VIDEO"LA NOIRE DE..." : UN CRI CINÉMATOGRAPHIQUE PLUS PUISSANT QUE JAMAIS
Le film qui a brisé le silence imposé au cinéma africain, revient en version restaurée. Cette œuvre pionnière d'Ousmane Sembène n'a rien perdu de sa puissance, cinq décennies après sa création
Dans les salles obscures françaises, un fantôme du passé refait surface, plus vivant et pertinent que jamais. "La Noire de...", chef-d'œuvre d'Ousmane Sembène restauré, s'apprête à secouer une nouvelle génération de spectateurs.
Tourné en 1966, ce film fut une révolution : premier long-métrage d'un réalisateur subsaharien, il a brisé les chaînes du décret Laval, cette loi coloniale qui muselait la créativité africaine depuis 1934.
L'histoire de cette jeune Sénégalaise, prise au piège du rêve français, résonne aujourd'hui avec une force glaçante. Entre les murs d'une villa d'Antibes, c'est toute l'hypocrisie du néocolonialisme qui se dévoile, sans fard ni compromis.
Sembène, visionnaire, brandissait déjà l'étendard de l'afro-féminisme avant même que le terme n'existe. Sa caméra capture la révolte silencieuse d'une femme, symbole de toute une génération prête à s'émanciper.
Cinquante-huit après sa sortie initiale, "La Noire de..." n'a rien perdu de son mordant. Au contraire, il nous tend un miroir dérangeant : les rêves brisés d'hier sont-ils si différents des espoirs déçus d'aujourd'hui ?
Ce film est bien plus qu'une pièce de musée. C'est un cri qui traverse les décennies, rappelant que le combat pour la dignité et l'égalité est loin d'être terminé. À l'heure où l'Afrique cherche encore sa voie, la voix d'Ousmane Sembène résonne comme un appel à l'action.