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25 novembre 2024
Développement
Par KACCOOR BI - LE TEMOIN
SALAM, SALAM, SALAM
Citoyens de ce charmant pays, notre commune volonté de vivre ensemble part en vrille. Durant deux ans, et sans interruption, la nation sénégalaise a vécu dans un sentiment de peur et de division avec des blessures qui peinent encore à se cicatriser.
Citoyens de ce charmant pays, notre commune volonté de vivre ensemble part en vrille. Durant deux ans, et sans interruption, la nation sénégalaise a vécu dans un sentiment de peur et de division avec des blessures qui peinent encore à se cicatriser.
On passe sur la rébellion casamançaise, vieille de plus de quarante ans et toujours latente. Ce pays que nous partageons, et que d’autres voyaient dans l’abime, a besoin d’une nouvelle respiration. De se reconstruire et travailler pour arriver à une véritable émergence. Ce au moment où on entre dans la phase d’exploitation de nos ressources pétrolières et gazières. Ce dont ce pays a le plus besoin et qui est vital, c’est de paix afin qu’il continue de demeurer cette terre de Téranga qui constitue son identité. Voir deux communautés que tout devrait unir s’exterminer, ça nous fend le cœur et ça nous désole. Surtout quand un tel spectacle se produit un jour où l’on passe des messages de paix et où l’on demande pardon à son prochain.
Cet épisode de violences en terre Fouladou est hautement condamnable surtout qu’il oppose deux communautés musulmanes. Un mort et une vingtaine de blessés, des concessions brûlées : tel est le bilan de ces affrontements entre des frères qui partagent la même religion, le jour de l'Aïd el-Kébir. Les deux chefs religieux des deux communautés belligérantes ont l’impérieux devoir de ramener la paix dans les cœurs en faisant taire ce qui les différencie et en privilégiant ce qui les unit : L’islam ! Ils doivent fumer le calumet de la paix et égrener ensemble leurs chapelets pour le meilleur de leurs ouailles. Déjà, l’idée que l’une de parties viendrait d’un pays frère constitue la preuve qu’il faudrait prendre ce différend avec prudence et tout faire pour ramener la paix.
En prenant la décision d’une fermeture partielle de sa frontière avec le Sénégal, le président Bissau Guinéen, Umaro Sissoco Embalo, cherche à éteindre un feu dont l’embrasement serait difficile à contenir dans une sous-région devenue un cercle de feu en plus de la présence de nuisibles narco trafiquants dont l’objectif est de tuer l’économie du pays. Sans compter que les djihadistes rodent à nos frontières prêts à faire feu de tout bois.
Nos chefs religieux, souvent si silencieux quand le pays vacille, doivent prendre leurs bâtons de pèlerins et faire entendre raison aux deux communautés belligérantes. Lesquelles, encore une fois, ont en partage l’Islam. Il y va de la quiétude de ce charmant pays. Il faut surtout faire taire les voix discordantes des talibés qui ne font qu’attiser le feu et faire entendre celles des deux guides. Lesquels sont seuls en mesure de ramener la paix par un discours responsable et rassembleur…
Par Texte Collectif
TEMPS D’ALERTE
Le Sénégal ne dispose pas de centres d’accueil pour les demandeurs d’asile les plus vulnérables, tels que les femmes enceintes, les enfants non accompagnés et les personnes âgées
Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), 117,3 millions de personnes ont été déplacées de force dans le monde à la fin de 2023, en raison de persécutions, de conflits, de violences ou de violations des droits humains. Parmi elles, 75,9 millions sont des déplacés internes. De plus, les projections actuelles estiment que le nombre de personnes déplacées à cause du changement climatique pourrait atteindre entre 100 millions et 1 milliard d’ici 2050.
En 2023, le Sénégal a accueilli près de 15 000 réfugiés et plus d’un millier de demandeurs d’asile de diverses nationalités, attirés par la relative stabilité politique du pays.
Malgré les efforts des autorités sénégalaises, les demandeurs d’asile font face à des difficultés, notamment pour ce qui concerne la procédure de détermination du statut de réfugié et la reconnaissance des documents par certaines institutions privées.
Pour rappel, est considéré comme réfugié toute personne qui, craignant, avec raison, d’être persécutée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou ne veut se réclamer de la protection de ce pays (Convention de Genève de 1951 et son Protocole additionnel de 1967).
Le Sénégal, signataire de cette convention ainsi que celle de la Convention de l’UA de 1969, a créé la Commission Nationale d’Éligibilité au statut de réfugié par décret n°68-27 du 24 juillet 1968, modifié par la loi n°75- 109 du 20 décembre 1975.
La nécessité de trouver des solutions
Le système d’asile sénégalais présente des lacunes majeures, particulièrement en ce qui concerne la procédure de détermination du statut de réfugié. Les lacunes administratives et procédurales empêchent ceux qui ont besoin de protection d’en bénéficier pleinement. La Commission Nationale d’Éligibilité est souvent très lente, obligeant certains demandeurs d’asile à attendre près de trois ans pour une décision, aggravant ainsi leur situation. ADHA, MET et MIAMSI-SÉNÉGAL saluent les efforts déjà consentis par les autorités sénégalaises, mais reconnaissent que des défis subsistent. À ce titre, une législation fixant un délai pour le traitement des demandes d’asile serait cruciale. Actuellement, le taux d’octroi du statut de réfugié est très bas et les demandeurs d’asile n’ont souvent pas accès à l’aide humanitaire jusqu’à la reconnaissance de leur statut. De plus, le Sénégal ne dispose pas de centres d’accueil pour les demandeurs d’asile les plus vulnérables, tels que les femmes enceintes, les enfants non accompagnés et les personnes âgées.
En outre, le système d’asile sénégalais ne prévoit pas d’instance de deuxième degré permettant aux réfugiés qui le souhaitent de faire appel. Les membres de la Commission étudient les demandes d’asile en première instance et les recours, laissant les demandeurs d’asile sans assistance pendant toute la période d’attente. Pour mieux prendre en charge les réfugiés, certains pays ont mis en œuvre des mesures concrètes. Par exemple, le Togo a créé une commission de recours en 2016, offrant ainsi une seconde chance aux demandeurs d’asile en cas de rejet en première instance.
De nombreux réfugiés rencontrent des difficultés pour obtenir une carte d’identité de réfugié et un titre de voyage. Des documents qui ne sont pas souvent reconnus par certains établissements publics et privés. Une législation clarifiant les procédures d’obtention de ces documents serait une première étape importante, accompagnée de campagnes de sensibilisation pour que tous les fonctionnaires concernés reconnaissent ces documents. Autre écueil, l’impact socio-économique négatif de la pandémie et les mesures de prévention imposées dans la région qui ont commencé à générer des troubles sociaux. Au Sénégal, des milliers de jeunes ont quitté le pays pour fuir l’emprisonnement durant les répressions politiques. Certains ont pris des pirogues de fortune, risquant leur vie en mer, à l’image du célèbre détenu politique Papito KARA qui finira par rendre l’âme par la suite. Les risques et défis spécifiques de protection pour les populations déplacées de force sont donc bien présents.
Les réfugiés et personnes déplacées vivent souvent dans des conditions de surpeuplement et de précarité. Il est important de rappeler que les réfugiés ne quittent pas leur pays par choix, mais par contrainte, fuyant la guerre, la persécution, la discrimination et les violations des droits de l’homme. Ils ont donc besoin d’une protection effective de leur pays d’accueil. Ainsi. ADHA, MET et MIAMSI-SÉNÉGAL encouragent vivement le gouvernement sénégalais à réexaminer sa législation nationale pour pallier les faiblesses de son système d’asile. Ils recommandent également la ratification de la Convention de l’Union Africaine sur la Protection et l’Assistance aux Personnes Déplacées en Afrique (Convention de Kampala) pour mieux prendre en charge les déplacés internes en Casamance. Enfin, ADHA, MET et MIAMSI-SÉNÉGAL suggèrent d’adopter le modèle ougandais, qui facilite l’accueil, la protection et l’insertion des réfugiés en allouant des terres à chaque famille de réfugiés pour la construction d’abris et pour la culture. Pour finir, nous encourageons les citoyens à continuer la lutte contre la spoliation des terres au Sénégal et pour la préservation du littoral. En autorisant des constructions privées pour une minorité privilégiée et en détruisant le littoral, les autorités avaient contribué à accélérer les phénomènes de migration climatique et de déplacements.
SIGNATAIRES :
- Action pour les Droits Humains et l’Amitié (ADHA)
- Mouvement pour l'Ethique et la transparence (MEt)
- Mouvement International d'Apostolat des milieux indépendants (MIAMSI Sénégal).
LES PRÉCISIONS DE L'ADMINISTRATION À PROPOS DES ÉVÉNEMENTS DU CAMP PÉNAL
Des détenus auraient délibérément mis le feu à leurs effets de couchage, refusant de se soumettre à l'appel nominatif. Une enquête a été ouverte pour déterminer la provenance des téléphones portables ayant servi à filmer la scène
(SenePlus) - L'Administration pénitentiaire du Sénégal a publié un communiqué de presse apportant des précisions sur les événements survenus ce mercredi 19 juin 2024 au Camp pénal de Liberté 6. Des images et vidéos choquantes, prises illégalement par les détenus eux-mêmes à l'aide de téléphones portables, ont en effet circulé sur les réseaux sociaux.
Selon les explications officielles, l'incident a débuté lorsque les pensionnaires de la chambre 8 ont refusé de se soumettre à l'appel nominatif, une procédure de sécurité obligatoire. "Ils ont par la suite délibérément mis le feu à leurs effets de couchage", précise le communiqué.
Si ces scènes violentes ont suscité l'émoi et heurté la sensibilité du public, l'Administration pénitentiaire tient à rassurer : "Aucun blessé n'est à déplorer encore moins une perte en vie humaine." Elle affirme que "la situation a été vite maîtrisée par le personnel en service".
Cependant, des questions se posent sur la provenance de ces téléphones portables utilisés pour filmer les événements. Une enquête a d'ores et déjà été ouverte à ce sujet par les autorités carcérales. "Nous condamnons ces actes d'insubordination envers les règles de sécurité", a déclaré un porte-parole, avertissant que "de tels comportements auront des conséquences disciplinaires sévères".
L'Administration appelle également les détenus et l'opinion publique à "respecter les dispositions sécuritaires régissant le fonctionnement des établissements pénitentiaires". Des mesures seront renforcées, avec davantage de fouilles et de surveillance, pour prévenir ce type d'incident.
Si aucune perte en vie humaine n'est à déplorer cette fois, cet événement remet en lumière les défis auxquels sont confrontées les prisons sénégalaises en matière de sécurité et de contrôle.
BISSAU FERME PARTIELLEMENT SA FRONTIÈRE AVEC LE SÉNÉGAL
Le président Umaro Sissoco Embalo dit avoir pris cette mesure par crainte d'une escalade des violences sur son territoire après les affrontements meurtriers entre deux communautés à Médina Gounass lundi dernier en marge de la célébration de l'Aïd
(SenePlus) - Les violents affrontements survenus lundi à Médina Gounass, une ville sainte du sud du Sénégal, entre deux communautés musulmanes rivales ont poussé le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo à prendre une décision forte. Selon des informations rapportées à l'AFP, le chef d'État a ordonné mercredi la fermeture d'une partie de la frontière entre son pays et le Sénégal voisin.
Les heurts sanglants ont éclaté le jour de l'Aïd el-Fitr dans cette localité accueillant chaque année un important pèlerinage de la confrérie tidiane. Ils ont opposé les fidèles du khalife Thierno Amadou Tidiane Ba, appelés les "Futankés", à ceux du marabout Thierno Mounirou Baldé, dénommés les "Gabunkés". Un mort et une vingtaine de blessés ont été déplorés selon les autorités sénégalaises.
"L'une des communautés avait appelé en renfort des peuls Gabunkés vivant en Guinée-Bissau", a expliqué le président Embalo pour justifier sa décision de fermeture partielle de la frontière. "J'ai aussitôt pris cette mesure pour empêcher toute escalade de violence", a-t-il ajouté, précisant que "les forces de sécurité de mon pays veillent au respect scrupuleux" de ces restrictions.
Cette décision vise à circonscrire un conflit aux racines anciennes. Comme le souligne un observateur local cité par l'AFP, "les deux communautés s'opposent de longue date pour le contrôle de la grande mosquée" de Médina Gounass. "Elles s'accusent mutuellement d'être à l'origine des tensions qui ont fait plusieurs morts par le passé".
Rares sont de telles confrontations communautaires d'une telle violence au Sénégal, réputé pour sa tradition de paix entre confréries musulmanes. Médina Gounass, à une soixantaine de kilomètres de la Guinée-Bissau, voit pourtant converger chaque année des milliers de pèlerins tidianes, l'une des plus importantes confréries du pays.
La décision musclée du président bissau-guinéen a ainsi pour objectif de circonscrire un foyer de violences susceptible de dégénérer au-delà des frontières. Elle rappelle les liens étroits entretenus de part et d'autre de la longue frontière de près de 300 km séparant les deux États voisins.
UNE RENCONTRE À FORTS ENJEUX
Bassirou Diomaye Faye débarque à Paris avec l'ambition de remodeler l'héritage postcolonial encombrant avec l'ancienne métropole. Son face-à-face avec Macron s'annonce tendu, sur fond de vieilles rancœurs à dissiper
(SenePlus) - Le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye effectue sa première visite en France depuis son élection. Une visite hautement attendue, dans un contexte de relations tendues avec l'ancien allié français, selon l'expert Pape Ibrahima Kane interrogé par RFI.
Pour Kane, cette rencontre avec Emmanuel Macron est cruciale car "ils ont quand même beaucoup de choses à se dire". D'autant que le président français "traverse quelques difficultés politiques" tandis que le Sénégal connaît "une situation économique pas du tout bonne".
Avant d'envisager l'avenir, il faudra d'abord "purger le passé", estime Kane. Un mois plus tôt, le Premier ministre Ousmane Sonko avait violemment chargé Macron, l'accusant d'avoir "fait le jeu du régime répressif" de l'ex-président Macky Sall. Pour l'expert, "cela doit servir de leçon" afin que les dirigeants occidentaux traitent l'opposition "avec déférence".
Malgré ces récriminations, Kane assure que "les relations ne vont pas être compliquées". Car si Sonko, en tant que chef de parti, peut s'exprimer, "celui qui est aux manettes, c'est Diomaye Faye". Un président réputé posé qui "ne parle pas trop", qualité appréciable "en diplomatie".
Plusieurs dossiers brûlants attendent les deux hommes, à commencer par la base militaire française à Dakar qui fait tousser l'opposition. "La souveraineté du Sénégal est incompatible avec la présence de bases étrangères", martèle Sonko. Une position que partage Kane : "Un État revendique une certaine façon de tisser des rapports avec l'extérieur".
La fermeture de cette base pourrait donc être actée rapidement selon l'expert. "S'ils s'entendent demain, la procédure peut s'accélérer", affirme-t-il, tout en soulignant la complexité logistique d'une telle opération.
Autre épine dans le pied : le franc CFA, hérité de la colonisation. "Le Sénégal est dans une démarche de réforme dans le cadre de la CEDAO", explique Kane, visant à créer une monnaie unique régionale. Mais si cette option échoue, "le Sénégal va revoir sa position".
Enfin, la situation au Sahel et les régimes militaires malien et burkinabè seront abordés. Profitant de ses bonnes relations avec ces juntes, Diomaye Faye pourrait "avoir le point de vue français" et faciliter un dialogue, estime l'expert.
Si Kane écarte un rôle de médiateur, le président sénégalais devra composer avec ces dossiers sensibles. Son objectif : recadrer une relation française jugée à sens unique, mais sans rompre des liens séculaires.
Par Hamidou ANNE
ÉLOGE DE LA PUDEUR
Il y a désormais dans notre pays une fâcheuse tendance à se mettre en spectacle. Les dossiers de l’Etat sont exhibés partout. Ce qui devait rester strictement privé est dévoilé, anéantissant la confiance entre les uns et les autres
Lors de la prière de la Tabaski, l’imam de la mosquée Massalikoul Jinan, Serigne Moustapha Mbacké Ibn Serigne Abdoul Khadre, a consacré son sermon à cette valeur inestimable qu’est la pudeur. Il est revenu sur les trois dimensions de la pudeur : vis-à-vis de Dieu, de son prochain et de soi-même.
Revenant sur les enseignements du Prophète et des grands érudits musulmans dont le fondateur du mouridisme, il a exhumé tous les bienfaits relatifs à la pudeur pour un croyant.
«La pudeur fait partie de la foi en Dieu. Elles sont indissociables», assura-t-il avant de préciser que dans les relations humaines tout court, elle est aussi gage de sagesse et d’équilibre. Cette prêche de l’imam de la Grande mosquée mouride de Dakar est une confirmation une nouvelle fois de ce que la religion est au cœur de notre société. Elle a toujours sécrété une morale et des valeurs dont le rappel est un devoir pour celles et ceux qui guident les fidèles vers les chemins de la félicité.
Cheikh Moustapha est dans son rôle en rappelant cette valeur en disparition dans notre pays. En trônant dans son minbar pour s’adresser aux fidèles présents mais au-delà à toute la Oummah, il a la responsabilité d’enseigner et de rappeler les textes sacrés. Dans son hadith célèbre rapporté dans les volumes du Sounan AtTirmidhi, et authentifié par Cheikh Al-Albani, le Prophète (Psl) a dit : «Les savants sont les héritiers des prophètes.» Les Envoyés n’ont laissé ni argent ni biens matériels mais le savoir qui seul libère, enrichit et élève le croyant.
Le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne rappelle à longueur de livres et de conférences que le plus grand défi de l’islam demeure la lutte contre l’obscurantisme, qui conduit des musulmans à des comportements contraires à la morale religieuse et à la vie harmonieuse en société. Parmi les éléments-clés que confère notamment le savoir, il y a la valeur de la pudeur, surtout dans une époque où la vulgarité devient une quasi norme. Cette époque aussi est celle de l’exubérance, de l’absence de tenue et la volonté de toujours se mettre en spectacle. Des personnalités politiques aux hommes de médias ou dans les milieux religieux, il y a désormais dans notre pays une fâcheuse tendance à se mettre en spectacle dès que la caméra d’un smartphone est allumée. Les dossiers de l’Etat sont exhibés partout, par ceux-là dont l’armature intellectuelle et morale est si faible qu’elle ne met en exergue que leur impudeur et leur banalité. Ce qui devait rester strictement privé est dévoilé, anéantissant la confiance entre les uns et les autres. Ceci donne une société où toutes les digues explosent, où la limite est sans cesse repoussée pour un gain d’attention parfois très fugace.
Une heure à suivre les médias, notamment sur internet, renseigne assez sur le caractère désormais éculé de la pudeur, suppléée dans la conversation médiatique par le bruit, l’outrance et les coups d’éclat. Les politiques, sur qui repose pourtant la responsabilité de proposer des idées émancipatrices, rivalisent d’ardeur dans la médiocrité et l’absence de tenue. Mais ils sont les produits d’une société qui désormais normalise cette posture. Des émissions entières sont proposées à la radio (surtout le matin) pour que des Sénégalais appellent pour exposer leurs problèmes les plus intimes aux oreilles de millions de gens. Problèmes de couple, de famille, d’héritage, de santé, de pouvoir d’achat, etc. Tout est étalé sur la place publique avec une irresponsabilité fascinante. Nos oreilles curieuses et indiscrètes accueillent la misère du pays au quotidien, et tout le monde ou presque en prend un goût malsain et à terme terrifiant.
Dans son homélie, l’imam Cheikh Moustapha Mbacké s’adresse à nous tous et nous invite à une introspection, à une remise en question sur nos mœurs et sur nos rapports sociaux. Il insiste sur le fait qu’un individu sans pudeur s’enfonce dans l’irresponsabilité car il ne mesure ni les actes qu’il pose ni l’émotion que ceux-ci provoquent. Il finit en rappelant que la pudeur est un marqueur fort de l’humanisme par ces mots : «Si tu es dépourvu de pudeur, c’est comme si tu manquais d’humanisme.» Je souhaite que son sermon si plein de sens et si puissant soit entendu et suivi d’actes par ceux-là qui font au quotidien preuve d’une extrême impudeur alors qu’ils doivent servir d’exemple.
Sur un plan plus personnel, c’est toujours avec une grande joie que j’écoute l’imam Moustapha Mbacké dont j’apprécie l’esprit de sagesse et l’ouverture. C’est un homme religieux qui ne se contente pas de sa natte de prière et de son chapelet. Il est ouvert sur le monde, au cœur des conversations et des bruits qui agitent la société et préfigurent le présent et l’avenir.
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LE DISCOURS RELIGIEUX À L'ÉPREUVE DE LA MODERNITÉ
Aspirant à plus d'ouverture et de tolérance, les jeunes Sénégalais utilisent les réseaux sociaux pour exprimer leurs questionnements. Une fracture générationnelle se creuse, appelant les autorités religieuses à se réinventer
Dans une intervention remarquée sur RFI, Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute, a partagé les résultats d'une étude révélatrice menée par son institut sur "La place et le rôle des acteurs religieux dans le jeu électoral au Sénégal". Un constat fort se dégage : la jeunesse sénégalaise prend ses distances avec le discours religieux classique.
Selon M. Sambe, une véritable fracture générationnelle se creuse. Les jeunes Sénégalais aspirent à un islam progressiste, en phase avec leur réalité contemporaine. Lassés des interprétations traditionnelles, ils remettent en cause certaines pratiques établies et réclament une vision réformiste de la religion, prônant l'ouverture et la tolérance.
Cette soif de modernité se manifeste notamment sur les réseaux sociaux, devenus une tribune pour exprimer leurs opinions et leurs questionnements. La jeunesse sénégalaise appelle de ses vœux un discours religieux renouvelé, accessible et en adéquation avec ses préoccupations actuelles.
Face à ce vent de changement, le rôle des leaders religieux s'avère crucial. Bakary Sambe souligne l'importance de leur engagement pour transmettre un islam modéré, promoteur de valeurs telles que la tolérance et le vivre-ensemble. Une modernisation du discours s'impose pour maintenir un lien fort avec la nouvelle génération.
Cette prise de distance des jeunes vis-à-vis du discours religieux classique témoigne d'une évolution sociétale profonde au Sénégal. La jeunesse, porteuse d'aspirations nouvelles, réclame une réinterprétation de la religion, en phase avec son époque. Un défi de taille pour les autorités religieuses, appelées à se réinventer pour rester en phase avec cette génération avide de changement.
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PERCÉE INÉDITE DE L'EXTRÊME DROITE CHEZ LES FRANÇAIS D'AFRIQUE
Les listes de Le Pen et Bardella sont arrivées en tête dans une dizaine de capitales, dont Libreville, Kinshasa et Antananarivo, supplantant la gauche. Cela pourrait s'expliquer par leur proximité idéologique avec la mouvance souverainiste panafricaine
Dans une intervention remarquée, François Soudan, directeur de la rédaction du magazine Jeune Afrique, a disséqué la percée inattendue de l'extrême droite française lors des élections européennes du 9 juin dernier auprès des expatriés résidant sur le continent africain.
Contre toute attente, les listes retenues par Marine Le Pen et Jordan Bardella sont arrivées en tête dans une dizaine de capitales majeures comme Libreville, Kinshasa ou Antananarivo, délogeant la gauche traditionnellement préférée. Un phénomène d'autant plus paradoxal que ces partis à la rhétorique xénophobe ont séduit les Français établis à l'étranger.
Selon François Soudan, ce vote protestataire s'explique par "le désarroi" et "le sentiment de déclassement" d'une partie de cette diaspora face à "l'illisibilité de la politique d'Emmanuel Macron" en Afrique. Les retraités se sentiraient particulièrement précarisés.
Mais au-delà de ce rejet, l'analyste pointe aussi la proximité idéologique entre l'extrême droite et la mouvance souverainiste panafricaine. Si Marine Le Pen et Jordan Bardella ont une « connaissance approximative » du continent, essentiellement par le prisme migratoire, certaines de leurs propositions font écho localement.
Le RN prône ainsi la dénonciation des accords migratoires avec l'Algérie, remet en cause le franc CFA, réclame un siège permanent pour l'Afrique à l'ONU, et dénonce les ingérences militaires françaises passées. Un discours anti-impérialiste qui trouve une audience chez les nationalismes africains, malgré les relents racialistes du RN.
Pour se faire entendre, l'extrême droite mise notamment sur quelques relais d'influence comme Louis Aliot, focalisé sur l'Afrique centrale ou l'homme d'affaires Philippe Bonne qui a organisé le voyage controversé de Marine Le Pen au Sénégal en 2022 .
Une dynamique inattendue qui bouleverse les rapports de force traditionnels et pose la question du positionnement de la France vis-à-vis d'une partie de sa diaspora en Afrique, séduite par une rhétorique souverainiste aux accents xénophobes et racialistes.
DIOMAYE-MACRON, L'HEURE DE VÉRITÉ
Les liens complexes entre Dakar et son ancienne puissance coloniale mettront à l'épreuve les ambitions réformatrices du président en déplacement à Paris ce mercredi. Les dossiers de la monnaie et du partenariat militaire sont de vrais tests
(SenePlus) - Dans sa première visite officielle hors d'Afrique depuis son investiture en avril, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye se rend à Paris ce mercredi pour afficher sa vision souverainiste, mais dans un contexte de liens profonds et complexes entre le Sénégal et son ancienne puissance coloniale, rapporte l'AFP.
"Le chef de l'État sera convié à un déjeuner par son homologue français", a indiqué la présidence sénégalaise, précisant que M. Faye participera au préalable au Forum mondial pour la souveraineté et l'innovation vaccinales à l'invitation de Gavi et de l'Union africaine.
Cette visite revêt un symbole fort pour le dirigeant panafricaniste de gauche de 44 ans, élu en mars sur la promesse d'une "rupture" avec l'ancien système. "Se déclarant panafricaniste de gauche, il a affirmé sa volonté de partenariats mutuellement bénéfiques à l'international", souligne l'AFP.
Pourtant, les relations entre Dakar et Paris sont historiquement denses, la France revendiquant d'être "le premier investisseur et bailleur d'aide publique au développement au Sénégal". Une présence remise en cause par le camp présidentiel, à l'image du Premier ministre Ousmane Sonko, ancien mentor de Faye.
"M. Sonko a accusé en mai l'Elysée d'avoir incité à la "persécution" d'opposants sous l'ancienne présidence sénégalaise", rapporte l'AFP, ajoutant que "MM. Sonko et Faye étaient encore en prison 10 jours avant la présidentielle".
Au cœur des discussions à venir, l'avenir du partenariat militaire franco-sénégalais cristallise les tensions. "M. Sonko a également jugé la présence de bases étrangères au Sénégal "incompatible" avec la souveraineté nationale", alors que "la France dispose de plusieurs emprises militaires à Dakar" et a entamé un désengagement sur le territoire.
Au-delà, la réforme de la monnaie, le franc CFA, héritage colonial, ou encore l'alignement du Sénégal sur le Mali et le Burkina Faso, qui ont "tourné le dos à la France", selon l'AFP, pourraient être sources de frictions.
Quelques mois après son accession au pouvoir, ce déplacement à Paris de Bassirou Diomaye Faye s'annonce comme un véritable test pour mesurer l'équilibre qu'il compte trouver entre ses ambitions souverainistes et le poids des réalités sur le terrain avec l'ancienne puissance tutélaire.
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PARIS ACCUSÉ DE VENGEANCE D'ÉTAT CONTRE LES VOIX DISSIDENTES
Seidik Abba et Niagalé Bakayoko réagissent aux propos chocs d'une ambassadrice de France pointant du doigt des journalistes "anti-français". Ils dénoncent une dérive antidémocratique en porte-à-faux avec les principes fréquemment brandis par la France
Dans un extrait choc de l'émission "Décrypter l'Afrique" de Le Média, le journaliste, auteur et chercheur Seidik Abba et Niagalé Bakayoko, présidente de l'African Security Sector Network, ont vivement réagi aux propos controversés de l'ambassadrice pour la diplomatie publique française en Afrique Anne Sophie Avé. Cette dernière avait en effet pointé du doigt les journalistes Alain Foka et Claudy Siar, les accusant d'alimenter un "discours anti-français" à travers leurs médias supposément financés par des pouvoirs publics.
Une attaque frontale qui soulève de vives inquiétudes quant au respect de la liberté de la presse et du droit à la critique. Seidik Abba dénonce ainsi une forme de "vengeance d'État" à l'encontre des voix dissidentes, citant les cas de Michel Zodzi au Niger qui s'est vu révoquer son visa, ou encore son propre cas où on lui a refusé l'accès à un avion du ministère français, en raison de ses positions critiques.
"Cette forme de vengeance d'État n'apporte rien à la France et peut même contribuer à sa non-popularité", martèle le chercheur, appelant Paris à faire preuve de cohérence en acceptant les critiques, comme elle l'exige d'autres États sur les questionsdes droits humains.
De son côté, Niagalé Bakayoko pointe une grave confusion entre médias d'État asservis et médias de service public indépendants. Elle rappelle qu'en France, si l'État finance certains médias, ceux-ci gardent une ligne éditoriale libre, contrairement aux injonctions du président Macron jugées "préoccupantes".
Un débat brûlant qui met en lumière les défis de l'indépendance des médias et de la liberté d'expression, piliers fondamentaux d'une réelle démocratie. Les mises en garde de Seidik Abba et Niagalé Bakayoko résonnent avec force : la France doit elle-même respecter ces principes si elle veut conserver sa crédibilité et légitimité à les défendre ailleurs.