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2 mai 2025
Développement
MACKY 2012, LES RAISONS D'UNE CRISE
Au-delà du bras de fer entre Moussa Diop et Adji Mergane Kanouté, la crise qui sévit à la coalition cache bien des calculs politiques, jusqu’ici inavoués
La coalition Macky2012 traverse une crise de leadership. Et le courant ne passe plus entre le coordonnateur démocratiquement désigné, Me Moussa Diop, et la vice-coordonnatrice Adji Mergane Kanouté, par ailleurs initiatrice de l’Initiative pour la refondation de Macky2012. Cette dernière, récemment exclue de ladite coalition pour activité fractionniste, a, à son tour, prononcé hier l’exclusion de Me Moussa Diop.
Dans une déclaration rendue publique et parvenue à EnQuête, l’ex-dissidente de l’Union pour le développement du Sénégal/Innovation de Zahra Iyane Thiam solde ses comptes avec le leader d’Alternative générationnelle/Jotna. ‘’Les leaders de Macky2012 ont déploré les agissements de Maitre Moussa Diop et informent l’opinion nationale et internationale qu’ils ne sont liés ni de prés ni de loin à l’exclusion d’éminents membres de ladite coalition, en l’occurrence l’honorable députée Adji Diarra Mergane Kanouté, vice coordinatrice de Macky2012, et Moustapha Diagne, président de Synergie Républicaine’’, embraye-t-elle d’emblée.
Avant d’enfoncer le clou : ‘’les leaders de Macky2012 ont prononcé la suspension de Moussa Diop du poste de Coordinateur de Macky2012. Mohamed Moustapha Diagne a été désigné à l’unanimité par les leaders pour occuper le poste de coordinateur de ladite coalition jusqu’à l’élection d’un nouveau bureau’’, déclare-t-elle dans un communiqué assez laconique, sans aucune autre précision sur les autres membres de la coalition qui ont adhéré à cette décision. Contactée hier par EnQuête, elle n’a pas jugé opportune de s’étendre sur la question ou de mettre à notre disposition, le procès-verbal de la réunion qui a prononcé l’exclusion de Me Moussa Diop, pour en connaitre ne serait-ce que les membres. ‘’On n’a pas l’habitude de donner nos Pv de réunion aux journalistes. On vous a transmis un communiqué que j’ai moi-même signé en tant que vice-coordonnatrice de la coalition Macky2012. Si le coordonnateur est exclu, c’est la vice-coordonnatrice qui signe les déclarations. Moussa Diop veut faire du saupoudrage à Macky2012, comme il le fait avec Dakar demm dikk’’, lance-t-elle au bout du fil.
Joint à son tour pour recueillir sa version des faits, Me Moussa Diop a quant à lui, dégagé en touche. ‘’Où s'est tenue cette soi-disant réunion ? Qui était présent ? Comment une exclue du 28 janvier peut-elle signer le 30 janvier l'exclusion d'un autre leader ? Elle devient ridicule. Elle est même démentie par Eva Marie coll Seck qu'elle a déclarée signataire de son torchon de mouvement parallèle. Elle est en mission commandée’’, a rétorqué d’emblée le leader de Ag/Jotna. Me Moussa Diop a par la même occasion, exhibé le Procès-verbal de la réunion qui a prononcé l’exclusion de Adji Mergane Kanouté et de Moustapha Diagne pour activité fractionniste. Dans le document dont EnQuête détient copie, il est indiqué la date, les noms et prénoms des différents membres de Macky2012 présents à la réunion du 28 janvier 2020.
Au total, ils étaient 20 chefs de partis à participer à cette réunion. Sur ces 20 leaders, confie Moussa Diop, la majorité a voté pour l’exclusion des dissidents pour activité fractionniste. Parmi les présents, il y a le responsable du parti Kissal Saliou Badji. Selon ce dernier, effectivement la conférence des leaders de Macky2012 a prononcé, à l’issue d’un vote, l’exclusion de Adji Mergane Kanouté et de Moustapha Diagne. ‘’J’étais présent à cette réunion. Je n’étais pas d’accord sur la décision d’exclusion et j’ai voté non. Mais la majorité l’a emporté. Moi, ma position n’a jamais varié. Je suis à équidistance des deux courants. Mais, je pense que nous gagnons plus à être unis, si on veut servir le président de la République qui est le président de la coalition’’, a-t-il déclaré.
Pour sa part, l’ex-coordonnateur de ladite coalition Moustapha Fall Che se désole de cette situation de crise. ‘’Je regrette beaucoup cette situation. Mon devoir c’est de régler cette crise, en tant que président d’honneur, je vais m’y mettre. On va profiter du week-end pour essayer de trouver une solution, parce que Macky Sall, qui est le président de cette coalition, ne mérite pas ça et ce n’est pas le moment’’, déclare-t-il.
Moustapha Fall Che : ‘’Adji et les autres reprochent à Moussa de…’’
A l’origine de cette bataille de positionnement, Moustapha Fall Che confie : ‘’Adji et les autres reprochent à Moussa de vouloir faire porter à Macky2012 des combats qui ne sont pas les siens. Il a sorti deux communiqués qui ont fait déborder le vase. Dans le premier communiqué, Moussa a voulu que Macky2012 prenne en charge son combat avec ses travailleurs de DDD, ce qu’on a refusé. A la Sn Hlm, j’avais des problèmes avec les syndicalistes, mais j’ai porté seul, tout seul le combat et je n’ai jamais voulu que Macky2012 s’en mêle. Dans le deuxième communiqué, Moussa dit qu’il faut faire l’évaluation du compagnonnage avec le président à travers une conférence publique. Là, c’est la catastrophe, parce que cela ne peut pas se faire sur la place publique. C’est en interne que ça doit se faire’’, déclare-t-il.
Avant d’ajouter : ‘’je suis devenu le président d’honneur de Macky2012, après l’avoir piloté 5 ans et quatre mois. J’ai demandé volontairement à quitter et j’ai organisé les renouvellements à l’issue desquels Moussa Diop a été choisi comme coordonnateur et Adji Mergane comme vice-coordonnatrice. Mais, je dois avouer que, depuis mon départ, la mayonnaise n’a pas pris’’.
Me Moussa Diop : ‘’Ils veulent nous mettre en mal avec le Président’’
Revenant à la charge, Me Moussa Diop balaie d’un revers de main les allégations de Moustapha Fall Che. Sur le premier communiqué, il soutient avoir appelé à une solidarité que les membres lui ont d’ailleurs refusé pour des raisons purement politiques. ‘’On a identifié un Mahmouth Saleh qui arme les syndicalistes pour descendre Moussa Diop pour donner le poste à un Apr. Si on le fait à un autre membre de Macky2012, je le soutiendrai. Mais eux, ils ont refusé de me soutenir. On destitue Ibrahima Sall et Assane Diagne, personne ne dit rien. On s’acharne sur Moussa Diop, personne ne veut rien dire, pas sur la base d’une décision du Président, mais sur des manœuvres politiciennes. Ils sont d’accord pour qu’on me liquide, car qui ne dit mot consent’’, fulmine-t-il.
Pour ce qui est du deuxième communiqué, le leader de Ag/Jotna rétorque qu’il n’a jamais été question pour lui de s’attaquer au Président, mais de le rencontrer dans le cadre de la coalition. ‘’Ils ont appelé à un dialogue, Macky2012 n’est même pas invité. Or, c’est la première coalition du Président. Nous devons discuter avec le Président pour lui dire que ses alliés de BBY ne sont pas plus méritants que nous. Nous ne sommes associés à rien. On ne voit pas même pas le Président. On a fait une demande d’audience pour le voir en privé. Mais rien. Nous n’attaquons pas le Président. Nous voulons le rencontrer’’, renchérit-t-il.
Sur la médiation annoncée par Moustapha Fall Che, il répond : ‘’On ne peut pas arbitrer, après avoir choisi son camp. Che a pris son camp. On ne peut pas arbitrer une finale de la coupe du monde opposant le Brésil à une autre équipe, tout en étant Brésilien. Ce qu’ils font c’est de la rébellion. Ils veulent nous mettre en mal avec le Président. Nous voulons rencontrer le président de la coalition. Nous voulons être reçus, comme il reçoit les gens de BBY’’.
KALIFA, UN "MAUDIT", CES MIGRANTS FORCÉS DE RENTRER SANS AVOIR ATTEINTS L'EUROPE
De retour chez lui après avoir échoué à gagner l’Europe, il vit tenaillé par la honte. Un poids que partagent beaucoup d’Africains dont le projet migratoire s’est brisé
Le Monde Afrique |
Yassin Ciyow |
Publication 01/02/2020
Clé à molette, burette d’huile et tournevis… Après avoir rangé un à un ses outils, Kalifa ferme le conteneur réaménagé en garage, où il ausculte la journée le bruit des moteurs, change un cardan ou répare un radiateur qui fuit. La nuit est tombée et c’est tant mieux car le jeune mécanicien prie pour ne croiser personne. Pas de détour, ni de copain à saluer. Kalifa file directement chez lui, la tête basse, pour refermer la porte sur sa honte. S’il pouvait, il fermerait ses oreilles aussi, car ce qui l’angoisse le plus c’est d’entendre le surnom qu’on lui a donné : « Le maudit ».
Un an tout juste qu’il est rentré de Libye. Douze mois qu’il vit dans la honte et se cache pour pleurer. Il était parti pour l’Europe avec des rêves plein la tête. Mais ça ne s’est pas passé comme prévu et, en février 2018, après un périple de dix mois sans avoir réussi à franchir la Méditerranée, il est rentré avec sa malédiction. Celle d’être revenu sans argent dans sa ville natale de Daloa, au centre-ouest de la Côte d’Ivoire. Raillé et moqué par une partie de sa famille et ses amis du quartier, il doit aussi supporter les regards des voisins, réconforter ses enfants qui rentrent en pleurant après avoir été traités de « fils de maudit ».
« Je suis devenu un étranger dans ma propre ville. C’est comme si je n’y avais jamais vécu », témoigne-t-il. Ce retour est « pire que les dangers de la route de la mort et de la Libye ». Rongé par la honte et l’exclusion, il envisage aujourd’hui de repartir pour « briser la malédiction ».
Pour expliquer son premier départ, Kalifa évoque un ami d’enfance : « Avant qu’il ne migre vers l’Espagne, en 2011, je le dépannais tout le temps, il n’avait rien. Cinq ans plus tard, fin 2016, il est rentré avec quatre belles voitures et a fait construire une grande maison pour sa mère. Moi, ma situation n’avait pas du tout évolué. »
Emprisonné et torturé en Libye
Dans la région de Daloa, connue pour sa production de cacao, Kalifa s’était d’abord essayé à la récolte de la petite fève brune. Découragé par les revenus irréguliers et la difficulté du travail, il a ouvert un modeste garage de réparation. Mais, très vite, son activité a suscité les convoitises, notamment des agents de l’Etat qui « à force de prélever des taxes fantaisistes, m’ont tout pris et m’ont fait réaliser que je ne pourrais pas m’en sortir ».
Au retour de son ami d’enfance devenu espagnol, Kalifa reçoit cinq sur cinq les signaux envoyés par ses proches, et notamment par sa femme : « Elle me disait :“Tu as vu ton ami, il est courageux, lui, il a migré et maintenant il aide les siens. Il est béni.” » Voyant ses activités professionnelles stagner et de nombreux amis partir, Kalifa, comme des milliers d’autres jeunes de la troisième ville de Côte d’Ivoire, se laisse convaincre par des passeurs et décide de prendre la route. Il informe ceux qui vont l’aider à financer son périple. A cette époque d’ailleurs, tous lui donnent de l’argent et leurs bénédictions, persuadés qu’il s’agit d’un investissement.
Mais de retour sur investissement, il n’y aura pas. Au contraire. Emprisonné et torturé en Libye à deux reprises, Kalifa est contraint de rappeler ses amis financiers afin qu’ils envoient de l’argent de sa libération. Las et fauché, il finit par accepter, sans prévenir ses proches, de rentrer en Côte d’Ivoire dans le cadre d’une initiative conjointe de l’Union européenne et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
On les appelle les « retournés »
Selon l’OIM, depuis 2017, ils seraient près de 6 300 comme Kalifa à être rentrés en Côte d’Ivoire. On les appelle les « retournés ». Impossible en revanche d’avoir des chiffres officiels de migrants partis vers l’Afrique du Nord et l’Europe. L’OIM précise que son travail n’est pas de « contrôler les frontières » et le gouvernement ivoirien rappelle que la Côte d’Ivoire fait partie de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), « une zone de libre circulation ».
Dès son retour, Kalifa sent les sentiments d’échec, de honte et de culpabilité l’envahir : « Je suis resté deux semaines à Daloa enfermé chez moi, je n’osais pas recroiser les gens que je connaissais. Je parlais seul, ma femme avait peur. J’ai préféré fuir à Abidjan. » Parti dans la capitale économique du pays pour se fondre dans la masse, Kalifa se noie aussi dans les médicaments. « La journée, je songeais à mes proches qui me traitaient de “maudit”. La nuit, je repensais à ce qui s’était passé en Libye. J’avais besoin de prendre des cachets et de rester seul », précise-t-il.
Pour Gaia Quaranta, psychologue du bureau régional de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, qui a eu en consultation des centaines de migrants rentrés volontairement, « le retour est plus stressant que le voyage lui-même. Beaucoup n’avaient pas prévu cette phase et se sentent dépossédés. Du coup, dans un premier temps, ils s’isolent ». Avant son départ vers l’Europe, Kalifa avait promis à ses amis qu’il leur enverrait une photo de lui devant un stade de foot. Une fois rentré de Libye, il a rapidement changé de numéro de téléphone et a soigneusement évité les réseaux sociaux pendant plus de trois mois.
Détresse psychologique
Pour ceux qui rentrent chez eux après avoir échoué à atteindre l’Europe, il n’est pas question d’évoquer ce qui s’est passé dans le désert et en Libye. Ni d’ailleurs de s’épancher sur les problèmes qu’ils rencontrent une fois rentrés : troubles du sommeil, anxiété aiguë et dépression. Selon l’OIM, ils sont pourtant plus de 1 000 (sur les 6 300 retournés volontaires) à avoir reçu une assistance psychologique depuis 2017.
« C’est le phénomène de la double absence du retourné. Il est absent quand il prend la route, ne donne pas de nouvelles parfois pendant des mois puis, à son retour, il est tout autant absent, noyé dans ses traumatismes et ses regrets », explique Gaia Quaranta. Pour la psychologue, le mutisme qu’ils s’imposent est aussi une manière de protéger les proches, de ne pas peser davantage sur la famille alors même que « le poids de la honte est lourd à supporter ».
La détresse psychologique de ceux qui rentrent sans rien est d’autant plus dévastatrice qu’elle confirme, pour l’entourage, la malédiction dont ils sont atteints. « Pour les familles, il y a quelque chose qui relève du sacré dans la migration. Donc, quand le proche rentre, son échec et sa nouvelle personnalité, plus taiseuse, sont perçus comme la preuve de sa damnation. Il est vu comme une personne qui ne réussira jamais », explique Rodrigue Koné, sociologue et chercheur au African Social Security Network, qui a travaillé sur la question des retournés en Côte d’Ivoire.
Si les familles vouent aux gémonies le proche rentré sans le sou, c’est qu’elles s’estiment partie prenante du projet migratoire. Aïcha, la femme de Kalifa, l’explique sans détour : « Il est parti avec l’argent du foyer, me laissant sans ressources et sans nouvelles. Puis, quand il était sur la route, je priais pour lui et je lui ai envoyé mes bénédictions. On a fait ça ensemble. » La démarche est collective, la réussite aurait dû l’être, mais la responsabilité de l’échec, elle, est individuelle.
« Pression communautaire »
On considère que le retourné a failli à ses obligations, à son statut, ce qui justifie son exclusion. « On va éviter de l’inviter aux réunions de famille. De même, lorsqu’il y aura un problème familial, on va donner plus d’importance à la parole de son petit frère. Dans les grins [groupe informel qui rassemble souvent des personnes d’une même génération, très populaire au Mali et en Côte d’Ivoire], sa parole comptera moins. C’est une mise à la marge sournoise, une sorte de mort sociale », analyse le sociologue Rodrigue Koné.
C’est précisément pour éviter cette marginalisation intra-familiale que Stéphane Gbéli, le maire de Daloa, a récemment décidé de lancer une campagne de sensibilisation à ce phénomène, à destination des parents dans les quartiers. « Il existe certes un effet de mode, de mimétisme entre les jeunes, qui pousse au départ. Mais la pression communautaire, notamment de la part des parents, tant en amont qu’en aval du projet migratoire, est très forte », déclare l’édile de la ville, avant d’ajouter : « Aujourd’hui, c’est ancré dans l’esprit des familles : la réussite est à chercher du côté de l’Europe. »
Grâce à son activité de garagiste mécanicien, Kalifa parvient aujourd’hui, bon an mal an, à subvenir aux besoins de sa famille. Mais il a récemment appris que la mairie envisageait, dans le cadre d’un réaménagement de quartier, de le « déguerpir avec une faible compensation », l’obligeant à recommencer à zéro. Pour lui, c’en est trop. Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, il affirme : « Je connais les risques sur la route et je ne souhaite à personne de connaître la Libye. Mais si je dois encore tout perdre ici, je vais repartir et je ne reviendrai pas. Soit j’arrive en Europe, soit je finis dans la mer.C’est mieux d’aller se tuer dans l’eau que d’avoir honte ici. »
LA COUR DES COMPTES MET A NU LES CAFARDS DU RÉGIME
Mamadou Faye et ses services ont présenté au président vendredi, les rapports 2015, 2016 et 2017 de la juridiction des comptes. En ce qui concerne particulièrement le CICES, il a été relevé une série d’incongruités scandaleuses
Mieux vaut tard que jamais. Les rapports publics annuels 2015, 2016 et 2017 de la Cour des comptes ont été publiés sur le site de la juridiction. Ce, après avoir été présenté au chef de l’Etat. Se penchant particulièrement sur le cas du Centre international du commerce extérieur du Sénégal (CICES), l’organe de contrôle a relevé de nombreuses irrégularités. Il a été ainsi passé sous revue la gestion entre 2011 et 2015, période à laquelle le Conseil d’administration a été présidé par Monsieur Mactar Gueye et Monsieur Ousmane GUEYE avec comme différents directeurs généraux Monsieur Baïdy Souleymane Ndiaye et Monsieur Cheikh Ndiaye. Mais au-delà du non-respect de convention de concession, aussi bien par l’Etat que par le CICES, il fautindiquer que la gestion fiscale a été fortement décriée par la Cour des comptes. A en croire la juridiction, le CICE ne respecte pas ses obligations fiscales. Une situation qui a entraîné des taxations d’office d’impôts par la Direction générale des impôts et domaines (DGID). «Les irrégularités notées sont relatives : au défaut d’enregistrement de la TVA facturée sur la vente des tickets d’entrée lors de certaines manifestations, au manque de fiabilité des données fiscales inscrites dans les livres ; l’absence de reversement de la TVA précomptée sur les fournisseurs ; le non-paiement de la TVA due à l’Etat et de l’impôt sur les salaires ; le nonrespect des obligations déclaratives ; l’absence de retenue sur les sommes versées aux membres du conseil d’administration ; des transactions avec des fournisseurs ne disposant pas de NINEA ». Et toujours d’après le rapport, cette situation justifie le nombre important de redressements par la DGID.
En ce qui concerne la gestion des frais de mission, la Cour a révélé des irrégularités tenant au défaut d’approbation des taux d’indemnités de mission, à des missions sans rapport avec l’objet social du CICES, à l’absence d’ordres et de rapports de mission et aux modalités de paiement des frais de missions. Pour ce qui est des missions sans rapport avec l’objet social du CICES, la Juridiction a indiqué que la revue des pièces comptables a permis de relever l’existence de missions effectuées à l’intérieur du pays pour des raisons étrangères à l’activité du CICES. Et que ces missions se font le plus souvent durant les week-ends. « Sur les ordres de mission, il est mentionné comme motif de la mission ‘’pour raison de service’’ », lit-on dans le rapport. Ainsi, il a été noté 37 missions pour Monsieur Baïdy Souleymane Ndiaye, en tant que DG du CICES pour coût global de 7 999 960 F CFA. Quant à Monsieur Cheikh Ndiaye, il a relevé 17 missions depuis son accession à la tête de la structure qui a coûté globalement 1 387 720 F CFA. Des missions effectuées sans rapport avec des ordres de mission non visés. 119 379 078 F CFA pour la location de groupes électrogènes. Durant la période de contrôle, le CICES a dépensé le montant, toutes taxes comprises, de 119 379 078 F CFA pour la location de groupe électrogène à l’occasion des manifestations qu’il organise (FILDAK, FIDAK, SISDAK, etc.) A en croire la cour des comptes, ce montant dépensé en 12 semaines de locations de groupe électrogène aurait pu permettre au CICES d’acquérir plusieurs groupes électrogènes. A titre de comparaison, dit-elle, le groupe électrogène de 250KVA acquis en 2014 a coûté 15 340 000 F CFA. En plus, l’organe de contrôle a fait état de paiement de commissions non justifiées. « Le 13 février 2013, le CICES a signé un contrat avec M. Mapenda DIONGUE pour le recouvrement de créances litigieuses. En contrepartie, un taux de 10% est accordé au prestataire sur toute somme recouvrée. A cet effet, Monsieur Diongue a perçu en 2013 et 2014 respectivement 15 630 904 FCFA et 4 842 014 F CFA. Ledit contrat a été signé alors que le CICES dispose d’un bureau de recouvrement au sein de la direction financière et comptable et d’un agent doté en moyens matériels et logistiques (moto, carburant et cartes de téléphone). En outre, M. Diongue a perçu des honoraires sur le recouvrement de créances nées après la signature du contrat ou qui ne sont pas litigieuses. A titre d’exemple, on peut noter : les règlements effectués par les exposants du 5ème SISDAK qui s’est tenu du 27 au 30 juin 2013 ; Le paiement du 27 mars 2013 par la Sonatel d’un montant de 5 138 900 relatif à la facture du 21 mars 2013 », lit-on dans le rapport.
60 millions en dons et oeuvres sociales
Par ailleurs, le rapport de la Cour des Comptes a relevé que le montant global accordé de 2011 à 2015 sous forme de dons et œuvres sociales est de 60 297 052. Toutefois, il convient de relever que ces dons et subventions ont été accordés, sans tenir en compte la situation financière de l’entreprise. De surcroît, ils n’ont aucun rapport avec l’objet social du CICES. Les principaux bénéficiaires : le personnel, le conseil d’administration et des tiers. Cette pratique viole les dispositions de la circulaire primatorale sur les dons et subventions. Autre incongruité, le CICES a décaissé la somme globale de 24 665 000 F C FA entre 2011 et 2015, une période caractérisée par la récurrence des contentieux avec certains fournisseurs ou partenaires pour défaut de paiement. Toujours durantla période sous revue, l’effectif des permanents du CICES est passé de 64 agents en 2011 à 74 en 2015. Il a connu une hausse notamment en 2013 et 2014 avec respectivement 09 et 05 agents.
«La composition de l’effectif est dominée par les agents cadres et les agents exécutants. Cependant, les recrutements des exécutants composés, notamment de chauffeurs, ne constituent pas un besoin réel. Il en est de même pour les autres corps de métier tels que les électriciens etles menuisiers qui ne sont pas utilisés de façon permanente. Le recours à des contrats de prestations de services aurait été mieux indiqué. »
Production de faux diplômes par des agents
En définitive, le rapport de la Juridiction des comptes a mis à nu le cumul d’avantages incompatibles dans la boîte, des paiements de primes non justifiés. Sans compter le scandale de la production de faux diplômes par des agents. « Dans les dossiers des personnels, les diplômes présentés par les agents sont des photocopies et certaines d’entre elles ne sont pas légalisées. Dans certains cas, des attestations sont produites, en lieu et place des diplômes, alors qu’elles sont censées être provisoires. Les diligences effectuées ont permis de déceler trois faux diplômes. L’un des cas qui a retenu notre attention est celui de M. Badara Gadiaga, Responsable de la Régie générale à la DET. « Le diplôme présenté est une photocopie du Brevet de fin d’études moyennes légalisée le 15 septembre 2003 à la commune d’arrondissement de Biscuiterie. Le diplôme porte le n°11939 de l’année 1998 du centre d’examen du lycéeBlaiseDiagne. Les investigations effectuées au niveau de la Direction des Examens et Concours montrent que le n°11939 de l’année 1998 n’existe pas pour le centre du lycée Blaise Diagne pour lequel 2173 est le dernier numéro. Et que ce numéro concerne une autre personne du centre d’examen du lycée Alpha Molo Baldé de Kolda. » L’autre cas est celui de M. Oumar Ndiaye, en service à la DEC. «Le diplôme présenté est une photocopie de licence professionnelle n°356112 délivré par ITECOM, au titre de l’année académique 2011/2012, légalisée le 1er février 2013 par la brigade territoriale de gendarmerie de la foire. Les diligences effectuées au niveau de ITECOM montrent que le monsieur n’a jamais fréquenté cet établissement et que le diplôme en question est inexistant ». Et pour tous ces cas de production de faux diplômes, la Cour demande au Garde des Sceaux, ministre de la Justice d’ouvrir une information judiciaire contre eux.
PARIS PLEURE DANSOKHO
Un vibrant hommage a été rendu jeudi jusque tard dans la soirée, au siège du Parti communiste français, à l'ancien patron du PIT, décédé le 23 août dernier, avec la présence de plusieurs personnalités qui ont salué la mémoire d'un homme d'exception
C’est au siège du Parti communiste français, dans l’Espace Oscar Niemeyer, à la Place du Colonel Fabien que le Parti communiste français, en collaboration avec la Fondation Gabriel Péri, a décidé de rendre un hommage à Amath Dansokho, décédé le 23 août 2019. Vibrant hommage rendu hier jusque tard dans la soirée, lors duquel plusieurs personnalités ont pris la parole pour saluer la mémoire d’un homme d’exception.
Sous l’imposante coupole de la Place du Colonel Fabien, du Siège des Communiste français, chacun y est allé de son brin de souvenir. Et sans langue de bois. Tour à tour, différents orateurs se succéderont pour rendre des hommages dont la tonalité est restée la même. ‘’Homme de conviction’’, ‘’homme de cœur ‘’, ‘’généreux’’, ‘’combattant’’, ‘’courageux’’ , les caractérisations sont unanimes pour qualifier le parcours de l’homme. D’André Ciccodilola, ami de Dansokho, Michel Maso, Directeur de la Fondation Gabriel Péri qui prendra la parole après le discours d’Alkaly Dansokho, à Michel Macho, Président de la Fondation Gabriel Péri, en passant par Mor Ngom, ministre conseiller envoyé par le Président Macky Sall, Samba Sy, le discours restera constant sur l’engagement de l’homme au service des peuples africains et les sacrifices consentis qui se sont traduits par une longue période d’exil et un retour au pays en 1977, suivi d’une période d’activités politiques ‘’très riche’’. Le cordon ombilical de tous ceux qui ont témoigné reste le même : ils ont connu et pratiqué l’homme. Le fils aîné de Dansokho, Alkaly prononcera un discours émouvant qui laissera l’assistance pantoise.
Didier Awadi : ‘’Amath était vraiment adorable’’
Les qualités de l’ancien leader du PIT sont surtout dans la proximité qu’il savait cultiver avec le peuple. Le rappeur Didier Awadi, invité à la fois comme proche du disparu mais aussi comme artiste, confiera : ‘’Malgré la différence d’âge, c’est quelqu’un qui m’a beaucoup aidé, conseillé. Il venait discuter avec moi, il se déplaçait. Je me rappelle le jour où le président Macky Sall a été élu, on s’est vu au Radisson. Il m’a dit : « mais, tu joues où ce soir ? Il faut qu’on aille fêter ça’’. Je lui ai dit que je joue au Balajo qui est un petit club vraiment très modeste pour les étudiants, vraiment du bas de gamme. Il m’a dit : ‘’Ok, j’arrive et il a passé toute la soirée avec nous. Il est monté sur scène et on a fait la fête. C’est dire la jeunesse qu’il y avait en cet homme. C’est impressionnant, il était vraiment adorable’’.
C’est Laurent Gbagbo, par la voix de son envoyé spécial Issa Malick Coulibaly, qui a lu le discours de l’ancien Président ivoirien où ce dernier rappelle que Dansokho, comme il le disait lui-même, n’est pas un révolutionnaire d’occasion, mais un combattant comme il a su le prouver.
‘’Lorsqu’il s’est aperçu que Wade tournait le dos à des engagements pris, Amath n’hésita pas à rompre une alliance contre-nature (…). Il sera ainsi féroce dans ses critiques contre les dérives anti-démocratiques de Wade. C’était cela mon grand-frère, c’était mon Amath Dansokho’’, rapporte le porte-parole de Laurent Gbagbo.
Roussel, Sg du PCF : ‘’le parcours et les valeurs d’Amath sont une boussole pour nous’’
Mais il n’était pas simplement question de ‘’déposer des gerbes de fleur’’ sur la tombe de Dansokho. L’actuel Secrétaire du PIT Samba Sy va très rapidement dire que l’action d’Amath, au delà des hommages, ‘’doit nous inspirer d’un mode d’être’’, car si l’homme avait beaucoup de réserves pour les hommages, il a toujours pensé que perpétuer l’action était plus important que tout.
Ainsi passé les usages diplomatiques de langage, le cas Amath s’est imposé comme ‘’une invite à l’introspection’’. Le secrétaire général du Parti de l’Indépendance dira qu’aujourd’hui, le débat reste que ‘’le liant qui permettait de connecter les masses populaires aux enjeux de lutte sociale n’est plus là’’. Et qu’il s’agit de reconstruire ce lien.
Le secrétaire général du Parti communiste français, Fabien Roussel, abonde dans le même sens. ‘’Le parcours et les valeurs de Amath sont une boussole pour nous. Il aurait apprécié cet hommage, non pour les propos qui s’y tiennent, mais pour l’espoir qu’ils véhiculent’’, confie-t-il.
Fabien Roussel, par ailleurs député du Nord, estime que ‘’les chiffres qui sont donnés récemment par Oxfam indiquant qu’un pour cent de la population mondiale possède deux fois plus de richesses que 6,9 milliards de personnes, c’est à dire 90% de la population mondiale, pose problème. Voilà pourquoi la planète ne tourne pas rond’’.
Et de noter que ‘’pendant que la Finance mondiale se déchaîne, elle tente par tous ses relais d’influence d’ériger partout des murs et des peurs entre les hommes et les femmes. Ces inégalités inacceptables sont le fruit de l’expansion du capitalisme qui, plus que jamais, épuise l’être humain et la nature’’. Le tableau bien noir qu’il dresse n’invite à aucun optimisme, mais, à l’urgence du combat. ‘’Le capital n’hésite pas aujourd’hui à activer le pire des leviers, celui du fascisme ou de l’obscurantisme, de la guerre comme ce qui s’est passé en Libye, la déstabilisation de la Côte d’Ivoire etc’’. C’est en cela que ‘’le parcours et les valeurs d’Amath sont une boussole pour nous’’, dira-t-il
A noter que tous les membres de la Direction parisienne du FPI, une délégation de la Palestine, des ambassadeurs de plusieurs pays, des membres de l’Unesco avec à leur tête Souleymane Jules Diop, Albert Bourgi, Moustapha Sy Djamil, des membres du Parti communiste français, de la Société civile française, des Africains sont venus spontanément participer à la cérémonie, qui a pris fin aux environs de 22 heures.
PROCÈS EN DESTITUTION, L'ACQUITTEMENT DE TRUMP SE PROFILE
René Lake évoque sur la VOA, le procès en impeachment du président américain qui entre dans sa dernière phase avec le très probable vote dans les prochaines heures, du Sénat contre la possibilité d'entendre des témoins
Les cent élus de la chambre haute du Congrès se sont retrouvés à la mi-journée pour entendre l’accusation et la défense plaider en faveur ou contre la convocation de témoins et l’admission de nouvelles preuves à ce procès historique.
Le camp démocrate compte 47 élus et courtise depuis des jours quatre républicains hésitants. Deux d’entre eux viennent d’annoncer leur intention de voter « contre », ce qui, sauf surprise, devrait entraîner le rejet de la motion lors d’un vote prévu en fin de journée.
Que retiendra-t-on de cette procédure inédite ? Quels gains politiques pour les camps démocrates et républicains, à l'aune de la présidentielle ? L'analyste politique René Lake intervient sur le sujet avec Herman Cohen, ancien secrétaire d'Etat américain aux affaires africaines et le journaliste Henri Francis, dans l'émission Amérique et vous.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, EMMANUEL DESFOURNEAUX
LA VOIE SANS ISSUE DE MACKY SALL !
EXCLUSIF SENEPLUS - CREI, caisse noire, clientélisme, courtisans de l’intérieur et de l’extérieur, fausse opposition, tout ce système ne suffit plus à garantir un avenir radieux au président, sa famille et son clan
Emmanuel Desfourneaux de SenePlus |
Publication 31/01/2020
Plus les jours avancent, plus les choix de Macky Sall se réduisent comme une peau de chagrin ! La chance lui souriait jusqu’à la fin de son premier mandat. Il décapitait ses adversaires sans qu’une mouche « tsé-tsé » ne se mette en travers de son chemin. Pas de manifestations massives en faveur des prisonniers politiques ! Ces derniers s’en étonnaient au fond de leurs cellules. Etaient-ils mal aimés ? Les Djinns ne semblaient même pas être du côté des opposants ! Le coup politique était parfait.
Depuis sa nouvelle investiture, cette même chance fuit Macky Sall. Son fast track se transforme en slow track avec l’emblématique TER. Il faut dépêcher son ministre des Affaires étrangères en France afin de négocier l'acquisition de bougies d’allumage ! Ses courtisans et les apparatchiks le désertent ou tout du moins programment secrètement leur départ tôt ou tard. Ils pensent à leur avenir !
Certes, Macky Sall dispose toujours de quelques cartes en main. Sa CREI est à sa disposition pour faire régner la peur. Me Djibril War a brandi cette menace contre le déchu Moustapha Diakhaté. Et ce pour des supposées infractions qui ne concernent nullement la compétence de cette juridiction d’exception ! C’est dire si la CREI est avant tout un instrument de terreur (et donc de neutralisation politique, comme dans l’affaire Abdoulaye Baldé) et de moulinette des ennemis de l’intérieur.
Mais voilà, CREI, caisse noire, clientélisme, courtisans de l’intérieur et de l’extérieur, fausse opposition, tout ce système ne suffit plus à garantir un avenir radieux à Macky Sall, sa famille et son clan. L’Afrique change ! Deux faits devraient attirer l’attention du président sénégalais dans ses futurs choix :
1) La CEDEAO se prononce contre le principe du 3ème mandat. Le peuple sénégalais n’en veut pas non plus. Les arrestations et détentions arbitraires – à l'exemple de l’activiste Guy Marius Sagna, se multiplieront sans doute. Les activistes « sénégalonautes » vont connaître des lendemains difficiles. Face à ces atteintes aux libertés publiques, il n’est pas sûr que les citoyens sortent en nombre. Jusqu'à quand ? Faire le pari du développement contre la démocratie, c’est toutefois peine perdue ! Le 23 juin, journée tranquille, pensait-on quand le soleil se leva, devint la manifestation symbolique qui a fait reculer le pouvoir ; la prochaine contre le 3ème mandat sera à coup sûr une révolution !
2) Les cas de l’Angola et de la Mauritanie devraient inspirer Macky Sall. Il n’y a pas d’issue pour lui. Sinon respecter l’Etat de droit et revoir sa copie concernant ses relations envers la vraie opposition sénégalaise. En effet, Macky Sall ne pourra pas compter non plus sur ses amis. Des amis de plus de 40 ans (Mohamed Ghazouani et Joao Lourenço), cooptés respectivement par Mohamed Aziz et José Dos Santos, ont lancé des épurations inédites contre les anciens présidents, leurs familles et leurs soutiens. C’est tout le clan de l’ancien président angolais qui est sous le coup d’enquêtes judiciaires, à la suite des révélations de « Luanda Leaks ». L’ancien président angolais est en exil à Barcelone ; ce sera assurément le sort de l’ex-président Aziz, direction vers les Emirats-unis.
En résumé, Macky Sall ne pourra ni compter sur un 3ème mandat, ni sur la fidélité d’un successeur pour échapper aux poursuites judiciaires. Jusqu’à maintenant, Macky Sall a retardé une décision, celle de dépolitiser la justice sénégalaise et de la rendre indépendante pour être entre autres la gardienne de la bonne gouvernance. Aujourd’hui, il est impératif qu’il fasse les bons choix pour le Sénégal mais aussi pour lui-même et les siens.
A contrario, ce sera l’exil ou la CREI. Il n’est pas question que la justice ne passe pas. Il faut donc garantir les droits de la défense et le respect du droit international pour tous, tant qu’il est encore temps. Les décisions de justice de la CEDEAO et du Comité des droits de l’homme doivent être appliquées. Il faut ériger toute condamnation par ces instances comme des révisions automatiques, voire des annulations de la procédure litigieuse. Comme cela se fait ailleurs.
Sinon je crains que tout cela se répète, mais cette fois-ci en défaveur du président actuel et du futur ex-président ! Et il ne faudra pas compter sur le soutien de la France qui n'a pas d'amis, mais seulement des intérêts ! Macky Sall est dans l'impasse. A lui de faire les bons choix qui peuvent le sauver !
Dans l'affaire qui porte le nom d'un des plus célèbres activistes sénégalais et africains, la thèse des uns est l'antithèse des autres - En Guy Marius Sagna, il y a du bon et du moins bon
e-media |
Mamoudou Ibra Kane |
Publication 31/01/2020
La figure de la contestation contre la hausse du prix de l’électricité aura assurément causé du fil à retordre au régime de Macky Sall. Toujours dans les liens de la détention, deux mois après son arrestation et après la libération de ses autres co-détenus, le célèbre activiste polarise l’attention. Héros aux combats dans lesquels de nombreux compatriotes se retrouvent, Guy Marius Sagna n’hésite pas à user de méthodes de contestation qui flirtent avec l’extrême, au point de s’attirer des qualificatifs peut-être excessifs.
Dans sa chronique de ce vendredi, 31 janvier 2020, Mamoudou Ibra Kane peint les deux versants du détenu le plus célèbre de Rebeuss.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
QUE VIVA… DONALD TRUMP !
Des africains qui souhaitent longue vie au président américain, Donald Trump, et qui lui disent « bravo », on n’en trouvera sans doute pas beaucoup. Je fais pourtant partie de cette espèce rarissime !
Des africains qui souhaitent longue vie au président américain, Donald Trump, et qui lui disent « bravo », on n’en trouvera sans doute pas beaucoup. Je fais pourtant partie de cette espèce rarissime ! oh certes, non pas tant que j’approuve le fait qu’il ait fait tuer le très populaire général iranien Qassem Souleïmani ou qu’il ait déchiré l’accord sur le nucléaire iranien ou encore reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël. Rien de tout cela ! si je l’apprécie, c’est parce qu’avec lui au moins les choses ont le mérite d’être claires et il les dit tel qu’il les pense.
Il est raciste, misogyne, climato sceptique, anti-islam, anti-immigrés, pense que l’Afrique, c’est des « pays de merde », ne songe même pas à y mettre les pieds, est contre les droits-de-l’hommistes et les ONG, traite par-dessus la jambe l’Onu, ce « machin » budgétivore et inutile, etc. Il navigue à contre-courant et rebrousse-poil du politiquement correct et le revendique fièrement ! il n’est pas hypocrite pour un sou et je le trouve très bien comme ça. Il y a trois ans, déjà, lors de son élection, je n’avais pas hésité à me singulariser en soutenant que non seulement son accession à la tête de la seule superpuissance du moment me remplissait d’aise mais encore que je souhaitais que Mme Marine le Pen accède au pouvoir en France !
Avec ces deux dirigeants au moins, expliquais-je alors, les africains en particulier sauraient à quoi s’en tenir et prendraient enfin leur propre destin en mains. Au lieu de quoi, on se comporte toujours comme de grands enfants, nos dirigeants passant leur temps à tendre la main et comptant sur l’étranger pour défendre nos territoires. Récemment encore, au lendemain de la « décision » du président français Emmanuel Macron de changer le CFA en Eco à la suite d’un tour abracadabrantesque, j’écrivais qu’il était indécent, voire inacceptable, que 60 ans après nos glorieuses indépendances, nous comptions encore sur la France pour nous défendre. Et pour garantir notre monnaie commune dans l’espace Uemoa ! Eh bien, c’est exactement, quoique dans des termes différents, ce que vient de déclarer le secrétaire d’état adjoint américain pour les affaires africaines, M. Tibor Nagy. S’exprimant depuis Khartoum, il a indiqué que sur plusieurs points chauds les africains doivent prendre leurs responsabilités. Alors que la ministre française de la Défense, Mme Florence Parly, se trouvait à Washington pour implorer les américains de maintenir leurs troupes dans le Sahel afin d’aider la France à lutter contre le terrorisme, M. Nagy a déclaré ceci : « les problèmes du Sahel ne seront pas réglés par la France ou les Etats-Unis. ce sont aux pays du Sahel de le faire. Pour faire reculer les terroristes, vous avez besoin de bonne gouvernance, d’un retour de l’Etat dans l’espace abandonné par les terroristes, en apportant la sécurité, des services de santé, l’éducation. Vous pourrez avoir autant de partenaires internationaux que vous voulez, au final tout dépend de la volonté des pays concernés. »
Permettez-moi d’applaudir ces propos qui font grimper l’estime que j’ai pour le président Donald Trump ! Les vérités édictées par le sous-ministre Tibor Nagy sont amères mais elles sont véridiques quand même et devraient fouetter notre amour-propre dans le sens de nous pousser à prendre enfin nos responsabilités ! en mettant sur pied des armées dignes de ce nom et en leur donnant les moyens humains, logistiques, financiers ainsi que les armes sophistiquées dont elles auraient besoin pour défendre nos pays. Il est une raison supplémentaire pour laquelle je suis admiratif de l’actuel président des Etats-Unis d’Amérique : sa position sur la cour Pénale internationale (CPI) dont je n’ai cessé de dénoncer depuis plus de dix ans son acharnement contre les africains, et les africains seulement, particulièrement ceux d’entre eux qui sont des noirs.
Cette position de l’actuelle administration américaine a été exprimée en septembre 2018 par l’alors conseiller à la sécurité nationale du président Trump, M. John Bolton. Voici ce que disait à propos de cette CPI l’homme devenu aujourd’hui un des plus virulents pourfendeurs de Trump ! « en fait, cette cour est inefficace, irresponsable et carrément dangereuse (…) » il précisait que Washington résistera à toutes les tentatives de cette organisation pour traduire en justice des soldats américains et des agents de renseignement pour des crimes commis en Afghanistan. « Les Etats-Unis utiliseront tous les moyens nécessaires pour protéger nos concitoyens et ceux de nos alliés de poursuites injustes de la part de cette cour illégitime », avait aussi ajouté M. Bolton avant de menacer de sanctions la cour dirigée par Mme Fatou Bensouda au cas où l’idée lui viendrait de s’en prendre à des soldats américains ou israéliens. Vous voyez que les africains ont finalement tort de détester le président Donald Trump ! En tout cas, moi, je l’admire…
par Gilles Olakounlé Yabi
L'INSÉCURITÉ ROUTIÈRE EST-ELLE UNE FATALITÉ AFRICAINE ?
Le fatalisme déroutant qui prévaut face à l’hécatombe sur les routes du continent est d’autant plus incroyable qu’elle se double d’un refus obstiné de chercher des solutions
Jeune Afrique |
Gilles Olakounlé Yabi |
Publication 31/01/2020
Son nom ne vous dira rien sauf si vous êtes proche de la Gambie. Elle s’appelait Jaha Sise Sawaneh, jeune journaliste et activiste engagée dans la défense des droits humains et de la paix. C’est en revenant d’une visite dans sa ville natale le 9 octobre pour participer à des efforts de médiation communautaire qu’elle a trouvé la mort dans un accident de circulation. L’accident qui s’est produit à 170 kilomètres de Banjul, la capitale gambienne, aurait été provoqué par la crevaison d’un pneu sans doute à pleine vitesse. En plus de la journaliste, deux autres passagers n’ont pas survécu.
Chaque accident de la route a son histoire, sa cause principale, ses causes secondaires formant ensemble un tragique concours de circonstances. Et personne ne rêve du « zéro accident de la route », même dans les pays les plus riches, dotés des infrastructures routières les plus modernes, des parcs automobiles les plus récents, des législations les plus élaborées et des administrations les plus à même de les appliquer.
Fatalisme et refus de chercher des solutions
Mais nous sommes en Afrique confrontés à une situation particulièrement grave : la conjonction des pires statistiques d’accidents meurtriers de la route, de l’accueil des nouvelles récurrentes de morts stupides de jeunes avec une incroyable dose de fatalisme et d’un refus obstiné de chercher des solutions pour freiner l’hécatombe.
J’avais en tête d’écrire cette tribune l’année dernière, quelques jours après le décès brutal de deux personnalités respectées de la société civile et de la recherche universitaire au Mali. Un professeur d’anthropologie réputé et un brillant et prometteur expert des questions de gouvernance, tous très engagés dans la recherche de solutions à la grave crise dans laquelle état plongé leur pays. Fauchés tous les deux dans un accident de route entre Ségou et Bamako.
Je n’avais eu aucune information sur les circonstances précises de l’accident et sur ses causes mais le fait était là : on continuait à perdre toutes les semaines des enfants, des jeunes et des moins jeunes dans des accidents en grande partie évitables.
Au-delà de l’ampleur des accidents graves, c’est le fatalisme avec lequel on tourne vite la page par un apaisant « Paix à son âme », « Rest in perfect peace » ou « Qu’Allah l’accueille en son paradis » qui est déroutant.
Certes, il n’y a plus rien à faire pour ramener ceux qui nous ont quittés. Mais peut-être devrions-nous interroger davantage les décès qui relèvent de déterminants sur lesquels nous pouvons agir et nous fixer comme objectif de réduire drastiquement chaque année le nombre de destins brisés et de familles éplorées.
De nombreux pays l’ont fait. Selon le plus récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la sécurité routière publié en décembre 2018, le nombre de décès enregistrés par accident de la route avait baissé dans 48 pays entre 2013 et 2016. Cela n’a pas été le fait du hasard, mais d’un ensemble de mesures visant à réduire le nombre des accidents et leur gravité.
Ce rapport confirmait que l’Afrique avait les plus mauvaises statistiques de toutes les régions du monde, avec un taux de décès sur la route de 26 pour 100 000 habitants. Trois fois plus élevé qu’en Europe. Dans la deuxième région la plus dangereuse pour les usagers de la route, l’Asie du Sud-Est, le chiffre était de 20,7 pour 100000 habitants.
Corruption et impunité
En observant au quotidien la circulation routière dans les grandes villes ouest-africaines, le comportement des usagers apparaît de manière incontestable comme un déterminant majeur de l’ampleur des accidents, de concert avec l’état des véhicules et celui des routes.
Il ne s’agit pas seulement des excès de vitesse ou des effets de l’alcool au volant mais d’une ignorance absolue de l’existence des autres usagers : arrêts brutaux au milieu de la route juste pour discuter avec un ami, oubli systématique du clignotant pour signaler un changement de direction, téléphone scotché à l’oreille voire écriture de SMS en étant au volant, non-respect des règles de priorité, et de toute autre règle prévue par le code de la route.
C’est tous les jours dans nos capitales que l’inconscience de la mise en danger des autres se donne à voir. Ces comportements ne tuent pas dans la majorité des cas, les villes embouteillées limitant la vitesse et la violence des chocs. Mais sur les routes nationales et sur les nouvelles voies rapides dont nous sommes si fiers, des comportements irresponsables, les dépassements dangereux notamment, mettent fin à un nombre insupportable de vies.
En matière de sécurité routière comme dans tant de domaines, le duo infernal que forment la corruption et l’impunité, en ruinant autant la qualité des routes que le civisme et le sens des responsabilités, continue d’éteindre définitivement de jeunes lumières africaines.
EN GUINÉE, UNE FEMME UTILISÉE COMME BOUCLIER HUMAIN PAR DES POLICIERS
Des policiers guinéens ont été filmés à leur insu par un vidéaste amateur, le 29 janvier, en train d’utiliser une femme comme bouclier humain, à Conakry. Un homme, qui a recueilli la femme après la scène, raconte ce qu’il s’est passé
Les Observateurs de France 24 |
Alexandre Capron |
Publication 30/01/2020
Des policiers guinéens ont été filmés à leur insu par un vidéaste amateur, le 29 janvier, en train d’utiliser une femme comme bouclier humain, dans la commune de Ratoma, à Conakry, capitale de la Guinée. Un homme, qui a recueilli la femme après la scène, raconte ce qu’il s’est passé et donne des nouvelles de la victime.
La vidéo dure un peu plus de trois minutes. Elle montre une femme retenue par un policier, accompagné de trois autres. Ils font face à plusieurs jeunes Guinéens, le 29 janvier, lors d’une nouvelle manifestation contre le possible troisième mandat du président Alpha Condé.
Les trois policiers placent la femme devant eux pour se protéger de jets de pierre et l’emmènent avec eux sur plusieurs mètres avant de la traîner au sol. La scène se termine dans la confusion après un tir de l’un des policiers.
La rédaction des Observateurs de France 24 a pu identifier le lieu exact de la scène dans le quartier de Wanindara 3. Une photo envoyée par un habitant de la zone permet de reconnaître le même arbre ou les mêmes maisons.
La vidéo, récupérée et postée par Abdourahmane Bah, un habitant du quartier Wanindara 3, a été vue plus de 350 000 fois sur Facebook en moins de 24 heures. Il a recueilli la victime après avoir entendu des cris dans la rue.
"C’est une dame qui travaille au marché Enco 5 comme femme de ménage, à quelques centaines de mètres de là. Elle était venue dans le quartier car elle avait appris le matin même qu’un enfant d’une de ses proches avait été blessé au pied lors des manifestations. Elle venait donc rendre visite à la famille de cet enfant, mais elle ne connaissait pas bien le quartier, car elle vit dans un autre quartier de Conakry.
Elle est tombée sur ces policiers, qui lui ont alors dit de rester avec eux, car il y avait des jeunes non loin. Mais c’était un piège, puisque rapidement, les policiers l’ont gardé avec eux pour faire face à ces personnes qui leur lançaient des pierres. Les policiers n’avaient plus de gaz lacrymogènes, et garder cette femme avec eux, c’était le seul moyen qu’ils avaient pour se protéger des pierres. Ils ont voulu négocier avec les manifestants par ce moyen, mais les jeunes ont refusé."
"La femme n’était pas enceinte, mais a un bébé en bas âge"
Après avoir été trainée sur plusieurs mètres, les policiers ont finalement abandonné la femme par terre, et se sont enfuis vers l’avenue Le Prince [route principale du quartier, NDLR]. Nous avons recueillis la femme qui était très choquée. Ses vêtements étaient couverts de boue, ma mère lui a donné de nouveaux habits pour qu’elle puisse partir. Cette femme n’était pas enceinte, comme on a pu le voir écrit ici ou là. Mais elle a un bébé de six mois [ainsi que 4 autres enfants, selon le site Guinéematin qui a pu l'interviewer, NDLR], et elle a eu très peur d’être blessée ou tuée dans les affrontements. Elle a de nombreuses plaies au genou.
Ce qu’il s’est passé est inacceptable. C’est la première fois que je vois un tel comportement avec une femme de la part des policiers, ça prouve que même les femmes ne sont pas épargnées. Depuis le début des manifestations, mon quartier est l’un des plus réprimés, et la présence des forces de l’ordre est permanente. On ne se sent pas en sécurité.
La rédaction des Observateurs de France 24 a pu confirmer l’identité de la victime, qui a témoigné auprès de médias guinéens dont GuinéeMatin. Cette dernière a indiqué être traumatisé par l’événement, et avoir une "douleur à son pied droit".
Les trois policiers aux arrêts
Nous avons également échangé avec le ministre de la Sécurité publique, Albert Damantang. Il a affirmé que trois policiers avaient été mis aux arrêts. Il a ajouté qu'un quatrième, présent avec eux, n'avait pour l'heure pas été identifié. Selon lui, ces policiers seront présentés à un conseil de discipline et prochainement sanctionnés.
En guise de défense, le policier aurait affirmé avoir vu la dame "donner des pierres aux jeunes", raison pour laquelle il l'a d'abord interpellée, une version qu'on "ne peut pas corroborer à ce stade" a dit le ministre. Il a par ailleurs renouvelé ses excuses à la victime, comme il l’avait fait dans cette vidéo publiée sur Facebook, et a affirmé qu'elle serait reçue par la ministre de l'Action Sociale, de la Promotion Féminine et de l’Enfance Mariama Sylla après avoir échangé avec elle par téléphone.
De son côté, François Patuel, chercheur à Amnesty International sur la Guinée, estime que cette vidéo est un exemple supplémentaire des abus de la police guinéenne :
"Cette scène d’une femme utilisée comme un bouclier humain contrevient à plusieurs pactes internationaux signés par la Guinée. L'exposition volontaire de personnes à des souffrances ou blessures est une grave violation des droits humains. Mais cela s’inscrit dans une tradition d’impunité pour les violations commises par les forces de sécurité : depuis 2010, plus d’une centaine de personnes ont été tuées dans le contexte de manifestations.
Malgré les plaintes déposées par les familles, un seul policier a été condamné. Sa hiérarchie directement responsable n’a pas été inquiétée."
Les abus policiers se multiplient en Guinée depuis fin 2019, alors que les protestations ne faiblissent pas contre le projet de nouvelle Constitution qui permettrait à Alpha Condé de se représenter pour un troisième mandat. Le 14 janvier, une vidéo montrant un homme âgé être malmené par la police avait déjà suscité l’indignation.