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29 novembre 2024
Développement
LA DIPLOMATIE DU RÉALISME
La visite de Diomaye à Paris tranche avec "la mode, aujourd'hui, d'être sur le ring avec tous ceux que l'on n'aime pas ou que l'on déteste", estime Jean-Baptiste Placca. Selon lui, "les États peuvent faire affaire sans s'aimer d'amour fou !"
(SenePlus) - Dans un monde interconnecté où "aucun peuple ne se suffit à lui-même", comme le souligne Jean-Baptiste Placca dans son éditorial sur RFI samedi, la visite à Paris cette semaine du nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye marque une étape importante pour les relations apaisées et mutuellement bénéfiques entre le Sénégal et l'un de ses partenaires traditionnels.
Lors de ce déplacement, sa première sortie hors d'Afrique depuis son élection, M. Faye a participé au Forum mondial pour l'innovation et la souveraineté vaccinales, un sujet crucial pour son pays et le continent. Mais c'est sa rencontre avec le président français Emmanuel Macron qui a retenu l'attention.
"N'est-ce pas plutôt surprenant ?" s'interrogeait M. Placca, faisant référence aux "petites inimitiés passées" entre les deux hommes lorsque Diomaye Faye était dans l'opposition. Pourtant, rien d'étonnant selon l'éditorialiste à ce que le nouveau chef d'Etat, "élu par son peuple" et non un imposteur, choisisse d'assumer pleinement son rôle en côtoyant ses pairs sur la scène internationale.
"Toute l'Afrique aime contempler les premiers pas, sur la scène internationale, de ces dirigeants auréolés d'une réelle légitimité du suffrage universel", écrit M. Placca, cité ici mot pour mot.
La visite de Diomaye Faye à Paris tranche en effet avec "la mode, aujourd'hui, d'être sur le ring avec tous ceux que l'on n'aime pas ou que l'on déteste", comme le déplore l'éditorialiste. Une posture contre-productive qui transforme "peu à peu certains peuples du continent en parias".
Faut-il pour autant y voir un "ralliement" ou une "capitulation" du Sénégal ? Nullement selon Jean-Baptiste Placca : "Les États peuvent faire affaire sans s'aimer d'amour fou !" Il prend l'exemple des relations économiques complexes mais pragmatiques entre la Chine et les États-Unis, deux puissances aux prises avec de "permanentes tensions".
"Tant de peuples prospèrent, aujourd'hui, en n'ayant que des amis, quitte à doser leur proximité avec tel ou tel, au gré des circonstances", argumente l'éditorialiste. Une voie de la raison et de l'ouverture que semblent emprunter Diomaye Faye et son homologue Ousmane Sonko, eux qui "viennent du corps de l'État" et "savent tout du déséquilibre, depuis des lustres, de la balance des paiements du Sénégal".
Même si "une frange de leurs militants" pourrait s'étonner de cette "soudaine" conciliation, le président sénégalais, à la différence de l'opposant qu'il était, "se doit de garder, en toutes circonstances, le sens de la mesure, l'esprit de responsabilité". Le communiqué conjoint publié à l'issue de sa rencontre avec Emmanuel Macron "montre que leur président a été traité avec respect, et que l'avenir de la relation se concevra dans un respect mutuel".
Plutôt que les "tensions permanentes" dommageable, M. Placca voit dans ce rapprochement l'opportunité pour le Sénégal de "tirer de nouveaux avantages" de ce partenariat historique, à l'heure où le pays s'ouvre à la "manne pétrolière et gazière". Une diplomatie pragmatique, dans la lignée de ces "peuples [qui] prospèrent" aujourd'hui grâce à des liens apaisés avec leurs partenaires, et non en cédant aux "aventureuses carences de lucidité" qui mèneraient à l'isolement.
VIDEO
JACQUELINE FATIMA BOCOUM, LA VOIX DU SURSAUT
Trente après sa naissance, Sud FM accueille sur son antenne la grande prêtresse des médias sénégalais. Celle-ci livre une analyse percutante de la société sénégalaise, pointant du doigt les maux à combattre collectivement
Dans une interview sur Sud FM ce dimanche, Jacqueline Fatima Bocoum, figure du journalisme sénégalais, a lancé un appel vibrant à la transformation sociale du pays. Trente ans après la naissance de cette radio pionnière, Bocoum dessine les contours d'un Sénégal en pleine mutation.
"Notre société est malade, mais le remède est en nous", déclare-t-elle, pointant du doigt le fossé générationnel et les tabous persistants. Armée de ses 230 000 abonnés Twitter, elle utilise les réseaux sociaux comme un scalpel pour disséquer les maux sociétaux.
Bocoum met en lumière la montée discrète mais puissante des femmes dans les sphères décisionnelles, tout en exhortant la nouvelle génération à s'affirmer davantage. "Le slogan 'Goor de projet' (Homme de projet) doit céder la place à 'Jigeen de projet' (Femme de projet)", insiste-t-elle.
Face aux défis économiques et à la tentation de l'exil, elle appelle à une fonte de l'éducation et à une mobilisation collective. "Chacun doit jouer sa partition pour reconstruire le pays", affirme-t-elle.
Dans un monde en ébullition, de la France aux pays voisins, Bocoum prône la prudence diplomatique tout en affirmant la souveraineté sénégalaise. Son message est clair : le Sénégal doit forger son propre destin, fort de sa diversité et de sa démocratie.
LA VALSE INFERNALE DES SAISIES DE COCAÏNE
Le Sénégal n'est plus seulement une plaque tournante du transit de la drogue vers l'Europe, mais voit aussi la consommation locale exploser. Un phénomène inquiétant, révélateur des nouvelles routes empruntées par les narcotrafiquants
(SenePlus) - Au Sénégal, les saisies de cocaïne se multiplient à un rythme effréné ces dernières semaines, révélant l'ampleur du trafic qui transite par ce pays d'Afrique de l'Ouest, rapporte La Croix Afrique. En moins d'une semaine, trois cargaisons représentant des centaines de kilos ont été récupérées par les autorités sénégalaises.
Ce phénomène n'est pas nouveau, mais prend une ampleur inédite. "Les saisies de cocaïne ont explosé ces dernières années au Sénégal. Alors qu'elles étaient quasi nulles entre 2016 et 2019, elles ont augmenté à partir de 2020 avec 120 kg saisis, puis à nouveau en 2021 avec 2 706 kg", indique la base de données de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Face à l'intensification des contrôles sur les routes maritimes traditionnelles reliant l'Amérique latine à l'Europe, les trafiquants se tournent de plus en plus vers l'Afrique de l'Ouest comme zone de transit. Comme l'explique La Croix Afrique, "Ils passent notamment par des groupes criminels brésiliens, qui acheminent la drogue vers l'Afrique de l'Ouest. Elle est ensuite récupérée par des organisations criminelles africaines, qui s'occupent de la livrer à la 'Ndrangheta, la mafia calabraise."
L'essor de ce trafic s'explique par plusieurs facteurs selon l'ONUDC : "L'expansion de la culture de la coca, et des progrès dans les méthodes de transformation ont entraîné une augmentation de la consommation mondiale au cours de la dernière décennie." Un marché de la cocaïne en plein boom que note aussi l'Observatoire français des drogues dans un rapport de mars 2023.
Des chiffres éloquents illustrent cette hausse fulgurante de la consommation. L'ONUDC estime qu'en Europe, 0,5% des 15-64 ans consommaient de la cocaïne en 2000, contre 1% en 2020. Sur la même période, le nombre de consommateurs mondiaux est passé de 13,4 à 21,5 millions.
Pour répondre à cette demande croissante, la diversification des routes d'acheminement devient "un enjeu important pour les trafiquants" analysent les experts onusiens. Le rapport mondial sur les drogues 2023 de l'ONUDC décrit ainsi les nouveaux circuits :
"La cocaïne atteint les deux zones d'arrivée : celle de la côte ouest de l'Afrique et le golfe de Guinée. Ensuite, une partie de la cocaïne poursuit sa route vers le nord, le long des côtes de l'Afrique de l'Ouest et de l'Afrique du Nord. Une autre partie est envoyée par voie terrestre sur la côte méditerranéenne, via le Sahel, et de là probablement vers l'Europe ou peut-être le Moyen-Orient."
Si le Sénégal constitue une plaque tournante, la consommation locale n'est pas en reste. "Il y a quelques années, seulement 5% à 8% de cette drogue entrant au Sénégal restaient dans le pays. Ce taux se situait entre 10% et 17% en 2022", révèle à La Croix Afrique Amado Philip d'Andrés, responsable de l'ONUDC à Dakar.
Le rapport 2023 de l'ONUDC sur la cocaïne souligne qu'au Sénégal, "des mules seraient utilisées pour importer de petites quantités par voie terrestre pour le marché local, afin de conditionner ou transformer la cocaïne en crack, revendu à une clientèle majoritairement urbaine". Une tendance qui gagnerait désormais l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest et australe.
Face à cette menace multiforme, les défis sécuritaires et sanitaires à relever sont de taille pour les autorités sénégalaises et la communauté internationale.
L'HEURE DES GRANDES RÉFORMES DE LA JUSTICE
Diagnostiquée en péril par les Assises, le système judiciaire va subir de lourdes transformations. Ses textes fondateurs comme son organisation seront repensés afin de rendre aux justiciables une institution qui leur rendra justice
(SenePlus) - Après les troubles politiques ayant secoué le Sénégal, le nouveau Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a fait de la réforme de la justice l'une de ses priorités dès son investiture en avril 2024. Comme il l'a souligné, l'objectif est de voir "la Justice Sénégalaise réconciliée avec le peuple au nom duquel elle est rendue".
Pour atteindre cet objectif ambitieux, les Assises de la Justice ont été lancées le 28 mai 2024, sous le thème "Réformes et Modernisation de la Justice". Cet exercice inclusif a rassemblé diverses voix, des magistrats aux justiciables, en passant par les professeurs de droit et les représentants de la société civile.
Comme l'a expliqué Ahmadou Bamba Kasse, rapporteur de la Commission Réformes, "Le constat est unanime que la Justice sénégalaise est inadaptée à bien des égards, inopérante dans d'autres, trop répressive et inefficace aussi bien dans ses finalités que dans certaines de ses procédures."
Parmi les principales recommandations issues des travaux, figurent la limitation des pouvoirs du procureur, l'instauration d'un juge des libertés et de la détention, ainsi qu'une refonte du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) pour le rendre plus autonome.
La nécessité d'une "refondation de la justice" et d'une "césure avec ses symboliques issues de la colonisation" a fait l'objet d'un large consensus, comme l'a souligné le rapport. L'objectif est de faire en sorte que la justice "soit le reflet de nos valeurs propres pour qu'elle soit plus souveraine".
Sur le plan de l'accès à la justice, les recommandations incluent la digitalisation des procédures, la réforme de la carte judiciaire, une meilleure communication dans les langues nationales et l'adoption de la loi sur l'assistance juridictionnelle.
La célérité de la justice est également une priorité, avec des propositions telles que le recrutement massif de magistrats et de greffiers, la suppression de la double phase de conciliation dans le contentieux social et l'élargissement des compétences des Maisons de justice.
En ce qui concerne les codes et textes juridiques, une révision en profondeur est préconisée, notamment du Code pénal, du Code de procédure pénale et du Code de la famille, afin de les adapter aux réalités sociétales actuelles.
Le rapport souligne également la nécessité d'améliorer les conditions carcérales et le régime pénitentiaire, en construisant de nouvelles prisons, en élargissant l'usage du bracelet électronique et en adaptant le régime aux besoins spécifiques des détenus vulnérables.
Concernant les acteurs de la justice, des réformes sont proposées pour la magistrature, le greffe, les huissiers, les éducateurs spécialisés et les avocats. Pour la magistrature, l'accent est mis sur l'autonomisation du CSM et la clarification de la gestion des carrières des magistrats.
Comme l'a déclaré Mor Ndiaye, rapporteur de la sous-commission "Organisation et fonctionnement de la justice" : "Ces constats généraux, fruits de plusieurs heures de discussions, détaillés par des situations d'analyse et ou des expériences malheureuses vécues et rapportées, ont engagé de la part des participants de ce dialogue, des séries de recommandations destinées à un arbitrage du Chef de l'Etat et de son administration."
PAR Patrick Chamoiseau
POUR FAIRE FRONT POÉTIQUE
Il ne s'agit pas d'opposer une contre-économie au tout-économique capitaliste, de la colère à l'arrogance fasciste ou de la véhémence apeurée à sa haine. Il s'agit de se mettre poétiquement du côté de la vie
En cette angoisse où l'extrême droite se rapproche du pouvoir, il est utile que toute conscience progressiste ajoute à l'idée du Faire Front populaire celle d'un Faire Front poétique. La Gauche française, en quête de ferveur unitaire, invoque un passé glorieux : le Front Populaire (1936), et, en filigrane, l'esprit du Conseil National de la Résistance (1943). Ce dernier a su combiner diverses forces politiques pour jeter les bases très humaines d'un État-providence. Le Front Populaire a, quant à lui, imaginé d'inouïes audaces sociales : congés payés, réduction du temps de travail, droits syndicaux...
Ces moments rappellent aux Français que l'intelligence collective transversale peut sublimer un désastre par des élévations humaines. Cependant, notre monde a changé. Les défis actuels exigent de cultiver sinon la nostalgie, du moins le sel de ces périodes : l'effervescence d'une créativité.
La réponse économique
La Gauche française semble répondre à la montée de l'extrême droite en s'entourant d'économistes. L'économie demeure pour elle solaire. La domination capitaliste (avec son dogme du profit économique maximal) est à l'origine des précarités structurelles, pauvretés et misères, qui nourrissent l'anxiété populaire. Il est urgent d'y répondre par des mesures telles que l'augmentation immédiate du SMIC, la taxation des superprofits, le retour des services publics, l'annulation de la loi sur la retraite... toutes provendes capables d'oxygéner une justice sociale. Cependant, organiser la lutte de fond contre l'extrême droite autour de cette seule dimension matérielle serait une folie. Le néo-libéralisme et l'extrême droite peuvent eux aussi faire preuve de compassion sociale stratégique.
Le capitalisme protéiforme a réduit l'humain à son pouvoir d'achat. Partis, syndicats, comités, médias libres, instances de médiations ou de service public, ont été dégradés. La chaîne d'autorité vertueuse qui animait les vieux tissus sociaux (depuis les institutions jusqu'au cadre familial) s'est vue invalidée sous les priorités du Marché. Le travail, autrefois source d'accomplissement individuel par un arc-en-ciel d'activités, a été réduit à un "emploi" monolithique, besogne maintenant précaire, dépourvue de signifiances, qui avale sans ouvrage les exaltations de la vie. Dès lors, cet affaiblissement de l'imaginaire (noué aux précarités existentielles) abîme les individuations en individualismes. Il entretient une peur constante de la déchéance sociale. Il cherche des boucs émissaires, et nourrit des réflexes du rejet de l'Autre, du repli sur soi, de crispations inamicales dessous les vents du globe, avec des hystéries racistes, sexistes, antisémites ou islamophobes, habitant de grands désirs devenus tristes... A cela s'ajoute une raréfaction de la rencontre avec de puissantes stimulations culturelles qui ne relèveraient pas de la simple consommation. Ces involutions néo-libérales génèrent un obscurantisme diffus, sans rêves, sans combats, sans idéaux. Les prépotences moyenâgeuses, les trumpismes démocratiques et les boursouflures de l'extrême droite, y fleurissent. Ce maelstrom hallucinant ne saurait se conjurer sur le long terme par des mesures d'économistes, ni être minoré face aux immanences écologiques.
La nouvelle gauche
Edgar Morin a perçu la complexité de ce défi et appelle à une Gauche plus exaltante1 . Celle-ci embrasse les dimensions éco-sociales, mais enveloppe, de manière tout aussi intense, les aspirations culturelles, symboliques, spirituelles. Elle est laïque et déserte l'écueil du rationalisme, du technocratisme ou de l'économisme, pour une humanisation continue de l'Humain. Elle œuvre aux solidarités des "Nous" qui se rejoignent dans du commun, aux reliances mutualistes de la diversité acceptée, à l'écologie intégrale, à la justice sociale sans frontières, et à la quête de sens ontologique... Elle propose une métacivilisation, riche de toutes les civilisations, où la qualité de la vie prime les entassements consuméristes ; où l'épanouissement humain devient le cœur du Politique ; où la Terre s'exalte en "Patrie fragile et partagée" d'un tragique sublimé. Le capitalisme ne dispose que de valeurs sommaires. Il n'a rien à opposer à celles tout aussi sommaires de l'extrême droite. Cette Gauche nouvelle (post communautés, post colonialiste, post capitaliste, post hégémonie occidentale) disposerait, elle, d'une éthique complexe, vaste, permettant à chacun de s'accomplir dans l'en-commun d'un monde ouvert qui ne serait plus à craindre. Elle porterait bien mieux qu'un souffle. Une poétique de la Relation.
Le poétique humain
Depuis nos terres antillaises, encore échouées sous des vestiges coloniaux2 , nous entendons cet appel. Une telle Gauche ne saurait tolérer que des peuples-nations soient encore déresponsabilisés dans un sigle "Outremer". Le passé de nos pays, marqué par le génocide Kalinago, les plantations esclavagistes, la réification du vivant, nous offre l'archive glorieuse de nos ancêtres. Tombés de l'Afrique, tombés du monde, ils ont opposé à cette domination existentielle (aussi totale que celle du capitalisme d'aujourd'hui), le couperet sans concession du marronnage, mais ils l'ont soutenu par une effervescence poétique, créative et joyeuse... Dessous la mort symbolique de la négation, ils ont projeté l'enthousiasme du vivre, la danse, la musique, la joie, l'amitié, le manger, le boire, la parole individuelle et collective dans de longues veillées nocturnes et des rondes ingénieuses. Ils ont ainsi donné naissance à Césaire, à Fanon, à Glissant... et largement ouvert la voie aux esthétiques contemporaines.
Les plus créateurs d'entre eux auraient auréolé tous les moments de la démocratie d'une couronne poétique. Ils en auraient fait des lieux politiques vivants, où le Boléro de Ravel pourrait côtoyer le So What de Miles Davis ; où les glossolalies des slameurs viendraient se nouer aux lectures des poètes ; où les banquets républicains (appelés de nos vœux) rassembleraient toutes les humanités envisageables. Les moments de vote, les lieux de réunions, ne seraient plus des espaces sévères, mais l'occasion d'une fête multiculturelle sacralisante. Le temps du geste démocratique deviendrait (à l'instar de la Fête de la musique), un moment d'enthousiasme créateur. Car il ne s'agit pas d'opposer une contre-économie au tout-économique capitaliste, de la colère à l'arrogance fasciste ou de la véhémence apeurée à sa haine. Il s'agit de se mettre poétiquement du côté de la vie, dans un monde de culture et de Beauté que les fascistes ne peuvent même pas imaginer.
par Ndongo Samba Sylla et Jomo Kwame Sundaram
LA DETTE PUBLIQUE EST UN SYMPTÔME, PAS UNE CAUSE
L'endettement chronique de la plupart des pays en développement et les crises qui en découlent sont des manifestations de la nature inégalitaire et injuste du système économique et financier international
Ndongo Samba Sylla et Jomo Kwame Sundaram |
Publication 22/06/2024
Les gouvernements des pays en développement sont accusés d'avoir trop emprunté et de manière irresponsable. Le stress de la dette qui en résulte a bloqué les investissements et la croissance dans cet ordre économique mondial inégal et injuste.
La monnaie comme dette
Les mythes sur la dette publique sont légion. Les plus pernicieux considèrent les gouvernements comme des ménages. Par conséquent, un gouvernement "responsable" doit essayer de dégager un excédent comme un chef de famille exemplaire ou d'équilibrer son budget.
Cette analogie est simpliste, infondée et trompeuse. Elle ne tient pas compte du fait que les gouvernements et les ménages ne sont pas des entités monétaires équivalentes. Contrairement aux ménages, la plupart des gouvernements nationaux émettent leur monnaie.
Comme la monnaie est largement utilisée pour les transactions économiques, la dette et les engagements financiers des gouvernements influencent les revenus et l'accumulation de richesse des ménages et des entreprises.
Cette analogie ignore également les principes de la comptabilité en partie double, car les dépenses d'une entité sont les revenus d'une autre, les débits d'une entité sont les crédits d'une autre, et ainsi de suite. Le déficit public est égal à l'excédent du secteur non gouvernemental, qui comprend les ménages, les entreprises et le "reste du monde".
Ainsi, lorsqu'un budget public est déficitaire - les dépenses sont supérieures aux recettes - le gouvernement a créé une richesse financière nette pour le secteur non gouvernemental. Les déficits publics augmentent donc l'épargne privée et la masse monétaire.
Étant donné que seul le gouvernement émet la monnaie nationale, ses dépenses n'évincent pas celles du secteur privé, mais les complètent. La monnaie étant une dette émise par l'État, il ne resterait plus d'argent dans une économie si le gouvernement remboursait toute sa dette !
L'hystérie médiatique autour de la dette publique est donc injustifiée. Il convient plutôt de s'intéresser aux impacts macroéconomiques et distributifs des dépenses publiques. Par exemple, ces dépenses vont-elles générer de l'inflation ou avoir un impact négatif sur la balance des paiements ? Qui en bénéficiera ou qui y perdra ?
Inutile : le ratio dette/PIB
Un autre mythe très répandu soutient que la dette publique au-delà d'un certain niveau n'est pas soutenable ou qu'elle a un impact négatif sur la croissance économique. Des études soutenant ce point de vue ont été discréditées à de nombreuses reprises, y compris par des recherches menées au sein du FMI. Pourtant, le mythe persiste.
Imitant les critères de la zone euro, de nombreux gouvernements d'Afrique de l'Ouest ont fixé des objectifs de politique économique tels des déficits publics inférieurs à 3 % du PIB et des ratios dette/PIB inférieurs à 70 %.
Le ratio dette/PIB indique sans aucun doute les niveaux relatifs d'endettement. Mais, pour le reste, ce ratio n'a aucune utilité analytique. Après tout, la dette publique est un "stock", alors que le PIB ou la production est un "flux".
Supposons qu'un pays ait un revenu annuel de 100 dollars et une dette nulle. Supposons que son gouvernement émette une dette de 50 dollars sur 25 ans, avec des remboursements annuels de 2 dollars. Son ratio dette publique/PIB augmentera soudainement de 50 %.
Cela ne pose aucun problème car le PIB augmentera probablement grâce au regain d’investissements réalisés en même temps que le remboursement de la dette de 50 dollars. Avec un taux de croissance économique annuel de 3 % en moyenne, le PIB fera plus que doubler au cours de cette période.
De plus, la dette publique est toujours soutenable lorsqu'elle est émise et détenue en monnaie nationale et que la banque centrale contrôle les taux d'intérêt.
Avec un ratio dette/PIB de 254 %, le gouvernement japonais ne manquera jamais de moyens pour rembourser sa dette. Contrairement aux pays en développement qui s'endettent en devises à des taux qu'ils ne maîtrisent pas, il sera toujours solvable. Ainsi, le Pérou a fait défaut en 2022 avec un ratio dette/PIB de 33,9% !
Le "mur de Berlin" monétaire
Il existe donc une différence significative entre les gouvernements du Nord - principalement endettés dans leur propre monnaie - et ceux du Sud, dont la dette est au moins en partie libellée en devises étrangères.
Mais les gouvernements du Sud ne sont pas endettés en devises étrangères en raison d'une épargne insuffisante.
Ils peuvent toujours financer toute dépense nécessitant des ressources locales, y compris la main-d'œuvre, la terre, l'équipement, etc. Objectivement, aucun pays émetteur de monnaie ne peut manquer de "financement" pour ce qu'il a la capacité technique et matérielle de faire.
L'endettement chronique de la plupart des pays en développement et les crises qui en découlent sont donc des manifestations de la nature inégalitaire et injuste du système économique et financier international.
Les pays du Sud sont obligés d'accumuler des "devises fortes" - généralement des dollars - pour effectuer leurs transactions internationales. Ce "mur de Berlin" monétaire sépare deux types de pays en développement.
Premièrement, les pays exportateurs nets qui accumulent "assez" de dollars qu’ils investissent généralement dans des bons du Trésor américain à faible rendement, ce qui permet aux États-Unis d'importer des biens et des services de manière quasi gratuite.
Deuxièmement, ceux qui ne gagnent pas "assez" de devises fortes ont recours à la finance transnationale, ce qui accroît généralement leur endettement extérieur. La plupart d'entre eux finissent par se tourner vers le FMI pour obtenir une aide d'urgence, ce qui ne fait qu'aggraver leur situation.
Cependant, comme ils doivent faire face à des conditions prohibitives pour accéder au financement étranger d'urgence, il est difficile d'échapper aux pièges de la dette extérieure.
Paradoxalement, les pays du Sud qui enregistrent des déficits chroniques de dollars sont souvent riches en ressources naturelles. Les institutions de Bretton Woods exigent généralement une austérité budgétaire prolongée et une dénationalisation de l'économie, ce qui compromet les chances des pays en développement d'obtenir une juste rémunération de leurs ressources et de leur travail.
Les abus et la mauvaise gestion peuvent aggraver l'endettement des gouvernements du Sud en devises étrangères, mais ils doivent toujours être compris dans le contexte d'un ordre économique et financier mondial inégal.
Journalistes, sociologues et experts dressent un scénario noir en cas d'accession au pouvoir du RN, mettant en garde contre les menaces pour la démocratie et les plus vulnérables
Dans une émission spéciale aussi captivante qu'alarmante, Médiapart a réuni un panel d'experts pour décrypter les conséquences potentielles d'une arrivée au pouvoir du Rassemblement National (RN) en France. Journalistes, libraires, psychiatres, réalisateurs, sociologues et économistes ont uni leurs voix pour mettre en garde contre ce qu'ils considèrent comme une menace imminente pour la démocratie française.
À dix jours d'échéances électorales cruciales, l'émission a brossé un tableau sombre de ce que pourrait devenir la France sous un gouvernement d'extrême droite. Au cœur des débats : la remise en cause du droit du sol et l'instauration d'une "préférence nationale", deux mesures phares du programme du RN qui, selon les intervenants, menaceraient directement le tissu social du pays.
Les experts ont souligné les impacts potentiellement dévastateurs sur le plan économique et social, avec une attention particulière portée aux populations les plus vulnérables. La suppression de l'Aide Médicale d'État (AME) et la restriction des droits des femmes et des minorités ont été citées comme des exemples concrets des dangers qui guettent.
L'émission a également mis en lumière la stratégie médiatique du RN, pointant du doigt une couverture jugée trop complaisante par certains médias mainstream et l'utilisation habile des réseaux sociaux par le parti pour diffuser ses idées. Les intervenants ont appelé à la vigilance face à ce qu'ils considèrent comme une manipulation de l'opinion publique.
par Youssoupha Mbargane Guissé
L’AGENDA LGBT, UN CASUS BELLI
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous sommes en face d’une entreprise de deshumanisation perfide caractérisée par un profond mépris culturel. Elle est une source grave de conflit majeur dans le monde. L’Occident a franchi la ligne rouge contre l’humanité
L’agenda LGBT a été élaboré sous l’instigation de lobbies maçonniques, de puissants groupes financiers organisés et de réseaux mafieux criminels influents dans tous les secteurs stratégiques, de l’économie, de la recherche et de la technologie, de la communication, de la géopolitique, de la sécurité, etc. Ces groupes ont réussi à prendre le contrôle de la direction historique du capitalisme libéral impérialiste dans ses différents centres d’initiatives et de décisions mondiales. Cette minorité dirigeante qui surexploite la planète au point de la menacer de destruction se présente désormais, selon Noam Chomsky (2020),[1]comme « les maitres de l’espèce ». L’agenda déroulé est une stratégie de réorganisation culturelle du monde dont l’objectif est d’assurer l’hégémonie politique de l’Occident sur les sociétés et nations non occidentales. Le but est de modifier la structure de base du fonctionnement de nos sociétés et d’atteindre leur intégrité en sapant les valeurs morales fondatrices des cultures et des traditions. A défaut de soumettre les peuples et nations du reste du monde par la guerre militaire, la stratégie de domination s’oriente plus activement vers la conquête subtile et dévastatrice des esprits[2] et des corps.
Une stratégie de dissolution par la décadence
La justification prend le prétexte de la défense des droits et de la protection d’une minorité de déviants pervers produits par les contre valeurs qui composent l’ADN du système : l’individualisme absolu, le Dieu argent et le principe de plaisir pervers. Un tel programme conduirait les Africains à une existence humaine dégradée, cause progressive de la décadence irréversible de leurs civilisations. En réalité, c’est un programme génocidaire des peuples au double plan de la dissolution de leur personnalité morale et de la modification de leur identité physique humaine. Nous sommes en face d’une entreprise de deshumanisation perfide caractérisée par un profond mépris culturel. Elle est une source grave de conflit majeur dans le monde, un casus belli, comme l’a souligné récemment avec vérité le président du Parti Pastef, Ousmane Sonko.
La stratégie LGBT s’est fixée deux cibles principales à détruire, les noyaux durs constitutifs de notre existence humaine et de nos identités culturelles : la famille et la spiritualité. Ces deux niveaux concernent l’une, notre organisation sociale vitale et l’autre, notre lien primordial avec le Divin. C’est dans ce cadre que l’éclatement du couple naturel et la dislocation de la famille sont visés. Face à cela, l’islam oppose une résistance radicale, les églises chrétiennes en Afrique manifestent leur opposition résolue. Quant aux religions traditionnelles africaines dont les cosmogonies célèbrent le couple naturel originel, la fécondité et le Vivant-sacré, elles constituent des remparts contre toute menace de dislocation d’origine contre-nature.
La stratégie de communication de masse
La stratégie déploie l’apologie du plaisir pervers à travers une communication massive et multiforme par les Media et réseaux sociaux, les nombreuses applications sur l’Internet et les multiples sites de rencontres. Toute cette infrastructure digitale anime les émotions et les phantasmes, influence de plus en plus la vie intime des populations, désormais soumises à une aliénation quotidienne d’une subtile agressivité. Cette idéologie libertaire et permissive devient dominante et garantit à l’individu le droit de bouleverser toutes les règles et lois considérées désormais comme des tabous, des obstacles à son plaisir personnel sans limites. C’est ainsi qu’une diffusion massive des images de pornographie, des agressions publicitaires par des réseaux de pédophilie et de tourisme sexuel, parasitent le quotidien des enfants, des jeunes et des adultes et dévastent ainsi les sociétés occidentales sous l’emprise de l’Etat capitaliste, le seul et tout puissant Maitre.
La croissance démographique africaine, une menace
L’Agenda LGBT est aussi une composante centrale dans la programmation stratégique de réduction à tout prix de la démographie des populations africaines. En effet sa rapide croissance fait peur, perçue à terme comme un facteur défavorable à l’hégémonie de l’Occident global. Alors sont mis en place plusieurs moyens pour contrer une telle perspective dont la dévirilisation et la féminisation du mâle, la déstabilisation de la famille, la perversion du couple naturel, la désorientation sexuelle et psychologique des enfants, l’annulation de l’autorité parentale, la corruption morale du système éducatif, la vaccination douteuse, etc.
Le projet d’une identité humaine hybride
La mondialisation capitaliste libérale produit une incertitude de position et une incertitude d’identification dans la mesure où par son extension à la planète entière, elle engendre selon Balandier (2000)[3] « une érosion des différences, des configurations d’altérité par lesquelles se manifeste la diversité des cultures et grâce auxquelles se forment les identités ». Dans cette logique la différence biologique de sexe ne serait pas naturelle, mais un tabou, une construction purement culturelle, un obstacle idéologique au champ infini du droit naturel au plaisir pervers. Le capitalisme à ce stade impérialiste a dégénéré en un système puissant d’aliénation, de détérioration de toutes les valeurs qui honorent la vie de l’être humain et fondent sa dignité de créature suprême. Jamais l’humanité n’a été aussi proche de sa négation.
L’animalisation de l’humain
Ayant déclaré Dieu mort et le sacré avec, le corps humain devient objet de manipulations génétiques, le corps de la femme est dénudé, l’homosexualité est sans entraves, le mariage gay et le phénomène transgenre établis, l’adultère admise et organisée, la pédophilie gagne en légitimité, la zoo-sexualité bientôt permise. Cette perversion de la sexualité humaine rabaissée au stade de l’animalité vise à disloquer la cellule familiale, base de la société humaine. L’homme est dévirilisé, féminisé et la femme est déconnectée du couple naturel et réduite à une simple marchandise dans un vaste marché sexuel impitoyable. On aboutit fatalement au stade final de la décadence, au phénomène transgenre qui est de changer de sexe, de statut humain, selon son bon vouloir. C’est comme si le capitalisme libéral fasciné par les possibilités technologiques extraordinaires de l’intelligence, considérait désormais et aveuglement le genre humain comme une masse virtuelle, une matière molle malléable dont on peut modifier à sa guise les catégories, changer les composantes, reconfigurer les positions, déplacer les mouvements pour en créer de nouvelles identités génétiques hybrides vivantes. Avec la fabrique du transgenre, tout indique que l’Occident a franchi la ligne rouge contre l’humanité entière.
La ligne rouge franchie
Tant que ce phénomène de l’homosexualité et d’autres similaires étaient vécus dans la discrétion intime et dans la marge par un petit nombre, les sociétés africaines les considéraient comme des formes pathologiques, objet de traitement traditionnel et de prise en charge au niveau familial. Le suivi à ce niveau pouvait donner des résultats de réintégration sociale. Cela était rendu possible d’autant que les familles et parents des concernés vivaient eux, en parfaite harmonie selon les règles de la communauté. Une certaine tolérance sociale existait donc au lieu du rejet systématique ou de châtiments infligés, car ce phénomène n’avait ni la dimension, ni la capacité de dissoudre la vie de la communauté et ses liens sacrés. Il n’était pas une menace de désagrégation pour elle. Donc le durcissement et le lever de bouclier qui s’opèrent aujourd’hui contre l’adoption de l’Agenda découle de son danger pour la survie des sociétés et des méthodes arrogantes et autoritaires de vouloir l’imposer, mais aussi de la révolte née du soupçon de l’implication de certains cercles dirigeants à sa promotion. Nous assistons alors à un choc des civilisations[4] auquel se greffent des conflits de classe internes dans les pays non occidentaux ou l’enjeu politique est la souveraineté culturelle et l’autonomie nationale.
Contre l’occidentalisation du monde
L’Occident conçoit son modèle de développement, son mode de vie et ses valeurs comme le miroir et la mesure du développement de l’humanité tout entière. Selon Maurice Godelier (1996 : 83),[5] l’Occident s’est attribué « le statut exclusif de producteur de l’universalité ». Toutes les sociétés humaines doivent impérativement se soumette à l’Occident, adopter ses valeurs capitalistes, sa démocratie bourgeoise, ses droits de libertés et ses tares également. C’est pourquoi l’impérialisme libéral occidental accorde à l’homosexualité un statut de valeur universelle et impose sa reconnaissance légale comme un critère majeur du progrès humain et de la civilisation. Cela au point que les rapports de partenariat financiers et commerciaux et les relations diplomatiques avec l’Occident doivent en dépendre. Or les sociétés africaines n’ont nullement de leçon à recevoir de l’Occident capitaliste libéral, s’agissant de tolérance et de respect des droits de l’individu et des minorités. Nos traditions communautaires humanistes ignorent par exemple le régime d’incarcération de la personne humaine, la cruauté et les violences destructrices qui sont la face sombre de l’histoire du capitalisme impérialiste occidental de sa genèse à nos jours.
La question de l’homosexualité révèle sa véritable dimension politique dès lors que l’objectif stratégique de l’Occident impérialiste est l’implosion programmée de nos sociétés. En réalité, l’Agenda LGBT n’est plus simplement cause de guerre, mais est déjà la guerre sur le terrain. Mais il se heurte frontalement à des résistances culturelles souveraines radicales, frontales et sans concession qui vont s’amplifier et certainement peser sur l’issue des luttes politiques à l’échelle mondiale.
Sur le toit du monde
La sauvegarde de l’intégrité de l’humanité, des cultures des peuples et de l’écologie de notre planète, est devenue par conséquent l’enjeu existentiel et civilisationnel de notre temps. C’est pourquoi les Africains du continent et de la Diaspora, à l’instar des autres peuples et nations, doivent, face à la menace d’une occidentalisation permissive du monde,[6]gagner leur souveraineté politique unitaire, sécuriser leur développement autonome et affirmer leur personnalité culturelle. Les politiques publiques doivent préserver la stabilité de la famille et s’appuyer sur nos valeurs d’éducation et de sagesse et sur nos belles traditions de vie commune. Ainsi seulement l’Afrique achèvera la construction féconde de sa propre modernité et rayonnera à nouveau sur le toit du monde.
[1] Noam Chomsky. (2020). La lutte ou la chute. Pourquoi il faut se révolter contre les maitres de l’espèce. Entretiens avec Emran Feroz. Lux Éditeur.
[2] Voir Yves Eudes (1982).La conquête des esprits. L’appareil d’exportation culturelle américain. Paris, éditions François Maspero.
[3] Georges Balandier. (2000). Le grand système. Paris, éditions Fayard.
[4] Samuel. P. Huntington (1996). Le choc des civilisations. Editions Odile Jacob
[5] Maurice Godelier (1996). Anthropologie sociale et histoire locale, in Graphita, revue d’histoire et d’archive de l’anthropologie, n°20, n° 20, p 83.
[6] Serge Latouche (2005). L’occidentalisation du monde. Paris, Editions La Découverte.
NGUGI WA THIONG'O À L’HONNEUR À ATLANTA
Écrivain, dramaturge, pédagogue, ce géant de la littérature continue d'inspirer les nouvelles générations à travers un héritage fait de romans cultes et d'essais visionnaires
(SenePlus.com) - L'article intitulé "Why we are celebrating Prof Ngugi wa Thiong'o," publié dans The Weekend le 22 juin 2024, rend hommage à l'écrivain de renommée mondiale Ngugi wa Thiong'o lors d'un événement spécial organisé par la communauté kenyane en Amérique à Atlanta, en Géorgie.
Contexte et enfance : Ngugi wa Thiong'o a grandi dans le comté de Baringo, où son enfance a été marquée par la colonisation et les luttes pour l'indépendance du Kenya. Son amour pour la littérature a été nourri par les histoires racontées par ses proches et ses lectures d'enfance, y compris les œuvres de Barbara Kimenye et Cynthia Hunter.
Carrière littéraire : Ngugi a fait ses débuts littéraires en tant qu'étudiant à l'université de Makerere en Ouganda, où il a publié son premier roman, "Weep Not, Child". Son deuxième roman, "The River Between", a confirmé son talent et l'a établi comme une voix importante dans la littérature africaine. Il a poursuivi avec des œuvres emblématiques comme "A Grain of Wheat" et "Petals of Blood", qui explorent les thèmes de la lutte pour l'indépendance, la corruption et les désillusions post-coloniales.
Théâtre et engagement politique : Ngugi a également été un pionnier dans le domaine du théâtre, utilisant cette forme artistique pour aborder des questions sociales et politiques pressantes. Son œuvre théâtrale "Ngaahika Ndeenda" (I Will Marry When I Want), coécrite avec Ngugi wa Mirii, a critiqué la corruption et l'injustice, ce qui lui a valu d'être emprisonné par le gouvernement kényan. Pendant son emprisonnement, il a écrit "Detained: A Writer's Prison Diary", un témoignage puissant de ses expériences.
Exil et contributions académiques : Après sa libération, Ngugi a été contraint à l'exil, d'abord au Royaume-Uni, puis aux États-Unis, où il a continué à enseigner et à écrire. Il a occupé des postes académiques prestigieux, notamment à l'Université de New York et à l'Université de Californie, Irvine. Ses essais, recueillis dans des ouvrages comme "Decolonising the Mind" et "Moving the Centre", ont eu un impact profond sur les études postcoloniales et la critique littéraire.
Hommage et reconnaissance : L'événement à Atlanta célèbre non seulement la contribution littéraire de Ngugi, mais aussi son engagement inébranlable pour la justice sociale et la préservation des langues africaines. Des personnalités de la communauté kenyane et des universitaires du monde entier se sont réunis pour honorer son héritage et son influence durable.
Impact et héritage : Ngugi wa Thiong'o est reconnu comme l'une des voix les plus importantes de la littérature africaine contemporaine. Son travail a inspiré des générations de lecteurs et d'écrivains, et son engagement envers la culture et la langue africaines continue d'être une source de motivation et de fierté pour de nombreux Africains et autres à travers le monde.
Cet hommage à Atlanta est une reconnaissance bien méritée de ses contributions significatives à la littérature et à la société, et souligne l'importance de ses œuvres dans le paysage littéraire mondial.
ROKIA TRAORÉ ARRÊTÉE EN ITALIE
L'artiste malienne interpellée suite à un mandat d'arrêt international émis par la Belgique, est poursuivie pour enlèvement de sa propre fille
(SenePlus) - La célèbre chanteuse malienne Rokia Traoré a été arrêtée à son arrivée en Italie vendredi 21 juin, la veille de la Fête de la Musique qu'elle devait célébrer sur scène. Selon RFI, "lors de son contrôle à la frontière, les carabiniers italiens ont rapidement décelé que la chanteuse malienne était sous le coup d'un mandat d'arrêt européen."
Cette arrestation fait suite à un conflit de longue date entre Traoré et son ex-compagnon belge Jan Goossens, un homme de théâtre et ancien directeur du festival de Marseille. "Au centre de leur conflit figure la garde de leur fille, mineure, qui réside avec sa mère au Mali et qui vaut à Rokia Traoré d'être poursuivie par la justice belge, sous le chef d'enlèvement, séquestration et prise d'otage," rapporte RFI.
Les démêlés judiciaires remontent à 2019, lorsque la justice belge a accordé la garde exclusive de l'enfant à son père. Rokia Traoré a fait appel de cette décision, mais elle est accusée de ne pas l'avoir respectée. "La justice lui reproche de ne pas avoir respecté un jugement accordant la garde exclusive de sa fille à son père belge, une décision dont a fait appel Rokia Traoré," précise le média.
Depuis ces poursuites, la chanteuse de renommée internationale a considérablement réduit ses voyages en Europe, se produisant principalement en Afrique. Son arrestation en Italie, où elle était attendue pour un concert intitulé "Vénus en musique" au Colisée, illustre les conséquences juridiques auxquelles elle fait face.