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24 avril 2025
Développement
par l'éditorialiste de seneplus, bacary domingo mané
L’ART DE DÉPLACER LE PROBLÈME
EXCLUSIF SENEPLUS - Depuis l’entrée en scène de Nio Lank Nio Bangne, Macky et son régime mettent en place des schémas pour casser la dynamique de mobilisation - Il veut par tous les moyens contenir la contestation
Bacary Domingo Mané de SenePlus |
Publication 09/01/2020
Il veut, par tous les moyens, contenir la houle de contestation dans un océan agité par un quotidien de plus en plus intenable. La hausse des prix de l’électricité, du loyer, du ciment, du carburant et de certaines denrées de première nécessité, a poussé des Sénégalais à jeter aux orties le manteau de la résignation. Depuis l’entrée en scène du mouvement Nio Lank Nio Bangne, le président Sall et son régime sont en train de mettre en place des schémas pour casser la dynamique de mobilisation.
Parmi les stratégies utilisées, il y a celle dite de répression systématique. Elle est mise en branle lorsque des manifestants veulent marcher sur les allées du centre-ville. La police lourdement armée vise les têtes de gondole du mouvement en les violentant, puis les jetant en prison. Son but (stratégie de répression systématique) est d’installer la peur dans le camp des manifestants et les pousser à renoncer à la lutte. Mais le président Sall ne perd pas de vue que cette stratégie de répression systématique trouve ses limites dans la détermination et l’abnégation des manifestants qui peuvent à tout moment changer de schéma de lutte. La répression peut s’avérer contreproductive, puisqu’elle secrète le venin de la radicalisation qui ne fera qu’attiser le feu de la contestation.
C’est pourquoi le président Sall a jugé bon d’utiliser d’autres procédés pour gripper la machine de guerre du peuple, en orientant l’opinion vers des centres d’intérêts où l’adhésion des populations sera plus ou moins acquise. Il s’agit, entre autres, du lancement, le 20 décembre 2019, de la plateforme www.100000logements.com, de la circulaire du 2 janvier du ministre de la santé, du cleaning day du 4 janvier.
Il est fort probable que ces mesures «sociales» ne soient pas étrangères à la colère des populations qui ont du mal à avaler la pilule de la hausse du prix de l’électricité.
La stratégie consistant à faire miroiter un avenir radieux aux Sénégalais avec la possibilité d’acquisition de toit, peut faire des effets. Ici la manipulation consiste à frapper les esprits en mettant dos à dos la hausse de la facture d’électricité et la probabilité d’avoir un logement. Le choix d’un avenir proche est vite fait au détriment d’un présent que l’on préfère sacrifier, en se résignant sur un sort imposé par un Etat «prédateur».
La guerre des statistiques au sujet des inscrits sur la plateforme www.100000logements.com a commencé le jour même du lancement. Le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, Abdou Karim Fofana, a révélé qu’il y a eu 10 000 inscrits à minuit, le vendredi coïncidant avec le rassemblement interdit de Nio Lank à la place de l’Indépendance. De larges extraits télévisés sont consacrés à l’événement. De l’avis du Directeur de la construction et de l'habitat, M. Ousmane Wade, il y a eu près de 50 000 inscrits à seulement trois jours après le lancement : «46.034 Sénégalais se sont manifestés et parmi eux, 39.330 (85'4%), sont déclarés éligibles et seuls 6704 (14,6%), déclarés non éligibles», dit-il.
Ce tapage médiatique au sujet de cette plateforme n’est pas fortuit. Le but de cette stratégie est de faire oublier le rassemblement réprimé par la police et d’amener les Sénégalais à baisser la garde en avalant la pilule amère de la hausse. Depuis lors, plus rien ! La clameur s’est dissipée dans le ciel d’un quotidien qui impose sa dure et pénible réalité.
Mais le chapeau du magicien n’a pas encore livré tous ses secrets. Le curseur s’est déplacé sur le terrain de la santé pour capter l’attention des populations dont l’accès aux soins est un véritable casse-tête. Le ministre de la santé, M. Abdoulaye Diouf Sarr, a cru devoir jouer sa symphonie pour entretenir un faux espoir qui risque de se liquéfier sous le soleil des réalités insoutenables des hôpitaux-mouroirs.
Dans l’imagerie populaire «lorsque vous tombez malade sans argent, c’est la mort assurée». Des structures sanitaires manquent de tout jusqu’aux compresses. Le patient est donc obligé de tout acheter. Comment des hôpitaux qui souffrent de manque d’infrastructures, d’équipements (tels que les plateaux techniques dignes de ce nom) et de logistiques, peuvent mettre en œuvre le plan d’accélération de la prise en charge des urgences, comme l’indique le ministre de la santé dans sa note circulaire du 2 janvier dernier. Il demande aux chefs d’établissements hospitaliers «d’organiser la référence du patient, en cas de non prise en charge, avec la structure où il sera orienté ou le faire en collaboration avec le SAMU». Dans des hôpitaux où il n’y a pas assez d’ambulances, Abdoulaye Diouf Sarr ordonne qu’on n’évacue plus de patients à bord d’un véhicule autre qu’une ambulance. Il va jusqu’à faire injonction aux médecins responsable de garde et des services d’accueil des urgences de laisser fonctionnels 24/24h leurs téléphones.
Saupoudrage ! Cette note circulaire vient confirmer les problèmes du secteur de la santé. Elle est aussi la preuve que le ministre de tutelle est un homme désarmé qui veut donner l’impression qu’il a une emprise sur son département. Le service d’urgence dans les hôpitaux est l’arbre qui cache la forêt. Le patient qui arrive se voit prescrire une ordonnance, faute de médicaments dans les services d’urgence, comme c’était le cas du temps de Abdou Diouf et de Me Wade. Pour dire que cette note circulaire est une farce de mauvais goût qui a tout l’air d’un instrument de diversion pour calmer un peuple enragé.
La dernière trouvaille, est le cleaning day (journée de la propriété) qui a permis au président Sall d’occuper, durant une demi-journée, une partie du peuple. Il a réussi, sur ce coup, à imposer son agenda setting. Les médias étaient en mode live pour parler du coup de balaie du couple présidentiel. Les seconds couteaux ont aussi mobilisé des journalistes dans leur localité pour rendre compte de la journée de propriété. Le cleaning day a réalisé la prouesse de faire «oublier», l’espace d’un week-end, la colère saine exprimée par l’écrasante majorité des Sénégalais contre la hausse injustifiée de la facture d’électricité.
Mais la plateforme www.100000logements.com, la note circulaire du plan d’accélération de la prise en charge des urgences et le cleaning day, ont certes fonctionné comme des médicaments hypnotiques pour endormir temporairement un peuple qui a épuisé son crédit de tolérance. Le présentisme et la gadgétisation du discours politique ne sauraient effacer une réalité qui se vit au présent. De la profondeur abyssale de l’océan, la clameur monte à la surface comme un signal. C’est la force du peuple qui surgit du ciel de l’Histoire. Gare à ceux qui se mettront en travers de son chemin, le rouleau compresseur avancera et écrasera tout sur son passage. Implacablement, il forcera le barrage pour répondre à l’appel du devoir. La prophétie se réalisera !
Une fresque en trois volets, à contre-courant de l'histoire officielle des colonisateurs, diffusée sur la chaîne Arte. Un tour du monde de la décolonisation racontée par les colonisés et non par les puissances colonisatrices
Arte, la chaîne du documentaire d’histoire. Arte, la chaîne miroir. Regarder le passé de l’Europe en son reflet cathodique. La télévision publique, lieu de débats, d’archives et de mémoire. Montrer ce que longtemps, souvent, on n’a pas voulu voir. Et parmi les sujets, le plus tu, donc le plus invisible, la colonisation et son immédiat pendant, le processus de décolonisation.
Des premières colères populaires aux guerres d’indépendance, Arte propose une histoire de la décolonisation racontée par les peuples colonisés, non, comme il est de coutume, chez nous, en Europe, par les puissances coloniales. Pari ambitieux, il embrasse plusieurs périodes, plusieurs continents. Au risque de trahir des causes et des trajectoires qu’on ne peut pas mêler. Passionnante question du point de vue, des histoires globales et des histoires individuelles.
Voici un tour du monde de la décolonisation racontée par les colonisés et non par les puissances colonisatrices. Tous les peuples colonisés parlant d'une seule et même voix. Un documentaire narré à la première personne du pluriel, c'est-à-dire "nous". C'est très inhabituel à la télévision, notamment sur Arte. On voit ce que ces peuples ont en commun dans leur passé.
Ce documentaire "Décolonisations" en trois épisodes est diffusé sur Arte, et vous est présenté par Mark Boal et Karim Miské, aux côtés de l'historien Pierre Singaravélou.
par Seydi Ababacar DIENG
LES FAILLES DE L'ÉCO UEMOA
EXCLUSIF SENEPLUS - Les pays de l’Union peuvent-ils dépendre indéfiniment de la France ? Qu’il nous soit permis de douter de sa crédibilité en tant que sauveur en dernier ressort
La coopération monétaire entre la France et les pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) vient de connaître de « profondes réformes », selon certains observateurs. D’autres – comme nous – pensent qu’il s’agit fondamentalement d’un changement de nom. Le choix de l’expression Eco UEMOA dans le titre n’est pas anodin. En effet, il est important de bien dissocier le projet de monnaie unique Eco de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de celui de l’Eco qu’adopteront les pays de l’UEMOA au cours de l’année 2020. Une différence de taille existe et est relative à la nature du régime de change adopté.
Le régime ou système de change exprime les modalités de relations qui existent entre les monnaies de pays différents. On distingue principalement deux types de régime de changes : le système de changes fixes et le système de changes flexibles ou flottants. Dans le système de changes fixes, le taux de change est fixé par les autorités publiques (définition officielle) tandis qu’en régime de changes flexibles, c’est le marché qui détermine le niveau du taux de change. Le taux de change désigne le nombre d’unités monétaires nationales qu’il faut céder pour obtenir une unité monétaire étrangère (devise).
Il est important de rappeler que chaque régime de changes – fixité, flexibilité et les différentes variantes – comporte des avantages et des inconvénients. Le choix d’un régime de changes, qui est éminemment politique, dépend naturellement des caractéristiques intrinsèques de l’économie ou des économies considérées dans le cas d’une union monétaire.
La CEDEAO a opté pour un régime de changes flexibles tandis que l’UEMOA maintient le régime de fixité – taux de change fixe entre l’Eco et l’euro. Il demeure légitime de s’interroger sur cette décision : a-t-elle été prise pour contrecarrer le projet Eco de la CEDEAO ? Les politistes pourront certainement nous éclairer. Toutefois, en s’appuyant sur l’histoire des relations entre la France et ses ex-colonies et entre la France et le Nigéria, une réponse affirmative serait plausible.
Dans les lignes qui suivent, nous commenterons certains des éléments constitutifs de ces « nouvelles réformes ».
Le retrait des représentants français des organes de décision et de gestion de l’Union ne garantit aucunement la fin de l’influence – ingérence – du gouvernement français sur les décisions et la gestion de l’Union. Les rencontres et les entretiens téléphoniques entre chefs d’Etat ou de gouvernement français et ouest africains sont sans conteste le lieu privilégié pour faire passer des « consignes ».
Quant à la garantie de convertibilité illimitée de l’Eco par la France, il est a priori rassurant de savoir que celle-ci interviendra, en tant que sauveur en dernier ressort (SDR), auprès des Etats en difficultés. Ainsi, cette garantie génère de fait une situation d’aléa moral. En effet, lorsqu’un pays débiteur sait que l’appui financier du SDR lui sera attribué, il peut être tenté de ne pas prendre toutes les mesures nécessaires – souvent impopulaires – pour assainir sa situation financière. Il est important de rappeler que la plupart des décisions macroéconomiques exigent un arbitrage entre des coûts de court terme et des gains de long terme – ou inversement.
Aussi, les prêteurs, sachant que l’existence du SDR limite leurs risques, peuvent avoir des comportements plus aventureux. L’existence même de ce SDR pourrait accroître la prise de risque et subséquemment le coût de gestion d’une crise de liquidité de l’Union.
Par ailleurs, les ressources financières de la France ne sont pas illimitées alors même que les fonds pour enrayer une crise généralisée de liquidité dans l’UEMOA peuvent être extrêmement élevés. Que se passerait-il si une crise généralisée de l’Union coïncide avec une économie française sévèrement touchée par une forte récession économique ? Tout le monde sait que la France est contrainte en matière de dépenses publiques par le Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC) de l’Euroland. Ce PSC lui impose de ne pas avoir un déficit de son budget qui excède 3 % de son Produit intérieur brut (PIB). Qu’il nous soit alors permis de douter de la crédibilité de ce SDR.
Il est alors plus prudent que les pays de l’UEMOA comptent sur eux-mêmes, en adoptant « une gestion sobre et vertueuse» (président Sall du Sénégal) – c’est-à-dire une utilisation parcimonieuse et efficiente des maigres ressources publiques par des décideurs politiques compétents certes mais surtout éthiques et crédibles. Le cas échéant, ils n’auront pas besoin d’un SDR.
Aussi, doivent-ils faire confiance aux cadres de la Banque centrale – au moins aussi compétents et expérimentés que les autres banquiers centraux du monde – pour gérer la politique monétaire.
Il est aussi légitime de se poser la question suivante : les pays de l’Union peuvent-ils dépendre indéfiniment de la France ? Rappelons que la France connaît depuis plusieurs décennies un déclin industriel et un chômage important – de 9 % actuellement. Sa dette publique correspond cette année à presque 100 % de sa richesse (PIB) et le problème du financement des retraites n’est toujours pas résolu.
Le doute subsiste quant à la viabilité à moyen terme de la coopération monétaire entre la France et ses ex-colonies, compte tenu des difficultés évoquées ci-dessus et surtout de la triple «pression» – implicite et explicite – «d’activistes» africains, de certains partenaires européens tels que l’Allemagne et l’Italie mais aussi de partis politiques et de citoyens français. Tous ces acteurs considèrent cette coopération comme un vestige de l’héritage colonial, de la « Françafrique » et surtout comme un frein au développement économique des ex-colonies. On peut évoquer, à cet égard, la déclaration du vice-premier ministre italien, en janvier 2019 : « la France est responsable de la pauvreté et de l’immigration des Africains en Europe ».
Concernant les personnes qualifiées « d’activistes » africains, certains peuvent ne pas être d’accord sur la forme de leur lutte, notamment le recours à certains slogans – jugés politiquement incorrects – mais reconnaissent sur le fond la légitimité de leur combat. En démocratie, la libre expression des idées et opinions doit être de rigueur. Tout point de vue est respectable mais discutable !
Ne pas approuver la politique d’un gouvernement français ne signifie pas être contre la France ou le peuple français. Nombre d’africains ont une nationalité française tout comme beaucoup de français ont des nationalités de pays africains. Beaucoup d’africains ont combattu pour la patrie française, certains y ayant perdu leur vie. Qui plus est, même des politiciens et journalistes français sont résolument contre cette forme de coopération entre la France et ses ex-colonies. Ils l’ont plusieurs fois dénoncée.
Ceux qui sont d’accord avec ce système de coopération et qui viennent encore de magnifier « les nouvelles réformes » doivent donc féliciter vivement ces « activistes ». En effet, le président français a évoqué les agissements de ces « activistes » dans son discours lors de l’annonce de ces « changements ». Dès lors surgit naturellement une question : les « activistes » ont-ils influencé ou précipité la décision de ce dernier ?
La monnaie est, selon certains économistes, une institution sociale, un phénomène social. La monnaie, étant un concept multidimensionnel, n’est pas un domaine exclusivement réservé aux économistes. Les sociologues, les historiens, les psychologues, les juristes, les politistes, ... doivent participer au débat. Mais, il faut de la mesure et de la pondération en toute chose !
La question de la monnaie est extrêmement sérieuse et stratégique. Débattons donc humblement avec respect dans un cadre serein et objectif. Exprimons les convictions profondes et sincères et évitons la critique facile mais aussi les « positions de circonstance » – intervenir juste pour consolider une situation de confort, souvent acquise de manière indue ou pour solliciter implicitement un poste de responsabilité dans le public. C’est à partir d’un débat fécond qu’émergeront des propositions de solutions pertinentes pour résoudre les problèmes concrets des populations africaines, notamment les plus défavorisées.
KAKO NUBUKPO CONVOQUE LES ÉTATS GÉNÉRAUX DE L'ÉCO
L'économiste togolais entend réunir à Lomé en avril prochain, plusieurs de ses pairs pour réfléchir aux contours de cette monnaie - Sont annoncés à ce rendez-vous : Carlos Lopes, Cristina Duarte, Martial Ze Belinga, Felwine Sarr, entre autres
Les réformes annoncées le 21 décembre 2019 par Alassane Ouattara et Emmanuel Macron au sujet du Franc CFA continuent d’intéresser l’opinion, suscitent des réactions et même des initiatives. La dernière en date, les Etats généraux de l’Eco, la nouvelle monnaie régionale annoncés par l’économiste togolais Kako Nubukpo à Lomé fin avril à Lomé.
Selon l’ancien ministre de la Prospective et de l’Evaluation des politiques publiques de son pays, l’annonce faite à Abidjan traduit « l’impératif pour les filles et fils d’Afrique de se retrouver pour réfléchir ensemble aux contours de la monnaie Eco idéale et tracer une feuille de route susceptible de guider les chefs d’Etats de la CEDEAO pour une adoption rapide à 15 de cette monnaie qui doit être une véritable monnaie africaine ». D’où pour lui, l’initiative d’organiser à l’Université de Lomé, du 28 au 30 avril 2020, un colloque scientifique intitulé : « quelle monnaie pour quel développement en Afrique de l’ouest ? ECO 2020 ».
Plusieurs noms sont annoncés à cet rendez-vous qui devra se tenir quelques mois avant la mise en œuvre de l’Eco. L’on cite le Bissau-guinéen Carlos Lopes, la Cap-verdienne Cristina Duarte, le Camerounais Martial Ze Belinga, l’Ivoirien Mamadou Koulibaly, la Malienne Aminata Dramane Traoré, et les Sénégalais Felwine Sarr et Demba Moussa Dembélé, entre autres.
« L’expertise africaine doit être présente collectivement au rendez-vous de l’histoire car ce qui nous unit est plus important que ce qui nous divise », lit-on dans l’annonce des organisateurs qui indiquent que « l’appel à contributions sera bientôt disponible en ligne ».
En rappel, l’annonce de l’Eco avait été faite comme étant l’une des réformes du Franc CFA. Cette monnaie devra pourtant hériter de la parité fixe avec l’Euro d’une part, et les garanties de la France d’autres parts.
LES NOMINATIONS AU CONSEIL DES MINISTRES DU 8 JANVIER
SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du 8 janvier 2020.
"Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Madame Khoudia MBAYE, Ancienne Ministre, est nommée Président du Conseil d’Administration de la Banque de l’Habitat du Sénégal (BHS)
Monsieur Mbagnick NDIAYE, Ancien Ministre, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société de Développement et des Fibres Textiles (SODEFITEX).
Monsieur Papa Mahawa Diouf, titulaire d’un Master II en conduite de changement et médiation des savoirs, précédemment Secrétaire général de la société LIMAK-AIDB-SUMMA(LAS.SA), est nommé Directeur général de l’Agence Sénégalaise de Promotion Touristique (ASPT), en remplacement de Monsieur Mouhamadou Bamba MBOW, appelé à d’autres fonctions.
Madame Astou BEYE, Inspectrice de l’Education Populaire de la Jeunesse et des Sports, matricule de solde 633 211/D, est nommée Directrice des Loisirs au Ministère des Sports, en remplacement de Madame Ndeye Dieynaba TOURE, admise à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Serigne Aly CISSE DIENE, Inspecteur de l’Education Populaire, de la Jeunesse et des Sports, matricule de solde 632 057/C, est nommé Directeur du Centre National d’Education Populaire et Sportive (CNEPS) au Ministère des Sports, en remplacement de Madame Astou DIOH, admise à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Léopold Germain SENGHOR, Professeur d’Education Physique et Sportive, matricule de solde 515 342/H, précédemment Directeur des Activités Physique et Sportive, est nommé Directeur de la Haute Compétition au Ministère des Sports, en remplacement de Monsieur Souleymane Boun Daouda DIOP, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Mamadou FALL, Professeur d’Education Physique et Sportive, matricule de solde 607 972/I, est nommé Directeur des Activités Physique et Sportive au Ministère des Sports, en remplacement de Monsieur Léopold Germain SENGHOR, appelé à d’autres fonctions ;
Madame Soumare Gackou SOW, titulaire d’un MBA, est nommée Directrice des Organisations Féminines et de l’Entreprenariat Féminin au Ministère de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des Enfants, en remplacement de Madame Fatou Mbacke, appelé à d’autres fonctions ;
Madame Kankou THIAM, titulaire d’une Maitrise en Gestion et Comptabilité est nommée Directrice du Fonds national de Crédit pour les Femmes, en remplacement de Madame Aminata SOW, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Ousmane DIEDHIOU, Professeur d’Enseignement secondaire principal de classe exceptionnelle, matricule de solde 611 652/B, est nommé Coordonnateur du Programme de Formation Ecole-Entreprise, en remplacement de Monsieur Michel FAYE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Modou FALL, Ingénieur Informaticien, est nommé Directeur de l’Emploi au Ministère de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de l’Artisanat, en remplacement de Monsieur Demba DIOP, appelé à d’autres fonctions ;
Madame Bitilakho NDIAYE, Sociologue, titulaire d’une maitrise en Sociologie et d’un International Master Business Administration(IMBA) matricule de solde 618 297/M, est nommée Directrice de la Promotion de l’Economie numérique et du Partenariat (DPENP) au Ministère de l’Economie numérique et des Télécommunications, en remplacement de Monsieur Seth SALL, appelé à d’autres fonctions ;
Madame Ndeye Coumba SECK, Experte en Système d’Information et de Communication, est nommée Directrice des Postes au Ministère de l’Economie numérique et des Télécommunications, en remplacement de Monsieur Mour NDIAYE BA, appelé à d’autres fonctions."
LES IMPACTÉS DU PORT DE BARGNY BIENTÔT INDEMNISÉS
Le chef de l’Etat a aussi instruit le Ministre des Finances et du Budget pour le paiement des populations - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 8 janvier 2020.
"Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Macky SALL, a présidé le Conseil des Ministres, le mercredi 08 janvier 2020, au Palais de la République.
Le Chef de l’Etat a, à l’entame de sa communication, salué la mobilisation citoyenne exceptionnelle des populations du Sénégal lors du lancement, le samedi 04 janvier 2020, des Journées nationales du nettoiement dans le cadre de l’intensification et de la permanence des actions pour un Sénégal propre.
Le Président de la République a, à cet effet, exhorté toutes les forces vives de la Nation à œuvrer en permanence pour la promotion d’Un Sénégal propre.
Il a rappelé le rôle primordial des collectivités territoriales dans le déploiement national rapide et performant du « Programme Zéro-déchet » avant d’exhorter le Gouvernement et les élus territoriaux à élaborer une stratégie nationale de gestion des déchets solides urbains, prenant en compte toutes les dimensions de la problématique.
Le Président de la République a, également, demandé au Ministre de l’urbanisme de veiller, en relation avec les collectivités territoriales, à l’appropriation et à la pérennisation de la dynamique communautaire de lutte contre l’insalubrité et d’amélioration durable de notre cadre de vie.
Revenant sur l’exemplarité de l’enseignement de la médecine au Sénégal et de l’impératif d’asseoir un système national de santé toujours performant, le Chef de l’Etat a magnifié les brillants résultats obtenus par le Sénégal au 19 ème concours d’agrégation de Médecine humaine, pharmacie, odontostomatologie, médecine vétérinaire et production animale organisé par le CAMES du 05 au 14 novembre 2018 à Libreville (Gabon).
Sur les 62 candidats présentés, 54 ont réussi soit un taux de 87,10 %. Ces résultats, remarquables et encourageants, illustrent le leadership du Sénégal en matière d’enseignement de la médecine.
A ce sujet, il a souligné que le Sénégal est arrivé au second rang des pays qui ont présenté plus de 50 candidats au concours ; et que le prix André GOUAZE, décerné au meilleur lauréat du concours, a été remporté par un candidat sénégalais.
Le Président de la République a, dans cette dynamique d’excellence, félicité les candidats et l’ensemble du corps professoral pour l’encadrement exceptionnel.
Le Chef de l’Etat a, à cet effet, pris la décision de prendre les décrets de nomination au grade de Professeur Titulaire des Universités en conseil des ministres et de faire organiser par le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, la rentrée solennelle des Universités à partir de la rentrée 2020-2021.
Le Président de la République, a par ailleurs salué les mesures hardies initiées par le Ministre de la Santé afin d’accélérer la prise en charge des patients au niveau des services d’urgence des structures sanitaires et du SAMU National.
Le Président de la République a, au titre de la gestion et du suivi des affaires intérieures, demandé aux ministres concernés, de proposer des solutions pragmatiques en vue d’assurer l’approvisionnement régulier du Sénégal en produits pharmaceutiques.
Le Chef de l’Etat, évoquant la place des personnes âgées dans la vie nationale, a rappelé aux membres du Gouvernement la nécessité d’associer les compétences des Aînés dans l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi-évaluation des politiques publiques.
Le Président de la République a également invité le Gouvernement à augmenter les quotas dédiés aux retraités dans les propositions de décoration adressées chaque année à la Grande Chancellerie de l’ordre National du Lion.
Le Chef de l’Etat a aussi instruit le Ministre des Finances et du Budget pour le paiement des indemnités des personnes impactées par la réalisation en cours, du port minéralier et vraquier de Bargny-Sendou.
Le Président de la République a, enfin insisté sur la nécessité d’accélérer la réparation et la réhabilitation des forages et réseaux hydrauliques sur l’ensemble du territoire national. Il a, à ce sujet, invité le Ministre de l’Eau et de l’Assainissement à exécuter le Plan spécial concernant les systèmes d’adduction d’eau dans les zones reculées.
Le Chef de l’Etat a informé le Conseil de la cérémonie de Rentrée Solennelle des cours et Tribunaux qu’il présidera le jeudi 09 janvier 2020 et a clos sa communication par le suivi de la coopération et des Partenariats.
Au titre des communications :
Le Ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence de la République a fait une communication, en adressant d’abord au nom du Conseil les chaleureuses félicitations au Président de la République, pour l’initiative salutaire qu’il a prise, en lançant le samedi 04 janvier 2020, la journée nationale de nettoiement et de lutte contre l’insalubrité.
Il a ensuite fait le point sur le suivi des instructions présidentielles, relatives à l’amélioration de la compétitivité de l’économie.
Le Ministre des Finances et du Budget a fait le point sur l’exécution du budget 2019.
Le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur a fait une communication sur la situation internationale.
Le Ministre de l’Agriculture et de l’Équipement rural a fait le point sur le déroulement de la campagne de commercialisation de l’arachide et celle de la campagne horticole.
Le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération a fait une communication sur le financement de quelques projets majeurs.
Le Ministre des Transports terrestres et du Désenclavement a fait le point sur la situation sociale des travailleurs de Dakar Bamako Ferroviaire (DBF).
Le Ministre de l’Environnement et du Développement durable a rendu compte au Conseil de la mission qu’il a effectuée à Banjul du 27 au 28 décembre 2019.
Le Ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et Hygiène publique a fait une communication sur la situation qui prévaut sur la décharge de Mbeubeuss et sur le salon SEN-Habitat, dont l’ouverture est prévue à Dakar le jeudi 09 janvier 2019 à Dakar.
Le Ministre du Pétrole et des Energies a fait une communication sur la sécurisation des opérations pétrolières.
Le Ministre de l’Education nationale a rendu compte de la visite effectuée à Dakar par le Directeur Général de l’Organisation islamique pour l’Education, la Science et la Culture (ISESCO).
Le Ministre de la Culture et de la Communication a fait une communication sur l’état d’avancement de l’évaluation de la convention de concession TNT et le basculement de l’Analogie vers le numérique.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a examiné et adopté :
- Le projet de décret instituant la journée nationale de la Décentralisation le 10 octobre de chaque année.
Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Madame Khoudia MBAYE, Ancienne Ministre, est nommée Président du Conseil d’Administration de la Banque de l’Habitat du Sénégal (BHS)
Monsieur Mbagnick NDIAYE, Ancien Ministre, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société de Développement et des Fibres Textiles (SODEFITEX).
Monsieur Papa Mahawa Diouf, titulaire d’un Master II en conduite de changement et médiation des savoirs, précédemment Secrétaire général de la société LIMAK-AIDB-SUMMA(LAS.SA), est nommé Directeur général de l’Agence Sénégalaise de Promotion Touristique (ASPT), en remplacement de Monsieur Mouhamadou Bamba MBOW, appelé à d’autres fonctions.
Madame Astou BEYE, Inspectrice de l’Education Populaire de la Jeunesse et des Sports, matricule de solde 633 211/D, est nommée Directrice des Loisirs au Ministère des Sports, en remplacement de Madame Ndeye Dieynaba TOURE, admise à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Serigne Aly CISSE DIENE, Inspecteur de l’Education Populaire, de la Jeunesse et des Sports, matricule de solde 632 057/C, est nommé Directeur du Centre National d’Education Populaire et Sportive (CNEPS) au Ministère des Sports, en remplacement de Madame Astou DIOH, admise à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Léopold Germain SENGHOR, Professeur d’Education Physique et Sportive, matricule de solde 515 342/H, précédemment Directeur des Activités Physique et Sportive, est nommé Directeur de la Haute Compétition au Ministère des Sports, en remplacement de Monsieur Souleymane Boun Daouda DIOP, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Mamadou FALL, Professeur d’Education Physique et Sportive, matricule de solde 607 972/I, est nommé Directeur des Activités Physique et Sportive au Ministère des Sports, en remplacement de Monsieur Léopold Germain SENGHOR, appelé à d’autres fonctions ;
Madame Soumare Gackou SOW, titulaire d’un MBA, est nommée Directrice des Organisations Féminines et de l’Entreprenariat Féminin au Ministère de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des Enfants, en remplacement de Madame Fatou Mbacke, appelé à d’autres fonctions ;
Madame Kankou THIAM, titulaire d’une Maitrise en Gestion et Comptabilité est nommée Directrice du Fonds national de Crédit pour les Femmes, en remplacement de Madame Aminata SOW, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Ousmane DIEDHIOU, Professeur d’Enseignement secondaire principal de classe exceptionnelle, matricule de solde 611 652/B, est nommé Coordonnateur du Programme de Formation Ecole-Entreprise, en remplacement de Monsieur Michel FAYE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Modou FALL, Ingénieur Informaticien, est nommé Directeur de l’Emploi au Ministère de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de l’Artisanat, en remplacement de Monsieur Demba DIOP, appelé à d’autres fonctions ;
Madame Bitilakho NDIAYE, Sociologue, titulaire d’une maitrise en Sociologie et d’un International Master Business Administration(IMBA) matricule de solde 618 297/M, est nommée Directrice de la Promotion de l’Economie numérique et du Partenariat (DPENP) au Ministère de l’Economie numérique et des Télécommunications, en remplacement de Monsieur Seth SALL, appelé à d’autres fonctions ;
Madame Ndeye Coumba SECK, Experte en Système d’Information et de Communication, est nommée Directrice des Postes au Ministère de l’Economie numérique et des Télécommunications, en remplacement de Monsieur Mour NDIAYE BA, appelé à d’autres fonctions."
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"NOUS NE DEMANDONS PAS UNE RÉFORME, MAIS UNE RUPTURE AVEC LE FCFA"
Une cinquantaine d'intellectuels africains viennent de signer une déclaration sur les reformes du franc CFA. Pour Nathalie Yamb, une des signataires, "il faut en finir avec cette monnaie"
Notre invitée est Nathalie Yamb, la conseillère exécutive du parti LIDER (Côte d’Ivoire). Elle a signé avec des intellectuels africains et de figures de la société civile du continent une déclaration sur le franc CFA.
Fin décembre 2019, à Abidjan, le président ivoirien Alassane Ouattara a dressé, en présence de son homologue français, Emmanuel Macron, les grandes lignes de l'accord conclu entre les huit pays de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et la France.
Cette réforme prévoit un changement de nom - l'Eco remplacera le franc CFA - la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) ne devra plus déposer la moitié de ses réserves de change auprès de la Banque de France, une obligation qui était perçue comme une dépendance humiliante vis-à-vis de la France par les détracteurs du FCFA. La France va se retirer des instances de gouvernance de l'Union monétaire ouest africaine (UEMOA) où elle était présente. Paris ne nommera plus aucun représentant au Conseil d'administration et au Comité de politique monétaire de la BCEAO, ni à la Commission bancaire de l'UEMOA".
En revanche, bien qu'elle soit critiquée par des économistes africains, la parité fixe avec l'euro du franc CFA, futur Eco, est maintenue (1 euro = 655,96 francs CFA). Selon le président ivoirien Alassane Ouattara, c’est pour éviter les risques d'inflation (présente dans d'autres pays d'Afrique).
Paris conservera aussi son rôle de garant financier pour les huit pays de l'UEMOA.
À la suite de l'annonce de cette réforme, une cinquantaine d’intellectuels ont publié une déclaration demandant l’ouverture d’un débat "populaire et inclusif" sur la question. L'une des signataires est Nathalie Yamb, la conseillère exécutive du parti Liberté et démocratie pour la République (LIDER) de l’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Mamadou Koulibaly.
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LE CANNABIS, PAIN BÉNIT À KOUBA
La géographie singulière sinon marginale de la Casamance, pas étrangère au conflit, est propice au trafic - « Si tu ne cultives pas (le chanvre), tu ne peux pas t’en sortir », avoue un des habitants de la localité
La plupart des paysans sénégalais vivent de l’arachide ou des cultures maraîchères. Mais ici, à l’abri d’innombrables bras d’eau et d’une végétation dense, l’odeur âcre ne trompe pas: c’est bien le cannabis qui constitue la principale ressource.
Les villages perdus de ce coin reculé du Sénégal à l’embouchure du fleuve Casamance sur l’Atlantique ne sont accessibles qu’en se faufilant en pirogue entre les Karones, un patchwork d’îles aux berges recouvertes de mangroves, où se nichent caïmans et oiseaux rares.
Sur l’une de ces îles, au bout d’une piste sablonneuse, les femmes du village de Kouba s’affairent au coin des maisons en terre. Aux yeux de tous, elles séparent les graines des tiges de chanvre et les font sécher sur les toits en tôle.
Les Karoninkas vivent de cette culture pourtant strictement prohibée au Sénégal, où elle est passible de dix ans de prison.
« Tous ces champs sont réservés au chanvre », dit sans détour Gaston Diaba, le maçon du village, en désignant une vaste zone avec des parcelles clôturées en bordure des habitations, à côté des rizières.
« Si tu ne cultives pas (le chanvre), tu ne peux pas t’en sortir », soutient son jeune frère Philippe, de retour dans les rues ensablées de sa bourgade d’origine pour quelques jours de vacances.
« Il n’y a pas de route pour partir vendre les légumes en ville, alors on ne les cultive que pour se nourrir », reprend-il.
Singularité casamançaise
De toute manière, le kilo d’oignons se vend à peine 500 francs CFA (0,7 euro), contre 15.000 à 30.000 francs CFA (entre 23 et 45 euros) pour la plante psychotrope, dont les revenus ont inondé les îles à partir des années 1970.
Son voisin Ousmane entrepose dans son garage plusieurs centaines de kilos d’herbe brunâtre, empaquetée dans des ballots.
« Ça vaut des millions de francs », observe Philippe Diaba, mal à l’aise face à tant de marchandise. Le cannabis finance les études des jeunes ou la recherche d’un travail en dehors de la région. Lui dit se tenir à l’écart d’un commerce qui peut attirer « beaucoup d’ennuis ».
Pour les cultivateurs, pas besoin de s’inquiéter de livraison. Les acheteurs viennent s’approvisionner en pirogues. La marchandise produite ici contribue à alimenter le marché sénégalais.
La géographie singulière sinon marginale de la Casamance, pas étrangère au conflit mené à partir du début des années 1980 par les séparatistes contre le pouvoir central sénégalais, est propice au trafic. Il faut, pour s’y rendre à partir de Dakar, traverser ou contourner un autre Etat, la Gambie. Et le trajet dans le labyrinthe de l’estuaire est encore long jusqu’àux Karones.
La persistance à feu doux du conflit casamançais fournit un surcroît de couverture.
La consommation de cannabis au Sénégal demeure une préoccupation pour les autorités, dit Matar Diop, contrôleur général de la police sénégalaise et membre du comité interministériel de lutte contre la drogue. Et « la Casamance n’est pas une zone de non-droit ».
Argent facile
« Les cultures illicites de cannabis qui y sont découvertes font l’objet de destruction par les forces de défense et de sécurité », rapporte-t-il.
Cheikh Touré, coordonnateur régional de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), vante le Sénégal comme l’un des bons élèves de la lutte contre les stupéfiants en Afrique de l’Ouest. Il invoque l’adoption par ce pays d’un plan stratégique de lutte jusqu’en 2020.
En 2017, les autorités sénégalaises ont saisi 12,8 tonnes de cannabis ou de résine, selon l’ONUDC. Dakar a signé en 2018 un accord avec la Gambie pour renforcer les contrôles sur leur frontière commune.
« Les actions de répression de ces dernières années envoient un message fort aux réseaux et aux producteurs », salue Cheikh Touré.
A Kouba, les villageois disent ne pas avoir vu de policier depuis belle lurette.
Victor Diatta, sociologue et maire de Kafountine, la localité dont relève Kouba, aimerait voir émerger d’autres activités. Les plages paradisiaques voisines pourraient séduire beaucoup plus de touristes, estime-t-il, y compris à l’étranger. Mais, pour le tourisme, ou l’industrie de la pêche, il faut des investissements et, pour l’heure, ce sont principalement des Sénégalais et des Bissau-Guinéens qui viennent, pour le cannabis.
« L’attrait de l’argent facile a pris le dessus sur toute autre considération », regrette le jeune élu.
par Oumou Wane
DAKAR 2022, TERRE DE JEUX !
Cet événement signifie pour nous d’accueillir près de 4000 athlètes entre 15 et 18 ans, sur 28 disciplines comme aux JO classiques. Mais surtout : représenter l'Afrique et mettre en avant des talents sénégalais
Dakar est déjà sur les starting-blocks ! Après Singapour en 2010 et Nanjing (en Chine) en 2014, Buenos Aires en 2018, c’est le Sénégal qui a été choisi pour abriter les Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) de 2022 par le Comité International Olympique (CIO).
Les Jeux Olympiques de la Jeunesse de Dakar 2022 ouvrent un chapitre exceptionnel du sport dans notre pays et sur tout le continent. C'est en effet la première fois qu'un pays d'Afrique accueille des jeux olympiques et le Sénégal est bien décidé à les réussir.
Bien sûr, ce n’est pas encore la coupe du monde de football, mais les jeux olympiques restent l’une des manifestations sportives les plus populaires du monde. Bien plus qu’une simple compétition sportive, les jeux olympiques sont un bon modèle pour les jeunes, qui les invitent à s’imprégner et à vivre selon les valeurs de Respect, d’Amitié et d’Excellence, aussi bien sur le terrain qu'en dehors.
C’est pourquoi l’organisation des jeux olympiques de la jeunesse au cœur de la capitale sénégalaise est une merveilleuse chose, qui va dynamiser la région de Dakar et rayonner bien au-delà en terre africaine.
C'est un rêve qui devient réalité et c'est très important de montrer qu'on a les mêmes capacités que partout dans le monde. Cet événement signifie pour nous d’accueillir près de 4000 athlètes entre 15 et 18 ans, sur 28 disciplines comme aux JO classiques. Mais surtout : représenter l'Afrique et mettre en avant des talents sénégalais.
Les JOJ, ce sont des retombées économiques ! Outre le secteur de la construction qui devrait y gagner, celui du tourisme va profiter d’un coup d'accélérateur, avec des dizaines de milliers de visiteurs étrangers qui sont attendus durant les olympiades, soit autant de consommateurs potentiels.
L'impact social et environnemental de l'organisation des Jeux sera également positif. Sans compter que l'organisation des JOJ devrait accélérer la rénovation de plusieurs infrastructures sportives et ça va faire du bien au sport sénégalais. Parce qu'organiser les Jeux, c'est d'abord promouvoir le sport et à court terme, "l'effet JOJ" pourrait aussi encourager les sénégalais à se mettre au sport.
Qu’il s’agisse de développer des infrastructures indispensables, de stimuler l’économie locale ou d’accroître le tourisme, l’accueil d’un événement d’une telle envergure offrira de grandes possibilités à notre pays.
Dakar a été choisie comme hôte par le CIO pour sa vision de créer un projet de transformation qui met en lumière l'émergence de la ville, du pays et du continent et place la jeunesse au premier plan de sa planification stratégique.
En phase avec le “Plan Sénégal Émergent” établi par le président Macky Sall, Dakar 2022 vise non seulement à ouvrir la voie à de futures initiatives au Sénégal, mais aussi à mettre en valeur le meilleur de l'Afrique et de sa capacité à innover. Notre président se sera bien battu pour ce résultat car il a perçu dans ce rendez-vous historique, l’occasion de présenter au monde une société sénégalaise modernisée, jeune, ouverte et tolérante.
Notons que si le Sénégal a décroché les Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2022, c’est aussi grâce à l’atout Mamadou Diagna Ndiaye. Un président très actif du Comité National Olympique et Sportif Sénégalais (CNOSS) qui a su apporter une contribution déterminante et qui saura mobiliser les Sénégalais autour d’un vrai et grand défi commun.
Mais les JOJ sont avant tout la fête de la jeunesse, c’est leur aventure à eux et tous les jeunes du pays doivent y participer.
Alors qu’on leur donne ce tremplin et que ce levier de développement économique et social soit le leur ! Et que Dakar, capitale cosmopolite soit mise sur orbite !
"LE DISCOURS FRANÇAIS ENVERS L'AFRIQUE EST HYPOCRITE"
Alain Mabanckou dont les «Huit Leçons sur l’Afrique» sortent ce mercredi en librairie, lutte contre les idées reçues sur la production littéraire et culturelle africaine. Pas convaincu par la fin annoncée du FCFA, il milite pour une indépendance monétaire
Libération |
Catherine Calvet et Maria Malagardis |
Publication 08/01/2020
L’écrivain, dont les «Huit Leçons sur l’Afrique» données au Collège de France sortent ce mercredi en librairie, lutte sans relâche contre les idées reçues, notamment sur la production littéraire et culturelle de ce qu’il nomme le «continent de la langue française». Pas vraiment convaincu par la fin annoncée du franc CFA, il milite pour une indépendance monétaire.
Sa leçon inaugurale au Collège de France, en mars 2016, lui avait valu une standing ovation dans un tonnerre d’applaudissements comme l’amphitéâtre Marguerite-de-Navarre n’en avait peut-être jamais connu. Talentueux écrivain d’origine congolaise, auteur de près d’une dizaine de romans et âgé de 53 ans, Alain Mabanckou a apporté un indéniable souffle de fraîcheur et d’humour dans l’enceinte de cette vénérable institution. Cette année-là, il fut le premier écrivain à occuper la chaire de création artistique. Du haut de son perchoir, il sut aussi offrir aux connaissances littéraires de l’Afrique contemporaine la tribune qu’elles méritaient depuis longtemps. Ces «Leçons» sortent ce mercredi en librairie, enrichies de textes plus polémiques prononcés par l’auteur, avec notamment une lettre assez piquante destinée à Emmanuel Macron. Car ce romancier, qui enseigne la littérature à l’université de Los Angeles, est depuis toujours un auteur engagé. C’est aussi ce qui ressort du Dictionnaire enjoué des cultures africaines, coécrit avec l’écrivain franco-djiboutien Abdourahman Waberi et publié en décembre. Les deux livres se complètent, élargissent le débat sur l’Afrique et font tomber pas mal d’idées reçues. Ils offrent des réponses efficaces pour combattre la xénophobie et le racisme qui gangrènent les sociétés européennes recroquevillées dans l’ignorance de ce continent, si proche et toujours si méconnu. Rencontre avec un intellectuel joyeux et combatif, dans un Paris en grève, juste avant son départ pour Los Angeles.
Vos deux derniers ouvrages offrent un panorama unique de l’histoire et de la culture du continent africain, reste-t-il à ce point méconnu en France ?
L’Afrique reste méconnue car elle est encore définie par un catalogue de préjugés. Pour s’en débarrasser, il faut en quelque sorte casser la coque de l’arachide pour en extraire le fruit véritable. Jusqu’à présent, on nous a offert des arachides avariées qui ne donnent aucun fruit. C’est aux Africains eux-mêmes de casser cette coque et de planter de nouvelles graines. C’est de cette façon qu’on luttera contre les préjugés. Et c’est effectivement la ligne éditoriale de ces deux ouvrages.
Dans l’ouvrage reprenant vos «leçons» au collège de France, vous citez abondamment la littérature coloniale. Pourquoi est-ce si important ?
Lire cette littérature, c’est le meilleur moyen de comprendre la pensée occidentale qui a mené à la colonisation. On y retrouve déjà les stéréotypes actuels. L’Afrique y apparaît ainsi toujours comme un territoire de ténèbres, peuplée de sauvages auxquels il faut apporter la lumière civilisatrice. Comme si des civilisations n’avaient pas existé en Afrique avant l’arrivée des Européens. Il y a eu pourtant des empires, des universités, une littérature orale très riche, des sociétés bien structurées. Comme celle du royaume du Rwanda. Avant l’arrivée des Blancs, Hutus et Tutsis n’étaient pas des ethnies mais des catégorisations sociales. C’est le colonisateur qui va racialiser ces groupes sociaux, en imposant une carte d’identité «ethnique». Et parce qu’il ne pouvait s’expliquer la sophistication de la société rwandaise, il va décréter que les Tutsis sont une race supérieure dont les origines sont judéo-chrétiennes, et qu’ils auraient ainsi échappé à la malédiction de Cham, celle qui a toujours permis d’inférioriser les peuples noirs. C’est en partie ce discours qui va mener un siècle plus tard au génocide des Tutsis, considérés comme des étrangers dans leur propre pays. Et c’est pour éviter ces manipulations qu’il est important pour les Africains de lire toutes les théories raciales développées en Europe au XIXe siècle, comme celles d’Arthur de Gobineau (1816-1882) dans son Essai sur l’inégalité des races humaines.
La littérature africaine serait née de cette production coloniale ?
La littérature francophone africaine est la fille adultérine de la littérature française. Elle s’est développée en réaction à la figure de l’Africain dans la littérature coloniale : celle du sauvage, qui s’exprime par onomatopées. On le sait, l’histoire de la chasse est toujours écrite par les chasseurs. Même Jean de La Fontaine s’en amuse dans le Lion abattu par l’homme. Les écrivains africains ont ressenti le besoin de parler en leur nom, et de porter eux aussi un regard sur les Occidentaux. Mais aujourd’hui, la littérature africaine ne doit plus se contenter d’être une réaction, une vengeance contre la colonisation.
Cette tendance du face-à-face avec les blancs est encore très présente...
C’est une nouvelle forme d’aliénation. Nous ne devons pas rester dans cette éternelle comparaison avec le Blanc, ce monde binaire et manichéen. Personne n’a de virginité historique. Nous, les Africains, nous avons aussi vendu des esclaves, nous avons aussi commis un génocide au Rwanda ! Reste que de toute façon, le nerf de la guerre, c’est l’économie. C’est celui qui domine économiquement qui détermine les termes du débat. On le voit bien lorsque les Européens se plaignent de la domination de la culture américaine, et ne font que souligner combien les Etats-Unis ont les moyens économiques d’imposer leur idéologie au reste du monde.
Il faut maîtriser son économie pour regagner son expression propre ?
Oui, c’est pour cela que nous devons en finir avec le franc CFA. Mais aujourd’hui, la réforme annoncée en décembre est cosmétique : on fait disparaître le nom «CFA» qui rappelle trop la colonisation, tout en gardant l’emprise économique. Certes, les réserves monétaires des pays africains ne seront plus conservées pour moitié au sein du Trésor public français. Mais l’ancienne puissance coloniale n’en restera pas moins la garante de la nouvelle monnaie appelée à remplacer le CFA. L’emprise reste la même. Avec la réforme annoncée par Macron et par le président ivoirien à Abidjan, on n’est pas sorti de la dépendance.
N’était-ce pas justement un peu maladroit que l’annonce de l’abandon du CFA soit faite par le président ivoirien Alassane Ouattara et le président Emmanuel Macron ?
C’était très maladroit. Cela aurait dû être une annonce faite par tous les chefs d’Etat concernés, ceux de l’Afrique de l’Ouest, puisque dans l’immédiat le CFA d’Afrique centrale reste en place. Cette annonce donne l’impression infantilisante que «papa» (la France) est rentré à la maison avec de bonnes nouvelles. Et pour qu’on ait l’impression que «maman» aussi a quand même son rôle à jouer, «papa et maman» l’annoncent ensemble. Mais le fond du problème, c’est que l’économie de ces pays continuera d’être décidée en France. Or, un Etat qui n’a pas sa propre monnaie reste dominé éternellement. Les Africains réaliseront vite que l’abandon du CFA n’est qu’une illusion. Un changement de nom pour une même monnaie. Comme si on mettait des vêtements tout neuf mais sans prendre de douche. Cela finit par se voir ou se sentir...
Pourquoi alors cette annonce sur le FCFA, soixante ans après les indépendances ?
Cette annonce ne fait que souligner combien, depuis 1945 et surtout après les indépendances des années 60, la dépendance économique et politique a été maintenue ! Mais si elle se détache complètement de l’Afrique, la France sait qu’elle perd énormément. Pas seulement en richesses et en matières premières. L’Afrique est le continent de la langue française, là où les locuteurs sont les plus nombreux. C’est cette région qui donne une dimension mondiale au français.
Faut-il en conclure que Macron a lui aussi échoué à changer la politique africaine de la France ?
La politique africaine de Macron est surtout bancale. Il s’exprime toujours depuis l’Afrique de l’Ouest. Que ce soit pour la restitution des œuvres d’art africain détenues dans les musées français ou pour changer le CFA. En principe pourtant, l’Afrique centrale est elle aussi concernée par le CFA. Mais impossible d’apparaître aux côtés des dictateurs: le président de la république démocratique du Congo, Sassou-Nguesso, le Camerounais Paul Biya ou le Gabonais Ali Bongo. Et du coup, l’Afrique centrale reste une sorte de «cœur des ténèbres» dont on évite de parler, et qui abrite pourtant les richesses les plus importantes. En réalité, l’Afrique centrale est l’épicentre de la Françafrique alors que l’Afrique de l’Ouest a connu dans l’ensemble une évolution plus démocratique.
Ces présidents d’Afrique centrale sont pourtant reçus à l’Élysée ?
L’Elysée prétend qu’on ne peut pas faire autrement car ils seraient des chefs d’Etat élus et reconnus... Mais, dans ce cas, pourquoi refuse-t-on de recevoir Kim Jong-un? La Corée du Nord est également un Etat reconnu, et son leader n’est pas plus mal élu que certains chefs d’Etat africains. Si on ne veut pas recevoir Kim Jong-un, c’est bien qu’on a une définition de la démocratie. Pourquoi ne s’applique-t-elle pas à l’Afrique ?
D’un autre côté, l’opinion publique française semble peu se mobiliser face aux dictatures africaines...
Nous en revenons aux fameux préjugés, à cette idée que la barbarie serait atavique chez les Africains. Du coup, c’est sous ce prisme qu’on interprète souvent les conflits en Afrique. Ils ne sont même pas présentés comme des guerres, mais comme des «affrontements inter-ethniques». Même le génocide de 1994 au Rwanda a longtemps été perçu par de nombreux commentateurs français comme une guerre ethnique, on refusait de voir qu’il s’agissait d’un génocide. Ce qui évitait aussi d’évoquer l’influence des colonisateurs dans l’émergence d’une idéologie raciste dans ce pays.
Selon vous, est-ce en réaction à ces compromissions que s’est développé un mouvement d’opinion anti-français en Afrique ?
Absolument, il est attisé par la France elle-même. Elle se présente comme le pays des droits de l’homme mais quand on y regarde de près, elle n’accompagne pas la démocratisation en Afrique. Prenez le Breton du gouvernement, comment s’appelle-t-il déjà ? Jean-Yves Le Drian ! Il s’affiche ouvertement avec Sassou Nguesso ! Ils sont amis. Le président français ne peut pas ignorer cette proximité d’un de ses ministres avec un chef d’Etat comme Sassou Nguesso ! Comment un discours en faveur de la démocratie peut-il être dès lors crédible? Le discours français est un discours hypocrite. Cela ne fait qu’accroître une certaine antipathie, non pas envers les Français, mais envers le gouvernement français.
La jeunesse africaine, pourtant très critique envers cette politique française, est aussi souvent désireuse de quitter l’Afrique pour la France...
Parce que la légende du départ et du retour demeure. Les nouvelles générations entretiennent encore cette légende du succès en France via les réseaux sociaux. Il suffit d’un selfie aux Champs-Elysées... Nous n’avons pas fait assez de pédagogie. Nous n’avons pas expliqué suffisamment que la vie était difficile en France, que même les Blancs souffrent. Ce discours reste souvent incompris. Si vous le tenez, vous passez pour un loser amer qui ne veut pas laisser aux autres l’opportunité d’essayer. L’immigré est souvent pris au piège de l’impossible retour qui serait l’aveu de son échec. Reste qu’aujourd’hui, la France a perdu de son attrait. Si je devais réécrire mon premier livre, Bleu Blanc Rouge publié en 1998, qui évoque les migrations africaines, j’emmènerais sûrement mon héros vers le Ca- nada ou les Etats Unis, pays perçus comme beaucoup plus accueillants, où l’on ne risque pas de vous demander vos papiers en permanence sous prétexte que vous êtes noir. Aujourd’hui, la France paraît plus fragile, économiquement mais aussi sur le plan identitaire. Les jeunes Africains francophones constatent aussi que la condition des anciens colonisés anglophones est meilleure que la leur. Les ex- colonies anglophones ont pour beaucoup acquis une autonomie financière. Même si leur monnaie est faible, elle leur appartient.
Voyez-vous des évolutions ?
La place grandissante des études africaines, même au Collège de France, est un signe positif. Même s’il y a encore des réactions de frilosité. Comme cette tribune récente dans l’Express qui s’inquiète de la place grandissante des études africaines post-coloniales. Il reste des résistances du côté d’une vieille France qui voudrait qu’on étudie toujours l’Afrique comme un empire.