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24 avril 2025
Développement
par Sidy Diop
ÉTATS D'ÂME
Si prendre langue avec le président Sall et participer au Dialogue national sont des délits, Abdoulaye Wade devrait être le premier à être mis sur la touche
Y’a-t-il de l’eau dans le carburant des retrouvailles entre les présidents Wade et Sall ? Le Parti démocratique sénégalais (Pds) vient de claquer la porte du Front de Résistance national (Frn) au motif que des leaders au plus haut niveau de ce cadre de l’opposition sont «compromis». En français plus accessible, le Pds reproche à ces leaders de discuter avec le Président de la République et de prendre part au Dialogue national «initié unilatéralement par le Président Macky Sall».
Le communiqué signé par le Secrétaire général national Abdoulaye Wade en dit long sur l’état d’esprit du «sopiste» en chef. Si prendre langue avec le président Sall et participer au Dialogue national sont des délits, il devrait être le premier à être mis sur la touche. Les retrouvailles de Massalikoul Djinane et la visite au Palais de la République le 12 octobre dernier sont encore fraîches dans nos mémoires. Comme quoi, «une pirogue n’est jamais trop grande pour chavirer».
COMPRENDRE LE PSSAGE D'UN RISQUE DE SURENDETEMENT FAIBLE À MODÉRÉ
Le gouvernement a annoncé, le 10 janvier 2020, que le pays est passé d’un risque de surendettement faible à modéré. Concrètement, qu’est-ce que cela implique ?
Africa Check |
Valdez Onanina |
Publication 16/01/2020
Le 30 juin 2019, le ministre sénégalais des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, se réjouissait de la « bonne maîtrise de l’économie », affirmant que « sur les 55 pays de l’Union Africaine, le Sénégal fait partie des cinq pays à risque de surendettement faible ».
Début janvier 2020, la Direction générale de la comptabilité publique et du trésor a annoncé qu’en « perspectives du nouveau programme ICPE (instrument de coordination des politiques économiques), les services du Fonds monétaire international (FMI) ont procédé à l’analyse de viabilité de la dette » et « il ressort de cet exercice que le risque de surendettement est passé d’un risque faible à un risque modéré de surendettement statut actuel de l’ensemble des pays de l’UEMOA ».
Le Trésor sénégalais a expliqué que « le ratio de service de la dette/ exports a atteint 22,7 % en 2020 contre un seuil de 21 % », assurant qu’« un retour à un profil de risque faible est projeté pour 2022 ».
Et d’appuyer que « ce caractère temporaire de la dégradation a un impact très limité sur les conditions de financement sur les marchés de capitaux (et que) cette mesure n’entraîne pas de limitation d’endettement, autre que le respect du plafond de financement défini dans la loi de finances ».
Le risque de surendettement c’est quoi ?
Le professeur Babacar Sène, Maître de conférences agrégé en Économie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, explique que « le risque de surendettement matérialise une situation où l’Etat est dans l’incapacité d’honorer ses engagements vis-à-vis des créanciers bilatéraux, multilatéraux, du marché international et régional ». Il indique que le risque de surendettement est apprécié à partir de l’analyse de viabilité ou de soutenabilité de la dette publique.
En d’autres termes, « il s’agit d’analyser la cohérence entre les besoins de financement et la capacité de remboursement actuelle et future. On parle de risque si cette cohérence tend à ne pas être respectée », précise Malick Diop, ingénieur statisticien et économiste à la Division de la comptabilité nationale, des synthèses et études analytiques, une entité de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie.
Diop souligne que « la dette constitue un moyen pour les pays de financer leurs investissements. À cet effet, ils doivent veiller à une bonne gestion de l’endettement pour favoriser une croissance soutenue et inclusive » car « l’accumulation excessive de la dette peut avoir une conséquence pour le développement économique du pays et la viabilité ».
En somme, « dans le cadre de l’analyse de la viabilité de la dette d’un Etat, on parle de risque de surendettement lorsque les indicateurs d’endettement dépassent les seuils indicatifs ou autorisés. Autrement dit, si ce seuil est dépassé, le pays court à un risque de surendettement », résume le journaliste économique Abdou Diaw.
Évaluation du risque de surendettement
Pour apprécier le degré d’endettement, le FMI et la Banque mondiale s’appuient sur des ratios d’endettement que sont : « dette publique sur PIB; valeur actuelle de la dette rapportée aux exportations, au PIB et aux recettes; service de la dette rapporté aux exportations et aux recettes », renseigne Pr Babacar Sène.
Il argue que « l’analyse de ces différents ratios sur l’horizon temporel de 20 ans permet de dégager quatre situations de risque de surendettement selon le FMI et la Banque mondiale ».
Premièrement, le risque faible qui suppose que « tous les indicateurs d’endettement sont en deçà des seuils de référence et des seuils des tests de résistance ».
Ensuite, le risque modéré qui illustre une situation dans laquelle, « les indicateurs d’endettement sont inférieurs aux seuils dans le scénario de référence, mais les tests de résistance montrent que les seuils pourraient être dépassés en cas de choc exogène ou de changement brusque de politique macroéconomique ».
Viennent ensuite le risque élevé qui traduit le fait qu’« au moins un des seuils du scénario de référence a été dépassé, mais le pays n’a pas encore de difficultés à rembourser sa dette », et le surendettement qui est évoqué lorsque « le pays éprouve déjà des difficultés à rembourser sa dette, comme en témoigne la présence d’arriérés ; soit la restructuration de sa dette est en cours ou imminente, soit par exemple, les indicateurs de la dette et du service de la dette dépassent de manière considérable les seuils de référence à court terme, et ces dépassements sont élevés ou prolongés ».
« La capacité qu’ont les pays à gérer leur dette dépend de la solidité de leurs politiques et de leurs institutions, de leur performance macroéconomique et de leur capacité à absorber les chocs », signalele FMI.
De risque de surendettement faible à modéré
Pour un pays, plusieurs raisons peuvent être à l’origine du passage d’un risque de surendettement faible à modéré, selon Abdou Diaw. Il énonce notamment l’explosion de l’endettement et une erreur dans l’évaluation du ratio dette sur PIB.
À cela, on peut ajouter « une détérioration du déficit budgétaire de l’Etat par rapport au PIB, la fréquence et l’ampleur des chocs exogènes qui affectent l’économie, l’élargissement du périmètre d’endettement ou un durcissement des conditions d’emprunt sur le marché international », indique le professeur Babacar Sène.
Pour le Sénégal, « les principales raisons de ce changement de risque de surendettement faible à modéré sont liées essentiellement à l’extension du périmètre du champ de la dette du secteur public aux organismes publics (agences, établissements publics, sociétés nationales) », signale à Africa Check Ballé Preira, le coordonnateur de la cellule de communication du ministère sénégalais des Finances et du Budget.
« Adopter une gestion prudente de l’endettement non concessionnel »
Pour Abdou Diaw, la dégradation du profil d’endettement du Sénégal traduit, « en termes clairs, (que) le pays devient exposé et vulnérable s’il n’y a pas un contrôle rigoureux et suivi de son rythme d’endettement ».
« Le pays devrait davantage adopter une gestion prudente de son endettement non concessionnel, c’est-à-dire des prêts extérieurs souscrits aux conditions du marché », préconise, dans la même veine, le professeur Babacar Sène. Il ajoute que le Sénégal devrait aussi recourir davantage au marché financier régional à travers les émissions de titres publics en monnaie locale par adjudication et/ou par syndication. L’Etat devrait également surveiller l’endettement de ses démembrements (agences, sociétés publiques, etc.) car le périmètre de la dette a été élargi, selon Pr Sène.
En outre, le statisticien Malick Diop tempère. Il soutient que « le Sénégal ne présente pas de risque de surendettement mais s’approche d’une zone où les politiques économiques, l’endettement, doivent être contrôlées ».
« En effet, il peut, à la suite, d’un choc présenté un risque de surendettement ce qui se matérialisera par une situation où l’un des seuils fixés par le FMI et la Banque mondiale n’est pas respecté. Cela constitue également un signal pour ceux qui prêtent au pays, sur les risques qu’ils peuvent courir en prêtant au Sénégal », relève-t-il en revanche.
D’après Ballé Preira, de la cellule de communication du ministère des Finances et du Budget, « ce qui pourrait inquiéter, dans le cas du Sénégal, c’est une baisse drastique des exportations, une baisse des recettes fiscales ou un repli prononcé de la croissance. Or, si on évalue le cadre macro-économique actuel et futur sur la période 2019-2023, il s’avère que les projections tablent sur une croissance moyenne de 9 % dont environ 7 % en 2020, croissance sur la base de laquelle le budget 2020 a été bâti ».
Preira fait valoir que cette dégradation du profil d’endettement du Sénégal est temporaire et a un impact très limité sur les conditions de financement sur les marchés de capitaux.
« Il est utile de préciser que cette mesure n’entraîne pas de limitation d’endettement, autre que le respect du plafond de financement défini dans la loi de finances. Également, les accès aux ressources de financement de nos partenaires classiques ne seront pas limités », assure Preira selon qui le Sénégal maintient des ratios d’endettement à des seuils viables et soutenables pour atteindre l’émergence à terme.
LA ZMAO CONDAMNE LA RÉFORME DU FCFA ANNONCÉE PAR OUATTARA
Les six pays de la Zone monétaire ouest-africaine se sont dit préoccupés ce jeudi, de la décision du président ivoirien de renommer unilatéralement le franc CFA en Éco, ajoutant que cela n’est pas conforme au projet de la CEDEAO
Le Nigeria et plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, notamment anglophones, ont dénoncé jeudi à Abuja la décision de remplacer le franc CFA par l’eco, affirmant qu’elle n’était “pas conforme” au programme adopté récemment par l’ensemble de la région pour mettre en place une monnaie unique.
Les six pays de la Zone monétaire ouest-africaine (WAMZ) ont “noté avec préoccupation la déclaration visant à renommer unilatéralement le franc CFA en eco d’ici à 2020”, selon un communiqué publié à l’issue de cette rencontre extraordinaire entre les différents ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales. La WAMZ est composée du Nigeria, du Ghana, du Liberia, de la Sierra Leone, de la Gambie et de la Guinée (Conakry), qui ne fait pas partie de la zone CFA.
Ces pays estiment que “cette action n’est pas conforme aux décisions” de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) en vue de “l’adoption de l’eco comme nom de la monnaie unique” de toute la région, dont l’idée est débattue depuis bientôt 30 ans. Ils “réitèrent l’importance pour tous les membres de la Cédéao d’adhérer aux décisions de l’autorité des chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao concernant la mise en œuvre de la feuille de route révisée du programme de monnaie unique”.
Un sommet réunissant les chefs d’Etat de la WAMZ est prévu “bientôt” pour décider de la conduite à venir, précise le communiqué final.
Huit pays francophones d’Afrique de l’Ouest, qui utilisent le franc CFA, avaient annoncé fin décembre leur décision de remplacer leur monnaie commune par l'”eco” et de rompre ainsi les liens très controversés avec la France, ancienne puissance coloniale, qui accueillait notamment la moitié de leurs réserves de changes en échange de la convertibilité du CFA avec l’euro. L’annonce surprise avait été faite par le président ivoirien Alassane Ouattara lors d’une visite à Noël de son homologue français Emmanuel Macron, dont il est le principal allié politique dans la région, au lendemain d’un sommet de la Cédéao qui avait encouragé les efforts visant à mettre en place une monnaie unique ouest-africaine d’ici à juillet.
OMAR VICTOR DIOP, PORTRAIT D'UNE AFRIQUE OPTIMISTE
Le photographe sénégalais signe les visuels de la Saison Africa 2020 la saison des cultures africaines en France. Des photos à l’image de toute son œuvre qui montre une Afrique moderne, optimiste et nourrie de son histoire
Le photographe sénégalais Omar Victor Diop signe les visuels de la Saison Africa 2020 la saison des cultures africaines en France.
Des photos à l’image de toute son œuvre qui montre une Afrique moderne, optimiste et nourrie de son histoire.
"LA MONNAIE EST UNE AFFAIRE DU PEUPLE"
Ousmane Sonko parle de « grande victoire pour les jeunesses africaines » après l’annonce du passage à l’Eco fin décembre à Abidjan. Pour l’opposant qui se dit « radical », cela annonce une nouvelle dynamique, notamment dans les relations avec la France
Ousmane Sonko avait fait de la réforme du franc CFA un cheval de bataille pendant la campagne pour la présidentielle de février 2019. Le président du parti Pastef/ Les Patriotes, arrivé 3e avec plus de 15% des voix, parle de « grande victoire pour les jeunesses africaines » après l’annonce du passage à l’Eco fin décembre à Abidjan. Pour l’opposant qui se dit « radical », cela annonce une nouvelle dynamique, notamment dans les relations avec la France.
RFI: Que pensez-vous de la réforme du franc CFA annoncée en décembre dernier à Abidjan?
Ousmane Sonko:C’est un bon début. Sur les questions liées à l’appellation, au dépôt des réserves de change à la Banque française et même à la présence française dans les institutions, on a fait un bond qualitatif. Mais nous considérons que maintenant il faut s’atteler aux questions techniques, la question de la parité fixe, et il y a la question également de l’institution qui doit gérer cette monnaie. Nous, les opposants et la société civile africaine, qui avons porté ce combat depuis pas mal de temps, nous nous étions opposés à nos présidents qui disaient que le franc CFA est une excellente monnaie. Donc si cela change, c’est parce que la France a décidé, uniquement avec un président, d’une monnaie qui concerne huit pays. On n’a entendu jusqu’à présent aucun autre président de cette zone s’adresser à son peuple. Or, la monnaie est une affaire du peuple. Mais au-delà, il y a des aspects positifs. Le président Macron a dit : « J’ai écouté et entendu la jeunesse africaine ». C’est un pas important. Le président français et la France ont compris qu’il est temps d’écouter un peu plus les Africains et d’aller vers un changement du paradigme qui fonde nos relations. Il n’y a pas de sentiment anti-français, en réalité. Il y a un sentiment patriotique et panafricain. Je crois que le président Macron a compris cela. J’ose espérer que cette dynamique va continuer.
Quel regard portez-vous sur la coopération entre la France et les pays du G5 Sahel sur le plan militaire, dans la lutte contre le terrorisme?
Ce qui se passe traduit notre échec total. Dans ces pays, il y a des zones entières qui ont été totalement délaissées. Donc c’est un échec africain, un échec de la Cédéao. Si ces pays considèrent qu’ils n’ont pas la capacité de le faire et qu’ils font appel à la France, cela relève de leur souveraineté, mais la France, aussi, doit respecter les opinions publiques nationales. J’ai été au Niger récemment et j’ai entendu le président nigérien dire que, tous ceux qui réclament le départ des troupes françaises sont des suppôts du terrorisme. Cela veut dire que toute opposition, citoyenne ou politique, peut-être demain qualifiée d’apologie du terrorisme ou je ne sais quoi. Et ces présidents - nos présidents - vont s’en servir pour « mâter » l’opposition.
Vous évoquiez un voyage récent au Niger au mois de décembre. Vous souhaitez donner une dimension panafricaine à votre combat. Sur quels thèmes et avec quels alliés?
Il y a, de plus en plus, des mouvements patriotiques, progressistes, panafricains, qui émergent partout en Afrique. Nous devons pouvoir créer un lien, un réseau. C’est cela, l’objectif de cette internationale qui a été lancée avec des leaders politiques de six pays : Niger, Burkina Faso, Sénégal, Guinée Conakry, Tchad et Togo. Nous allons l’élargir progressivement et nous envisageons de tenir un grand congrès pour la lancer officiellement, très prochainement.
Au Sénégal, les travaux du dialogue national viennent de débuter et vous n’y participez pas. Il y a pourtant à l’ordre du jour des thématiques qui vous tiennent particulièrement à cœur, notamment la gestion des ressources naturelles ou la gouvernance. Est-ce que ce n’est pas une occasion manquée de faire entendre vos positions?
Au contraire, le dialogue peut brouiller nos positions. Quelle est la pertinence d’organiser un dialogue national au Sénégal? C’est un pays paisible. Pourquoi éprouver le besoin de convoquer une sorte de conférence nationale dans un pays comme ça, qui est sorti d’une élection il y a un peu moins d’un an ? Cela va aboutir à une distribution du gâteau, au gouvernement d’union nationale, etc. Nous ne sommes pas preneurs.
Votre parti Pastef-Les Patriotes vient de fêter ses six ans d’existence. Quels sont vos objectifs et quelle est la stratégie, maintenant?
C’est, de continuer à grandir. Vous savez que nous sommes un parti qui est né du néant politique, contrairement à ce qu’on avait l’habitude de connaître, où les gens font leurs classes politiques dans de grands appareils. Nous allons continuer ce travail, mais nous allons aussi beaucoup travailler à structurer ce parti pour nous doter d’un appareil politique et d’une machine électorale.
Et avec quelle convergence, avec les autres leaders de l’opposition, Khalifa Sall, Idrissa Seck, Abdoulaye Wade?
Actuellement, chacun a son organisation politique et la gère.
Donc c’est chacun pour soi?
Non, nous avons un cadre, un front, pour aborder ensemble un certain nombre de questions.
Le Front de résistance nationale, que vient de quitter le PDS d’Abdoulaye Wade…
J’ai entendu que le PDS a quitté l’organisation... Nous avons ce front. Au-delà, nous, nous ne sommes en coalition avec aucun des acteurs politiques que vous avez cités. Mais nous gardons des relations courtoises et nous restons ouverts, pour certains en tout cas, à envisager ces possibilités-là.
Et vous, dans l’opposition, vous voulez incarner cette opposition radicale, c’est cela?
On est nés dans la radicalité. Nous, nous venons pour nous opposer et nous opposer fermement. Non pas à un homme, mais à un problème de système. Et c’est pourquoi vous avez des gens qui ont travaillé avec le président Senghor, qui ont travaillé avec le président Diouf, qui ont travaillé avec le président Wade, qui aujourd’hui sont encore responsabilisés par le président, alors qu’ils sont d’idéologies totalement différentes. Notre classement volontaire dans cette rubrique d’opposition radicale, ce n’est pas par rapport à Macky Sall. Tant qu’on focalisera le débat sur un homme, on va faire des alternances, mais on ne fera pas dans l’alternative.
LES CHEMINOTS NE SAVENT PLUS SUR QUELS RAILS SE TENIR
C’est la confusion totale à Dakar-Bamako ferroviaire (Dbf) suite à la signature d’un protocole d’accord mettant fin à la transition. Signé les 26 et 27 décembre 2019 à Bamako, il prévoit également le redéploiement du personnel et l’indemnisation de Jaber
C’est la confusion totale à Dakar-Bamako ferroviaire (Dbf) suite à la signature d’un protocole d’accord mettant fin à la transition. Signé les 26 et 27 décembre 2019 à Bamako, il prévoit également le redéploiement du personnel et l’indemnisation de l’ancien concessionnaire Abass Jaber.
Dbf quitte les rails avec la fin de la période de transition. «Nous venons de voir, à notre grande surprise, un procès-verbal de réunion qui parle d’un protocole d’accord qui va mettre fin à la transition de DakarBamako ferroviaire (Dbf). Et pis encore, le protocole prévoit le redéploiement du personnel dans des entités appropriées», s’étrangle Mambaye Tounkara, qui faisait l’annonce hier face à la presse.
Selon le président de l’Intersyndicale, «cela veut tout simplement dire que Dbf n’existe plus». En effet, explique-t-il, la décision a été prise lors d’une rencontre interministérielle tenue à Bamako les 26 et 27 décembre 2019. Une rencontre à l’issue de laquelle le ministre des Infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement, Me Oumar Youm, et son collègue malien, Ibrahim Abdoul Ly, ont signé ledit protocole qui met fin à la transition à Dbf. Laquelle décision, selon le cheminot, «remet en cause tout ce qui a été décidé jusqu’ici sur le processus de relance et de mise en œuvre du schéma institutionnel».
Parce que, renseigne-t-il, «les Etats du Sénégal et du Mali avaient pris la décision de résilier le contrat de concession en 2016 avec la signature des deux ministres de tutelle et des deux ministres des Finances. Et s’il s’agit de mettre un terme au processus engagé, cela doit se faire dans les mêmes conditions».
Pourtant, relève Mam baye Tounkara, «dans son message de vœux à la Nation le 31 décembre dernier, le président de la République avait bien souligné avec force son souhait et son engagement de relancer effectivement Dbf».
Aussi, «dans la conférence de presse qui a suivi sa déclaration, il a été encore plus précis en affirmant que la reprise était imminente et que des locomotives seront réceptionnées courant janvier 2020. Il avait souligné par ailleurs que la rencontre interministérielle avait validé le Plan de sauvegarde d’urgence (Psu) qui a été proposé par l’Admi nistrateur général et dont l’objectif est de créer les conditions d’une reprise de l’activité».
Indemnisation de Abbas Jaber Il s’agit en effet, selon le plan de relance, de reprendre la circulation des trains entre Dakar et Tambacounda au cours du premier semestre 2020, après la reconstruction totale du pont de Touba Zam Zam par Dbf/Sénégal et l’équipement en locomotives fournies par les Sud-Africains, selon le modèle de la location avec maintenance.
Un plan validé par les deux Etats qui s’étaient aussi engagés à le financer à hauteur de 10 milliards de francs Cfa chacun, en attendant de migrer vers le projet de réhabilitation du chemin de fer. Mieux, poursuit le syndicaliste, «le Président Macky Sall avait lui-même dit dans sa déclaration qu’en attendant de migrer vers ce processus, il faudrait que l’activité reprenne, ce qui est en phase avec la revendication essentielle des cheminots».
Pour simplement dire, «si ce procès-verbal de Bamako remet en cause cette démarche, c’est parce qu’on est dans une totale confusion». Surtout que, souligne-t-il, «dans ce même procès-verbal il y a un processus de règlement à l’amiable avec l’ancien concessionnaire Abass Jaber pour son indemnisation».
Ses soupçons prennent de l’épaisseur à cause «des manipulations exercées par des gens tapis dans les ministères et qui font tout pour créer un désordre dans le secteur». Il regrette que «les cheminots ne soient pas représentés dans ces instances, là où l’avenir du chemin de fer à travers Dbf est discuté».
Ainsi, il interpelle le Président Sall pour qu’il «apporte toutes les clarifications nécessaires». Ce, d’autant que «le Psu dont les premières phases sont en train d’être réalisées, en l’occurrence la réalisation d’un point, l’acquisition de locomotives, la gestion rigoureuse du foncier».
Et pour lui, «la décision de redéployer les cheminots de Dbf va les envoyer au chômage en catimini et sans respect des lois». Dans son speech, le président de l’Intersyndicale des travailleurs de Dbf a regretté que «les partenaires sociaux ont toujours soutenu que la privatisation n’allait pas réussir, mais les pouvoirs publics leur ont forcé la main et aujourd’hui l’échec est constaté. Une transition a été installée et qui n’a jamais fait de résultats».
LE PSE VA ENTRER DANS SA PHASE ACTIVE
Le chef de l’Etat a demandé au ministre des Finances d’allouer les ressources nécessaires à l’amorçage des programmes présidentiels prioritaires (Zéro déchet, 100.000 logements, PSE Vert) - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 15 janvier 2020.
"Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Macky SALL, a présidé le Conseil des ministres, le mercredi 15 janvier 2020, au Palais de la République.
Le Chef de l’Etat a, à l’entame de sa communication, informé le Conseil avoir présidé la rentrée solennelle des cours et Tribunaux, le jeudi 9 janvier 2020, en sa qualité de Président du Conseil supérieur de la Magistrature.
Le Président de la République a, au titre de la consolidation de la modernisation du système judiciaire, réitéré sa confiance aux hommes et femmes qui assurent le service public de la justice et invité le Gouvernement à accélérer la construction du nouveau siège de la Cour suprême, de l’Ecole des Avocats et du Centre de Formation judiciaire.
Le Chef de l’Etat a, par ailleurs, exhorté le Ministre de la Justice à accorder une priorité à la modernisation de l’Administration pénitentiaire, et demandé au Gouvernement de finaliser le processus d’adoption du projet de loi d’orientation relative à la sécurité intérieure.
Le Président de la République a, au titre du renforcement de la politique de protection des femmes et des enfants, salué la promulgation de la loi n° 2020 - 05 modifiant la loi n° 65 - 60 du 21 juillet 1965 portant Code pénal criminalisant le viol et la pédophilie, en présence de toutes les parties prenantes nationales et internationales.
Il a, à cet égard, demandé au Gouvernement de vulgariser, au niveau national, les contenus et objectifs du texte de loi à travers nos langues nationales et les mécanismes de communication sociale adaptés.
Le Chef de l’Etat a, en outre, invité la Ministre chargée des Femmes et de l’Enfance à procéder à l’évaluation, d’une part, de la stratégie nationale de l’équité et de l’égalité de genre et, d’autre part, de la stratégie nationale de protection des enfants afin de favoriser davantage l’épanouissement des femmes et des enfants dans la société.
Le Président de la République, revenant sur l’intensification de la mise en œuvre des programmes présidentiels pour accélérer la création d’emplois décents et durables sur l’ensemble du territoire national, a demandé aux membres du Gouvernement de lui rendre compte des emplois créés, dans chaque secteur, à partir de l’exécution des programmes et projets publics.
Le Chef de l’Etat a, dans cette dynamique, demandé au Ministre des finances et du Budget d’allouer les ressources nécessaires à l’amorçage des programmes présidentiels prioritaires (Zéro déchet, 100.000 logements, PSE Vert).
Il a également souligné l’urgence d’accélérer les procédures nécessaires à la construction rapide des 15 centres de formation professionnelle, des 30 espaces numériques ouverts (ENO) et des universités publiques Ahmadou Makhtar Mbow et Elhadji Ibrahima NIASSE, tout en insistant sur le caractère créateur d’emplois de ces projets d’envergure.
Le Chef de l’Etat a, également, invité le Ministre de l’Hygiène publique à travailler en synergie avec le Ministre de l’Environnement autour du programme « Zéro déchet », dans le cadre de la requalification de la décharge de Mbeubeuss, en prenant en compte les opportunités de créations d’emplois de l’économie circulaire à bâtir autour de l’amélioration du cadre de vie.
Le Président de la République a, au titre du développement des emplois verts, demandé au Ministre de l’Environnement et du Développement durable de démarrer son initiative « PSE Vert ». Ainsi, à terme, 10.000 emplois verts seront créés. par l’Agence nationale de Reforestation.
Le Président de la République a, en outre, demandé au Ministre des Finances et au Ministre du Logement de finaliser le dispositif innovant de financement du programme de « 100.000 logements » devant démarrer dans les meilleurs délais.
Le Chef de l’Etat a, plus généralement, rappelé au Gouvernement que l’industrialisation et le déploiement des programmes d’urbanisme, de construction et d’aménagement du territoire, restent des leviers notables pour la création d’emplois.
Il a, à ce titre, demandé au Ministre de l’Industrie d’œuvrer dans le sens de développer des zones industrielles sur l’ensemble du pays et de faciliter le fonctionnement des entreprises privées déjà installées au niveau du parc industriel de Diamniadio.
Le Chef de l’Etat a aussi évoqué l’organisation des jeux olympiques de la jeunesse en 2022. Il a invité les ministres concernés à prendre toutes les dispositions pour le versement de la contrepartie du Sénégal au CIO, à veiller à la supervision des activités du Comité national d’organisation et à préparer le lancement prochain des travaux du stade olympique et des résidences d’accueil des athlètes.
Le Président de la République a, au titre de la finalisation des réflexions sur la gestion future des ressources pétrolières et gazières, demandé aux ministres impliqués de présenter, dans les meilleurs délais, les projets de décret d’application de la loi sur le contenu local et la loi sur la répartition des revenus futurs, issus de l’exploitation des hydrocarbures.
Le Chef de l’Etat, revenant sur le climat social, la gestion et le suivi des affaires intérieures, a abordé la problématique de la régulation de la filière boulangerie, en invitant la Ministre du Commerce à privilégier un dialogue constructif permanent avec les professionnels de la filière.
Le Président de la République, au sujet de la situation des sociétés de gardiennage, a demandé au Ministre de l’Intérieur et au Ministre du Travail de veiller au respect scrupuleux, par les entreprises de sécurité privée, des dispositions de la nouvelle convention collective nationale du secteur du gardiennage et de la sécurité privée.
Le Chef de l’Etat a clos sa communication sur son agenda diplomatique et international.
Au titre des communications :
Le Ministre d’Etat Secrétaire général de la Présidence de la République a fait une communication sur le suivi des directives du Chef de l’Etat
Le Ministre des Finances et du Budget a fait le point sur l’exécution du budget 2019 et a informé le Conseil de l’approbation, le vendredi 10 janvier 2020, par le Conseil d’Administration du Fonds monétaire international (FMI) du nouvel instrument triennal de coordination des politiques (ICPE) pour le Sénégal.
A cet égard, il a informé que le FMI s’est félicité du dynamisme de l’économie sénégalaise avec une croissance robuste, portée par d’importants investissements publics, dans le contexte d’une amélioration de l’environnement des affaires.
Le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur a fait une communication sur la situation internationale et a rendu compte de la tenue de la 8ème session de la Conférence ministérielle du Comité des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine sur la réforme du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies.
Le Ministre du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale a fait une communication sur la Couverture maladie universelle (CMU).
Le Ministre de l’Agriculture et de l’Équipement rural a fait le point sur la campagne agricole.
Le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération a fait une communication sur le bilan des réalisations du FONGIP et FONSIS.
Le Ministre des Transports terrestres et du Désenclavement a fait le point sur la mobilité urbaine à Dakar.
Le Ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires a rendu compte de la séance de travail consacrée à l’affectation des terres dans le cadre du développement de la culture fourragère.
Le Ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de l’Artisanat a fait une communication sur la construction des centres de formation professionnelle.
Le Ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et Hygiène publique a rendu compte de la visite qu’il a effectuée Mbeubeuss, et a fait le point sur le programme des cent mille (100 000) logements.
Le Ministre du Pétrole et des Energies a fait une communication sur la découverte et l’exploitation du pétrole à Sangomar.
Le Ministre, auprès du Président de la République, en charge du Suivi du PSE a fait le point sur les avancées et la mise en œuvre des réformes. Il a, par ailleurs, insisté sur les instructions du Président de la République pour un suivi rigoureux et un renforcement du dialogue avec les enseignants.
Au titre des mesures individuelles le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur El Hadji Abdoulaye GUEYE, Administrateur Civil principal matricule de solde n°624 581/J, précédemment Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement du Ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, est nommé Secrétaire général dudit Ministère en remplacement de Monsieur Serigne MBAYE appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Joseph Oufam MEDOU, ingénieur géologue, est nommé Directeur général de la filiale « PETROSEN E&P » S.A ;
Monsieur El hadji Manar SALL, diplômé de HEC PARIS, est nommé Directeur général de la filiale « PETROSEN AVAL » S.A.
Monsieur Mass THIAM, Expert en management, diplômé de HEC Montréal, est nommé Coordonnateur de l’Unité de Coordination de la Gestion des Déchets solides (UCG) en remplacement de Monsieur Ousmane NDAO.
Monsieur Hassan El Karim NDIAYE, Cadre administratif et financier, est nommé Coordonnateur du Projet de Construction de Logements sociaux et de Lutte contre les bidonvilles au Ministre de l’Urbanisme du logement et de l’Hygiène publique, en remplacement de Monsieur Idrissa TALL.
Monsieur Saidou WADE, Juriste, matricule de solde n° 710 244/D, précédemment en service à la Cellule d’Etudes, de Planification et de Suivi-évaluation du Ministère des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires, est nommé Inspecteur de l’Administration locale au Ministère des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires ;
Monsieur El Hadji Mamadou Gueye, Juriste, matricule de solde n° 662 513/E, précédemment en service à l’Inspection de l’Administration locale (IAL) du Ministère des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires, est nommé Inspecteur de l’Administration locale au Ministère des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires, en remplacement de Monsieur Mamadou Moustapha DIOP, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Madame Seynabou SECK, Médiateur pédagogique, matricule de solde n° 663 866/E, précédemment en service à la Direction de la Promotion du Développement Territorial, est nommé Inspecteur de l’Administration locale au Ministère des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires ;
Monsieur William MANEL, administrateur civil principal, matricule de solde n°604 135/G, précédemment Gouverneur de la Région de Kédougou, est nommé Gouverneur de la Région de Kaffrine en remplacement de Monsieur Jean Baptiste COLY, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Saer NDAO, administrateur civil principal, matricule de solde n°517 932/C, précédemment Préfet du Département de Mbour, est nommé Gouverneur de la Région de Kédougou en remplacement de Monsieur William MANEL, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Modou NDIAYE, administrateur civil, matricule de solde n°516 238/C, précédemment Adjoint au Gouverneur de la Région de Dakar chargé du développement, est nommé Adjoint au Gouverneur de la Région de Dakar chargé des affaires administratives en remplacement de Madame Ndèye Aïssatou Oumar Tabara TOURE, appelée à d’autres fonctions ;
Madame Awa Ndiaye DIOP, administrateur civil, matricule de solde n°661 347/E, précédemment Adjoint au Gouverneur de la Région de Kaffrine chargée du développement, est nommée Adjoint au gouverneur de la Région de Louga chargée des affaires administratives, poste vacant ;
Monsieur El hadji Malick Sémou DIOUF, administrateur civil, matricule de solde n°681 537/J, précédemment Adjoint au Gouverneur de la Région de Fatick chargé du développement, est nommé Adjoint au Gouverneur de la Région de Fatick chargé des affaires administratives, poste vacant ;
Monsieur Sidy Sarr DIEYE, administrateur civil, matricule de solde n°681 542/D, précédemment Adjoint au Gouverneur de la Région de Diourbel chargé du développement, est nommé Adjoint au Gouverneur de la Région de Kaolack chargé des affaires administratives, poste vacant ;
Madame Diégui NGOM, administrateur civil, matricule de solde n°681 538/K, précédemment Adjoint au Gouverneur de la Région de Matam chargée du développement, est nommée Adjoint au gouverneur de la Région de Kédougou chargée des affaires administratives, poste vacant ;
Monsieur Boubacar Bahinghou SAGNA, administrateur civil, matricule de solde n°681 540/B, précédemment Adjoint au Gouverneur de la Région de Kolda chargé du développement, est nommé Adjoint au Gouverneur de la Région de Kolda chargé des affaires administratives, poste vacant ;
Madame Tening FAYE, administrateur civil, matricule de solde n°696 367/A précédemment Adjoint au préfet du département de Guédiawaye, est nommée Adjoint au gouverneur de la Région de Dakar chargée du développement en remplacement de Monsieur Modou NDIAYE, appelé à d’autres fonctions ;
Madame Marième Pouye ANNE, administrateur civil, matricule de solde n°696 392/G, précédemment Adjoint au préfet du département de Rufisque, est nommée Adjoint au gouverneur de la Région de Diourbel chargée du développement en remplacement de Monsieur Sidy Sarr DIEYE, appelé à d’autres fonctions ;
Madame Tiguida WAGUE, administrateur civil, matricule de solde n°696 366/Z précédemment Adjoint au préfet du département de Thiès, est nommée Adjoint au gouverneur de la Région de Kaffrine chargée du développement en remplacement de Madame Awa Ndiaye DIOP, appelée à d’autres fonctions
Monsieur Abdou DIOP, administrateur civil, matricule de solde n°696 369/C précédemment Adjoint au préfet du département de Pikine, est nommé Adjoint au gouverneur de la Région de Fatick chargé du développement en remplacement de Monsieur El hadji Malick Sémou DIOUF, appelé à d’autres fonctions
Monsieur Modou Mamoune DIOP, administrateur civil, matricule de solde n°696 365/A, précédemment chef de la division des agréments, programmes d’investissement et accords de siège à la Direction générale de l’Administration territoriale, est nommé Adjoint au gouverneur de la Région de Kédougou chargé du développement, poste vacant ;
Monsieur Assane GUEYE, administrateur civil, matricule de solde n°696 363/C, précédemment chef de la cellule des affaires juridiques au Secrétariat général du ministère de l’Intérieur, est nommé Adjoint au gouverneur de la Région de Kolda chargé du développement en remplacement de Monsieur Boubacar Bahinghou SAGNA, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Modou Thiam, administrateur civil, matricule de solde n°696 364 541/A précédemment Adjoint au Préfet de Dakar, est nommé Adjoint au gouverneur de la Région de Louga chargé du développement, poste vacant ;
Monsieur Amadou Salmone FALL, administrateur civil, matricule de solde n°622 439/D, précédemment chef de la division analyse et prospectives à la Direction générale de l’Administration territoriale, est nommé Adjoint au gouverneur de la Région de Tambacounda chargé du développement, poste vacant ;
Monsieur Mor Talla TINE, administrateur civil, matricule de solde n°616 322/H, précédemment Préfet du Département de Bambey, est nommé Préfet du Département de Mbour en remplacement de Monsieur Saer NDAO, appelé à d’autres fonctions ;
Madame Ndéye Aïssatou Oumar Tabara TOURE, administrateur civil, matricule de solde n°616 295/M, précédemment Adjoint au Gouverneur de la Région de Dakar chargée des affaires administratives, est nommée Préfet du Département de Bambey en remplacement de Monsieur Mor Talla TINE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Saïd DIA, administrateur civil, matricule de solde n°515 927/E, précédemment Préfet du Département de Birkilane, est nommé Préfet du Département de Vélingara en remplacement de Monsieur Abdourahmane NDIAYE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Abdoul Wahab TALLA, administrateur civil, matricule de solde n°517 781/K, précédemment Préfet du Département de Bounkiling, est nommé Préfet du Département de Birkilane en remplacement de Monsieur Saïd DIA, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Abdourahmane NDIAYE, administrateur civil, matricule de solde n°608 868/D, précédemment Préfet du Département de Vélingara, est nommé Préfet du Département de Bounkiling en remplacement de Monsieur Abdoul Wahab TALLA, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Malick KONE, Secrétaire d’Administration, matricule de solde n°661 442/A, précédemment Adjoint au préfet du département de Podor est nommé Adjoint au Préfet du département de Dakar, en remplacement de Monsieur Modou Thiam, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Diadji GUEYE Secrétaire d’Administration, matricule de solde n°661 425/F, précédemment Adjoint au Sous-préfet de l’Arrondissement des Almadies département de Dakar, est nommé Adjoint au Préfet du département de Thiès, en remplacement de Madame Tiguida Wagué, appelée à d’autres fonctions ;
Madame Ndèye Mossane NDOUR Secrétaire d’Administration, matricule de solde n°661 426/G, précédemment Adjoint au Sous-préfet de l’Arrondissement des Niayes département de Pikine est nommée Adjoint au Préfet du département de Pikine, en remplacement de Monsieur Abdou DIOP, appelé à d’autres fonctions ;
Madame Ndèye Bintou THIAM Secrétaire d’Administration, matricule de solde n°661 423/D, précédemment Adjoint au Sous-préfet de l’Arrondissement de Bambilor département de Rufisque, est nommée Adjoint au Préfet du département de Rufisque, en remplacement de Madame Marième Pouye ANNE, appelée à d’autres fonctions ;
Madame Coumba Sall WADE, Secrétaire d’Administration, matricule de solde n°661 428/I, précédemment Adjoint au Sous-préfet de l’Arrondissement de Rufisque Est département de Rufisque, est nommée Adjoint au préfet du département de Guédiawaye, en remplacement de Madame Téning FAYE, appelée à d’autres fonctions ;
Monsieur Jean Paul Sylvain DIATTA Secrétaire d’Administration, matricule de solde n°661 427/H, précédemment Adjoint au Sous-préfet de l’Arrondissement de Guédiawaye département de Guédiawaye, est nommé Adjoint au Préfet du département de Bakel, en remplacement de Monsieur Mbacké THIAM, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Alioune SADJI, Instituteur, matricule de solde 386 015/C, en service à l’Inspection de l’Administration Territoriale et Centrale du ministère de l’Intérieur, est nommé Adjoint au Préfet du département de Kaolack, en remplacement de Monsieur Alpha DIALLO, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Fodé Kaba NDAO, Secrétaire d’Administration, matricule de solde n°696 226/C, précédemment Chef de la Division des Affaires Religieuses et Coutumières à la Direction générale de l’Administration territoriale, est nommé Adjoint au Préfet du département de Podor, en remplacement de Monsieur Malick KONE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Amadou Sène FALL, Secrétaire d’Administration, matricule de solde n°696 214/B, précédemment Chef de la Division du cadre de vie et de travail à la Direction générale de l’Administration territoriale, est nommé Adjoint au préfet du département de Guinguinéo, en remplacement de Monsieur Demba GUEYE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Mouhamadou Lamine DIOP Secrétaire d’Administration, matricule de solde n°681 468/G, précédemment Adjoint au préfet du département de Saraya, est nommé Adjoint au Préfet du département de Ziguinchor, en remplacement de Monsieur El Hadji Chérif Moulaye Hamed SALL, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur El Hadji Chérif Moulaye Hamed SALL Secrétaire d’Administration, matricule de solde n°661 414/F, précédemment Adjoint au préfet du département de Ziguinchor, est nommé Adjoint au Préfet du département de Saraya, en remplacement de Monsieur Mouhamadou Lamine DIOP, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Cheikh GNINGUE, Secrétaire d’Administration, matricule de solde 634 443/D précédemment sous-préfet de l’arrondissement de Cabrousse, département de Oussouye Région Ziguinchor est nommé Sous-préfet de l’arrondissement de Kael, département Mbacké, Région de Diourbel, en remplacement de Monsieur Massène SENE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Alassane ANNE, Instituteur, matricule de solde 509 339/E précédemment sous-préfet de l’arrondissement de Ndindy, département Diourbel, Région de Diourbel, est nommé sous-préfet de l’arrondissement de Cabrousse, département de Oussouye Région Ziguinchor, en remplacement de Monsieur Cheikh GNINGUE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Demba GUEYE, Agent Technique d’Agriculture, matricule de solde n°504 226/C, précédemment Adjoint au préfet du département de Guinguinéo, Région de Kaolack, est nommé Sous-préfet de l’arrondissement de Ndindy, département Diourbel, Région de Diourbel, en remplacement de Monsieur Alassane ANNE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Mbacké THIAM, Secrétaire d’Administration, matricule de solde 661 434/D, précédemment Adjoint au Préfet du Département de Bakel est nommé Sous-préfet de l’arrondissement de Makacolibantang, département de Tambacounda, Région de Tambacounda, en remplacement de Monsieur Thierno Ndiapaly NDIAYE, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Serigne FALL, Secrétaire d’Administration, matricule de solde 696 210/B, précédemment en service à la Direction générale de l’Administration territoriale, est nommé Adjoint au sous-préfet de l’arrondissement de Guédiawaye, département de Guédiawaye, Région de Dakar, en remplacement Monsieur Jean Paul Sylvain DIATTA, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Papa Abdoulaye MBAYE, Secrétaire d’Administration, matricule de solde n°696 208/G, précédemment en service à la Direction générale de l’Administration territoriale, est nommé Adjoint au sous-préfet de l’arrondissement des Almadies, département de Dakar, Région de Dakar, en remplacement Monsieur Diadji GUEYE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Ousseynou Oulimata GUEYE, Secrétaire d’Administration, matricule de solde n°696 206/E, précédemment en service à la Direction générale de l’Administration territoriale, est nommé Adjoint au sous-préfet de l’arrondissement des Niayes, département de Pikine, Région de Dakar, en remplacement Madame Ndèye Mossane NDOUR, appelée à d’autres fonctions ;
Monsieur Abdou Aziz MBODJ, Secrétaire d’Administration, matricule de solde n°696 209/H, précédemment en service à la Direction générale de l’Administration territoriale, est nommé Adjoint au sous-préfet de l’arrondissement de Rufisque Est, département de Rufisque, Région de Dakar, en remplacement Madame Coumba Sall WADE, appelée à d’autres fonctions ;
Monsieur Moussa Séne Télémaque SOW, Secrétaire d’Administration, matricule de solde n°696 225/B, précédemment en service à la Direction générale de l’Administration territoriale, est nommé Adjoint au sous-préfet de l’arrondissement de Bambilor, département de Rufisque, Région de Dakar, en remplacement de Madame Ndèye Bintou THIAM, appelée à d’autres fonctions ;
Monsieur Abdou khadre dieylani BA, Secrétaire d’Administration, matricule de solde n°653078/C, précédemment en service à la Direction générale de l’Administration territoriale, est nommé Adjoint au sous-préfet de l’arrondissement de Dagoudane, département de Pikine, Région de Dakar, en remplacement de Monsieur Assane SARR, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur El Hadji Babacar FAYE, Professeur de Collège d’enseignement Moyen, est nommé Adjoint au sous-préfet de l’arrondissement de Moudéry, département de Bakel, Région de Tambacounda, en remplacement de Monsieur Amadou BODIAN, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Madame Nogaye GUENE, Enseignante, matricule de solde 670 086/A est nommée Adjoint au sous-préfet de l’arrondissement de Kouthiaba Ouoloff, département de Koumpentoum, Région de Tambacounda, en remplacement de Monsieur Kalidou BA, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite."
par Jean-Pierre Corréa
VOTRE ALTESSE, UN PEU DE HAUTEUR…
Le problème n’est pas de savoir « qui c’est », l’important est l’attitude de celui à qui est destinée cette révérence obséquieuse - Révérence dans une République, quelle indignité !
« La Loyauté ne peut jamais s’imposer par la force, par la peur, par l’insécurité, par la déférence, ou par l’intimidation. Elle est un choix que seuls les esprits forts ont le courage de faire ». Paolo Coelho.
Le président Macky Sall est mal barré. Et nous avec. De nombreux sénégalais ont été troublés par les propos du chef de l’Etat au soir du 31 décembre lors de la causerie publi-reportage déroulée avec des médias payés pour la circonstance. Mais là n’est pas le propos. Répondant sans la distance que ne permet pas le tutoiement inhérent au wolof, à une énième question sur l’éventualité d’un troisième mandat, le président Macky Sall demanda un joker et pour nous expliquer son « ni oui-ni non », il nous confia sa crainte, une fois sa décision prise d’éventuellement de ne pas y aller, de voir les membres de son gouvernement et autres directeurs généraux de sociétés nationales, délaisser leurs missions, oublier leurs objectifs, pour, en gros, courir les éventuels dauphins, et plus grave pour lui, ouvrir des guerres de tranchées entre ceux qui nourriraient des ambitions à lui succéder.
On traduit. Le président de la République avoue à un peuple médusé, que ces hommes et ces femmes qu’il a pourtant lui-même nommés pour nous mettre sur la voie du Yonu Yokkute et de l’émergence réunis, ne seraient en fait que de vils opportunistes, juste préoccupés par leurs carrières personnelles à devoir préserver. Son dilemme est compréhensible. Le président Macky Sall est vraiment mal barré. Et nous avec.
On imagine déjà les petits meurtres entre amis, alors que le pays est enseveli sous les urgences comme sous les immondices, on pense aux manœuvres assassines, aux manigances et coups tordus destinés aux adversaires, et les stratégies déroulées pour s’adjoindre tous les circuits de dévotion nécessaires à la création du meilleur réseau d’influences, et tout cela pendant que le roi serait nu et qu’il n’y aurait personne à la barre de notre Sunugal.
Et voilà que pendant qu’on tente de réfléchir aux solutions qui feraient reprendre un peu de hauteur républicaine à notre président, paraît cette ahurissante image d’un homme du sérail en dévotion devant lui, en attitude de révérence mystique, qui laisse penser que c’est un « jebelou républicain » qui fait peine à voir.
Même le Roi du Maroc refuse ces attitudes de paltoquets, même le Pape les éloigne d'une main délicate, mais ces hommes c'est vrai, lui témoignent ainsi leur gratitude de simplement exister, leur premier costard, leur premier flirt avec une fille qu'ils ont osé approcher, forts d'une petite liasse à leur glisser avec arrogance, leur premier voyage en avion...Ils lui doivent tout ... Révérence dans une République... Quelle indignité...
Le problème n’est pas de savoir « qui c’est », l’important est l’attitude de celui à qui est destinée cette révérence obséquieuse.
Il est urgent que le chef de l’État prenne de la hauteur, et édicte un code de conduite à son égard qui nous éloigne de ces tartufferies. Qu’il se mette en situation d’éprouver le plaisir d’être entouré de gens loyaux, et qui ne commencent pas à aller proposer leurs indécentes danses du ventre à d’improbables présidentiables qui vont surgir du Macky. Prendre de la hauteur pour ressentir ce qu’est de gouverner un pays et le mener vers l’émergence, avec des gens intellectuellement outillés pour le faire et qui ont le patriotisme et l’engagement citoyen chevillé au cœur. On peut toujours rêver… Et lui proposer de déposer cette phrase sur sa table de chevet, et qui lui dirait que : « La Loyauté ne peut jamais s’imposer par la force, par la peur, par l’insécurité, par la déférence, ou par l’intimidation. Elle est un choix que seuls les esprits forts ont le courage de faire ».
Ainsi soit-il.
"AFRICA2020, C'EST L'AFRIQUE QUI PARLE D'ELLE-MÊME"
Commissaire général de la Saison Africa2020, N'Goné Fall : C'est dans la jeunesse qu'il y a les leaders de demain. À travers leurs innovations, réfléchies, pensées, produites, ils peuvent être la force qui nous embarque dans ce XXIe siècle
Le Point Afrique |
Malick Diawara |
Publication 15/01/2020
Quelle perception aura-t-on de l'Afrique à l'issue de la Saison Africa2020 qui va se dérouler du 1er juin à la mi-décembre de cette année ? La question est posée. En attendant, il y a lieu de retenir que ce projet lancé à l'initiative du président Emmanuel Macron est d'ores et déjà inédit et hors normes. Hébergée à l'Institut français qui se promet de « faire vivre les cultures », la Saison Africa2020, dédiée aux 54 pays d'Afrique, est annoncée comme « conçue autour des grands défis du XXIe siècle » et se propose de « présenter les points de vue de la société civile africaine du continent et de sa diaspora récente ». Pour orchestrer tout ça, c'est une commissaire d'exposition sénégalaise qui a été choisie. Son nom : N'Goné Fall. Diplômée de l'École spéciale d'architecture à Paris, cette ingénieure culturelle a fait ses preuves dans un parcours qui parle de lui-même. Professeure associée au département master en industries culturelles de l'université́ Senghor d'Alexandrie en Égypte (2007-2011), N'Goné Fall a également enseigné au département Curating the Archives à la Michaelis School of Fine Arts de Capetown en Afrique du Sud (2017) et à la filière arts et culture de l'université́ Abdou-Moumouni de Niamey au Niger (2018). Auparavant, elle a été directrice de la rédaction de l'emblématique magazine d'art contemporain africainRevue noire de 1994 à 2001, puis dirigé des ouvrages sur les arts visuels en Afrique, dont Anthologie de l'art africain du XXe siècle (Revue noire 2001), Photographes de Kinshasa (Revue noire 2001), Anthologie de la photographie africaine et de l'océan Indien : un siècle de photographes africains (Revue noire 1998), sans compter les nombreux plans d'orientation stratégique, d'études de programmation et de rapports d'évaluation pour des gouvernements et institutions culturelles nationales et internationales qu'elle a mis en place en Afrique, en Europe, aux USA et dans les Caraïbes. Cet entretien avec elle permet de mettre le doigt sur tous les challenges qu'elle a identifiés pour faire d'Africa2020 une réussite.
Le Point Afrique : En quoi est-il pertinent d'organiser Africa2020 maintenant ?
N'Goné Fall : L'Afrique est le continent qui a la population la plus jeune. À mes yeux, c'est dans cette jeunesse qu'il y a les leaders de demain. À travers leurs innovations, réfléchies, pensées, produites, ils peuvent être force de proposition et nous embarquer dans un XXIesiècle très différent du XXe siècle que nous avons connu.
Qu'est-ce que cela peut changer pour l'Afrique ?
D'abord, la façon dont cette jeunesse voit le continent et ses propres sociétés. Ensuite, le regard porté sur le passé et les générations qui l'ont précédée, sur le présent et sur l'avenir. Enfin, la confiance qui lui est donnée par l'écoute de ce qu'elle a à dire, ses propositions, ses rêves et ses défis. Pour moi, ce qui fait sens dans cette saison, c'est d'être une opportunité de donner la parole aux jeunes.
Quelle démarche comptez-vous adopter pour permettre une meilleure compréhension des univers africains et par les Africains et par les acteurs extérieurs ?
Cela est résumé dans le sous-titre : « Une invitation à comprendre et à regarder le monde d'un point de vue africain ». Il s'agit donc de donner la parole aux Africains. Cela signifie que la programmation est co-construite avec des professionnels du continent, soit des commissaires d'exposition, des responsables de centres d'art, de festivals, des professionnels de centres de recherches, dans tous les domaines et dans tous les secteurs professionnels. Ce dont il s'agit, c'est le regard de l'Afrique d'abord sur elle-même et comment ce regard est en résonance avec le reste du monde.
Il y a un domaine qui est extrêmement important qui est celui de la fiction. À travers lequel il y a aussi celui de l'audiovisuel et de l'éducation. Comment comptez-vous donner un impact fort à ces secteurs-là dans Africa2020 ?
Par les films d'animation et les bandes dessinées, qui sont deux secteurs où se fabriquent les nouveaux imaginaires africains. On assiste à une explosion de studios d'animation sur tout le continent. Par exemple en Côte d'Ivoire, au Cameroun, au Ghana, au Kenya, en Tunisie ou encore en Afrique du Sud. Ce qui se passe, c'est que les jeunes sont en train de se réapproprier leur histoire et de transcender leur futur en créant l'Afro-futurisme et cela a commencé bien avant le film Black Panther. Les jeunes sont tout simplement en train de nous raconter des histoires d'un point de vue africain.
Pour ce qui est de l'éducation, c'est vraiment très important pour moi. J'en ai une vision transversale. Une réflexion est engagée autour d'un partenariat stratégique en France avec le ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse. Il y en a un premier avec le département de l'Histoire générale de l'Afrique de l'Unesco pour justement mettre à disposition de ce ministère français les mêmes outils pédagogiques que ceux mis en place par l'Union africaine pour enseigner l'histoire de l'Afrique sur des contenus validés des experts africains. Parallèlement, sur le plan artistique, des contenus pédagogiques sont mis en œuvre en partenariat avec des experts africains pour que les jeunes Français aient une vision plus réaliste de l'Afrique, plus proche de celle des Africains sur le continent.
Au-delà de la co-construction avec la France et les pays africains, il y a celle entre pays africains. Comment opérez-vous votre approche par aires culturelles ?
Tout projet doit être panafricain, pluridisciplinaire et axé sur la création contemporaine. Pour chaque projet, nous envisageons qu'il y ait aussi un professionnel africain qui développe ses propositions en collaboration avec un homologue français. Ensemble, ils vont réfléchir à un projet et les artistes africains sélectionnés le seront par le professionnel venu du continent.
Comment comptez-vous vous y prendre pour organiser une meilleure inclusivité, pour qu'il y ait à la fois des acteurs officiels, mais aussi des acteurs de terrain issus tout simplement des quartiers ?
Cette saison se fait avec la société civile. Moi-même, je viens de la société civile. Je ne représente pas l'État du Sénégal dans ce projet. Pour ce qui est des thèmes de cette saison, nous les avons élaborés avec des collègues venus des quatre coins du continent. À la sortie du premier atelier de réflexions, on a construit cinq thèmes. J'ai ensuite déroulé la feuille de route de la saison et chacun d'entre nous a alerté ses réseaux. Lors de grands événements culturels ou de festivals, sur le continent ou en France, j'ai aussi organisé des points d'information afin que l'information arrive dans tous les milieux de la société civile.
Actuellement, on parle beaucoup en économie de création de valeurs. Comment va-t-on pouvoir, de manière concrète, créer de la valeur sur le plan culturel en Afrique avec cette manifestation ?
Il y a déjà tout le volet de la création culturelle, dont font partie le cinéma ou les films d'animation. Il y a la mode également. On est en train de réfléchir non pas à faire des défilés de mode sympathiques où les gens applaudissent à la fin, mais justement montrer en quoi c'est une industrie. On est également en train de voir du côté des arts appliqués, de l'artisanat, bref de tous les domaines qui sont porteurs de transformations économiques. C'est pour ça que dans les axes proposés, il y a celui consacré à l'économie et à la création. Les thèmes tournent autour de la redistribution des ressources et de l'émancipation économique qui sont de grandes questions qui nous taraudent sur le continent. Il y a énormément d'économistes, d'intellectuel et d'artistes qui réfléchissent à l'état des économies dans les différents pays. Donc, pour Africa 2020, cela va se traduire dans la mise en place de résidences de réflexions, de conférences et d'expositions qui vont regrouper des artistes, des économistes, des politologues et des sociologues.
Donc, au-delà de la dimension que certains pourraient appeler poétique de l'approche culturelle, il y a une vraie vision de marché, d'économie, puisque l'Afrique en a besoin aussi…
Ce n'est pas tellement que l'Afrique en a besoin. Le monde entier en a besoin. Alors que certains pays africains ont des taux de croissance bien supérieurs à ceux de plusieurs pays occidentaux, je pense au Ghana, à l'Ouganda, au Sénégal, la question est de savoir ce qui va rester de cette saison à partir de 2021. L'idée est justement de planter dès à présent des graines. Tous ces projets vont avoir un impact. D'ailleurs, les professionnels africains impliqués sont déjà en train d'impacter les écosystèmes de leur pays sur le plan social, économique ou politique. Ce sont vraiment eux qui sont en train de faire bouger les lignes sur le continent.
Il y a la diaspora africaine qui joue un rôle important autant sur le continent que dans les pays où elle est installée, en l'occurrence la France. Quelle place va-t-elle pouvoir occuper ?
Cette saison sera portée par des professionnels de France et d'Afrique. Je souhaite que les diasporas soient partie prenante de l'organisation de la saison Africa2020. Nous nous employons d'ailleurs à les intéresser à proposer des projets dans le cadre de cette saison.
Il y a deux thématiques de la saison qui me frappent particulièrement par leur intitulé : fictions et mouvements non autorisés et systèmes de désobéissance. C'est un appel à une insurrection culturelle ?
Non, pas du tout. Quand nous avons fait cet exercice de réflexion à Saint-Louis du Sénégal, nous étions cinq de cinq pays différents, de quatre régions différentes et de générations différentes. C'était important pour moi d'avoir cette diversité parce qu'il n'était pas question que l'on soit dans la pensée unique. On s'est vraiment penché à l'échelle d'un continent à mieux cerner ce à quoi les gens pensent, à quoi les gens réfléchissent et à quoi ils aspirent. Et pour ces thèmes, nous avons donné des thèmes poétiques exprès pour voir comment les gens les transcenderaient. Et par fictions et mouvement non autorisés, on parle vraiment de la manière dont les populations circulent sur ce continent. Qui a le droit de circuler ? Comment se sont organisés ces déplacements depuis les millénaires depuis l'époque des caravanes ? Nous voulions également savoir ce que cela signifie aujourd'hui de circuler aujourd'hui dans des frontières héritées de l'époque coloniale. Nous souhaitions par exemple savoir d'où est-ce que vous veniez au regard de votre patronyme. En fait, tout l'enjeu de cette saison est de savoir comment ces barrières sont cassées, comment est transcendée la notion de territoire. Il faut savoir que beaucoup d'artistes travaillent sur les réalités virtuelles, il est alors intéressant de s'interroger sur comment ils réunissent les différents imaginaires ?
Le programme sur la désobéissance est assez incontournable. On ne va pas se voiler la face. Il y a beaucoup de citoyens qui militent et qui prennent position. À travers cette thématique, l'idée est d'aborder les questions de consciences et de mouvements politiques. On peut ainsi remonter très loin dans le temps et évoquer des moments de conquêtes, de révoltes, des grands personnages aussi comme Samory Touré. On va aussi aborder les périodes plus contemporaines avec la fin de l'apartheid ou bien les différents mouvements comme Y en a marre au Sénégal, ou Le Balai citoyen au Burkina Faso, voire les mouvements populaires au Maghreb comme le hirak. C'est d'autant plus important que la question de la citoyenneté est fondamentale non seulement pour les jeunes, mais pour leurs aînés aussi dont je fais partie.
S'agit-il de citoyenneté culturelle ?
De citoyenneté tout court, dans tous les domaines. Tout est lié. Il n'y a pas que le culturel. Je ne suis pas que culturelle. Il y a l'être social, le politique, l'économique, etc. C'est un tout.
Quid de l'impact de la langue dans votre organisation ?
Le défi est le même pour tous : transcender les frontières, les barrières qu'elles soient physiques, mentales ou linguistiques. Les jeunes d'aujourd'hui ont complètement transcendé ces histoires. C'est d'ailleurs très rare de trouver un Africain qui ne parle qu'une langue. En fait, l'idée avant tout est de réunir tous les professionnels, qu'ils soient anglophones, francophones ou autre. Nous sommes dans une dynamique panafricaniste.
Puisque vous parlez de panafricanisme, Africa2020 n'est-elle pas aussi une manifestation de réveil ou de manifestation de la mémoire... ?
Non ! Parce que cela voudrait dire que la mémoire est morte. Ce qui n'est pas le cas. Moi, j'ai grandi au Sénégal au temps du président Senghor et je me souviens qu'à l'école on apprenait l'histoire de toute l'Afrique. Ce qui fait qu'on se sentait véritablement africain. Pour nous, c'était une réalité. Donc, il s'agit juste de rappeler qu'il y avait un rêve d'unité, de panafricanisme, un destin collectif.
Sur un autre plan, cette manifestation arrive un ou deux ans après la démarche de restitution des biens culturels, quel est le lien que vous faites entre ces deux événements ?
Il n'y a pas de lien entre les deux annonces. Pour la restitution des biens culturels, il s'agit d'une commande du président de la République Emmanuel Macron à deux experts qui sont Bénédicte Savoy et Felwine Sarr. La Saison Africa2020 s'intéresse à la création contemporaine. Là où il y a aussi une différence, c'est que les restitutions ne concernent que les pays francophones dans lesquels la France a agi.
Quel est le regard que vous posez sur la création contemporaine plurielle africaine ?
Je vois une continuité, mais aussi une explosion de propositions, de l'énergie et surtout de la pertinence, qu'elle soit artistique ou conceptuelle de la part des créateurs dans tous les domaines. C'est un domaine que je connais bien puisque je travaille dans ce secteur depuis 1993. Il y a de nouveaux acteurs, il y a des scènes émergentes, que ce soit l'Ouganda qui est une grande surprise en ce moment, le Malawi, le Kenya, la Tanzanie, je peux citer l'Éthiopie. L'Égypte, quant à elle, a toujours été un pôle formidable, l'Afrique du Sud également, le Nigeria, etc.
C'est parce que dans tous les pays que vous avez cités il y a une prise de conscience beaucoup plus forte qui s'exprime ? À quoi est-ce dû ?
J'essaie de comprendre parce qu'effectivement ce sont des pays, surtout ceux de l'Afrique de l'Est, où je n'allais pas spécialement jusqu'en 1992. Je me disais qu'il ne s'y passait pas grand-chose. Et quand j'ai commencé à m'intéresser à eux vers les années 2010, j'ai reçu une claque. Et je me suis alors dit que c'était justement le moment.
À quoi est-ce dû ? Je me dis que c'est justement grâce aux jeunes. Les jeunes d'Afrique de l'Est voyagent beaucoup plus que ce soit physiquement ou aussi virtuellement. Cela crée une sorte d'émulation dans la sous-région. Ils circulent plus sur le continent justement avec cette volonté de savoir ce qu'il se passe dans le pays voisin, ce qui n'était pas forcément le cas dans les années 1980-1990 où c'était plus instable. Aujourd'hui, ce qui impressionne avec ces jeunes, c'est leur capacité à se mettre en réseaux. L'étendue de la toile qu'il tisse à travers le continent est vraiment impressionnante.
Avez-vous été frappée par cette différence en Afrique entre les francophones, les anglophones et les Sud-Africains par exemple ?
En effet. Je vais sur le continent depuis les années 1992. À l'époque, il n'y avait pas de réseaux sociaux, de mobile, d'Internet ni même d'e-mails. Il fallait y aller pour savoir. C'est vrai que les pays anglophones sont beaucoup plus dynamiques sur le plan économique et culturel. Les lusophones étaient un peu à la marge parce que beaucoup pris dans des guerres civiles et dans une certaine instabilité politique. Aujourd'hui, dans les pays comme l'Angola et le Mozambique, je suis ravie de découvrir toujours plus d'artistes, d'entrepreneurs, de sociologues, de philosophes. L'Afrique du Sud, différente à cause de son histoire, était repliée sur elle-même. Maintenant, des jeunes Sud-Africains bougent. Ils vont découvrir les autres pays du continent y compris les pays francophones en Afrique centrale ou Afrique de l'Ouest. Et ils s'intéressent de plus en plus à l'histoire de l'Afrique qu'ils ne connaissent pas parce qu'ils ne l'apprennent toujours pas à l'école.
On ne peut pas parler d'Africa2020 sans penser aux DOM-TOM, c'est-à-dire à ce qui relie de manière particulière le continent africain, les Africains et ceux qui vivent dans les départements d'outre-mer. Est-ce qu'il y a quelque chose de prévu de particulier avec ces territoires ?
La saison se déroule partout en France métropolitaine, mais aussi dans les DOM-TOM, avec des propositions de projets, de La Réunion, de la Guyane, de la Martinique, de la Guadeloupe... Donc, il y aura des projets construits de la même manière qu'en métropole, co-construits avec des professionnels africains.
Qu'est-ce qu'Africa2020 va apporter de plus aux politiques culturelles dans les pays africains et dans le rapport de la France à l'Afrique ?
Africa 2020 va permettre de dire qu'on a des professionnels en Afrique et que, dans certains pays, il y a des politiques culturelles pertinentes même si dans d'autres, elles le sont moins, et pour certains, inexistantes. En fait, quel que soit le contexte, la société civile s'est prise en main et c'est justement grâce à ces catégories socio-professionnelles que les écosystèmes sont en train de bouger. L'objectif est aussi de démontrer à nos dirigeants africains et aussi à la France que, quel que soient le discours du politique ou son immobilisme, son décalage par rapport à la réalité, les populations avancent.
Ne vit-on pas en Afrique dans une certaine schizophrénie culturelle qui consiste à dire que « le culturel est super important » et en même temps à ne rien faire pour le développer ?
Si, je suis d'accord avec vous, et je ne parle plus de culture avec les politiques africains.
Africa2020 est une manifestation organisée par la France avec les pays africains. Qu'est-ce qui, à l'arrivée, fera le succès de la manifestation dans la découverte que les Français vont avoir de l'Afrique à travers l'art de vivre ?
Si on a une chose en partage sur ce continent de plus de 30 millions de km2, c'est le sens de l'hospitalité. C'est ce qu'on appelle la « Téranga » en wolof, langue parlée au Sénégal. Je l'ai retrouvée partout où je suis allée. Nous allons donc la mettre en avant.
Il y a une importance de plus en plus forte du numérique. Comment la France et l'Afrique peuvent-elles rattraper les années perdues de connaissances l'une de l'autre, de plongée dans la mémoire et de création de marchés ?
Cela va prendre du temps et il faudra plus qu'une saison. Il faudra d'abord accepter qu'on ne sait pas tout ou qu'on a mal appris. Il faudra ensuite accepter réapprendre à travers Africa2020. Il faut en effet savoir que quand on invite un professionnel à réfléchir avec nous sur des projets, on est dans l'idée d'impacter les gens et de sortir de tous les clichés de part et d'autre. On verra à partir de 2021 et plus tard si on peut faire un bilan pour savoir à quoi a servi cette saison.
Une manifestation comme celle-ci est suffisamment importante pour courir des risques, c'est-à-dire qu'il y a des pièges. Quels sont les pièges qu'Africa2020 doit éviter pour atteindre tous ses objectifs ?
Il faut éviter le piège de la complaisance et s'assurer que tous les projets qui sont proposés respectent la feuille de route : panafricain, pluridisciplinaire, de création contemporaine co-construit avec un professionnel africain. C'est l'Afrique qui parle d'elle-même. Nous avons été invités en France pour parler de nous. Et cela, personne ne doit le faire à notre place. Quel que soit le public et quel que soit l'opérateur. Avant toute chose, je garde en tête de bien toucher les jeunes.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
LAURENT-BARTHÉLÉMY ANI GUIBAHI, MARTYR SANS CAUSE
EXCLUSIF SENEPLUS - Pourquoi l’adolescent ivoirien ne suscite-t-il pas un grand élan mondial ? Nous n’aimons pas assez nos morts. Nos victimes sont des tas uniformes, sans identités, dont on ne retrace pas les histoires - INVENTAIRE DES IDOLES
Plus ou moins 48 heures, c’est ce qu’il a fallu pour découvrir l’identité de l’adolescent ivoirien mort dans un train d’atterrissage et découvert à son arrivée à l’aéroport de Roissy. 14 ans, au seuil de sa 15eme année, élève sans histoires, père prof, mère vigile ; enfant peu fuyard, équilibré, pensionnaire du lycée Simone Ehivet Gbagbo de Youpougon, découvre-t-on dans les portraits qui rares émergent progressivement pour donner un corps, un visage et une psychologie à la victime. Le garçon coche toutes les cases de la famille moyenne traditionnelle. Le profil a priori très éloigné, se dit-on, de celui d’un fugueur aussi irrationnel. Pas rentré des cours après la journée à l’école, selon le déroulé des faits, l’incertitude gagne, l’émoi aussi. On ne se doutait pas, dans cette terrible attente, que sa fugue était une fuite, voire un projet insensé. Le drame s’est produit : il est arrivé à bon port, mais mort.
Hormis quelques articles tardifs, qui sont majoritairement le fait de la presse ivoirienne et française, le délai de prudence pour disposer de toutes les informations n’a pas permis une communion immédiate et un deuil de grande ampleur. Il y a ainsi eu, dès le départ, un contretemps. A évaluer l’émotion suscitée par cette mort, l’épisode n’a pas soulevé une grande vague d’indignation dans le monde. L’absence d’images, le huis clos du train d’atterrissage, ont presque empêché le deuil, tellement différé, pour ne plus avoir lieu que dans une proportion réduite. Comme si sa gravité devait en être fatalement dévaluée…
Pour le jeune adolescent, pas la même émotion mondiale que pour le petit Aylan – cet enfant syrien devenu symbole de la crise migratoire en 2015. L’image de ce petit garçon gisant sur la grève, au bord de la mer Egée, dans son t-shirt rouge, avait déclenché un torrent de messages qui avaient contribué à réveiller de sa torpeur la culpabilité de l’Europe face au drame des réfugiés. Angela Merkel, la chancelière allemande, y avait même bâti sa réputation et celle de l’Allemagne comme pays d’accueil, avec sa célèbre formule « wir schaffen das », nous y arriverons. Des débats fondateurs avaient prospéré, à la suite de cette apogée, pour la redéfinition d’une nouvelle humanité riche de cette leçon.
Pour le jeune adolescent, pas la même émotion mondiale non plus que pour les koalas brûlés en quête de secours – ces petits animaux devenus symbole des terribles incendies australiens de 2020. La viralité de ces images a conduit à une vague de tristesse qui a mis le monde à l’unisson et déclenché une avalanche de soutiens et de dons pour tenter de sauver la faune rescapée des feux.
Exemples récents et anciens de la fortune et de l’infortune dans l’indignation, chacun de ces drames a eu son image-symbole, laquelle devenait le nœud autour duquel s’articule une prise de conscience. Pour le jeune ivoirien, rien du tout. Pas d’image, pas de visage, pas de détails. Ou alors, très tard. Et bien plus cruel encore, le drame parait sorti de nulle part. Avec 10% de croissance, vitrine des récits enchanteurs sur l’Afrique, lieu festif du nouvel an du président Macron, place annoncée du nouvel envol libérateur avec la mort du CFA, la Côte d’Ivoire paraissait bien loin d’être pays à fournir un adolescent martyr dans de telles circonstances.
Plus quotidiennement, en Lybie, sur les côtes européennes, dans les migrations intérieures du continent (les plus nombreuses), le départ n’est jamais sans risque. La dépréciation de leur pays est le point commun des jeunesses africaines, plusieurs études en font part. 20 ans après les deux enfants guinéens, toute la question demeure ; elle est plus criante, dans ce temps laudatif sur le miracle supposé du continent que beaucoup de postures, avec un curieux sens de la réalité, présentent comme la condition de la prospérité du monde. Les mantras et les prophéties ne cessent d’être accablés par les faits, mais que nenni, comme l’écrit Régis Debray : « l’optimiste fait un tabac ; l’avisé fait un four ».
Pourquoi l’adolescent ivoirien ne suscite-t-il pas un grand élan mondial ? Qui est responsable de cet enfant ? Comment lire son geste ? La tentation à la démagogie est simple et peu vite affleurer si on ne prend garde. Sans doute faut-il se garder des désigner des coupables définitifs et uniques. Mais si on se risque à une réponse, on peut s’émouvoir du fait que les drames africains ne sont jamais pleurés à leur juste mesure, et ce d’abord à l’intérieur du continent. Si on remonte à 5 ans, en janvier 2015, quand Charlie Hebdo a été décimé la France a convié le monde. En pleine vague d’attentats partout, le Jesuischarlie est devenu la bannière de ralliement de tous, jusqu’aux chefs d’Etats africains. Un beau deuil, suscitant même de la jalousie sur fond de discrimination géographique. Au même moment quasiment, à Baga, au Nigéria, Boko Haram faisait une de ses razzias les plus sanglantes. Pas une seule image de ce cranage, sinon quelques paysages calcinés, et nul ne sait l’identité des morts, encore aujourd’hui. Face à cette réalité, le réductionnisme désigne le racisme comme responsable, l’indignation àgéométrie variable pour reprendre Damien Glez. Il peut y avoir du vrai mais on aurait tort de s’y arrêter. Ce serait prendre l’écume pour la vague.
Ce n’est pas seulement la cause. L’explication tout-au-racisme périme vite. Nous n’aimons pas assez nos morts. Le constater n’est pas si ardu. Nos victimes sont des tas uniformes, sans identités, dont on ne retrace pas les histoires. A force de drames enchainés, la compassion se tarit, et la mort, vécue principalement comme un décret divin, n’est plus interrogée comme résultat potentiel de notre propre faillite. Les politiques exonérés de tout devoir de réédition de comptes, les familles résignées, les journalistes paresseux à retracer l’histoire des victimes, les intellectuels peu pressés à se connecter avec cette urgence, tout crée un contexte de normalisation qui in fine satisfait tout le monde, en désignant l’étranger comme cause principale de notre malheur. Chez nous, pour les nôtres, nous ne semblons être comptables de rien. Voici la tragédie originelle qui dure. Et, contraste plus cruel, la cérémonie du deuil chez nous étrenne souvent le faste, où la gabegie tient lieu de compassion. Il ne peut y avoir d’injonction pour le monde à s’indigner ou à aimer nos morts. C’est notre affaire. La nôtre d’abord. Les autres nous perçoivent comme nous nous percevons.
Pour Laurent-Barthélémy Ani Guibahi, la presse française a été beaucoup plus active que toute la presse africaine réunie. La presse ivoirienne a été esseulée, elle a fait le boulot. Il risque, malgré tout, de n’y avoir aucune suite à ce drame. Un drame politique à l’heure où la politique, comme offre institutionnelle de solutions, est disqualifiée voire impuissante. Une dissonance majeure de notre temps qui fait le lit des radicalités diverses et des surenchères victimaires. Fort à parier que l’oubli qui s’esquisse sera commode pour tout le monde. Qui se souvient du marché des esclaves libyens ? Au suivant, chante Jacques Brel. Le jeune adolescent alonge la longue liste des martyrs sans cause du continent. La cause n’est plus populaire, étouffée sous la massive résignation qui frappe le cœur de la jeunesse et qui est sans doute le sujet essentiel continent.