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25 avril 2025
Développement
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
DREAD MAXIM, DU HAUT DU MONT ROLLAND
EXCLUSIF SENEPLUS - De nombreux mélomanes et admirateurs, sevrés brutalement, sont partis à la recherche de ce chanteur de qui ils espèrent une renaissance après près de 15 ans de discrétion. Parcours et portrait - INVENTAIRE DES IDOLES
Entre Montpellier, Paris, Dakar et Mont Rolland son village natal, Dread Maxim est à la recherche d’un second souffle. Au téléphone, pour notre entretien, sa voix est restée la même : chaleureuse, hésitante au début mais progressivement plus à l’aise. Avant une tournée au Sénégal pendant la période festive de noël dans le cadre du Sen Jamm festival, l’artiste mesure à peine, dans un mélange d’humilité et de détachement, ce qu’il a pu incarner pour nombre de sénégalais au début des années 2000 : une grande source de bonheur. De nombreux mélomanes et admirateurs, sevrés brutalement, sont partis à la recherche de ce chanteur de qui ils espèrent une renaissance après près de 15 ans de discrétion. Parcours et portrait.
C’est en 2003 que le grand public sénégalais découvre les locks et la voix chaude de Dread Maxim Amar. Jah Fire, le titre de l’album qui le propulse, est alors un pari audacieux qui se révélera être une belle promesse. Pour qui s’y intéresse, séduire avec le reggae n’est pas une mince affaire dans le paysage national vampirisé par le Mbalax. Pourtant l’artiste déjoue les pronostics. Une entrée fracassante, portée par une écriture, une patte artistique, une véritable poésie ; un message d’espoir et de combat que subliment une voix presque candide et des notes entrainantes. Les quatorze titres qui composent l’opus ne tardent pas, dès la sortie en janvier, à inonder les ondes des radios et à s’entendre dans les airs que fredonne l’agora. On s’échange alors des cassettes, des disques que l’on grave clandestinement, accompagné par ce garçon qui booste le timide créneau du reggae. Malgré les contours de ce succès naissant en 2003, Dread Maxim reste pourtant pour beaucoup une énigme, de quoi alimenter le puissant mystère : un chanteur presque sans visage en ce temps, à la veille de l’ère numérique, où la vidéo n’est pas un réflexe. Pour les images et toucher du doigt à l’icône, il faut prendre son mal en patience quand on n’est pas familier des scènes où il joue : au mieux sur la couverture de l’album, où l’on voit à peine les traits pleins de pudeur de ce visage redessiné, mangé par d’imposants rastas qui lui chatouillent le dos, et cette silhouette fine, rêveuse, aérienne ; la carcasse fragile qu’elle dessine et qu’on aperçoit dans un des rares clips disponibles. Ce retrait dope le mythe. Sa voix et ses textes restent ses empreintes.
Un coup d’essai, un coup de maître
Le contexte y est pour beaucoup dans l’attachement et l’amour que le chanteur suscite. En 2003, l’emblème de l’album, c’est la chanson Joola, requiem-hommage aux disparus du naufrage survenu une année plutôt. Une chanson qui pique aux tripes et presse à la communion, avec des notes intimes et bouleversantes, comme cet hommage à Las MC, rappeur talentueux venu des Parcelles Assainies, et ami du chanteur, mort dans un accident de scooter. Ils prévoyaient un album ensemble. Quelques jours avant, confie-t-il, ils planchaient ensemble sur ce projet : à Dread les mélodies, à Las MC, le rap. Las MC lui avait même montré son nouveau scooter. Beaucoup de souvenirs, les proches disparus, comme cette équipe de minimes de football, morts dans le bateau, le hantent encore. Ils les chantent tous. Sensibiliser est l’autre engagement du jeune chanteur. Il leur dédie alors cette longue prière aux morts, avec en notes d’ouverture de l’éloge funèbre, ces mots : « la faucheuse une fois de plus a frappé fort… ».
Ecouter cette chanson, la vue sur l’avenue des 54 mètres de Ziguinchor, qui mène au cimetière de Kantène où reposent quelques corps des victimes de la catastrophe, c’est prendre avec soi un morceau d’histoire. S’il a investi tant dans cette chanson, c’est que cela faisait écho à des émotions personnelles. Le but est atteint pour le chanteur, « soucieux » de chanter pour « toucher », « émouvoir », inciter à « l’éveil des consciences » et chanter pour ne « pas oublier ». On retrouve cette même fibre dans toutes les chansons, d’une égale qualité sans jamais s’essouffler. Lir bi que le chanteur a écrit en hommage aux enfants démunis, peint une enfance volée, Mbollo met en scène une chorale pour l’unité, Jah Fire ose une spiritualité revisitée, To be one esquisse les contours du rêve panafricain…Tout l’album, le premier qu’il écrit et compose entièrement, est habité par ses joies et ses démons personnels. Un chef d’œuvre qui reste frais dans les mémoires comme une tranche du début du millénaire, miroir alors dune jeunesse désireuse de transformation.
Le chemin de la révélation
Dread Maxim le sait mieux que quiconque : écrire un album entièrement, donner libre cours à son inspiration, ne subir aucune intrusion des producteurs, est un privilège rare dans le milieu. Il l’a appris précocement. Dès 1999 en effet, pour son premier album, produit par un allemand, il doit faire dans le compromis. Le chanteur qui rêve de reggae doit composer avec la logique du marché et les genres porteurs comme le rap et la pop. L’album Révélations, au titre quasi-biblique, baptisé ainsi pour décrire l’envol, touchera les mélomanes et bien plus encore, mais son cercle d’irradiation restera plus limité que Jah Fire. L’album est bien reçu, le talent sûr, les professionnels conquis, mais il y a comme un goût d’inachevé, le sentiment de ne pas avoir eu la main sur tout le travail. Quelques chansons, rescapées, renaitront dans Jah Fire après une première naissance dans Révélations. Plus personne ne se pose vraiment la question : Dread Maxim est le joyau du Reggae. Aïsha Dème, observatrice fine de la scène musicale et activiste de la scène culturelle, se souvient de Dread Maxim comme « un des meilleurs produits du reggae qu'on ait eu au Sénégal, celui qui a su fédérer une très grosse masse (pas seulement les puristes ou public classique des sound system) ». Elle se souvient encore plus de la générosité et de l’énergie du chanteur sur scène en se demandant « qui n'a pas aimé les chansons de Dread Maxim et les ambiances folles de ses concerts ? Il savait toucher son public, par ses mots, ses thèmes, sa musique. » Depuis, l’artiste a connu une baisse de régime. Presque disparu des radars, forcé à la discrétion. La question est sur toutes les lèvres alors : pourquoi, depuis 2003, un autre album n’est-il pas venu confirmer la promesse de ce début tonitruant ? Dread Maxim répond sans détour : il n’a pas de producteur. Peu armé, avec un entregent mince, il a eu des propositions, de grandes sollicitations, mais l’amateurisme et la restriction de sa liberté, ont eu raison des collaborations envisagées.
On pourrait sans doute se suffire d’une telle réponse, honnête et sans dissimulation, d’autant plus qu’elle n’est pas le signe d’une résignation, mais plutôt un symptôme de l’univers fragile ou embryonnaire du reggae qui peine à faire son nid. Ce que confirme Aïsha Dème, co-fondatrice du site Agendakar.com : « la scène reggae nationale est dure, elle n'est pas vendeuse. Les seuls moments où on les programme en concert c'est pour faire la première partie d'une tête d'affiche internationale. Sinon il faut organiser soi-même son concert, depuis que le just 4U (salle dakaroise) est fermé on ne les programme plus, cette scène est quasi inexistante. Il y a pourtant des musiciens et un backing band au moins de disponible à ma connaissance. Bref le reggae n'est pas vendeur ». Il y a aussi, plus incernable, l’établissement de cercles restreints qui ont la mainmise sur les productions, ce qui ne manque pas d’agacer le chanteur qui fustige un « entre-soi » et la prime accordée au « divertissement ». La monomanie de la scène musicale sénégalaise est une critique largement partagée. L’impression d’une scène figée dans la cire, avec l’irruption de personnages fantasques sur la scène, le goût immodéré pour les paillettes, sont devenus l’identité d’une scène nationale qui pousse bien souvent le talent à s’exporter pour être reconnu. Destin commun de beaucoup de chanteurs de reggae, note, la promotrice culturelle qui plonge dans ses souvenirs : « On a eu ARRA, Akibulan, excellents (et aussi ces gars qui marchent bien en Europe comme le très talentueux Meta), mais seul Dread Maxim a pu lever tant passion et de foule au Sénégal. Peut-être que la renaissance viendra de lui s'il arrive à rebondir. » Le salut se trouvera-t-il ailleurs, dans cet occident faiseur de destin ? Rien n’est sûr mais Dread Maxim, désormais partiellement établi en province, dans le midi de la France, garde espoir. Dans ce mélange d’infortune personnelle et de paysage musical exsangue, le chanteur opte pour la patience. Et pas question pour lui de se travestir, de s’offrir au premier venu, il cultive ainsi un attachement à certaines valeurs qu’il a réaffirmées tout au long de l’échange.
Le berceau et les mentors
Direction Mont Rolland, village au nom plein de charme, terre chère à son cœur, pour percer à jour la nature et l’origine du chanteur. Vers Mboro, sur la côte, dans la région de Thiès. C’est là-bas que naît le chanteur. Son grand-père, chanteur lors des battages et des récoltes, laisse un grand souvenir dans la mémoire locale. Un talent bien connu, qui a perlé de génération en génération. Dread Maxim apprend au village l’importance des « liens avec la nature », ses clips font corps avec elle. L’importance aussi de la communauté de classe d’âge, l’attachement à la langue et à la culture sereer. Ces valeurs humaines essentielles deviennent vite pour lui à la fois le berceau et l’objectif, le rétroviseur et l’horizon. Il met un honneur à les entretenir. Dans ses chansons, apparaissent régulièrement des incursions dans beaucoup de langues nationales, le mélange entre le français, le wolof et l’anglais, d’un couplet à un autre. Pour cet enfant qui a chantonné « toute son enfance », l’oreille familière des notes de Soul qu’écoutait le père, et de la variété française qu’écoutait sa mère, le chant est l’art premier. Il chante à s’user les cordes vocales. D’abord de petites scènes dans les écoles, dans un groupe, Family MC, où son talent séduit vite la bande. Fêtes d’écoles, radios, événements festifs, les premiers cachets tombent et la vocation se précise. Pour le pensionnaire du collège Saint-Gabriel, institution prestigieuse de la région, le dilemme s’annonce rude : il est bon à l’école et ses parents - son père ouvrier, sa mère institutrice - souhaitent pour lui un destin de premier de classe. D’autant plus qu’en plus d’être studieux, le garçon a hérité du talent du père. Il est fieffé bricoleur, dégourdi, la main experte. Il y a un choix à faire. Et ce choix se dessine clairement en classe de seconde, grâce à de petits détails. Le désir de liberté qui affleure avec l’âge pousse le garçon modèle à adopter des dreads locks, coiffure vue dans la légende populaire comme signe de perdition. Le chanteur a une excuse : il a « un cuir chevelu fragile. » N’empêche, cette désinvolture ne plaît pas à la maison. Ses parents qui misaient de grands espoirs sont décontenancés par le choix du garçon. La vocation et l’envie gagnent, Didier Maxime Mbengue, sa véritable identité, fait sa mue, il sera chanteur, malgré tous les avertissements.
Direction ensuite la capitale, Dakar, pour se façonner un destin pour le chanteur qui a des idoles chantres du genre : Bob Marley, qu’il chante, « is in the center of what we do » même admiration pour Peter Tosh, le comparse du jamaïcain. En Afrique le reggae contestataire a aussi ses gloires, Alpha Blondy, Lucky Dube, et Tiken Jah Fakoly. Dread Maxim adore les deux premiers, reste évasif ou silencieux sur le dernier. Fort de tant de mentors, c’est dans l’émission Talents Nouveaux de Michaël Soumah, faiseur de destin depuis les années 80 à la radio, que son rêve s’esquisse. Le Hip Hop est alors un mouvement en plein essor dans les radios de la bande FM, et pour lui qui est encore flexible, le reggae peut faire bon ménage avec le rap. Il affine son style, écrit à l’instinct. Impossible pour lui de produire sur commande, il lui faut être surpris et envahi par l’inspiration. Ses thèmes favoris apparaissent dès le début, l’humain pour l’humain, la musique au service d’une cause, un vecteur ; une écologie intégrale aussi avec une célébration de la nature, et la vitalité d’un esprit et un rêve de gosse. L’écriture est rêveuse, certains diront naïve, mais elle assume un tropisme de l’espoir avec des incursions dans le message politique. Dans l’album pour l’heure testament Jah Fire, une fibre panafricaine s’affirme aussi comme une quête de l’auteur. To be one, un des titres, est l’hymne continental, une ode sur un désir d’unité en friche à l’échelle du continent.
Quête de rebond et nouvelles promesses
A l’écouter, on reste frappé par une endurance et une patience chez le chanteur. En 2010, il avait écrit et composé un album entier, Musical Life, dont le clip phare, est mis en ligne. On y retrouve les ingrédients qui ont fait le succès du premier. Il avait obtenu les promesses d’un producteur qui n’avait « qu’un studio », et qui n’assurait rien d’autre en termes de « promotion ». Aventure avortée, il a laissé les chansons en vie dans un tiroir, et en fait don à quelques scènes au gré des concerts qu’il offre entre la France et le Sénégal. Plus important, Dread Maxim ne renonce pas. Il travaille. Il est combattif et sait que son talent ne sera probablement jamais atteint par la péremption. La patience est aussi synonyme de réajustements, de correction sans doute des erreurs du passé, à l’affût des opportunités, du producteur qui misera sur lui.
Un bref espoir était né à l’occasion de l’album Reggae de Youssou Ndour, Dakar – Kingston. Le reggae man partage alors, lors de la promotion de l’album de l’égérie de la musique sénégalaise, une émission de radio. A la question de savoir pourquoi il n’a pas invité des artistes locaux, l’ogre Youssou Ndour répond qu’il ne travaille qu’avec des chanteurs à « la renommée internationale ». Camouflet et déception pour l’aspirant qui garde depuis des sentiments mélangés sur le chanteur du groupe Super Etoile et magnat du groupe Futurs Média. L’anecdote est passée. Pas de rancœur, il a toujours eu sur la scène musicale un amour fou pour Diego, Souleymane Faye, dont il aime la folie, la personnalité, la carapace sans fards, mais aussi pour Cheikh et Ismaël Lo, avec qui il partage une forme de poésie mélodieuse, mélancolique et authentique. Un autre espoir récemment, plus exaltant, c’est un concert de l’autre étoile montante Faada Freddy, avec qui il chante lors d’un concert à Cergy. Un signe de quelque chose qui se mijote ? On croiserait presque les doigts. Bonne nouvelle, pour 2020, l’auteur prépare ses 20 ans de carrière avec Jah Fire 2.0. Pour contourner les obstacles de la production, Internet est pour l’heure, un monde de recours et de secours. Pour les fans, ce ne sera qu’anecdotique, pourvu qu’il y ait l’ivresse…et la reconnexion !
Note plus personnelle, écrire sur Dread Maxim, repartir sur ses traces, c’est pour moi une manière de faire hommage à une idole de mon adolescence. Avec Pacotille et Ndongo lô, j’avais mes compagnies les plus fidèles. Ceux dont je connaissais les chansons par cœur. Son album a été une de mes seules joyeuses obsessions musicales pendant longtemps à Ziguinchor. J’ai toujours été admiratif des chanteurs de cette dimension plus modeste et l’ai écrit dans une chronique ancienne. Plus qu’un portrait, c’est un témoignage, l’expression d’une gratitude et d’une admiration.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
LA COLÈRE DES LAISSÉS-POUR-COMPTE
L’action des mouvements comme « Nio Lank, Nio Bagn » est une révolte contre les politiques asociales de l’Etat qui semble avoir domestiqué la plupart des forces politiques et syndicales - C'est une alarme pour le gouvernement
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 18/12/2019
« Non à la hausse du prix de l’électri- cité ! » Tel a été le principal slogan de la journée de mobilisation organisée vendredi dernier, le 13 décembre, à la place de la Nation par le collectif « Nio Lank Nio Bagn » qui était descendu dans la rue pour crier son ras- le-bol. Composée d’une trentaine d’organisations de la société civile, la plateforme du refus a aussi dénoncé les arrestations du leader du Frapp, Guy Marius Sagna, du professeur Babacar Diop et Cie appréhendés et embastillés pour avoir légalement manifesté et dénoncé la hausse du prix de l’électricité devant les grilles du palais de la République. Cette manifestation monstre qui a regroupé des milliers de jeunes et d’adultes des deux sexes mais aussi des personnes du troisième âge traduit le refus catégorique d’importantes franges de la population de la hausse du prix du courant électrique. Après le succès de leur marche du weekend dernier, les membres du collectif « Nio Lank Nio Bagn » sont plus que jamais déterminés à mener la lutte. Ainsi ils promettent de passer à d’autres actions majeures si les autorités compétentes ne donnent pas une suite heureuse aux revendications formulées lors de leur mobilisation du 13 décembre. « Nio Lank Nio Bagn » devient la nouvelle ter- reur pour l’Etat, mais aussi pour l’opposition plongée dans une profonde léthargie sans compter les associations consuméristes qui, elles, ont tout simplement déserté le terrain de la lutte.
La mobilisation massive et bigarrée de vendredi dernier est une victoire pour Guy Marius et compagnie qui ont été les premiers à descendre courageusement dans la rue pour protester contre la hausse du prix de l’électricité. Et il a fallu qu’on les emprisonne pour que les autres organisations citoyennes daignent sonner la révolte et faire face à cette décision d’augmentation des autorités gouvernementales. le combat contre la vie chère aurait pourtant dû être porté par les forces de gauche dont l’idéologie repose essentiellement sur la lutte pour une justice sociale et une société plus égalitaire. Et qui parle de forces de gauche, parle de syndicats et aussi de partis d’essence socialiste. plongés dans une profonde torpeur depuis le début du magistère du président Macky Sall, s’ils n’ont pas été « neutralisés » par lui à coups de prébendes, les syndicats, censés défendre la masse ouvrière, ne sont plus ce qu’ils étaient sous le règne des présidents léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Ils ont aujourd’hui abdiqué, laissant le terrain de la lutte à des forces citoyennes comme Frapp France Dégage, Y en a marre, Aar li nu book et autres, lesquelles animent la résistance sociale malgré les risques encourus.
Cette désaffection s’explique, comme pour les politiques, par une perte de confiance des travailleurs dans leurs représentants syndicaux. Aujourd’hui, beaucoup de délégués syndicaux savent mieux négocier leurs promotions personnelles que défendre leurs mandants dont les revendications prioritaires sont reléguées au second plan. C’est ce qui explique pourquoi plusieurs délégués syndicaux finissent leurs carrières à des postes élevés au sein de leurs entreprises. Des responsabilités sans aucun rapport avec leurs diplômes et leurs compétences. pour- tant au moment où les budgets des centrales syndicales représentatives prennent l’ascenseur grâce surtout aux subventions de l’Etat, leur ardeur à combattre l’injustice sociale se refroidit. Ceci expliquant sans doute cela. Rien que cette année-ci pour la fête du 1er, la CNTS, la CNTS/FC, la CSA et l’Unsas ont empoché 600 millions à elles seules. Dans le secteur de l’Enseignement, seuls certains syndicats qui ne se sont arrimés à aucun parti politique s’activent sur le front de la résistance. Ainsi, on a droit à des centrales financièrement puissantes mais faibles par leur apport positif dans le combat pour la défense des intérêts des travailleurs.
Face à des travailleurs désespérés qui subissent dans leur existence quotidienne la dégradation de leurs conditions de vie et de travail, la remise en cause de toutes leurs conquêtes so- ciales, les organisations syndicales s’apparentent de plus en plus à des clubs de collabos qui défendent plus le profit des patrons ou de l’Etat que les conditions de vie de leurs mandants. Par conséquent, elles se sont résignées à entretenir des compromissions avec le patronat et l’Etat pour un soi-disant « pacte de stabilité sociale » qui signifie en réalité une reddition pure et simple à l’ennemi. Seule la fête du 1er Mai, transformée en moment festif, folklorique et carnavalesque rappelle encore aux Sénégalais l’existence de certains syndicats. Et les rares moments de revendications de ces syndicats, c’est l’instant du dépôt des cahiers de doléances jaunies par les moisissures au- près du chef de l’Etat. Une occasion pour les leaders de ces syndicats de trôner fièrement aux côtés de ce dernier !
Il faut inclure dans cette catégorie d’organisations couchées, des associations de consommateurs comme l’Ascosen dont l’inamovible leader, Momar ndao, a osé éhontément investir les plateaux télé, les studios de radio ou les colonnes de la presse écrite pour défendre la hausse du prix de l’électricité. Dans la défense de cette hausse, Momar Ndao, qui est conseiller à la présidence de la république, membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE), a été stérilement plus actif et plus visible que les communicants de la Senelec au point que les Sénégalais se sont demandé si finalement l’Ascosen ne s’est pas muée en association... contre les consommateurs ! les imams de Guédiawaye, rendus célèbres par leur vaillante lutte contre les délestages sous le régime de Wade, sont quant à eux devenus aphones et atones parce qu’ils émargent au niveau de la Commission de régulation du secteur de l’électricité.
La mobilisation exceptionnelle de la plateforme « Nio Lànk, Nio Bagn » est un signe de la faillite des structures intermédiaires entre le peuple et le pouvoir
Après les formations politiques classiques qui ne mobilisent plus les populations parce que n’ayant comme programmes que de sempiternelles revendications politiciennes, ce sont les organisations syndicales qui voient leur échapper leur rôle de canalisation de la colère et de défense des intérêts des masses laborieuses. l’action la plus louable des forces citoyennes qui ont pris le relais est leur capacité d’intervention directe. Elles ont choisi un rapport horizontal avec l’Etat parce que les structures intermédiaires qui devraient assurer la relation verticale entre citoyens et gouvernants se sont effondrées. l’action des mouvements comme « nio lank, nio bagn » et au- tres « Y En A Marre » est une révolte contre les politiques asociales de l’Etat qui semble avoir domestiqué la plupart des forces politiques et syndicales. En Ukraine, la révolution « orange » portée par les citoyens a porté ses fruits parce que leur lutte avait abouti à l’annulation par la Cour suprême du scrutin et l’organisation d’un nouveau vote le 26 décembre 2004 qui a vu la victoire de Viktor Iouchtchenko. lequel avait recueilli 52 % des voix contre 44 % pour son rival Viktor Ianoukovytch. En France, les bonnets rouges et les gilets jaunes ont triomphé respectivement devant François hollande et Emmanuel Macron là où les syndicats et partis politiques ont périclité. Ce même si, chez Marianne, les syndicats sont en train de relever la tête de nouveau avec le combat qu’ils ont engagé contre la réforme des régimes de retraites envisagée par le gouvernement du premier ministre Edouard philippe. Le mouvement des Indignés a connu des succès en Espagne tout comme le printemps arabes dans certaines monarchies arabes. Au Sénégal, « nio lànk, nio bagn » est parti pour en découdre avec l’Etat tant que la hausse du prix de l’électricité sera maintenue.
Ce qui s’est passé ce 13 décembre constitue une leçon et une alarme pour le gouvernement. C’est un rappel de la capacité de mobilisation spontanée des citoyens quand la poche des travailleurs est injustement secouée par un Etat vorace et impitoyable. C’est aussi un rappel des citoyens sur la mission première d’un gouvernement : assurer de bonnes conditions de vie à ses populations et non les pressuriser systématiquement à travers des taxes ou des hausses injustifiables. Quel que soit leur confort de vie, nos gouvernants doivent savoir qu’une hausse, si minime soit-elle et d’où qu’elle vienne, réduit drastiquement le pouvoir d’achat déjà inexistant des « goorgorlus ».
Par Pape NDIAYE
MAKHTAR, «BOUL FALE» !
Depuis quelques semaines, l’actuel ministre de l’Energie et du pétrole, Mouhamadou Makhtar Cissé, fait l’objet d’une vaste campagne médiatique de dénigrement sur fond de grosse cabale
Depuis quelques semaines, l’actuel ministre de l’Energie et du pétrole, Mouhamadou Makhtar Cissé, fait l’objet d’une vaste campagne médiatique de dénigrement sur fond de grosse cabale. jusque-là, certains observateurs et analystes politiques mettaient ces attaques gratuites sur le compte d’une lutte dans l’arène politique où tous les coups sont permis. Ce alors même que Dieu sait que Mouhamadou Makhtar Cissé n’est pas politique, lui, le technocrate aux qualités professionnelles multidimensionnelles (Ige, juriste, douanier, économiste, avocat, électricien, pétrolier etc.) au service de l’Etat. Des qualités auxquelles s’ajoute sa fidélité et sa loyauté à l’endroit du président de la république Macky Sall qui a usé de ses pouvoirs discrétionnaires pour le nommer ministre de l’Energie et du pétrole dans son actuel gouvernement.
N’en déplaise à certains prédateurs de l’horizon 2024. Il est vrai qu’en cette période de hausse du prix de l’électricité, Mouhamadou Makhtar Cissé ne peut prétendre échapper à la critique. Surtout en sa qualité d’ex-directeur général de la Senelec à la tête de laquelle il a abattu un excellent travail en tant qu’acteur incontestable de la concrétisation du programme présidentiel d’urgence visant à sauver la Senelec de la faillite, d’une part, et à améliorer la production et la distribution d’électricité d’autre part.
Qui mieux que le ministre Mouhamadou Makhar Cissé a pu concrétiser la vision et l’ambition du président de la république en mettant fin aux délestages intempestifs qu’avait connus le Sénégal sous le régime du président Abdoulaye Wade ? Des efforts que les populations ne cessent de magnifier en même temps que les partenaires techniques et financiers.
Certes, la bave du crapaud n’atteindra jamais la blanche colombe mais quand cette bave rejette des particules nocives et des secrétions invectives pour tenter de salir une gestion « Senelectique » à la fois sobre et vertueuse, il y a de quoi s’inquiéter de ce Sénégal des brutes, des méchants, des jaloux, des sournois et des aigris. Face à cette horde de lâches, Mouhamadou Makhtar Cissé, tel qu’on le connait, a dû se couvrir d’une carapace de « boul falé ».
Encouragé en cela par l’obligation de réserve à laquelle il est tenu en tant qu’inspecteur général d’Etat (IgE), c’est-à-dire membre d’un corps qui constitue la crème de notre Administration. Cette contrainte du silence à laquelle il est soumis semble doper la méchanceté des gros bonnets politiques de l’Apr enhardis en cela à prolonger leur campagne d’invectives et de mensonges par presse interposée. Ce tout en gardant un silence troublant devant ces attaques lâches et injustifiées contre un membre de leur régime, comme pour dire qu’ils sont impuissants pour y mettre fin. Alors même que leur silence complice prouve plutôt qu’ils sont les commanditaires de cette campagne abjecte !
A ce rythme où vont les choses, force est de constater pour le déplorer que Mouhamadou Makhtar Cissé a affaire à des prédateurs et comploteurs du même gang qui rode autour du fauteuil du président Macky Sall jusqu’à tenter de diaboliser sa famille et sa belle-famille. Vous conviendrez avec nous que les pratiques de ces gangs encagoulés de l’Apr se servant des mercenaires de la plume et des réseaux sociaux, sont méprisables et ne méritent pas autre chose que des crachats. Comme le disait le psychothérapeute français Christophe André, on agresse verbalement par manque d’estime de soi. Car l’agression verbale ou écrite dont est victime Mouhamadou Makhtar Cissé depuis un certain temps, constitue un moyen pour certains de se rassurer. « Donc tenter de rabaisser les autres, est pour eux (ndlr : détracteurs) un moyen de rétablir de la distance, de rétablir une certaine supériorité » disait-il.
Ah bien ! notre psychothérapeute ne savait pas si bien dire puisqu’entre le ministre Makhtar Cissé, une tête bien faite au parcours professionnel sans faute, et les autres aux chemins tortueux et bornés par des promotions politiques fulgurantes et inespérées, il n’y a pas photo ! Et vraiment pas photo !
Au ministre du pétrole et de l’Energie, nous disons donc : « continue ton chemin, fais ton excellent travail, Makhtar, et boul Falé ! » les chiens aboient…
Par MBAGNICK DIOP
NOUS CHERCHONS DU PAIN, ILS NOUS SERVENT DES INSANITÉS !
De 1983 à nos jours, les Sénégalais sont à l’épreuve de politiques économiques cruelles : ajustement structurel, plutôt déstructurant, libéralisme déstabilisateur, pilotage à vue décrit, par coquetterie intellectuelle, sous le vocable de Sénégal émergent
Dans un état de morosité économique de plus en plus insoutenable, les Sénégalais cherchent à préserver leurs progénitures de la faim, des maladies, en somme de tout ce qui fait le lit de l’humiliation. Du hameau le plus modeste de la campagne aux quartiers de banlieues de la capitale, Dakar, les citoyens ont le même dénominateur, la même préoccupation : chercher du pain. la soif de vie ou de survie est telle que le phénomène de l’émigration incontrôlée (Barca ou Barsax / Barcelone ou la mort) a ressurgi avec plus d’acuité engendrant encore plus de morts au fond du littoral nord de l’Atlantique.
L’océan est insatiable mais les jeunes désespérés, sous le ciel sénégalais, n’en ont cure. Ils n’en peuvent plus de vivre sous le toit paternel, aux dépens des parents meurtris mais tout de même résolus à assumer leurs responsabilités jusqu’au dernier souffle. Ceux d’entre ces jeunes (marchands ambulants, tabliers, portefaix, mécaniciens etc.) qui ont fait le pari de rester au pays, en trimant sang et eau pour gagner quotidiennement le pain, sont aujourd’hui bousculés pour, dit-on, désencombrer des espaces et faire des aménagements paysagers dans la capitale et sa banlieue. le projet est louable, certes, mais encore faudrait-il que les autorités municipales et les services des domaines arrêtent le mercantilisme qui autorise l’occupation anarchique des rares espaces disponibles.
Parallèlement, le gouvernement se doit de soutenir cette jeunesse par diverses mesures économiques ; sa détermination à s’insérer dans le tissu économique ne doit nullement être émoussée. Dire que le pays va mal est une vérité de la palisse. Malheureusement, il nous coûte de nous en plaindre car il existe une caste d’individus qui estiment être au-dessus de la légitimité populaire et s’arrogent le droit de déverser, à tous vents, des insanités innommables. la bouche incandescente, telle la gueule d’un dragon piquée par une sagaie, ils râlent à l’antenne ou sur les plateaux des radiotélévisions, se paient des supports pour que leurs voix portent le plus loin possible. Tout ce charivari dont le pays n’a nullement besoin est l’œuvre de personnes à l’égo surdimensionné, repues de prébendes, enfants gâtés d’une république en perte de repères.
Dans ce pays, la parole est devenue insensée, le respect, l’esprit de solidarité et la convivialité sont enfouis dans les poubelles ; le mensonge, la médisance, la calomnie et les crimes économiques ont pris le dessus sur la vertu. Comment voulez-vous que nos enfants aspirent sainement à vivre dans cet univers obscurci par des mains et des comportements sales ? Quelles alternatives s’est-on efforcé de créer pour qu’ils ne succombent pas à la tentation de Barça ou Barsax, et parviennent à se démarquer de tout ce qui est susceptible de les transformer en caïds ?
Nous entendrons les thuriféraires du prince rivaliser de zèle pour faire étalage d’un bilan dont les indicateurs traduisent plus l’enrichissement illicite des courtisans et courtiers de la république, que le soulagement de la grande masse des couches sociales appauvries. Des couches appauvries plus que de raison par le renchérissement du coût de la vie. De 1983 à nos jours, les Sénégalais sont à l’épreuve de politiques économiques cruelles : ajustement structurel, plutôt déstructurant, libéralisme déstabilisateur, pilotage à vue décrit, par coquetterie intellectuelle, sous le vocable de Sénégal émergent.
Et comme si tout cela ne suffisait pas à leur malheur, on en rajoute par des projections économiques basées sur un endettement lourd, en nourrissant l’espoir que demain le pays sera un eldorado grâce à l’exploitation de gisements pétroliers et gaziers hypothéqués à l’avance. Voilà sommairement présenté le Sénégal de la gouvernance « sobre et vertueuse ». Un tableau peu reluisant, certes, mais il semble qu’il en faudra beaucoup plus pour sortir les Sénégalais de leur fatalisme, pour ne pas dire leur torpeur, entrainés sans doute en cela par le lion endormi qui les gouverne.
Par Abdoul Aziz SY
ON EST POURTANT LOIN DES DÉLESTAGES DE 2011
De grâce la Senelec n'est pas en déficit ! Comment une entreprise en déficit peut renouveler, il y a deux jours donc en pleine crise selon certains soi-disant spécialistes, sa notation financière double AA ?
Certains ont vraiment la mémoire courte. Qui ne se rappelle pas les délestages, les coupures intempestives de courant qui ont précipité la chute du régime de Wade ? Qui ne se rappelle pas les factures chères malgré les coupures ?. Depuis que L’Etat a décidé d’augmenter l’électricité, des spécialistes en tout se sont levés pour attaquer Senelec ou le management pour décrire sa mauvaise gestion.
De grâce SENELEC N’EST PAS EN DEFICIT! Comment une entreprise en déficit peut renouveler, il y a deux jours donc en pleine crise selon certains soi-disant spécialistes, sa NOTATION FINANCIERE double AA? COMMENT PEUT-ELLE ETRE en difficulté financière alors que les rapports du cabinet les plus réputés ont apporté la preuve contraire à travers ses Etats financiers certifiés. Comment une entreprise peu performante peut doubler sa capacité de production électrique en un si laps de temps en passant en 6 ans (2012_2018) de 500 MW à 1156 MW, faire oublier tout une population les coupures intempestives d’électricité à travers les délestages, à doubler l’accès à l’électricité en zones rurales et périurbains et à atteindre le défi de la disponibilité de l’énergie.
La performance d’une entreprise est mesurée à l’aune de ses états financiers et il faut distinguer le Revenu, le Résultat Net comptable et le Revenu Maximum Autorisé (RMA). Ce qu’il faut comprendre chers compatriotes, en termes clairs et accessibles Senelec est une entreprise régulée qui voit son revenu fixé et limité par l’Autorité de régulation (CRSE) contrairement à une entreprise privée qui n’a pas de frontière pour chercher son revenu. Cela n’a rien à voir avec les résultats financiers de l’entreprise. Il s’agit d’une option de l’Etat de surveiller cette entreprise de service public stratégique pour ne pas la laisser entre les mains de la concurrence et de la loi du marché mais de compenser le manque à gagner découlant de la régulation le cas échéant. En conséquence, Senelec est une entreprise régie par une loi particulière notamment la loi 98-29 qui prévoit en son article 28 que les projections de la base tarifaire pour les années ultérieures sont basées sur des estimations des dépenses d’investissement permises, de la cession des actifs et des taux d’amortissement convenus.
Les taux d’amortissement futurs peuvent être modifiés lors de la révision des conditions tarifaires mais ne pourront être modifiés de manière rétroactive. Les dépenses d’investissement qui auront été autorisées par les procédures d’approbation définies dans le cahier des charges du titulaire de licence ou de concession seront incluses dans la base tarifaire. Et il appartient à la CRSE de fixer les conditions tarifaires applicables à Senelec pour une période déterminée en fonction de ces éléments.
L’article 36 modifié du contrat de concession de Senelec stipule que les tarifs de vente au détail exclusive, pris dans leur ensemble, ne peuvent excéder le seuil autorisé par la Formule de contrôle des revenus prévue à l’article 10 du Cahier des charges. La Formule de contrôle des revenus est fixée à la Date de signature et pour une durée trois (3) ans et est révisée tous les trois (3) ans par la Commission de Régulation du Secteur de l’Electricité après consultation, des différents acteurs concernés, en l'occurrence le Ministère en charge des finances, le Ministère en charge de l'énergie, les associations de consommateurs, les producteurs indépendants, les représentants de certaines institutions de la République et des industriels.
La formule de calcul est prévue dans le cahier des charges de Senelec et permet de voir si ce qui a été prévu a été dépassé ou pas. En fixant ses tarifs de vente au détail, Senelec fait ses meilleurs efforts pour que le revenu perçu à partir de la vente au détail d'énergie électrique dans chaque année t, Rt (mesuré en francs CFA - FCFA), n'excède pas le revenu maximum autorisé dans chaque année t, MRt (mesuré en francs CFA - FCFA), déterminé selon la formule technique prévue à l’article 10 du cahier des charges.
Ces calculs découlent du budget d’investissement de Senelec, du plan de Production et tant d’autres facteurs fluctuants comme le fuel qui constitue le socle des charges de l’entreprise et la plus variable et qui est le facteur prépondérant de l'indice composite de d'inflation qui intègre aussi l'impact des équipements et matériels importés pour la production, le transport et la distribution de l'électricité. Ce qu'il faut comprendre c'est pendant les 80 dernières fois où il y a une révision tarifaire de l'électricité, il y a eu toujours un écart découlant de la variabilité du coût de l'investissement de Senelec et du Revenu Maximum Autorisé qui, s'il n'existait pas comme tout vendeur, elle prendrait son prix de revient auquel il ajouterait une marge pour revendre au consommateur que nous sommes.
J’en veux pour exemple le TAG 4 que Senelec fait tourner parfois pour satisfaire les besoins de clientèle que nous sommes, alors que le cout du KWh avoisine le double que paie le client in fine et ce pour répondre aux besoins du service public. Pourtant pendant ces périodes de révision c'est l'État qui a compensé la différence et c'est pourquoi les consommateurs finaux ne pouvaient pas le sentir. Si l'État décide de ne supporter qu'une partie, Senelec est obligée de réviser les tarifs conformément aux dispositions légales qui la régissent et sur décision du Régulateur ; le cas contraire, les règles de compensations s'appliqueront.
Cet état de fait résulte du fait de la forte variation du facteur indiciel le plus important notamment le pétrole qui constitue la charge principale de l'électricité. Pourtant, c’est la même formule qui a été utilisée en 2016-2017 pour ne pas appliquer la compensation du fait de la baisse en son temps du coût de l’électricité. L’Etat n’avait versé aucune compense. Que dire maintenant de la politique énergétique du Sénégal qui est un vrai succès. Il n'est jamais trop tard de se ressourcer car la régulation n'est pas la réglementation et la régulation ex ante n'est pas la régulation ex post. De grâce, que les vrais spécialistes de la régulation de se prononcer pour éclairer la lanterne du peuple abusé.
La situation déficitaire d'une entreprise est découverte à travers ses états financiers et depuis les 4 dernières années Senelec affiche toujours des résultats bénéficiaires. Les états financiers audités par les deux cabinets les plus réputés Mazar et KPMG ont été dûment certifiés et dans aucun de ses états financiers qui sont annuels du reste, vous ne verrez que Senelec est déficitaire. Pour savoir si la politique énergétique est une réussite, je vous renvoie au plan stratégique 2016-2020 de Senelec, aux réalisations qui crèvent les yeux des citoyens qui ne veulent pas voir avec les autres outils mis en place que vous aurez l’occasion de voir si vous avez l’intention de voir.
Abdoul Aziz SY
Juriste d’entreprise
NÉBULEUSES À LA DER
Alors qu’on n’a pas fini d’épiloguer sur le financement supposé ou réel d’un Gie mis en place par Zahra Iyane Thiam, la Délégation à l’entrepreneuriat rapide est citée dans un scandale
La Délégation à l’entrepreneuriat rapide (Der) n’en finit pas de faire parler d’elle. Au-delà des sommes faramineuses dégagées pour le financement des détenteurs de projet, la structure est aussi confrontée à ses propres turpitudes. Le cas du menuisier Senghane Diallo en est une parfaite illustration. Lors de la cérémonie de remise de chèques organisée en août 2018, le jeune homme était tout heureux de recevoir, des mains du chef de l’Etat, un spécimen de chèque de 15 millions de francs Cfa. Par-là, l’Etat montrait à la face du monde qu’il a bel et bien accepté de financer, via la Der, son projet de renforcement de capacités.
Quelques jours plus tard, il a été très heureux d’être appelé par la Bnde pour venir récupérer son financement, conformément aux engagements. Une fois dans les locaux de cet établissement de crédit, il a failli tomber des nues. En effet, en lieu et place d’un financement de 15 millions, on tente de lui faire signer un contrat de 5,5 millions de francs Cfa. Il dit alors niet, puisque c’est devant le chef de l’Etat et les écrans du monde qu’on lui a tendu un chèque de 15 millions, sur sa demande.
‘’Si vous revoyez les images, j’étais juste à la gauche du président. A un moment, il me taquinait même en tirant sur ma barbe’’, se rappelle-t-il désemparé.
Pour tirer les choses au clair, il appelle directement les autorités de la Der. ‘’Ils ont dit que c’est une erreur, avant de me conseiller de prendre la somme indiquée, à charge pour eux de compléter. J’ai alors pris et je suis parti acheter une partie du matériel. Je leur ai apporté toutes les factures, mais j’étais bloqué, puisqu’il me manquait encore des choses à acheter pour dérouler correctement mon projet’’.
Mais Senghane n’était pas au bout de ses peines. Au cours d’une visite de terrain, les autorités de la Der lui signalent, qu’en réalité, c’est eux qui se sont trompés en lui faisant un chèque de 15 millions lors de la cérémonie. Son projet ayant été réévalué et financé à hauteur de 5,5 millions de francs Cfa. Courroucé, il leur dit : ‘’Danguen ma yapp wala ? (Vous vous foutez de ma gueule ou quoi ?). Moi, je suis passé par les voies normales pour déposer. Je n’ai eu aucun bras long ; c’est eux qui m’ont contacté pour me dire que mon projet a été retenu ; ils m’ont invité à la cérémonie ; ils m’ont fait remettre devant le monde entier un chèque de 15 millions par le président de la République lui-même. Je ne peux donc prendre 5,5 millions comme si de rien n’était.’’
Face à son refus catégorique, les services de Papa Amadou Sarr promettent alors de diligenter l’affaire. Quelques jours après, M. Diallo reçoit un autre versement de 2,5 millions de francs, dans des conditions peu transparentes, selon ses dires. ‘’Je n’ai signé aucun contrat, aucun avenant, contrairement à la première fois. Je leur ai demandé pourquoi ce virement, puisqu’ils me devaient 9,5 millions ? Ils m’ont dit de gérer ça en attendant’’. Plus tard, face à l’insistance du menuisier qui dénonce un acte visant à lui fermer sa bouche, la Der et la Bnde se rejetteront la faute, du fait qu’aucun document n’a été signé avant le retrait de ces 2,5 millions supplémentaires.
En tout état de cause, le menuisier, lui, dit ne pas avoir besoin de l’argent du contribuable. ‘’Tout ce que je veux, c’est qu’ils respectent leur part du contrat, afin que je puisse continuer mon projet. Cet argent ne m’appartient pas. Je veux juste avoir les financements nécessaires pour poursuivre mes activités comme je l’avais projeté. Mais tant qu’ils ne m’auront pas complété la somme, je ne pourrais rembourser, car mon projet se trouve bloqué’’.
Plus cocasse encore, le bonhomme jure que, jusqu’à présent, malgré les nombreux appels au remboursement, personne n’a daigné l’appeler. ‘’Mais moi, fulmine-t-il, je n’ai pas besoin de cet argent qui ne m’appartient pas. Tout ce que je veux, c’est qu’ils respectent leur engagement, que je puisse travailler pour rembourser. Comme ça, d’autres jeunes pourront en bénéficier’’.
Ce dossier brûlant sur la table de la Der fait suite à celle impliquant la ministre en charge de l’Economie solidaire. Cette dernière avait servi une citation directe au patron de la structure, Papa Amadou Sarr, qui l’avait citée parmi les bénéficiaires de financements, pour un montant de 150 millions de francs Cfa, via son Gie And Jeego. A en croire la ministre, le Gie susvisé n’a eu à bénéficier que d’une promesse de financement.
Ces scandales surgissent dans un contexte où l’Etat est en train de remuer ciel et terre pour obliger les bénéficiaires à rembourser leurs financements.
par François Soudan
FCFA, TROIS SIÈCLES DE SERVITUDE
Il est temps de couper ce cordon ombilical monétaire qui trouve ses racines dans le processus de précolonisation complémentaire de la traite négrière
Jeune Afrique |
François Soudan |
Publication 17/12/2019
Les jours du franc CFA sont comptés. Alors que la quasi-totalité des pays membres de la zone franc célébreront en 2020 le soixantième anniversaire de leur indépendance, il est plus que temps de couper, avec précaution, ce cordon ombilical monétaire qui trouve ses racines dans le processus de précolonisation complémentaire de la traite négrière.
L’Histoire ne nous permet pas de prévoir, mais elle nous aide à mieux voir. Cet aphorisme inspiré de Paul Valéry est l’une des clés pour comprendre les fondements (pas toujours conscients) de la remise en question du franc CFA par un nombre croissant d’intellectuels, d’économistes, de politiciens et de chefs d’État africains francophones.
On ne sait pas avec précision sur quoi débouchera ce profond mouvement d’opinion, mais que ses résultats relèvent du simple aménagement cosmétique, comme le souhaitent ouvertement les présidents Ouattara et Sall, ou de la réforme systémique prônée par leurs homologues Issoufou, Talon et Déby Itno, une chose est sûre : les jours du franc CFA, tel qu’il fut créé il y a tout juste soixante-quatorze ans par un décret signé Charles de Gaulle, sont désormais comptés.
L’arme monétaire
Interroger le passé pour mieux appréhender le présent, c’est se rendre compte à quel point les puissances européennes ont jadis utilisé l’arme monétaire pour subjuguer l’Afrique. Les historiens François-Xavier Fauvelle (Le Rhinocéros d’or) et Toby Green (A Fistfull of Shells) racontent, chacun à leur manière, cette séquence méconnue du processus de précolonisation complémentaire de la traite négrière.
Avant même l’explosion, à la fin du XVIe siècle, du commerce des esclaves, ce qui intéressait avant tout les négociants arabes et européens au sud du Sahara, c’était l’or. La poudre d’or était destinée à être fondue en lingots, puis battue en monnaie. Avec ce métal précieux, les royaumes africains exportaient une devise forte, dont le cours ne se dépréciera qu’avec la mise en exploitation de mines concurrentes en Amérique du Sud. En échange, ils recevaient des « devises » faibles – armes, tissus, chevaux, verroterie – rapidement périssables. Le troc, déjà, était inégal.
La suite de l’histoire est édifiante. Prenons le cas de deux des constructions étatiques les plus sophistiquées du XVIIe siècle : le royaume du Bénin, dans le sud-ouest de l’actuel Nigeria, et celui du Kongo, qui s’étendait de l’Angola au Gabon, via le Congo. Tous deux battaient leur propre monnaie.
Le Bénin bénéficiait d’un double système monétaire, basé sur l’utilisation de coquillages locaux et de manilles en métal. Le Kongo, lui, avait généralisé l’usage d’Olivella nana – appelée nzimbu –, la coquille d’un escargot de mer issu d’une pêcherie féminine de l’île de Luanda. Les nzimbus étaient calibrés au tamis de façon à constituer des paniers de valeurs.
Cette combinaison financière fonctionnait avec beaucoup de fluidité, comme le rapportent nombre de témoignages de l’époque, jusqu’au jour où ces deux royaumes sont entrés en conflit avec les négriers portugais, hollandais, britanniques, français et espagnols pour un motif que l’historiographie coloniale n’a jamais voulu reconnaître : leur refus de vendre leurs sujets en esclavage.
Contrariées de se voir privées de ces inépuisables réserves de bois d’ébène, alors même que l’essor de l’agriculture dans les Amériques augmentait de façon spectaculaire la demande d’esclaves africains, les puissances européennes vont s’employer à déstabiliser ces royaumes incommodes.
Nous sommes à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe. Il n’est donc pas encore question de monter des expéditions punitives, les colonnes de tirailleurs de la sanglante conquête coloniale viendront bien plus tard.
Enfermés dans leurs comptoirs côtiers, où abordaient les navires négriers venus de Liverpool, de Lisbonne, de Nantes ou de Bordeaux, les Européens jouent sur les conflits locaux en armant les vassaux contre leurs maîtres et en finançant des petites principautés belliqueuses avides de bénéficier du fruit de la traite, lesquelles préfigurent certains des régimes postcoloniaux mis en place au lendemain des indépendances.
Parallèlement, ils organisent la faillite économique des capitales rebelles, Edo et Mbanza Kongo, en inondant les circuits de distribution de leurs propres textiles manufacturés. Avant d’user de l’arme fatale : le krach fiduciaire.
Afin de retirer aux royaumes la maîtrise de leur masse monétaire, des dizaines de galions débarquent sur les côtes du Golfe de Guinée d’énormes cargaisons de cauris importés des îles de l’océan Indien. En quelques années, les nzimbus disparaissent des circuits d’échange au profit de ces coquillages calibrés dont les Européens contrôlaient seuls l’importation et la distribution. Atteintes de plein fouet au cœur de leur souveraineté, les monarchies ne s’en remettront jamais.
Couper le cordon
Quand on sait que, plus de trois siècles plus tard, les billets en usage dans les quinze pays de la zone franc sont imprimés à Chamalières, ville dont le maire est l’un des fils de l’ex- (et très « françafricain ») président Giscard d’Estaing, et les pièces de monnaie frappées à Pessac, dans la banlieue de Bordeaux, d’où partirent un demi-millier d’expéditions négrières ; quand on connaît aussi le rôle majeur que joue le Trésor français, auprès duquel sont déposées sur un compte d’opérations entre 50 % et 65 % des réserves de change des banques centrales de l’Uemoa, de la Cemac et des Comores, on se dit que, tout au moins au niveau symbolique, rien n’a vraiment changé.
Certes, jeter sans préavis le bébé avec l’eau du bain présente des risques qu’il convient d’éviter. Mais si l’on veut empêcher que se propage l’amalgame toxique entre franc CFA et perpétuation de la « servitude monétaire » (formule développée il y a quarante ans dans un ouvrage paru aux éditions Jeune Afrique par l’économiste camerounais Tchundjang Pouemi et reprise depuis par le Togolais Kako Nubukpo), il n’y a pas d’autre choix que d’envisager de couper, avec précaution, le cordon ombilical.
En 2020, la quasi-totalité des pays membres de la zone franc célébreront le soixantième anniversaire de leur indépendance. Le moment idéal pour qu’un symbole en efface un autre.
François Soudan est directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
par Mamadou NDIAYE
DU SEL SUCRÉ QUELQUE PART AU SALOUM
En se révélant moins dangereux pour la santé, il suscite un intérêt croissant dans le bassin arachidier où se livre, à armes inégales, une âpre bataille de collecte et de conquête sur fond d’une sourde tempête
Le sel, pas le sucre, aiguise des appétits. En se révélant moins dangereux pour la santé, il suscite un intérêt croissant dans le bassin arachidier où se livre, à armes inégales, une âpre bataille de collecte et de conquête sur fond d’une sourde tempête. Celle-ci est prévisible. En raison justement des enjeux que soulève ce produit très prisé.
A perte de vue s’étendent, dans les deux régions voisines du Sine et du Saloum des marais salants, lieu de production du sel. Lequel est extrait de larges bassins de rétention d’eau de mer. Sous le soleil, cette eau s’évapore et se cristallise en déposant une abondante récolte. Les travailleurs évoluant dans ce secteur sont des paludiers, dont le nombre croit au rythme des saisons.
Cette ruée vers le sel s’explique par les revenus substantiels qu’il procure à toute une série d’acteurs allant des tâcherons aux artisans en passant par les intermédiaires et les industriels. L’arrivée de ces derniers inquiète déjà les populations qui redoutent la convoitise de leurs terres. Un des opérateurs privés, qui cherchait à disposer de 850 de terres, vient d’être débouté de sa requête jugée « inappropriée. »
L’annonce du rejet par le gouverneur de Kaolack à l’issue d’une délibération foncière, a soulagé les villageois des zones comprises entre Gamboul et Sibassor. Si le combat n’est pas gagné d’avance, la vigilance s’impose. Les acteurs de la filière s’organisent. Ils se mobilisent pour lever certains paradoxes : d’abord, le sel recueilli étant impropre à la consommation, il est vendu à vil prix. Le sac de 25 kilos est cédé à… 225 francs ! La tonne de brut vaut 8 000 francs CFA. La même tonne, retraitée et raffinée, est vendue à l’export près de 40 000 francs. En Europe, principale destination du sel sénégalais, l’usage est multiple mais il sert à dégivrer les villes envahies par la neige. Enfin, un juteux filon qu’exploite en toute discrétion l’entreprise « Les Salins du Saloum » qui exporte à elle seule plus du tiers de la production totale estimée à quelque 400 mille tonnes de sel.
A ces paradoxes, s’ajoute une autre incongruité : l’entreprise Patisen importe quelque 30 mille tonnes à l’année pour l’assaisonnement des bouillons de cuisine de ses productions alimentaires. L’Etat du Sénégal laisse faire en fermant les yeux sur ces entraves à l’écoulement de la production locale de sel. Le PDG de cette unité industrielle prospère, Youssef Omaïs en l’occurrence, devrait s’investir davantage dans le créneau en absorbant une bonne partie du sel extrait à l’état brut. Cela peut se faire en renonçant à importer du produit fini qui s’apparente à une évasion de devises et à une perte notable de recettes fiscales. Qui plus est, les sommes injectées dans l’importation de sel, une fois réinjectées dans la production locale servirait à revaloriser la filière avec des méthodes améliorées d’extraction, de raffinement et de conditionnement censées répondre aux exigences du marché.
Non seulement une telle perspective relancerait l’activité, mais mieux, elle aurait un double impact sur l’emploi et le label. L’appellation d’origine permettrait à notre sel d’avoir un positionnement attractif avec un soutien conséquent des pouvoirs publics notamment dans l’organisation de la filière et des acteurs. La fluctuation du prix au producteur et des réserves expose le marché à de fâcheuses incertitudes pouvant porter préjudice à l’image du sel sénégalais également consommé dans la sous-région ouest-africaine. La production artisanale ne paie pas de mine vis-à-vis de l’exploitation industrielle. Pour corriger ces disparités et atténuer les écarts de revenus tirés de ce secteur en expansion, la DER (entreprenariat rapide) a fait un pas notable. Elle a alloué près de 2 milliards de francs aux acteurs sous forme de prêts bonifiés en guise de compléments à l’appui bancaire octroyé pour consolider l’activité au plan financier.
A cet égard, Kaolack regorge de sel ciblé par les multinationales. D’ailleurs, celles-ci ne lésinent pas sur les moyens pour faire main basse sur cette richesse qui se heurte toutefois à la difficulté de remboursement des crédits octroyés par les banques. La tourmente financière affecte toute la chaîne de valeur qui, faute d’assainissement, risque de laisser de nombreux travailleurs sur la touche. C’est le moment que choisissent de lucides acteurs pour inviter les Sénégalais à se réveiller plutôt que d’ânonner à longueur de semaines « France dégage ». Au Sénégal de s’engager !
La furie jihadiste s’installe dans la durée au Mali. Des voix de plus en plus audibles s’élèvent pour fustiger l‘immobilisme socio-politique. L’une de ces voix, et sans doute pas la moindre, celle du Président du Patronat malien, Mamadou Coulibaly, affirme sans ambages que la création d’emplois est l’unique réponse à la tentation du diable qui séduit les jeunes très portés vers des aventures mortifères. Il sait de quoi il parle.
Pour lui, les mouvements jihadistes recrutent en proposant entre 50 mille et 100 000 francs aux jeunes. Il invite les entreprises maliennes à s’engager dans la lutte contre le désoeuvrement, la crise sociale et la perte de repères afin de redonner espoir et inspiration aux jeunes de son pays. M. Coulibaly fait fi des réticences. Face à une tragédie de cette ampleur, les employeurs du secteur privé du Mali ont à privilégier la fibre patriotique convaincu que dans une période trouble le gouvernail est tenu par des gens qui ont un sens aigu de l’étape, des responsabilités, du courage,
Le patron des patrons maliens dissimule mal ses états d’âme face au chaos économique qui défigure le Mali. L’économie doit servir le peuple et non l’inverse, selon lui. Gagnés par un dur quotidiens, nombre de ses compatriotes vivent reclus, Dans aucun de ses aspects, Bamako ne semble briller. La faiblesse des investissements dans les régions éloignées fragilise l‘appartenance au socle national soumis à rude épreuve. Le capitaine d’industrie avertit que l’exaspération sociale a besoin d’inventivité pour secouer le pouvoir de marché en vue de constituer une alternative au jihadisme qui ne brandit plus de projet messianique mais fascine les franges juvéniles par le clinquant, le fringant et le trébuchant.
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LA DER, L'AUTRE FONDS POLITIQUE ?
Enquête sur les dessous d'un circuit parallèle par lequel ont transité de nombreux financements de la Délégation à l'Entreprenariat rapide pour l'acquisition ou au profit de militants du camp présidentiel lors du scrutin de février dernier
La Maison des Reporters |
Moussa Ngom |
Publication 17/12/2019
Dans ce 2ème épisode de notre série d'enquêtes sur la corruption, La Maison Des Reporters révèle les dessous d'un véritable système d'achat de conscience qui a fonctionné durant la campagne présidentielle de 2019.
Découvrez les dessous d'un circuit parallèle par lequel ont transité de nombreux financements de la Délégation à l'Entreprenariat rapide pour l'acquisition ou au profit de militants du camp présidentiel sortant de l'époque.
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À NIAMEY, SONKO RAPPELLE LA JEUNESSE AFRICAINE À SES DÉFIS
Tant que nous n’oserons pas nous attaquer à la problématique fondamentale de la préférence nationale et du souci de transformer par nous-mêmes et de nous industrialiser pour pouvoir créer de la valeur ajoutée, nous ne développerons pas l’Afrique
SenePlus publie ci-dessous, le discours prononcé par Ousane Sonko lors de la convention d’investiture de Ibrahima Yacouba, le 16 décembre 2019 à Niamey, à la présidentielle nigérienne.
"Mon discours de Niamey!
Bonsoir tout le monde,
Je commencerai mes salutations par le président Ibrahim Yacouba, le féliciter et le remercier pour cette invitation qui nous a permis pour la première fois de visiter cette terre très hospitalière du Niger. À travers lui, je transmets mes salutations à tous ses collaborateurs dans son parti, avec une mention particulière pour le doyen et le sage du parti : le doyen Aladji Daouel.
Je salue tous ses invités, toutes formations politiques confondues. Mais je réserve des salutations particulières au président Mahamane Ousmane eu égard à son rang. Le message sera très court et sera adressé au candidat Ibrahim Yacouba mais au-delà de sa personne, il sera adressé au peuple nigérien et également à toute l’Afrique.
Monsieur le candidat, nous vous félicitons pour cette investiture et prions pour qu’elle soit suivie d’une brillante victoire au soir de l’élection présidentielle. Mais nous ne pouvons manquer d’attirer votre attention sur les épreuves qui vous attendent et vous le savez certainement parce qu’une élection présidentielle en Afrique reste ce qu’elle est. Pour avoir été candidat il y a à peine dix mois à l’élection présidentielle au Sénégal et avoir pu, par la grâce de dieu, me placer troisième, je peux vous dire qu’être candidat dans l’opposition en Afrique c’est affronter la croix et la bannière.
Vous devrez faire face à l’accaparement des moyens d’État, vous devrez faire face à un système électoral piégé, vous devrez faire face à l’utilisation des deniers publics pour acheter des consciences d’électeurs, entre autres obstacle qui vous attendent. Mais je ne doute point, vu la mobilisation exceptionnelle qu’il y a ici, et la popularité que vous avez auprès de votre peuple, et particulièrement auprès de cette frange jeune, que vous saurez surpasser ces obstacles.
M. le candidat, vous devrez présenter un programme à votre peuple puisqu’il est question de faire la politique autrement et de faire la politique sur des bases programmatiques solides.
Je veux vous dire, M. le candidat, je veux le dire au peuple nigérien et à tous les peuples africains que nous ne gagnerons jamais le combat du développement, nous ne sortirons jamais nos peuples du sous-développement, de la pauvreté et du chômage tant que nous ne nous aurions pas attaqué aux vrais goulots qui étranglent nos pays, tant que nous n’aurons pas mis le doigt sur l’accaparement de nos richesses, notamment les richesses naturelles. Si je pose ici la question de savoir où passent l’uranium et le pétrole du Niger, très peu de gens pourront me répondre. Tant que ces problématiques ne seront pas posés avec courage et résolus pour que les richesses naturelles du continent restent dans le continent, soient transformés dans le continent pour bâtir
un avenir pour nos enfants et nos petits-enfants, nous ne gagnerons jamais le pari du développement quels que soient les programmes qu’on proposera.
Tant que nous n’oserons pas nous attaquer à la problématique d’une monnaie qui nous soit propre et qui nous permet de définir une politique monétaire, dans le cadre de l’émission monétaire, dans le cadre de la définition de nos politiques d’échanges, nous ne développerons jamais ce continent et vous ne développerez jamais le Niger. Tant que nous n’oserons pas nous attaquer à la problématique fondamentale de la préférence nationale et du souci de transformer par nous-mêmes et de nous industrialiser pour pouvoir créer de la valeur ajoutée, nous ne développerons pas l’Afrique, vous ne développerez pas le Niger. Tant que nous n’oserons pas réorienter nos priorités par rapport à là où le besoin se fait sentir : le besoin d’éducation, le besoin de santé… Tant que nous n’oserons pas nous attaquer à ces questions-là , vous n’aurez pas de résultat, vous ne développerez pas le Niger et nous ne développerons pas l’Afrique. Et ces problématiques-là, il est temps que nous ayons une génération qui ose les poser et les poser sans sourciller.
Il se dit qu’il n’est pas bon pour un candidat ou pour un président de poser ces questions de manière frontale. Il se dit que trois ou quatre présidents nigériens ont subi des affres parce qu’ils ont osé les poser. Nous disons que ce temps est révolu et que cette génération politique africaine n’a plus de complexe à manifester vis-à-vis de qui que ce soit. Et c’est là où il est important que nous réorganisions la manière de l’aborder. Arrêtons de désigner les autres comme les responsables de nos problèmes. Nous sommes les seuls responsables. Pourquoi nos présidents continuent de signer des accords qui ne sont pas favorables à leurs peuples et pourquoi nous le peuple, continuons à l’accepter? C’est cela qu’il faut poser comme problématique et je pense que vous, M. Ibrahim Yacouba, vous oserez poser ces questions parce que nous partageons ensemble beaucoup de choses.
Nous partageons le fait d’être de la même génération, nous partageons presque d’avoir les mêmes carrières professionnelles. Vous avez été inspecteur des douanes, j’ai été inspecteur des domaines. Nous partageons d’avoir été tous les deux éjectés à cause de notre engagement politique. Mais nous partageons particulièrement le patriotisme parce que notre parti s’appelle Patriotes du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité. C’est pour cela, M. Yacouba, que nous croyons en vous et que nous croyons à tous ceux qui sont dans cette salle comme invités parce que cette dynamique panafricaniste est importante. C’est pourquoi nous vous assurons de notre soutien moral et de tout autre soutien que nous pourrons apporter pour que vous triomphiez largement le soir de l’élection présidentielle.