ses communiqués concernant le Sénégal, il n’a été fait mention d’une volonté du Sénégal de remettre en cause les fameux accords. La seule chose évidente depuis le mois de septembre, est que la notation du Sénégal a été dégradée par les agences de notation, à savoir Moody’s qui a été la première, suite à l’annonce de fraude sur les chiffres par le Premier ministre Sonko. Standard & Poor’s a suivi, ce qui n’incite vraiment pas à l’optimisme.
Il s’en est suivi que le gouvernement ne donnait plus de signal clair à ses partenaires, au point que la dernière mission du Fonds a fait état d’une certaine dégradation des agrégats : «Le Sénégal continue de faire face à un environnement difficile, avec des signes de tensions accrues dans l’exécution du budget. Le manque à gagner en termes de recettes, identifié lors de la dernière visite des services, a été confirmé à fin septembre. Parallèlement, les dépenses sont restées élevées, principalement en raison d’une augmentation substantielle des dépenses d’investissement, comme le suggèrent les conclusions préliminaires du rapport de l’Igf». Ce fameux rapport de l’Igf n’a toujours pas encore été rendu public, bien qu’il soit la première preuve de l’accusation de l’ancien régime. Le Fonds monétaire a néanmoins ajouté dans son rapport : «Le déficit budgétaire devrait s’aggraver cette année, dépassant l’estimation précédente de 7,5 % du Pib.» Sur ce point, les accusations des nouveaux dirigeants font état d’un déficit budgétaire qui dépassera les 10% du Pib, le double des 5,5% annoncés par l’ancien ministre des Finances Mamadou Moustapha Ba. Entretemps, est intervenue la dissolution de l’Assemblée nationale, empêchant le vote d’une Loi des finances rectificative, qui aurait pu permettre au gouvernement d’utiliser les près de 338 milliards que le Fonds devait débloquer, sans compter les près de 450 milliards de Cfa de son dernier eurobond, levé à plus de 7%.
Le ministre des Finances n’a jamais pu expliquer à ses partenaires les conditions de levée de cet eurobond, qui ne s’est pas fait dans la transparence. En conséquence, le Fonds monétaire a été obligé d’arrêter ses décaissements, plongeant encore plus l’économie dans le marasme. Aujourd’hui, le ministre nous informe de la volonté de son gouvernement de mettre fin à son programme avec le Fmi, sans nous annoncer à quoi nous attendre. Depuis quasiment l’arrivée de Abdoulaye Wade au pouvoir, le Sénégal s’est toujours arrangé pour reconduire ses accords avec le Fonds monétaire. Et cela n’a pas toujours été pour l’argent, parce qu’à un moment, le programme avec le Fonds était sans décaissement.
La question est que, tant qu’il reste une économie ouverte, le Sénégal a besoin de gagner la confiance de ses partenaires. Cette confiance est garantie par le contrôle du Fmi, pour un pays en développement. Mais pas que. Des pays aussi développés que la France, les Etats-Unis d’Amérique ou l’Inde, font aussi recours à l’expertise des services du Fonds. Cela leur permet de se bien faire voir des agences de notation, comme des emprunteurs. Aujourd’hui, si l’on se réfère à la Snd, le gouvernement semble se tourner, petit à petit, sur un repli sur soi sur le plan économique. Ce qui semble cohérent avec son actuel référentiel des politiques publiques : «Pour consacrer la Vision d’un «Sénégal souverain, juste et prospère», le pays s’efforcera, sur la période 2025-2029, à relever les défis relatifs à (i) la construction d’un modèle économique endogène, à partir des pôles territoriaux de développement.»
Le document ajoute un peu plus loin que «Le coût global du Pap 2025-2029 est estimé à 18 496,83 milliards de francs F Cfa. Il est composé de financement public «pur», entièrement pris en charge par l’Etat pour 12 821,4 milliards de F Cfa, et d’un apport du secteur privé dans le cadre des Partenariats Public-Privé (Ppp) pour un montant de 5675,38 milliards de F Cfa. Dès lors, la Snd instaure une innovation car il n’y a plus de financement à rechercher pour la prise en charge du développement». C’est dire que le pays est prêt à couper toutes les relations avec le Fonds monétaire. Il dit compter sur ses ressources extractives ainsi que sur son capital humain pour lever toutes les ressources financières dont il a besoin. On peut se demander combien de temps il lui faudra pour réaliser son ambition.