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25 novembre 2024
Développement
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LA DPG ET SONKO DANS L'ILLÉGALITÉ ?
Le règlement intérieur de l'Assemblée aurait-il été falsifié ? C'est la lourde accusation portée ce mercredi par le groupe parlementaire Yewwi Askan Wi. La déclaration de politique générale du Premier ministre n'aurait ainsi plus de base légale
Le groupe parlementaire Yewwi Askan Wi (YAW) a dénoncé avec force, lors d'une conférence de presse ce mercredi 26 juin 2024, une supposée "fraude" concernant le règlement intérieur de l'Assemblée nationale. Au cœur de leurs accusations : la légalité même de la déclaration de politique générale (DPG) que doit prononcer le Premier ministre.
Selon le président du groupe YAW, un règlement intérieur frauduleux datant soi-disant de juillet 2021 a été distribué aux 165 députés lors de leur installation en septembre 2022. "Cette édition est une fraude à la loi et porte atteinte à la Constitution", a-t-il affirmé, soulignant que le texte ne correspondrait pas à la version actuellement en vigueur.
La principale irrégularité dénoncée concerne justement les dispositions relatives à la DPG du Premier ministre. "On vous a parlé d'un délai de trois mois pour tenir la DPG, d'un délai de saisine de huit jours... Tout cela a été supprimé, abrogé depuis 2019 !", s'est indigné le député Ayib Daffé.
"Actuellement, la DPG est tout simplement absente de notre règlement intérieur. Le Premier ministre lui-même n'est pas mentionné !", a-t-il poursuivi, brandissant le document remis aux parlementaires.
Le vice-président de l'Assemblée nationale de l'époque, Mamadu Lamine Diallo, avait déjà dénoncé cette irrégularité dans une lettre du 11 novembre 2022, selon les dires du président de YAW. "C'est une faute grave de falsifier le règlement pour lui rajouter frauduleusement des dispositions qui n'existent plus !", a-t-il martelé.
Cette remise en cause de la base légale de la DPG soulève des questions majeures sur la régularité des procédures institutionnelles au sein du parlement.
LE PARI ÉCOLOGIQUE ET FUTURISTE DES BRT
Depuis le lancement de ce réseau révolutionnaire, les habitants de la capitale sénégalaise ont enfin accès à un transport rapide, confortable et respectueux de l'environnement. Un progrès salué par tous après des années d'embouteillages monstres
(SenePlus) - Dakar, la capitale a récemment lancé un tout nouveau système de transport public révolutionnaire : un réseau de bus rapides 100% électriques, baptisé Bus Rapid Transit (BRT). Cette initiative audacieuse, une première en Afrique selon RFI, vise à réduire les embouteillages monstres et la pollution atmosphérique qui sévissent dans cette ville ultra-congestionnée.
Comme le rapporte Léa-Lisa Westerhoff pour RFI, les nouveaux bus électriques offrent un confort et une rapidité inédits aux usagers. Cheikh, un jeune conseiller commercial, se réjouit : "Moi, d'habitude je faisais plus de deux heures pour arriver ici à destination à Sacré-Cœur. Maintenant, je le fais en 30 minutes. C'est une aubaine, pour nous. C'est bien, il est confortable, climatisé. On se sent bien, là."
Avec 55 places assises, 150 debout, la climatisation et une voie dédiée de 14 arrêts entre la banlieue et le centre-ville, ces bus électriques permettent des trajets fluides sans bouchons. "La rapidité, lance un passager enthousiasmé. En un temps record, je suis arrivé au travail. En 7 ou 8 minutes de trajet, c'est très rapide."
Pour une ingénieure civile, "c'est super efficace". "J'ai laissé ma voiture à la maison [...] Et ça nous aide avec les bouchons à Dakar qui sont monstrueux. Il était temps qu'on ait une meilleure mobilité au Sénégal."
Malick Ndiaye, le ministre des Transports, promet une extension majeure: "Plus de 1000" bus électriques et à gaz sont prévus, avec "des bus de rabattement pour permettre aux usagers de rejoindre le BRT et d'aller en ville".
La société concessionnaire Dakar Mobilité vise 300 000 voyageurs par jour à terme, avec un temps de trajet réduit de moitié.
Au-delà de fluidifier la circulation, cette révolution verte des transports vise à lutter contre la pollution meurtrière. Selon Thierno Birahim du Conseil exécutif des transports urbains de Dakar, "avec ce mode de transport non-polluant, nous faisons des économies de 59 000 tonnes de CO2 par an."
Toutefois, il souligne que "le BRT à côté du TER [train régional], ça ne suffit pas" face à l'explosion démographique et l'essor de la motorisation privée. "On est juste au début" d'une nécessaire transition vers des transports urbains durables.
En somme, ce réseau de bus électriques marque "un saut qualitatif énorme" selon M. Birahim, à la fois pour la mobilité et l'environnement des Dakarois, tout en appelant à poursuivre les efforts.
Par Rama YADE
LES AFRICAINS TIENNENT L’AVENIR DE LA DÉMOCRATIE ENTRE LEURS MAINS
Si les putschistes convainquent, c'est parce que la pratique démocratique moderne a déçu, loin de l'héritage africain. Enseigner l'histoire démocratique africaine est essentiel pour concilier démocratie et souveraineté nationale sur le continent
D’ici la fin de l’année 2024, le visage de l’Afrique politique ne sera -théoriquement- plus le même. Avec dix-neuf élections programmées cette année, le continent verra partir des présidents élus il y a plus de dix ans (au Sénégal et au Ghana), des transitions civiles incertaines (au Mali et au Burkina Faso), des élections à enjeux élevés (comme en Afrique du Sud) et des hommes forts s’accrocher (en Tunisie, au Tchad, au Rwanda). Cette volatilité, conjuguée aux récents coups d’Etat sur le continent, rend de nombreux observateurs pessimistes quant à l’état de la démocratie en Afrique.
L’«hiver démocratique » africain
Cet «hiver démocratique» n’est pas propre à l’Afrique. Aux Etats-Unis, selon Gallup, seuls 28% des Américains - un niveau record, encore plus bas qu’au lendemain de lattaque du Capitole le 6 janvier 2021- sont satisfaits du fonctionnement de leur système démocratique. En France, dans le cadre d’élections législatives anticipées, l’Extrême-droite, pour la première fois dans l’histoire de la 5ème République, est aux portes de Matignon après avoir viré en tête aux élections européennes de juin 2024. Il n’est pas surprenant que la valeur de la démocratie soit également contestée en Afrique, et que les arguments contre elle prennent la forme de revendications de souveraineté nationale et soient principalement dirigés contre les anciennes puissances coloniales. Partout où des coups d’Etat récents ont eu lieu, les putschistes ont publiquement rejeté l’influence des anciennes puissances coloniales (comme dans la région du Sahel avec la France) ou des institutions occidentales (comme au Soudan, où le Général Abdel Fattah al-Burhan a utilisé les réformes structurelles inspirées par la Banque mondiale pour justifier son coup d’Etat d’octobre 2021). Les putschistes ont reproché aux gouvernements précédents d’avoir mis en place des régimes faussement démocratiques, faibles et responsables de la persistance du sous-développement. Au Niger, le Président Mohamed Bazoum est détenu contre son gré depuis le 26 juillet 2023, accusé par une junte militaire d’avoir eu des «échanges» avec des «chefs d’Etat étrangers» et des «responsables d’organisations internationales»
Comment le concept de démocratie, hier si consensuel, du moins en termes d’aspiration, est-il devenu si clivant que son rejet n’est même plus tabou ? Il n’est guère de conférence internationale où des putschistes africains qui n’ont été élus par qui que ce soit ne revendiquent leur légitimité pour prendre le pouvoir par la force, comme le Colonel guinéen Doumbouya aux Nations unies en septembre 2023, avec l’approbation d’une partie des opinions africaines, en particulier parmi les jeunes générations.
Les arguments qui servent de prétexte au rejet de la démocratie sont de piètres excuses, sans compter qu’il y a quelque chose de profondément insultant à suggérer que les Africains ne méritent pas de choisir leurs dirigeants et, par conséquent, de vivre librement. D’ailleurs, pourquoi devrait-on croire que la démocratie n’est qu’un concept occidental ?
Une vision africaine de la démocratie
La Charte du Manden, proclamée en 1222, à l’époque de l’Empire du Mali -des siècles avant la Déclaration des droits du Royaume-Uni- est considérée en Afrique comme la première déclaration des droits de l’Homme de l’histoire. La charte célébrait la préservation de la vie (article 5 : «Toute personne a droit à la vie et à la préservation de l’intégrité physique») et organisait la coexistence entre les communautés (article 11 : «En cas de disparition de votre femme ou de votre enfant, cessez de courir après eux dans la maison du voisin»). Elle protège également les droits des femmes (article 14 : «N’offensez jamais les femmes, nos mères» ; Article 16 : «Les femmes, en dehors de leurs occupations quotidiennes, doivent être associées à toutes nos directions»), les étrangers (article 24 : «Au Manden, ne maltraitez pas les étrangers»), les sans-abri (article 31 : «Nous devons aider ceux qui sont dans le besoin») et même l’ennemi dans la bataille (article 41 : «Vous pouvez tuer l’ennemi, mais non l’humilier»).
On le voit, les Africains connaissent très bien la pratique démocratique, et c’est vrai bien au-delà de l’Empire du Mali. Chez les Yoruba, le pouvoir du chef était révocable. Chez les Ashanti du Ghana, le chef du village était choisi par les chefs de famille, qui formaient un conseil. Une association d’adultes de chaque village représentait l’opinion publique et élisait un président.
De nombreux succès démocratiques en Afrique
Aujourd’hui, les exemples de réussites démocratiques en Afrique ne manquent pas. Dans son rapport de 2023, Freedom House écrit : «La liberté en Afrique a légèrement progressé en 2022, 11 pays ayant connu une amélioration des droits politiques et des libertés civiles, et 9 connaissant un déclin.» Au Liberia, en janvier 2024, Joseph Boakai a succédé pacifiquement à George Weah, qui avait succédé à la première femme Présidente d’Afrique, Ellen Johnson Sirleaf, en janvier 2018. Au Botswana, toutes les élections depuis l’indépendance en 1966 se sont déroulées dans le calme, dans un système institutionnel multipartite où les minorités sont représentées. De l’île Maurice aux Seychelles, en passant par le Cap-Vert, les îles africaines jouissent d’une stabilité politique remarquable. La Namibie se distingue par le fait qu’elle n’a connu que trois présidents depuis 1990. Le troisième, Hage Geingob, décédé en février 2024, a été élu pour la première fois en novembre 2014 lors des premières élections entièrement électroniques d’Afrique. Il a succédé à Hifikepunye Pohamba, qui a respecté la Constitution en démissionnant après deux mandats.
Le Ghana est l’un de ceux qui ont vu leur pratique démocratique notablement progresser. Depuis la réforme constitutionnelle de 1992, le pays a organisé huit élections libres, alors que l’actuel Président, Nana Akufo-Addo, s’apprête à quitter le pouvoir en décembre 2024 après deux mandats.
En Zambie, le Président Hakainde Hichilema a pris ses fonctions en août 2021, à l’issue d’une transition politique en douceur avec le Président sortant Edgar Lungu, malgré une rivalité de longue date entre les deux hommes. Hichilema se présentait à l’élection présidentielle pour la sixième fois dont trois contre Lungu. C’est la troisième fois depuis 1991 que le pouvoir passe à l’opposition en Zambie. Au Sénégal, dans un geste exemplaire qu’on ne trouve pas dans les démocraties les plus abouties du monde, le pays a porté à la tête du pays le plus jeune Président de son histoire, un opposant qui était encore en prison quelques semaines avant le scrutin.
Il convient de noter que si toutes ces expériences réussies sont individuellement célébrées comme des exceptions, elles représentent une tendance significative des succès démocratiques africain.
La diversité culturelle, une chance pour l’Afrique
Contrairement à la croyance populaire selon laquelle l’Afrique est une terre de guerres interethniques, l’importante diversité culturelle du continent, loin d’être un simple défi, est l’un des éléments les plus originaux des systèmes démocratiques africains. Par exemple, le Sénégal a été dirigé pendant vingt ans par un Président qui appartenait à deux groupes minoritaires, les Sérères et les catholiques, dans un pays majoritairement wolof et musulman. Avec plus de trois mille langues parlées et des défis culturels multiethniques, les modèles politiques africains n’ont pas d’équivalent ailleurs dans le monde.
L’histoire de l’Afrique est pleine d’expériences de gouvernance multiculturelle. Dans l’Empire du Mali, divers peuples ethniques -Touaregs, Wolofs, Malinkés, Bambaras, Peuls et Toucouleurs- vivaient ensemble, et la tolérance religieuse était telle qu’aucun roi malien n’avait mené de guerre sainte. L’empire du Ghana, qui couvrait une vaste zone allant du Tekrour à Awdaghost, comprenait des populations aussi diverses que les Bambaras, les Toucouleurs, les Wolofs et les Sérères. Bien que l’empereur soit de religion animiste, il faisait preuve d’une grande tolérance envers les musulmans et choisissait la plupart de ses ministres parmi eux, ainsi que le rappelait l’historien burkinabè Joseph Ki-Zerbo dans son Histoire de l’Afrique noire en 1972.
Il n’y a pas de conflit entre la démocratie et la souveraineté
Mais si les arguments contre la démocratie avancés par les putschistes et leurs partisans font mouche, c’est parce que la pratique démocratique moderne, loin de cet héritage africain, les a déçus. Tout d’abord, la période coloniale a entraîné la destruction des structures participatives africaines traditionnelles telles que «les sociétés acéphales, les royaumes centralisés, les théocraties électives, les cités-Etats indépendantes et les républiques oligarchiques», comme l’ont rapporté les chercheurs Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla dans un livre de janvier 2024, De la démocratie en Françafrique.
La démocratie en Afrique a aussi été la victime collatérale des rivalités géopolitiques, car des hommes ordinaires, qui cherchaient à diriger leurs pays au lendemain de l’indépendance -tels que Patrice Lumumba en République démocratique du Congo, Samora Machel au Mozambique et Amilcar Cabral en Guinée-Bissau-, ont rapidement perdu la vie.
Deuxièmement, dans un contexte d’essor du terrorisme, la sécurité a été privilégiée par rapport à la démocratie. Quelquefois, elle a été une excuse commode pour museler les dissidents, esquiver ou même falsifier les élections. Dans les années 1990, l’ouverture démocratique a pu balayer de vieux dirigeants -comme le premier Président de la Zambie, défait en 1991 après vingt-sept ans au pouvoir, ou le premier Président du Malawi, Hastings Kamuzu Banda, battu en 1994 après trente ans de règne-, mais les transitions familiales et militaires sont restées une réalité largement partagée en Afrique. Les expériences démocratiques les plus réussies se sont apparentées à des luttes de libération nationale et se sont faites à un prix élevé, comme en Afrique du Sud, où le destin de l’ancien Président Nelson Mandela illustre la dureté de la lutte démocratique.
Il ne fait aucun doute que ces épreuves ont créé une «fatigue démocratique» qui a été renforcée par la persistance du sous-développement dans des pays dont beaucoup sont pourtant richement dotés par la nature.
La démocratie, c’est en effet bien plus qu’un processus électoral. L’organisation d’une élection, aussi parfaite soit-elle, si elle est une condition à la démocratie, elle n’en est pas la garantie si le taux de participation est faible, si les partis politiques en lice représentent le même camp politique, si les conditions de la concurrence sont biaisées, si les citoyens ne sont pas éduqués ou informés des enjeux, ou s’il n’y a pas de recours possible. Autant d’éléments qui relèvent de la politique éducative, de la formation civique, de l’existence d’institutions fortes, et qui échappent souvent aux missions d’observation et aux classements internationaux.
Alors que sa population devrait doubler au cours des vingt-cinq prochaines années et qu’une génération émerge avec l’ambition de faire entendre sa voix, l’Afrique tient entre ses mains une grande partie de l’avenir de la démocratie dans le monde. La jeunesse africaine est farouchement engagée dans les affaires publiques. Il y a certes un fossé évident entre les jeunes Africains, y compris des mouvements citoyens comme Le Balai Citoyen et Lucha, qui pourchassent les régimes autoritaires, et ceux de la même génération qui applaudissent les putschistes sahéliens. Néanmoins, les jeunes Africains sont unis par un désir commun de souveraineté nationale.
Les voies d’une restauration démocratique en Afrique
Pour retrouver de la valeur aux yeux des peuples, la démocratie version africaine devra non seulement rajeunir ses cadres (les nouveaux dirigeants quadragénaires d’Afrique de l’Ouest tranchent avec l’âge avancé des dirigeants africains), mais également incarner cette aspiration à la souveraineté et à une dignité retrouvée. Ni Washington ni Pékin ne peuvent apporter cela aux Africains.
Quant aux Occidentaux qui veulent renouer avec ce vieux continent à la population si jeune, il est important qu’ils ne pratiquent pas les deux poids deux mesures, mais qu’ils appliquent plutôt à l’Afrique le niveau d’exigences démocratiques qu’ils ont pour leurs propres citoyens.
Les dirigeants africains, quant à eux, doivent comprendre que la démocratie est d’abord un acte de patriotisme. C’est pourquoi il est fondamental d’enseigner l’histoire démocratique de l’Afrique, afin que démocratie et souveraineté nationale sur le continent cessent de s’opposer. Il est également essentiel de renforcer l’éducation civique, dès l’école primaire. Dans l’arène politique, le renforcement des institutions est crucial, y compris les administrations et les services centraux, ainsi que les contre-pouvoirs tels que la Justice et les médias. Il sera également nécessaire que les institutions reflètent mieux les réalités africaines, grâce à une meilleure représentation des anciens, le renforcement de la gouvernance locale et l’inclusion des associations de jeunes. Enfin, il est crucial que les responsables des partis politiques, souvent affaiblis par des années, voire des décennies d’opposition, d’exil ou de prison, soient à la hauteur de leur lourde tâche. Si les hommes en treillis sont en vogue aujourd’hui, il y a fort à parier que ce ne sera pas toujours le cas, et qu’il faudra alors que des patriotes visionnaires soient prêts à prendre la relève.
Rama Yade est Directrice Afrique d'Atlantic Council à Washington DC
OUAGADOUGOU CRIE À LA MANIPULATION APRÈS UNE MANIFESTATION PRO-DROITS HUMAINS À DAKAR
Le Burkina Faso accuse Amnesty International et Coalition sénégalaise des Défenseurs des Droits Humains de tentative de déstabilisation. Il dénonce "les actes de manipulation que ne cesse de poser certains acteurs de la scène internationale"
(SenePlus) - Dans un communiqué rendu public le 24 juin, le gouvernement burkinabè a exprimé son "regret et incompréhension" face au rassemblement co-organisé le 21 juin à Dakar par Amnesty International et la Coalition sénégalaise des Défenseurs des Droits Humains (COSEDDH). Un événement jugé comme une "manipulation des opinions" sur des questions relevant de la politique intérieure du pays.
Les termes employés sont durs à l'encontre d'Amnesty, qualifiée d'"organisation non gouvernementale financée par des officines aux desseins obscurs". Le communiqué dénonce "les actes de manipulation que ne cesse de poser certains acteurs de la scène internationale" et rappelle que "dans le contexte de la situation sécuritaire du pays, la rigueur et la discipline constituent les socles de survie de notre Nation".
Cette réaction musclée fait suite au rapport choc publié par Amnesty le 24 février dernier, accusant les forces de sécurité burkinabè d'"exécutions extrajudiciaires" et de possibles "crimes de guerre". Des allégations qualifiées de "mensongères" par Ouagadougou.
"Le gouvernement n'entend céder ni aux cris d'orfraie, ni aux injonctions d'Amnesty International, dont la réputation a été plusieurs fois ternie par de nombreux scandales", affirme le texte, dans une référence à peine voilée aux polémiques ayant entaché l'ONG ces dernières années.
Au-delà d'Amnesty, c'est aussi la COSEDDH qui est visée par les critiques d'Ouagadougou. Le ministère déplore "son alliance avec une organisation aussi controversée" et juge que la coalition sénégalaise "s'est déjà mise dans une posture équivoque et déshonorante contre un pays frère africain".
Le communiqué termine cependant sur une note d'apaisement en réitérant "les salutations du gouvernement burkinabè au gouvernement et au peuple frères du Sénégal".
Propos recueillis par Saxewar Diagne de SenePlus
FACE AUX EXTRÊMES, UN PROJET D'OUVERTURE
EXCLUSIF SENEPLUS - Un repli nationaliste ferait exploser les tensions au sein de la société et ruinerait l'image internationale de la France. Le combat de ma vie se résume en un mot : la méritocratie républicaine - ENTRETIEN AVEC SAMIRA DJOUADI
Face à la montée des extrêmes, Samira Djouadi porte l'étendard du rassemblement et de l'ouverture dans le cadre des législatives des 30 juin et 7 juillet 2024 en France. Cette candidate d'Ensemble pour la République de la 9e circonscription comptant 16 pays du Maghreb et de l’Afrique Ouest dont le Sénégal, entend bien représenter au Parlement toute la diversité des Français établis à l'international. Elle lève, dans cette interview accordée à SenePlus, un coin de voile sur son programme qui promeut entre autres, une société de la réussite par le mérite et l'emploi.
SenePlus : Quels sont, selon vous, les principaux risques pour la France si l'extrême droite parvient à accéder au pouvoir lors des prochaines élections législatives ?
Samira Djouadi :La France, pays présent sur cinq continents, membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, mère de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, berceau de la francophonie perdrait son âme en perdant ses valeurs universelles. Un repli nationaliste ferait exploser les tensions au sein de sa société et ruinerait son image internationale. En outre, le programme économique du Rassemblement National (RN) est délirant et conduirait à une grave détérioration du pays tant pour le niveau de vie de ses habitants, que pour ses exportations et sa capacité d’innovation la condamnant à un déclin irréversible. Enfin, la menace sur la binationalité constituerait une rupture d’égalité majeure entre citoyens et un déchirement au sein même de nombreuses familles, particulièrement dans notre circonscription.
Vous mentionnez dans votre plateforme une "mobilisation électorale" contre les forces extrémistes. Quelles actions concrètes proposez-vous pour encourager cette mobilisation parmi les Français de l'étranger ?
Dans un premier temps, il faut déjà convaincre les Français qui refusent les extrêmes de voter. Rien n’est joué. Aux dernières législatives, seul 10% de l’électorat s’est exprimé. Beaucoup d’entre eux ne se sentaient pas concernés. Aujourd’hui c’est différent. Contre une extrême droite qui menace de remettre en cause la binationalité et une extrême gauche qui voit les Français de l’Etranger comme des exilés fiscaux à imposer deux fois, la composition de l’Assemblee nationale au soir du 7 juillet sera cruciale. Le risque de bascule vers l’une de ces deux extrêmes est réel. Au-delà des divergences entre les autres sensibilités républicaines, il est temps de se rassembler pour légiférer différemment : davantage de concertation et de consensus. Je sais que le président l’a compris, la majorité sortante aussi et c’est pour cela qu’elle a appelé une personnalité comme la mienne, nouvelle en politique, mais forte d’une expérience de travail en ouverture d’esprit axée sur les résultats. Mais la tâche ne fera que commencer avec l’élection. C’est le lendemain qu’il faudra engager, et pour cinq ans, la rédaction de propositions de loi qui amélioreront la vie des Français au delà des clivages politiques. Plutôt qu’une liste d’actions, c’est ma méthode qui fera ma singularité en s’appuyant sur la consultation constante de mes électeurs pour enrichir le débat parlementaire de la vie quotidienne des Français de la circonscription.
Comment envisagez-vous de renforcer les liens entre les Français de l'étranger et leur patrie tout en contrant les discours de division prônés par l'extrême droite ?
Tout d’abord en m’attaquant aux problèmes spécifiques des Français de l’Etranger : en un mot, il s’agit de rétablir l’égalité républicaine pour assurer qu’ils retrouvent les mêmes droits que leurs compatriotes de l’hexagone : école, santé, sécurité, démarches administratives, attache hexagonale, installation et retour sont des priorités. Ensuite, le combat de ma vie se résume en un mot : la méritocratie républicaine. Si la réussite de chacun est possible grâce à son mérite quelle que soit son origine dans une société de retour au plein emploi, l’extrême droite se réduira à son niveau résiduel historique sous les 5%. La meilleure façon de contrer les discours, ce sont les actions qui donnent des résultats.
En tant que femme franco-marocaine, vous représentez l'unité dans la diversité. Comment prévoyez-vous de promouvoir cette diversité et de lutter contre la xénophobie et le racisme dans l'Assemblée nationale ?
La xénophobie et le racisme sont présents d’abord dans la société tout entière, pas seulement à l’Assemblée nationale. Votre question pourrait laisser penser que je suis 50% Française et 50% Marocaine. En fait, je suis 100% Française et 100% Marocaine. Comme je suis 100% Européenne et 100% Africaine. Et notre circonscription est remplie d’hommes et de femmes comme moi. C’est non seulement en les représentant mais aussi en promouvant leurs initiatives que nous monterons à la France que nous incarnons des solutions et non des problèmes.
Votre programme insiste sur l'importance de représenter équitablement les voix marginalisées. Quelles sont vos principales initiatives pour assurer une représentation juste et équitable de ces groupes au niveau national ?
Ce n’est pas parce que c’est plus difficile que c’est impossible. Une voix marginalisée a besoin de plus de volonté qu’une autre pour qui le chemin est tout tracé. Tout part de la volonté et il est essentiel, par l’écoute réelle de ceux qui se sentent vus comme des marginaux, de leur prouver qu’ils ont leur chance. Pour cela, il faut d’abord sanctionner sans faiblesse par la loi toutes les discriminations. Le « testing » devra entrer dans la loi et cela est inscrit dans notre programme. Ensuite, la culture, l’éducation et la formation continue devront traverser les territoires. J’ai cette expérience au travers de mes actions associatives. Faire de la politique autrement c’est faire travailler ensemble le secteur public, le secteur privé et le secteur associatif. Autant dans l’hexagone qu’à l’étranger. Cela peut paraître utopique mais ça ne l’est pas. Pour une raison simple : parce que ce n’est pas une question budgétaire (et c’est l’argent qui nous manque) mais une question d’habitudes. La démagogie consisterait à vous dire qu’on va augmenter les dotations de l’État sans augmenter la fiscalité. Je laisse ce type de promesses à la démagogie des extrêmes. Il est temps, vraiment temps, de faire de la politique autrement. J’ai la faiblesse de penser que je peux y arriver parce que je serai ancrée dans le pôle central majoritaire. La dissolution de l’Assemblée a été une surprise, je veux être la surprise de la nouvelle Assemblée.
par le chroniqueur de seneplus, Jean Pierre Corréa
ENTRE PRINCIPE DE RÉALITÉ ET URGENCE D’ÉDUQUER
EXCLUSIF SENEPLUS - Même à 10 francs, le chômeur ne pourrait acheté le pain. On dissout les urgences dans la rhétorique populiste. La clé du Projet n’est pas le coût de la vie, mais le goût du travail
« Les jeunes et les citoyens de demain dont nous avons tous besoin devront être autonomes, donc capables de faire des choix et de gérer leur vie sur le plan personnel et sur le plan social, solidaires, parce que capables de se soucier d’autrui, d’agir avec les autres et pour eux, de partager leurs préoccupations, mais aussi responsables parce que capables d’assumer leurs propres actes, de tenir leurs engagements et d’achever ce qu’ils entreprennent, et surtout engagés, parce que capables de s’affirmer par rapport à des valeurs, une cause ou un idéal et d’agir en conséquence ». Quasimodo
Mon ami et brillant passeur d’intelligence, Amadou Tidiane Wone, a dans une de ses récentes chroniques, recommandé aux nouvelles autorités de notre pays de « Rester Focus » sur les demandes des citoyens sénégalais, qui leur ont valu d’être portés aux commandes du pouvoir, forts de cette confiance populaire.
Au demeurant, en un mot comme en mille, le chèque signé par le peuple aux nouvelles autorités investies de sa confiance, pour un premier mandat de 5 ans, n’est pas un chèque à blanc. Il est rempli d’exigences, dont certaines sont livrables immédiatement, et d’autres prendront le temps de réformes profondes qu’il va falloir entamer très rapidement. Autant les changements de personnels aux commandes de plusieurs leviers d’actions sont impératifs, autant le souci de la tenue, stricte, de tous les engagements pris, doit faire l’objet d’une communication gouvernementale millimétrée et d’un souci pédagogique en temps réels. Mieux, les actions liées aux changements de comportements doivent être prises en charge par les 54 % d’électeurs qui ont endossé la responsabilité de la rupture et du changement. Il s’agit, pour chacun et chacune d’entre nous, d’incarner la rupture et de lui donner corps en toutes circonstances. Pour séduire et convaincre les indécis, afin de réduire l’hostilité et la capacité de nuisance des partisans du statu quo ante. En somme, changer, c’est distribuer 17 millions de miroirs aux Sénégalais.
Cela doit être la nouvelle feuille de route du FOCUS 2024. Il faut l’endosser et la conduire.
Au lieu de cela, l’impression se diffuse que le chèque est toujours en blanc, que les tenants du pouvoir seraient encore dans leurs habits d’opposants, et amuseraient la galerie avec des polémiques et menaces inutiles et superflues à éructer lorsqu’on tient les rênes de la décision…. Un tigre ne hurle pas sa tigritude.
Les choses se mettent en place, certes, à la présidence, petit à petit incarnée par le titulaire de cette haute charge, Bassirou Diomaye Faye, qui gagne en sérénité quand son premier ministre Ousmane Sonko, continue à se battre contre, comme Don Quichotte, des moulins à vent. Pourtant le Projet semblait ficelé depuis des années, imaginé et mis en musique par des milliers de Sénégalais Patriotes à travers le monde. Ce Projet, aux allures d’Os de Mor Lam, attend d’être servi…
Au lieu de mettre les Sénégalais au travail, nous nous complaisons encore et toujours dans ce qui les rassure démagogiquement, satisfaire leurs goûts à la quasi gratuité, à savoir baisser le coût de la vie, vieux serpent de mer, qui symbolise nos incapacités chroniques à persuader nos concitoyens que la clé du Projet, n’est pas le coût de la vie, mais le goût du travail. Le pain à 10 francs ne sera pas pour autant acheté par un chômeur. Donc, l’urgence, c’est éduquer, former, outiller et insérer, devise d’un ministère central de cette révolution attendue, celui de la formation professionnelle, pierre angulaire de la construction de ce nouveau pari : Eduquer et former, urgemment.
La seule urgence qui vaille : Eduquer notre jeunesse.
Par quel mécanisme de la pensée, l’idée-même de faire une impasse sur l’avenir de nos jeunes gens, peut-elle s’imposer à des esprits responsables ?
Je pense à ceux qui gouvernent cette jeunesse ni éduquée, ni instruite, ni informée, qui est affalée toute la journée contre le mur qui soutient leur colonne vertébrale, à deviser sur Mbappé, Sadio Mané, Wally Seck ou Bathio Ndiaye, ou mieux à agonir d’injures les nouvelles autorités, seules responsables selon eux de leur inactivité et de leur désœuvrement endogène, et me dis que ces hommes qui auront donc à gérer ces zombies sont vraiment dans le brouillard. Aucune formation professionnelle, aucun rêve de vivre dans leur pays, pour la plupart déjà pères de 3 ou 4 mômes dont ils ignorent jusqu’au prénom, ces jeunes qui revendiquent deux cerveaux dans les biceps et un muscle dans le cerveau sont la poudre de la bombe qui va nous péter à la gueule dans une dizaine d’années. La mèche est allumée déjà. On le sait. Mais on ne veut pas voir. On repousse les urgences, on les dissout dans de la rhétorique populiste. Face à cette mèche qui approche du détonateur, un « Homme d’Etat » se doit de gouverner pour les générations futures, alors qu’ils ne savent endosser que le costume étriqué de l’homme politique qui n’est préoccupé que par sa réélection. Se faire rattraper par les principes de réalité, est en fait une bonne chose.
Cela leur permettra de mettre l’accent sur l’agriculture qui va conditionner notre indépendance alimentaire, ou sur l’éducation et la formation, qui vont garantir l’emploi ? A-t-on décidé que ces plans tirés sur la Comète devaient être réalisés par une jeunesse mieux formée, citoyenne, éduquée et patriote, et qu’il fallait mettre le paquet sur une jeunesse instruite et en bonne santé ? Comment va-t-on remettre les Sénégalais au travail, et surtout dans les champs ? Comment va-t-on persuader ce jeune homme ou cette jeune fille qu’ils peuvent retourner dans leurs villages, où les attendent des vrais projets de développement, ce qui leur éviterait de passer leur vie à être pourchassés par ceux qui rêvent naturellement et très justement d’avoir des trottoirs et des rues dignes d’une capitale ? Comment va-t-on faire croire au jeune homme amoureux d’une jeune fille, que pour espérer l’épouser, il ne se sentira pas condamné à prendre les « pirogues de notre plus dramatique échec » ?
Mais il y a longtemps qu’ils ne transpirent plus nos dirigeants. Quand vous voyez, Obama, Macron, qui six mois après leur élection, être couverts de cheveux blancs, du fait de leurs responsabilités les engageant à chaque signature, on est tenté de les comparer aux nôtres, qui tout au contraire, grossissent, claircissent et dégagent de la tranquillité, celle de l’irresponsabilité assumée… Depuis Abdou Diouf, qui avait eu à gérer les ajustements structurels, et dont la chevelure avait subitement blanchi, Wade étant hors concours du fait de calvitie permanente, aucun des hommes en responsabilité dans notre pays ne porte les stigmates du stress de la gouvernance…
Soyons encore plus proches et convaincus de nos talents et travaillons juste à remettre les choses à l’endroit pour que ce pays soit un des plus beaux du monde. Parce qu’il y fait bon vivre. Mais il faut de la Culture pour le savoir.
par l'éditorialiste de seneplus, Arona Oumar Kane
COMPRENDRE LE BUDGET DE LA NATION
EXCLUSIF SENEPLUS - Héritage difficile pour le nouveau gouvernement qui exécute un budget déséquilibré, sans le rectifier. Décryptage des rouages complexes de la gestion des finances publiques
Arona Oumar Kane de SenePlus |
Publication 25/06/2024
Synthèse de la Loi 2023-18 portant Loi de finances 2024
La Déclaration de Politique Générale du nouveau chef du gouvernement sénégalais est attendue dans les jours ou semaines à venir. La question du budget sera sans doute un des sujets importants qui seront abordés par le Premier ministre M. Ousmane Sonko lors de son adresse à la représentation nationale.
Il s’agit, en effet, d’un sujet crucial qui concerne tous les citoyens, car relatif à la façon dont notre argent, à nous tous, est géré par les autorités administratives. Seulement voilà, les textes de lois de finances qui définissent le budget de la Nation sont d’une telle complexité que seuls les spécialistes des finances publiques ou ceux qui se donnent la peine de les étudier sérieusement, c’est notre cas, sont en mesure d’en saisir tous les aspects. Ceci est d’autant plus regrettable que cette méconnaissance des mécanismes du budget et leurs implications dans la vie nationale est un terreau favorable à la mal gouvernance, qui conduit nos gouvernements à faire un peu n’importe quoi avec nos ressources financières sans être challengés par leurs administrés que nous sommes.
Pour aider le citoyen lambda à avoir une meilleure compréhension du budget et briser cette logique de méconnaissance généralisée de la gestion du budget, nous avons conçu un modèle de synthèse du texte de loi de finances. Cette synthèse devant permettre, grâce à des graphiques et des schémas simples sur une seule page et d’un glossaire, d’en saisir les points saillants et de comprendre la signification des principaux agrégats de la loi de finances, leurs interconnexions et leurs implications.
L’objectif poursuivi dans cet article, et ceux que nous que publions régulièrement, est de permettre une meilleure veille citoyenne sur la gouvernance de nos ressources et d’éclairer le débat public sur des aspects méconnus de la gestion budgétaire. Cela permettra, en l’occurrence, d’éviter la manipulation, en particulier de ceux qui comparent déjà la gestion budgétaire des nouvelles autorités avec la leur quand ils étaient au pouvoir. Le nouveau gouvernement ne fait en réalité, jusqu’ici, qu’exécuter le Budget dont ils ont hérité, ce qui est d’ailleurs regrettable. Une loi de finances rectificative aurait dû être présentée avant toute chose, au vu du déséquilibre scandaleux qui continue d’y avoir entre les dépenses de fonctionnement et celles consacrées à l’investissement.
Nous espérons qu’avec cette synthèse graphique, ces enjeux seront mieux cernés par nos concitoyens.
Notes explicatives
Loi de Finances La loi de finances est une loi adoptée par le parlement qui détermine, pour une année civile, la nature, le montant et l'affectation des ressources et des charges de l'État (les recettes et les dépenses). Elle est le principal instrument de la politique budgétaire et fiscale de l'État.
Loi de Finances Rectificative Une loi de finances rectificative modifie, en cours d'année, les dispositions de la loi de finances initiale. Elle permet d'ajuster les prévisions de recettes et de dépenses en fonction des évolutions économiques et financières imprévues.
Budget Général Le budget général du Sénégal représente l'ensemble des ressources et des charges de l'État pour une année budgétaire donnée. Il inclut toutes les recettes collectées et les dépenses effectuées par le gouvernement dans le cadre de ses fonctions économiques et sociales.
Comptes Spéciaux du Trésor Les comptes spéciaux du Trésor sont des comptes spécifiques gérés par l'État en dehors du budget général. Ils sont utilisés pour des opérations financières particulières qui nécessitent une comptabilité distincte. Ils s'équilibrent en recettes et en dépenses.
Budget Initial Le budget initial correspond au montant arrêté dans la loi de finances initiale. Ce montant est égal aux dépenses prévues, augmentées de l’amortissement . En principe, l'amortissement n'est pas censé être pris en compte dans le Budget, mais cette synthèse reflète les chiffres validés par la Loi de Finances initiale 2024. L’autre particularité de ce budget 2024, c’est qu’il succède à un autre budget initial sans loi de finances rectificative entre les deux, malgré les gros écarts entre les réalisations à fin 2023 et les prévisions de la loi de finances initiale. Une responsabilité conjointe du gouvernement sortant, de l’Assemblée nationale et de la Cour des Comptes, et un manquement qui en dit long sur le sérieux et la rigueur mis dans la tenue de nos comptes publics.
Recettes Les recettes représentent l'ensemble des ressources financières perçues par l'État. Elles se divisent en deux grandes catégories : les recettes internes et les recettes externes.
Recettes Internes Les recettes internes proviennent des ressources générées au sein du pays, incluant les impôts, les taxes, les droits de douane, les redevances et les cotisations sociales. Elles sont cruciales pour le financement des dépenses publiques sans dépendre de l'extérieur.
Recettes Externes Les recettes externes sont les ressources financières obtenues de l'extérieur du pays. Elles incluent les aides financières, les dons obtenus auprès des institutions internationales ou des pays étrangers. A ne pas confondre avec l'emprunt qui alimente la dette.
Dépenses Les dépenses regroupent l'ensemble des décaissements de l'État pour financer ses activités et programmes. Elles se subdivisent en plusieurs catégories, incluant les dépenses de fonctionnement et les dépenses d'investissement, les intérêts et commissions de la dette
Déficit Le déficit budgétaire survient lorsque les dépenses de l'État excèdent ses recettes. Il indique un besoin de financement supplémentaire que le gouvernement doit combler, souvent par l'emprunt. Lorsque les dépenses sont inférieures aux recettes, on parle d'excédent.
Emprunt L'emprunt est une source de financement pour l'État lorsqu'il y a un déficit budgétaire. Le gouvernement emprunte des fonds sur les marchés financiers nationaux et internationaux pour couvrir ses besoins de financement. C’est ainsi qu’une émission d’Eurobonds a été réalisée pour couvrir une partie de l’emprunt prévu dans la loi de finances 2024, arrêté à 2138,4 milliards de FCFA. Notre synthèse montre clairement que cet emprunt, complété entre autres par les Droits de Tirages Spéciaux du FMI avec les conditions que l’on sait, sert beaucoup plus à rembourser d’autres dettes qu’à financer le déficit et donc les investissements qui auraient dû être le réceptacle exclusif de la dette.
Amortissement L'amortissement représente un montant versé aux créanciers de l'Etat pour réduire l'encours de la dette. En principe, l'amortissement devrait se faire avec la croissance générée, grâce aux recettes internes. Mais quand la dette contractée n’est pas utilisée à bon escient pour alimenter de l’investissement productif mais exposée à la gabegie et aux détournements d’objectif, combinés à l’absence d’évaluation de son impact réel sur la croissance, elle ne servira qu’à jouer aux pompes funèbres pour hyènes - suul bukki sulli bukki, les Sénégalais comprennent.
Intérêts de la Dette Les intérêts de la dette sont les paiements périodiques effectués par l'État pour rémunérer les prêteurs. Ils constituent une charge financière liée aux emprunts. Ils sont inclus dans les dépenses ordinaires du budget général ou dépenses de fonctionnement.
Commissions de la Dette Les commissions de la dette sont des frais additionnels associés à la gestion et à la souscription des emprunts. Elles incluent les frais de conseil, de garantie, et d'autres coûts financiers. Ces commissions, souvent noyées par abus de langage dans les appellations “charges financières de la dette” avec les intérêts de la dette, sont de plus en plus élevées car les intérêts et commissions combinés dépassent même le principal remboursé sur certains mois, avec des montants que ne saurait seul expliquer les taux d’intérêt annoncés. Il serait utile que le gouvernement ou une commission d’enquête parlementaire se penche sur ces commissions pour en connaître la structure exacte et les bénéficiaires. On ne peut continuer à verser des centaines de milliards de FCFA de commissions sans savoir exactement à qui, à quel titre et si le service rendu est à la hauteur de ce coût exorbitant.
Service de la Dette Le service de la dette englobe l'ensemble des paiements effectués pour honorer les emprunts, incluant l'amortissement, les intérêts et les commissions. C'est une part importante des dépenses de l'État.
Dépenses de Personnel Les dépenses de personnel concernent les salaires et les rémunérations versés aux fonctionnaires et employés de l'État. Elles constituent une part significative des dépenses de fonctionnement.
Achats de Biens et Services Ces achats couvrent les dépenses liées à l'acquisition de biens et de services nécessaires au fonctionnement des administrations publiques, tels que les voitures, les biens immobiliers, les voyages, l'organisation d'évènements.
Transferts Courants Les transferts courants incluent les subventions, les dotations aux institutions constitutionnelles, aux entreprises publiques et aux collectivités territoriales, les aides sociales et les autres paiements de transfert effectués par l'État sans contrepartie directe.
Dépenses de Fonctionnement Les dépenses de fonctionnement, ou dépenses ordinaires, regroupent l'ensemble des coûts nécessaires au fonctionnement courant des services publics. Elles incluent les salaires, les achats de biens et services, les transferts courants et la charge financière de la dette.
Dépenses d'Investissement Les dépenses d'investissement, ou dépenses en capital, concernent les fonds utilisés pour financer des projets à long terme, tels que les infrastructures, les équipements publics, et les programmes de développement. Elles visent à améliorer la capacité productive du pays.
Arona Oumar Kane est Ingénieur Logiciel
Bangath Systems - Dakar
Sources:
Loi 2022-22 du 09 Décembre 2022 portant loi de finances pour l’année 2023
Loi 2023-18 du 15 Décembre 2023 portant loi de finances pour l’année 2024
Tableaux de Bord de l'Économie Sénégalaise par la DPEE
Calculs et Analyses avec SIADE, Système Intégré d’Analyse de Données Économiques par Bangath Systems
Document de Programmation Budgétaire et Economique Pluriannuelle 2025-2027
À LA PEINE, LES OLYMPIENS SÉNÉGALAIS CRIENT LEUR MANQUE DE MOYENS
Qualifiés pour les Jeux Olympiques de Paris, ils espéraient enfin voir leur dévouement récompensé. Mais les athlètes du pays font face à l'indifférence des autorités. Conditions d'entraînement déplorables, précarité financière...
(SenePlus) - Au Sénégal, être un athlète qualifié pour les Jeux Olympiques ne garantit malheureusement pas un soutien adéquat. C'est le constat amer dressé par de nombreux sportifs sénégalais dans un récent reportage du journal Le Monde.
Bocar Diop, taekwondiste de 25 ans, fait partie des 11 athlètes sénégalais qualifiés pour les JO de Paris 2024. Pourtant, comme le rapporte Le Monde, "il pensait qu'être sportif de haut niveau avec une qualification aux JO changerait un peu sa vie, c'est presque pire". Malgré une promesse de bourse de 4500 euros du Comité national olympique sénégalais (CNOSS), celle-ci ne lui est toujours pas parvenue. Sans budget, il ne peut pas s'offrir de stages d'entraînement à l'étranger, cruciaux pour se mesurer à ses futurs adversaires.
Pour se consacrer à l'entraînement, Bocar Diop a dû lâcher son emploi de soudeur. Aujourd'hui sans revenus, il est hébergé par sa fédération dans des conditions spartiates. "Ma famille m'en veut, confie-t-il. Ils ne comprennent pas que je donne tant à mon pays, sans rien en retour."
Ndèye Binta Diongue, escrimeuse qualifiée pour Paris 2024, connaît également d'importantes difficultés financières malgré une bourse du CNOSS de 18 300 euros pour 18 mois. "En France, une fois que j'ai payé mon loyer, c'est terminé", déplore-t-elle auprès du quotidien. Pour partir en stage, elle a dû recourir à une cagnotte en ligne.
Cette précarité contraste avec l'ambition du Sénégal d'être "une nation de sportifs", comme le souligne le champion d'Afrique du 110m haies Louis-François Mendy, cité par Le Monde : "Pour faire du haut niveau, il faut des moyens et des infrastructures de qualité. Malheureusement, nous ne faisons pas partie des préoccupations politiques."
Face à ces critiques, le CNOSS assure plancher sur un projet de loi visant à mieux rémunérer les athlètes d'élite. "Nous travaillons avec le gouvernement sur le Code du sport sénégalais. Dedans, il y aura un statut pour les sportifs de haut niveau avec une rémunération prévue", promet son secrétaire général Omar Sedima Diagne, cité par Le Monde.
En attendant, le manque de moyens continue d'entraver les rêves olympiques de nombreux sportifs sénégalais, contraints de choisir entre précarité et exil à l'étranger. Une réalité à laquelle ce pays réputé pour ses champions fait tristement face.
Par Hamidou ANNE
LE MEURTRE PERMANENT DU JUGE BABACAR SEYE
Un ancien hors-la-loi multirécidiviste est devenu une référence en matière d’hydrocarbures. Il est devenu un personnage adoubé, invité, enfilant même le costume de chroniqueur régulier pour des chaînes peu regardantes sur l’éthique
C’est avec un grand déchirement que j’ai lu cette semaine la lettre adressée par la famille du juge Babacar Sèye aux organes de presse de notre pays. Dans celle-ci, sa veuve et ses proches demandent aux journalistes de ne plus inviter le meurtrier de leur père, après avoir exprimé le drame que chaque apparition de cet homme provoque dans la famille. J’ai personnellement à plusieurs reprises, interpellé des amis journalistes sur cette propension à ouvrir leurs plateaux et ondes à ce sinistre individu.
Après avoir assassiné froidement un juge, il a été condamné par la Justice. Il a fallu l’arrivée au pouvoir de Abdoulaye Wade, son ancien leader en politique, pour qu’il bénéficie, avec ses complices, d’une loi d’amnistie dont les péripéties -de l’adoption au vote avaient divisé le pays et provoqué une forte levée de boucliers aussi bien auprès des organisations politiques que dans l’opinion. Finalement la loi Ezzan est passée, les anciens condamnés sont sortis de prison.
Le Sénégal a changé depuis. La vulgarité et l’impudeur se sont installées dans l’espace public et se sont même fortifiées avec le temps, du fait notamment du peu d’exigence dont l’opinion fait montre. Un ancien hors-la-loi multirécidiviste est devenu une référence en matière non pas de gangstérisme, mais…d’hydrocarbures. Il écume les plateaux de télé et les studios de radio pour dérouler sa science infuse sur le sujet et sur tous les autres liés à la gouvernance publique. Un jour, invité de deux jeunes journalistes, ces derniers le présentent comme un héros qui a été victime d’une cabale judiciaire d’un système -le mot est à la mode - inique et injuste. Il est devenu un personnage adoubé, invité, enfilant même le costume de chroniqueur régulier pour des chaînes peu regardantes sur l’éthique. Aucun rappel à l’ordre des instances compétentes dans une société si permissive avec le désordre, l’individu devient un influenceur très suivi. Une pègre dont la population ne cesse de s’agrandir a envahi les médias pour recouvrir de son vacarme inepte et mensonger les faits. L’objectif est clair et la méthode éculée : armer des mercenaires téméraires mais sans talent pour faire disparaître la vérité au milieu d’un torrent de mensonges et de manipulation
Tout ceci est possible car il faut l’avouer avec tristesse après la sidération : la calomnie, le conspirationnisme et le mensonge ne dérangent guère nos compatriotes qui s’en accommodent volontiers. Le sieur dont je parle comme d’autres «chroniqueurs», s’engouffrent dans la brèche d’une société moralement effondrée pour commettre leurs forfaits. Le mal est fait. L’affreux s’enkyste dans le corps social. Le Sénégal est certainement l’une des seules démocraties au monde où un individu condamné pour un crime aussi odieux, qui est resté comme une tache dans la conscience collective nationale, se balade dans les médias pour donner son avis sur tout. L’individu, avec quelques autres sinistres congénères, en vulgarité et en indécence, a lancé une coalition politique : Le Peuple. Ils ont rejoint Yewwi askan wi ; ces gens que visiblement rien ne répugne, leur avaient ouvert leurs portes. Le même a gagné, après le 24 mars, une respectabilité et une honorabilité qui en font un invité des Assises de la Justice. Un homme qui a le sang d’un juge constitutionnel sur les mains est invité à la même table que des magistrats pour discuter des affaires concernant cette belle vertu qu’est la Justice. On ose tout dans notre pays…Et je renvoie à nouveau à Sureau : «Aucune âme sensible ne contemple l’histoire de son pays sans douleur.»
Il n’est pas aisé de parler de ces gens, de leur offrir ne serait-ce qu’une once d’importance en les citant, tellement ils incarnent le dégout. Mais la lettre des proches de Me Sèye dont j’imagine la souffrance à chaque fois que cet homme apparaît sur leurs écrans, nous engage toutes et tous qui souhaitons un débat public sain, apaisé, dans lequel les incarnations de la défaite de l’humanité n’ont pas leur place. Devoir supporter le passage à la télévision au quotidien, du meurtrier de son père est insupportable. Je ne souhaite à personne de vivre ce châtiment qui est comparable à la cohabitation avec l’horreur.
J’admire la pudeur des propos de la famille Sèye. Je salue leur courage, leur résilience, leur dignité, leur décence et leur sens de l’honneur. Ils sont tout ce que le meurtrier de leur père n’est pas. Ils sont les exemples de ce Sénégal d’hier où les valeurs de décence et de pudeur avaient encore un sens.
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LE GOUVERNEMENT DURCIT LE TON FACE AUX MEUNIERS CONTESTATAIRES
Lors d'une conférence de presse offensive, le ministre du Commerce Serigne Gueye Diop a dénoncé les "pratiques commerciales douteuses" des minoteries après leur décision de stopper la production pour protester contre la baisse des tarifs
Le gouvernement a mis en demeure les meuniers de reprendre la production de farine, les exhortant à respecter les nouveaux prix fixés.
« Le gouvernement enjoint les meuniers de continuer la production en conformité avec les prix nouvellement établis. À défaut, il prendra toutes ses responsabilités sans exclure aucune option pour assurer un approvisionnement correct et régulier du marché », a déclaré le ministre du Commerce et de l’Industrie, Serigne Gueye Diop.
L’Association des meuniers et industriels du Sénégal (AMIS) a décidé de cesser la production de farine pour exprimer son désaccord suite à la réduction du prix de la baguette de pain décidée par le gouvernement.
« Le gouvernement du Sénégal condamne fermement cette attitude » de l’AMIS, qui a contesté de manière inattendue « les mesures prises sur la farine », a déclaré le ministre du Commerce et de l’Industrie, en présence du Secrétaire général du gouvernement.
Serigne Guèye Diop s’exprimait lors d’une conférence de presse sur la baisse des prix de la farine. Selon lui, les meuniers ont choisi de suspendre la production et les ventes de farine boulangère dans le but de compromettre l’approvisionnement des ménages en pain.
Il a précisé que la baisse des prix est le fruit de concertations tenues entre le 30 avril et le 20 juin 2024, et validée lors du conseil national de la consommation en présence de 200 participants.
Le ministre a indiqué que la fixation des nouveaux prix de la farine de blé est basée sur des analyses techniques et une structuration des prix prenant en compte l’évolution des coûts du marché international et l’actualisation des autres charges.
Les analyses ont révélé des écarts importants dans les coûts d’approvisionnement des meuniers, avec des coûts CAF (coût, assurance, fret) variant de 241 euros (150 000 francs CFA) à plus de 300 euros (200 000 francs CFA) par tonne.
Serigne Guèye Diop a également pointé du doigt des « surévaluations des charges » par les entreprises de minoteries, dénonçant des pratiques commerciales douteuses assimilables à des actes anormaux de gestion.
Il a précisé que de mars à juin 2024, la subvention ne dépasserait pas 225 francs CFA par sac de 50 kg, et que les calculs pour fin 2024 estiment le coût du sac à environ 15 200 francs CFA. Une éventuelle subvention de l’État ne dépasserait pas 882 francs CFA par sac de 50 kg.
Il a ajouté que l’examen des états financiers de ces sociétés révèle que les activités de minoterie sont très rentables, avec en 2023 des chiffres d’affaires de 110 milliards de francs CFA et des bénéfices variant de 2 à 14 milliards.
Le gouvernement a donc sommé les meuniers de reprendre la production de farine en respectant les nouveaux prix, soulignant qu’il prendra toutes ses responsabilités, « sans exclure aucune option, pour assurer l’approvisionnement correct et régulier du marché ».
« Des évaluations sont en cours pour répondre aux préoccupations concernant les stocks. Enfin, compte tenu des pratiques commerciales douteuses mentionnées, l’État entreprendra des missions de vérification au niveau des minoteries », a conclu le ministre.