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28 novembre 2024
Développement
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REFONDER LE SÉNÉGAL OU PÉRIR
Dialo Diop dresse un tableau sans concession de l'héritage post-colonial du pays. Ses propositions annoncent un bouleversement majeur dans la gouvernance sénégalaise, avec comme pierre angulaire une refonte complète de la Constitution
Ce dimanche 28 juillet 2024, Dialo Diop, vice-président du parti Pastef nouvellement au pouvoir, a livré une analyse sans concession de la situation politique sénégalaise dans l'émission "Point de vue". Ses déclarations fracassantes laissent entretenir un bouleversement majeur dans la gouvernance du pays.
"Le Sénégal est une calamité depuis Senghor", a lancé Diop, donnant le ton d'un entretien où la rupture avec l'héritage post-colonial était le maître-mot. Le vice-président de Pastef a insisté sur l'urgence d'une refondation institutionnelle et constitutionnelle, présentée comme la clé de voûte du projet politique du tandem Diomaye Faye - Ousmane Sonko.
Au cœur de cette refonte, Diop a évoqué la nécessité d'un référendum constitutionnel, première étape vers une transformation en profondeur de l'État. "Une constitution qui permet à un potentat de la manipuler selon son bon plaisir à des fins personnelles, ce n'est pas une Constitution", a-t-il martelé, annonçant la volonté du gouvernement de s'appuyer sur le projet constitutionnel élaboré il ya plus de dix ans par la CNRI.
Cette refondation s'inscrit dans une vision panafricaine assumée, visant à affranchir le Sénégal, et à terme l'Afrique, de l'influence néocoloniale. Diop a notamment évoqué la sortie du franc CFA et la création d'une monnaie souveraine ouest-africaine comme objectifs prioritaires.
Sur le plan mémoriel, le vice-président de Pastef a promis de rouvrir les dossiers sensibles de l'histoire coloniale, citant en particulier le massacre de Thiaroye. "Nous allons montrer de quoi nous sommes capables", a-t-il affirmé, laissant présager une confrontation avec l'ancienne puissance coloniale sur ces questions.
Enfin, Diop a évoqué la possibilité d'élections législatives anticipées pour doter le nouveau pouvoir d'une majorité parlementaire solide, nécessaire à la mise en œuvre de ces réformes ambitieuses.
Ces déclarations dessinent les contours d'un projet politique radical, promettant de transformer en profondeur les institutions sénégalaises.
Reste à voir comment ces ambitions se traduiront dans les faits, alors que le nouveau gouvernement fait face à de nombreux défis internes et externes.
SERIGNE GUÈYE DIOP ENFONCE LE CLOU CONTRE DJILY MBAYE LO
Dans la guerre ouverte autour du limogeage du coordonnateur des Agropoles, le ministre de l'Industrie passe à l'offensive. Il dénonce la gestion d'El Hadji Djily Mbaye Lô à la tête du projet phare. "Il n'a pas été performant", a lâché le ministre
(SenePlus) - Le clash entre El Hadji Djily Mbaye Lô et l'État du Sénégal sur son remplacement à la tête du Programme national de développement des Agropoles connaît un rebondissement. Dans un réquisitoire appuyé ce dimanche 28 juillet 2024 sur emédia, le ministre de l'Industrie et du Commerce, Serigne Guèye Diop, a défendu bec et ongles la décision du gouvernement.
Une passation de service tendue avait marqué le départ de Lô, délogé par Aïssatou Diallo à la coordination du projet. Un déploiement musclé de la gendarmerie avait été nécessaire face aux protestations du coordonnateur sortant, qui dénonçait une décision arbitraire. "J'ai conduit toute la phase de formulation des Agropoles, entre 2018 et 2019, sur appel d'offre compétitive en décembre 2020", avait-il plaidé.
Cependant, pour le ministre Diop, le constat est implacable: "Il n'a pas été performan. On vient d'avoir un audit de la Banque africaine de développement qui met ce projet dans la liste rouge. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, c'est le genre de projet que les banques mettent de côté pour une insuffisance de résultat."
Les chiffres semblent accablants, avec un taux d'exécution de seulement 38% en quatre à cinq ans selon le ministre. "Quand vous formulez quelque chose, on vous nomme une fois, on vous renomme une deuxième fois après on vous enlève. Quel est le problème, pourquoi vous devez en faire la fin du monde?"
Au cœur des critiques, le profil inadapté du coordonnateur sortant semble pointer : "M. Lô, c'est un sociologue... Il ne devrait pas diriger des projets aussi complexes au niveau industriel ou au niveau agronome."
Diop a balayé les prétentions de Lô sur des "cas de force majeure" ayant conduit à son éviction. "Les performances n'ont pas été bonnes", a-t-il tranché, rappelant que la Banque africaine de développement avait donné son feu vert pour un remplacement.
Le ministre s'est insurgé des attaques du coordonnateur sortant envers les plus hautes autorités de l'Etat. "Un fonctionnaire ne peut pas se comporter de cette façon. S'il a des droits, qu'il aille les réclamer dans un Etat de droit."
Un voile de suspicions semble désormais planer sur la gestion du Programme. Diop a révélé "des choses assez inquiétantes" issues d'un audit en cours de la BAD.
Limogeage polémique du coordonnateur des Agropoles, le ministre de l’industrie du commerce donne sa version.
Dans une critique cinglante, le ministre a dénoncé les carences flagrantes des précédents gouvernements en matière d'investissements agricoles. Selon lui, l'argent n'a pas été injecté où il le fallait, engendrant un gaspillage colossal de ressources
(SenePlus) - Dans une critique cinglante, Mabouba Diagne, le ministre de l'Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l'élevage, a dénoncé sur le plateau d'E-Média vendredi 26 juillet, les carences flagrantes de l'ancien régime en matière de politiques agricoles. Selon lui, "l'argent n'a pas été investi là où il le fallait", engendrant un gâchis colossal de ressources.
Le constat est accablant. "Les importations du Sénégal sont estimées à 1070 milliards de FCFA", a rappelé M. Diagne, citant des chiffres vertigineux: 1,4 million de tonnes de riz, plus de 860 000 tonnes de blé, plus de 200 000 tonnes d'huile, 126 milliards de produits laitiers, plus de 400 000 tonnes de maïs, 192 000 tonnes de sucre, et 347 000 tonnes de fruits et légumes. Une véritable hémorragie pour l'économie nationale.
"Mais le résultat n'est toujours pas au rendez-vous", a déploré le ministre, pointant du doigt les échecs répétés des politiques précédentes. Selon lui, "l'argent n'a pas été investi là où il le fallait. Il n'y a pas eu d'aménagements, de transformation ces 30 dernières années."
L'exemple du Programme d'acquisition de matériels agricoles (Intermaq), lancé par l'ancien président Macky Sall pour un montant faramineux de 85 milliards FCFA, illustre parfaitement ce gaspillage. "Quand vous confiez un tracteur à quelqu'un qui a 3 ou 4 ha, vous ne l'aidez pas parce qu'il n'a aucune expertise, il est laissé à lui-même", a critiqué M. Diagne, dénonçant le manque de vision et d'accompagnement.
"Un fonctionnaire ne peut être à Dakar et prétendre gérer des domaines agricoles", a-t-il ajouté, mettant en évidence l'absence de stratégie cohérente. "D'ailleurs, l'intention avec le Prodac était bonne sur le papier, mais le résultat est tout autre..."
PAR Moustapha Kamara
MULTIPLE PHOTOS
AUGUSTIN SENGHOR A-T-IL DROIT À UN CINQUIÈME MANDAT ?
Les statuts de la FSF datant de 2010 n'ont jamais été mis à jour, contrairement aux recommandations de la FIFA et de la CAF. Cet immobilisme nourrit les discussions autour d'une éventuelle nouvelle candidature du président sortant
Depuis quelques jours mon téléphone n’arrête pas de sonner pour une question récurrente ; la gouvernance de la FSF en l’occurrence le nombre de mandats auquel a droit l’actuel président. Maître Kamara, Augustin a-t-il droit à un 5e mandat consécutif ?
Le moins que l’on puisse dire c’est que les avis sont très partagés. D’aucuns pensent que l’actuel président peut se présenter indéfiniment donc à un 5e mandat au motif que les textes de la FSF ne s’y opposent pas. En effet, l’article 40 des statuts de la FSF précisent que « le président est élu par l’assemblée générale. Le mandat a une durée de 4 ans … et peut être réélu ». En outre, son bilan sportif avec les sélections nationales serait positif.
En face, d’autres pensent totalement le contraire. En effet, pour eux ou à tout le moins pour la majorité avec lesquels j’ai discuté, Augustin après 4 ans mandats consécutifs doit partir même s’ils reconnaissent des progrès durant notamment son 4e mandat. Au demeurant, il ne s’agit même pas de juger son bilan pour apprécier s’il reste ou pas, mais d’une question de principe, d’héritage et de tradition démocratique du Sénégal qui doit s’appliquer également en matière sportive.
Qu’est-ce que j’en pense ?
A vrai dire, pour ma part, la réponse est simple car si les statuts de la FSF restent vagues sur le sujet, pas à cause de leur imprécision mais à cause de leur ancienneté, les textes des fédérations internationales sportives comme la FIFA et CAF dont dépendent la FSF ou encore les textes français tranchent clairement la question.
En effet, les statuts de la FSF sur la question du nombre de mandats du président de la FSF datent du 22 avril 2010. Or, depuis 14 ans, beaucoup d’eau ont coulé sous le pont de la gouvernance des fédérations sportives. Et comme d’habitude, les dirigeants de notre fédération ne se sont jamais mis à niveau malgré les promesses électorales de changer les textes. Nous subissons par conséquent, cet immobilisme statutaire dont « le seul véritable écueil demeure le nombre de mandats avec l’installation de véritables systèmes pérennisés par des modes électoraux souvent trop favorables pour les hommes en place ».
Force est de constater par ailleurs que le football local doit réinventer un modèle plus favorable à son vrai professionnalisme et donc à sa rentabilité.
Sur le plan international que ça soit dans certaines législations nationales ou les règlements sportifs des fédérations internationales ou grandes fédérations nationales, toutes disciplines confondues, les mandats sont limités à 3.
En effet, l’article 33 alinéa2 des statuts de la FIFA « Le président est élu par le Congrès. La durée de son mandat est de 4 ans … le nombre total de mandat du président est limité à 3 (consécutifs ou non) ».
En outre, l’article 22 alinéa 8a et 8b des statuts de la CAF précisent que « la durée du mandat du président est de 4 ans…Le président et les membres du COMEX ne peuvent être élus pour plus de 3 mandats consécutifs ».
En France, l’article 26 alinéa 4 des statuts de la FFF précise qu’« une même personne ne peut exercer plus de 3 mandats de président de FFF de plein exercice, qu’ils soient consécutifs ou non. »
Cet article est en réalité une application des dispositions de la loi n°2022-296 du 2 mars 2022 qui vise à favoriser la vie démocratique dans les instances dirigeantes des fédérations sportives et des ligues professionnelles qui s’applique aussi bien en matière de limitation de mandat, de parité que de transparence dans la déclaration de patrimoine et d’intérêts.
Par conséquent, ma réponse est non. L’actuel président de la FSF n’a pas à un éventuel 5e mandat, au regard de ce qui se pratique actuellement dans la gouvernance démocratique des fédérations sportives internationales et nationales. Et le Sénégal qui est l’une des plus grandes démocraties politiques au monde doit également l’être sur le plan sportif.
Maître Moustapha Kamara est Docteur en droit du sport, MBA management, Professeur à Paris Business School, avocat à la Cour.
par Djibril Ndiogou Mbaye
YORO DIA, LE PRÉSIDENT MONTRE LA LUNE, VOUS REGARDEZ SON PETIT DOIGT
Malgré un exercice irréprochable du président Diomaye face aux journalistes, vous avez décidé de revêtir votre tenue de fantassin, chair à canon décomplexé, pour porter la réplique. Vous n’avez ni le bon discours, ni la bonne méthode
« Quand on a rien à dire de plus important que le silence, on doit se taire » afin de laisser les honnêtes gens apprécier le chant des rossignols.
Malgré un exercice irréprochable du président Diomaye face aux journalistes, vous avez décidé de revêtir votre tenue de fantassin, chair à canon décomplexé, pour porter la réplique. Vous n’avez ni le bon discours, ni la bonne méthode.
Convoquer des vieilleries, et des cultures obsolètes qui n’ont pas fait leur preuve à leur propre époque. Aligner des litanies philosophiques, des théories économiques périmées ou inadaptables à nos réalités socio-économiques n’est pas la panacée.
En plus de ne pas être les nôtres et de ne partager aucune réalité historique ou sociale, vos invocations ne font qu’entériner votre déraisonnable propension à comparer des sociétés et des époques que tout sépare.
Ce qui a fonctionné au XIIIe siècle, en Amérique, sous une autre culture, n’a aucune chance de se reproduire littéralement au XXIe siècle, sous nos cieux et sous le magistère du président Diomaye Faye.
Vos références à « la révolte des barons anglais contre le Roi Jean Sans Terre en 1215, à la révolution française (injustice fiscale subie par le tiers Etat) », à la révolution américaine, à des théoriciens, philosophes ou autres hommes de sciences du siècle des lumières n’a rien de pertinent.
Cette semaine, pour tenter de torpiller la première interview du président de la République, vous avez revisité le musée des antiquités et avez troublé inutilement le sommeil de Chateaubriand et convoqué la « Magna carta » , pour remplir un texte vaseux, constitué d’une compilation de citations et de descriptions d’événements préhistoriques éloignés de nos réalités actuelles.
Sincèrement désolé si le président n’était pas habillé en "riding coat", redingote ou queue de pie, et n’avait pas un monocle à collier vissé à l’arcade sourcilière gauche. C’est juste que nous sommes au XXIe siècle et figurez-vous que le monde a changé, les hommes aussi.
Si après tout ce temps au pouvoir vous ne savez pas la destination des recettes fiscales, la situation est pire que ce que tout le monde imaginait de vous et de vos commanditaires.
On ne peut pas parler d’une pression fiscale, susceptible d’entraîner une révolution anglaise ou française au Sénégal, parce que le Sénégalais ne s’est pas encore appropriée la culture de l’impôt. Le contribuable sénégalais est encore à inventer ou tout au moins à parfaire.
Dans un souci de préparer les générations futures à plus de responsabilités fiscales, j’ai d’ailleurs proposé, dans une lettre au président et au premier ministre, d’inscrire au-dessus de chaque tableau de classe, dans chaque école du Sénégal, la phrase « Payer son impôt est un devoir civique ». Une meilleure implication fiscale de nos compatriotes permettrait à l’État de moins faire appel à l’emprunt et à mieux financer les insatiables besoins de notre exigeante communauté. Encore que votre affirmation selon laquelle toutes les grandes révolutions seraient dues à des raisons fiscales est d’une inexactitude historique et d’une légèreté intellectuelle déconcertante. La révolution française est due à une conjonction de causes politiques économiques et sociales beaucoup plus complexes. Pareil pour la révolution américaine qui a été causée par des raisons conjoncturelles et structurelles telles que les relations coloniales heurtées avec la Grande Bretagne, alors puissance impérialiste. On peut citer également des contentieux économiques, l’émergence d’une identité américaine et bien sûr l’influence mondiale des lumières, qui ont donné leur nom à ce grand siècle.
Citez au moins, de temps à autre, une de ces grandes révolutions africaines, l’Egypte, citez Thierno Souleymane baal, kocc Barma , cheikh Anta Diop ou des chercheurs plus contemporains tel que Youssou Mbargane Guissé. D’éminents intellectuels dont les études permettent de pouvoir nous affranchir de l’expertise inadéquate de la plupart des savants occidentaux.
Comment pouvez-vous convoquer la révolution industrielle pour dénigrer la politique fiscale de notre époque ou l’intelligence de nos valeureux intellectuels n’a rien à envier à l’intelligence artificielle. Des intellectuels capables de théoriser un modèle et un processus de développement fondés sur nos réalités matérielles, historiques et socio-économiques.
Votre démarche ne fait que trahir votre état d’esprit condescendant qui n’est pas encore redescendu de son piédestal depuis que vous avez perdu le pouvoir. Pourtant trois mois se sont déjà écoulés mais lorsqu’on a été gonflé à l’hélium de l’injustice pendant 12 ans, il est difficile de se dépréssuriser en si peu de temps.
Donc parions que vous continuerez encore à débiter des analyses tronquées sous une apparente sérénité intellectuelle et une pseudo démarche scientifique, après votre prochaine visite au musée des antiquités économiques et politiques occidentales.
Vous cachez mal votre complexe d’infériorité. Vous êtes toujours prêt à critiquer le « projet » en le définissant comme un programme prêt-à-gouverner.
Mais je vous renvoie à la définition que Le Petit Robert donne du mot « projet »
« Projet : Image d'une situation, d'un état que l'on pense atteindre.
Synonymes: Brouillon, ébauche, premier état ». Nourrissez-en votre réflexion, nous en rediscuterons ultérieurement.
Dans votre diatribe forcé contre le président et son interview, j’ai lu votre pire article. Votre lectorat doit être déçu. Je vous ai trouvé plus percutant auparavant. Je vous l’avoue.
Mais c’est ce qui arrive lorsqu’on est mue par un « esprit de critiques » qui n’a pas la finesse et l’honnêteté intellectuelle d’un « esprit critique » auquel vous êtes très sûrement imperméable.
En fin de compte, je vous trouve bavard, en ces temps où les valeureux sénégalais cherchent et proposent des solutions innovantes pour la rupture et le développement.
Taisez-vous, Yoro Dia, un peu de tenue. Ceux qui parlent ennuient ceux qui travaillent.
par Ibrahima Malick Thioune
LA POLITIQUE DE L’ADVERSITÉ
Derrière les discours frontaux et oppositionnels de certains dirigeants se cachent des mécanismes psychologiques plus profonds. Comprendre ces ressorts permet d'éclairer une stratégie qui nourrit tensions et divisions au sein du corps social
L'épistémologie est une démarche analytique qui a pour objectif de dégager et d'évaluer les fondements du discours scientifique. Elle a pour fonction de rendre plus évidentes les assises d'une théorie et de jauger ses diverses qualités explicatives : elle est appelée à en dégager la logique, la portée, mais aussi les limites. Le discours politique ayant été saturé par les idées de "post-vérité", de "fake news", de "bulles épistémiques" et de "déliquescence de la vérité", il est évident que pour comprendre les logiques qui sous-tendent ce secteur de l’activité humaine une épistémologie politique soit un détour incontournable. C’est à ce prix que certains phénomènes[1] s’éclaireront notamment celui de l’adversité en politique.
Dans un monde où la communication politique est omniprésente, certaines figures émergent par leur capacité à manipuler le conflit et l'adversité pour asseoir leur identité politique. Ces hommes et femmes politiques semblent n’exister que dans l’adversité, transformant le débat public en pugilat verbal et une arène de confrontation permanente. Leur stratégie repose sur une polarisation extrême, où le dialogue et la coopération sont souvent sacrifiés au profit d'une rhétorique incendiaire et de philippiques dirimants. Ce phénomène soulève des questions fondamentales sur la nature même du leadership politique et sur l'impact de cette approche sur la société, surtout il « traduit une dialectique particulière de la confrontation, de l’homogénéisation d’un groupe dans le rapport à un “autre”, réel ou fantasmé, renseignant sur les conflits d’idées les plus démocratiques, à la déflagration des conflits violents les plus extrêmes[2] ».
Cette conflictualité en politique désigne la dynamique de tensions et d'oppositions qui caractérise les interactions entre différents acteurs, qu'ils soient individuels ou collectifs. Ce phénomène se manifeste par des rivalités idéologiques, des luttes pour le pouvoir et des débats souvent polarisés. Si la conflictualité peut être perçue comme un moteur de changement, stimulant le débat public et favorisant la prise de conscience des enjeux sociétaux, elle présente également des risques. En effet, une conflictualité excessive peut mener à la radicalisation des positions, à la dégradation du dialogue et à l'érosion de la confiance entre les citoyens et leurs institutions. Lorsqu'elle devient la norme, cette dynamique peut nuire à la démocratie, transformant le débat en un affrontement stérile où les solutions constructives sont éclipsées par des luttes de pouvoir. Ainsi, comprendre la conflictualité en politique est essentiel pour naviguer dans un paysage complexe, où l'équilibre entre opposition constructive et coopération est crucial pour le bien-être collectif.
La psychologie humaine joue un rôle clé dans cette dynamique. En cultivant un environnement de tension et de méfiance, ces politiciens exploitent des peurs, des paniques morales et des frustrations bien ancrées dans l’esprit collectif. Ils parviennent à mobiliser des foules en désignant des boucs émissaires, en transformant des différences d'opinion en antagonismes irréconciliables dans la mesure où « le politique est un univers de légitimité dans lequel les acteurs vont puiser pour se positionner favorablement dans le monde social[3]». Cette stratégie, ce jeu d’acteur bien que potentiellement payante à court terme, peut avoir des effets délétères à long terme, tant sur la santé mentale des citoyens que sur la cohésion sociale.
Des mécanismes psychologiques profonds sont ainsi à l'œuvre dans cette politique de l’adversité, et les conséquences sur le paysage sociopolitique sont désastreuses. Précisément, « un acquis fondamental de l’anthropologie tient dans le constat de la relativité des choses du politique » si bien que les stratégies des acteurs pour se construire une identité doit se lire dans une évolution permanente qui navigue entre conflit et coopération selon des intérêts particuliers. En examinant les implications de cette approche, nous mettrons en lumière son caractère profondément contre-productif et les défis qu’elle pose à la démocratie moderne.
La construction de l'identité politique par l'adversité
Pour de nombreux politiciens, l'adversaire devient une nécessité incontournable pour refaçonner le paysage politique. Leur identité et leur positionnement se construisent autour de l'opposition, et sans celle-ci, ils semblent perdre leur pertinence. Cette dépendance à l’adversité s'explique par des mécanismes psychologiques profonds. Les leaders qui se définissent par le conflit exploitent la dynamique de groupe, où l'ennemi commun renforce la cohésion des partisans. En créant une image de défenseur face à un oppresseur, ils mobilisent des émotions puissantes, telles que la peur et l'indignation, qui galvanisent le soutien.
Cette stratégie peut également être perçue comme une illusion de force. En cultivant une image de combattant, ces politiciens attirent l’attention et le soutien, mais cela masque souvent une vulnérabilité sous-jacente. Leur discours se concentre sur la dénonciation plutôt que sur la proposition, ce qui révèle une incapacité à offrir des solutions constructives. Paradoxalement, cette approche peut donner une impression de dynamisme, mais elle reste superficielle et ne répond pas aux attentes des citoyens en matière de leadership éclairé.
Les politiciens adeptes de cette stratégie exploitent également des émotions primordiales pour renforcer leur emprise. La colère et la frustration des citoyens face à des problèmes non résolus sont utilisées comme leviers pour galvaniser des mouvements. En amplifiant ces sentiments, ils créent un climat de tension qui les positionne comme des figures salvatrices. Cependant, cette manipulation émotionnelle peut s’avérer dangereuse, car elle alimente un cycle de conflits qui rend difficile toute forme de dialogue constructif.
La dépendance à l’adversité conduit également à un discours unidimensionnel. Les enjeux complexes de la société, tels que la santé, l’éducation ou le changement climatique, sont souvent simplifiés à des oppositions binaires. Cette réduction des débats à des luttes de pouvoir empêche l’émergence de solutions nuancées et réfléchies, laissant les véritables problèmes des citoyens sans réponse. La politique devient alors un spectacle, où le conflit prime sur la substance, ce qui conduit à une déshumanisation des débats publics.
La conflictualité en politique repose sur une série de ressorts interconnectés qui nourrissent et exacerbent les tensions entre différents acteurs. Tout d'abord, l'identité et l'appartenance jouent un rôle central dans cette dynamique, car les individus s'identifient souvent à des groupes spécifiques—qu'ils soient politiques, ethniques ou religieux—et perçoivent les autres groupes comme des adversaires. Cela crée un schéma « nous contre eux », renforçant les clivages et alimentant les conflits. Il se profile alors « une tentation de subvertir le champ politique, en contestant les verdicts de légitimité pré-construits au sein du champ politique[4] ». Parallèlement, les émotions comme la peur, la colère et l'indignation constituent des moteurs puissants de la conflictualité. Les politiciens exploitent ces émotions pour mobiliser leur base, amplifiant souvent des menaces perçues, ce qui intensifie les tensions et polarise les opinions dans une irreconciliation native.
Le discours et la rhétorique utilisés dans le débat public jouent également un rôle crucial. Un langage agressif, qui emploie des métaphores de guerre et des expressions clivantes, peut exacerber les conflits, tandis qu’un langage inclusif et conciliant peut contribuer à les apaiser. De plus, les enjeux sociaux et économiques, tels que les inégalités persistantes, constituent un terreau fertile pour la conflictualité. Lorsque des groupes se sentent marginalisés ou désavantagés, cela engendre des ressentiments, se traduisant par des luttes pour la reconnaissance et le pouvoir.
Les médias, en particulier les réseaux sociaux, jouent un rôle essentiel dans la propagation de cette conflictualité. Ils facilitent la diffusion rapide d'informations souvent biaisées ou sensationnalistes, contribuant ainsi à la polarisation des opinions et à l'escalade des conflits. Enfin, le contexte historique et culturel influence significativement la conflictualité. Les traumatismes passés, les luttes pour les droits civiques ou les conflits armés laissent des cicatrices durables qui rendent certaines communautés plus susceptibles de s'engager dans des confrontations politiques.
Ainsi, la conflictualité en politique est le résultat d'une interaction complexe entre ces divers facteurs. Comprendre ces ressorts est essentiel pour développer des stratégies visant à réduire les tensions et promouvoir un dialogue constructif, permettant ainsi d'envisager des solutions durables à des enjeux sociétaux pressants.
En somme, la construction d'une identité politique par l'adversité repose sur des mécanismes psychologiques et stratégiques qui, bien que potentiellement efficaces à court terme, soulignent une fragilité fondamentale. Cette approche ne peut durablement satisfaire les besoins d'une société en quête de solutions et de progrès, posant ainsi la question de la viabilité d'un tel leadership dans un monde complexe et interconnecté.
Les effets psychologiques sur la société
La politique de l’adversité engendre une polarisation accrue au sein de la société. En accentuant les différences et en transformant les opinions divergentes en antagonismes, ces leaders créent un climat de méfiance généralisée. Les groupes sociaux se retrouvent alors divisés, chacun se considérant comme le « bon » face à un « mauvais » clairement défini. Cette dynamique de confrontation non seulement exacerbe les tensions, mais nuit également à la capacité des citoyens à dialoguer et à collaborer sur des enjeux communs.
Pour les anthropologues fonctionnalistes, la politique « la politique renvoie à des fonctions sociales de régulation. Ces fonctions sont nécessaires : à défaut, la société sombre dans le chaos. En ce sens, il n’y a donc pas de société sans politique[5]». Cependant, l’atmosphère conflictuelle générée par cette politique peut avoir des conséquences néfastes sur la santé mentale des individus. La tension constante, la peur et l’anxiété découlant de cette polarisation peuvent mener à des troubles psychologiques tels que le stress chronique et la dépression. Les citoyens, bombardés par des discours alarmistes, peuvent se sentir acculés, ce qui entraîne un sentiment de désespoir et de fatalisme. Cette détérioration du bien-être mental affecte non seulement les individus, mais aussi la dynamique sociale globale, rendant les communautés plus vulnérables.
La stratégie basée sur l’adversité peut également provoquer un désengagement civique. Face à un discours toujours conflictuel, certains citoyens particulièrement les intellectuels peuvent choisir de se retirer de la sphère politique, convaincus que leur voix n’a pas d’importance dans un climat aussi tendu faisant sienne la maxime populaire qui dit « le silence est la meilleure réponse à l’insolent ».
Ce désengagement peut se traduire de deux manières :
- par une baisse de la participation électorale et une diminution de l’implication dans des initiatives communautaires. Cela figure une défiance et un divorce entre le politique et les populations. À long terme, cela affaiblit la démocratie, car une société désengagée est moins encline à revendiquer des changements positifs.
- une abdication des intellectuels qui demeurent un élément essentiel au bon fonctionnement de la démocratie car faisant le lien entre le monde des idées – largement inaccessible à cause de son érudition et de son élitisme – et le grand public. Le lien étroit et nécessaire entre pouvoir et savoir finit par s’effilocher. Or faut-il le rappeler « tout régime politique a besoin de structures idéologiques[6] ».
La politique de l’adversité contribue également à la normalisation de la violence verbale dans le discours public c’est-à-dire des « montées en tension interactionnelle[7]» « à partir d’actes de langage repérables et analysables (insulte, mépris, dénigrement, menace, etc…)[8]». Au fond, l’usage de l’insulte est une démarche rhétorique qui utilise l’attaque ad hominem et ad personam[9] . Pour Schopenhauer c’est le « stratagème ultime[10] » qui intervient dans le scenario suivant : « Si l’on s’aperçoit que l’adversaire est supérieur et que l’on ne va pas gagner, il faut tenir des propos désobligeants, blessants et grossiers. Être désobligeant, cela consiste à quitter l’objet de la querelle (puisqu’on a perdu la partie) pour passer à l’adversaire, et à l’attaquer d’une manière ou d’une autre dans ce qu’il est : on pourrait appeler celaargumentum ad personam pour faire la différence avec l’argumentum ad hominem[11]. »
En légitimant des comportements agressifs et en stigmatisant l’empathie, ces leaders encouragent une culture où l'hostilité devient la norme. Cela peut avoir des répercussions sur le comportement des citoyens, qui imitent souvent les attitudes de leurs leaders. Par conséquent, le respect et la civilité dans le débat public en souffrent, rendant les échanges plus difficiles et moins constructifs. Précisément, « l’argumentation polémique en jeu dans les interactions, et parfois dans la violence verbale fulgurante, est un type particulier de discours ou d’échanges, basée sur la controverse voire le conflit[12]».
Enfin, la politique de l’adversité fragilise le tissu social. La méfiance et la division créées par de telles dynamiques peuvent mener à des conflits ouverts, à des émeutes ou à des actes de violence. Les communautés, au lieu de s’unir sur leur ressemblance pour résoudre des problèmes communs, se retrouvent en guerre les unes contre les autres sur leurs dissemblances, rendant toute forme de coopération impossible. Cette fragmentation peut avoir des conséquences durables sur la cohésion sociale, avec des générations futures qui héritent d’un climat de méfiance et d’animosité.
Au bout du compte, les effets psychologiques de la politique de l’adversité sont profondément préoccupants. Ils vont au-delà des simples stratégies électorales et touchent à la santé mentale des citoyens, à leur engagement civique et à la qualité du débat public. Cette dynamique pose un défi majeur pour notre société, appelant à une réflexion sur la nécessité de promouvoir des discours constructifs et inclusifs, capables de rassembler plutôt que de diviser.
Une approche contre-productive
Cette manière de faire de la politique n’est pas seulement inefficace, elle est contre-productive. En se concentrant sur l’adversité, ces leaders détournent l’attention des véritables enjeux sociétaux. Les problèmes urgents tels que la santé, l’éducation ou le changement climatique sont souvent relégués au second plan, car le discours conflictuel prend le pas sur les solutions constructives.
De plus, la promesse d’un affrontement constant peut engendrer une déception chez les électeurs. Lorsque les résultats ne répondent pas aux attentes créées par une rhétorique incendiaire, la désillusion peut s’installer. Cela peut provoquer un désengagement civique, avec des conséquences à long terme sur la démocratie et la participation citoyenne.
La politique de l’adversité, bien qu’elle puisse offrir une visibilité à court terme, s’avère être une stratégie profondément contre-productive. En cultivant la division et en négligeant les véritables enjeux sociétaux, ces leaders risquent de miner la confiance des citoyens et d’affaiblir le tissu social. Pour un avenir politique durable, il est crucial de promouvoir un discours constructif et inclusif, capable de rassembler plutôt que de diviser.
Panurgisme de haine
La politique de l'adversité, en favorisant une polarisation extrême des opinions, engendre une binarité manichéenne au sein de la population. Cette dichotomie simpliste divise le monde en "eux" et "nous", réduisant la complexité des enjeux politiques à une opposition stérile entre le bien et le mal. Les leaders politiques exploitent cette dynamique en désignant un ennemi commun, galvanisant ainsi leurs partisans par le biais de discours incendiaires et de rhétorique de confrontation. Cette stratégie de division et d'antagonisme exacerbe les tensions sociales, transformant les débats politiques en une joute émotionnelle plutôt qu'en une discussion rationnelle sur les politiques publiques. Ce phénomène est particulièrement visible dans les sociétés démocratiques contemporaines, où les réseaux sociaux et les médias de masse amplifient les voix les plus extrêmes, marginalisant les positions modérées et nuancées.
Cette polarisation intense favorise le développement d'un panurgisme de haine parmi les partisans de chaque camp, renforçant les différences et alimentant les ressentiments. Les individus, soumis à une pression de conformité au sein de leur groupe, adoptent les opinions et les comportements radicaux pour ne pas être perçus comme des traîtres ou des modérés. Ce phénomène de pensée de groupe[13] et de biais de de conformisme inhibe la réflexion critique et encourage l'homogénéité des idées, créant une atmosphère où la dissidence est perçue comme une menace. En conséquence, les clivages sociaux se creusent, les discours de haine se normalisent et la cohésion sociale s'érode, menant à une fragmentation de la société. Cette dynamique de division perpétuelle non seulement entrave le dialogue constructif et la coopération, mais également nourrit un cycle de vengeance et de méfiance qui peut conduire à des conflits sociaux violents et à une instabilité politique durable.
[1] Des phénomènes tels que la post-vérité, le désaccord et le relativisme, les réseaux épistémiques, les fake news, les chambres d'écho, la propagande, l'ignorance, l'irrationalité, la polarisation politique, les vertus et les vices dans le débat public.
[3] Guionnet, Christine, et Christian Le Bart. « Conflit et politisation : des conflits politiques aux conflits de politisation ». La politisation, édité par Philippe Hamon et Laurent Bourquin, Presses universitaires de Rennes, 2010, https://doi.org/10.4000/books.pur.129036.
[5] Guionnet, Christine, et Christian Le Bart. « Conflit et politisation : des conflits politiques aux conflits de politisation ». La politisation, édité par Philippe Hamon et Laurent Bourquin, Presses universitaires de Rennes, 2010, https://doi.org/10.4000/books.pur.129036.
[6] Chabal, Emile. « Les intellectuels et la crise de la démocratie », Pouvoirs, vol. 161, no. 2, 2017, pp. 109-120.
[7] Claudine Moïse. Analyse de la violence verbale : quelques principes méthodologiques. 26e Journées d’étude sur la parole, Jun 2006, Dinard, France. hal-02500506
[9] Par ad hominem doivent être désignés les propos qui traitent de notre interlocuteur selon son titre, son statut, ses actions, ses engagements, ses déclarations… Tandis que l’ad personam consiste à traiter… ce même interlocuteur de tous les noms
[10] Les stratagèmes rhétoriques sont indépendants de la vérité objective, et par conséquent que ceux-ci « peuvent aussi être utilisés quand on a objectivement tort »,
[11] Arthur Schopenhauer, L’art d'avoir toujours raison, La petite collection
[13] La pensée de groupe est un phénomène psychologique dans lequel les gens s'efforcent de maintenir la cohésion et de parvenir à un consensus au sein d'un groupe. Cela peut signifier que le consensus est atteint sans réflexion critique ou sans évaluation des conséquences ou des alternatives possibles. La pensée de groupe a tendance à se produire lorsqu'il y a un leader fort et persuasif, un niveau élevé de cohésion du groupe et une pression externe pour prendre la "bonne" décision. Les gens peuvent mettre de côté leurs convictions personnelles et adopter l'opinion de la majorité, soit volontairement, soit sous la pression du groupe. En fin de compte, le désir d'éviter les conflits étouffe souvent l'individualité et aboutit au conformisme.
THIAROYE 1944, LA FRANCE RECONNAÎT SES MORTS
Le destin tragique des tirailleurs sénégalais, abattus en 1944 pour avoir réclamé leur dû, refait surface 80 ans après. La reconnaissance de six d'entre eux comme "Morts pour la France" est un premier pas vers la vérité sur ce lourd contentieux mémoriel
(SenePlus) - "Mort pour la France." Quatre mots lourds de sens que Biram Senghor, 86 ans, attendait depuis près de huit décennies pour son père M'Bap Senghor, exécuté avec des dizaines d'autres tirailleurs sénégalais le 1er décembre 1944 à Thiaroye, au Sénégal, sur ordre de l'armée française. Selon des informations exclusives du journal Le Monde, la mention honorifique "Mort pour la France" vient enfin d'être octroyée à titre posthume à six d'entre eux, dont M'Bap Senghor, dans un document discret de l'Office national des anciens combattants daté du 18 juin.
"C'est l'aboutissement de tant d'efforts contre l'injustice que ma famille a subie", a confié Biram Senghor au Monde. Après des décennies de combat acharné pour la mémoire de ces tirailleurs, cette reconnaissance tardive est une "grande victoire" selon lui, même s'il regrette d'avoir été "confronté aux silences et à la lâcheté de l'Etat" français pendant toutes ces années.
Le drame de Thiaroye, une ville proche de Dakar, remonte au 1er décembre 1944. Des dizaines de tirailleurs africains (35 selon les autorités militaires françaises, mais jusqu'à 10 fois plus selon plusieurs historiens) fraîchement libérés des camps nazis où ils avaient été détenus comme prisonniers après la défaite française de 1940, ont été froidement exécutés par leurs frères d'armes pour avoir réclamé le paiement de leur solde et primes de démobilisation.
Comme le rappelle Le Monde, "ces soldats originaires des colonies françaises avaient été mobilisés lors de la Seconde Guerre mondiale, avant d'être faits prisonniers en 1940 par les nazis". À leur libération en 1944, "plus de 1300" d'entre eux furent rapatriés à Dakar depuis la France. Mais à leur arrivée, l'attente interminable du versement de leurs salaires et primes les a poussés à manifester pacifiquement à Thiaroye. La réponse fut d'une violence inouïe : "Au petit matin du 1er décembre 1944, lors du salut au drapeau, des coups de feu éclatent. Des dizaines d'entre eux tombent sous les balles de frères d'armes ayant reçu l'ordre de les abattre."
Ce massacre, passé sous silence pendant des décennies, a longtemps été un sujet douloureux entre la France et ses anciennes colonies. Les fosses communes où reposent les corps de ces tirailleurs exécutés pour une revendication légitime illustrent un lourd contentieux mémoriel que la reconnaissance de ces six "Morts pour la France", aussi tardive soit-elle, pourrait commencer à apaiser.
"J'avais 6 ans lorsque j'ai appris dans quelles conditions mon père était mort. Depuis, je cours derrière la France pour obtenir réparation", a témoigné Biram Senghor, qui dit attendre désormais "impatient" de recevoir le document officiel par la voie diplomatique. Une attente de 80 ans bientôt récompensée, qui montre qu'il reste encore beaucoup à faire pour comprendre les circonstances exactes de ce drame oublié, et panser les plaies de la colonisation.
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YASSINE FALL DÉNONCE DES ATTRIBUTIONS OPAQUES DE PASSEPORTS DIPLOMATIQUES
Selon les propres mots de la ministre des Affaires étrangères, pas moins de 150 passeports diplomatiques auraient été attribués dans la période pré-électorale sans aucune orthodoxie par l'ancien régime
Selon les révélations de la ministre des Affaires étrangères Yassine Fall, pas moins de 150 passeports diplomatiques ont été confectionnés dans les semaines précédant l'élection présidentielle de 2024. Une situation qui soulève de sérieux questionnements quant aux critères d'attribution de ce précieux sésame.
"Beaucoup de personnes n'étaient pas habilitées à détenir le passeport diplomatique", a dénoncé Mme Fall, remettant en cause les attributions massives opérées sous l'ancien régime. "Le détenteur du passeport diplomatique représente le Sénégal là où il va, il peut être un homme d'affaire ou un ministre", a-t-elle rappelé, soulignant les conditions strictes que requiert sa détention.
La cheffe de la diplomatie a vivement déploré que certains obtiennent ce document officiel sur la base de simples faveurs accordées par d'anciens présidents.
Cette révélation choc fait souffler un vent de polémique, jetant une lumière crue sur la légèreté avec laquelle les passeports diplomatiques ont pu être distribués à la veille d'un scrutin majeur.
Face au tollé suscité, la ministre Yassine Fall semble désormais bien décidée à remettre de l'ordre dans cette affaire. Un vaste chantier de révision des critères et des attributions l'attend, pour garantir l'intégrité et la crédibilité du passeport diplomatique sénégalais.
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PLAIDOYER POUR LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE RÉGIONALE
Dans un discours improvisé, le ministre Mabouba Diagne a énoncé la dépendance à l'aide étrangère et appelé à une révolution dans la gestion agricole ouest-africaine. Son cri du cœur : "Notre problème n'est pas l'argent, c'est l'organisation"
Dans une sortie fracassante lors d'une réunion de la CEDEAO consacrée aux crises alimentaires et nutritionnelles, mardi 16 juillet dernier, Mabouba Diagne, ministre sénégalais de l'Agriculture, a secoué les consciences en délivrant un message sans filtre sur l'état de l'agriculture en Afrique de l'Ouest.
Abandonnant son discours officiel, le ministre a choisi de parler "en tant qu'Africain", dénonçant la dépendance chronique à l'aide étrangère comme un signe de faiblesse. "Notre problème n'est pas l'argent, c'est l'organisation", a-t-il martelé, pointant du doigt les erreurs répétées année après année.
Chiffres à l'appui, le Dr Diagne a dressé un tableau alarmant des importations alimentaires dans la région. "Le Sénégal importe pour 1070 milliards de francs CFA en denrées alimentaires", a-t-il révélé, soulignant que ces importations massives équivalentes à "exportateur des emplois".
Le ministre a appelé la CEDEAO à "revoir sa méthode de faire", exhortant l'organisation à prendre ses responsabilités face aux défis actuels, notamment la sécurité alimentaire et l'emploi des jeunes. Il a proposé des solutions concrètes, comme la construction de magasins de stockage et l'investissement dans l'élevage laitier.
"Nous avons l'eau, les terres arables, la jeunesse. Qu'est-ce qui manque ?", a notamment déclaré M. Diagne, rejetant l'argument du manque de financement. Il a appelé à une meilleure gouvernance et à une collaboration plus étroite avec le secteur privé pour stimuler le développement agricole.
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YASSINE FALL BRISE LE SILENCE SUR LA NOMINATION DE SA FILLE
"Je n'y suis pour rien" : c'est par ces mots que la ministre des Affaires étrangères a répondu à la polémique entourant la nomination de sa fille Sophie Nzinga Sy à la tête de l'APDA. Un démenti destiné à faire taire les accusations de passe-droit
La nomination de Sophie Nzinga Sy à la tête de l'Agence pour la promotion et le développement de l'Artisanat (APDA) a suscité une vive polémique, certains y voyant un cas de favoritisme. Face à ces accusations, sa mère, la ministre de l'Intégration africaine Yassine Fall, a tenu à apporter un démenti cinglant.
"Croire que je peux influencer le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko pour qu'ils nomment ma fille, c'est mal les connaître", a martelé Mme Fall dans un entretien avec Papé Alé Niang sur la RTS. Et d'ajouter avec fermeté: "J'étais à Accra quand ma fille a été nommée, je n'étais même pas au courant. Chacun est libre de me croire ou pas."
La cheffe de la diplomatie sénégalaise a insisté sur le fait que sa fille a décroché ce poste sur la base de ses compétences avérées dans le domaine de l'artisanat. "On a présenté ma fille à son ministre de tutelle à mon insu, ils ont échangé. Elle a été nommée et je n'y suis pour rien", a-t-elle soutenu.
"Ma fille a été nommée au ministère de l'Artisanat parce qu'ils ont vu ses compétences en la matière, comme c'est le cas avec Mabouba Diagne dans l'Agriculture", a poursuivi Yassine Fall, rejetant ainsi toute supposition d'interventionnisme de sa part.