SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
25 novembre 2024
Développement
VIDEO
UN MENSONGE VIEUX DE 80 ANS S'EFFONDRE
La France reconnaît enfin la vérité sur le massacre de Thiaroye. Six tirailleurs, jadis qualifiés de mutins, sont désormais reconnus morts pour la France. Cela ouvre la voie à un procès en révision crucial, comme le révèle l'historienne Armelle Mabon
Dans une interview accordée à TV5 Monde dimanche 28 juillet 2024, l'historienne Armelle Mabon lève le voile sur l'un des épisodes les plus sombres de l'histoire coloniale française. Le massacre de Thiaroye, longtemps dissimulé sous les apparences d'une mutinerie, refait surface avec la reconnaissance posthume de six tirailleurs sénégalais morts pour la France.
"C'est un crime d'État", affirme sans détour Mabon, auteur de "Prisonniers de guerre indigènes : visages oubliés de la France occupée". Selon elle, ce massacre prémédité par l'armée française en 1944 a fait bien plus que les 35 victimes prétendument reconnues. Les estimations parlent de jusqu'à 400 morts, un chiffre dissimulé par la falsification systématique des archives.
Cette reconnaissance tardive ouvre enfin la voie à un procès en révision tant attendu. "Grâce à cette mention 'mort pour la France', le procès en révision va pouvoir aboutir", explique l'historienne. Ce processus juridique pourrait non seulement innocenter les 34 tirailleurs injustement condamnés à l'époque, mais aussi ouvrir la porte à des réparations pour les familles des victimes.
Mabon insiste sur l'importance de ce tournant : "Le garde des Sceaux a maintenant tout pouvoir pour faire le nécessaire afin que le procès en révision aboutisse." Cette avancée, bien que significative, n'est qu'un premier pas. L'historienne appelle à la divulgation complète de la liste des victimes et des rapatriés, ainsi qu'à la reconnaissance officielle du mensonge d'État qui a perduré pendant huit décennies.
Alors que la France commence à peine à affronter ce chapitre douloureux de son passé colonial, l'interview d'Armelle Mabon sur TV5 Monde souligne l'urgence de la vérité et de la justice pour les tirailleurs sénégalais et leurs descendants. Le procès en révision à venir pourrait marquer un tournant décisif dans la reconnaissance et la réparation de ce crime longtemps occulté.
LE PATRIMOINE DE DIOMAYE FAYE DÉVOILÉ
Le président de la République détient notamment une coquette demeure à Mermoz et de vastes terres agricoles. Ses comptes en banque affichent aussi des millions, mais sont grevés de lourdes dettes
(SenePlus) - Dans son édition spéciale n°7750 du 25 juillet 2024, le Journal Officiel de la République du Sénégal a publié la déclaration de patrimoine détaillée du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, qui a pris ses fonctions le 2 avril dernier. Cette publication fait suite à la décision n°127 du Conseil Constitutionnel, présidé par Mamadou Badio Camara, donnant acte de la déclaration et en ordonnant la publication officielle.
Né le 25 mars 1980 à Ndiandiaye, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, auparavant Inspecteur des Impôts et Domaines, perçoit désormais un salaire mensuel de 4 859 302 FCFA en tant que Chef de l'État. Marié sous le régime de la séparation de biens, il réside à la Présidence de la République sur l'avenue Léopold Sédar Senghor.
Le patrimoine déclaré comprend plusieurs comptes bancaires. À la BICIS, le président dispose d'un compte courant avec 14 776 405 FCFA et un compte épargne avec 2 690 FCFA. À l'UBA, son compte courant affiche un solde de 7 457 852 FCFA.
Concernant ses dettes, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a contracté un prêt auprès de la BICIS avec un solde restant de 6 478 451 FCFA, ainsi qu'un prêt auprès de l'UBA avec un solde de 24 486 162 FCFA.
Sur le plan immobilier, le président possède une maison bâtie sur 200m2 à Mermoz, Dakar, acquise pour 19 millions FCFA et dont la valeur vénale est estimée à près de 135 millions. Cette propriété lui a été attribuée par le syndicat des Impôts en 2020 lorsqu'il était fonctionnaire.
Le chef de l'État est également propriétaire de plusieurs terrains non bâtis : un terrain de 80m2 à Ndiaganiao acquis en 2017, un terrain agricole de 4,3 hectares à Sandiara acheté 15 millions FCFA en 2022 avec 29 millions d'investissements déjà engagés, ainsi qu'un terrain nu de 202m2 à Keur Moussa évalué à 1,7 million FCFA.
Enfin, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a déclaré posséder un véhicule Ford Explorer Platinum acheté d'occasion en 2022.
Le président a certifié sur l'honneur que cette déclaration, comprenant les pièces justificatives requises, reflète exactement sa situation patrimoniale.
L'APR À L'HEURE DES CHOIX EXISTENTIELS
L'ancienne formation au pouvoir peine à se réinventer dans l'opposition. Entre fidélité à Macky Sall et ralliement derrière Amadou Ba, les cadres sont partagés. La perspective d'élections législatives anticipées accentue l'urgence de définir un cap
(SenePlus) - Désormais dans l'opposition après douze ans aux commandes, les cadres de l'Alliance pour la République (APR) de l'ancien président Macky Sall peinent à se réinventer et à s'accorder sur un nouveau leadership. Comme le rapporte Le Monde, certains affichent encore la fidélité à Macky Sall tandis que d'autres se tournent déjà vers son ancien premier ministre Amadou Ba.
"Certains ont conservé le portrait de l'ancien président Macky Sall comme photo de profil sur WhatsApp, quand d'autres ont déjà tourné la page et affichent désormais celui d'Amadou Ba, son ancien premier ministre et candidat malheureux à l'élection du 24 mars", écrit le quotidien français.
L'ombre tutélaire de Macky Sall plane encore sur le parti qu'il a fondé. "Nous vivons un moment de recomposition politique. Quand les cartes sont rebattues, on révise la stratégie commune, mais il faut aussi compter avec les ambitions de chacun", confie un de ses proches cité par Le Monde, voyant en l'ex-chef d'État "le seul à pouvoir faire taire les batailles d'ego au sein du parti".
Mais une frange de l'APR estime que Macky Sall doit passer la main après sa défaite, rejetant notamment sur lui l'échec d'Amadou Ba à la présidentielle malgré ses 36% des voix. "Il a récolté 36 % des voix, ce n'est pas négligeable", souligne ainsi Abdou Latif Coulibaly, ancien ministre de la Culture et partisan d'Amadou Ba.
Ce dernier, réputé pour son profil technocratique et sa discrétion, reste pour l'heure silencieux. "Amadou Ba n'est pas un tribun, il ne faut pas s'attendre à le voir galvaniser les foules. Il a d'autres qualités", nuance un proche dans les colonnes du Monde.
Des "réunions entre amis" sont néanmoins organisées ces dernières semaines par ses soutiens, à l'instar d'Abdou Latif Coulibaly qui a quitté l'APR en juillet. "Amadou Ba est prêt. Il faut juste s'organiser et chercher les meilleures options", assure-t-il au Monde.
La création d'un nouveau parti politique semble ainsi se profiler pour l'ancien PM, une option que le journaliste Mamoudou Ibra Kane, soutien d'Amadou Ba, juge incontournable : "Il peut faire oublier les difficultés de la fin de mandat de Macky Sall et attirer à lui des libéraux et des progressistes de différents horizons".
Quelle que soit la direction choisie, l'urgence sera de bâtir des alliances solides en vue d'éventuelles élections législatives anticipées dès septembre, un scénario redouté par l'ancien ministre Abdoulaye Saydou Sow : "En tout cas, nous ne pouvons pas nous laisser surprendre".
Au-delà des luttes intestines, ce dernier appelle l'APR à se réinventer en profondeur pour ce nouveau rôle dans l'opposition : "L'APR, comme beaucoup de partis, a été pensé pour l'exercice du pouvoir, pas pour l'opposition. Il faudra la transformer. Nous devons aussi rajeunir nos figures et retourner aux bases militantes pour nous réapproprier des questions politiques laissées de côté".
Un défi de taille pour ces anciens du pouvoir, qui devront s'inspirer de la stratégie gagnante des désormais présidents Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, "qui ont fait émerger de jeunes cadres et de nouvelles thématiques avant de conquérir le pouvoir", conclut Le Monde.
Par Madiambal DIAGNE
LE SENEGAL RATTRAPÉ PAR LE COUP DES 450 MILLIARDS DES EUROBONDS
Le décaissement suspendu ou différé de 230 milliards de francs va peser sur la politique financière du Sénégal et rien ne garantit que la situation reviendra à la normale à la rentrée des institutions de Bretton Woods
Le programme conclu entre le Sénégal et le Fonds monétaire international (Fmi), pour la période 2023-2026, comporte un décaissement de crédits de 1150 milliards de francs Cfa. Deux premiers chèques ont été consentis pour l’année 2023, pour un montant total de 298 milliards de francs Cfa. Il était prévu deux nouveaux paiements pour l’exercice en cours, dont un paiement de 230 milliards en juillet 2024 et un autre de 109 milliards en décembre 2024. La dernière mission de revue du Fmi, qui a séjourné à Dakar du 6 au 19 juin 2024, avait conclu, à la perspective du passage du dossier du Sénégal devant le Conseil d’administration de l’institution internationale, courant juillet 2024. Cette réunion, qui devrait valider le premier décaissement de cette année, avait d’ailleurs était calée pour le 24 juillet 2024. L’instance a été reportée à septembre prochain. Le ministre des Finances et du budget, Cheikh Diba, aurait senti la nécessité de mieux se préparer, et pour cause ! «Histoire de mieux préparer son dossier, car les bailleurs ne comprennent pas trop les circonstances du dernier eurobond», souffle un haut fonctionnaire.
Le Sénégal paie cash ses turpitudes
Le Sénégal se trouve dans la situation assez délicate de ne pouvoir répondre aux interrogations des bailleurs de fonds. Des procédures importantes n’ont pas encore pu être respectées comme le Débat d’orientation budgétaire, mais aussi l’examen et notamment l’adoption d’une Loi de finances rectificative. Les grandes querelles opposant le Premier ministre Ousmane Sonko à l’Assemblée nationale, autour de la Déclaration de politique générale, sont passées par là, empêchant de tenir les séances parlementaires nécessaires pour les procédures de gestion du budget de l’Etat. De surcroît, la Loi de finances rectificative n’est même pas encore adoptée en Conseil des ministres, alors que le cadrage budgétaire initial a considérablement évolué. Mais l’épine la plus difficile reste la documentation sur la question de la dernière opération eurobond. Un manque de transparence remarqué. Le gouvernement du Sénégal est incapable de répondre aux questions concernant les conditions du recours aux marchés financiers internationaux, les 3 et 4 juin 2024, pour lever la bagatelle de 450 milliards de francs Cfa. Edward Gemayel, chef de mission du Fmi, au cours d’une conférence de presse à Dakar, le 19 juin 2024, relevait en outre le surfinancement que cela induisait sur les finances publiques du pays et l’inopportunité de l’opération. Du reste, l’emprunt avait été effectué à l’insu du Fmi (voir notre chronique du 24 juin 2024). Le gouvernement du Sénégal voulait poursuivre sa fuite en avant, ignorant les objections du Fmi. L’opinion publique, par le truchement des médias, de la Société civile et de certaines personnalités politiques, a voulu en savoir davantage, mais le gouvernement n’a daigné fournir la moindre explication. Il se trouve donc rattrapé par la situation et cela risque de constituer une tache noire dans les relations avec les partenaires internationaux.
Le décaissement suspendu ou différé de 230 milliards de francs va peser sur la politique financière du Sénégal et rien ne garantit que la situation reviendra à la normale à la rentrée des institutions de Bretton Woods. Une nouvelle mission du Fmi au Sénégal était déjà prévue, dans le calendrier annuel du Fmi, pour le mois de septembre 2024, et devrait préparer le décaissement attendu pour décembre 2024. Le Sénégal pourrait-il ainsi faire coupler les deux décaissements, ce qui serait une première, mais aucune garantie ne pourrait lui être donnée sur la faisabilité. Il s’y ajoute qu’il restera à vérifier jusqu’où l’injonction publique, faite par le Fmi, d’utiliser les 450 milliards de l’eurobond pour reprofiler la dette, a été respectée. Le Fmi avait alors préconisé de «discuter avec le gouvernement de l’utilisation de ce surfinancement pour effectuer des opérations de gestion du passif». M. Gemayel précisait : «C’est-à-dire racheter des dettes à court terme plus coûteuses avec cette liquidité à plus long terme et moins coûteuse. Le Sénégal a emprunté plus que nécessaire pour ses besoins actuels, créant ainsi des fonds excédentaires disponibles. La gestion du passif implique de réduire les coûts de la dette et d’améliorer la stabilité financière à long terme. Les fonds excédentaires, ayant des taux d’intérêt plus bas et des échéances plus longues, permettraient de rembourser des dettes plus coûteuses à court terme et de bénéficier de coûts d’emprunt plus bas sur une période plus longue. Cette stratégie permettrait d’optimiser la structure de la dette, de réduire le surfinancement et de renforcer la soutenabilité de la dette.».
Au demeurant, comment combler le trou que constituerait, dans les caisses de l’Etat, le non-décaissement des fonds du Fmi ? Des sources proches du ministère des Finances et du budget soutiennent que, pour pouvoir passer le cap, le Sénégal envisage d’essayer de recourir à des crédits relais à souscrire sur le marché intérieur de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa). Une opération qui s’annonce onéreuse car les marchés risquent de se tendre dans une situation où le Fmi ne donnerait pas sa bénédiction. Des institutions internationales comme la Bad, la Bid, la Banque mondiale, l’Afd ou l’Union européenne ne s’engagent guère avec un pays sans un accord formel avec le Fmi. Pendant que le dossier du Sénégal est retiré du menu du Conseil d’administration, d’autres pays du même groupe que le Sénégal, notamment la Côte d’Ivoire, le Togo, le Bénin et la République démocratique du Congo, ont vu leur dossier passer comme lettre à la poste.
Les questions qui demeurent sans réponse
Le gouvernement avait fait le dos rond devant l’interpellation par Birahim Seck, Coordonnateur général de l’organisation Forum civil, sur les conditions de transparence de l’opération et surtout le recours à l’intermédiaire, la banque anglaise Jp Morgan. Dans ces colonnes, nous prévenions sur les risques de se fâcher avec les marchés financiers formels ou, à tout le moins, de gêner les relations du Sénégal avec ses partenaires. Nous avions exprimé des craintes réelles pour les décaissements futurs du Fmi sous forme de prêt concessionnel. En effet, «il peut apparaître quelque peu incohérent pour l’institution financière de continuer à prêter à un pays dont il a fini de relever, à la face du monde, qu’il se trouve dans la merveilleuse et enviable situation de «surfinancement». Les défenseurs autoproclamés du gouvernement répondaient par des insultes virulentes, mais ce couac semble nous donner raison. Aussi, à la fin de la journée et devant le conseil d’administration du Fmi, il faudra expliquer comment le Sénégal avait emprunté au taux le plus cher de son historique d’endettement, à savoir 7, 75%, adjugé aux investisseurs, sur une maturité aussi courte de sept ans. Quel est le taux définitif si on intègre les commissions et autres frais d’intermédiation gardés confidentiels ? Motus et bouche cousue pour l’heure. Il faudra sans doute finir par expliquer dans quelles conditions la banque intermédiaire Jp Morgan a été choisie, sans aucun appel à la concurrence, et quels sont les liens avec les investisseurs soigneusement ciblés dans l’opération de placement d’obligations directes du Sénégal. Jp Morgan n’a eu à démarcher que ses clients privilégiés, et de nombreux investisseurs traditionnels n’avaient pas été consultés, comme il était de coutume.
Attention, l’économie du pays se relâche
Sur un autre aspect, des diligences doivent être engagées par le gouvernement pour ne pas laisser sombrer l’économie. Les signaux sont inquiétants. Il faut dire que la gestion budgétaire est marquée par une légère progression de la mobilisation des recettes, associée à une exécution prudente des dépenses. Il reste que de façon générale, la situation économique du Sénégal semble s’engager dans une lourde tendance de repli, pour ne pas dire de marasme. La perception est réelle au niveau de l’opinion, mais aussi des voix les plus autorisées relèvent ce phénomène qui devrait désormais constituer une véritable préoccupation. Les dernières notes de conjoncture économique produites par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) et la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee) du ministère de l’Economie, du plan et de la coopération alertent, chacune de son côté, sur des perspectives de repli sur plusieurs secteurs économiques, et sur lesquels le gouvernement aura intérêt à veiller. Il est de notoriété publique que le secteur informel, qui concentre l’essentiel de l’économie du pays, traverse une mauvaise passe. Aussi, le déficit commercial du Sénégal s’est largement creusé. Des secteurs économiques et sociaux, qui occupent un grand nombre de personnes, sont en berne. Par exemple, l’activité de négoce s’est ralentie, en liaison avec le fléchissement du commerce de gros. De même que l’activité de transports s’est ralentie, dans le sillage du transport ferroviaire et de l’activité d’entreposage et d’auxiliaire de transport. La situation de faible trafic au niveau du Port de Dakar est éloquente. S’agissant des services d’hébergement et de restauration, la crainte s’installe du fait des contreperformances de l’hôtellerie. D’ailleurs, les médias ont décrit des baisses de recettes au niveau du secteur de la restauration. On notera une autre constante dans les rapports de la Bceao et de la Dpee, que l’emploi salaríe du secteur moderne s’est replíe sous l’effet de la baisse des postes pourvus dans le secteur tertiaire. En revanche, les effectifs dans le secteur secondaire ont connu une petite hausse.
L’indicateur du climat des affaires apparaît également morose. Selon les enquêtes réalisées par les experts et dont les rapports sont publics, cette dégradation reflète l’orientation défavorable des opinions des industriels, des entrepreneurs des «Bâtiments, des Travaux Publics» et des prestataires de services. Cette situation semble avoir une lourde incidence sur les banques qui traversent une période de relative morosité avec des dépôts qui se rétrécissent, tandis que de plus en plus de retraits des liquidités, pour des montants élevés, sont observés. Les gros déposants semblent garder leurs numéraires hors du circuit bancaire, de crainte d’éventuelles saisies inopinées ordonnées par les services fiscaux. Commencerait-on à perdre confiance au circuit économique ? Un climat d’insécurité ou de psychose s’installe dans le landernau des affaires. Les activités financières et d’assurance sont en repli, sous l’effet de la contraction des services financiers. Les transactions immobilières sont stoppées net et les cabinets notariaux ne voient plus de clients. «L’argent n’aime pas le bruit.»
Post Scriptum : Comme à l’accoutumée, cette chronique part en vacances pour tout le mois d’août 2024. A très bientôt.
LE SUDES/ESR REFUSE TOUTE LÉGITIMITÉ AU RECTEUR
Le syndicat charge Amadou Aly Mbaye, dont le mandat à la tête de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar a officiellement pris fin le 22 juillet dernier. Les enseignants exigent son départ immédiat du rectorat, l'accusant de multiples dérives
(SenePlus) - La crise à l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar s'intensifie. Dans un récent communiqué incendiaire, le Syndicat Unitaire et Démocratique des Enseignants du Sénégal (SUDES/ESR) a tiré à boulets rouges sur le recteur Amadou Aly Mbaye, qu'il considère désormais comme un "ancien recteur".
Cette décision fait suite aux propos tenus par Mbaye dans un entretien au quotidien Le Soleil, où il accusait le syndicat d'"entretenir un conflit procrastiné" contre lui et de s'être "radicalisé". Des allégations que le SUDES/ESR réfute catégoriquement : "Ces accusations sont non seulement infondées, mais aussi profondément offensantes pour nos camarades qui œuvrent pour l'amélioration de l'enseignement supérieur."
Au cœur des tensions, la fin du mandat de 5 ans de Mbaye, officiellement arrivé à terme le 22 juillet 2024 selon la loi de 2015 sur les universités publiques. "L'obstination à se maintenir en poste constitue un grave manquement aux principes de bonne gouvernance", tance le syndicat, déplorant la "complaisance coupable" du Conseil d'administration qui refuse de lancer un appel à candidatures.
La goutte d'eau ? La nomination controversée en 2021 d'un directeur à l'Institut de Français pour les Étudiants étrangers, en violation du décret de 1979 selon le SUDES/ESR, qui dénonce des "actes ignobles" de représailles du recteur envers les contestataires. "Quand les camarades ont protesté, sa réponse fut de leur couper le salaire durant 5 mois, de retenir leurs bons de voyages et le comble fut de suspendre leur couverture médicale. De quel côté se trouve la radicalité ?"
Face à cette "rébellion" du recteur et du Conseil d'administration "constitué en majeure partie de ses amis", le syndicat apporte son soutien au ministre de tutelle Abdourahmane Diouf. "Nous l'encourageons à traduire en acte son excellente lecture de la situation et à ne céder à aucune pression." Dans le cas contraire, il préconise "la dissolution du Conseil d'administration" et que le ministère exerce son "devoir de substitution" pour le respect des procédures.
"Depuis le 23 juillet 2024, nous ne reconnaissons plus M. Mbaye comme recteur légitime. Tout acte administratif qu'il prendra sera considéré nul et non avenu", martèle le SUDES/ESR, appelant à un "choix rapide et apaisé d'un nouveau recteur" à l'issue d'un appel à candidatures. Un bras de fer sans précédent qui risque de plonger l'UCAD dans une profonde crise institutionnelle.
par Thierno Alassane Sall
ILS NOUS AVAIENT PROMIS LA RUPTURE DE L'ALLÉGEANCE À LA FRANCE
Rarement les JO n’ont autant symbolisé l’arrogance occidentale qui impose au monde sa vision unilatérale de la civilisation. Il est regrettable que notre président légitime cette vision du monde coloniale
Ils nous avaient promis la rupture de l’allégeance à la France, c’est bien parti. Le president Bassirou Diomaye Faye vient d’honorer sa 2ème visite en France (en seulement 3 mois de présidence) pour des événements folkloriques, ce qui contraste avec les nombreuses urgences de notre pays.
Rarement les JO n’ont autant symbolisé l’arrogance de l’Occident qui impose au monde sa vision unilatérale de la civilisation.
D’abord, exclure la Russie pour sa guerre en Ukraine tout en accueillant à bras ouverts Israël, soupçonné de génocide par le Procureur de la CPI et condamné par la CIJ.
Ensuite, interdire à certaines athlètes de porter le hijab, au mépris de la liberté de religion, tout en cautionnant des représentations blasphématoires lors de la cérémonie d’ouverture.
Il est regrettable que notre président légitime ces incohérences, cette vision du monde coloniale, centrée sur l’Occident, avec lesquelles il avait promis de rompre.
par Ousmane Sonko
THIAROYE 44 SERA REMÉMORÉ AUTREMENT DÉSORMAIS
La France doit revoir ses méthodes. Ce n’est pas à elle de fixer unilatéralement le nombre d'Africains assassinés après avoir contribué à la sauver, ni le type et la portée de la reconnaissance et des réparations qu’ils méritent
Nous demandons au gouvernement français de revoir ses méthodes, car les temps ont changé !
D'aucuns ont salué comme une grande avancée la décision des autorités françaises d’accorder leur « reconnaissance » à six des soldats africains froidement abattus en 1944 au camp de Thiaroye par l’armée française. Une reconnaissance qui consiste à leur attribuer, à titre posthume, l’étiquette « mort pour la France ».
Pourquoi cette subite « prise de conscience » alors que le Sénégal s’apprête à donner un nouveau sens à ce douloureux souvenir, avec la célébration du 80e anniversaire cette année ?
Je tiens à rappeler à la France qu'elle ne pourra plus ni faire ni conter seule ce bout d'histoire tragique. Ce n’est pas à elle de fixer unilatéralement le nombre d'Africains trahis et assassinés après avoir contribué à la sauver, ni le type et la portée de la reconnaissance et des réparations qu’ils méritent.
Thiaroye 44, comme tout le reste, sera remémoré autrement désormais.
VIDEO
REFONDER LE SÉNÉGAL OU PÉRIR
Dialo Diop dresse un tableau sans concession de l'héritage post-colonial du pays. Ses propositions annoncent un bouleversement majeur dans la gouvernance sénégalaise, avec comme pierre angulaire une refonte complète de la Constitution
Ce dimanche 28 juillet 2024, Dialo Diop, vice-président du parti Pastef nouvellement au pouvoir, a livré une analyse sans concession de la situation politique sénégalaise dans l'émission "Point de vue". Ses déclarations fracassantes laissent entretenir un bouleversement majeur dans la gouvernance du pays.
"Le Sénégal est une calamité depuis Senghor", a lancé Diop, donnant le ton d'un entretien où la rupture avec l'héritage post-colonial était le maître-mot. Le vice-président de Pastef a insisté sur l'urgence d'une refondation institutionnelle et constitutionnelle, présentée comme la clé de voûte du projet politique du tandem Diomaye Faye - Ousmane Sonko.
Au cœur de cette refonte, Diop a évoqué la nécessité d'un référendum constitutionnel, première étape vers une transformation en profondeur de l'État. "Une constitution qui permet à un potentat de la manipuler selon son bon plaisir à des fins personnelles, ce n'est pas une Constitution", a-t-il martelé, annonçant la volonté du gouvernement de s'appuyer sur le projet constitutionnel élaboré il ya plus de dix ans par la CNRI.
Cette refondation s'inscrit dans une vision panafricaine assumée, visant à affranchir le Sénégal, et à terme l'Afrique, de l'influence néocoloniale. Diop a notamment évoqué la sortie du franc CFA et la création d'une monnaie souveraine ouest-africaine comme objectifs prioritaires.
Sur le plan mémoriel, le vice-président de Pastef a promis de rouvrir les dossiers sensibles de l'histoire coloniale, citant en particulier le massacre de Thiaroye. "Nous allons montrer de quoi nous sommes capables", a-t-il affirmé, laissant présager une confrontation avec l'ancienne puissance coloniale sur ces questions.
Enfin, Diop a évoqué la possibilité d'élections législatives anticipées pour doter le nouveau pouvoir d'une majorité parlementaire solide, nécessaire à la mise en œuvre de ces réformes ambitieuses.
Ces déclarations dessinent les contours d'un projet politique radical, promettant de transformer en profondeur les institutions sénégalaises.
Reste à voir comment ces ambitions se traduiront dans les faits, alors que le nouveau gouvernement fait face à de nombreux défis internes et externes.
SERIGNE GUÈYE DIOP ENFONCE LE CLOU CONTRE DJILY MBAYE LO
Dans la guerre ouverte autour du limogeage du coordonnateur des Agropoles, le ministre de l'Industrie passe à l'offensive. Il dénonce la gestion d'El Hadji Djily Mbaye Lô à la tête du projet phare. "Il n'a pas été performant", a lâché le ministre
(SenePlus) - Le clash entre El Hadji Djily Mbaye Lô et l'État du Sénégal sur son remplacement à la tête du Programme national de développement des Agropoles connaît un rebondissement. Dans un réquisitoire appuyé ce dimanche 28 juillet 2024 sur emédia, le ministre de l'Industrie et du Commerce, Serigne Guèye Diop, a défendu bec et ongles la décision du gouvernement.
Une passation de service tendue avait marqué le départ de Lô, délogé par Aïssatou Diallo à la coordination du projet. Un déploiement musclé de la gendarmerie avait été nécessaire face aux protestations du coordonnateur sortant, qui dénonçait une décision arbitraire. "J'ai conduit toute la phase de formulation des Agropoles, entre 2018 et 2019, sur appel d'offre compétitive en décembre 2020", avait-il plaidé.
Cependant, pour le ministre Diop, le constat est implacable: "Il n'a pas été performan. On vient d'avoir un audit de la Banque africaine de développement qui met ce projet dans la liste rouge. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, c'est le genre de projet que les banques mettent de côté pour une insuffisance de résultat."
Les chiffres semblent accablants, avec un taux d'exécution de seulement 38% en quatre à cinq ans selon le ministre. "Quand vous formulez quelque chose, on vous nomme une fois, on vous renomme une deuxième fois après on vous enlève. Quel est le problème, pourquoi vous devez en faire la fin du monde?"
Au cœur des critiques, le profil inadapté du coordonnateur sortant semble pointer : "M. Lô, c'est un sociologue... Il ne devrait pas diriger des projets aussi complexes au niveau industriel ou au niveau agronome."
Diop a balayé les prétentions de Lô sur des "cas de force majeure" ayant conduit à son éviction. "Les performances n'ont pas été bonnes", a-t-il tranché, rappelant que la Banque africaine de développement avait donné son feu vert pour un remplacement.
Le ministre s'est insurgé des attaques du coordonnateur sortant envers les plus hautes autorités de l'Etat. "Un fonctionnaire ne peut pas se comporter de cette façon. S'il a des droits, qu'il aille les réclamer dans un Etat de droit."
Un voile de suspicions semble désormais planer sur la gestion du Programme. Diop a révélé "des choses assez inquiétantes" issues d'un audit en cours de la BAD.
Limogeage polémique du coordonnateur des Agropoles, le ministre de l’industrie du commerce donne sa version.
Dans une critique cinglante, le ministre a dénoncé les carences flagrantes des précédents gouvernements en matière d'investissements agricoles. Selon lui, l'argent n'a pas été injecté où il le fallait, engendrant un gaspillage colossal de ressources
(SenePlus) - Dans une critique cinglante, Mabouba Diagne, le ministre de l'Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l'élevage, a dénoncé sur le plateau d'E-Média vendredi 26 juillet, les carences flagrantes de l'ancien régime en matière de politiques agricoles. Selon lui, "l'argent n'a pas été investi là où il le fallait", engendrant un gâchis colossal de ressources.
Le constat est accablant. "Les importations du Sénégal sont estimées à 1070 milliards de FCFA", a rappelé M. Diagne, citant des chiffres vertigineux: 1,4 million de tonnes de riz, plus de 860 000 tonnes de blé, plus de 200 000 tonnes d'huile, 126 milliards de produits laitiers, plus de 400 000 tonnes de maïs, 192 000 tonnes de sucre, et 347 000 tonnes de fruits et légumes. Une véritable hémorragie pour l'économie nationale.
"Mais le résultat n'est toujours pas au rendez-vous", a déploré le ministre, pointant du doigt les échecs répétés des politiques précédentes. Selon lui, "l'argent n'a pas été investi là où il le fallait. Il n'y a pas eu d'aménagements, de transformation ces 30 dernières années."
L'exemple du Programme d'acquisition de matériels agricoles (Intermaq), lancé par l'ancien président Macky Sall pour un montant faramineux de 85 milliards FCFA, illustre parfaitement ce gaspillage. "Quand vous confiez un tracteur à quelqu'un qui a 3 ou 4 ha, vous ne l'aidez pas parce qu'il n'a aucune expertise, il est laissé à lui-même", a critiqué M. Diagne, dénonçant le manque de vision et d'accompagnement.
"Un fonctionnaire ne peut être à Dakar et prétendre gérer des domaines agricoles", a-t-il ajouté, mettant en évidence l'absence de stratégie cohérente. "D'ailleurs, l'intention avec le Prodac était bonne sur le papier, mais le résultat est tout autre..."