SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
24 avril 2025
Développement
POUR "UN PARTENARIAT SOLIDE" ENTRE LES COMMERÇANTS MALIENS ET SÉNÉGALAIS
Mohamed Pathé Diarra, conseiller à l’ambassade du Mali au Sénégal, souhaite voir ’’un partenariat solide’’ se nouer entre commerçants sénégalais et maliens, au-delà de la participation de ces derniers à la Foire internationale de Dakar
Dakar, 16 déc (APS) - Mohamed Pathé Diarra, conseiller à l’ambassade du Mali au Sénégal, souhaite voir ’’un partenariat solide’’ se nouer entre commerçants sénégalais et maliens, au-delà de la participation de ces derniers à la Foire internationale de Dakar (FIDAK), dont l’édition 2019 se tient du 5 au 22 décembre.
’’Nous avons eu à visiter les stands du Sénégal et les échanges avec eux nous ont permis de mettre en contact les différents participants du Mali et d’autres pays, afin qu’au-delà de cette foire, un partenariat solide soit noué entre les parties prenantes’’, a-t-il déclaré.
M. Diarra s’entretenait à des journalistes, dimanche, à l’occasion de la journée dédiée au Mali dans le cadre de la FIDAK 2019, axée sur le thème "Industrialisation et transfert de technologies : enjeux et perspectives pour l’Afrique de l’Ouest".
Selon M. Diarra, les commerçants maliens sont dans disposés à nouer des partenariats avec les commerçants sénégalais et d’autres pays.
La foire "n’est pas seulement la vente de marchandises, c’est plutôt le fait de se mettre dans une dynamique de recherche des partenariats, et nous pensons que nos commerçants sont bien lancés dans cette logique’’, a-t-il dit.
Il a dit que de ses échanges avec ses compatriotes présents à la FIDAK, il ressort que ces derniers nouent "des partenariats assez fréquents" à l’occasion de leurs participations à la foire de Dakar.
’’Nous espérons voir cette participation du Mali à la FIDAK" aller crescendo "dans les années à venir’’, a-t-il dit, ajoutant que ses compatriotes sont "satisfaits de l’accueil, des installations et de l’organisation en générale" de la FIDAK 2019.
"ABDOURAHMANE CAMARA A ÉTÉ LA CHEVILLE OUVRIÈRE" DE WAL FADJRI
Jean Meissa Diop, ancien rédacteur en chef de Walfquotidien rappelle avoir eu dans ce média privé un cheminement de 27 ans avec celui qui était appelé affectueusement ’’Camou’’
Le défunt directeur de publication de Walfquotidien, Abdourahmane Camara, décédé dans la nuit de samedi à dimanche au Maroc à l’âge de 65 ans des suites d’une maladie, fut "la cheville ouvrière" de ce quotidien dont la ’’rigueur’’ et la ’’probité professionnelle’’ ont contribué au développement du groupe de presse du même nom, devenu au fil des ans un des symboles de la presse privée sénégalaise, a témoigné de lui Jean-Meïssa Diop, un de ses cadets et compagnons.
M. Diop, ancien rédacteur en chef de Walfquotidien et ex-directeur de publication de WalfGrandplace, un quotidien people né des flancs du premier nommé, a rappelé avoir eu dans ce média privé un cheminement de 27 ans avec celui qui était appelé affectueusement ’’Camou’’. Il dit avoir beaucoup appris de sa "rigueur" et de sa "probité professionnelle".
"Camou a été une cheville ouvrière à Walf. En 27 ans de carrière à Walf, j’ai profité et appris de sa rigueur et de sa probité professionnelle", a déclaré Jean-Meïssa Diop dans un entretien avec l’APS.
Abdourahmane Camara, originaire de Saint-Louis, région du nord du Sénégal, fut avec Tidiane Kassé et Mademba Ndiaye, l’un des pionniers du quotidien "WalFadjri", lancé en 1984 par Sidy Lamine Niasse dont il vient de célébrer le premier anniversaire de la disparition le 4 décembre dernier.
Ils étaient à l’époque de jeunes diplômés du Centre d’études des sciences et techniques de l’information et de la communication (CESTI), 11e promotion.
Jean Meïssa Diop, leur cadet de trois ans au CESTI, dit retenir de son aîné "la rigueur dans l’expression écrite et l’humilité", ajoutant qu’il "savait s’abaisser pour que chacun fût à sa hauteur".
Il a dit se souvenir comme si c’était hier, des "jours difficiles" à Walf avec son compagnon de route après les vagues de démissions de la rédaction du journal enregistrées surtout en 2002.
"Il y a eu une nuit de bouclage où nous avions travaillé nous deux, seuls, et avons pu les jours suivants, maintenir Walf à flots. Des moments d’abnégation et de courage inoubliables", se rappelle le journaliste-formateur.
Abdourahmane Camara "était un passionné et un fin connaisseur" des réalités et acteurs politiques du Sénégal. Sa maitrise obtenue à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar expliquait sa maitrise de l’expression écrite française. Il y associait aussi sa maitrise des questions juridiques, selon Jean-Meïssa Diop.
"Camou" a co-écrit, avec son confrère Tidiane Kassé, l’ouvrage "Assassinat de Me Sèye : enquête sur un complot", une publication consacrée à là l’affaire Me Babacar Sèye, du nom de cet ancien député maire de Saint-Louis et ex-vice-président du Conseil constitutionnel assassiné le 15 mai 1993 au lendemain de la publication des résultats des élections législatives de cette année-là au Sénégal.
"Il avait un carnet d’adresses respectable qui fait le bon journaliste. Un jour il avait reçu un papier intéressant d’un correspondant régional, mais il manquait un recoupement, car il n’y avait qu’une seule version, celle des autorités pénitentiaires. Par son carnet d’adresses, il a su contacter l’avocat du détenu qui n’était pas au courant d’une éventuelle libération de son client et c’est comme ça que le papier s’est retrouvé à la corbeille", se souvent Jean Meissa Diop.
Pour Jean-Meïssa Diop, cet exemple est un cas d’école pour rappeler "les règles essentielles" de la profession de journaliste pas toujours respectées a-t-il dit. "Le recoupement est essentiel pour le traitement de toute information (...). C’est une des règles essentielles pour tout journaliste", conclut Jean Meïssa Diop.
Le corps de M. Camara est attendu à Dakar mardi avant son inhumation prévue le lendemain.
"LES NÔTRES SONT NÉCROSÉS DANS LEURS TIROIRS IDENTITAIRES"
L’Afrique ne peut se contenter de répéter que ce sont les autres qui font d’elle ce qu’elle est - Ma vie est un entrelacs de cultures - Il faut rendre à la jeunesse africaine sa dignité - ENTRETIEN AVEC FATOU DIOME
Jeune Afrique |
Clarisse Juompan-Yakam |
Publication 15/12/2019
Plaidoyer pour le respect mutuel entre les peuples, le nouveau roman de l’écrivaine franco-sénégalaise est aussi un appel au volontarisme et une dénonciation de la mentalité victimaire.
En septembre 2002, le Joola sombrait au large du Sénégal, emportant avec lui quelque 2 000 vies. Parce que l’on a trop vite oublié cette catastrophe, bien plus meurtrière que celle du mythique Titanic, la romancière franco-sénégalaise Fatou Diome a voulu redonner voix aux disparus.
Dans Les Veilleurs de Sangomar, elle imagine les naufragés reçus et entourés de chaleur humaine par les ancêtres, dans un ancien lieu de culte animiste considéré comme un sanctuaire. Avec ce roman sur le deuil, Diome s’interroge surtout sur la manière dont les proches des disparus tentent de combler le vide. Poétique et politique, l’ouvrage explore l’intimité de vies disséminées à travers le monde pour ressaisir l’événement dans toute sa densité.
Jeune Afrique : Comment est née Coumba, le personnage au cœur de votre roman ?
Fatou Diome : Après le naufrage, j’avais rencontré des veuves, des orphelins, des parents ayant perdu un enfant, des fiancées esseulées… Je me suis demandé comment ils vivaient, comment ils luttaient pour ne pas sombrer à leur tour. Au début, Coumba est tétanisée par la disparition de son mari. Elle a moins de 30 ans, une petite fille de 5 mois, elle n’aurait jamais imaginé se retrouver dans cette situation. En tant que veuve, elle subit une très forte pression familiale, sociale, religieuse. Elle invoque les ancêtres pour retrouver son bien-aimé et, toutes les nuits, le convoque à travers sa plume. Se noue alors un long et intense dialogue entre les époux.
Dans ses propos, on devine votre propre amertume. Par exemple lorsqu’elle déclare qu’aucune ville occidentale n’a réservé de minute de silence aux morts du Joola…
Qu’est-ce qui détermine le degré d’émotion quand se produit une catastrophe ? La couleur de la peau ? Le PIB ? Faut-il appartenir à un pays riche pour compter ? Quand de tels malheurs surviennent en Occident, toute l’Afrique s’afflige, les chefs d’État défilent. La réciproque doit être vraie. Mon livre est un plaidoyer pour le respect mutuel et une égale considération des uns pour les autres.
Pour Coumba comme pour vous, écrire est un acte transgressif ?
L’écriture est pour Coumba un jardin secret qu’elle entretient pour redonner un sens à sa vie. Quant à moi, c’est par l’écriture que j’essaie de m’extraire de mes chaos intérieurs depuis l’âge de 13 ans. Mes cahiers accueillent mes confidences avec une infinie patience, sans jamais me juger. Il m’arrive d’écrire juste pour hurler mon impuissance. En m’exprimant, je dis ma présence au monde ; c’est fondamental.
À travers Coumba, vous vous révoltez aussi contre les travers d’un monde qui prive les femmes de leurs libertés…
Je remets en question les traditions qui exigent qu’une veuve reste cloîtrée chez elle plusieurs mois, les religieux obscurantistes qui imposent une pratique intensive de la religion alors qu’eux-mêmes ne connaissent rien ni à la Bible ni au Coran. Je démontre aussi que l’on peut s’extraire de traditions auxquelles on n’adhère pas.
Pourquoi avoir fait intervenir la spiritualité ?
C’est une manière de rappeler que l’Afrique ne commence pas avec l’esclavage et la colonisation, deux tragédies dont on nous rebat les oreilles comme si notre histoire se résumait à cela. Des royaumes ont préexisté. Très structurés, ils se fondaient sur un animisme monothéiste.
Dans tous vos ouvrages, la mer reste présente. Quelle en est la symbolique ?
Il m’a fallu cinq livres pour me rendre compte que la mer était chez moi une obsession. Peut-être parce que c’est une parfaite métaphore de la vie, notamment quand il faut braver les courants, affronter les vagues, trouver la côte paisible où se réfugier. La mer nourrit, emprisonne et tue. Et puis, parfois, c’est par la mer que l’on s’exile, que l’on s’ouvre au monde.
Quelle exilée êtes-vous ?
Je n’en suis pas une. J’ai débarqué en France non pas pour chercher du travail, mais parce que j’étais amoureuse d’un Alsacien. Je fais partie de ces Africains qui ont le privilège d’aller d’un continent à l’autre de leur plein gré. Mon pays s’étend des rives du sud Saloum jusqu’aux bordures du Rhin, et ma vie est un entrelacs de cultures.
Vous créez souvent des néologismes. Comprenez-vous que cela puisse dérouter ?
Un écrivain est un artiste. De la même manière qu’un peintre sélectionne ses couleurs, l’auteur choisit ses métaphores et ses visions mentales pour créer son univers. J’ai un rapport direct, personnel et émotionnel à la langue française, que je remodèle à ma sauce, de simples onomatopées devenant parfois des verbes.
Certains des mots ou des expressions que vous utilisez proviennent-ils de proverbes africains ?
Quand un auteur français blanc crée une belle métaphore, personne ne lui demande s’il réactualise Fénelon ou Anatole France. Si c’est un Africain – pour peu que sa métaphore soit poétique –, elle tient forcément du proverbe et de l’arbre à palabres. Lorsqu’il m’arrive d’emprunter aux proverbes africains, je le signale, de la même manière que je mentionne les références s’agissant de Voltaire. C’est une question de respect, une manière aussi de rendre hommage à ma culture d’origine et à l’éducation que mes grands-parents m’ont donnée.
Sur les réseaux sociaux, certains vous accusent de jouer les toubabs, en raison aussi de votre récent cri d’amour pour la France…
Je vis dans ce pays depuis vingt-cinq ans. Si demain je m’installais en Australie, je penserais à la France et des gens me manqueraient. Je suis triste de voir les nôtres si nécrosés dans leur famille, leur couleur, leur territoire, dans leurs tiroirs identitaires. Ils oublient que plus on maîtrise la culture du lieu où on vit, plus on est respecté.
L’un de vos personnages se demande où va l’Afrique. Le savez-vous ?
C’est à elle de le décider et de s’en donner les moyens. L’Afrique ne peut se contenter de répéter que ce sont les autres qui font d’elle ce qu’elle est. Ce que nous sommes dépend de la façon dont nous nous considérons. Dans mon livre, la génération de Fadikiine, la fille de Coumba, est celle d’une Afrique qui se prépare à changer. Je voudrais en finir avec cette image d’une Afrique supposée impuissante.
Comment faire ?
Il faut rendre à la jeunesse africaine sa dignité. Elle lui a été confisquée par des politiques et des intellectuels qui l’encouragent à se poser en victime en lui répétant que son avenir est à jamais oblitéré par l’esclavage et la colonisation. C’est un sujet très douloureux pour moi, qui me vaut une volée de bois vert chaque fois que je l’aborde. Ressasser les causes supposées de nos malheurs ne change rien à notre destin. Les Chinois ne multiplient pas des tables rondes à longueur d’années pour se plaindre de l’occupation japonaise : ils rivalisent avec les États-Unis. Tout ce temps perdu à fureter dans nos plaies pour trouver le bon endroit à gratter afin d’avoir encore un peu plus mal, nous pourrions l’utiliser à élaborer des projets de développement.
Il faudrait être amnésique ?
Bien sûr que non, mais jouer les victimes n’a jamais forcé le respect. Croyez-vous qu’un ingénieur camerounais évoluant à l’international a envie de sans cesse s’entendre dire qu’il est une victime de la colonisation ? Il y a parmi mes détracteurs des intellectuels en costume-cravate qui exigent une « décolonisation de la pensée ». Ils vomissent sur la France, mais s’inclinent dès qu’elle leur propose un poste. Ils écrivent des livres, mais n’osent pas en parler, préférant répondre avec un « sourire Banania » aux questions des journalistes… Et ce serait moi, la traîtresse à la cause africaine ? Osons nous affranchir de ces concepts pour aller de l’avant. S’arrêter au milieu du gué en ressassant des discours clivants, c’est s’interdire de créer et de progresser.
Vous ne pouvez nier que des injustices découlent de l’esclavage et de la colonisation…
Pourquoi tous les débats sur l’Afrique doivent-ils être rattachés aux concepts de colonialisme et de néocolonialisme ? La vraie question est celle des déséquilibres mondiaux. L’exploitation, aujourd’hui, c’est du dumping économique. Le non-paiement des impôts qu’organisent les multinationales dans les pays africains est favorisé par la corruption et non par la colonisation. Quand des présidents distribuent des billets de banque pour se faire réélire, ce qui est en cause, c’est l’absence d’éducation et de culture démocratique. Utilisons les mots appropriés pour désigner les injustices.
Et comment les faire disparaître ?
Sur le continent, une jeunesse debout essaie de s’en sortir. J’ai envie de partager avec elle ce qui m’a fait avancer : les études, la formation, le travail sans répit, la rigueur, le fait de compter en priorité sur soi-même. J’ai été marchande à 12 ans à Dakar, puis femme de ménage et baby-sitter en France. Des solutions existent, il faut être pugnace. Et les plus riches, plutôt que de se faire construire d’énormes villas, d’aligner les épouses et de dépenser des millions en mariages et baptêmes fastueux, devraient participer à la formation de ces jeunes.
L’immigration n’est donc pas une fatalité ?
Il faut apprendre aux jeunes à lutter, où qu’ils soient. Mais boucler le continent comme un zoo qu’on irait visiter à sa guise sans que les Africains aient eux aussi le droit de bouger n’est pas envisageable. Ils doivent pouvoir bénéficier de l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. À ce jour, seuls les ressortissants des pays riches en profitent : ils débarquent partout en terrain conquis, le plus souvent sans visa. C’est injuste.
Le rapport des forces ne penche pas en faveur du continent…
Et alors ? Il existe des lois internationales que l’Afrique peut faire appliquer pour servir ses intérêts. Si elle ne peut se permettre de couper les ponts, son estime de soi l’autorise à dire à l’autre, par exemple : « Tu ne profiteras plus de mes ressources sans payer le juste prix. » Ou : « Non, la majorité des immigrés n’est pas originaire d’Afrique subsaharienne. » Le problème, c’est aussi que l’Union africaine se tait, laissant ses États se faire écraser séparément.
Vous désespérez de voir l’Afrique s’unir ?
Comment peut-on prétendre au panafricanisme quand le Sénégalais s’estime supérieur au Camerounais, le Camerounais, au Béninois… Et tous refusent de crever l’abcès. Ils sont d’accord pour hurler leur haine commune de l’Occident, mais quand il faut parler d’une seule voix ils préfèrent aller négocier en catimini. Il faudra un jour tirer les leçons de ces errements.
LES GRAINES DE LA DISCORDE
La controverse actuelle entre hauts dignitaires du régime a, au moins, le mérite de renseigner sur le niveau de prévarication des subventions agricoles. Comment des milliers de tonnes d’intrants sont captés par les gros bonnets, proches du pouvoir ?
Aussi incommodante que grave, la controverse actuelle entre hauts dignitaires du régime a, au moins, le mérite de renseigner sur le niveau de prévarication des subventions agricoles. Comment des milliers de tonnes d’intrants sont captés par les gros bonnets, proches du pouvoir ? Quelques éléments de réponse.
‘’Les grands bandits se séparent toujours au moment du partage du butin’’, disait un président de la République. A cause du partage des intrants et produits agricoles, on ne parle plus le même langage, dans le camp présidentiel. Ça grogne, ça menace, ça déballe dans tous les sens. Triste, pour beaucoup d’observateurs, de voir des riches à qui la République a donné, se crêper le chignon pour des ressources censées revenir aux couches les plus démunies de la population : les paysans. Le journaliste-chroniqueur Pape Samba Kane, sous réserve, dit-il, de savoir à quel titre, selon quels moyens et quels avantages, dus ou indus, ces messieurs (Cissé Lo et Cie) ont reçu ces tonnages d’intrants agricoles, déclare : ‘’C’est extrêmement choquant d’entendre dire que de hauts responsables politiques qui, déjà, bénéficient de toutes sortes d’avantages, profitent des intrants agricoles, avec les quantités en cause, au moment où les paysans ont du mal à entrer en possession de quelques kilogrammes de semences.’’
En fait, à en croire M. Kane, les hommes politiques devraient se tenir loin des subventions agricoles, car il existe d’autres catégories de personnes qui en ont le plus besoin. Ce qui est sûr, c’est que, de l’avis du directeur général du quotidien national ‘’Le Soleil’’, son camarade de parti, le député Moustapha Cissé Lo, reçoit des milliers de tonnes de semences. Le concerné, tout en contestant la quantité avancée, avoue en percevoir plus de 2 000 tonnes.
Ainsi, chaque année, au début de chaque campagne, les médias font leurs choux gras avec les pauvres paysans ruant dans les brancards, qui pour déplorer la modicité des quantités obtenues, qui pour décrier la mauvaise qualité des semences. Pendant ce temps, de gros bonnets comme Cissé Lo, eux, se frottent les mains. Et se paient le luxe d’en demander plus.
Loin d’être un fait nouveau, ce système de captation des subventions destinées aux agriculteurs par une mafia de gros bonnets est plus ou moins ancien. Plusieurs études l’ont dénoncé à maintes reprises. Chargé de la communication du Cadre national de concertation des ruraux (Cncr), secrétaire général du Cadre de concertation des producteurs d’arachide, Sidy Ba a du mal à contenir son amertume. A l’en croire, il est avéré que les subventions agricoles ne sont jamais arrivées aux véritables producteurs qu’ils sont. ‘’Ce qui est inédit, ici, c’est juste de voir une haute autorité dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Il (Moustapha Cissé Lo) nous donne simplement raison. Et nous regrettons avec vigueur ces pratiques malsaines’’. Il insiste : ‘’Une bonne partie des subventions est captée par ces catégories de personnes. Les services de l’Etat sont bien au courant, mais ils ne font rien pour y mettre un terme. C’est ce qui est désolant.’’
Mais le mal est beaucoup plus profond. En plus de ne pas donner les subventions aux véritables ayants droit, il se pose également la question de la valeur des semences distribuées par le gouvernement : 75 000 tonnes en 2017, subventionnées à hauteur de 40 à 60 %, selon les autorités gouvernementales, soit des dizaines de milliards, depuis 2012. A en croire M. Ba, les véritables producteurs ne les utilisent même pas, faute de qualité. ‘’Une bonne partie des semences que nous utilisons, ce sont des semences que nous conservons nous-mêmes. Les semences qui sont données au niveau des points de collecte sont tout venant ; elles ne sont pas de qualité. Les gens le prennent surtout pour manger ou bien pour l’utiliser à d’autres fins. Les semences que nous utilisons, c’est des réserves personnelles. Mais comme c’est subventionné, tout le monde en demande’’.
De ce fait, plaide-t-il, ceux qui invoquent l’évasion du capital semencier, avec la venue des Chinois, ont tout faux.
Patrimonialisation des ressources
Ainsi, ce sont des mannes importantes d’argent qui sont annuellement perdues par l’Etat du Sénégal au titre des subventions. Celles-ci n’arrivant pas aux véritables destinataires. Pour le coordonnateur du Forum civil, l’ancien Premier ministre annonçait que c’est pas moins de 380 milliards F Cfa qui ont été investis dans le secteur, en 2017 : semence, intrants, matériels agricoles. Il regrette : ‘’Dans des moments d'endettement effréné, il faut savoir préserver les maigres ressources dont dispose l'Etat. Nous attendons des mesures fortes venant du président de la République pour arrêter cette hémorragie qui n'a que trop duré.’’
Selon lui, nous sommes en présence d'un système de prédation de deniers publics entretenu par une culture d'impunité dont le responsable n'est personne d'autre que le chef de l'Etat. ‘’Cette pratique de patrimonialisation des ressources, ajoute-t-il, dépasse le régime actuel. Mais celui-ci n'a rien fait pour lutter contre’’.
Comment mettre un terme à ce système de prévarication sans fin ? Dans un entretien qu’il nous avait accordé, le doyen Amadou Tidiane Wane, ingénieur agronome, ancien patron de la Sodagri et de la Cnca, proposait : la suppression de la subvention des intrants agricoles et leur réaffectation dans le prix du produit fini. ‘’Comme ça, argue-t-il, on est sûr que chacun ne pourra avoir que le fruit de son travail. Si tu n’as rien produit, tu n’auras rien du tout. Et les paysans auront tout intérêt à vendre à l’Etat leurs productions’’.
De l’arachide, il précisait : ‘’C’est un monstre. Quand il y en a beaucoup, c’est un problème. Quand il n’y en n’a pas, c’est également un problème.’’
Pour sa part, le secrétaire général du Cadre de concertation des producteurs d’arachide, dans le but de lutter contre cette fuite énorme des deniers publics, rapporte : ‘’Certains demandent d’arrêter de subventionner les semences, de mettre l’argent dans les fertilisants. Parce que là, personne ne peut les manger. En général, ceux qui prennent l’engrais l’amènent dans les champs. Ce sont surtout les semences qui posent problème.’’
Si la distribution de semences doit continuer, il propose : l’implication des véritables acteurs dans les commissions en charge de cette tâche. ‘’Ce qui est censé être fait pour toi, sans toi, est fait contre toi. Au niveau des commissions, on fait semblant de nous y mettre, mais en réalité, c’est l’Administration centrale qui nomme, qui décrète qui doit en faire partie. C’est aussi à ce niveau qu’on distribue les quotas. Si on veut une distribution transparente, il faut impliquer les véritables acteurs’’.
‘’Publier la liste des gros producteurs bénéficiant indûment des semences’’
Toujours dans la logique d’une plus grande transparence dans la distribution des intrants, Birahim Seck fulmine : ‘’Le gouvernement a désormais l'obligation de publier la liste des gros producteurs bénéficiant indûment des semences, d’engrais ou de matériels agricoles. Le chef de l’Etat n’a pas besoin de commanditer une enquête pour prendre des mesures. Il dispose déjà de toutes les données. Ainsi, la justice pourra prendre le relais pour le recouvrement de nos ressources.’’
D’après Alioune Tine, tout cela est symptomatique d’une société en pleine déliquescence. Une justice juste et efficace, pense-t-il, ne se ferait pas prier pour sévir. ‘’Tous devraient être convoqués pour s'expliquer sur les présomptions de délit de concussion’’, analyse-t-il. Mais l’espoir est mince, si on l’en croit. Il cite le supposé débat sur les ressources naturelles pour étayer son propos. ‘’C’est là une pathologie des outils de régulation judiciaire. Résultat : c'est la force qui risque de faire surface. Ce qui peut générer les tensions et l'instabilité’’. Rien, fulmine le défenseur des droits humains, n'est plus violent et déstabilisateur que l'injustice.
De hauts responsables dans les égouts
Par ailleurs, en ce qui concerne la guerre que se livrent certains ténors du régime, le journaliste Pape Samba Kane témoigne : ‘’On a toujours assisté à des rivalités politiques, parfois même des conflits sanglants, mais ça restait à la sphère politique. Ce qui est inédit, c’est que cette fois-ci, c’est une guerre autour de biens, et de biens que l’on pourrait qualifier de biens publics. La distribution des semences concerne quand même le grand public, les paysans de surcroit.’’
Quid des médias qui en font leurs choux gras ? Il rétorque : ‘’Je pense qu’on ne peut pas dire, comme ça, qu’il faudrait priver de parole untel ou untel autre. D’autant plus que ces personnes dont il s’agit, ce sont quand même des responsables. Ils ne sont pas n’importe qui. Mais il appartient aux journalistes qui les invitent, je dis bien aux journalistes, de les recadrer, quand il y a des dérives. Il faut les laisser se prononcer, mais avec toute la mesure que requiert le débat public.’’
Dans la même veine, le président d’Africajom, Alioune Tine, dit être en train de réfléchir, avec d’autres intellectuels, sur l'impact destructeur pour l'État et les institutions de l'action de certains de ses acteurs. Lesquels peuvent, estime-t-il, être des âmes damnées qui, à un moment, échappent au contrôle des autorités publiques. ‘’Ce sont des acteurs qui ont une image très controversée, qui font la confusion la plus totale entre intérêt général, intérêt particulier et intérêt privé. Tant qu'ils sont avec les autorités, ça marche. Mais quand leurs intérêts commencent à diverger, alors bonjour les dégâts’’.
Malheureusement, constate-t-il pour s’en désoler : ‘’Les dégâts, les catastrophes en politique, ça fait le buzz et constitue du pain béni pour les médias. Nous avons, avec cette polémique, les signes et les symptômes des pathologies de notre démocratie.’’
AUDIO
LE PILLAGE DES POISSONS S'INTENSIFIE
Au Sénégal, la pêche représente le premier secteur d’exportation qui fait vivre plus de 600 000 personnes. Alors quand les Européens et les Chinois installent leurs gourmandes usines à farine de poissons sur la côte, les conséquences sont dramatiques
Au Sénégal où les eaux sont poissonneuses, la pêche représente le premier secteur d’exportation qui fait vivre plus de 600 000 personnes. Alors quand les Européens et les Chinois installent leurs gourmandes usines à farine de poissons sur la côte et des bateaux-usines au large, les conséquences sont dramatiques.
- Reportage au port de pêche de Joal Fadiouth de Guillaume Collanges, Sébastien Daycard-Heid et Marie Grout du collectif Argos.
→ Le collectif Argos
- Invité: Ibrahima Cissé de Greenpeace Afrique réagira au reportage réalisé.
LES RIVERAINS DE MBEUBEUSS DEMANDENT LA FERMETURE DE LA DÉCHARGE
Cette décharge ouverte depuis 1968 n’a cessé de s’agrandir, pour mesurer aujourd’hui 114 hectares, près de 200 terrains de football. Une bombe écologique
Ils se sont rassemblés ce samedi après-midi 14 décembre aux alentours du gigantesque dépôt d’ordures. La fermeture du site est un serpent de mer. Cette décharge ouverte depuis 1968 n’a cessé de s’agrandir, pour mesurer aujourd’hui 114 hectares, près de 200 terrains de football. Une bombe écologique.
Des familles, des jeunes sur une scène montée en contrebas de la décharge. Fandabo Mandiang habite juste à côté de la montagne de déchets :
« Je m’adresse au président Macky Sall: lui qui est dans son palais et qui respire du bon air. Nous ici on n’arrive pas à vivre ! Tous les bébés qui naissent sont asthmatiques. Dieu ne nous a pas encore ôté la vie mais on meurt à petit feu. Je regrette d’être venue habiter à côté de la décharge! Je n’attends qu’une chose: que quelqu’un rachète ma maison, je la brade. »
« Dafa Doy, ça suffit ! », le slogan de Mamadou Fall, coordonnateur du collectif des riverains. « Nous ne pouvons plus vivre avec cette décharge ! », enrage-t-il.
À quelques mètres, des fumées s’échappent des tas d’ordures. Devant, le ballet des camions bennes toute la journée, l’État avait bien envisagé la fermeture de la décharge. Trop compliqué, Mbeubeuss restera ouverte. « On va implanter un centre de tri et un centre de compostage. L'idée est d'arrêter l'avancement de la décharge et que cette décharge réponde aux normes environnementales et internationales », explique El Hadj Mamadou Dieng de l’Unité de coordination pour la gestion des déchets du Sénégal.
Le calendrier des travaux à Mbeubeuss n’a pas encore été précisé. Les riverains affirment qu’ils resteront mobilisés jusqu’à la fermeture totale du site.
par Charles Faye
VIDEO
LES BOUSEUX !
Nous voilà immergés par un flot d'incongruités venant de la maison marron beige alors que les signaux nous convoquent à trouver les voies et moyens pour nous inscrire dans une dynamique concurrentielle à l'aube de l'année 2020 qui s'annonce compliquée !
Tenez bien le crachoir ! Les postillons tombent de partout, dans nos oreilles en quête de platitudes, particulièrement de la maison marron beige, en mal de civilités ! C’est à croire que c’est à qui, y vocifère le plus. Bavant son talent craché de tribuns ratés, boulimiques et désespérants d’injures d’aucun intérêt pour le Macky et nous autres !
Pauvre président, exposé à la bombe sociale nourrie par les intempérances électriques, aqueuses, universitaires, liberticides, et je ne sais quoi encore d’assez explosif pour ne pas nous plonger dans des jours incertains.
Si ces lots d’incertitudes ne rappellent le Fatickois au souvenir de la bataille de Logandème, si ces lots d’insanités ne lui épargnent un langage de gueux, si ces phares bas de gamme, ne lui dressent les lignes d’une défense, digne d’un grand dirigeant, dont il est sur des disciples de Tsun Ze, qu’il commande, gouverne donc, plus par l’exemple que par la force, c’est avec désolation que je dirai alors au Macky Ya xam !
Sauf, qu’il est aussi bon de rappeler à notre seule institution incarnée, que nous avons suffisamment d’estime pour lui, pour nous réjouir de le voir patauger dans le caniveau.
Il est avant et après tout l’image de chacun d’entre nous. Partisan ou non ! En l’occurrence, le miroir d’une nation, il est vrai, tutoyée depuis quelques années par des troubadours indigestes et dirigeants perfides aux panses dilatées.
Mettre un terme à ce théâtre de l’absurde, alimenté par le flow et le blow, au final d’un show médiatisé bousant de buzz nauséabonds, est une prescription médicale à la vitupération en vigueur et de rigueur dans les colonnes de sa maison.
La noblesse du cheval rejette la coercition. Le génie libéral ne saurait souffrir d’un esprit handicapé.
La querelle de chiffonniers qui nous est imposée par les plateaux TV et ondes de la bande FM, avec une impertinence calculée, est trop grosse de nullités et suffisamment loin du débat républicain posé à tort ou à raison sur un troisième mandat du Macky, que ce même Macky a pourtant sabré.
A l’aube de 2020, qui s’annonce avec ses turbulences géopolitiques, la montée de l’activisme mondial, la guerre cybernétique, l’anxiété économique, le manque de stratégie globale, le péril djihadiste à nos frontières, l’administration Sall a tout intérêt à mettre le Sénégal à niveau. A le positionner dans la nouvelle concurrence commerciale africaine sans merci, en vue de satisfaire la forte demande sociale. Plutôt que de s’inscrire dans cette furie verbale qui plus est de mauvais aloi.
Les enjeux sociaux et économiques et sûrement politiques sont trop importants pour qu’on fasse dans l’infécond, pour ne pas dire dans la courte paille.
AUDIO
OBJECTION AVEC MOMAR DIONGUE
Le désir d'indignation est-il devenu un délit au Sénégal ? Comment analyser la posture du pouvoir de Macky Sall face à un climat social tendu ? Le journaliste et analyste politique est l'invité de Baye Oumar Guèye
Momar Diongue, journaliste et analyste politique est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection.
ABDOURAHMANE CAMARA, LA MORT D’UN PIONNIER
Discret et talentueux, le journaliste décédé la nuit dernière au Maroc, a déteint sur le Groupe Walfadjri qui était sa seconde famille, à travers sa personnalité et sa longévité
Le journaliste, Abdourahmane Camara, ancien Directeur de publication de Walfadjri Quotidien est décédé cette nuit au Maroc. Il tire ainsi sa révérence à 65 ans.
Discret mais talentueux, il est de la trempe des gens de presse consciencieux et travailleurs toujours en quête de sens pour livrer la bonne information. Formé au CESTI (10ème Promo), il a fait presque toute sa carrière professionnelle au sein de l’hebdomadaire Walfadjri, devenu quotidien à la fin des années 80. Compagnon de feu Sidy Lamine Niasse, fondateur du journal éponyme, Camou a traversé tous les cycles de vie de la presse sénégalaise aux côtés justement de Sidy Lamine qui non seulement l’a adoubé mais mieux, l’a investi de son entière confiance pour conduire les changements opérés au sein de cet atypique organe qui a donné naissance à un Groupe de presse inédit, au parcours singulier, ayant agrégé des audiences, donc divers publics.
L’influence grandissante de Walf Groupe découle d’un travail méticuleux auquel a pris part Abdourahmane Camara, sans ostentation, toujours réservé mais vigilant sur la marche de l’entreprise. Il a fait les beaux jours du fameux groupe de presse avec Tidiane Kassé (son ami de toujours), Mame Less Camara, Mademba Ndiaye, Jean Meïssa Diop, Ousseynou Guèye et Mamadou Ndiaye du Groupe E-Media.
Un domou Ndar
Les souvenirs défilent sur les dossiers chauds, les révélations, la couverture d’évènements qui portent la signature d’une rédaction pointilleuse sur la véracité des faits et l’absolue distance critique du journaliste vis-à-vis des sujets qu’il traite. Correcteur attentif, Camou n’hésitait pas à lire et à relire un « papier » quitte à renverser sa perspective pour souligner la hiérarchie factuelle. Il était rigoureux. Amoureux de la presse, il n’a jamais été pris en défaut de connivence ni de complaisance vis-à-vis des pouvoirs, de tous les pouvoirs. Ses amitiés avec les détenteurs de parcelles de pouvoirs, dont certains furent ses camarades de classe au lycée et à l’université, ne le dispensaient nullement de s’en tenir à la vérité, s’écartant par là de toute tentation de compromission. Il aimait par dessus tout le terrain qui lui permettait de renouveler le regard d’observateur qu’il n’a jamais cessé d’être.
Fin analyste, il alignait avec une réelle dextérité des éléments d’information pour structurer habilement ses textes. Homme de goût, il aimait la lecture et les études d’opinion pour conforter ses investigations acceptant toujours de s’en ouvrir à des confrères pour l’authenticité de ses propres sources d’information.
Journaliste chevronné, ce Saint-Louisien lettré cultivait l’amitié avec discernement et l’entretenait avec subtilité. Impossible de le situer sur le plan politique, qualité rare en ces temps de soupçons et de médisance. Sa personnalité et sa longévité ont déteint sur le Groupe Walfadjri qui était sa seconde famille. Il a vu grandir des jeunes journalistes très portés sur des questions complexes, les aidant à mieux articuler leurs approches pour sortir par le haut. Ces derniers lui seront d’une grande redevabilité.
Camou était un passeur. Décédé au Maroc où il était hospitalisé pour une sévère maladie, son corps arrive mardi. Après la prière mortuaire à Dakar, Camou sera inhumé à Saint-Louis, sa ville natale qu’il chérissait tant. A son épouse Tabara, à ses enfants et à notre ami Professeur Jacob Ndiaye, le Groupe E-Média présente ses fraternelles condoléances et renouvelle son affection en ces moments de grande peine.
À DAKAR, UNE BOUFFÉE D'OXYGÈNE À CAMBÉRÈNE
Alors que le bâti s’étend et que la presqu’île étouffe, jardins et aménagements paysagers regagnent du terrain, notamment à Cambérène, dont le parc respire à nouveau
Jeune Afrique |
Manon Laplace |
Publication 14/12/2019
À Cambérène, commune du littoral nord-est de Dakar, la saison des pluies a dragué son lot de sable, d’ordures et de problèmes. Comme dans toute la capitale, l’hivernage a défoncé la chaussée, abattu quelques toitures, inondé les friches, et il ferait presque oublier de lever les yeux pour découvrir les douces frondaisons du parc paysager : une oasis d’acacias, de ficus et de flamboyants, dont les fleurs orange vif balisent les sentiers aménagés pour les piétons.
Moins connu que le parc zoologique de Hann, souvent présenté comme le seul grand espace vert de la capitale, le parc de Cambérène fait pourtant partie du paysage dakarois depuis 1948. D’abord destiné à accueillir des courses hippiques, il connut ensuite trente heureuses années au cours desquelles ses 10 hectares furent divisés en pépinières et en roseraies, avant d’être peu à peu laissés à l’abandon.
Dans les années 1980, les espaces verts sont devenus le parent pauvre de la politique d’aménagement de l’État. « À la fin des années 1990, le parc était dans un état de délabrement avancé », déplore Mbaye Diop Druh, à la tête de la direction des paysages urbains et des espaces publics depuis 2018.
École d’horticulture
Depuis deux ans, le jardin se refait enfin une beauté. Dans une agglomération où le bâti grignote toujours plus de terrain au point de ne plus offrir que 1 m² d’espace vert par habitant – quand l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande 10 m² –, Cambérène veut redevenir l’un des poumons de la ville. Symbole de ce renouveau, un canal artificiel bordé de palmiers et de bouquets de roseaux traverse désormais le parc sur 300 mètres. Bientôt, annonce Mbaye Diop Druh, les promeneurs pourront profiter de bungalows au bord de l’eau, ainsi que d’une gargote, dont l’ossature est déjà installée au centre d’une esplanade qui vient d’être dallée.
Mais déjà le budget de 1,5 milliard de F CFA (près de 2,3 millions d’euros) alloué chaque année par le ministère de l’Urbanisme et du Logement au programme national Ville verte est grevé par le réaménagement du centre-ville, dont le président Macky Sall a fait une priorité de son second mandat, et la construction de la ville nouvelle de Diamniadio.
« Entretenir un espace vert, c’est un budget. Il faut des moyens, de l’eau, des agents en permanence », égrène Mbaye Diop Druh, qui doit se contenter de 40 millions de F CFA par an pour faire tourner son administration – la part allouée au jardin varie. Résultat, le canal souffre des débordements du réseau public d’évacuation des eaux.
Le directeur des paysages urbains ne se décourage pas pour autant. Il souligne la bonne santé de ses pépinières : quatre immenses carrés d’arbres et d’espèces ornementales, devenus le terrain d’étude de l’école d’horticulture installée dans le parc. Quelque 4 000 boutures sortent chaque année de la pépinière de Cambérène, qui vont verdir et reverdir les espaces publics et les bâtiments administratifs de toute l’agglomération, du Plateau à Diamniadio.