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24 avril 2025
Développement
LA FRANCE VA NOMMER UN REPRÉSENTANT INDÉPENDANT À LA BCEAO
Selon le Financial Times, le passage du CFA à l’ECO est plus politique qu’économique. Pour le journal britannique, cette décision est motivée par les revendications des populations
Nouvelle révélation dans la polémique autour du passage du franc CFA à l’ECO, selon le magazine britannique Financial Times, le gouvernement français surveillera les reverses de la nouvelle monnaie au niveau de la Banque Centrale Des Etats de l’Afrique de l’Ouest par le biais d’un représentant dit “indépendant”.
Un représentant pour siéger à la banque centrale.
Selon le magazine britannique, un représentant indépendant sera désigné par la France pour siéger au niveau de la banque centrale.
“La France désignera un représentant «indépendant» auprès de la Banque Centrale Régionale et contrôlera quotidiennement les réserves” peut on lire dans le magazine.
Cette révélation pourrait ranimer la polémique sur le rôle de la France dans la processus de création de cette nouvelle monnaie.
Pour le Financial Times, le passage du CFA à l’ECO est plus politique qu’économique. En effet, pour le journal, cette décision est motivée par les revendications des populations.
La lutte anti franc CFA étant portée dans la quasi totalité des pays de l’UEMOA par des activistes engagés et autres membres de la société civile.
L'ÉNORME PARI IRANIEN DE TRUMP
A dix mois de la présidentielle, le président américain, grand pourfendeur des interventions militaires de so pays au Moyen-Orient, vient de prendre la décision la plus risquée de son mandat
A dix mois de l'élection présidentielle, Donald Trump, grand pourfendeur des interventions militaires américaines au Moyen-Orient, vient de prendre la décision la plus risquée de son mandat.
L'élimination, dans une attaque de drone à Bagdad, du général iranien Qassem Soleimani, marque un tournant aux répercussions imprévisibles. L'Irak dit redouter "une guerre dévastatrice", l'Iran a promis une vengeance "au bon moment et au bon endroit".
Si le président de la première puissance mondiale est un grand adepte de la rhétorique guerrière, il avait jusqu'ici fait preuve de beaucoup de retenue au moment de passer à l'offensive, comme lors de l'annulation à la dernière minute de frappes aériennes contre la République islamique en juin 2019.
Début d'une escalade ou mesure temporaire ? Moins de 24 heures après le mort du chef de la Force Qods des Gardiens de la Révolution, le Pentagone a annoncé le déploiement de 3.000 à 3.500 soldats supplémentaires dans la région.
L'ancien homme d'affaires, arrivé au pouvoir sans la moindre expérience diplomatique, va, de fait, devoir gérer sa première crise majeure de politique étrangère, sur fond d'un procès en destitution au Sénat et d'une campagne électorale qui s'annonce très agressive.
"C'est une combinaison potentiellement terrifiante qui réclame des prises de décision prudentes, sages, et une main stable et ferme", souligne, sans cacher son inquiétude, Aaron David Miller, ancien diplomate et négociateur dans des administrations des deux bords.
Or les premières réactions du milliardaire républicain, qui revendique haut et fort un fonctionnement "à l'instinct", n'ont pas contribué à rassurer ceux qui s'inquiètent de sa navigation à vue sur les dossiers géopolitiques complexes.
Fidèle à son style de communication iconoclaste et provocateur, il s'est contenté jeudi soir, au moment de l'annonce de la mort de Soleimani, de tweeter l'image d'un drapeau américain - sans le moindre mot - en guise de première réaction.
Depuis son luxueux club de Mar-al-Lago, en Floride, où il est en vacances, il a poursuivi vendredi matin avec une phrase chargée d'ambiguïté: "L'Iran n'a jamais gagné une guerre, mais n'a jamais perdu une négociation".
Pour l'ex-diplomate américain Nicholas Burns, aujourd'hui professeur à Harvard, si le général iranien prévoyait effectivement de frapper des installations américaines, l'intervention de Washington était légitime. "Mais Trump a-t-il prévu les 15 coups suivants sur l'échiquier ?", s'interroge-t-il, enclin à répondre par la négative.
Retrait d'Irak ?
Toujours très attentif à sa base électorale et à ses promesses faites lors de sa campagne victorieuse de 2016, Donald Trump répète depuis son arrivé à la Maison Blanche qu'il veut sortir des "guerres sans fin" qui, estime-t-il, ont trop couté aux Etat-Unis, humainement comme financièrement.
Pour Richard Haass, président du Council on Foreign Relations (CFR), il serait "ironique, mais aussi tragique et dangereux", que le président qui voulait réduire l'empreinte des Etats-Unis au Moyen-Orient ait "enclenché une dynamique qui nous y entraînera encore davantage au moment où nous sommes confrontés à des défis face à la Chine, la Corée du Nord ou la Russie".
Si la plupart des ténors républicains du Congrès ont fait bloc et loué le "courage" du président, les démocrates ont clamé leur inquiétude.
"Un drapeau n'est pas une stratégie", a ironisé Samantha Power, ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU sous Barack Obama. "Trump est entouré de lèche-bottes (ayant viré tout ceux qui n'étaient pas d'accord avec lui) (...) Cela risque de mal tourner très rapidement".
Parmi les différentes hypothèses avancées par des analystes, celle d'un retrait intégral des troupes américaines d'Irak revient avec insistance. Donald Trump pourrait s'appuyer sur les menaces pesant sur les Américains et les déclarations de Bagdad pour justifier sa décision tout en menaçant de frapper de nouveau l'Iran à distance.
"Cela lui permettrait de faire un clin d'oeil à sa base électorale en apparaissant comme ferme tout en procédant à un retrait", estime Colin Kahl, expert à l'université de Stanford et ancien conseiller de Barack Obama.
Reste la question des éventuelles motivations politiques du président américain au moment où il a donné le feu vert pour éliminer le puissant général iranien.
Ironie de l'histoire, c'est Donald Trump lui-même qui avait évoqué, il y a près d'une décennie, la tentation pour le locataire de la Maison Blanche de lancer un conflit avec Téhéran à l'approche d'une grande échéance électorale. Il l'avait fait en termes très critiques et ironiques en évoquant... Barack Obama.
"Afin d'être réélu, Barack Obama lancera une guerre avec l'Iran", tweetait-il en 2011, époque à laquelle il n'était pas encore entré en politique, mais ne manquait jamais une occasion d'attaquer le dirigeant démocrate.
par Momar Dieng
LA DUPERIE PERMANENTE QUI PREND EN OTAGE LA DÉMOCRATIE
La posture du «ni oui ni non» proclamée par le chef de l’Etat est inexcusable pour celui qui est censé incarner la droiture et le respect de la parole donnée - C'est un sous produit de la mégalomanie à laquelle se convertissent les assoiffés de pouvoir
On laissera à François Mitterrand son «coup d’Etat permanent», cet essai célèbre qui visait à dénoncer la mutation du pouvoir démocratique en objet personnel opérée par un Général Charles de Gaulle auréolé pourtant par sa posture de résistant face à l’Allemagne hitlérienne. A ce «coup d’Etat permanent», il faudra désormais associer la duperie permanente qui caractérise l’action et le discours du président de la République du Sénégal. Alors que le pays tout entier réclame cohérence et certitude dans la gouvernance électorale du pays, en particulier sur l’impossibilité qu’il se représente pour un 3e mandat en 2024, le chef de l’Etat se réfugie avec un grand courage dans un galimatias de considérations crypto-personnelles qui ne font pas l’honneur de sa fonction ni celui de sa propre personne.
Les spécialistes de la science politique ne manquent jamais de rappeler combien le respect de règles du jeu communément acceptées par les acteurs et placées sous protection de la loi et du règlement demeure une exigence fondamentale pour la crédibilité de toute démocratie pluraliste libérée des écueils du paternalisme. En effet, c’est en fonction des dynamiques positives portées par les uns et les autres dans le champ politique que se concrétise cet idéal démocratique grâce auquel les contentieux électoraux deviennent marginaux et donc gérables. Mais on peine à s’y faire.
Les propos sibyllins («ni oui ni non») tenus en fin d’année par le président Sall concernant sa candidature éventuelle à la présidentielle de 2024 ne vont pas dans le sens d’une démythification du pouvoir et de ses enjeux dans notre pays. Que dit le chef de l’Etat pour justifier cette posture incompréhensible ? Entre autres : «L’année dernière, je me suis prononcé sur cette question. Et si j’en parle encore, personne ne se mettra au travail dans mon parti…» Dans tous les pays démocratiques normaux, les calendriers électoraux sont connus à l’avance sauf si des circonstances exceptionnelles et/ou des contraintes objectives obligent à les réaménager. Le Sénégal n’est ni dans un cas ni dans l’autre, fort heureusement. Il est un pays stable dans une sous-région gravement perturbée par un accès de violences et de désordres pour lesquels des Etats incompétents, faibles et privatisés au profit de groupes d’intérêts portent de grandes responsabilités.
Esprit de patrimonialisation du pouvoir
Ce qui est en cause, c’est la patrimonialisation permanente du pouvoir au cours de son exercice, sa mise au service de clans politiciens et affairistes dont le pays ne profite d’aucuns des «investissements», s’ils en font. L’administration verticale du parti qui devient un instrument monolithique au service de son chef unique, la préposition de frères, sœurs, cousins, cousines et alliés à des postes-clefs de l’appareil d’Etat et leur protection garantie contre toutes poursuites judiciaires légitimes traduisent en réel la confusion entre le parti et l’Etat. C’est peut-être cela le casse-tête de Macky Sall : pour plusieurs raisons qu’il ne partagera pas avec les Sénégalais, il craindrait des lendemains tumultueux hors du pouvoir auxquels il ne pourrait imprimer sa marque ou sa direction. Les soubresauts de la traversée du désert des Wade et de leurs amis d’hier ne lui ont pas échappé.
C’est au regard de ces éléments là que la posture du «ni oui ni non» proclamée par le chef de l’Etat est totalement inexcusable pour celui qui est censé incarner la droiture et le respect de la parole donnée. Cette façon de prendre en otage la démocratie pour neutraliser les incertitudes liées à son agenda personnel pour la période post 2024 est un sous produit de la mégalomanie à laquelle se convertissent les assoiffés de pouvoir. Elle peut être comprise, avec raison, comme une tentative de répéter le coup du mandat précédent. A cette occasion, on a pu voir la capacité du président de la République à modéliser la mauvaise foi autour d’ambiguïtés qui n’avaient de sens que pour lui et que pour les juges qui l’avaient aidé à violer son serment. Mais à force de pousser le bouchon trop loin, on finit par être éclaboussé, d’une manière ou d’une autre…
Dans son discours du 31 décembre, le président Sall a dit ceci : «La violence qui secoue le monde doit constamment nous rappeler la chance que nous avons de vivre en paix, et la responsabilité qui nous incombe de la préserver. Nous en sommes à la fois les héritiers et les gardiens ; parce que cette paix est un legs que nous ont laissé les générations passées ; un legs qu’il nous faut entretenir et transmettre aux générations futures.»
Ce discours est d’une pertinence implacable, mais dans les pratiques en vigueur depuis une dizaine d’années, c’est un homme formaté aux violences symboliques et institutionnelles qui agit pour ses propres causes, sourd aux appels à la raison, sûr de la force que lui procure le Pouvoir. Une méthode de gouvernance assimilable à un terrorisme démocratique qui, malheureusement, échappe aux sanctions de la loi. Nous en sommes là et le pire est peut-être à l’horizon…
par Nioxor Tine
ADRESSE À LA NATION OU MONOLOGUE PRÉSIDENTIEL ?
En donnant l’impression que la question du troisième mandat est encore ouverte, on subordonne les intérêts supérieurs de la Nation à ceux politiciens et étroits de BBY, rendue très vulnérable par la faiblesse de sa cohésion programmatique
La nuit de la Saint-Sylvestre, d'il y a trois jours, a confirmé ce recul démocratique réfuté par certains alliés du président, dont la finalité ultime semble être d’instaurer, dans notre pays, le règne de la pensée unique.
En effet, après le traditionnel discours présidentiel, on a eu droit, sur la quasi-totalité des médias audiovisuels, à un show médiatique et politicien, aux allures de monologue ne souffrant d’aucune contestation, qui a éclipsé les habituels débats contradictoires de la classe politique.
Mais cette façon cavalière de procéder n’étonne plus personne. Depuis 2012, date de son accession à la magistrature suprême, le président de l’APR n’a eu de cesse de domestiquer les institutions législative et judiciaire. Il semble maintenant de plus en plus évident, que même le quatrième pouvoir qu’est la presse n’a pu échapper aux serres de l’hyper-présidentialisme apériste. En témoigne la énième violation des libertés publiques que constitue la suspension des émissions de la SENTV.
Certes, la dépigmentation artificielle ou xeesal est un problème majeur de santé publique, un fléau qui est en train de faire des ravages au sein de la population sénégalaise. Aucune personne, avertie et douée de raison, ne saurait donc cautionner le fait de faire la promotion de produits aussi nocifs pour la santé de nos populations.
Néanmoins, la manière, dont la suspension des programmes de la SENTV a eu lieu, révèle des menaces plus graves encore qui pèsent sur la vie institutionnelle et démocratique de notre pays. La légèreté, avec laquelle, le CNRA semble vouloir prendre des mesures aussi extrêmes n’est pas acceptable, surtout au regard du contexte tyrannique, dans lequel baigne notre pays depuis le début de la deuxième alternance.
Nous n’insisterons pas sur l’incongruité ayant consisté à confier l’organe de régulation que constitue le CNRA, à des personnages qui, dans le passé, ont joué le rôle peu glorieux de propagandistes zélés des régimes socialiste et libéral au lieu de gérer, de manière impartiale, les médias publics, notamment la RTS.
Dans tous les cas, il est de moins en moins tolérable que la rigueur de lois taillées sur mesure ne puisse s’appliquer qu’à certains citoyens, presque toujours des opposants.
Alors que l’opinion n’a pas fini de s’émouvoir du cas de Guy Marius Sagna, qui croupit en prison pour avoir simplement usé de son droit citoyen à la marche pacifique, c’est au tour de la SENTV d’être victime d’une sanction aussi précipitée que disproportionnée.
Ce châtiment sélectif, si on considère que des médias nationaux comme la RTS et le Soleil sont au service exclusif de la coalition au pouvoir, viole allègrement le droit à une expression libre et équitable des citoyens.
Cette situation est d’autant plus dramatique, que la presse privée qui, dans le passé, a joué le rôle de sentinelle vigilante et de contre-pouvoir, ayant beaucoup contribué à la survenue de nos deux alternances semble baisser la garde.
Car, quoiqu’on puisse dire les responsables du groupe DMEDIA n’auront bénéficié, de la part de leurs confrères, que d’un soutien purement symbolique. C’était pourtant une occasion en or de mettre sous embargo médiatique les activités politiciennes du camp présidentiel recouvertes du manteau trompeur la République.
Au lieu de cela, des professionnels de la presse, parmi les plus illustres, se sont bousculé au palais présidentiel pour servir de caution morale à un navrant soliloque, dont l’animateur nous a servi les sempiternelles litanies sur ses pseudo-réalisations, usé d’effets d’annonce habituels et délibérément refusé de répondre à certaines questions très embarrassantes.
Parmi celles-ci, la question du troisième mandat, qui ne devrait même pas se poser, car déjà réglée par l’esprit et la lettre des réformes constitutionnelles adoptées lors du dernier référendum du 20 mars 2016.
En donnant l’impression que la question est encore ouverte, on subordonne les intérêts supérieurs de la Nation à ceux politiciens et étroits de Benno Bokk Yakaar, rendue très vulnérable par la faiblesse de sa cohésion programmatique, sans oublier l’absence de structuration de ses principales composantes, dont principalement l’APR.
Le président pose donc un acte très préoccupant qui secoue les fondements de notre République, à l’image des forfaitures et/ou reniements des présidents béninois, guinéen et ivoirien, qui semblent s’inscrire dans le cadre d’un reflux démocratique en Afrique de l’Ouest.
Pour le reste, le peuple sénégalais a pu constater cette ferme volonté présidentielle de continuer à garantir l’impunité aux thuriféraires du pouvoir apériste, en adoptant une posture de déni ou par un jeu de yoyo entre des institutions domestiquées (OFNAC, pouvoir judiciaire, parlement) qui se renvoient la balle.
Plus grave est le refus de nos autorités de rompre avec les paradigmes néocoloniaux, aussi bien pour les questions monétaires (garantie de la France, parité fixe), que celles sécuritaires, malgré le jeu trouble des puissances occidentales et leurs rapports équivoques avec les groupes terroristes.
C’est bien pourquoi, le dialogue national apparaît de plus en plus comme une gigantesque entreprise de diversion d’un pouvoir, qui refuse de poser des actes forts allant dans le sens d’une véritable décrispation et de l’amélioration véritable des conditions de vie des masses populaires.
Quant à l’opposition, elle gagnerait à se retrouver autour d’une plateforme commune, dans le sens d’une véritable alternative nationale, civile, démocratique et populaire.
La jeunesse populaire, en obligeant l’impérialisme français à opérer un recul tactique sur la question du franc CFA montre que des victoires sont bel et bien à portée de main.
par Oumou Wane
MESDAMES, LA RÉPUBLIQUE VOUS PROTÈGE !
Je crois en nous, en notre avenir et en notre président. Il doit gouverner dans la transparence et la clarté, tel est l’enjeu. Rien ne doit être caché des difficultés auxquelles nous sommes confrontés
Parce qu'il faut en finir avec les violences faites aux femmes et à l’enfance, aujourd’hui, je suis fière d’être Sénégalaise. Lors de son discours de vœux à la nation, le président Macky Sall s’est félicité de l’adoption ce lundi 30 décembre du projet de loi qu’il avait lui-même soumis à l’Assemblée nationale, qui criminalise désormais les actes de viol et de pédophilie. Pour le chef de l’État : « la protection de la condition féminine et de l’enfance reste un défi de notre temps » et il a raison. Dire stop aux violences faites aux femmes et à l’enfance, c’est contribuer à éradiquer ce fléau qui court partout dans le monde et continue de sévir ici en Afrique et au Sénégal.
Souvenons-nous, encore en mai dernier, le corps de Bineta Camara, 23 ans, retrouvé à son domicile de Tambacounda. La jeune femme avait péri lors d’une tentative de viol.
« Les femmes, les filles, sont nos mères, nos épouses, nos enfants. Elles constituent l’autre moitié sans laquelle notre tissu social est incomplet et méconnaissable. Dès lors, violenter une femme, violenter un enfant, c’est froisser et abîmer notre tissu social », déclarait Macky Sall dans son discours de vœux à la Nation. C’est pourquoi, a-t-il dit, "les peines applicables à ces actes ont été considérablement alourdies, sans possibilité de sursis".
Jusqu'ici, le viol était considéré au Sénégal comme un simple délit, passible de cinq à dix ans de prison. Désormais, avec la loi votée à l'Assemblée nationale, les auteurs de ces crimes peuvent écoper de peines allant jusqu'à la perpétuité.
Fière d’être Sénégalaise, quand j’entend également Macky Sall réaffirmer son ambition de faire de l’éradication du « Fléau des Enfants-Talibés » une cause nationale : « je suis tout autant déterminé à poursuivre la lutte contre le phénomène des enfants de la rue et leur maltraitance », a t-il souligné lors de son adresse à la nation.
Un discours globalement placé sous le signe du dialogue, de la paix et de la protection des populations. Le chef de l’Etat a renouvelé mardi soir les "sentiments fraternels de solidarité et de compassion" du peuple sénégalais aux pays de la sous-région durement éprouvés par les attaques terroristes meurtrières. Selon le chef de l’Etat, "la violence qui secoue le monde doit constamment nous rappeler la chance que nous avons de vivre en paix, et la responsabilité qui nous incombe de la préserver".
Sans oublier personne, présentant à chacun ses vœux de paix, de bonne santé, de bien-être et de réussite, Macky Sall a réitéré son engagement à nous servir, sans manquer d’énoncer les résultats de l’effort de transformation du pays pour le rendre plus fort et plus juste.
Il ne s’agit pas ici de rendre justice au meilleur des présidents possibles dans le meilleur des mondes possibles, non, il convient d’être juste et cohérent avec notre président.
Oui, je crois en nous, en notre avenir et en notre président. Il doit gouverner dans la transparence et la clarté, tel est l’enjeu. Rien ne doit être caché des difficultés auxquelles nous sommes confrontés. Ne pas éluder les problèmes. Laisser libre court aux louanges et aux critiques de la presse, des opposants ou des observateurs.
Voilà ce en quoi je crois. Une campagne d’adhésion de la population à l’effort de la nation pour la réussite du projet « émergence 2035 ».
Pour cela, nous ne pouvons plus compter que sur les seuls politiques, nous devons compter sur nous-mêmes, citoyens et société civile. Remontons nos manches pour redresser le pays. Mobilisation générale, y-compris de la diaspora pour trouver les voies et des partenariats qui permettront de retrouver des marges de manœuvre et d’assurer le redressement.
Les femmes, mieux protégées et soutenues par la République prendront toute leur place dans ce dessein. Je souhaite que la jeunesse, majoritaire dans notre pays, joue aussi tout son rôle dans la décennie qui s’ouvre à nous.
« Nous sommes les hommes de la danse, dont les pieds reprennent vigueur en frappant le sol » - Léopold Sédar Senghor.
THOMAS SANKARA, LE PATRIOTE
Le capitaine burkinabè a promu le pouvoir populaire et la démocratie directe. Une révolution qui a entraîné certaines dérives, aujourd’hui oubliées
Le Monde Afrique |
Pierre Lepidi |
Publication 03/01/2020
« Comment voulez-vous être fier de votre pays quand vos puits sont creusés par l’Agence française de développement, vos forages faits par des Italiens, que vos téléphones viennent de Chine et vos mosquées sont financées par des Saoudiens ?, s’interroge Serge Bayala, membre du Balai citoyen, un acteur de la société civile devenu incontournable au Burkina Faso. Nous regrettons l’époque de Sankara, car il avait fait prendre conscience aux Burkinabés qu’ils avaient leur destin en main. »
Lorsqu’il prend le pouvoir le 4 août 1983, à l’âge de 33 ans, en compagnie de Blaise Compaoré, son meilleur ami, Henri Zongo et Jean-Baptise Lingani, Thomas Sankara explique que « la raison fondamentale et l’objectif du Conseil national de la révolution, c’est la défense des intérêts du peuple voltaïque [le pays s’appelle alors la Haute-Volta], la réalisation de ses profondes aspirations à la liberté et à l’indépendance véritable ». Il conclut sa proclamation par le fameux « La patrie ou la mort, nous vaincrons », qui deviendra un an plus tard la devise du pays. Thomas Sankara s’appuie sur le patriotisme pour créer une rupture avec ce qu’il estime « un héritage de vingt-trois années de colonisation. » Dès le lendemain de son coup d’Etat, tout s’enchaîne très vite.
Le capitaine, d’influence marxiste, veut expérimenter un pouvoir populaire et une démocratie directe. « Tout ce qui est bon pour le peuple, faites-le ! », dit-il aux Comités de défense de la révolution (CDR), des institutions locales chargées d’une forme de souveraineté. Sur le plan politique, des actions multiples sont lancées pendant ces quatre années de pouvoir. Dans de nombreux domaines, c’est un succès comme la défense de l’environnement, l’émancipation des femmes, l’autosuffisance alimentaire, la réduction du train de vie de l’Etat ou la lutte contre la corruption.
Le pays gagne sa dignité
Lorsqu’il prend le pouvoir en Haute-Volta, son pays est parmi les pays les plus pauvres du monde. Le taux de mortalité infantile est estimé à 180 pour 1 000, l’espérance de vie ne dépasse pas 40 ans, le taux d’analphabétisme monte à 98 %. Il impose alors des mesures radicales comme les opérations de vaccination « commandos » qui permettront, en quelques semaines, de vacciner 2,5 millions d’enfants contre la méningite, la fièvre jaune et la rougeole. Il recevra les compliments de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Pour lutter contre l’analphabétisme, il prévoit que chaque personne lettrée puisse apprendre à lire et à écrire à d’autres et il fait passer le taux de scolarisation de 6 % à 24 %. De quoi lui donner envie le 4 octobre 1984 d’ouvrir son discours à l’ONU par : « Je viens vous apporter le salut fraternel d’un pays de 274 000 km², où sept millions d’enfants, de femmes et d’hommes, refusent désormais de mourir d’ignorance, de faim et de soif. »
Le Burkina Faso reste pauvre mais il gagne sa dignité. « Nous n’étions pas de vulgaires gamins mais des pionniers de la révolution, se souvient avec fierté Eric Kinda, porte-parole du Balai citoyen. A l’école, on recevait une formation de base idéologique et citoyenne axée sur l’amour de la patrie, le don de soi, l’honneur, le travail, l’intégrité… On devait défendre ses valeurs et nous en étions fiers. On ne voyait pas Sankara comme notre président mais comme notre père. »
Le capitaine charismatique est sur tous les fronts. Comme il estime qu’il faut « produire ce que l’on consomme et consommer ce que l’on produit », il impose à tous les fonctionnaires et à tous les membres de son gouvernement lors des cérémonies officielles de porter le Faso Dan Fani, l’habit traditionnel fait de bandes de coton tissées de façon artisanale. Dans la cour de leur maison, de nombreuses femmes se mettent à l’ouvrage pour gagner leur indépendance financière.
Les excès d’autorité se multiplient
« Comme un peuple malade ne peut pas faire avancer un pays, il a imposé le sport pour tout le monde, deux fois par semaine, le mardi et le jeudi en fin d’après-midi, explique Serge Bayala. Afin de développer les valeurs de l’effort et du collectif, il a fait construire des dizaines de terrains de sport. » Quant à la sécurité du pays, elle doit être assurée par les militaires appuyés par les citoyens. « Un civil est un militaire en permission. Un militaire est un civil en mission », dit-il avec son sens de la formule.
Thomas Sankara voit grand, estimant que « tout ce qui est imaginable par l’homme est réalisable par l’homme ». Après avoir essuyé un refus du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale – les bailleurs de fonds traditionnels de l’Afrique – pour financer le prolongement du chemin de fer vers le nord du pays, il se tourne vers Fidel Castro pour lancer « la bataille du rail » et mobiliser la population pour venir poser, souvent à mains nues, une voie de chemin de fer.
« Les trains ont pu aller jusqu’à la ville de Kaya pour faciliter l’acheminement du manganèse, du nickel et d’autres produits vers la Côte d’Ivoire, explique Bernard Sanou, colonel à la retraite. Un jour, Thomas m’a dit qu’il réfléchissait à la construction d’un canal vers le Ghana. Quand je lui ai demandé s’il était sérieux, il m’a rappelé que les Egyptiens avaient construit celui de Suez il y a un siècle… Pour lui, chaque problème pouvait être résolu à condition d’y réfléchir et d’agir. » Il lance aussi de vastes campagnes de reboisement, d’arrachages de mauvaises herbes, de nettoyage des caniveaux…
Car le « camarade président » veut agir vite. Au quotidien, les CDR surveillent la population mais aussi les ministères, les fonctionnaires. Au fil des semaines, les excès d’autorité et les dérives se multiplient. En juin 1984, dans un procès rendu public, sept personnes accusées d’avoir fomenté un complot sont condamnées à être fusillées, quatre autres à des peines de vingt années de prison. « De très graves erreurs et même des assassinats ont été commis, comme celui du commandant Amadou Sadawogo, regrette Boukary Kaboré, commandant du Bataillon d’intervention aéroporté. Thomas était le premier à dénoncer ces excès et les insuffisances des CDR. »
La révolution se cherche un second souffle
Des opposants sont arrêtés et une répression s’abat aussi sur les syndicats.« Dès que les militants n’étaient plus en odeur de sainteté, ils étaient arrêtés, explique Philippe Ouédraogo, ancien ministre de Thomas Sankara pendant la première année de la révolution. Certains ont subi des simulacres d’exécution, d’autres des tortures physiques. » « J’ai vu à proximité d’un CDR des hommes pendus par les bras au-dessus d’un feu », se souvient Francis Simonis, maître de conférences « Histoire de l’Afrique » à l’université d’Aix-Marseille et professeur de lycée à Bobo-Dioulasso pendant l’époque sankariste.
Durant les élections, plus d’isoloirs. « Thomas voulait que les élections soient ouvertes pour plus de transparence. Il disait que l’appareil électoral ne signifiait pas l’existence d’un processus démocratique et que tous les citoyens devaient avoir leur chance de se présenter », se souvientFidèle Toé. « Ceux qui organisent des élections de temps à autre et ne se préoccupent du peuple qu’avant chaque acte électoral n’ont pas un système réellement démocratique », assurait le capitaine, dont tous les ministres étaient nommés pour un an. Dans la petite bourgeoisie et les fonctionnaires, dont les salaires sont ponctionnés de 5 à 12 % dans le cadre d’un Effort populaire d’investissement (EPI), la lassitude finit par gagner vers 1985. Le gouvernement réagit en ordonnant la gratuité des loyers, mais la révolution se cherche un second souffle.
Les dissensions entre le président et Blaise Compaoré, qui va lui succéder pendant vingt-sept années après son assassinat dont il est le principal suspect, se traduisent par la formation de deux clans qui vont rendre la tension palpable au sein de l’armée et « créer une atmosphère malsaine et crapoteuse dans les rues comme dans les ministères », se souvient Bernard Sanou.
« On retient de Thomas Sankara qu’il a rendu leur fierté et leur dignité aux Burkinabés et c’est vrai, analyse Francis Simonis. Avec lui, il y avait l’idée d’une grande nation, d’un panafricanisme et même d’un âge d’or qui s’est effondré après sa disparition. Les aspects plus sombres de sa révolution ont disparu avec le temps. »
QUI EST WILFRID LAURIANO DO REGO, COORDONNATEUR DU CPA D'EMMANUEL MACRON ?
Ce Franco-Béninois de 58 ans est le nouveau coordonnateur du Conseil présidentiel pour l’Afrique, créé par Emmanuel Macron. Sa mission : revitaliser les relations entre la France et le continent
Jeune Afrique |
Benjamin Roger |
Publication 03/01/2020
Après l’avoir rencontré par le biais d’amis communs, Jules-Armand Aniambossou, tout juste nommé ambassadeur de France en Ouganda, a suggéré son nom à Emmanuel Macron, qui lui cherchait un successeur à la tête du Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA). Au début de 2019, il l’a convié à des événements organisés par le CPA puis, en mai, lui a présenté Franck Paris, le conseiller Afrique du chef de l’État français.
2. KPMG
Do Rego a fait toute sa carrière au sein de KPMG, où il est entré en 1988. Aujourd’hui membre du conseil de surveillance de ce cabinet d’audit, il y fait du conseil en fusion-acquisition dans le secteur de l’énergie et a mené à bien des opérations dans plusieurs pays africains. En 2002, il est devenu le premier associé noir de KPMG, qui comptait alors environ 300 membres. « C’est l’une de mes fiertés », explique-t-il.
3. Polyglotte et golfeur
De par ses origines et son parcours, il parle plusieurs langues africaines : wolof, fon, yorouba, mina. Il aime par ailleurs jouer au golf. En région parisienne, le week-end, et sur la Côte d’Azur ou à Lomé (son épouse est togolaise), pendant ses congés.
4. Enfance au pays
Comme Aniambossou, son prédécesseur, il est franco-béninois. Il est né au Bénin, où il a passé son enfance, et retourne plusieurs fois par an à Cotonou pour voir sa famille.
5. Dakarois d’adoption
Peu après l’arrivée au pouvoir de Mathieu Kérékou, en 1975, il quitte le Bénin pour le Sénégal. Scolarisé au collège Sacré-Cœur et au lycée Saint-Michel, à Dakar, il obtient ensuite une maîtrise de sciences économiques à l’université Cheikh-Anta-Diop. Il dit qu’il a passé ses « meilleures années » dans la capitale sénégalaise et que ses amis sénégalais sont devenus ses « frères ».
6. Club XXIe siècle
En sa qualité de membre du Club XXIe siècle, il a rencontré deux fois Emmanuel Macron avant que celui-ci accède à l’Élysée, en particulier à l’occasion d’un dîner, durant sa campagne électorale. Depuis qu’il est à la tête du CPA, il voit le chef de l’État français environ une fois par trimestre. Il l’accompagnera à l’occasion de ses prochains déplacements en Afrique.
7. Échanges
Il dirige un CPA remanié, dont l’un des objectifs est de faire des diasporas africaines de France un vecteur des échanges avec le continent. En 2020, le CPA participera à l’organisation du sommet Afrique-France, prévu au début de juin à Bordeaux, et à celle de la Saison des cultures africaines.
8. Solaire
Spécialisé dans le domaine des énergies renouvelables depuis plus de quinze ans, il est vice-président de la fondation Terrawatt Initiative, qui promeut la fourniture d’énergie solaire à bas coût dans les pays en développement.
9. Franc CFA
Avec le CPA, il souhaite organiser une série de conférences-débats sur la réforme du franc CFA. Le premier rendez-vous a eu lieu le 14 octobre à Sciences Po Paris, en présence de Kako Nubukpo, de Lionel Zinsou et de Rebecca Enonchong. D’autres pourraient avoir lieu prochainement dans des capitales africaines.
10. Discret
Contrairement à son prédécesseur, diplomate affable et très à l’aise avec les médias, il est plus discret et moins habitué à échanger avec les journalistes.
L'HUMEUR DU DOYEN, PAR ALYMANA BATHILY
LA RÉFORME MACRON-OUATTARA DU FCFA APRÈS LA LOI CADRE
EXCLUSIF SENEPLUS - L’objectif recherché par la France en 1956 comme aujourd’hui est le même : contrecarrer l’unité de l’Afrique, quitte à déléguer ses pouvoirs à des élites locales avec qui elle a partie liée depuis toujours
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 03/01/2020
Cette réforme tout en entérinant le changement d’appellation de la monnaie de « Franc CFA » en « ECO », interdit désormais à la France de siéger dans les organes de décisions et annule l’obligation de dépôt de 50% des réserves de change des Etats membres de l’OEMOA auprès de la Banque de France, mais maintient l’arrimage de la nouvelle monnaie à l’euro ainsi que sa garantie par la France
Le Professeur Abdoulaye Bathily historien, universitaire et homme politique fait le rapprochement entre cette réforme qu’on pourrait appeler « Réforme Macron-Ouattara » et la « Loi Gaston Deferre » ou « Loi Cadre » de 1956. Pour comprendre l’analogie, il convient de revenir sur cette Loi Cadre.
Adoptée le 20 juin 1956 par l’Assemblée Nationale Française et promulguée définitivement dès 4 Avril 1957, cette loi a été élaborée par M. Gaston Defferre, ministre de la France d'Outre-mer du gouvernement de M. Guy Mollet et par M. Félix Houphouët Boigny, ministre délégué.
C’était sous la IVème République Française et la France était alors dotée d’un régime parlementaire.
La loi Cadre a créé à travers les Assemblées territoriales des différentes colonies françaises d’Afrique, des Conseils de Gouvernement autonomes sur certains domaines par rapport à la métropole et qui nomment leurs membres.
La « loi Cadre » aménage aussi la fonction publique par « l’africanisation des cadres » afin de "permettre aux Africains d'accéder à tous les échelons de la hiérarchie administrative". Elle instaure par ailleurs, le suffrage universel en lieu et place d’un collège pour les Africains et d’un autre pour les citoyens français et assimilés.
La loi Cadre intervient dans un contexte d’une « l’Afrique française » organisée dans le cadre de l’Union Française (on disait jusqu’alors l’Empire Français) à travers deux grands ensembles : l’Afrique Occidentale Française (AOF) et l’Afrique Equatoriale Française (AEF) est en pleine effervescence politique et syndicale.
Le Rassemblement Démocratique Africain (RDA) crée en 1947 à Bamako, allié au Parti Communiste Français, a réussi à fédérer sous le leadership de Houphouët Boigny, malgré les tracasseries et une violente répression, les forces politiques et syndicales ainsi que les intellectuels de toute l’Afrique Occidentale et même de plusieurs pays de l’Afrique Equatoriale (Tchad, Congo, Cameroun et Gabon).
La Confédération Générale des Travailleurs (CGT) affiliée à la CGT française et au mouvement ouvrier communiste international assure le leadership syndicats des travailleurs dans toute la région et organise grèves et revendications sociales dans la fonction publique aussi bien que dans le secteur privé.
Ceci alors que la France vient de subir la cinglante défaite de Dien Bien Phu et que la guerre de libération nationale engagée en 1954 par le Front National de Libération de l’Algérie fait rage.
Au Cameroun un vaste mouvement de protestation qui a éclaté en 1955, se développe contre l’administration coloniale que la France a mise en place alors que le pays est juridiquement sous la tutelle des Nations Unies. Le mouvement pour l’indépendance du Ghana sous la conduite de Kwame Nkrumah a le vent en poupe.
La jeunesse africaine et notamment les étudiants africains en France, à travers la Fédération des Etudiants Africains en France (FEANF) créée dès 1951 sont critique des options assimilationnistes des élus et revendiquent déjà l’indépendance totale de l’Afrique par « la « voie révolutionnaire » et dans l’unité ».
L’Union Démocratique Sénégalaise se démarque du BDS (Bloc Démocratique Sénégalais de Léopold Senghor) en 1956 et œuvre déjà à la création du PAI (Parti Africain de l’Indépendance) qui interviendra en 1957, qui se définira d’emblée «comme panafricaniste et marxiste-léniniste ».
Aussi, la « Loi Cadre » a-t-elle pour objectif, face à ces événements, de contenir le mouvement d’indépendance des Africains dans des « territoires nationaux », de « balkaniser » l’Afrique, selon l’expression de Senghor, pour contrôler son évolution
Gaston Defferre dira ainsi : "le gouvernement, conscient de la nécessité de ne pas se laisser devancer et dominer par les événements, a soumis à l'approbation de la Chambre des députés et du Sénat un projet de loi tendant à faire participer étroitement les originaires des pays d'Outre-mer à la gestion de leurs propres affaires… »
Il faut dire que l’adoption de la « Loi Cadre » a été précédée par une violente répression qui a abouti au démantèlement du RDA et de la CGT, leur désaffiliation du Parti Communiste Français et le retournement spectaculaire de Félix Houphouët Boigny qui est désormais ministre du gouvernement français.
La similitude entre la réforme Macron/Ouattara du FCFA et la « Loi Cadre » Deferre/Houphouët Boigny est effectivement frappante.
Non seulement parce que dans l’un et l’autre cas c’est un leader de la Côte d’Ivoire qui s’associe à la France mais aussi parce que l’objectif recherché par la France en 1956 comme aujourd’hui est le même : contrecarrer l’unité de l’Afrique, quitte pour cela à renoncer à tout rôle de premier plan et à déléguer ses pouvoirs à des élites locales avec qui elle a partie liée depuis toujours.
De même que la Loi Cadre a été la matrice qui a permis de mettre en place la Françafrique, la réforme Macron/Ouattara devra mettre en place un new deal monétaire capable de sauvegarder pour l’essentiel le leadership de la France sur ses anciennes colonies d’Afrique face aux enjeux du 21eme siècle.
Retrouvez chaque semaine sur SenePlus, le billet de notre éditorialiste, Alymana Bathily
Sauf à vouloir n'être que le chef des nouveaux négriers, représentés par les adeptes des pacotilles bradant territoires et traditions africains pour t'aider dans ton projet colonialiste, Emmanuel Macron, entends-tu la rue africaine ?
Nous sommes à la croisée des chemins. Dans toute relation humaine ou inter-étatique, il arrive un moment où les circonlocutions ne marchent plus, seul un sursaut de franchise peut sauver la mise. C'est le point atteint par nos liens avec la France.
Nous en sommes à une étape cruciale où l'alternative qui s'offre est lapidaire : les changer en profondeur ou couler ensemble dans une alliance devenue impie...
Il y a urgence en la matière. Car ni sentimentalisme, ni émotivité, encore moins ruse ou soumission ne peuvent plus suffire à endiguer le flot montant en Afrique appelant à une remise à plat, pour les rendre plus équitables, dignes. C'en est ainsi pour une raison simple : les relations de nos pays africains avec la France ont cessé d'être supportables. Et le mal, l'exploitation, qu'elles charrient ont tout naturellement déclenché un phénomène de rejet si fort, sensible à fleur de peau, que seuls les aveugles suicidaires ne peuvent pas en mesurer la profondeur.
Parapluie déchiré
On pouvait croire que la prise de conscience viendrait du sommet des Etats où les décisions ont toujours été prises pour définir la route dans le cheminement franco-africain. C'est hélas en cet instant décisif que les dirigeants des Etats francophones, se bousculant sous le parapluie déchiré de Paris, plus petits par leurs ambitions crypto-personnels et politiques, font tout pour en rater la portée. En clair, loin d'être des forces motrices du changement, ils se posent en obstacles, dont le principal souci, en relais de la puissance déclinante, est d'empêcher le surgissement du jour nouveau sans lequel aucun soleil durable ne pourra irradier les liens, désormais fragiles, unissant Paris à cette partie du continent africain dont elle fut longtemps le parrain tutélaire.
Le rejet par les peuples africain de cette relation malsaine, déséquilibrée, faite d'exploitation par la partie exogène au détriment des autres n'a plus d'avenir. Plus révolutionnaires et instruits par la techtonique des plaques numériques, les peuples africains, dans leur immense majorité, n'en veulent plus, du moins telle qu'elle se présente. Et il n'est pas sûr que la grande masse des français ordinaires y trouve aussi son compte, parce que, non dupe, elle sait que le néocolonialisme n'est plus qu'une part du passé de leur pays. Son envie de voir autre chose que les méthodes Foccartiennes, mafieuses, entre copains et coquins, sur le dos des peuples, n'a jamais été aussi lucide. Les français savent que l'ère des Trente Glorieuses (1950 à 1980) quand tout fut facile est révolue et la quête de poches de croissance ailleurs, notamment en Afrique, reste illusoire si elle ne repose pas sur un socle de coopération mutuellement consentie. Dans l'immédiat, comme les peuples africains, victimes aussi des magouilles politiciennes, pour ne pas dire pouvoiristes déconnectées de leurs réalités, les français, ainsi que l'illustre la montée en leur sein des mécontentements, ne sont-ils pas toujours assujetis à ce que l'on dénomme des taux de croissance Raj, selon le concept associé aux taux de croissance traditionnellement très bas d'une économie Indienne naguère poussive avant que l'ancien Premier ministre Manmohan Singh ne les décoince à partir de 1991 ?
Vendre, comme le fait le gouvernement français, à ses compatriotes, le rêve qu'ils trouveront en une Afrique nouvel Eldorado du développement mondial, les retombées nées d'une exploitation néocoloniale pour leur garantir un pouvoir d'achat devenu exorbitant, c'est donc les berner. A seule fin de pouvoir leur faire oublier les autres tourments qui agitent leurs nuits : le délitement, confirmé par le Brexit, du projet Européen, la prévalence du chômage durable et de masse et, davantage, le basculement de la géopolitique au détriment des vieilles nations européennes, comme la leur.
Il y a trente ans, la France avait eu l'occasion d'engager une vraie réforme de sa coopération avec le continent africain. Souvenez-vous : c'était l'époque où les pratiques mafieuses sous la coupole du parrain Jacques Foccart furent violemment dénoncées. L'Afrique se réveillait, comme le reste du monde, à la démocratie pluraliste. C'était l'année 1990, celle des vents de l'Est, de la réunification Allemande, de la dissolution en marche de l'Union soviétique. Certes, le néolibéralisme devenait la recette pour gérer les économies nationales en vertu du consensus de Washington à la mode mais les peuples, requinqués, ne semblaient plus vouloir céder aux diktats des institutions financières internationales.
La volonté souveraine reprenait le dessus. Et la tempête était si forte que partout sur le continent les revendications démocratiques aboutirent via des conférences nationales et des élections plus transparentes à d'inédites alternances par les urnes. Le feu était si vivace qu'en Juin 1990, l'alors rusé président français, François Mitterand, ne se fit pas prier pour convoquer à la Baule, dans l'Ouest de la France, un sommet éponyme où sa seule proposition de valeur fut d'ocroyer une prime aux Etats africains qui se démocratiseraient.
Dans la foulée, on avait pensé que Paris allait desserer l'étreinte de son tango décapacitante, pour débloquer les souverainetés africaines qu'elle manoeuvraient pour maintenir sous son joug.
Que nenni, le discours de gauche, suivant les pas d'un Gaullisme condescendant et ceux d'une droite réformatrice, ne fit rien pour changer la pratique d'une relation nourrie à la sève Foccartiste. Paris entendait rester ancrée au coeur du leadership et du destin des pays africains.
Trente-ans après la Baule, en Juin 1990, c'est ce lien vicié, compromettant l'idée même d'un vrai progrès, d'un développement endogène, des Etats africains, qui fait l'objet d'un légitime reflux -populaire et qui sait demain intellectuel et politique.
Bouillonnement populaire
Le drame est que l'ampleur de l'enjeu ne semble pas être comprise ni captée par ceux qui sont aux commandes des leviers officiels de la relation franco-africaine.
Le bouillonnement populaire pour forcer un autre destin que celui d'un Franc CFA-Eco humiliant, la bénédiction par Paris des reculs démocratiques, constitutionnels, de ses valets aux pouvoirs, la tentation d'un contrôle plus accru sur nos économies, notre sécurité et notre vie politique, publique, ou encore la pauvreté qu'un si long compagnonnage a produite, sont les points de fixation mendiant une autre approche.
Or, ce que la France s'évertue à faire, s'inscrivant dans la dynamique du projet colonial, tel qu'officialisé conceptuellement lors de la conférence de Berlin sous Otto Von Bismarck en 1885, puis physiquement à Fachoda au Soudan en 1898 entre Britanniques et Français, n'est plus possible. Parce qu'un réveil des peuples africains est à l'oeuvre et dans divers coins de la planète, de la Chine à l'Inde, du Brésil aux USA, de la Russie aux pays du Golfe Persique, même en Allemagne, et demain dans la Grande Bretagne mondiale, les voix se feront de plus en plus vives pour exiger la fin de cet esclavagisme économique et politique qui fait se retourner dans sa tombe Victor Schoelcher, l'architecte français, en 1848, de l'abolition de l'esclavage humain.
Ce qui est insultant, venant encore plus d'un Emmanuel Macron, l'actuel président français que l'on croyait plus ouvert, jeune, d'esprit et réceptif à la souveraineté des peuples africains, c'est son inclinaison à reproduire les anciennes méthodes en les enrobant d'un discours enjôleur, plus paternaliste que jamais. C'est sa tendance à se jouer de l'intelligence des africains qui le rend encore plus méprisable que ses prédécesseurs dont le mérite était au moins la crudité de leur volonté de faire main-basse sur l'Afrique.
Macron lui agit en panthère avançant doucement vers sa proie qu'il compte dévorer. Crument ! La forme, mise en place par des stratèges de la communication, ne lui sert que de décorum. Dans les faits, tout a changé en apparence pour demeurer sur le fond. Observons ses manœuvres : il coopte des noirs dans son cabinet, monte un Club présidentiel mixte par sa composition pour le conseiller, promet de restituer les objets d'arts africains, institue cette année, en Juin (tiens, tiens - 30 ans après la Baule !) une année Afrique en France, se rend en Côte d'Ivoire à Nöel 2019 pour prétendument souper avec les militaires français sur place mais en réalité pour planter une dague au coeur de la construction monétaire Ouest-africaine, celle sous l'égide de la Cedeao.
Cheval de Troie
Sur tous les plans, son édredon étouffe les pays africains. Il se fait le parrain d'une résolution Onusienne pour prolonger le mandat de la force multinationale en République démocratique du Congo dans le but d'avoir une mainmise sur ce pays riche en ressources naturelles. En Côte d'Ivoire, il fait cyniquement la courte échelle au président sortant, Alassane Ouattara, interdit de troisième mandat, pour en faire le cheval de Troie de ses projets, sans craindre de réveiller la guerre civile dans ce pays clé. Au passage, il y implante une académie de lutte contre le terrorisme, comme il en met une autre au Sénégal consacrée à la lutte contre la cybercriminalité, deux postes avancés de son espionnage. Régent, il a passé un marché de dupes avec tous les Africains prêts à soutenir la réussite de son plan de conquête, voire de reconquête, du continent : prêt à fermer les yeux sur les actes de malfaisance des officiels et de leurs prolongements à la condition que vous oeuvrez à la préservation du primat de la France !
Partout, à cette aune, les nouveaux réseaux de la France, moulés à la vieille école Foccartiste, sont de retour : dans ses chaînes de radio-télés ciblées sur les pays du pré-carré, dans les médias africains sous son influence, à Paris ou en Afrique, dans les gouvernements infiltrés, par ses entreprises qui raflent les marchés, via ses proconsuls modernes, comme Macky Sall, sans oublier le concours involontaire des populations démunies et réduites en spectatrices de la recolonisation en route.
En se faisant la surprenante, louche, avocate, de la fin du franc CFA, la France complète sa stratégie d'asphyxie des pays africains. Elle tente, ce faisant, de tuer dans l'oeuf le projet d'intégration monétaire Ouest-africaine, comme elle le fit en 1994 de celle régionale qu'elle avait déstabilisée en instaurant une Union monétaire ouest-africaine (Umoa), contrôlée par elle, afin de faire pièce à la Cedeao.
Une remise à plat
Plus grave, en plus d'y semer une zizanie déconsolidante, elle impose son imperium au coeur de l'agenda développemental africain, conçu au sein de l'Union africaine. Comme pour dire que rien ne se fera sans la France. Et elle lance un signal à des pays fiers de leur indépendance comme le Nigeria ou le Ghana, en prenant les devants sur la monnaie, les relations internationales africaines dans les opérations de maintien de la paix, la structuration de la lutte contre le terrorisme et l'insécurité. C'est une manière de rappeler qu'elle entend, par le bilatéral et le multilatéral, comme pendant la guerre froide, rester en charge de sa sphère d'influence africaine d'où, en plus, elle veut déployer ses ailes pour l'étendre ailleurs...
A la vérité, ce que Paris est en train de faire en Afrique insulte l'Afrique et dicte un réveil de toutes ses forces vives pour s'y opposer : ses intellectuels cesseront-ils de nous entretenir de pensées stratosphériques sans prise sur cette recolonisation froide en cours ? ses politiques se réveilleront-ils de leur coma ? ses jeunes feront-ils l'effort de mieux coordonner le combat contre un pays plus vicieux et cynique, mercantiliste, qu'on ne peut le deviner ? L'autorité de ses forces vives, religieuses et sociales, reste si imperceptible qu'on se demande si elle réalise la gravité des défis en jeu...
Sous un tel glacial éclairage, c'est dire que trente-ans après la Baule, ce n'est pas d'un festival d'arts et de musiques, avec des tonalités consensuelles autour de l'Afrique puissance du 21ème siècle, dont la relation franco-africaine a besoin.
Il est temps que ce soit le continent africain, au lieu de se faire sommer comme l'ont été les dirigeants des pays Sahéliens du G5 par un insolent Macron, qui convoque Paris à la table d'un dialogue novateur.
Berlin et Baule ont enfanté le contrôle direct et indirect de l'Afrique. Il faut maintenant un Bamako, disons une conférence africaine, pour qu'enfin les yeux dans les yeux, ruses écartées, s'ouvre le départ d'une nouvelle relation. Obama aurait dit un Reset, une remise à plat. Parce que la ruse a assez duré, et nous savons, enseignés par la littérature française, que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute.
Assez de l'arnaque dont la nouvelle monnaie de singe n'est que l'ultime manifestation caricaturale.
Sauf à vouloir n'être que le chef des nouveaux négriers, représentés par les adeptes des pacotilles bradant territoires et traditions africains pour t'aider dans ton projet colonialiste, Emmanuel Macron, entends-tu la rue africaine ? Il serait temps !
Adama Gaye est auteur de : Chine-Afrique : Le dragon et l'autruche, et Demain, la nouvelle Afrique et, à venir, Terreur au Paradis.
par Ndeye Fatou Blondin Ndiaye
L'OMNI-PRÉSIDENT PARLE
En poussant les citoyens dans leurs derniers retranchements et en essayant de bâillonner toute opinion divergente, on a l’impression que seul l’affrontement frontal stoppera le phénomène et c’est ce que veut le gouvernement
Le matin du 31 décembre, on pensait qu’il y’avait eu suffisamment de problèmes durant l'année 2019 et qu’aucun secteur n’était épargné. Nous pensions faire une pause pour se souhaiter au moins une bonne santé autour d’un repas copieux accompagnés des parents et amis. Une pause, le temps d’un discours traditionnel présidentiel que de moins en moins de citoyens, surtout ceux qui ont moins de trente ans, écoutent. Depuis 1960, les sénégalais ont cerné les pouvoirs qui se succèdent. Ils connaissent surtout leurs limites à résoudre leurs nombreuses difficultés et leur grande aptitude à présenter le pays sous un jour très différent de celui que vit le peuple dans son entièreté. Alors, ce Sénégal de rêve s’est évaporé pour laisser place à des citoyens désabusés et en perte de repères nationaux.
Mais ce soir du 31 décembre 2019 a été marqué par un nouveau coup de canif porté à notre démocratie. Nous avons vu un président sur un trône face à l’essentiel des chefs de publications des principales chaînes de télévision. Cette courte intervention a été suivie par plus de trois heures de questions/réponses diffusées sur les dites chaînes. Tout le pays ne devait voir ni entendre autre chose. On apprendra dans la soirée qu’une seule chaîne avait programmé le debfriefing du court discours avec un opposant ; elle sera sanctionnée le soir même par une semaine de privation de diffusion sous le prétexte fallacieux de non respect de la loi sur la publicité de produits dépigmentants. Ce « sale boulot » a été confié à l’expert émérite en la matière.
Ces faits sont dignes des ambiances qui prévalaient dans les républiques soviétiques. Et pourtant, ils se déroulent au Sénégal en 2020. C’est tout simplement honteux et indigne de notre pays. Après soixante ans d’indépendance, nous croyions avoir bâti une grande nation mature. Mais, en réalité, nous en étions là !
Ces actes viennent s’ajouter aux nombreuses régressions démocratiques observées dans le pays depuis 2012. En effet, les mesures liberticides font légion et on ne compte plus les décisions unilatérales sur des questions importantes qui touchent chaque citoyen. Une grande partie de l’opposition reste en retrait face à ces phénomènes ou semble préoccupée par des questions internes. Certains partis sont enfermés dans le cadre de ce qu’on appelle le dialogue national. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’esprit de gestion solitaire et de division prédomine dans les rapports au quotidien entre le pouvoir et l’opposition et surtout avec la société civile dont les membres qui manifestent pour leurs droits sont systématiquement emprisonnés.
En poussant les citoyens dans leurs derniers retranchements et en essayant de bâillonner toute opinion divergente, on a l’impression que seul l’affrontement frontal stoppera le phénomène et c’est ce que veut le gouvernement. Cette ambiance délétère est palpable partout dans la société et vient saper la foi des citoyens en leur capacité à tracer un avenir commun pour leur pays.