LES PRO-SONKO MONTENT AU CRÉNEAU
La publication de la lettre ouverte de l'abbé Latyr suscite des réactions acerbes parmi les soutiens du Premier ministre. Dénonciations, accusations de manque de respect : les mots sont durs et la polémique enfle

La lettre de l’Abbé André Latyr Ndiaye a suscité une vague de réactions du côté du pouvoir. Des proches du premier ministre Ousmane Sonko se sont saisis de leur plume pour dénoncer les propos du curé et soutenir la position de leur leader politique.
Une guerre des mots. C’est ce qu’on a vécue ce week-end après la publication de la lettre de l’Abbé André Latyr Ndiaye sur la sortie du Premier ministre exigeant le port du voile dans tous les établissements du Sénégal, quel que soit le type. Chacun y va par ses «maux».
Ce qui semble sûr, c’est que les propos du curé ne sont pas du goût des partisans d’Ousmane Sonko. Traiter, selon eux, leur mentor politique de «jeune politicien nouvellement promu» ou soutenir que «certains pantalons sont disqualifiés pour mener les combats de Dieu» est une aberration et un manque de respect total envers quelqu’un qui incarne une institution comme la primature.
Citant Cheikh Anta Diop, le député Guy Marius Sagna déclare que «tout Africain sérieux qui veut être efficace dans son pays à l'heure actuelle évitera de se livrer à des critiques religieuses» ; alors que Sadikh Top affirme orbi et urbi qu’Ousmane Sonko n'a jamais été dans la critique religieuse mais dans le respect et l'équité sociale, en prenant en compte notre histoire et notre réalité sociologique.
Abondant dans le même sens, le remplaçant de Birame Soulèye Diop à l’Assemblée nationale estime que le militantisme intelligent impose parfois de ne pas engraisser certaines polémiques qui ne feront que nous éloigner des enjeux vitaux. Selon Amadou Ba, savoir encaisser et ignorer n'est pas seulement une stratégie conjoncturelle, mais un signe de maturité politique. Même s’il reste convaincu que personne ne peut empêcher les polémiques, il invite chacun, par sa retenue et sa patience, à empêcher leur propagation.
En effet, dans certaines situations pouvant entraîner les pires manipulations et déformations», le député appelle à bien peser l'opportunité de répondre. Cette posture, loin d'être une faiblesse pour lui, relève plutôt de la responsabilité.
Abondant dans le même sens, Cheikh Oumar Diagne se dit heureux de lire l’Abbé André Latyr pour la seule raison qu’un dirigeant qui ne peut être conseillé est condamné à sa perte. Il estime que nous devons débattre de tout dans le respect et par des arguments. Évitant toutefois de verser dans la polémique, il précise que la loi sénégalaise n’interdit pas le voile dans ses institutions. Et que par conséquent, des privés ne peuvent aller au-delà de cette loi censée être générale et abstraite. Selon lui, les religions révélées partagent un ensemble de valeurs comme la couverture pour les femmes libres et majeures, l’interdiction du vin, la circoncision etc. En outre, Cheikh Oumar Diagne rappelle que nos priorités sont ailleurs et c’est cela leur combat à l’heure actuelle. Le chômage, la vie chère, l’insécurité, la corruption, etc. étant pour lui nos seuls adversaires.
Toutefois, il réitère son soutien à Ousmane Sonko: «nous soutenons totalement le Premier ministre. Le Sénégal est un pays de paix, de foi et nous ne sommes pas la France !» Au curé, il déclare: « un abbé devrait plus être dérangé par une petite jupe que par un voile !».