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24 novembre 2024
Développement
par Ibrahima Traoré
RÉPONSE À L'ABBÉ ANDRIEN LATYR NDIAYE
Le voile n’a nullement besoin de notre approbation pour exister. Comme vous, nous pensons que notre société gagnerait à permettre que tous les segments, toutes les sensibilités aient droit au chapitre
*"La douceur n'a jamais accompagné une chose sans l'embellir, et elle n'a jamais été ôtée d'une chose sans l'enlaidir."* Hadith
Cher Abbé André Latyr Ndiaye,
La bienséance exige que je vous traite avec déférence eu égard à votre rang et à ce que vous représentez pour l’église et la communauté chrétienne pour laquelle nous n’avons que respect et considération. C’est vrai que notre culture et notre éducation nous inculquent la conception du rapport que nous devons avoir avec vous. Celle-ci nous impose de vous traiter avec une certaine révérence. Permettez-moi cher Abbé, le temps d’une réponse, de différer ce principe car le citoyen que je suis ne peut pas et ne doit pas faire l’économie d’une réflexion sur le sujet qui fait l’objet de nos débats. Votre sortie est une invite à prendre position par rapport à un sujet d’une importance capitale car questionnant un des fondements du vivre-ensemble. Une telle invitation ne doit pas rester lettre morte : elle se doit d’être honorée. Ainsi, je vous prie d’avance d’excuser mon impertinence si tant est que mes propos puissent passer pour telle. Cependant, je tâcherai de m’exprimer de la manière la plus respectueuse qui soit.
Mon cher Abbé, je pense sincèrement que votre lettre empreinte de prétention et de pédanterie, est une démonstration éclatante d’une certaine arrogance déguisée en sagesse. Vous brandissez des maximes latines et des citations érudites comme des boucliers, espérant peut-être dissimuler derrière ce vernis de culture votre incapacité à comprendre pour ne pas dire votre refus d’être à la hauteur des véritables enjeux de notre temps.
Vous commencez par rappeler l'adage latin "qui bene amat, bene castigat", mais j'aimerais vous inviter à considérer un autre principe cher aux humanistes de la Renaissance : "In necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas" (Dans les choses nécessaires, l'unité ; dans les choses douteuses, la liberté ; en toutes choses, la charité). Cette maxime souligne l'importance de l'amour et de la tolérance dans tous les aspects de notre vie, y compris dans le discours politique.
Vous évoquez la politesse comme une clé en or, mais oubliez que celle-ci n’ouvre que les portes qui sont dans les dispositions. En pareille circonstance la tentation de parler sous l’effet de la colère est grande, la passion peut supplanter le reste mais nous savons que vous êtes assez sage et éclairé pour ne reconsidérer que ce qui doit l'être.
Mon cher Abbé, vous citez Bismarck et Montaigne sur la politesse, de grandes figures historiques connues pour leur pragmatisme et leur sagacité. Cependant, l'histoire nous enseigne également que la politesse ne doit jamais être un masque pour l'injustice. Le discours politique, bien que nécessitant une certaine forme, ne doit pas sacrifier la vérité et la justice sur l'autel de la politesse.
Votre référence à l’éducation catholique et son ouverture d’esprit est louable, mais permettez-moi de rappeler que cette même ouverture doit s’étendre à toutes les formes de diversité, y compris religieuse. L'Évangile selon Matthieu (5:9) nous enseigne : "Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu." La paix, chère Abbé, réside dans l'acceptation et la célébration des différences, et non dans la contrainte de l'uniformité.
Nous musulmans savons que certains de nous pouvent faire preuve de régression et de simplisme sur certains aspects et c’est en cela que nous trouvons salutaire tout discours ou critique qui nous permet de réinterroger nos paradigmes et nos pratiques à la lumière d’une démarche exigeante et objective. Cependant, votre Église, que vous érigez en bastion de vertu et Dieu sait qu’elle a beaucoup apporté à la civilisation et à l’humanisme, ne saurait effacer des siècles d’obscurantisme et de domination culturelle si bien que personne n'a à avoir une condescendante. Le voile, symbole de foi et de respect pour beaucoup, n’a nullement besoin de notre approbation pour exister. Votre attitude semble être celle qui manifeste une peur déguisée en mépris.
Vous évoquez la nécessité de dialogue et de respect des institutions. À ce propos, je me permets de rappeler les paroles de Martin Luther King Jr. : "La vraie paix n'est pas simplement l'absence de tension ; c'est la présence de justice." Le dialogue doit être ouvert et sincère, mais il doit aussi être fondé sur un respect mutuel et une véritable recherche de justice.
Mon cher Abbé, nous devons attendre de vous que vous travaillez à faire de telle sorte que vos écoles soient capables de s’adapter à la diversité qui compose notre nation car votre grande culture et votre fine intelligence font de vous une des personnalités les plus outillées pour cette mission. Oui, mon cher Abbé, Dieu vous a donné des bienfaits sur le plan intellectuel et culturel et cela exige de vous certaines missions au premier rang desquels celle-ci.
Mon cher Abbé, de grâce évitons tout discours qui peut être clivant, évitons d’importer un problème franco-français dans notre pays le Sénégal qui est un exemple de vivre-ensemble et de fraternité entre chrétiens et musulmans.
Mon cher Abbé, vous faites mention du livre de l'Ecclésiaste, un texte riche en sagesse, mais n'oublions pas les paroles de l'apôtre Paul dans sa lettre aux Galates (3:28) : "Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme ; car tous, vous êtes un en Jésus-Christ." Cette affirmation radicale de l'égalité et de l'unité humaine doit nous guider dans nos actions et nos politiques.
Mon cher Abbé, vous critiquez l'emploi du pronom "on", le qualifiant d'indéfini. Cependant, il est parfois utilisé pour représenter une communauté ou un groupe, ce qui peut être un acte d'humilité plutôt que de lâcheté. L’amoureux des lettres que vous êtes si je m’en fie au niveau de langue et au style de votre lettre, n’êtes pas sans savoir que le moi est haïssable en littérature. En sus, en politique, comme en rhétorique, chaque mot porte un poids, et le choix d’un pronom indéfini peut parfois servir à être plus dans l’humilité que de rester dans une certaine imprécision.
Mon cher Abbé, enfin, vous terminez sur une note de mise en garde contre les déclarations de guerre et les rhétoriques belliqueuses. Merci pour ces sages conseils, nous sommes en total accord avec vous. La politique doit être l'art de la conciliation et de la recherche du bien commun même si
Victor Hugo nous rappelle que : « La guerre, c'est la guerre des hommes ; la paix, c'est la guerre des idées.
Mon cher Abbé, comme vous, nous pensons que notre société gagnerait à permettre que tous les segments, toutes les sensibilités aient droit au chapitre. Aucune voix ne doit être étouffée car il y va de la vitalité de l’équilibre de notre société. Nous pensons également qu’une vraie démocratie ne veut pas dire la dictature de la majorité mais le respect des minorités et c’est dans ce cadre que je pense qu’il appartient à chaque musulman d’être le défenseur et le garant des chrétiens. D’ailleurs, nous avons la chance de ne pas faire de distinction entre musulmans et chrétiens et c’est une obligation à nous tous (à vous, à Ousmane Sonko et à nous autres) de préserver cela.
La rancœur, le ressentiment, l’excitation des instincts de la foule n’ont jamais rien construit. Au contraire, ils détruisent comme Pastef a su le faire en 2021 et 2023. Pour l’instant, le duo Diomaye-Sonko est dans le populisme
Le grand avantage des douceurs de l’opposition est le fait de prendre le recul pour réfléchir sur les alternatives mais surtout de prendre des vacances. Pour ces premières vacances post-gouvernement, rien de tel qu’un tour à New York. New York si aristocratique et si démocratique, à l’image de Alexis de Tocqueville qui était «aristocratique par instinct, par classe sociale et démocrate par raison». Tocqueville était attaché à la démocratie mais supportait péniblement la médiocrité de ceux qui l’incarnaient par moments. J’ai le même sentiment quand je vois ce qui se passe dans mon pays. Tocqueville est resté plusieurs mois aux Etats Unis pour une étude comparative des systèmes carcéraux français et américain, mais ce sera son chef d’œuvre De la démocratie en Amérique qui en sortira.
Moi, je n’ai que deux semaines à New York pour partager avec vous mon sentiment sur le «fonctionnement de l’Amérique» que Tocqueville voyait comme l’avenir du monde. Tocqueville a surtout comparé l’Amérique à son pays la France. Moi je vais comparer l’Amérique et mon pays, qui sont les deux plus vieilles démocraties d’Amérique et d’Afrique. Il n’est pas étonnant que l’Amérique soit la plus grande puissance du monde, parce qu’il est le premier pays à avoir «constitutionnalisé» la poursuite du bonheur comme un droit inaliénable. C’est dans cette poursuite du bonheur que se trouve l’optimisme américain incarné par la fête du Thanksgiving. Cet optimisme qui a permis à Franklin Delano Roosevelt de sortir l’Amérique la crise de 1929 dans les 100 premiers jours de son mandat. Si l’Amérique a constitutionnalisé la poursuite du bonheur, le duo Diomaye-Sonko veut «constitutionnaliser» le ressentiment contre les élites, les riches, contre les entrepreneurs et créateurs de richesses, qu’ils jettent à la vindicte populaire afin de détourner le regard sur l’échec des 100 jours. Le plus NewYorkais des présidents américains est sans doute Franklin Roosevelt, qui était aussi la fois si aristocrate et si démocrate, comme New York et comme Tocqueville. Par un discours (la seule chose dont nous devons avoir peur est la peur elle-même qui nous paralyse) et une causerie au coin du feu, diffusée à la radio, il a redonné confiance aux Américains en proie au doute profond et les a réconciliés avec l’optimisme. Le lendemain de sa première causerie au coin de feu, les Américains se sont rués sur les banques, non plus pour retirer mais pour y ramener leur argent qu’ils gardaient chez eux, parce qu’ils ne faisaient plus confiance au système bancaire. On est loin de la médiocrité du duo Diomaye-Sonko qui est en train de casser notre dynamique d’émergence comme le dit bien cette Une de Walf du 31 juillet sur les «germes de la désindustrialisation» et «le privé se perd dans la stratégie de l’Etat». Ce n’est pas seulement le secteur privé mais c’est tout le monde qui s’y perd parce qu’il n’y a point de stratégie.
Tout le monde est d’accord avec la reddition des comptes, l’audit qui est un mode normal de gestion, mais il est urgent de fixer un cap pour le pays et de substituer la confiance, l’optimisme à la culture du ressentiment qui est le moteur de Pastef. Cette vague de ressentiment sur laquelle surfe Pastef et qui nous fait détester nos milliardaires, le voisin qui réussit, le frère qui excelle alors que les Américains sont si fiers de leurs milliardaires et célèbrent leurs entrepreneurs. Une autre leçon que nous pouvons tirer de la comparaison avec l’Amérique : la politique extérieure est le prolongement de la politique intérieure, comme le pense Kissinger. L’Amérique, grâce à son soft power, exporte ses valeurs grâce entre autres à Hollywood, à sa littérature, à ses Gafam. Le Sénégal aussi avait un soft power qui lui permettait d’exporter sa littérature, ses créateurs, ses soldats de la paix, son modèle démocratique. Dommage, aujourd’hui notre cher pays exporte de la vulgarité et de la brutalité, à l’image de Guy Marius Sagna se comportant comme un gladiateur brandissant des muscles au Parlement de la Cedeao. Cette politique intérieure qui use de la terreur contre les médias et les activistes de l’opposition pour imposer l’autocensure, comptant sur une surdité sélective de la Justice afin de masquer un échec si flagrant. Cet échec qu’on cherche à masquer avec de la diversion politicienne comme l’annonce de la création d’un ministère du Culte par notre Premier ministre. Un ministère à la fois inutile et dangereux. Les Etats-Unis sont probablement avec le Sénégal les deux pays où il y a le plus de vitalité religieuse grâce à des formes de laïcité locales et originales. Il y a trois formes de laïcité. La laïcité américaine : freedom of religion, liberté totale de religion, la laïcité française : freedom from religion, se libérer de la religion et la laïcité positive sénégalaise qui est un juste milieu entre ces deux extrêmes et qui se fonde sur la nécessité d’éviter la «querelle des allégeances» entre l’Etat et les confréries. Cette querelle des allégeances qui a été à l’origine des longues guerres de religion en Europe. Notre modèle fonctionne très bien. Donc Monsieur le Premier ministre, ne nous créez pas des problèmes dans le domaine où nous n’avons aucun problème. Un ministère du Culte n’a aucun sens parce que l’Etat n’a aucune compétence en matière religieuse. La compétence de l’Etat est de garantir la paix civile et la sécurité pour une pratique libre et normale de la vie religieuse.
Avec le président de la République, réorientez votre énergie sur une politique de défense que nous attendons impatiemment car le feu djihadiste s’approche dangereusement de nos frontières et une politique économique qui est l’essentiel et dont le fondement ne peut être que le retour de la confiance comme l’a montré Roosevelt. L’économie se fonde sur la consommation, découlant de la confiance que vous avez remplacée par un ressentiment généralisé devenu un cancer qui ronge le pays. Depuis 1789, entre deux élections, une aristocratie bâtit l’Amérique en tirant la classe moyenne par le haut. Dans le Sénégal de Diomaye-Sonko, on attise le ressentiment de la classe moyenne et des plus pauvres contre l’aristocratie, comme l’arrêt arbitraire et unilatéral des travaux sur la corniche. Dans un pays qui veut émerger, on doit se réjouir que Yerim Sow ait pu sortir le Radisson des grottes de la corniche où il n’y avait que des marginaux fumeurs de yamba quand nous étions étudiants à l’Ucad.
La rancœur, le ressentiment, l’excitation des instincts de la foule n’ont jamais rien construit
Au contraire, ils détruisent comme Pastef a su le faire en 2021 et 2023. Les pères fondateurs des Etats-Unis l’ont tellement bien compris qu’immédiatement après la révolution et l’indépendance, ils ont canalisé les foules avec une Constitution où il n’est pas mentionné une seule fois le mot démocratie, parce qu’avant tout l’Amérique est une République qui s’inspire plus de l’aristocratique Rome que de la très démocratique Athènes.
Pour l’instant, le duo Diomaye-Sonko est dans le populisme en attendant le despotisme s’ils gagnent leur guerre contre les médias, que les pères fondateurs des Etats-Unis ont protégés dès le 1er amendement car ils avaient compris que la liberté de presse conditionnait toutes les autres libertés. Donc pour la démocratie, mieux vaut les excès de Fox news que l’autocensure institutionnelle de la Pravda soviétique. Donc Monsieur le Premier ministre votre guerre déclarée contre la presse et les réseaux sociaux est perdue d’avance parce que la liberté de presse n’est pas un don ou une libéralité du gouvernement, mais lui est consubstantielle. C’est pourquoi aux EtatsUnis, le journaliste Bob Woodward a fait tomber Nixon avec le Watergate. Au Sénégal, Latif Coulibaly a fait tomber le gouvernement du Premier ministre Idrissa Seck par un livre. Dans un tel pays, vouloir terroriser la presse est un rêve et il n’y rien de plus démocratique que le rêve. On aurait préféré que le président et le Premier ministre aient de grands rêves comme Kennedy avec sa nouvelle frontière sur la lune, mais pas de si petits rêves de mettre la presse au pas. Nixon a essayé et a lamentablement échoué. Vous aussi, vous échouerez.
Le temps ne chôme pas. Comme Jack Kerouac, il est temps de se remettre «sur la route» et reprendre la marche vers l’émergence au lieu de nous créer un évènement, une distraction quotidienne comme aux Galeries Lafayette.
La grande question que pose la passionnante campagne électorale qui se déroule actuellement aux USA, avec ses divisions et ses dérives, trouve sa réponse dans le grand livre de John Sperling The great divide : Retro versus Metro America. Ce livre qui relate le grand schisme entre Metro America (l’Amérique moderne et ouverte sur le monde) et le Retro America (l’Amérique fermée des conservatismes). Le retro America constitue la base de l’électorat de Trump alors que le Metro America qui a élu Obama, un noir dont le père n’est même pas Américain, veut, cette fois encore, aller beaucoup plus loin en donnant les clés de la Maison Blanche à une femme noire et indienne. Toute chose étant égale par ailleurs, chez nous, c’est le retro-Sénégal qui a triomphé le 24 mars 2024, avec un souverainisme désuet et anachronique parce que l’émergence est consubstantielle à l’ouverture au monde.
God bless Senegal. God bless America
Dr Yoro Dia est politologue, ancien ministre.
Par Hamidou ANNE
DIEU SAURA RECONNAITRE LES SIENS
Nous avons hérité de la République de nos pères fondateurs. Elle ne nie aucune composante socioculturelle ; elle n’a pas de religion ni d’affiliation politicienne, mais elle fonde le socle commun à partir duquel nous bâtissons une histoire
«N’obéis pas à ceux qui crient en mensonge, ils aimeraient bien que tu transiges avec eux afin qu’ils transigent avec toi. Et n’obéis à aucun grand jureur, méprisable, grand diffamateur, grand colporteur de médisance.» Le Noble Coran (68 : 8-11)
Je racontais à un proche ma récente visite à Joal puis à Fadiouth, sur les terres de mes esclaves sérères, qui ont tous les défauts mais gardent une qualité : celle d’être les parents de sang et de terroir de l’illustre Léopold Sédar Senghor. Mon interlocuteur me fit remarquer que les Sérères de Fadiouth ont un autre mérite : ils ont eu le bon goût d’avoir donné au Sénégal deux cardinaux. D’abord, le regretté Monseigneur, le Cardinal Hyacinthe Thiandoum, archevêque de Dakar pendant quatre décennies. Ensuite, Son Eminence Monseigneur Théodore Adrien Sarr, créé Cardinal par la Sainte-Eglise de Rome en 2007.
La chrétienté sénégalaise a toujours joué un rôle d’avant-garde malgré son statut de minorité. C’est un fervent chrétien, lecteur attentif du prêtre jésuite Teilhard de Chardin, qui a fondé notre Etat. L’Eglise a accompagné la formulation de politiques ambitieuses dès les premières heures de l’indépendance. Le Père Lebret, prêtre dominicain, a conçu avec Mamadou Dia le premier plan quadriennal de développement du Sénégal. Mgr Sarr rappelait dans une interview, il y a 15 ans, le souci de l’Eglise de proposer aux hommes «un salut global» conformément au message du Christ de sauver l’homme dans son «être total». A côté des églises, sont érigés des dispensaires, des écoles, des centres de promotion et de renforcement de la dignité humaine. L’Eglise a formé des millions d’enfants du Sénégal. Elle ne leur a pas offert comme horizon indépassable l’insulte et la calomnie sur les réseaux sociaux.
Je tiens à rappeler le travail des Spiritains de Ngazobil, qui ont ouvert au savoir un petit enfant devenu Père de la Nation.
Je pense aux différents ordres des Sœurs de l’Immaculée Conception, de Saint-Joseph de Cluny, les Bénédictines et les Bénédictins, les Frères Carmes, Caritas, Présence Chrétienne, Clairafrique...
Tous ces ordres, toutes ces initiatives, toutes ces personnalités contribuent à la formation des esprits et à l’épanouissement social et humain des Sénégalais. Ceux qui les menacent ne sont pas à leur hauteur en termes de qualité et de hauteur. Sont-ils dans la continuation du projet de la «Dahwa» ? C’est peine perdue car le Sénégal est un peuple sans couture. Par surcroît, si le caractère sensible de la question ne nous interdisait d’en rire, il aurait été savoureux de voir ceux qui ont déchiré le voile de pudeur au Sénégal et promu l’injure à l’encontre de nos guides religieux s’ériger en musulmans modèles, en se présentant en défenseurs du foulard.
Nation pétrie dans la foi, le Sénégal s’est toujours honoré d’être une société détribalisée, où les polémiques entre les diverses composantes religieuses n’existent pas. Les musulmans et les chrétiens «font mélange» pour ne se définir que Sénégalais, renvoyant à notre devise nationale. Dans nos foyers, les imams côtoient les prêtres dans une parfaite ordination. De temps à autre, comme en ce moment, quelques zélés tentent de briser le cycle vertueux du vivre-ensemble. Ces derniers sont des rentiers de l’obscurantisme et de la disharmonie. Les cours des maisons et les médias responsables ont refusé d’entendre et de relayer leurs saillies. Ils ont pris le chemin des réseaux sociaux, là où l’insulte et l’outrance octroient célébrité fugace et fortune sans lendemain. Malgré les errements et les velléités transgressives propres aux hommes politiques, nous avons eu la chance, depuis le président Senghor jusqu’au président Sall, d’avoir des dirigeants intransigeants sur la laïcité, responsables et soucieux de la préservation de ce qui fonde notre pacte national : le respect de la différence des confessions, la diversité culturelle et surtout l’allégeance des hommes et femmes qui incarnent le pouvoir politique à la République. Nous avons hérité de la République de nos pères fondateurs. Elle ne nie aucune composante socioculturelle ; elle n’a pas de religion ni d’affiliation politicienne, mais elle fonde le socle commun à partir duquel nous bâtissons une histoire, un destin commun et une ambition économique et sociale.
Comme l’école, la laïcité est un fondement de notre République. Elle permet aux Sénégalais de vivre en harmonie sans se jauger, ni se juger. Elle est garante de l’équilibre des relations entre le centre politique et les pôles de foi qui rayonnent dans tout le Sénégal et au-delà. Le choix de maintenir la laïcité malgré les harangues de ses ennemis, dans la Constitution, honore notre pays. Car elle seule garantit la liberté de croire ou de ne pas croire sans que cela ne soit un débat public. L’Etat respecte tous les cultes, mais reste équidistant pour jouer son rôle de rempart et de recours dans le jeu démocratique et social. La foi des gens ne saurait constituer un débat public ni une source de paroles médisantes.
Revenons-en à la polémique stérile, à l’agitation démagogique, qui n’ont leur place ni dans le moment ni dans le lieu, censés être ceux de la célébration de l’excellence. Je dois confesser que quand la médiocrité est invitée à célébrer l’excellence, un biais cognitif s’instaure. Je pense aux pauvres enfants, qui ont travaillé d’arrache-pied une année durant, et qui espéraient être célébrés devant leurs parents, leurs familles et leurs amis. On devait les montrer en exemple comme la future élite de la République. Hélas, un adulte aussi incompétent qu’encombrant a décidé de gâcher la fête, de parasiter la célébration de l’école républicaine et des écoliers pour se mettre en scène. Les meilleures blagues sont pourtant les plus courtes.
Je suis convaincu, au nom de la liberté, qu’on ne saurait accepter l’interdiction du port du voile dans les écoles de la République. Et selon ma compréhension, les établissements visés ne le souhaitent pas. Pire, l’Etat du Sénégal, en concertation avec le Diocèse a réglé cette question depuis 2019. A quoi sert-il alors de réveiller avec désinvolture des polémiques inutiles sinon à montrer que le culte du travail, dans le silence et la solitude, n’est pas sa plus grande qualité. Le costume d’Etat est décidément trop grand pour des épaules rompues à l’outrance verbale et au radotage sans fin.
Les menaces proférées vis-à-vis d’écoles confessionnelles mais ouvertes à tous les enfants du Sénégal sont aussi à mettre au crédit de l’ignorance, de l’incompétence et de l’incapacité à s’élever. Dans ses Mémoires d ’ o u t r e - t o m b e , Chateaubriand avait prévenu : «Une ambition dont on n’a pas le talent est un crime.»
Je suis d’ailleurs peu surpris par ces menaces grossières, qui relèvent davantage de la pollution sonore que de la déclaration générale d’une politique pour le quinquennat à venir. Elles sont surannées et demeurent inopérantes, car nous sommes un pays de démocratie et de liberté, où l’expression des citoyens est garantie par les textes fondamentaux.
Depuis quelques années, de nombreux compatriotes, qui n’ont pas cédé à la tyrannie verbale, alertent sur l’affaissement de la République et les pulsions velléitaires d’individus mus par le besoin de tout conflictualiser pour récolter des dividendes électoraux sur l’autel du face-à-face permanent entre les Sénégalais.
Des dirigeants incompétents et incultes fondent leur ascension politique sur l’instrumentalisation de la violence verbale et physique. Le sectarisme, le régionalisme et l’islamisme sont des instruments au service d’un projet dont l’Adn est le populisme.
Je suis rassuré, car souvent un homme qui parle trop lit peu. Or le refus d’apprendre, conformément à la première parole du Coran, précipite la chute. La vie chère, les drames de l’émigration, l’insécurité sur les routes, la guerre à nos frontières commandent de retourner à la lecture de l’Ecclésiaste : «Il y a un temps pour jeter des pierres et un temps pour les ramasser.»
Au travail ! Dieu Lui saura reconnaître les siens.
SCANDALE DE FRAUDE FISCALE PRÉSUMÉE À PREMIER BET SÉNÉGAL
Joris Dunkel, le Directeur général de la société de paris sportifs, aurait été arrêté alors qu'il tentait de fuir le pays, selon l'Observateur. Il est soupçonné d'avoir délibérément éludé ses obligations fiscales
(SenePlus) - Joris Dunkel, le Directeur général de Premier Bet Sénégal, une société de paris sportifs, a été arrêté par la Division des investigations criminelles (DIC) pour une fraude fiscale présumée de 12 milliards de francs CFA, selon les informations rapportées par le quotidien L'Observateur.
La situation a pris une tournure dramatique alors que l'entreprise avait annoncé à ses employés la fermeture de ses portes le 31 juillet dernier, incapable de s'acquitter d'un redressement fiscal. Cependant, les autorités avaient déjà lancé des poursuites judiciaires à l'encontre de Joris Dunkel, visé par une plainte de la Direction générale des Impôts et des Domaines (DGID).
"C'est ainsi qu'il a été arrêté au moment où il passait la police des frontières avec sa famille", rapporte L'Observateur, citant des sources proches de l'enquête. Selon le journal, Dunkel avait déjà pris ses dispositions pour fuir le Sénégal, mais la DIC avait anticipé son mouvement en alertant la police des airs.
Interrogé par les enquêteurs, le Directeur général de Premier Bet Sénégal a déclaré, de manière surprenante, "qu'il ne savait pas qu'il devait verser des impôts à la DGID", surtout qu'il versait déjà "3% de son chiffre d'affaires à la Lonase", rapporte L'Observateur.
Le journal indique que Joris Dunkel sera déféré ce mardi devant les autorités compétentes, marquant ainsi une étape cruciale dans cette affaire de fraude fiscale présumée.
Par Vieux SAVANÉ
LA LAÏCITÉ À LA SÉNÉGALAISE, UN IMPÉRATIF VITAL
La question du voile à l’école se pose non point en se couvrant la tête mais en promotion du vivre-ensemble. Si derrière tout ce tintamarre s’exprimait un désir d’émancipation vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale, elle est d’une paresse confortable
Alors même qu’il s’entretenait la veille avec les lauréats du Concours général qu’il avait conviés à une réception, le Premier ministre Ousmane Sonko avait « immédiatement arrêté le discours qu’il faisait sur la laïcité et la religion au Sénégal », lorsque l’appel du muezzin pour la prière du crépuscule a retenti aux alentours, rapporte « Le Témoin » de mercredi dernier. Selon toujours le journal, « à la fin de l’appel de la prière », le Premier ministre « a eu droit à un tonnerre d’applaudissements » de la part de nos futures élites. « Et si des cloches avaient retenti d’une église voisine » s’interroge le Témoin ? Bien que la question posée soit pertinente, il n’en demeure pas moins que Barthélémy Dias avait adopté la même attitude lors d’une réunion politique. Lui aussi, avait été ovationné. C’est dire ! Il ne reste donc plus qu’à souhaiter qu’en cas d’urgence dans leurs futurs domaines de compétences, cette promotion de cracks n’ait pas un cas de conscience entre l’appel à la prière d’un muezzin ou celui du bedeau qui sonne les cloches de l’Eglise. Gageons plutôt qu’en bons apprenants, ils s’inscrivent dans une logique de vénération du travail en faisant leur cette sentence de Cheikh Ahmadou Bamba, à savoir : « Travaille comme si tu ne devais jamais mourir, et prie comme si tu devais mourir demain ».
Il est surtout à se désoler que cette séquence quelque peu déroutante a eu lieu dans un contexte qui s’est voulu vindicatif, prévenant de sa volonté de ne pas cautionner que le port du voile puisse ne pas être accepté dans une quelconque institution scolaire. Une prise de position affichée dans un brutalisme qui vient s’agréger à tous ces bruits et fureurs qui polluent les sujets religieux et qu’il convient de contenir au plus vite avant qu’ils ne développent des antagonismes inappropriés.
Musulmans, chrétiens, animistes, athées entretiennent pourtant de bonnes relations tout en laissant à l’Autorité Suprême le soin de reconnaître les Siens. Cela se manifeste quotidiennement dans la mixité de nos familles mais aussi lors de différentes fêtes religieuses symbolisées notamment par la distribution de la viande de mouton aux voisins catholiques lors de la fête de Tabaski , ou alors celle de la distribution de « ngalax » par la communauté catholique aux frères et sœurs musulmans.
Dans ce pays, faut-il le rappeler, un fervent catholique a été porté à la magistrature suprême contre Lamine Guèye, un adversaire politique de confession musulmane. La Grande mosquée de Dakar a été inaugurée en 1964 en présence du président Léopold Sédar Senghor, sa majesté le Roi Assane II du Maroc et El Hadj Abdoul Aziz Sy Dabakh. Le chef de l’Etat assistait lui-même à la prière de l’Aïd par une présence remarquée à la mosquée. On a eu dans une même famille recomposée un archevêque catholique et un imam. Qui ne souvient par ailleurs de ce qu’il s’est passé en 2006 lors de la profanation de la Cathédrale en plein Vendredi Saint par des policiers qui cherchaient à interpeller Jean Paul Dias ? A la Cathédrale on se rappelle encore avec une vive émotion de la présence des dignitaires musulmans venus massivement en soutien contre cette ignominie. Lorsque en 2012, la Zawiya d’El Hadj Malick Sy de Dakar a été l’objet à son tour de profanation avec des tirs de grenades lacrymogènes sur des manifestants du M23 protestant contre un 3e mandat de Abdoulaye Wade, on a assisté à ce même mouvement de solidarité avec la présence remarquée des dignitaires catholiques. C’était un des grands moments de communion et d’unité nationale dont le Sénégal a le secret.
Promouvoir le vivre-ensemble
Quel intérêt y a-t-il donc à exacerber des tensions inutiles, si l’on sait que la question du voile à l’école se pose autrement. Non point en se couvrant la tête mais en promotion du vivre ensemble. Dans les règlements intérieurs de l’enseignement catholique, il est en effet question de ne pas accepter le refus de serrer la main d’un camarade de sexe opposé, de partager un même table-blanc avec un camarade de sexe opposé. Qui peut défendre que dans une institution privée, de surcroit religieuse, une personne de confession différente puisse s’y inscrire en toute connaissance de cause et exiger au nom de sa religion de ne pas serrer la main de garçon, de ne pas se mettre en short pour la gymnastique. C’est assurément fort de café d’autant plus que rien ne s’oppose à ce qu’elle s’inscrive dans une institution privée en accord avec ses attentes.
Alors qu’il est question d’un état des lieux sur la situation du pays, il importe de rappeler qu’il est attendu du président de la République et de son gouvernement de veiller à trouver des solutions aux problèmes que traversent les populations. Ces derniers poussent notamment nombre de jeunes à continuer de risquer leurs vies en s’embarquant pour l’Europe tant décriée, à la recherche d’un avenir dont ils se sentent exclus chez eux. La semaine dernière un internaute vivant aux Etats-Unis a informé ses followers que 40 000 Sénégalais avaient foulé le sol américain via le Nicaragua. Pendant ce temps, dans la nuit du vendredi 2 au samedi 3 août, cinq enfants talibés sont morts calcinés dans un violent incendie, dans un village rattaché à la commune de Tivaouane. Ce sinistre a réveillé le souvenir funeste d’il y a 11 ans , où par une nuit du dimanche 3 au 4 mars 2013, il a été constaté la mort atroce de 9 jeunes talibés à la suite d’un incendie dans un bâtiment insalubre de la Médina. En dépit de tout cela, le problème des enfants talibés demeure toujours aussi poignant.
En tout état de cause, si derrière tout ce tintamarre s’exprimait un désir d’émancipation vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale, disons-le tout net, la voie choisie est celle d’une paresse confortable. La souveraineté tant chantée ne saurait en effet se résumer à une posture déclamatoire. Elle est un comportement, un combat qui consiste à se donner concrètement les moyens de son autonomie et de son indépendance. Et cela ne pourra se faire que par une exaltation de la valeur travail, de l’éthique et de la morale. Elu pour exécuter le programme qu’il a « vendu » à ses compatriotes, le président de la République et le gouvernement qu’il a mis en place sont au service de leur pays. Ils ne sont pas la République mais ses serviteurs. En ce sens nulle arrogance et surtout l’humilité de celui qui se sait en mission commandée tant les tragédies qui explosent sous nos yeux obligent à se mobiliser autour des véritables enjeux. Il faut donc avancer, promouvoir la laïcité à la sénégalaise, cette façon bien originale de rendre effectif l’exercice de toutes les croyances tout en entretenant un rapport apaisé avec elles, refusant ainsi de patauger dans le poto-poto des polémiques inutiles qui sonnent comme l’expression d’une incapacité à saisir les problèmes à bras le corps
par Babacar Fall
UNE FÊTE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE GÂCHÉE
J'attends du Premier ministre la construction d'écoles publiques, plutôt que des propos sur une prétendue exclusion de quelques élèves voilées des écoles catholiques ; des élèves susceptibles de trouver une place ailleurs
Le tollé provoqué et les répliques successives par une partie des propos tenus par le Premier ministre lors de la remise des prix du concours général aura ruiné le message d’ensemble du président de la République et du premier ministre lui-même.
C’était la fête de l’école, de l’éducation et de l’apprentissage, de la science. En substance, il s’agissait de mettre en exergue la valeur de l’instruction publique nationale au travers de ses brillants récipiendaires de toutes origines.
En écoutant bien les propos du premier ministre : « Certaines choses ne peuvent plus être tolérées dans ce pays. En Europe, ils nous parlent constamment de leur modèle de vie et de style, mais cela leur appartient. » On voit bien qu’il y a une erreur de contexte.
Rappelons qu’il répondait aux questions d’une jeune femme lauréate d’un concours de récitations de Coran à propos des daaras.
La mauvaise querelle sur la laïcité des écoles confessionnelles catholiques
L’Eglise catholique ne peut être le promoteur de la laïcité. Elle ne l’a pas inventée, ni au Sénégal, ni ailleurs. La laïcité « européenne » ou française en particulier, puisque c’est de celle-là dont il s’agit, s’est développée contre l’Eglise, accusée d’accaparement des consciences des enfants.
L’instauration de l’instruction publique, gratuite et laïque en France s’est faite contre la toute-puissance du clergé catholique à revendiquer sa compétence et sa prétention à former et éduquer tous les enfants.
À travers cette mauvaise querelle qui sévit depuis ces propos de Ousmane Sonko, nous sommes exactement en face d’un « double bind » ou double contrainte pour reprendre le concept de Gregory Bateson. En gros, une “double contrainte” est un type particulier de conflit qui crée une situation “non-gagnante” ; c’est-à-dire, une situation dans laquelle on est “damné si vous le faites et damné si vous ne le faites pas”.
Cela veut dire que le clergé catholique sénégalais se voit assigné à la défense d’une laïcité à la française qui ne le concerne en rien et qu’une frange importante de ses coreligionnaires français abhorrent.
Et le premier ministre semble ériger l’accès à l’école privée confessionnelle catholique comme étant la condition de la réussite scolaire pour les élèves sénégalais les plus brillants. C’est ainsi que je lis cette partie de son propos : « au Sénégal, nous ne permettrons plus à certaines écoles d’interdire le port du voile ». Se voulant plus clair, il a ajouté : « Gare à ces institutions qui refuseront d’accepter une fille simplement parce qu’elle est voilée. »
Mais pourquoi, alors que les meilleures écoles publiques gratuites leur sont ouvertes et que c’est leur place naturelle ?
Eloge de l’école publique, gratuite et obligatoire
Je suis un enfant de l’école publique (primaire, secondaire et université), l’école de tous les enfants, ouverte, laïque, tolérante, avec ses enseignants-hussards dont le dévouement, la disponibilité totale, faisaient notre admiration. C’est l’école du brassage et de l’édification des citoyens sénégalais. Où on apprend à « faire Nation ». Où on s’ouvre aux autres, d’où qu’ils viennent et quelle que soit l’origine sociale des parents. C’est cette école que les pères bâtisseurs de notre Etat-Nation ont construite.
Léopold Senghor et Mamadou Dia et tous leurs compagnons avaient fait ce choix, qui est celui de l’avenir de notre Nation.
Tous les élèves du Sénégal de mon âge et les plus jeunes, parlent toujours avec beaucoup d’émotions des enseignants qui les ont marqués durant leur scolarité. Le ministre Guirrassy en a donné un témoignage l’autre jour en recevant son ancienne institutrice. Le premier ministre l’a illustré aussi dans une autre partie de son propos en parlant des enseignants qui l’ont encouragé à se discipliner pour ne pas rater ses études. Le parrainage de la cérémonie de remise des prix du concours général par le professeur Sangharé témoigne de la volonté des pouvoirs publics d’ériger l’instruction publique comme levier indispensable du développement de notre pays.
Mais alors, pourquoi cette fixation sur le voile ? Pourquoi cette mauvaise querelle sur l’admission réelle ou supposée des élèves voilées dans les écoles, en l’occurrence des écoles catholiques, même si le premier ministre ne les cite pas ?
Le premier principe de la laïcité ou du sécularisme sénégalais est celui de la neutralité de l’espace scolaire public. Tout du moins, comme l’ont voulu les pères bâtisseurs de notre Etat-Nation.
Les convictions religieuses doivent rester à la porte de l’école publique. On se fiche de connaître la religion de tel ou tel camarade. On était de Blaise Diagne, de Van Vo ou Delafosse. Et une sorte de patriotisme scolaire se développait en sport, au hand, au foot ou au basket. On admirait les moyens que mettait l’encadrement de Saint Michel en sport. Mais on était ravi de les battre sur le terrain.
C’est le devoir des pouvoirs publics de construire des écoles publiques de qualité pour tous les enfants du Sénégal. Certes l’enseignement privé (confessionnel ou pas) est partie intégrante du système national d’éducation, mais il n’est pas destiné à tous les élèves. Alors que l’enseignement public est ouvert à tous. C’est de la responsabilité du gouvernement de le développer, le consolider et de l’étendre.
Les politiques d’ajustement structurel des années 80 ont démoli le système d’enseignement public : fin des programmes de construction (avec la honte absolue qu’a constitué jusqu’à aujourd’hui l’état de délabrement du lycée Limamou Laye de Guédiawaye malgré ses excellents résultats chaque année), arrêt des recrutements d’enseignants…
Que 100 écoles publiques rivalisent et s’épanouissent
Du premier ministre, j’attends l’annonce d’un programme de construction d’écoles publiques dans les grands centres urbains du pays et dans le monde rural. Je n’attends pas des propos sur l’exclusion réelle ou supposée d’élèves voilées des écoles catholiques et qui ne concernent en l’occurrence que quelques dizaines des filles et dont les parents ont suffisamment les moyens de leur trouver une place ailleurs. Ce qui est d’ailleurs le cas à chaque rentrée.
Le souverainisme économique et le développement de ce pays mérite que l’on évite ces mauvaises querelles et que l’on se concentre sur l’essentiel.
Pour reprendre le mot de Mamadou Diouf, une véritable révolution démocratique s’est enclenchée dans ce pays, une déconstruction-reconstruction de certains paradigmes est en route. Parmi celles-ci une prise de conscience citoyenne, jamais observée et à certains égards, comparable aux mobilisations pré et postindépendance.
J’ai prédit et écrit sur la raclée électorale qu’allait subir le régime corrompu de Macky Sall. Et le résultat est au-delà des espoirs des démocrates et des républicains de ce pays et d’ailleurs.
Les premières décisions et l’allure générale des mesures arrêtées (à l’exception notable de la parité dans les nominations aux fonctions de direction publiques), la gestion maîtrisée des politiques publiques, annoncent des lendemains qui tranchent agréablement avec la fin de règne de Macky Sall et même de Wade. Le renouvellement générationnel, les nouveaux talents et compétences et les pratiques du gouvernement constituent assurément de très agréables surprises.
C’est la voie à suivre et c’est celle qui assure la confiance des citoyens en leur gouvernant et le succès de notre pays.
Babacar Fall est haut fonctionnaire à la retraite.
LES PRO-SONKO MONTENT AU CRÉNEAU
La publication de la lettre ouverte de l'abbé Latyr suscite des réactions acerbes parmi les soutiens du Premier ministre. Dénonciations, accusations de manque de respect : les mots sont durs et la polémique enfle
La lettre de l’Abbé André Latyr Ndiaye a suscité une vague de réactions du côté du pouvoir. Des proches du premier ministre Ousmane Sonko se sont saisis de leur plume pour dénoncer les propos du curé et soutenir la position de leur leader politique.
Une guerre des mots. C’est ce qu’on a vécue ce week-end après la publication de la lettre de l’Abbé André Latyr Ndiaye sur la sortie du Premier ministre exigeant le port du voile dans tous les établissements du Sénégal, quel que soit le type. Chacun y va par ses «maux».
Ce qui semble sûr, c’est que les propos du curé ne sont pas du goût des partisans d’Ousmane Sonko. Traiter, selon eux, leur mentor politique de «jeune politicien nouvellement promu» ou soutenir que «certains pantalons sont disqualifiés pour mener les combats de Dieu» est une aberration et un manque de respect total envers quelqu’un qui incarne une institution comme la primature.
Citant Cheikh Anta Diop, le député Guy Marius Sagna déclare que «tout Africain sérieux qui veut être efficace dans son pays à l'heure actuelle évitera de se livrer à des critiques religieuses» ; alors que Sadikh Top affirme orbi et urbi qu’Ousmane Sonko n'a jamais été dans la critique religieuse mais dans le respect et l'équité sociale, en prenant en compte notre histoire et notre réalité sociologique.
Abondant dans le même sens, le remplaçant de Birame Soulèye Diop à l’Assemblée nationale estime que le militantisme intelligent impose parfois de ne pas engraisser certaines polémiques qui ne feront que nous éloigner des enjeux vitaux. Selon Amadou Ba, savoir encaisser et ignorer n'est pas seulement une stratégie conjoncturelle, mais un signe de maturité politique. Même s’il reste convaincu que personne ne peut empêcher les polémiques, il invite chacun, par sa retenue et sa patience, à empêcher leur propagation.
En effet, dans certaines situations pouvant entraîner les pires manipulations et déformations», le député appelle à bien peser l'opportunité de répondre. Cette posture, loin d'être une faiblesse pour lui, relève plutôt de la responsabilité.
Abondant dans le même sens, Cheikh Oumar Diagne se dit heureux de lire l’Abbé André Latyr pour la seule raison qu’un dirigeant qui ne peut être conseillé est condamné à sa perte. Il estime que nous devons débattre de tout dans le respect et par des arguments. Évitant toutefois de verser dans la polémique, il précise que la loi sénégalaise n’interdit pas le voile dans ses institutions. Et que par conséquent, des privés ne peuvent aller au-delà de cette loi censée être générale et abstraite. Selon lui, les religions révélées partagent un ensemble de valeurs comme la couverture pour les femmes libres et majeures, l’interdiction du vin, la circoncision etc. En outre, Cheikh Oumar Diagne rappelle que nos priorités sont ailleurs et c’est cela leur combat à l’heure actuelle. Le chômage, la vie chère, l’insécurité, la corruption, etc. étant pour lui nos seuls adversaires.
Toutefois, il réitère son soutien à Ousmane Sonko: «nous soutenons totalement le Premier ministre. Le Sénégal est un pays de paix, de foi et nous ne sommes pas la France !» Au curé, il déclare: « un abbé devrait plus être dérangé par une petite jupe que par un voile !».
L'ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE RÉAFFIRME SA LIGNE ROUGE
Suite à la sortie de Sonko sur le voile, le Directeur diocésain appelle à clarifier les règlements intérieurs pour préserver la dimension éducative et le vivre-ensemble. «Notre souhait est qu’on ne nous entraîne pas sur le terrain religieux", insiste-t-il
Sans parler spécifiquement du port du voile, le Directeur diocésain de l’Office national de l’enseignement catholique du Sénégal/Dakar a appelé ses directeurs et chefs d’établissement à mettre à jour le Règlement intérieur de leurs écoles. Rappelant la polémique qu’avait suscitée ce sujet en 2019, il a demandé de mettre à jour le Règlement intérieur de leurs écoles afin de se «prémunir contre toute provocation et d’éventuels conflits sur la question du voile».
La polémique sur le port du voile dans les écoles catholiques a refait surface. La sortie du Premier ministre Ousmane Sonko sur cette question au Grand Théâtre, en marge de la cérémonie de remise des prix du Concours général, a fait revenir cette polémique qu’on croyait enterrée en 2019. Le débat suscité par cette sortie a fait réagir le Directeur diocésain de l’Office national de l’enseignement catholique du Sénégal (Odec) de Dakar. Dans une lettre adressée aux directeurs et chefs d’établissement, Abbé Georges G. Diouf les a appelés à mettre à jour le Règlement intérieur des écoles. Et de souligner dans son document : «Nous voulons toujours promouvoir le vivre-ensemble dans nos écoles, et par rapport à cet objectif, personne ne devrait nous distraire. Alors comme nous l’avions fait en 2019, nous vous demandons de mettre à jour le Règlement intérieur de nos écoles pour nous prémunir contre toute provocation et d’éventuels conflits sur la question du voile.» Ainsi, l’Abbé Diouf leur demande, dans le Règlement intérieur, d’insister «sur les comportements à proscrire parce que portant atteinte au vivre-ensemble».
Pour lui, «sans parler du voile, le Règlement intérieur devrait préciser» ce qu’ils n’acceptent pas «comme refuser de serrer la main d’un camarade de sexe opposé, s’asseoir sur le même table-banc en classe ou sur le même banc dans la cour de récréation avec quelqu’un de sexe opposé, faire la gymnastique dans la tenue de l’école sous prétexte de ce dont on se réclame, se faire suivre ou précéder immédiatement dans les rangs par un camarade de sexe opposé». Le directeur de l’Odec/Dakar estime que «tout cela constitue une entrave au vivre-ensemble» et à leur «projet éducatif». Et de recommander : «Encore une fois, il est bon que tous les règlements intérieurs de nos écoles soient clairs sur la question et insistent sur la dimension éducative plutôt que toute autre chose. Il n’est pas donc opportun de parler explicitement de voile dans le Règlement intérieur, mais de tout ce qui constitue un frein au vivre-ensemble.» Dans le même document, Abbé Georges G. Diouf informe que «ce Règlement intérieur doit être signé à l’inscription par les parents d’élèves».
Par ailleurs, dans sa correspondance, le Directeur diocésain de l’Office national de l’enseignement catholique du Sénégal (Odec) Dakar a fait savoir qu’à leur «plus grande surprise, une question très sensible vient de refaire surface dans le paysage médiatique sénégalais, provoquant un débat passionné dont le seul responsable est une haute autorité du pays». De même, il a souligné que dans «sa déclaration en marge de la cérémonie du Concours général, le Premier ministre» a ramené «la dangereuse question du voile dans nos écoles». «Notre souhait est qu’on ne nous entraîne pas sur le terrain religieux. Nous voulons rester sur le terrain de l’éducation qui est le nôtre et pour lequel les Sénégalais, dans leur plus grande majorité, apprécient l’offre de l’Ecole catholique», a-t-il tenu à préciser dans sa lettre adressée aux directeurs et chefs d’établissement de l’Odec de Dakar.
Pour rappel, le Premier ministre Ousmane Sonko, lors d’une rencontre avec les lauréats du Concours général 2024 au Grand Théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose de Dakar, a menacé les écoles et instituts qui imposent des interdictions sur le port du voile aux filles. Le chef du gouvernement avait clairement annoncé que l’Etat ne tolérera plus de telles restrictions. Il avait insisté sur le fait que les écoles qui continuent de refuser l’accès aux élèves voilées s’exposent à des sanctions sévères.
par Ousseynou Nar Gueye
PREMIER MINISTRE SONKO, PARLER CONTRE LA FRANCE, C'EST PENSER TOUJOURS PAR RAPPORT À LA FRANCE
Le legs colonial est une dette inexpugnable dans la tête des "panafricanistes de gauche" qui nous dirigent désormais. Cela renvoie à l'image de la souris courant dans sa cage grillagée en forme de roue, qu'elle fait tourner, sans jamais elle-même avancer
Le legs colonial est finalement une dette inexpugnable, dans la tête des "panafricanistes de gauche" qui nous dirigent désormais au Sénégal. Surtout de l'un d'entre eux.
Fort bien. Sauf que, parler "contre" la France comme vous le faites, M. Sonko, c'est encore, pour vous, penser "par rapport" à la France. Et donc définir ce que vous êtes et ce que vous faites, "en fonction" de ce que vous serez sans doute tenté de nommer "l'Afrance", et de l'image que vous vous faites d'elle. Cela renvoie, sauf votre respect, à l'image de la souris qui court dans sa cage grillagée en forme de roue, qu'elle fait tourner, sans jamais elle-même avancer d'un pas.
C'est là, hélas, le triste manège inlassable, mais lassant, des "décoloniaux professionnels compulsifs", parmi lesquels je pense pouvoir vous compter, M. Sonko.
Monsieur le Premier ministre du Sénégal, vous saviez fort bien que cette année 2024 marque le 80ème anniversaire du terrible crime contre l'humanité, survenu au camp de Thiaroye. Pourquoi avez-vous laissé la France officielle "tirer la première", en ce mois de juillet 2024 finissant ? Comment avez-vous anticipé et qu'avez-vous prévu et annoncé en avance pour marquer cette date symbolique de commémoration incontournable pour décembre prochain ? Là est la question. Et la réponse vous fâchera sans aucun doute. Car elle tient en ceci : rien.
Ce qui est une avancée du point de vue d'un discours progressiste chez nos dirigeants, mais aussi un rétropédalage de votre part, par rapport à vos propos du temps de l'opposition, affirmant vouloir “criminaliser les actes homosexuels, une fois au pouvoir".
Dans la foulée, vous n'avez pas assumé le service après-vente de votre nouvelle position "médiane" sur l'homosexualité au Sénégal, huée par les étudiants de l'Ucad et pour laquelle un journaliste-activiste qui l'a commentée de manière certes véhémente, est aujourd'hui en prison, pour atteinte à une personne dépositaire d'une partie du pouvoir du chef de l'État, c'est-à-dire vous, M. Sonko. L'arsenal juridique sénégalais n'a point besoin d'être plus corsé encore, en matière de ce que la loi qualifie pudiquement "d'actes contre-nature", comme pour ne jamais nommer le mot et "la chose".
Dans cet ordre d'idées, j'en appelle à la clarification de la position de votre "GOS", Gouvernement Ousmane Sonko, sur la question de la sanctuarisation constitutionnelle de l'interdiction de la peine de mort, qui est effective au Sénégal. Car pourtant, en effet, tous les jours, des citoyens, des journalistes et des politiciens, sur les antennes de l'audiovisuel et dans les colonnes de journaux de notre pays, en appellent à ce que la peine de mort soit réinstaurée. Du temps où vous étiez opposant, vous aussi, M. Sonko, aviez "promis de faire revenir" la peine de mort. J'espère qu'il ne subsiste rien de cette idée mortifère, chez vous. Souhaiter à haute voix le retour de la peine de mort au Sénégal, ce n'est pas une opinion : c'est un acte inconstitutionnel. Il est du devoir de votre charge d'y mettre le holà, Monsieur le Premier ministre.
Ousseynou Nar Gueye éditorialiste (Tract.sn) et Communicant.
par Alioune Tine
DIRE ET NE PAS DIRE, L'IMPLICITE ET LE PRÉSUPPOSÉ
Les autorités doivent réexaminer leur communication, car il ya trop de couacs, trop de fronts, et des colères émergentes. L'impression d'impréparation aux fonctions éminentes d'exercice du pouvoir d'État est de plus en plus manifeste
Nous avons un contexte politique propice aux tensions, aux polémiques, aux malentendus, aux disputes, bref on assiste à un malaise ambiant, palpable.
L'État doit absolument veiller à retaurer la sérénité, à l'intercompréhension et de privilégier le dialogue aux polémiques inutiles. Les autorités de l'État devraient elles-mêmes prendre les initiatives idoines pour créer toutes les conditions requises pour qu'il soit mis un terme à une polémique inutile. Les questions de foi et de croyances mobilisent plus les émotions que la raison. Ce sont des débats passionnels qui peuvent vite déraper.
Le Sénégal est un pays où le dialogue et les rapports sociaux entre les musulmans et les catholiques sont exemplaires. Les autorités politiques doivent les renforcer. D'ailleurs, il faut reconnaître que les autorités actuelles l'on fait.
La polémique actuelle est née des presupposés et malentendus liés aux contentieux sur la question du voile vidé en 2019, par le dialogue. Le malentendu actuel a pour source les déclarations "polémiques " du Premier ministre, perçues comme une "provocation" par nos frères chrétiens. Cette sortie peut être réglée par le dialogue et la concertation avec les protagonistes. Il faut le faire maintenant, l'initiative doit émaner de l'État. L'église est toujours disponible pour le dialogue et la paix civile. Les autorités de l'État doivent réexaminer leur communication,car il ya trop de couacs, trop d'incompréhensions, trop de fronts, et des colères émergentes. La désillusion frappe à la porte.
La révolution démocratique et sociale que nous avons vécue a mobilisé tous les segments de la société qui ont manifesté un immense désir de changement, exceptionnel sur toute la ligne et une confiance sans limites aux jeunes leaders politiques actuels et en tête Ousmane Sonko. Sans Sonko, Diomaye ne serait jamais président de la République, c'est tout le sens de Diomaye moy Sonko. C'est aussi l'émergence d'un hyper-Premier ministre, avec un hyper-pouvoir auquel Sonko, mais aussi les Sénégalais ne sont pas préparés. L'impression d'impréparation, d'inexperience, aux fonctions éminentes d'exercice du pouvoir d'État est de plus en plus manifeste. Notamment dans un contexte révolutionnaire complexe, avec un héritage politique, démocratique et dans le domaine de la gouvernance catastrophique. Que le gouvernement n'arrête pas de ressasser mais le peuple qui a chassé le régime de Macky Sall, en a déjà pris acte. Le contexte actuel exclut le management en surplomb, management du confinement gouvernemental, qui tient tous les citoyens à distance, qui communiquent peu ou pas du tout avec les citoyens et acteurs sociaux.
Dans cette situation, le Premier ministre Ousmane Sonko a un rôle bien ingrat, il travaille énormément et reçoit tout les coups, il faut le reconnaître, et cela peut avoir un impact sur les affects. Il doit ouvrir des fenêtres d'opportunités de conversation avec les auteurs et citoyens en détresse.
Tout cela se comprend dans le contexte exceptionnel dans lequel, ils ont pris le pouvoir : de la prison au Palais.
Pour dire que tout ne fait que commencer, tout peut être amélioré avec les interactions sociales tous azimuts avec les citoyens et les acteurs sociauxen en détresse, tout peut être redressé. Comme je l'ai dit et répété, il faut mettre la société en mouvement.
Les attentes sont très fortes.
L'espoir suscité par ceux qui ont terrassé le régime de Macky Sall est encore là, mais on assiste à la naissance de doutes et d'une impression de désenchantement.
Il faut rapidement en prendre acte et rassurer les gens. Réviser la communication du gouvernement, restaurer la confiance et l'espoir.
Le titre est emprunté à Oswald Ducrot, philosophe et linguiste.