LIMOGEAGE POLÉMIQUE AUX AGROPOLES
Recruté après appel d'offres jusqu'en 2028, El Hadji Djily Mbaye Lô conteste sa révocation sans cas de force majeur. Une décision jugée arbitraire par l'intéressé et qui pourrait contrevenir au Code du travail
La rupture tant prônée par les nouvelles autorités commence à revêtir un caractère abusif ! En effet, El Hadji Djily Mbaye Lô dont le recrutement s’est fait par appel à candidatures et qui a un contrat qui court jusqu’en 2028, s’est vu remplacé par un simple décret par Aïssatou Diallo, pour coordonner le Programme national de développement des agropoles du Sénégal.
C’est une pratique belliqueuse à la limite du raisonnable. En effet, le coordonnateur du Programme national de développement des agropoles du Sénégal, El Hadji Djily Mbaye Lô, a été remplacé par décret lors du Conseil des ministres du 5 juin 2024. C’est Aïssatou Diallo qui devait prendre sa place, mais cela ne s’est pas fait. En effet, recruté par le biais d’un appel à candidatures, El Hadji Djily Mbaye Lô a signé un contrat avec l’Etat jusqu’en décembre 2028.
La passation de services ne s’est pas faite. Et c’est Serigne Cheikh Bara Ndiaye, connu pour être un soutien de Sonko, qui a ébruité l’affaire. Ce dernier a affirmé, lors d’une conférence de presse, que El Hadji Djily Mbaye Lô qui «est membre de l’Apr, a refusé de céder son fauteuil sans motif».
Une déclaration qui a fait réagir l’intéressé. «J’ai été recruté sur appel d’offres compétitives en décembre 2020 comme l’ensemble du personnel du projet», a expliqué El Hadji Djily Mbaye Lô, tout en rappelant qu’il a conduit toute la phase de formulation des agropoles, entre 2018 et 2019, en sa qualité de Directeur national des Petites et moyennes industries (Pmi). Il a fait «deux ans d’essai (2021, 2022), sanctionnés par une évaluation positive, avant de bénéficier d’un contrat jusqu’en décembre 2028».
Le 7 juin, soit deux jours après la publication du communiqué du Conseil des ministres où son remplacement est acté, El Hadji Djily Mbaye Lô fait un recours administratif auprès du président de la République, avec ampliation au Premier ministre, pour lui expliquer que, conformément aux orientations du «Projet», il a été recruté par voie compétitive. Une semaine après, il a été reçu en audience par le ministre de l’Industrie et du commerce. Qui «m’a proposé un poste de Conseiller technique : offre que j’ai déclinée respectueusement en lui précisant que j’avais un contrat en cours pour le poste de Coordonnateur national jusqu’en décembre 2028». Le 9 juillet, il reçoit un courrier du ministre l’Industrie et du commerce daté du 1er juillet, qui annonce «la résiliation de mon contrat pour cas de force majeure, sans préciser l’événement constitutif du cas de force majeure».
«Le 11 juillet, j’ai également saisi Monsieur le président de la République d’un nouveau recours, avec toujours ampliation au Premier ministre, pour l’informer de la résiliation de mon contrat», a dit El Hadji Djily Mbaye Lô, tout en précisant avoir répondu, le même jour, à la lettre du ministre de l’Industrie et du commerce, qui lui demande de se rapprocher de ses services pour le paiement des indemnités, consécutif à la résiliation du contrat.
«Le 15 juillet, à 15h 56, l’Inspecteur administratif et financier envoie à mon assistante son ordre de mission de passation de services sur lequel il n’était indiqué ni la date ni l’heure de passation de services. Le 18 juillet, à 10 heures, je reçois un appel de mon assistante m’informant que des gens se sont annoncés auprès du vigile pour une passation de services. Séance tenante, j’ai appelé un huissier pour constater les faits», a détaillé M. Lô.
Faut-il préciser que l’article L.56 du Code du travail sénégalais traite de la sanction, en cas de rupture abusive du contrat de travail. Selon cet article, toute rupture abusive du contrat peut donner lieu à des dommages et intérêts. La juridiction compétente constate l’abus par une enquête sur les causes et les circonstances de la rupture du contrat.
Or, Serigne Guèye Diop parle de « cas de force majeure ». Comment le prouver ? Va-t-il invoquer l’alternance politique pour expliquer le besoin de rompre le contrat avec El Hadji Djily Mbaye Lô ? La suite du traitement de ce dossier édifiera l’opinion.