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25 novembre 2024
Développement
L'UNESCO RETIRE LE PARC DU NIOKOLO-KOBA DE LA LISTE DU PATRIMOINE MONDIAL EN PÉRIL
Le Comité du patrimoine a notamment reconnu ”les efforts encourageants” déployés par le Sénégal pour améliorer l’état de conservation de ce site naturel.
Dakar, 24 juil (APS) – Le parc national du Niokolo-Kaba a été retiré de la liste du Patrimoine mondial en péril de l’UNESCO, a appris l’APS de source officielle, mercredi.
Le parc national du Niokolo-Kaba, classé en 1981 dans le patrimoine mondial de l’UNESCO pour sa biodiversité unique et ses écosystèmes exceptionnels, avait basculé en 2007 sur la liste du patrimoine mondial en péril.
Ce retrait de la liste du Patrimoine mondial en péril émane d’une réunion du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, l’Agence des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture, tenue mercredi à New Delhi, la capitale de l’Inde.
Dans son communiqué rendu public le même jour, le Comité du patrimoine de l’UNESCO a notamment reconnu ”les efforts encourageants” déployés par le Sénégal pour améliorer l’état de conservation de ce site naturel.
‘’Le Comité du patrimoine mondial a pris la décision de retirer le parc national du Niokolo-Koba de la Liste du patrimoine mondial en péril, tout en appelant l’Etat du Sénégal, à poursuivre ses efforts pour améliorer la conservation de ce site, dans les prochaines années’’, souligne la structure dans le communiqué ayant sanctionné la réunion de New Delhi.
Il salue ainsi les résultats obtenus par le Sénégal et son engagement formel de repenser le développement et l’exploitation de cette aire protégée.
Ce parc national d’une superficie de 913 000 ha, a, ces dernières années, été confronté à une série de menaces portant, entre autres, sur la diminution de la faune, le braconnage, l’exploitation du basalte ainsi que d’autres activités humaines.
‘’Cette situation avait fini de remettre sa valeur universelle exceptionnelle et conduit le comité du patrimoine mondial à l’inscrire sur la liste du patrimoine mondial en péril’’, explique l’UNESCO.
La décision d’inscrire le parc du Niokolo-Kaba sur la liste du patrimoine mondial en péril a permis au Sénégal de définir et de mettre en œuvre un plan d’action ambitieux avec le soutien de l’UNESCO et de la communauté internationale, fait valoir l’agence onusienne.
Elle fait observer que cela s’est traduit au cours des sept dernières années, par une amélioration notable de l’état de conservation du parc national du Niokolo Koba’’.
‘’Le suivi des espèces emblématiques a été considérablement renforcé et des moyens considérables ont été alloués à la surveillance du bien pour lutter contre le braconnage et l’orpaillage illégal, ainsi que pour mieux organiser la transhumance du bétail’’, s’est ainsi réjoui le comité du patrimoine de l’UNESCO..
Il a ainsi salué la mise en place par le Sénégal d’un dispositif de contrôle de la pollution minière avec l’installation d’équipements d’analyse de l’eau et des sols, en plus d’un travail permettant de mieux lutter contre l’espèce invasive dénommée Mimosa pigra..
Située dans une zone abondamment irriguée, le long des rives de la Gambie, les forêts galeries et les savanes du parc national Niokolo-Koba, abritent une faune d’une grande richesse : l’élan de Derby, des chimpanzés, des lions, des léopards, une importante population d’éléphants et de très nombreux oiseaux, reptiles et amphibiens, indique-t-on.
La Liste du patrimoine mondial en péril vise à informer des menaces pesant sur les valeurs mêmes qui ont permis l’inscription d’un bien sur la liste du patrimoine mondial et à mobiliser la communauté internationale pour sa préservation.
Elle ouvre droit à un appui technique et financier renforcé de l’UNESCO.
lettres d'amérique, Par Rama YADE
L’AFRIQUE ATLANTIQUE : ENTRE MENACES ET OPPORTUNITES
Alors que l'Otan célébrait ses 75 ans autour de questions sécuritaires, une conférence au Maroc plaçait l'Atlantique africain au cœur du développement économique du continent, avec le projet d'unir par des infrastructures les pays sahéliens à l'océan
Au moment où l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan) célébrait ses 75 ans à Washington D.C. en présence de 37 chefs d’Etat ou de gouvernement sur fond de bruits de bottes en Ukraine, une conférence s’ouvrait du côté de Dakhla, au Maroc : «Vision d’un Roi, l’Afrique atlantique, pour une région inclusive, intégrée et prospère» par le groupe media Le Matin. Le ton y était moins sécuritaire qu’à Washington et pointait clairement cet Atlantique africain trop souvent négligé dans l’agenda diplomatique, alors que les enjeux y sont gigantesques. On s’y enthousiasmait pour la nouvelle initiative de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, dévoilée en novembre 2023 et dont l’essentiel consiste à offrir un accès à l’Atlantique à quatre «pays frères» sahéliens : le Mali, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso. Les populations de ces pays durement frappés par le terrorisme depuis plus de vingt ans, souffrent également de l’impact des sanctions. La mise à disposition des infrastructures routières, ferroviaires et portuaires devrait leur offrir des perspectives économiques nouvelles. Bien sûr, il faudra aller dans les détails, redoutables comme la définition des priorités stratégiques, l’intégration de projets déjà en cours comme le projet de gazoduc Nigeria-Maroc, la Grande Muraille Verte, l’harmonisation des mécanismes de gouvernance maritime et bien sûr, la question des financements pour soutenir la modernisation des infrastructures.
C’est pour cela que l’initiative atlantique marocaine est à la fois un plan de développement et un plan de paix.
On se souvient de l’avertissement de Macky Sall, ancien Président du Sénégal, qui sait ce qu’il coûte de protéger la frontière sénégalaise des incursions terroristes : «Leur objectif, avait-il dit dans un entretien sur Rfi le 23 février 2021, est d’atteindre l’atlantique.» C’est le vieux projet terroriste, de la mer Rouge à l’Atlantique. Et pour cause : l’Atlantique est un espace stratégique de piraterie où, avec les 4000 bateaux qui passent chaque jour, la connexion se fait avec les réseaux sud-américains de trafic de drogue, indispensables pour s’enrichir et équiper leurs troupes. Dès lors, il ne faut pas s’étonner des attaques sur la côte du Golfe de Guinée, au Togo ou en Côte d’Ivoire. L’Atlantique, il faut donc y arriver avant eux.
Au-delà de la géographie, il y a aussi l’histoire et ses leçons. Les Africains de l’intérieur ne peuvent s’en sortir sans accès à l’Atlantique. Ils connaissent le prix de l’océan. En témoigne l’histoire de l’Empire toucouleur de El Hadj Omar et de l’Empire Wassoulou de Samori. Les deux héros africains du XIXème siècle, face à l’inéluctable avancée de la conquête coloniale européenne, auront tout fait pour «capter, avant qu’il ne fût trop tard, l’initiative politique et la conserver entre des mains africaines», selon les mots de l’historien Joseph KiZerbo dans son Histoire générale de l’Afrique (Hatier, 1972). Asphyxiés, ils auront cherché désespérément à dépasser la continentalité de leurs territoires par une ouverture sur l’océan. Ils avaient compris que l’Atlantique était leur seul salut. El Hadj Omar Tall dont l’empire couvrait une partie des territoires actuels du Sénégal, de la Guinée, la Mauritanie et du Mali, et qui avait pour ambition de libérer les opprimés de la tutelle de l’aristocratie et de la traite négrière tout en unifiant le Soudan d’alors, va se heurter dans sa progression aux troupes de Faidherbe avant d’échouer à Matam et de disparaitre dans les falaises de Bandiagara en 1869. Son fils et successeur à la tête de l’empire, Ahmadou, échouera pour les mêmes raisons : en refusant l’alliance offerte par Samori, fondateur de l’Empire Wassoulou, un autre espace enclavé couvrant une partie des territoires actuels de la Guinée, du Mali et le nord de la Côte d’Ivoire, il précipite sa défaite. Seul face aux Français à partir de 1880, Samori, malgré sa ténacité, illustrée par la bataille de Woyo-Wayankô, le 2 avril 1882, est pourchassé alors qu’il n’aura de cesse de se diriger vers la côte jusqu’à sa capture le 29 septembre 1898 par le commandant Gouraud et son exil final au Gabon.
L’échec de ces héros ouvrira la voie à la colonisation. L’importance stratégique de l’Atlantique telle qu’enseignée par l’histoire demeure.
L’Atlantique, c’est toujours le deuxième des cinq océans en taille, après le Pacifique. Elle couvre 17% de la surface de la terre et un quart de l’espace maritime mondial. Plus d’une centaine de pays sur trois continents bordent l’océan, et parmi lesquels la première puissance mondiale (les Etats-Unis), d’autres membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (dont le Royaume-Uni et la France), des puissances latino-américaines (comme l’Argentine et le Brésil). Du côté africain, l’Atlantique abrite 23 nations côtières, du Maroc à l’Afrique du Sud en passant par le Sénégal, pointe la plus occidentale du continent africain, le tout constituant 46% de la population du continent, 55% de son produit intérieur brut et 57% de son commerce. La zone contient également une grande quantité de ressources naturelles dont le pétrole. D’espace à civilisation atlantique, comme a fini par le devenir l’Otan dont les pays membres sont unis par un sentiment de solidarité militaire, il y a tout de même un monde. C’est pourtant le défi que doivent relever les pays de l’Atlantique africain.
Aujourd’hui comme hier autour de l’Atlantique, les enjeux sont autant des menaces que d’opportunités. La maritimité demeure en effet une affirmation de puissance comme en atteste la violence des zones de tension où se jouent les questions de souveraineté maritime, comme entre le Nigeria et le Cameroun au sujet de la presqu’île de Bakassi jusqu’en 2008, entre le Ghana et la Côte d’Ivoire jusqu’en 2017, le Sénégal et la Guinée-Bissau jusqu’en 1995 ou encore entre le Gabon et la Guinée équatoriale au sujet de l’île de Mbanie. Cette lutte d’influence se joue essentiellement autour du contrôle des zones exclusives maritimes, des détroits, des caps et des canaux, entre Etats qui rivalisent pour l’exploitation de gisements énergétiques. Le droit de la mer, issu de la Convention des Nations unies de Montego Bay sur le droit de la mer de 1982, ne suffisant pas toujours pour les abriter, c’est un espace stratégique qui n’échappe pas à la militarisation par les Etats désireux d’y étendre leur souveraineté.
Pour un pays comme le Sénégal, les pratiques de pêche illégale qui épuisent les stocks halieutiques sont le principal défi. Le règlement de cette question, cruciale pour les 600 000 Sénégalais qui vivent de la pêche, est d’ailleurs l’un des principaux engagements du Président Diomaye Faye pour renégocier les accords et sanctionner les chalutiers étrangers, notamment chinois et turcs, qui, sous pavillon sénégalais, cherchent à échapper à la réglementation. Selon le rapport 2022 de l’Environmental Justice Foundation, «la flotte chinoise de haute mer -de loin la plus grande au monde, capture environ 2,35 millions de tonnes de fruits de mer chaque année -selon certaines estimations, environ la moitié du total des captures en eaux lointaines de la Chine- évaluées à plus de 5 milliards de dollars»
Les zones indépendantes, considérées comme un «bien commun», apparaissent également comme le foyer d’une nouvelle mobilisation à travers la sauvegarde de la biodiversité. Ainsi, c’est après deux décennies de négociations qu’a été adopté le 19 juin 2023 l’accord «historique» sur la protection de la biodiversité marine au-delà des zones de juridiction nationale par la Conférence intergouvernementale sur la biodiversité marine.
Conscientes de ces atouts, les institutions africaines ont élaboré un cadre d’action autour de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, de la Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans à l’horizon 2050 et la Charte africaine sur la sûreté, la sécurité maritime et le développement, proclamé «2015-2025, Décennie des mers et des océans d’Afrique» et décidé que le 25 juillet serait désormais «Journée africaine des mers et des océans». C’est que les enjeux autour de l’économie bleue sont capitaux en Afrique alors que la transition énergétique maritime, la révolution portuaire et les transports maritimes, les activités halieutiques et énergétiques avec de nombreuses découvertes (notamment au Sénégal, Côte d’Ivoire, Ghana) et les câbles sous-marins bouleversent les économies africaines maritimes de manière spectaculaire. La gouvernance de l’océan est un défi majeur qui reste encore à relever pour les Etats africains au moment où la première puissance navale du monde, les Etats-Unis, viennent de lancer, le 18 septembre 2023 à l’ouverture de l’Assemblée générale des Nations unies, un nouveau Partenariat pour la coopération atlantique. Près de la moitié (15) des 32 pays atlantiques membres de ce Partenariat sont africains au moment de son lancement : Angola, Cabo Verde, Côte d’Ivoire, Guinée équatoriale, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Liberia, Mauritanie, Maroc, Nigeria, République du Congo, Sénégal, Togo. Ce Partenariat pour la coopération atlantique ne doit cependant pas être un simple instrument au service de la rivalité entre les grandes puissances. Il peut soutenir les Etats africains qui sont à la tâche pour maximiser la coopération portuaire, le déploiement des ports intelligents, les leviers touristiques, au moment où le continent lance la plus grande zone de libre-échange au monde. Sur le plan politique, l’Atlantique africain, ce sont 20% des voix à l’Onu, mais sans coordination entre ces pays côtiers, l’Atlantique africain est un lion sans dents.
Là encore, l’histoire nous enseigne que l’Atlantique n’a pas toujours été une promesse
Nous qui avons grandi sur la corniche sénégalaise, l’Atlantique et sa belle côte ont d’abord été des espaces de jeux pour les enfants insouciants que nous étions, un marché pour nos mamans qui venaient s’approvisionner en poissons, un espace professionnel pour nos familles issues de générations de pêcheurs. En arrière-fond, toujours l’île de Gorée pour nous rappeler que l’Atlantique a englouti bien des nôtres, épicentre d’une traite qui a déshumanisé l’Afrique pendant cinq siècles. Pour faire communauté, l’Atlantique doit devenir un espace de coopération mémorielle, avec les diasporas du Brésil aux Caraïbes au premier plan, et pourquoi pas entre musées côtiers porteurs de cette mémoire, du Musée des civilisations noires de Dakar au nouveau Musée international afro-américain de Charleston (Etats-Unis), au Mémorial à l’abolition de l’esclavage de Nantes (France). Alors que demain, 25 juillet, la communauté internationale célèbre la «Journée africaine des mers et des océans», tout, de l’histoire à la géographie, rappelle la centralité de l’Atlantique.
Rama Yade est Senior Director, Africa Center Atlantic Council.
LA RUMEUR JACQUES HABIB SY CONSEILLER DU PREMIER MINISTRE DÉMENTIE
Depuis la nomination de sa fille à la tête de l'APDA, les réseaux sociaux bouillonne sur Jacques Habib Sy, présenté comme conseiller du chef du gouvernement Ousmane Sonko. Faux, rétorque la Primature après vérifications
(SenePlus) - Depuis la nomination de Sophie Nzinga Sy à la tête de l'Agence pour la promotion et le développement de l'artisanat (APDA), fille de la ministre des Affaires étrangères Yassine Fall, une rumeur affirmant que son père Jacques Habib Sy fait partie des conseillers du Premier ministre Ousmane Sonko a pris de l'ampleur sur les médias et réseaux sociaux. Cependant, après vérification, cette information s'est avérée être infondée.
"À ce jour, Jacques Habib Sy ne figure pas sur la liste des conseillers du Premier ministre Ousmane Sonko. Cette information a été confirmée par la Primature", affirme une équipe de fact-checking du journal Le Soleil après avoir mené une petite enquête.
La Primature a en effet servi un démenti formel: "Jacques Habib Sy ne fait pas partie de la liste des conseillers du Premier ministre."
Cependant, s'il n'est pas conseiller au sein du gouvernement, Jacques Habib Sy joue un rôle clé au niveau politique auprès du président Ousmane Sonko. "Il fait partie du cabinet politique du président du parti Pastef, ce qui signifie qu'il est impliqué dans les activités politiques du parti. Mais il ne fait pas partie de l'attelage gouvernemental", précise l'équipe du Soleil.
Pour rappel, le 11 octobre 2022, alors dans l'opposition, Ousmane Sonko avait procédé à une réorganisation de son parti, nommant Jacques Habib Sy comme l'un de ses conseillers.
"Certains membres de ce cabinet politique ont d'ailleurs obtenu des postes de responsabilité depuis l'avènement du président Bassirou Diomaye Faye", souligne le fait-checking, citant des sources bien renseignées.
Ainsi, s'il est bel et bien un proche conseiller d'Ousmane Sonko au niveau partisan, Jacques Habib Sy n'officie pas au sein du gouvernement dirigé par ce dernier devenu Premier ministre.
EN AFRIQUE, LES COUPS D'ÉTAT FONT DE NOUVEAUX ADEPTES
La majorité des Africains seraient prêts à accepter un putsch contre les "dirigeants véreux". Un constat alarmant qui illustre la défiance grandissante envers les institutions élues et les préoccupations croissantes liées à la corruption
(SenePlus) - Une majorité d'Africains affirment qu'ils accepteraient une prise de pouvoir militaire si les dirigeants élus abusaient de leur autorité. C'est le constat alarmant d'une vaste enquête menée par Afrobaromètre dans 39 pays du continent. Un résultat qui illustre la défiance grandissante envers la démocratie et les préoccupations croissantes liées à la corruption.
Selon l'organisation citée par Bloomberg, si les deux tiers des personnes interrogées jugent l'intervention militaire indésirable comme mode de gouvernance par défaut, 53% se disent prêts à l'avaliser dans certaines circonstances. "Le projet démocratique africain traverse une période difficile", alerte Afrobaromètre dans son rapport African Insights 2024, alors que la foi dans la démocratie s'effrite sur le continent.
Au Mali, plus de 80% des sondés approuveraient une prise de pouvoir de l'armée si les dirigeants élus ne défendaient pas les intérêts des citoyens. Un sentiment partagé en Tunisie, en Côte d'Ivoire et dans de nombreux autres pays.
"Depuis 2020, des soldats ont chassé les gouvernements élus dans six pays. Trois présidents ont défié les limites constitutionnelles pour briguer un troisième mandat. D'autres utilisent des moyens plus subtils pour éroder la démocratie", dénonce le rapport.
Si les majorités rejettent toujours l'idée d'un parti ou d'un homme unique au pouvoir, le soutien à la démocratie a chuté de 7 points de pourcentage en moyenne dans 30 pays sondés régulièrement par Afrobaromètre au cours de la dernière décennie.
En Afrique du Sud, gangrenée par la corruption et la dégradation des services publics, l'adhésion à la démocratie s'est effondrée de 29 points entre 2013 et 2023, à 43%. Au Mali, sous régime militaire, elle a reculé de 23 points à 39%.
La corruption ressort comme une préoccupation majeure, 58% des sondés en moyenne estimant qu'elle a empiré l'année dernière, avec des pics d'inquiétude en Eswatini, Afrique du Sud et au Lesotho. La confiance dans l'équité des élections est au plus bas au Gabon, en Eswatini et en Éthiopie.
"S'il existe encore un profond réservoir de soutien démocratique sur le continent, il n'est pas inépuisable", prévient Afrobaromètre. "L'incapacité à mettre en place une gouvernance démocratique et redevable menace de saper le projet démocratique africain."
Un constat amer illustrant la fragilité des avancées démocratiques en Afrique, où les défaillances en matière de leadership et de probité alimentent une désillusion croissante envers les institutions élues au profit de solutions de facilité, aussi dangereuses soient-elles.
LA POLÉMIQUE DU NÉPOTISME PRÉSUMÉ
Compétence ou piston familial ? C'est la question qui agite le Sénégal après la nomination de Sophie Nzinga Sy à la tête d'une agence gouvernementale (APDA). Fille d'une influente ministre, son arrivée à ce poste stratégique est vivement critiquée
(SenePlus) - La nomination de Sophie Nzinga Sy à la tête de l'Agence pour la promotion et le Développement de l'Artisanat par le chef de l'État Bassirou Diomaye Faye soulève une vive polémique. La raison ? Nzinga Sy n'est autre que la fille de Yassine Fall, l'actuelle ministre des Affaires étrangères. Une décision qui fait crier au népotisme dans la société civile sénégalaise.
"Bannie hier, bénie aujourd'hui" titrait un journal local lundi, remettant en cause la présence de membres d'une même famille au sein du pouvoir exécutif. Un questionnement légitime selon le politologue Elimane Haby Kane, qui déclare dans les colonnes de RFI : "La question se pose parce que le président en exercice avait justement proposé que les nominations à des postes stratégiques se fassent sur la base d'appel à candidature pour permettre le critère du mérite et éviter le népotisme qui a été dénoncé dans les régimes précédents."
Cette affaire fait ressurgir les vieilles critiques contre les régimes précédents que le pouvoir actuel disait vouloir combattre. "Il faut bien entendre les questions posées et les doléances soulevées et y apporter des réponses concrètes !", ajoute M. Kane, appelant à plus de transparence sur les critères de nomination.
Parmi les revendications de la société civile figurent la publication d'un décret organisant, comme promis, les futurs appels à candidature afin d'éviter ce genre de débats. Une attente à laquelle le pouvoir n'a pas encore répondu.
Du côté du gouvernement, on se défend en mettant en avant les compétences de la jeune consultante. "La nomination de Nzinga Sy n'est pas du népotisme", a affirmé Ousseynou Ly, porte-parole de la présidence, rappelant qu'elle n'a aucun lien de parenté avec le chef de l'État. Cependant, les voix discordantes persistent, dénonçant un double discours du pouvoir en place.
GUY MARIUS SAGNA, ACTIVISTE OU ANARCHISTE ?
Les discours enflammés du député sénégalais au parlement de la CEDEAO remettent en cause le statu quo et obligent l'institution à se remettre en question. Une bouffée d'air frais pour certains, une menace pour d'autres
Le député Guy Marius Sagna est en train de jeter manifestement un pavé dans la mare du parlement de la CEDEAO. Toutefois, si certains africains découvrent les thèses anticolonialistesdu parlementaire sénégalais qui ont fortement secoué le parlement de l'organisation sous régionale, force est de dire que Guy Marius Sagna n'a pas varié sur ses convictions de gauche souverainiste et anti-impérialistes qui sont la trame de son engagement politique.
La CEDEAO doit une fière chandelle au député Guy Marius Sagna qui l’a remise au-devant de l’actualité du continent. Avec ses interventions enflammées contre le parlement de l'organisation sous-régionale créée en 1975,Guy Marius Sagna a permis de rendre attractive cette session dont les débats houleux alimentent les chaumières africaines. Connu pour sa fougue, son franc-parler et son combat contre l'impérialisme occidental, le député sénégalais est resté inflexible au parlement de la CEDEAO. Dénonçant ainsi la léthargie et la dépendance de ladite organisation qui n'arrive pas à impulser de vraies dynamiques dans la sous-région.
Sans concession, il a notamment indiqué que cette législature risque d'être la dernière si la CEDEAO n'opère pas de véritables changements. Le tout dans un phrasé et un ton véhément qui ont ravi certains et sidéré d'autres, poussant même à des altercations qui ont fait le tour des réseaux sociaux.Héros et héritier des panafricanistes pour plusieurs observateurs, impertinent et téméraire pour d'autres, les interventions de Guy Marius Sagna suscitent la polémique. Enseignant-chercheur à l'UGB, Moussa Diaw salue la posture iconoclaste du parlementaire sénégalais.
'' Il bouscule les habitudes ''
Disséquant les différents discours de Guy Marius Sagna, il soutient : '' Il bouscule les habitudes au niveau du Parlement de la CEDEAO''.Àl'en croire, les africains n'ont pas l'habitude de voir et d'entendre ces genres d'interventions au niveau de la CEDEAO. '' Son discours est un langage inhabituel'', renchérit le politiste non sans indiquer que les africains avaient l'habitude d'entendre des discours policés sous-tendus par des intérêts partisans. Les représentants viennent souvent, d'après lui, avec idées égoïstes. '' Guy Marius Sagna a le mérite de pousser à la réflexion et au débat '', trouve Diaw dans un entretien téléphonique accordé à L’AS. Par ailleurs, il a fait savoir que l'activisme du Sénégalais transcende les régimes. ''C'est idéologique et cela représente presque les néomarxistes'', note Moussa Diaw. Abondant dans le même sens, le directeur de Legs Africa signale queGuy Marius Sagna est un député qui fait un excellent travail.
'' Avec lui au moins, on est au courant de l'existence de ce parlement de la CEDEAO qui en réalité perpétue les chaînes de l'aliénation contre la souveraineté ''.
'' En tant que véritable représentant des peuples africains mais aussi du peuple sénégalais, avec lui au moins,toutle monde est au courant de l'existence du parlement de la CEDEAO qui, en fait, n'est pas très utile et colporte les chaînes de l'aliénation contre la souveraineté'', déclare Elimane Kane, lui-aussi interpellé par L'AS. Et le très chevronné membre de la société civile d'ajouter : '' Je pense que le travail qu'il est en train de faire là-bas consiste à poser de véritables questions qui sont des questions qui interpellent tous les décideurs à travers nos représentants dans ce parlement ''. De son avis, Guy Marius Sagna reste fidèle à son discours anti-impérialiste, à son discours souverainiste. Il invite simplement, d'après Elimane Kane, les africains à prendre leur destin en main. '' Guy Marius Sagna est aujourd'hui un député qui mérite d'être appuyé et soutenu par tous ceux qui travaillent pour la souveraineté et qui veulent sortir l'Afrique de ces dépendances stratégiques'', souligne-t-il avec véhémence. Très influencé par les partis de Gauche, Guy Marius Sagna incarne-t-il cette pensée dans ses actions ? Moustapha Senghor pense que ça ne sonne pas comme une évidence.
'' Je ne sais pas comment on peut considérer Guy Marius Sagna comme quelqu'un qui incarne la gauche sénégalaise et africaine ''
Le président des jeunes de la Ligue Démocratique indique effectivement que Guy Marius Sagna peut avoir une pensée et une attitude dignes d'un homme de Gauche. '' Mais il faudra faire le distingo entre la pensée de l'individu et la structure à laquelle il appartient. Jusqu'au moment où je vous parle, Guy Marius Sagna n'a jamais été identifié parmi les membres de la gauche au Sénégal. Structurellement, on ne l'identifie pas comme quelqu'un qui constitue un fer de lance de la gauche au Sénégal '', révèle-t-il. Dans ce cadre, il rappelle qu'ils ont tenu l'année dernière les Assises de la gauche plurielle. Mais il ne connaît pas, insiste-t-il, un de ses représentants qui a participé à cette rencontre. ‘’Guy Marius Sagna n'a pas participé à cette rencontre. Je ne sais comment on peut le considérer comme quelqu'un qui incarne la gauche sénégalaise et africaine '', fulmine-t-il. Selon lui, il est difficile de faire la différence entre les idées de gauche etles structures.
Par Hamidou ANNE
JOE BIDEN ET LE TRAIN DE L’HISTOIRE
A chaque fois que le fascisme rôde, les démocrates voient leur responsabilité indexée. Ils choisissent de collaborer ou de faire face. Le président américain a montré le chemin. Son camp doit être digne de son sacrifice
Joe Biden a décidé de jeter l’éponge ce dimanche, après des mois de doute sur sa capacité à se représenter. Son débat calamiteux face à Donald Trump le 27 juin dernier, son état de santé, ses trous de mémoire et sa fragilité avaient convaincu bon nombre de ses partisans à réclamer de plus en plus ouvertement son renoncement. Finalement, le président américain a cédé à la pression et s’est montré à la hauteur de l’histoire. Dans sa lettre, Biden affirme : «Bien qu’il ait été dans mon intention de me représenter pour un nouveau mandat, je crois qu’il est dans l’intérêt supérieur de mon parti et du pays que je me retire et me concentre uniquement sur l’accomplissement de mes devoirs de Président pour le reste de mon mandat.» Les hommages se multiplient, d’abord chez les Démocrates, puis dans le monde, du fait de la grandeur du geste bidenien, des enjeux colossaux pour son pays et pour l’humanité, car en face, Donald Trump semblait marcher tout droit vers la Maison Blanche, surtout après la tentative d’assassinat dont il a été victime. L’ancien président, qui a échappé miraculeusement à la tragédie, renforce son aura dans son camp, et la photo le montrant combatif alors qu’il a le visage ensanglanté au milieu d’une nuée d’agents du Secret Service, tranche avec la fébrilité d’un Biden au pas lent, à la diction inaudible et au propos incompréhensible. L’Amérique, qui s’est construite sur l’image d’un pays puissant et insubmersible, ressemblait davantage, ces dernières semaines, à Trump qu’à un Biden affaibli.
Récemment, j’expliquais à une amie journaliste, qui me proposait de commenter les rumeurs de retrait de Biden, mon refus d’aborder ces sujets relatifs à l’âge, même pour des hommes publics, et au déclin physique qui l’accompagne. C’est avec une grande peine que je lisais les moqueries sur l’âge de Biden, ses bourdes, comme par exemple quand il appelle le président ukrainien «Poutine». Ce n’est pas ma conception du commentaire politique, ni de la vie tout court. Aussi, j’ai toujours eu une forme d’estime pour Joe Biden, son parcours, son sérieux et la ténacité de ses combats malgré des drames qui ont ponctué sa vie personnelle. En 1972, à peine élu au Sénat et avant même de prêter serment, il perd son épouse et sa fille dans un accident de voiture. Pendant 36 ans, Joe Biden rentrait quasiment tous les soirs par le train Washington Dc–Delaware, pour être au chevet de ses deux garçons. La gare où le train marquait son arrêt dans le Delaware fut renommée «Joe R. Biden, Jr. Railroad Station». En 2015, il perd son autre fils «Beau» Biden, mort à 46 ans d’un cancer du cerveau. Biden est un homme décent, un démocrate progressiste, rigoureux et ouvert, de tous les combats de l’aile progressiste de son parti. Après un mandat de quatre ans, il laisse un bilan jugé positif par de nombreux observateurs avertis. En effet, Biden a par exemple soutenu la hausse des salaires des classes moyennes et lancé un vaste plan de réindustrialisation verte. A ce sujet, il a fait revenir les Etats-Unis dans l’Accord de Paris sur le climat que Trump avait dénoncé. Il a su juguler les conséquences tragiques de la crise du Covid-19, qui avait été gérée de manière assez calamiteuse par son prédécesseur. Biden a su aussi faire revenir l’Amérique dans une forme de sérénité dans la relation avec le monde. Au contraire d’un Trump qui, entre autres propos racistes et xénophobes, considérait les Etats africains «comme des pays de merde».
Ce que je retiendrai le plus dans la décision historique de Joe Biden est sa responsabilité attendue d’un homme d’Etat, qui dirige en plus la première puissance mondiale. Il a su se surpasser, aller au-delà de son idiosyncrasie pour placer le destin de son pays au-dessus. Conscient du danger pour l’Amérique et le monde que représenterait un retour au pouvoir de Donald Trump, Biden a décidé d’agir. Toutes les études le donnaient perdant face au candidat républicain, homme particulièrement dangereux et inapte à gouverner. Biden n’a pas voulu être le marchepied du fascisme et a décidé d’en être un rempart. Ces mots de l’acteur africain-américain Wendell Pierce expriment justement ce que je pense de la décision de Biden : «La décision historique prise aujourd’hui par le président Biden est un acte patriotique désintéressé. Il s’en est remis à ce qu’il jugeait être le mieux pour son parti et son pays. Il a sauvé cette Nation il y a quatre ans, au milieu d’une pandémie, d’une crise économique et d’une crise constitutionnelle après une insurrection contre le gouvernement. Aujourd’hui, nous sommes plus forts qu’à l’époque. L’héritage du président Biden consistera à sauver la démocratie du fascisme américain. Je lui en serai éternellement reconnaissant.»
Si Trump, enragé et plus inquiétant que jamais, est une nouvelle fois défait, cette fois en novembre par Kamala Harris, il ne faudra pas oublier la décision historique du dimanche 21 juillet de Joe Biden, homme d’Etat respectable et estimable. A chaque fois que le fascisme rôde, les démocrates voient leur responsabilité indexée. Ils choisissent de collaborer ou de faire face. Biden a montré le chemin de comment réagir face à la menace fasciste, son camp doit être digne de son sacrifice. En Afrique et partout ailleurs, le geste de Joe Biden doit aussi nous inspirer pour toujours être en première ligne quand il s’agit de combattre le fascisme dont la finalité est la promotion de la guerre civile
Par Mamadou Omar NDIAYE
BRAVO PRESIDENT, CHAPEAU PREMIER MINISTRE
« Su fi yemoon saxmu neex » ! Oui, Monsieur le président de la République, oui M. le Premier ministre, si votre bilan en matière de presse devait s’arrêter aux mesures que vous avez déjà prises dans ce secteur, eh bien il serait déjà largement positif
Nous citons volontiers Youssou Ndour chantant la performance des « Lions » du football dans une Coupe du Monde, pour dire au président de la République et à son Premier ministre ceci : « Su fi yemoon saxmu neex » ! Oui, Monsieur le président de la République, oui M. le Premier ministre, si votre bilan en matière de presse devait s’arrêter aux mesures que vous avez déjà prises dans ce secteur, eh bien il serait déjà largement positif ! Car les mesures de nettoyage des écuries d’Augias que vous mettez en œuvre depuis votre arrivée au pouvoir sont de salubrité publique et vont incontestablement dans le bon sens. En ordonnant le gel de toutes les conventions signées par des ministères et des sociétés nationales avec des entreprises de presse — dont la plupart ne le sont que de nom— , le temps d’y voir clair, vous avez démontré votre volonté d’instaurer une transparence dans l’utilisation de l’argent public. Lequel, à travers ces conventions signées avec des individus entrés par effraction dans le secteur de la presse, servait à les enrichir sans cause. A coups de dizaines de millions de francs parfois pour des sites souvent fantômes et qui n’étaient créés que pour pouvoir justifier la signature de conventions. Et, donc, le versement d’argent public à des copains, des coquins, des condottiere. La plupart du temps, la contrepartie à ces libéralités financières — encore une fois avec de l’argent public ! —, c’était d’insulter copieusement les opposants, en premier lieu Ousmane Sonko et le Pastef. De les calomnier, de les diffamer, de les vilipender. A cette fin, nos larrons et donzelles étaient généreusement stipendiés à travers des ministères et des sociétés nationales.
C’était la même chose avec le Fonds d’aide à la presse dont une bonne partie passait dans les comptes bancaires des fonctionnaires chargés de le distribuer à travers des sites d’ « information » fictifs. Un fonds qui, au fil des années, a été détourné de sa vocation initiale de soutien aux entreprises de presse pour, là aussi, stipendier des mercenaires de la plume ou de la voix. C’est si vrai que, pendant deux ans, notre société, « Le Témoin », qui a 34 ans et possède un quotidien et deux radios, a été zappé de cette distribution au prétexte qu’il n’a pas déposé de demande ! Et pour cause car nous n’avions pas voulu cautionner les magouilles en cours. Dire pourtant que Mamadou Oumar Ndiaye, notre directeur de publication, faisait partie des « quatre mousquetaires » (en plus de lui il y avait Abdoulaye Bamba Diallo et feus Babacar Touré et Sidy Lamine Niasse), ainsi qu’on les surnommait, qui avaient négocié cette « aide à la presse » avec l’ancien président Abdou Diouf par l’intermédiaire de Famara Ibrahima Sagna, alors ministre de l’Intérieur. C’était en 1990. Plus de 30 ans après, il s’est trouvé des fonctionnaires pour exiger du « Témoin » de déposer un dossier pour prouver qu’il est une entreprise de presse ! Comme disent les Wolofs, « lu sotti am borom »…
Il faut «geler» le fonds d’aide à la presse !
Qu’on nous comprenne bien : nous ne soutenons pas que des conventions ne doivent pas être signées avec la presse. Non ! Ce que nous disons, c’est que des critères clairs et stricts doivent être établis et que la transparence doit prévaloir. Encore que, pour en revenir au Fonds d’aide à la presse — on en a changé le nom mais c’est tout comme —, tel qu’il fonctionne actuellement, il créé un appel d’air et favorise la multiplication des journaux, radios, télévisions, sites et autres pour capter cette manne publique. Et plus l’Etat augmentera le montant de ce fonds, plus il y aura de supports qui prétendront à ce soutien financier. C’est le serpent qui se mord la queue et on ne s’en sortira jamais. Mieux, des employés de groupes de presse recevant cette subvention ou signataires de conventions avec des sociétés, créent eux-mêmes des sites et bénéficient à leur tour et de la subvention et de conventions ! Au même titre, encore une fois, que le groupe qui les emploient. La République et décidément bonne fille…
C’est pourquoi, pensons-nous, à défaut de pouvoir le faire pour les conventions avec les ministères et les sociétés nationales — ce qui serait hautement salutaire pourtant — ce serait une bonne chose de « geler » ce Fonds d’aide à la presse ne serait-ce que pendant une année pour remettre les choses à l’endroit. Autrement dit, faire un « jubanti » là aussi. Si cela n’était pas possible, nous suggérerions de tout centraliser au niveau de la Primature et que toutes les conventions avec toutes les entreprises de presse y soient validées. Cela permettrait de contrôler l’utilisation de l’argent public dans le secteur de la presse et de la communication. Et aussi de laisser la loi du marché réguler tout cela.
En attendant, qu’il nous soit permis une fois de plus de tirer notre chapeau au président de la République et au Premier ministre pour le travail d’assainissement de la presse qu’ils ont entrepris depuis trois mois. Un travail qui aurait dû, pourtant, être l’œuvre des professionnels du secteur eux-mêmes !
par l'éditorialiste de seneplus, ibe niang ardo
COUP DE SEMONCE DU CHARRETIER AU MODERNISME
EXCLUSIF SENEPLUS - Un charretier nargue ouvertement policiers et citoyens en empêchant le passage du BRT. Au-delà de cette forfaiture intolérable, cette scène révèle les limites d'une jeunesse et d'un État démissionnaires face à l'incivisme
Ibe Niang Ardo de SenePlus |
Publication 22/07/2024
Vous avez été nombreux à réagir à ma chronique sur les mendiants conforté en moi l’idée qu’il y a des maux, hors du mesquin tintamarre politicien, qui suscitent l’engouement de la population civile. Ces maux voilés par une piteuse condescendance des autorités et hommes politiques partisans, ont besoin de mots réconfortants, tranchants pour les mettre à nu afin que nul n’en ignore.
La seule réponse du citoyen à l’indécence est le refus doublé d’indignation
Aujourd’hui j’ai pour motif un fait grave, inacceptable, dont les images hideuses circulent sur les réseaux sociaux, consistant en un charretier qui soulève sa charrette et la fait traverser les lignes interdites du BRT, entravant ainsi le passage du Bus de transit. Voilà donc un quidam qui, d’après celui qui a pris la vidéo, répète son forfait de plein jour chaque fois que l’envie lui en prend, sans coup férir. L’auteur de la vidéo que je remercie au passage, interpelle l’indifférence des policiers. Cependant, le dilemme du policier qui fait de lui un démissionnaire est qu’il se sait démuni face à un attelage de cheval et charrette encombrant, conduit par un cynique charretier qui s’en donne à cœur joie de son impuissance en le narguant.
Par contre dans le décor, on aperçoit des citoyens contrariés qui, comme anesthésiés, observent avec désolation, alors qu’il leurs aurait suffi de se lever et faire barrage pour empêcher cette forfaiture de s’accomplir. Imaginez la différence s’ils avaient eu le comportement convenable, quel impact aurait eu une vidéo d’une telle scène pour le civisme, le patriotisme et le courage. Face à l’indécence dans l’espace public, tout acte du citoyen en deçà d’un refus indigné catégorique est un déficit ou une trahison des normes et vertus civiles inhérentes en nous-mêmes.
La jeunesse responsable est partie prenante d’un pacte de maintien des acquis.
Sur un autre aspect, l’incroyable paradoxe de cette scène réside dans les acteurs en cause, le lieu et le temps.
Les acteurs : de vigoureux jeunes passants ou habitants du voisinage,
Le lieu : il est le même que là où s’est déroulé plusieurs fois de suites des affrontements sanglants entre la jeunesse et les forces de sécurité et de défense
Le temps : l’espace-temps entre l’un et l’autre événements relatés n’est que de peu de mois.
Donc en rapprochant des événements qui se sont déroulés dans un même lieu en l’espace d’un an à peine, avec les mêmes acteurs, nous essayons de comprendre le bon sens et la raison des actes posés.
Quand les jeunes risquaient leurs vies face à des gendarmes armés n’était-ce pas pour une meilleure qualité de vie promise par leur leader ?
Ces infrastructures en train d’être vandalisées devant ces mêmes jeunes des mois plus tard ne participent-elles pas à cet objectif de meilleure qualité de vie ?
La même personne qui se joint aux foules au péril de sa vie, au gré de l’appel d’un leader, n’est pas prête à lever le plus petit doigt à l’encontre d’un délinquant à ses œuvres, devant sa propre demeure. Voilà la triste révélation.
Non ! Ce n’est pas ce qu’on attend de cette jeunesse capable de beaucoup de choses. Il lui faut nous servir autre chose de mieux, donner un sens civique à son engagement et avoir le courage patriotique d’engager des actes spontanés de solidarité de maintien des acquis, dans l’espace public. Il n’est besoin d’aucune organisation préalable pour ça, il suffit de peu de gens qui l’exercent pour que le processus dit du “cercle d’expansion” fasse le reste et répande partout la nouvelle norme. Les jeunes doivent à présent prouver que leur mobilisation n’est pas un inconditionnel acquis à une stratégie de patriotisme aux relents de populisme, dépourvu d’appel à la raison. Le patriotisme c’est aussi prendre ses responsabilités selon ses convictions et principes dans la discrétion, sans triomphalisme. Lorsque par exemple on est quatre jeunes vigoureux en train de deviser au coin d’une rue et qu’un délinquant se mette tout d’un coup à vandaliser les ouvrages publics, attendre la police n’est pas une option, il faut le mettre hors d’état de nuire avant que les dégâts ne s’aggravent.
Ceci dit, pour solutionner ces incivismes lamentables, il appartient à l’État de mettre ses agents à l’abris d’une submersion par tout type de délinquance, en les dotant de moyens performants. Par exemple, face à ces charretiers, qui ne tiennent leur aberrante réalité au cœur de notre capitale que de la défaillance chronique des autorités, les moyens performants pourraient consister en maîtres-chiens en circulation, menottes pour tous les policiers afin qu’ils puissent dans pareils extravagances, menotter le charretier à son attelage le temps qu’un remorqueur vienne les conduire en un lieu idoine.
Cet appel à la responsabilité est une invite à de l’environnementalisme et à une stratégie d’épanouissement durable, en réponse à la stratégie de chaos gratuit ambiante.
Ibe Niang Ardo est président du Mouvement citoyen Jog Ci.
LIMOGEAGE POLÉMIQUE AUX AGROPOLES
Recruté après appel d'offres jusqu'en 2028, El Hadji Djily Mbaye Lô conteste sa révocation sans cas de force majeur. Une décision jugée arbitraire par l'intéressé et qui pourrait contrevenir au Code du travail
La rupture tant prônée par les nouvelles autorités commence à revêtir un caractère abusif ! En effet, El Hadji Djily Mbaye Lô dont le recrutement s’est fait par appel à candidatures et qui a un contrat qui court jusqu’en 2028, s’est vu remplacé par un simple décret par Aïssatou Diallo, pour coordonner le Programme national de développement des agropoles du Sénégal.
C’est une pratique belliqueuse à la limite du raisonnable. En effet, le coordonnateur du Programme national de développement des agropoles du Sénégal, El Hadji Djily Mbaye Lô, a été remplacé par décret lors du Conseil des ministres du 5 juin 2024. C’est Aïssatou Diallo qui devait prendre sa place, mais cela ne s’est pas fait. En effet, recruté par le biais d’un appel à candidatures, El Hadji Djily Mbaye Lô a signé un contrat avec l’Etat jusqu’en décembre 2028.
La passation de services ne s’est pas faite. Et c’est Serigne Cheikh Bara Ndiaye, connu pour être un soutien de Sonko, qui a ébruité l’affaire. Ce dernier a affirmé, lors d’une conférence de presse, que El Hadji Djily Mbaye Lô qui «est membre de l’Apr, a refusé de céder son fauteuil sans motif».
Une déclaration qui a fait réagir l’intéressé. «J’ai été recruté sur appel d’offres compétitives en décembre 2020 comme l’ensemble du personnel du projet», a expliqué El Hadji Djily Mbaye Lô, tout en rappelant qu’il a conduit toute la phase de formulation des agropoles, entre 2018 et 2019, en sa qualité de Directeur national des Petites et moyennes industries (Pmi). Il a fait «deux ans d’essai (2021, 2022), sanctionnés par une évaluation positive, avant de bénéficier d’un contrat jusqu’en décembre 2028».
Le 7 juin, soit deux jours après la publication du communiqué du Conseil des ministres où son remplacement est acté, El Hadji Djily Mbaye Lô fait un recours administratif auprès du président de la République, avec ampliation au Premier ministre, pour lui expliquer que, conformément aux orientations du «Projet», il a été recruté par voie compétitive. Une semaine après, il a été reçu en audience par le ministre de l’Industrie et du commerce. Qui «m’a proposé un poste de Conseiller technique : offre que j’ai déclinée respectueusement en lui précisant que j’avais un contrat en cours pour le poste de Coordonnateur national jusqu’en décembre 2028». Le 9 juillet, il reçoit un courrier du ministre l’Industrie et du commerce daté du 1er juillet, qui annonce «la résiliation de mon contrat pour cas de force majeure, sans préciser l’événement constitutif du cas de force majeure».
«Le 11 juillet, j’ai également saisi Monsieur le président de la République d’un nouveau recours, avec toujours ampliation au Premier ministre, pour l’informer de la résiliation de mon contrat», a dit El Hadji Djily Mbaye Lô, tout en précisant avoir répondu, le même jour, à la lettre du ministre de l’Industrie et du commerce, qui lui demande de se rapprocher de ses services pour le paiement des indemnités, consécutif à la résiliation du contrat.
«Le 15 juillet, à 15h 56, l’Inspecteur administratif et financier envoie à mon assistante son ordre de mission de passation de services sur lequel il n’était indiqué ni la date ni l’heure de passation de services. Le 18 juillet, à 10 heures, je reçois un appel de mon assistante m’informant que des gens se sont annoncés auprès du vigile pour une passation de services. Séance tenante, j’ai appelé un huissier pour constater les faits», a détaillé M. Lô.
Faut-il préciser que l’article L.56 du Code du travail sénégalais traite de la sanction, en cas de rupture abusive du contrat de travail. Selon cet article, toute rupture abusive du contrat peut donner lieu à des dommages et intérêts. La juridiction compétente constate l’abus par une enquête sur les causes et les circonstances de la rupture du contrat.
Or, Serigne Guèye Diop parle de « cas de force majeure ». Comment le prouver ? Va-t-il invoquer l’alternance politique pour expliquer le besoin de rompre le contrat avec El Hadji Djily Mbaye Lô ? La suite du traitement de ce dossier édifiera l’opinion.