L'ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE RÉAFFIRME SA LIGNE ROUGE
Suite à la sortie de Sonko sur le voile, le Directeur diocésain appelle à clarifier les règlements intérieurs pour préserver la dimension éducative et le vivre-ensemble. «Notre souhait est qu’on ne nous entraîne pas sur le terrain religieux", insiste-t-il
Sans parler spécifiquement du port du voile, le Directeur diocésain de l’Office national de l’enseignement catholique du Sénégal/Dakar a appelé ses directeurs et chefs d’établissement à mettre à jour le Règlement intérieur de leurs écoles. Rappelant la polémique qu’avait suscitée ce sujet en 2019, il a demandé de mettre à jour le Règlement intérieur de leurs écoles afin de se «prémunir contre toute provocation et d’éventuels conflits sur la question du voile».
La polémique sur le port du voile dans les écoles catholiques a refait surface. La sortie du Premier ministre Ousmane Sonko sur cette question au Grand Théâtre, en marge de la cérémonie de remise des prix du Concours général, a fait revenir cette polémique qu’on croyait enterrée en 2019. Le débat suscité par cette sortie a fait réagir le Directeur diocésain de l’Office national de l’enseignement catholique du Sénégal (Odec) de Dakar. Dans une lettre adressée aux directeurs et chefs d’établissement, Abbé Georges G. Diouf les a appelés à mettre à jour le Règlement intérieur des écoles. Et de souligner dans son document : «Nous voulons toujours promouvoir le vivre-ensemble dans nos écoles, et par rapport à cet objectif, personne ne devrait nous distraire. Alors comme nous l’avions fait en 2019, nous vous demandons de mettre à jour le Règlement intérieur de nos écoles pour nous prémunir contre toute provocation et d’éventuels conflits sur la question du voile.» Ainsi, l’Abbé Diouf leur demande, dans le Règlement intérieur, d’insister «sur les comportements à proscrire parce que portant atteinte au vivre-ensemble».
Pour lui, «sans parler du voile, le Règlement intérieur devrait préciser» ce qu’ils n’acceptent pas «comme refuser de serrer la main d’un camarade de sexe opposé, s’asseoir sur le même table-banc en classe ou sur le même banc dans la cour de récréation avec quelqu’un de sexe opposé, faire la gymnastique dans la tenue de l’école sous prétexte de ce dont on se réclame, se faire suivre ou précéder immédiatement dans les rangs par un camarade de sexe opposé». Le directeur de l’Odec/Dakar estime que «tout cela constitue une entrave au vivre-ensemble» et à leur «projet éducatif». Et de recommander : «Encore une fois, il est bon que tous les règlements intérieurs de nos écoles soient clairs sur la question et insistent sur la dimension éducative plutôt que toute autre chose. Il n’est pas donc opportun de parler explicitement de voile dans le Règlement intérieur, mais de tout ce qui constitue un frein au vivre-ensemble.» Dans le même document, Abbé Georges G. Diouf informe que «ce Règlement intérieur doit être signé à l’inscription par les parents d’élèves».
Par ailleurs, dans sa correspondance, le Directeur diocésain de l’Office national de l’enseignement catholique du Sénégal (Odec) Dakar a fait savoir qu’à leur «plus grande surprise, une question très sensible vient de refaire surface dans le paysage médiatique sénégalais, provoquant un débat passionné dont le seul responsable est une haute autorité du pays». De même, il a souligné que dans «sa déclaration en marge de la cérémonie du Concours général, le Premier ministre» a ramené «la dangereuse question du voile dans nos écoles». «Notre souhait est qu’on ne nous entraîne pas sur le terrain religieux. Nous voulons rester sur le terrain de l’éducation qui est le nôtre et pour lequel les Sénégalais, dans leur plus grande majorité, apprécient l’offre de l’Ecole catholique», a-t-il tenu à préciser dans sa lettre adressée aux directeurs et chefs d’établissement de l’Odec de Dakar.
Pour rappel, le Premier ministre Ousmane Sonko, lors d’une rencontre avec les lauréats du Concours général 2024 au Grand Théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose de Dakar, a menacé les écoles et instituts qui imposent des interdictions sur le port du voile aux filles. Le chef du gouvernement avait clairement annoncé que l’Etat ne tolérera plus de telles restrictions. Il avait insisté sur le fait que les écoles qui continuent de refuser l’accès aux élèves voilées s’exposent à des sanctions sévères.