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2 décembre 2024
Développement
Par Vieux SAVANÉ
WAX JI DOY NA SËKK
Quelle urgence y a–t-il alors à vouloir pour certains s’autoériger en conscience morale, sonnant l’alerte à tout bout de champ sur tel lobby dont le dessein serait d’imposer au Sénégal un mode d’être et de faire ayant droit de cité dans leurs espaces ?
De quoi toutes ces personnes qui semblent obsédées par l’homosexualité sont-elles le nom ? Simplifions les choses en rappelant que l’homosexualité est une pratique sexuelle observable depuis la nuit des temps. Tolérée dans certaines sociétés, honnie dans d’autres, elle est condamnée par toutes les religions révélées, notamment l’Islam et le Christianisme.
En sus, ici au Sénégal, en l’état actuel du Code pénal, assimilée à une pratique contre nature, l’homosexualité est punie par la loi et lourdement sanctionnée (5 ans de prison). Et surenchère inutile, on nous avait même promis sa criminalisation comme premier projet de loi à déposer à l’Assemblée nationale. Pour sûr, elle n’est pas une maladie ni considérée comme telle, sinon il y aurait eu des unités de soins intensifs dans les hôpitaux à l’instar du cancer, de la tuberculose, des maladies sexuellement transmissibles, etc. Sortie de la sphère publique, la sexualité relève donc de l’ordre de l’intime. En somme, ce qu’il se passe dans l’enceinte d’un lieu clos, entre adultes consentants, ne concerne personne. Et regarder par le trou de la serrure pour en violer le secret est un délit.
Ce cadre rappelé, quelle urgence y a –t-il alors à épiloguer sur des choses convenues, à vouloir pour certains s’autoériger en conscience morale, sonnant l’alerte à tout bout de champ sur telle personne ou tels groupes de personnes et autres lobbies dont le dessein est d’imposer au Sénégal un mode d’être et de faire ayant droit de cité dans leurs espaces, à savoir la légalisation de l’homosexualité et du mariage pour tous. Au passage ils disent tout le mépris de soi voire de la représentation nationale qui les travaillent, puisqu’ils subodorent que les élus puissent voter des lois dictées et voulues par des forces extérieures.
Ces mêmes personnes, beaucoup plus tolérantes avec la haute criminalité de voleurs à col blanc, détournent les yeux des maux qui gangrènent la société en faisant vaciller ses bases. Elles ne s’offusquent nullement en effet que les deniers publics soient dilapidés, encore moins de la désespérance qui colle à la peau de la jeunesse qui, en dépit de tous les dangers continuent d’émigrer illégalement pour aller tenter sa chance dans des ailleurs plus cléments. L’espoir souverainiste en berne, ils ont du mal à croire que la courbe s’est inversée et que dorénavant le possible peut se décliner sur ses propres terres. Ces mêmes gens ne s’offusquent pas du spectacle affligeant et insoutenable de talibés enguenillés qui encombrent les rues, tendent la sébile et sont victimes des déviances des adultes et à qui on vole leurjeunesse. Elles ne s’indignent point de la bamboula inqualifiable que mettent à nu certains rapports de l’Ofnac et de la Cour des Comptes. Peu leur importe la reddition des comptes, la mal gouvernance, la gabegie. Encore moins le devenir de l’Ecole et de l’université si malmenées ces derniers temps, la santé bien malade, le monde rural soumis au rythme des saisons et à la disette des périodes de soudure.
C’est vrai que l’époque est faitdiversière mais tout de même ! N’oublions pas que l’alternance actuelle a été portée par une forte espérance, une envie de voir tourner la page des rancœurs, de l’arbitraire, de la misère matérielle de morale.
"Wax ji doy na sëkk" a-t-on envie de scander puisque le temps est à l’action. A ce titre, faut-il le souligner, il est rassurant de voir que, loin des agitations de tous ordres, le plus jeune président de la République du Sénégal semble résolument se focaliser sur les problèmes qui taraudent les populations en situation de précarité. La cherté de la vie. La pauvreté en milieu rural. La mal gouvernance, etc. Les chantiers qui sont énormes et en attente de solutions invitent le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye et son gouvernement à ne pas se laisser divertir ni se laisser entrainer sur des terrains sans horizons.
La rupture tant chantée, c’est justement la mise en œuvre d’’une nouvelle posture empreinte de gravité et de responsabilité.
Cela s’impose d’autant plus que « le suicide » des jeunes qui empruntent des pirogues pour l’Espagne ou qui se rendent au Nicaragua, se poursuit. Ces gosses, nos enfants, nos frères et soeurs, nos petits-enfants, sont une mauvaise conscience qui dicte l’urgence de se focaliser sur les vrais problèmes. Ils nous disent que la souveraineté se conquiert et que ce n’est pas en la noyant dans des exhalaisons déclamatoires qu’elle épousera la réalité. Et Pour cause !
Il y aura une souveraineté économique quand on arrivera à nourrir et à équiper ses populations avec sa propre production. Il y aura une souveraineté politique quand on pourra assurer soi-même sa propre sécurité.
Et c’est cette souveraineté conquise, réelle, qui sera susceptible d’injecter dans le corps social, plus particulièrement dans la jeunesse, cette fierté de soi, ce sentiment d’appartenance, qui vont tourner le dos aux pirogues de la mort. Au président Bassirou Diomaye Diakhar Faye qui parait humble et déterminé de relever les défis, loin du bruit et de la fureur, en faisant se croiser les préjugés favorables à son endroit avec les réalisations concrètes pour soulager les populations.
Le titre en français : "Assez des bavardages !"
L’ÈRE DE LA RUPTURE TERNIE PAR DE VIEILLES PRATIQUES
Promesse de changement ou retour en arrière ? L'emprisonnement récent de deux critiques du gouvernement pour des propos jugés "diffamatoires" sonne comme un revers précoce pour le nouvel exécutif, selon de nombreux observateurs
(SenePlus) - Le changement de pouvoir tant attendu semble déjà terni par la résurgence de vieilles pratiques dénoncées par le passé. Moins de deux mois après l'accession à la présidence de Bassirou Diomaye Faye, les arrestations d'opposants pour "offense" aux dirigeants ont en effet refait surface, ravivant un sentiment de "retour en arrière" chez certains observateurs, comme le rapporte Le Monde.
L'activiste Bah Diakhaté et l'imam Cheikh Tidiane Ndao ont été appréhendés les 20 et 21 mai par la Division des investigations criminelles pour "diffusion de fausses nouvelles" et "offense" au Premier ministre Ousmane Sonko, selon leur avocat Me Amadou Sall, cité par Le Monde. Une situation qui tranche avec les positions défendues jusqu'alors par M. Sonko.
Lors d'une conférence à Dakar le 16 mai en présence de Jean-Luc Mélenchon, le chef de file du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef) avait estimé que l'homosexualité, bien que "non acceptée", était "tolérée" au Sénégal. Des propos qui ont suscité une vive polémique, M. Diakhaté et l'imam Ndao accusant M. Sonko de faire la "promotion de l'homosexualité".
"Nous demandons la libération de Bah Diakhaté et de Cheikh Tidiane Ndao. Les emprisonner pour des insultes est un retour en arrière", dénonce Alioune Tine, défenseur des droits humains, cité par Le Monde. Ce dernier rappelle qu'avant d'arriver au pouvoir, MM. Faye et Sonko "dénonçaient les mêmes restrictions".
Pour Amnesty International Sénégal, si les propos peuvent être jugés "graves et diffamatoires", "les autorités doivent s'efforcer d'éviter les arrestations et les emprisonnements systématiques", plaidant pour des poursuites civiles. Une position partagée par Me Sall, qui dénonce "un passage en force pour arrêter un activiste".
Au-delà de cette affaire, c'est toute la question de l'homosexualité qui reste un sujet sensible au Sénégal. Légalement punie d'un à cinq ans de prison, elle est régulièrement au cœur de polémiques, à l'image du dépôt en 2023 d'une proposition de loi pour un durcissement de la législation. Un texte finalement jugé "irrecevable" mais porté par le ministre actuel de l'Éducation Moustapha Guirassy.
Face aux critiques, l'ex-président Macky Sall affirmait en 2015 que "le Sénégal n'est pas prêt à dépénaliser l'homosexualité", tout en assurant que le pays n'était "pas homophobe". Le chemin vers une société plus ouverte et tolérante reste à parcourir pour cette nouvelle équipe, appelée à rompre définitivement avec les dérives et arrestations controversées du passé.
LE POUVOIR ACCUSÉ D'ARBITRAIRE
Selon l'APR, Bah Diakhaté n'a fait que prouver des faits relatifs au Pastef, sans injures ni diffamation. "Moins de deux mois de gestion par le Pastef, nos libertés sont agressées et la dictature est en gestation", ponctue l'ex-parti présidentiel
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de l'Alliance Pour la République (APR) condamnant l'arrestation de l'activiste Bah Diakhaté pour "diffusion de fausses nouvelles" et "offense" à l'encontre du chef du gouvernement Ousmane Sonko. Des motifs fallacieux selon l'APR, qui y voit une manifestation du mode de fonctionnement fondé sur l'injure, la haine et la violence de Pastef, le nouveau parti au pouvoir.
"Monsieur Bah Diakhaté, activiste républicain, réputé pour ses analyses documentées et fouillées, est dans les liens de la détention, pour des motifs aussi fallacieux que farfelus.
Pour ce que nous en savons, l'activiste est revenu au cours d'un live, sur les propos du leader du Pastef, relatifs à la criminalisation de l'homosexualité et le reniement de ce dernier lors d'une conférence conjointe avec le leader de la France Insoumise tenue à l'Ucad, sur une transaction foncière et sur le cas d'un vice-président du Pastef sanctionné par sa hiérarchie pour des questions de mœurs. De notre point de vue, aucun de ces faits ainsi évoqués et prouvés n'est constitutif ni d'injures publiques, ni d'offense encore moins de diffusion de fausses nouvelles.
L'Alliance Pour la République prend l'opinion à témoin pour dénoncer avec la dernière énergie cette arrestation arbitraire et pour exprimer sa vive préoccupation au regard des dérives liberticides des nouvelles autorités.
Notre parti, l'Alliance Pour la République avait très tôt alerté sur la mise en péril de notre vivre-ensemble par le Pastef au regard de son mode de présence en politique basé sur la violence, la haine, la manipulation, l'insulte, l'outrage et les agressions contre les Institutions de la République. Moins de deux mois de gestion du pays par le Pastef, la paix civile est menacée, nos libertés sont agressées et la dictature est en gestation.
A la vérité, cette arrestation consternante interpelle tous les républicains, tous les citoyens démocrates, soucieux de l'avenir du Sénégal et attachés à la liberté, notamment la liberté d'expression. Accepter que Bah Diakhaté soit dans les liens de la détention, c'est abdiquer ; c'est ouvrir la voie à l'arbitraire et à toutes les forfaitures.
L'Alliance Pour la République exprime sa solidarité active à bah Diakhaté et exige sa libération immédiate et sans condition.
En conséquence, l'Alliance Pour la République appelle, les militants et responsables, jeunes et femmes du Parti et de la coalition BBY ainsi que tous les républicains et démocrates épris de paix et de justice à se mobiliser pour engager le combat pour la libération immédiate et sans condition de Bah Diakhaté et pour barrer la route aux fossoyeurs des libertés et de la démocratie."
L'AFRIQUE, PRISON À CIEL OUVERT POUR SES CITOYENS
Aliko Dangote, première fortune africaine, a dénoncé les innombrables visas qu'il doit obtenir pour circuler sur le continent. Un comble quand d'anciens colonisateurs européens jouissent d'un accès plus aisé que les Africains eux-mêmes
(SenePlus) - L'homme le plus riche d'Afrique a beau être un puissant investisseur, il n'échappe pas aux tracasseries administratives pour se déplacer sur le continent. Aliko Dangote, milliardaire nigérian, a récemment dénoncé devant le Africa CEO Forum à Kigali les nombreux visas qu'il doit obtenir, lui qui souhaite "rendre l'Afrique grande".
"En tant qu'investisseur, quelqu'un qui veut faire avancer l'Afrique, je dois demander 35 visas différents pour mon passeport", a regretté M. Dangote, selon CNN. "Je n'ai vraiment pas le temps d'aller déposer mon passeport dans les ambassades pour obtenir un visa", a-t-il ajouté devant un auditoire amusé.
Cette situation kafkaïenne pour l'une des plus grandes fortunes du continent relance le débat brûlant sur les entraves à la libre circulation en Afrique pour ses propres ressortissants. Pire encore, de nombreux Africains pestent de voir que d'anciens colonisateurs européens bénéficient d'un accès plus libre que leurs voisins du continent.
"Je peux vous assurer que Patrick [Pouyanné, PDG de Total Energies] n'a pas besoin de 35 visas avec un passeport français, ce qui signifie que vous avez une liberté de mouvement supérieure à la mienne en Afrique", a lancé Dangote à son voisin français, rapporte CNN.
Un constat amer qui illustre les défis posés par la balkanisation du continent. Si le Rwanda a supprimé les visas pour tous les ressortissants africains en 2023, rejoignant le Bénin, la Gambie et les Seychelles, de nombreux pays africains continuent d'ériger des barrières, au prix de démarches discriminatoires, hostiles et très coûteuses pour leurs voisins.
"C'était mon expérience la plus humiliante en voyageant en Afrique", témoigne ainsi auprès de CNN le réalisateur de films nigérian Tayo Aina. En avril 2021, il a été contraint de fournir un échantillon de selles devant un officier éthiopien pour prouver qu'il n'avait pas ingéré de drogue.
Fatigué d'être "détenu dans les aéroports" à cause de son passeport nigérian, le jeune homme de 31 ans a fini par débourser 150 000 dollars pour obtenir la nationalité de Saint-Christophe-et-Niévès, lui ouvrant plus de portes.
L'Union africaine affiche pourtant l'ambition de "supprimer les restrictions à la capacité des Africains de voyager, travailler et vivre sur leur propre continent". Mais la concrétisation de la libre circulation, moteur de la Zone de libre-échange continentale, avance au ralenti.
Pour l'expert Alan Hirsch, de l'institut new-soudien New South, la crainte des migrations permanentes freine les ardeurs d'ouverture des pays les plus riches. "Il y a la peur que les gens des nations plus pauvres cherchent un moyen de s'installer durablement", explique-t-il à CNN.
L'universitaire sud-africain pointe aussi le manque d'intégrité des systèmes de passeport et de visa dans certains pays : "Des gens ont trouvé des moyens illégaux d'obtenir des passeports, comme se faire passer pour burundais sans l'être réellement."
Qu'importe les progrès régionaux, voyager au-delà de sa zone géographique reste semé d'embûches pour les Africains. Un visa à l'arrivée au Nigeria qui coûtait 25 dollars aux Kenyans est ainsi passé à 215 dollars après une réforme du système.
Un inextricable labyrinthe de formalités, de refus injustifiés ou de dossiers incomplets qui, selon CNN, incite certains à chercher des passeports plus pratiques, comme l'a fait Tayo Aina. Son nouveau sésame de Saint-Christophe donne plus d'ouverture sur l'Afrique que son passeport nigérian.
Africa's richest man - Aliko Dangote - says he needs 35 visas to travel in Africa on his Nigerian passport.
Alors que Macky Sall souhaite maintenir son influence, plusieurs figures émergentes tentent de s'imposer comme de nouveaux patrons. Amadou Ba, Abdoulaye Daouda Diallo et Amadou Mame Diop sont dans les starting-blocks
En quittant le pouvoir, le président Macky Sall a laissé son parti dans la plus grande incertitude, refusant ainsi d'organiser sa succession au sein de l'appareil. Aujourd'hui, plusieurs têtes peuvent se réclamer le leadership au sein de la formation marron-beige. Mais qui a le meilleur profil ?
Macky est le prototype parfait de l’homme politique façonné par Abdoulaye Wade. Le leader de l’Alliance pour la République (APR) copie son mentor politique dans toutes ses actions. Même après la perte du pouvoir, il continue de vouloir tenir les rênes de son parti comme le Pape du Sopi qui demeure toujours le Secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (PDS).
On se demande cependant si ce qui est valable pour le patriarche libéral avec le PDS, 50 ans d’existence, peut l’être avec l’APR créée depuis juste 16 ans. En effet, le contexte politique a foncièrement changé avec de nouveaux acteurs et un nouvel écosystème.
Mais Macky Sall semble n’en avoir cure. Lors du dernier Secrétariat Exécutif National (SEN) de l’Alliance pour la République (APR), il a proposé une gestion collégiale du parti en formant une équipe composée de Amadou Mame Diop, Cheikh Mbacké Ndiaye, et de jeunes comme Thérèse Faye, Sira Ndiaye, Aissatou Ndiaye, Haniyeu Mbengue, Abdou Lahad Seck Sadaga, Mame Marième Babou, Abdoulaye Fall, Seth Diop, et Djimo Souaré.
Depuis, il se pavane dans le monde en tant qu’envoyé spécial du 4P (Pacte de Paris pour les peuples et la Planète). S’il n’a pas une réelle ambition de revenir dans la scène politique sénégalaise, rien ne devrait l’empêcher de préparer la relève ; mieux, de passer le relais à un des apéristes les plus influents dans la formation pour assurer le leadership fort qu’il a incarné toutes ces années. A moins de préparer sa succession, il pouvait laisser le jeu politique se poursuivre dans la formation. Ainsi, le plus fort et le plus influent dirigera le parti.
Comme “L’AS” l’avait écrit au lendemain de la défaite du pouvoir de Macky Sall, deux options s’offrent à l’APR. Bâtir le parti autour de leur candidat déchu Amadou Ba ou bien choisir un nouveau leader apériste de lait capable de réunir tout le parti autour de l’essentiel.
Mais le président Sall semble ne pas vouloir en tout cas que le candidat déchu de son parti lors de la présidentielle du 24 mars 2024 dès le premier tour profite de l'appareil qu’il a créé et façonné. La preuve, ses fedayins refusent toujours de se ranger derrière Amadou Ba.
Très mou politiquement, l’ancien Premier ministre devrait maintenant s'affranchir de Macky Sall et affronter tous ses détracteurs au sein de l’APR. Mieux, il pourrait également prendre ses distances de la formation marron beige. D’ailleurs, depuis quelques jours, de nombreuses voix sortent pour dire que l’ancien Premier ministre Amadou Ba est sur la voie de créer un parti. Étant naturellement le chef de l’opposition du fait de sa position au dernier scrutin présidentiel, il reléguerait ainsi l’APR en troisième position dans le classement des forces politiques du pays. En tout cas, il est difficile d’imaginer dans le contexte actuel qu’Amadou Ba pilote le bateau apériste et l’emmène à bon port.
Abdoulaye Daouda Diallo, le profil idéal pour les apéristes de lait
Pour autant, d’aucuns théorisent dans le parti l’idée selon laquelle Abdoulaye Daouda Diallo serait le responsable apériste qui a les qualités requises pour succéder à Macky Sall à la tête de l’appareil politique. Le maire de Boké Dialloubé est un technocrate discret, voire effacé. Il a occupé les plus hautes fonctions sous le magistère de Macky Sall : ministre de l’Intérieur, ministre de l’Economie et des Finances, président du Conseil économique social et environnemental (CESE), Directeur de cabinet de Macky Sall...
Il faut rappeler que l’actuel président du CESE avait préféré revenir sur ses ambitions présidentielles et s’effacer au profit d’Amadou Ba lors de la présidentielle de 2024. Une pilule difficilement avalée au nom de la loyauté au président Macky Sall. Abdoulaye Daouda Diallo, qui n’a jamais voulu se ranger derrière Amadou Ba, avait même ourdi un plan pour s’opposer à lui. Il est évident que ce n’est pas aujourd'hui qu’il va accepter ce qu’il a toujours abhorré.
Au contraire, il peut prendre sa revanche en s’imposant comme l’homme fort du parti. Il est évident que les apéristes en grande partie ne remettront pas en cause sa légitimité.
Amadou Mame Diop, homme de confiance de Macky Sall
Une troisième personnalité politique apériste qu’on calcule rarement ; mais qui est capable de prendre les rênes du parti et de fédérer les militants, c’est l’actuel président de l’Assemblée nationale. Dr Amadou Mame Diop Diop, maire de Richard Toll depuis 2014, est à l’APR depuis sa création. Très discret, il bénéficie d’une base politique solide au nord du Sénégal. Il faut noter également que c’est un homme consensuel qui est respecté dans le parti. Militant des premières heures de l’APR, coordonnateur de la Coalition Benno Bokk Yaakaar du département de Dagana, il a été élu député en 2012, réélu en 2017 et en 2022.
En le choisissant pour diriger le parlement, Macky a montré qu’il fait partie de ses hommes de confiance. Décidé à faire respecter ses consignes, Macky Sall n’a pas hésité à mettre ses députés sous surveillance jusqu’au vote final le jour de l’élection du bureau de l’Assemblée nationale. C’est une manière également de dire que Macky Sall tient vraiment à cet homme.
On se rappelle à l’époque, Mimi Touré, frustrée du choix porté sur Amadou Mame Diop à son détriment, elle disait que le choix porté sur lui n’est que le reflet de la prédominance de l’appartenance familiale au détriment du mérite militant. Il faut juste noter qu’Amadou Mame Diop est très proche de la famille de la première dame et qu’il a grandi dans leur cercle familial.
Par Alioune Badara DABO
IL NOUS FAUT UN CONSERVATOIRE NATIONAL DU LITTORAL
Il peut avoir pour mission d’imaginer, d’aménager et de protéger le littoral, les espaces naturels et les espaces de promenade et de respiration pour préserver le cadre de vie et le fragile équilibre ville-nature
Le 24 Mars 2024, le peuple sénégalais a fait le choix de la rupture en portant son choix sur le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye du parti PASTEF les Patriotes. Après six semaines d’exercices du pouvoir, l’arrêt des chantiers sur le littoral constitue, avec la publication des rapports des corps de contrôle et l’audit du site déclassifié de Mbour 4, les décisions phares prises pour la restauration de la transparence dans le domaine de la gestion foncière. Ces mesures conservatoires, quoiqu’appréciables et appréciées par l’opinion, devront être accompagnées par un cadre réglementaire et institutionnel durable qui garantisse l’équité et l’intérêt général dans la gestion foncière au Sénégal. Cette contribution met le focus sur la problématique de la gestion du foncier sur le littoral et entend participer aux réflexions en cours sur les mécanismes et dispositifs à mettre en œuvre pour régler durablement la question foncière sur le littoral sénégalais.
Pourquoi un Conservatoire national du littoral au Sénégal ?
Le littoral sénégalais s’étend sur près de 700 km et correspond à la façade maritime de six régions du Sénégal (SaintLouis, Louga, Dakar, Thiès, Fatick, Ziguinchor). Il est constitué d’écosystèmes naturels et anthropiques, mais menacé par la forte concentration économique et démographique et par les effets du changement climatique (érosion côtière, inondation, salinisation des sols…).
Sa gestion durable a préoccupé les pouvoirs publics depuis les premières heures de l’indépendance, mais aussi la communauté scientifique, l’UICN et les acteurs de la société civile. L’une des premières mesures prises par le Président Senghor consistaient à classer le foncier dans le Domaine Public Maritime (DPM) de l’État : ce dernier étant également soumis à la législation foncière.
La loi de 1976 portant code du domaine de l’État définit le DPM et la zone littorale qui font partie du domaine public naturel de l’État comme étant : « les rivages de la mer couverts et découverts lors des plus fortes marées, ainsi qu’une zone de cent mètres de large à partir de la limite atteinte par les plus fortes marées ». Le DPM est soumis au régime de la domanialité publique qui se caractérise par son exorbitance liée notamment aux principes d’inaliénabilité et d’imprescriptibilité qui s’appliquent à lui. L’État ne peut pas transférer un droit à un tiers ni à titre onéreux, ni à titre gratuit. En d’autres termes, le DPM ne peut pas bénéficier d’une prescription acquisitive. Toutefois, l’État peut bénéficier de certains espaces relevant du domaine public en les déclassant pour les faire entrer dans son domaine privé.
Sous le régime du Président Abdou Diouf, d’autres textes viennent s’appliquer également sur le DPM et cherchent à garantir une protection efficace et effective du littoral. En plus de la loi sur le domaine national de 1964, il y a eu également celle relative à l’environnement. L’ambiguïté de ce code de l’Environnement de 1983 a eu des conséquences importantes dans l’application des politiques environnementales. La loi de 1983 ne réglementait que certains aspects de l’environnement (le domaine marin et côtier n’en faisait pas partie) et était cependant complétée par les autres textes intervenants dans des secteurs spécifiques (forêt, chasse, urbanisme, aménagement du territoire, etc.).
La loi de 1996 a apporté des modifications majeures dans la gestion de l’environnement et le foncier. L’organisation territoriale s’est complexifiée avec la superposition de plusieurs échelons de collectivités décentralisées et de services déconcentrés de l’État.
Au niveau du foncier et plus précisément en ce qui concerne le DPM, les collectivités décentralisées malgré l’approfondissement de la décentralisation en 1996 ont peu de compétences en la matière. Leur implication dans la gestion du DPM est timide. Et pourtant, le littoral est, pour certaines collectivités locales côtières, d’une grande importance pour leur développement économique et touristique, mais elles ne sont que partiellement impliquées.
La loi de 1983 a été remplacée par celle de 2001 portant code de l’Environnement, sous le régime du Président Abdoulaye Wade. Elle contient plusieurs dispositions qui peuvent être relatives à la protection du littoral. En effet, le législateur prévoit des mesures de prévention et de lutte contre les pollutions et nuisances qui concernent aussi le littoral. Ceci se concrétise parle classement de certaines installations pour la protection de l’environnement, le respect des règles environnementales par les établissements humains, la gestion des déchets, l’obligation de procéder à l’étude d’impact, et l’établissement d’un plan d’urgence est prévu en cas de situations de pollution grave. De même, des règles sont également établies pour la protection des milieux, avec des mesures de prévention de la pollution des eaux et de la dégradation des sols.
Vers la fin du régime du Président Abdoulaye Wade, le littoral est devenu le théâtre d’une spéculation immobilière intensive. Ce phénomène s’est accéléré avec le régime du Président Macky Sall. Hôtels et immeubles d’habitation ou de bureaux y poussent à grande vitesse.
Les défenseurs de l’environnement ou de la qualité de vie dénoncent la privatisation du littoral à coups de violations des règles de droit. Certaines populations se plaignent de ne plus avoir d’accès libre à la mer et la préservation du littoral apparaît comme une des conditions d’aménagement équilibré des territoires face à l’urbanisation croissante.
Toutefois les politiques environnementales ou d’aménagement du territoire ou de préservation exclusive de cet espace n’ont pas encore atteint les effets escomptés et les ressources foncières sont de plus en plus grignotées notamment sur leurs franges. La croissance urbaine au Sénégal exerce une forte pression sur le littoral. Elle raisonne comme un défi envers les savoirs et pratiques opérationnelles de l’aménagement du territoire, de la planification et la gestion du littoral.
Je pense que la mise en œuvre de la volonté politique de protection du littoral du régime actuel et de la valorisation des espaces naturels, des espaces de promenade et de respiration, et de coordonner en ces domaines les actions des collectivités territoriales avec celles de l’État et de ses établissements publics doit être portée par une entité territoriale forte, viable et porteuse de transition vers des pratiques plus durables.
Les réformes engagées par le Sénégal, à savoir l’Acte III de la décentralisation, définissent de nouveau système de gouvernance des territoires avec notamment la communalisation intégrale des collectivités territoriales de proximité des communes et l’érection des départements en collectivité territoriale. Ce système pose des questions d’échelle de gestion et d’intégration du littoral dans le développement des territoires.
Ce processus d’organisation des territoires, des activités et des usages implique la recherche d’un équilibre entre l’urbanisation et le littoral, entre l’économie et la santé, la ville et les écosystèmes naturels, entre la croissance démographique et la préservation du cadre de vie. Il appelle ainsi, comme le suggère le Président de la république, à mobiliser l’intelligence collective des acteurs des territoires pour préserver le fragile équilibre entre la ville et le littoral.
La suspension des chantiers contribue à l’ouverture d’un débat plus vaste sur l’accaparement du foncier à travers tout le pays. Le Président Bassirou Diomaye Faye a promis de rompre avec le système incarné par son prédécesseur, Macky Sall. Ce dernier avait signé en avril 2023 un décret déclassant une forêt de près de 826 hectares destinée à empêcher l’avancée de la mer, pour y autoriser la construction d’infrastructures, d’équipements collectifs et de logements.
Cette urbanisation croissante situe le littoral à la jonction de différentes politiques publiques économiques, environnementales et action foncière. Il reste donc souhaitable pour le Sénégal, que les différentes stratégies des investisseurs, promoteurs immobiliers, l’État, les collectivités, les associations de protection de la nature soient source d’enrichissement, plutôt que de conflit, et favorisent un dialogue constructif qui exige de chaque acteur un comportement citoyen
La nouvelle institution technique et opérationnelle viendra renforcer le niveau de gestion, de coopération et d’échange, mais aussi de création d’espaces verts, d’espaces de promenade et de respiration, le niveau de collaboration entre l’État, les associations et les acteurs territoriaux dans la conduite, le suivi et l’évolution des politiques de protection du littoral.
Je pense que la mise en place d’un Conservatoire national du littoral (inspiré du Conservatoire du littoral en France, créé en 1975 pour lutter contre l’urbanisation des côtes françaises), structure technique et opérationnelle, traduit l’impératif de compléter notre architecture de gouvernance des ressources territoriales, foncières, marines, par une institution, siège de la protection et de la valorisation du littoral sénégalais.
Les objectifs du Conservatoire national du littoral
L’objectif de la création du Conservatoire National du Littoral est de mettre en place une structure technique et opérationnelle de gestion, de protection, d’animation, de sensibilisation et de création d’espaces de nature et de respiration afin de répondre aux enjeux de la croissance démographique qui crée des besoins inédits, notamment en termes de logement, de mobilité, d’emploi, de gestion de déchets, du cadre de vie, de gestion de l’eau et, de manière générale, de gestion de l’environnement.
Dans un contexte de grandes transformations urbaines, de mutations paysagères, de changements profonds des territoires côtiers liés au lancement de travaux d’envergure visant à relever les défis de la restructuration et de la croissance démographique, il s’agit de préserver le patrimoine naturel et le cadre de vie menacé par cette urbanisation croissante. Concilier les espaces de nature, de promenade, de respiration avec l’aménagement du territoire devient une nécessité.
Le Conservatoire est ainsi créé pour mettre en œuvre la politique de gestion, de protection et de valorisation du littoral, mais aussi de coordonner les actions des collectivités territoriales avec celles de l’État. Il vient renforcer de manière technique et opérationnelle le niveau de collaboration entre l’État, les associations, et les acteurs territoriaux dans la gestion, le suivi et l’intégration de la question environnementale, écologique, sociale dans les politiques d’aménagement du territoire.
Les objectifs opérationnels de la création du Conservatoire du littoral sont les suivants :
• Concilier aménagement du territoire, la gestion durable du littoral, du cadre de vie et la protection des écosystèmes naturels
• Diminuer la pression foncière et gérer durablement les espaces dont la valeur patrimoniale engage notre responsabilité à l’égard des générations futures et ouverture au public des espaces de promenade
• Anticiper les mutations des espaces naturels par une démarche prospective
• Créer des espaces de respiration, de lutte contre l’érosion côtière, les inondations et de participation à la qualité de vie des populations
• Accompagner et animer les projets de l’État et des territoires sous l’angle de la transition écologique
• Développer et mettre en œuvre une stratégie opérationnelle valorisant l’exemplarité environnementale de l’État et des collectivités territoriales
• Protéger les populations contre des phénomènes climatiques extrêmes en permettant un espace de tampon entre la mer et les enjeux humains.
Quelle forme ou statut pourrait prendre le conservatoire du littoral au Sénégal ?
Le Conservatoire peut être un établissement public administratif de l’État placé sous la tutelle des Ministères de l’environnement, de l’économie, de l’aménagement du territoire et des collectivités territoriales. Il peut être gouverné par deux instances : le Conseil d’administration composé principalement d’élus nationaux, départementaux, communaux et de représentants des ministères. Il est un organisme commun à l’État et aux collectivités territoriales, où les qualités et les rôles complémentaires de l’un et des autres se conjuguent et se renforcent mutuellement.
Il peut avoir pour mission d’imaginer, d’aménager et de protéger le littoral, les espaces naturels et les espaces de promenade et de respiration pour préserver le cadre de vie et le fragile équilibre ville-nature. À ce titre, l’action du Conservatoire s’inscrit dans le cadre des politiques nationales, territoriales en matière de qualité de vie, d’aménagement du territoire et d’environnement.
Le Conservatoire doit avoir pour mission d’intervenir et d’argumenter afin de préserver de manière règlementaire le littoral. Il vise à : (i) prévenir ou endiguer l’urbanisation non maîtrisée ; (ii) concilier l’ouverture au public et la préservation de la biodiversité ; (iii) mettre en valeur les paysages ; (iv) conforter le maintien de la production économique et touristique et (v) prévenir la dénaturation des espaces ouverts par des veilles foncières avec les collectivités et les associations.
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LIONEL ZINSOU EN DÉFENSEUR DU FRANC CFA
Face aux appels à l'abolition de cette monnaie héritée de la colonisation, l'économiste fustige les "extrêmes" et en vante la stabilité. Pourtant, les critiques sont nombreuses quant à son impact sur le développement des pays africains
Lionel Zinsou, économiste et ancien Premier ministre du Bénin, a défendu sur TV5 Monde le maintien du franc CFA, monnaie commune à 14 pays d'Afrique de l'Ouest. Faisant front face aux appels récurrents pour l'abolition de cette monnaie héritée de la colonisation française, Zinsou a dénoncé les "extrêmes" qui remettent en cause cette union monétaire, garante selon lui de stabilité et d'intégration régionale.
L'ancien Premier ministre a balayé les critiques sur la supposée surévaluation du franc CFA, réfutant son impact sur la compétitivité. "Nos économies sont vendeuses en dollars, la parité importe peu", a-t-il lancé, rappelant que les pays voisins dotés de monnaies indépendantes souffrent des mêmes maux économiques. Une pique à peine voilée envers ceux qui voient dans l'écu colonial un frein au développement.
Zinsou a également relativisé l'aspiration souverainiste, arguant que la plupart des pays membres demeurent attachés à cette monnaie commune. "Un changement prendrait des années", a-t-il prévenu pour mieux décrier toute sortie "par simple décret". Un prudent rappel à l'ordre, alors que les vents de révolte ont récemment soufflé au Niger et au Mali contre le "Franc des colons".
L'ex-chef du gouvernement béninois n'a pas mâché ses mots pour fustiger aussi bien les "extrêmes droites" que les "extrêmes gauches" hostiles aux unions monétaires, un "spectre politique" qu'il juge dépassé. À contre-courant, il a plaidé pour davantage d'intégration, saluant le souhait du Sénégal de réformer le franc CFA, mais "dans le cadre des 15 pays" de la CEDEAO, l'organisation régionale.
Au moment où la contestation enfle, Lionel Zinsou, défenseur de premier plan du "Franc de la France en Afrique", s'est institué en rempart pour maintenir un lien désormais honni par une partie du continent. Un discours résolument contre-révolutionnaire, pour un franc CFA plus que jamais dans le collimateur.
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JIMMY CHÉRIZIER, SYMBOLE D'UNE NATION À GENOUX
Haïti au bord du chaos : portrait de "Barbecue", le chef de gang qui tient Port-au-Prince sous la coupe de fer de son alliance criminelle et défie ouvertement l'État
La capitale haïtienne est aujourd'hui en proie à une violente guerre des gangs qui font régner la terreur. Au cœur de cette crise, un nom revient sans cesse : Jimmy Chérizier, surnommé « Barbecue ».
Ce chef de la puissante alliance criminelle G9an Family & Allies revendique le contrôle des larges pans de Port-au-Prince. Ses hommes lourdement armés défient ouvertement l'autorité de l'État et pratiquent un banditisme meurtrier à la rencontre des civils.
par Pape Chérif Bertrand Bassène
L'IMPACT D'UN DÉBAT UNIVERSITAIRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le "Goordjiguène" a toujours existé en Afrique : il est temps de dépasser les polémiques stériles et de produire un savoir africain sur la question. À charge pour l’Université Cheikh Anta Diop d'assumer ce rôle
Pape Chérif Bertrand Bassène |
Publication 21/05/2024
Tandis que la presse occidentale et française en particulier, nous apprend que le "Premier ministre Sonko critique les droits LGBT" (Figaro, 2024), qu’il a prévenu sur le risque de casus belli entre l’occident et le reste du monde avec sa défense de l'homosexualité (La voix du nord, 2024 ). La presse sénégalaise quant à elle - se faisant l'écho d'une société civile d’obédience religieuse et d'une classe politique qui essaie d'habiller la nouvelle forme d'opposition - a relevé que le Premier ministre Ousmane Sonko (Pmos) l’a non seulement déçue (Conférence Jamra), mais devrait en plus "retirer ses propos sur l'existence d'une tolérance envers le phénomène d'homosexualité au Sénégal" (Lequotidien, 2024).
La nouvelle opposition en gestation, que veut réanimer l'honorable Moustapha Diakhaté, n'hésite pas à accabler l'université Cheikh Anta Diop (Ucad). Elle dit condamner "l’attitude opportuniste du recteur" qui aurait "violé la décision du Conseil académique portant suspension de toutes les activités politiques dans le campus." Pour M. Diakhaté, le Professeur Mbaye, n'aurait pas dû "autoriser cette rencontre qui n’a aucun caractère officiel et scientifique encore moins y prendre part."
Nous voulons pondérer cette posture plus politique que scientifique.
Comme le dit une sagesse biblique, « nul n'est prophète en son pays ». Et certainement pas un Ousmane Sonko – "prophète du Pastef" (pour coller à l'imaginaire de ses partisans qui l'appelle Ousmane Mu sella mi) – qui a prédit et œuvré pour la chute de cette élite politique qui le sera chez les thuriféraires d’un régime fraichement renvoyé dans l’opposition politique.
Sinon, le débat que messieurs Mélenchon et Sonko ont tenu à l'Ucad 2, a bel bien un cachet officiel dès lors que c’est l’Ucad qui invite. En plus du fait que les deux hôtes du jour sont deux leaders de mouvements politiques dont l’un est de surcroit le Premier ministre du Sénégal. L’Ucad dont la devise est Lux mea lex, est par sa tradition un espace de débat éclairé pour défendre les libertés et toutes les libertés. Dès lors, il aurait été plus pertinent d’analyser l’impact national comme international de cette rencontre.
Sur le plan national, cette conférence a permis au recteur d’initier une réconciliation (que l’on espère sincère) avec la communauté estudiantine dont les nouveaux venus – qui ont accusé plus de huit (8) mois de retard – à qui il avait l’obligation professionnelle pour ne pas dire pédagogique de redonner le goût du monde universitaire. C’est en conséquence que le Professeur Mbaye a accepté humblement la critique des huées qui n’étaient que l’expression de la colère des étudiants après les mesures "intellecticides" qu'il a appliquées – le recteur n’a jamais fait preuve de prise de responsabilité consciencieuse sur l’avenir des étudiants sénégalais de l’Ucad et telles que les franchises universitaires et les libertés académiques le lui autorisaient – et qui ont terni l’image académique de l’institution.
En outre, où mieux que l'Ucad pour insuffler un tel débat sur l'avenir des relations entre l'occident et l'Afrique, avec des questions aussi cruciales comme celles des droits humains qui nécessitaient une certaine dialectique. La pédagogie dialectique, c’est ce qu’une certaine presse au service d’une nouvelle opposition n’a pas voulu faire ; elle a préféré baigner dans la culture de crétinisation de l’espace public.
Rappelons qu'un débat sur la même thématique avait déjà eu lieu en 2007 à l’Ucad, quand le président Nicolas Sarkozy était venu "présenter sa conception de l'Afrique et de son développement" aux étudiants sénégalais (Elysée, 2007). En lieu et place d’une rupture, Nicolas Sarkozy s’est révélé un Hegel d’un autre âge avec des théories qui auraient fait sourire des Léopold Sédar Senghor et autres Cheikh Anta Diop.
Or cette fois-ci, dans ce débat (d’un Mélenchon) respectueux de l’Afrique, les questions de droits de l'homme dans l'Etat (nation) sur les relations entre l'Europe et l'Afrique ont littéralement dominé. Et paradoxalement, la nouvelle opposition n'a pas remarqué que le Pmos – tant qu'à parler de démocratie et de droits de l'homme – n'a pas hésité à critiquer l'Etat, "le gouvernement français (qui n'a pas) dénoncé" l’entrave des libertés au Sénégal. Pis, relève Sonko, le président Emmanuel Macron avait accueilli et "félicité" son homologue sénégalais "au pire (moment) de la répression". C'était tout comme, "une incitation à la répression, une incitation à la persécution et à l’exécution de Sénégalais dont le seul crime a été d’adhéré à un projet politique" (Casavance, 2024). Cette critique qui n'a certainement pas plu la nouvelle opposition, l'a empêché d’écouter de manière intelligible la suite du débat.
N'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. L’opposition a alors délibérément choisi de pervertir le propos du Pmos sur le phénomène "Goordjiguène". En le faisant, les journalistes et polémistes de tout acabit ont cherché à rabaisser le débat sur la place de l’homosexualité dans les rapports occident/Afrique ici posée dans l’espace universitaire, cadre scientifique par excellence et dont l’impact international est assuré.
Qui dit université dit universalité, là où comme le dit le Pmos, il faut et il est possible de "reconnaître, connaître, comprendre et accepter les spécificités" dans leur totalité. La question des mœurs par exemple, prévient-il à juste titre, risque d’être le prochain "casus belli" entre l’Occident et le reste du monde. Alors qu’elle ne peut pas se poser dans le contexte africain de manière verticale, elle "revient régulièrement dans les programmes de la majorité des institutions internationales et dans les rapports bilatéraux", souvent "comme une conditionnalité pour différents partenariats financiers"(Casavance, 2024). Toujours cette propension de l’Occident à se positionner comme forme de mission civilisatrice.
Ousmane Sonko ne tient pas un discours que ne peut entendre le monde universitaire, quand il fustige la prétention scientifique de l’Occident qui croit savoir que les "sociétés (africaines) ne connaissaient pas ces questions". Ce qu’il réfute donc en insistant sur le fait que chaque société "a établi et perpétue librement ses mécanismes d’absorption des effets sociaux qu’il faut respecter dans la limite de l’humainement raisonnable" (Casavance, 2024).
La théorie que défend le Pmos est ce qu’on appelle dans le monde de la recherche scientifique, les épistémologies du sud ou décoloniales. Ainsi demande-t-il une certaine "prudence" par rapport à cette problématique, demande de tempérer une certaine hégémonie de leurs systèmes de savoirs occidentaux. Car au Sénégal par exemple, le phénomène "Goordjiguene" n’est pas que "toléré", c’est une matérialité que les communautés historiques sénégalaises "gèrent et continuent de gérer à leur façon et selon leurs réalités socioculturelles".
En Afrique, le respect de la vie privée est une question très hautement morale et non légale. Ainsi dans l’Etat-nation où la présence d’Etat n’est pas encore totalement effective en termes de lois qui reconnaissent les droits et devoirs de chaque individu ; on n’en est pas encore arrivé à ce stade où le "borom niari tour" doit revendiquer un statut d’individu titulaire de droits et libertés du seul fait de son orientation sexuelle. Après tout, c’est l’Etat-nation d’héritage qui a appris les Africains à criminaliser l’homosexualité. Tous les journalistes et polémistes pro-loi sur l’homosexualité ne font en réalité que perpétuer honteusement un vieil héritage de l’Etat colonial. Alors même que le "Goordjiguène" existait comme individu dans nos communautés et conformément aux cadres de régulations sociales africaines qui doivent désormais rester comme la référence pour les Africains.
D’ailleurs, c’est comme en Europe où un "borom niari diabar", aurait des problèmes par ce qu’il "s’attaquerait au mode de vie" des Français s’il voulait faire reconnaître ses deux femmes comme individus avec des droits et des devoirs dans la loi française...Et pourtant au Sénégal, le code civil reconnait les coépouses comme personnalités juridiques !
Le monde est mutant et sera métissé ; ce n’est pas aux enfants du président Léopold Sédar Senghor qu’on va apprendre cela ; un jour viendra peut-être quand les Français reconnaitront la polygamie.
Le débat est complexe certes, mais pour autant, les Africains sont en mesure de le régler. Elle nécessite une certaine pédagogie politique, et à charge pour l’université sénégalaise de produire les connaissances qui vont avec cette pédagogie. D’ailleurs, parce que ce débat s’est posé à l’Université Cheikh Anta Diop, toutes les universités du monde ont le regard tourné vers l’université sénégalaise. Car c’est un défi qui est lancé au monde entier, une mission que le Pmos donne aux intellectuels sénégalais en qui il fait plus confiance pour produire les connaissances sur le sujet.
Gageons que les programmes de recherches tendant à promouvoir une perspective africaine des questions de démocratie et des droits de l’homme feront légion bientôt à l’Ucad et ne ferons que redorer l’image de l’université sénégalaise.
Pape Chérif Bertrand Bassène est maître de Conférences, Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
L'UNIVERSALITÉ DE LA CPI REMISE EN CAUSE
"Cette Cour est faite pour l'Afrique" : le procureur de la CPI dévoile les propos inédits d'un haut responsable qui ont jeté un froid sur son action alors qu'un mandat d'arrêt international est lancé contre Netanyahu pour crime de guerre présumé à Gaza
Dans une révélation choc, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a rapporté qu'un haut responsable politique lui aurait déclaré sans détour : "Cette cour est faite pour l'Afrique et pour les voyous comme Poutine". Une affirmation qui remet en cause la vocation universelle de la juridiction basée à La Haye. Pourtant, M. Khan a fermement rejeté cette vision réductrice dans une interview accordée à CNN.
"Nous ne la voyons pas comme ça. Cette cour est l'héritage de Nuremberg", a-t-il insisté, défendant la noble mission de l'institution née des cendres de la Seconde Guerre mondiale pour juger les pires crimes contre l'humanité.
Les propos controversés du dirigeant non identifié surviennent dans un contexte particulièrement tendu, après l'émission par la CPI de mandats d'arrêt internationaux visant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et des chefs du Hamas pour des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité présumés commis dans la bande de Gaza et en Israël. Une décision vivement critiquée par le président américain Joe Biden comme "scandaleuse", son pays étant un proche allié d'Israël.
Selon M. Khan, la situation "malheureusement se situe sur la faille de San Andreas de la politique internationale et des intérêts stratégiques". Il a admis avoir été confronté à des dirigeants élus qui lui ont parlé "très franchement".
Malgré ces pressions, le procureur a réaffirmé avec force la vocation universelle de la CPI. "Cette cour devrait être le triomphe de la loi sur le pouvoir et la force brutale. Prenez ce que vous voulez, faites ce que vous voulez, nous ne nous laisserons pas dissuader par des menaces ou d'autres activités", a-t-il martelé, cité par CNN.
Lorsqu'il a reçu des menaces de ne pas s'en prendre à Israël, le procureur de la CPI @KarimKhanQC révèle qu'un "haut dirigeant" lui a dit que la CPI "est faite pour l'Afrique et pour des voyous comme Poutine", et non pour l'Occident et ses alliés.