Dès sa prise de pouvoir le 4 août 1983, Thomas Sankara fait de la bonne gouvernance l’un des piliers de sa révolution. Avec l’autorité d’un capitaine, il impose l’exemplarité autour de lui. « Par cette intégrité que personne ne lui contestait et parce qu’il a réduit de manière significative le train de vie de l’Etat, les Burkinabés ont adhéré à sa vision, analyse Serge Bayala, membre du Balai citoyen, un mouvement populaire burkinabé issu de la société civile. En s’investissant totalement dans sa mission et en vivant simplement, Thomas Sankara a montré l’exemple. Les Burkinabés ont consenti à faire des efforts parce qu’ils savaient que leurs impôts ne finiraient pas dans la poche d’un ministre corrompu ou celle d’une multinationale étrangère. »
Thomas Sankara est né le 21 décembre 1949 à Yako, en Haute-Volta, d’un père gendarme soucieux de l’éducation de ses enfants. « Pour Thomas, le sens de l’intégrité était poussé à l’extrême, assure Valentin Sankara, frère cadet de Thomas. S’il tombait sur quelqu’un de malhonnête, il lui faisait la leçon. Il était franc avec tout le monde et détestait les injustices. » Thomas Sankara est le troisième enfant dans une fratrie de onze et il est l’aîné des garçons. Très vite, il va acquérir le sens des responsabilités.
Bon élève, le jeune Thomas se destine à entrer au séminaire comme le souhaitent ses parents, mais il décide de poursuivre ses études pour devenir médecin. Comme il n’obtient pas de bourse, il se lance finalement dans une carrière au prytanée militaire de Kadiogo, à Ouagadougou, à partir de la classe de seconde. « Par son esprit vif et son éloquence, il est devenu le leader de notre groupe d’officiers, se souvient Bernard Sanou, ancien camarade et actuel président du mémorial Thomas-Sankara. Il s’infligeait une discipline très stricte. Lorsqu’il était “élève de jour”, en charge de diriger les activités, il nous épuisait avec une cadence infernale. Il était le prototype de l’ordre, de la discipline et de la rigueur. »
La rencontre avec Blaise Compaoré
Aprèsle baccalauréat, il est choisi pour suivre une formation d’officier à l’académie militaire d’Antsirabé, à Madagascar, une école interafricaine d’officiers. La Grande Ile est alors en proie à une révolution où l’armée joue un rôle capital. Thomas Sankara se décide à rester une année supplémentaire dans la campagne malgache, où il effectue un stage au sein des unités de service civique, et séjourne longuement en brousse auprès des paysans. « Après Madagascar, il est devenu un autre personnage, plus affirmé politiquement, raconte Bernard Sanou. Un jour, il me dit : « Et si on s’intéressait à l’avenir du pays ? » Le socialisme à la russe l’inspirait, mais il disait que le développement de l’Afrique devait aussi respecter les chefferies traditionnelles. Il fallait qu’on trouve notre propre voie tout en s’enrichissant d’expériences venues d’ailleurs. »
En décembre 1974, pour une bande de terre désertique revendiquée par les deux pays, le Mali et la Haute-Volta se livrent à un conflit de quelques jours surnommé « la guerre des pauvres ». Le sous-lieutenant Thomas Sankara est envoyé au front et il réussit une percée dans le camp ennemi, ce qui le fait connaître au sein de l’armée. Il fait la rencontre de Blaise Compaoré, qui deviendra son ami, son frère d’armes. Deux ans plus tard, on lui confie la tête du Centre national d’entraînement commando de Pô, dans la région centre-sud du pays. « De jour ou de nuit, il faisait les gardes comme n’importe quel soldat. Il s’est rendu populaire en faisant creuser un puits, en organisant des spectacles de moto et en construisant une salle de cinéma », se souvient Fidèle Toé, ami d’enfance et ancien ministre de Sankara.
La prise du pouvoir
Un jour, il croise Dominique Titanga Zoungrana, un ouvrier, en train de repeindre un hangar à l’extérieur de la zone militaire. Il le félicite pour la qualité de son travail avant de lui demander s’il peut « chaparder » quelques pots de peinture pour les murs de sa caserne. « Je lui ai dit qu’il en était hors de question et que je détestais les voleurs, assure Dominique Titanga Zoungrana, qui s’entend répondre spontanément : « Tu as raison ! Moi aussi, je déteste les combines et la corruption. Après t’avoir testé, je sais maintenant que je peux te faire confiance. » Suite à cette histoire, nous sommes restés soudés jusqu’à sa mort. »
Plusieurs coups d’Etat s’enchaînent en Haute-Volta au début des années 1980. Thomas Sankara, très apprécié dans les cercles militaires, est promu secrétaire d’Etat à l’information (1981), poste dont il démissionne avec fracas en s’écriant : « Malheur à ceux qui veulent bâillonner le peuple ». Puis il devient premier ministre en janvier 1983. Le 4 août, avec son ami Blaise Compaoré mais aussi Henri Zongo et Jean-Baptiste Lingani, ils prennent le pouvoir et Thomas Sankara est nommé président du Conseil national de la révolution (CNR), faisant alors de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités.
Le camarade président, qui se nourrit de lectures théoriques marxistes-léninistes, s’attelle à réduire le train de vie de l’Etat et décide de vendre les limousines des ministres pour rouler, lui compris, en Renault 5. Il impose aussi à ses collaborateurs de déclarer leur patrimoine à une haute autorité et publiquement à la radio. « A titre personnel, je possède un salon complet et une bibliothèque qui devrait être livrée incessamment. Je possède également trois guitares sèches. Je les cite parce qu’on leur attribue beaucoup de valeur », a-t-il lui-même déclaré, mêlant sérieux et humour. Dans une maison modeste qu’il rejoint parfois le soir en vélo, il vit simplement et ses parents continuent d’habiter dans leur pavillon de Paspanga, un quartier populaire.
La naissance du « pays des hommes intègres »
Il réduit drastiquement les indemnités des fonctionnaires et les dépenses du gouvernement. En 1984, les bons d’essence ne sont plus attribués en fonction de la capacité du réservoir des véhicules mais par rapport au kilométrage afin d’éviter les reventes, et les salaires des membres de son gouvernement correspondent à ceux de leur profession. En tant que capitaine, le président perçoit donc une solde mensuelle de 138 736 francs CFA (quelque 212 euros). Au chapitre des économies, il n’autorise la climatisation dans les administrations et les ministères qu’en avril, le mois le plus chaud de l’année. De 1983 à 1985, les dépenses de fonctionnement de l’Etat baissent de 18 %. « Il disait qu’il fallait se serrer la ceinture pour que nos enfants et nos petits-enfants n’aient pas à le faire », assure Dominique Titanga Zoungrana.
Des écoles, des barrages, des dispensaires, des espaces de reboisement peuvent être construits sur le budget de l’Etat de ce pays considéré comme l’un des plus pauvres du monde. « La révolution va doter toutes les provinces d’au moins une ambulance grâce à l’effort populaire d’investissement », se souvient Blandine Sankara, une sœur de Thomas. Lui-même se veut irréprochable. « Au cours d’une rencontre à huis clos avec Félix Houphouët-Boigny, le président ivoirien propose d’offrir une mallette de billets à Sankara, raconte Bruno Jaffré, auteur de la Biographie de Thomas Sankara (éd. L’Harmattan, 2007). Le président burkinabé ouvre alors la porte du bureau et dévoile la valise à ses collaborateurs pour montrer la tentative de corruption. Ces derniers lui reprocheront de ne pas avoir pris cet argent pour acheter du matériel de santé. » Le 4 août 1984, il renomme son pays Burkina Faso, ce qui, en associant les langues moré et dioula, signifie « pays des hommes intègres ».
Au quotidien, Thomas Sankara ne s’accorde aucun passe-droit. Quand un médecin propose à son père, tombé malade, une évacuation vers la France à laquelle il a droit en tant qu’ancien combattant de la seconde guerre mondiale, il s’y oppose par peur qu’on lui reproche de favoriser sa famille. L’homme vit comme un ascète, travaille beaucoup, dort peu, et ne mange souvent que de la bouillie accompagnée d’un Youko, un soda, qu’il coupe avec de l’eau. « Il ne buvait pas d’alcool, se souvient Fidèle Toé, ancien ministre du travail sous la révolution. Vers l’âge de 15 ans, il avait pris une cuite à la bière et ça lui avait servi de leçon. »
« Le sentiment d’être incompris »
Mais tout le monde n’est pas prêt aux mêmes sacrifices car « il demande beaucoup à ses collaborateurs et à ses ministres, écrit Bruno Jaffré dans sa biographie. Certains lui en ont tenu rigueur. D’autant qu’il lui arrive aussi d’être injuste et de leur faire du mal. » En réunion, il est parfois cassant. « Il m’a fait une remontrance en public parce qu’au mariage d’un ami, j’avais bu quelques verres de trop et n’étais pas venu travailler les jours suivants », raconte Alouna Traoré, un de ses anciens collaborateurs.
Dans sa volonté de réforme, le président va trop vite et commet des erreurs, comme le remplacement d’enseignants par des révolutionnaires totalement inexpérimentés. Des opposants à la révolution sont réprimés par les Comités de défense de la révolution (CDR) qui se comportent parfois en milice et une répression s’abat sur les syndicats. « Thomas Sankara était déçu et, pour le quatrième anniversaire de la révolution, son bilan était critique, se souvient Bernard Sanou. Il s’est rendu compte que des gens l’avaient suivi par effet de mode mais sans réelle conviction. Certains se disaient fatigués par cette révolution à laquelle ils ne comprenaient plus rien. Thomas est parti avec le sentiment d’être incompris. » Le 4 août 1987, Thomas Sankara fait une pause dans le processus. S’il bénéficie encore d’un large soutien, notamment chez les jeunes, une partie de l’armée, attisée par Blaise Compaoré, numéro deux du CNR, lui devient hostile.
Les dissensions avec Compaoré, qui succède à Thomas Sankara pendant vingt-sept années à la tête du Burkina Faso et qui est considéré comme le principal suspect dans son assassinat, ne vont cesser de croître au cours de l’année 1987. « Je lui ai proposé de faire arrêter Blaise, mais Thomas ne voulait pas qu’on touche à un cheveu de son ami, dit Boukary Kaboré, commandant du Bataillon d’intervention aéroporté de Koudougou. Cette amitié était sacrée. » « Même dans sa mort, Thomas est resté honnête et fidèle, assure Valentin Sankara. Plus de trente ans après, on le cite encore en exemple pour son courage et son intégrité. »
"HISSÈNE HABRÉ EST UN DÉTENU DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE"
Dans une lettre aux autorités sénégalaises, le Comité de l'ONU contre la torture s'oppose à une éventuelle libération de l'ancien président du Tchad, condamné en 2016 à la prison à perpétuité pour torture, crimes contre l'humanité et crimes de guerre
C'est une information RFI. Dans une lettre aux autorités sénégalaises, le Comité de l'ONU contre la torture s'oppose à une éventuelle libération de Hissène Habré, l'ancien président du Tchad, qui a été condamné en 2016 à la prison à perpétuité pour torture, crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Explications de Reed Brody, de Human Rights Watch.
RFI : Pourquoi le Comité des Nations unies contre la torture s’oppose-t-il à l’éventuelle libération de Hissène Habré ?
Reed Brody : En fait, parce qu’une libération d’un meurtrier de masse, un tortionnaire, moins de quatre ans après sa condamnation, ne serait pas conforme aux obligations du Sénégal. Cela veut dire que la convention contre la torture oblige les pays à réprimer des actes de torture au moyen des peines qui prennent en compte la gravité de ces actes. Donc, quelqu’un qui est condamné pour huit ans de torture ne peut pas être gracié moins de quatre ans après sa condamnation. En fait, il y a deux questions juridiques dedans. D’abord, Hissène Habré, comme l’a reconnu le ministre de la Justice sénégalais Malick Sall, n’est pas un prisonnier du Sénégal. Il est un prisonnier de la communauté internationale. Le statut des Chambres africaines extraordinaires dit noir sur blanc que le Sénégal est « lié par la durée de la peine ».
C’est-à-dire que le Sénégal est en quelque sorte le pays hôte du condamné Hissène Habré comme la Grande-Bretagne est le pays hôte du condamné Charles Taylor ?
Et le deuxième point, c’est que, même à supposer qu’il y a une procédure de grâce, il faut que la gravité des crimes soit dans la balance.
Est-ce à dire que le crime de torture n’est pas un crime comme les autres ?
C’est exact. Et surtout quand on parle d’une torture systématique pendant huit ans, y compris l’esclavage sexuel et des viols.
Dès la première condamnation de Hissène Habré à la peine de prison à perpétuité, c’était le 30 mai 2016, le ministre sénégalais de la Justice de l’époque, Sidiki Kaba, avait dit : « une grâce est possible, car l’exécution de la peine appartient à l’État du Sénégal ». Comment réagissez-vous à cela ?
Je pense que l’actuel ministre de la Justice, Malick Sall, a une position beaucoup plus correcte sur cette affaire. Je pense que Hissène Habré, comme a dit le ministre au mois de novembre, « n’est pas un détenu du Sénégal, mais un détenu de la communauté internationale ». Et c’est cette déclaration d’ailleurs qui a beaucoup rassuré les victimes, car cette campagne pour la libération de Hissène Habré a semé le désarroi des victimes qui souffrent toujours des séquelles et qui attendent aussi toujours leur indemnisation.
Mais tout de même, cet avis du Comité des Nations unies contre la torture, est-ce que ce n’est pas une atteinte à la souveraineté du Sénégal ?
Non, parce que le Sénégal a ratifié la convention [contre la torture]. Nous espérons d’ailleurs que la lettre du comité de l’ONU donnera au gouvernement sénégalais un moyen pour résister à la pression des soutiens et des avocats de Hissène Habré.
Au-delà de l’épouse de Hissène Habré, quels sont les mouvements politiques ou autres qui font pression en faveur de la libération de Hissène Habré ?
Il y a certaines ONG qui ont toujours pris parti en faveur de Hissène Habré. Il y a des institutions religieuses qui ont fait pression pour la libération de Hissène Habré. C’est ce qui est public. En privé, nous ne savons pas quelles sont les différentes pressions exercées sur le gouvernement.
Quand vous parlez d’« institutions religieuses », faites-vous allusion à des confréries qui sont bien installées au Sénégal ?
Les confréries n’ont pas pris position. Mais il y a des organisations islamiques qui ont demandé la libération de Hissène Habré.
Donc, il y a une vraie campagne en faveur de la libération de Hissène Habré ?
Tout à fait. Madame Habré a multiplié les déclarations. On l’a vue plusieurs fois à la Une des journaux écrits et télévisés sénégalais. Donc, on imagine que derrière, il y a aussi beaucoup de pressions qui s’exercent sur le gouvernement sénégalais.
Et pour vous, il y a d’abord les victimes ?
Évidemment, il ne faut pas oublier qu’il y a des milliers de victimes de torture, des milliers de veuves et d’orphelins qui subissent toujours le traumatisme et les conséquences des crimes de Hissène Habré. Et Hissène Habré a été condamné non seulement à sa peine de prison, mais il a été condamné à payer environ 125 millions d’euros en réparation à ces victimes. Hissène Habré n’a pas donné encore un centime. Donc, avant que Hissène Habré puisse demander la clémence, les victimes disent qu’il doit arrêter de cacher son argent…
Mais Hissène Habré dit qu’il n’a plus d’argent…
Hissène Habré a été accusé par la Commission d’enquête tchadienne d’avoir vidé les caisses du Trésor public avant de s’enfuir au Sénégal. L’ancien Premier ministre du Sénégal, [le banquier] Abdoul Mbaye, a reconnu avoir reçu et même blanchi cet argent. Donc, les victimes demandent où est cet argent et pourquoi Hissène Habré continue à le cacher.
par Siré Sy
ENTRE MEDIA PRIVÉS ET POUVOIR POLITIQUE, PAIX IMPOSSIBLE, GUERRE IMPROBABLE !
Il y a entre la presse privée et le(s) pouvoir(s) politique(s) au Sénégal, de Senghor à Macky, la même nature de conflictualité diffuse qui a toujours opposé les Hommes de Gauche et les Hommes de Droite
Il y a entre la presse privée et le(s) pouvoir(s) politique(s) au Sénégal, de Senghor à Macky Sall, par parallélisme des formes et par réalité historique, la même nature de conflictualité diffuse qui a toujours opposé les Hommes de Gauche et les Hommes de Droite.
Pour les Hommes de Gauche, pour la plupart du temps, les régimes totalitaires ne peuvent qu’être que ‘’bons et nécessaires’’, dès lors qu’ils (ces régimes) promettent l’égalité et le ‘’paradis’’ sur terre et que dès lors, on pourrait leur pardonner quelques dérapages car, pour faire des omelettes, il faut bien casser des oeufs non - Jean Paul Sartre - Parce que ‘’L’Existentialisme est un humanisme’’. Oubliant peut-être que le Communisme peut être humaniste et idéaliste dans son principe et diabolique dans sa mise en oeuvre.
Pour les Hommes de Droite, pour la plupart du temps, les régimes démocratiques ne peuvent qu’être que ‘’bons et indispensables’’, dès lors qu’ils (ces régimes) promettent la liberté et la prospérité pour les individus-donc pour les Nations et les Etats. Oubliant peut-être que le Libéralisme peut être dangereux et inégalitaire dans son principe et angélique dans sa mise en œuvre - Raymond Aron - L’Opium des intellectuels.
La presse privée sénégalaise (année 80 et 90) est héritière de la lutte des classes, du combat idéologique de la guerre froide et des revendications sociales et politiques de Mai 68. Les précurseurs et les pionniers de la presse privée sénégalaise, pour la plupart, ont été tété à la sève nourricière des lignes éditoriales des publications très à gauche comme ‘’Le Combat’’, ‘’Temps Modernes’’, ‘’Pravda’’.
Ce qui explique que depuis Senghor jusqu’à Macky, perdure une sorte de ‘’défiance’’ et de ‘’méfiance’’, entre les tenants du pouvoir politique et les média privés sénégalais. A tort ou à raison. Quand le politique est dans a fonction qui est le Réel, la presse (privée) est dans son métier qui est la morale. Le réel et la morale, semble être donc la ligne Maginot, l’Equateur cette ligne imaginaire, qui (devrait nécessairement) séparé pouvoir politique et presse privé. Et il semble que pouvoir politique et presse privée au Sénégal, serait dans une sorte d’incompatibilité d’humeur. A telle enseigne que quand une presse privée fait un papier favorable au régime ; elle est suspectée d’être aux ordres, d’une part et d’autre part, quand la presse privée fait un papier défavorable au régime, elle serait cataloguée anti-régime.
Entre les média privés et pouvoir politique au Sénégal, c’est comme qui dirait ‘’paix impossible, guerre improbable’’. Aucune doctrine, aucun régime, aucun pouvoir, n’est en soi ni diabolique, ni angélique. Avec l’actuelle génération, lieutenant de la presse privée sénégalaise, ce qui se dessine depuis un certain nombre d’années, c’est que les lignes commencent à bouger sous le label ‘’Engagement, oui ! Enrôlement, non !’’. Entre pouvoir politique et presse privé sénégalaise.
Siré Sy est président du Think Tank Africa WorldWide Group
par Medoune Seck
LA RÉFORME DU FCFA, UNE VICTOIRE D’ÉTAPE !
Il est sage d’accepter cette parité fixe et le statut de prêteur de dernier ressort de la France. La situation actuelle est du « gagnant-gagnant » sur le court terme. Sur le moyen terme, il faudra couper le cordon ombilical qui nous lie à la France
La réforme du franc CFA est une victoire importante dans la lutte des pays africains pour concrétiser leur souveraineté monétaire. Il faut saluer le travail des économistes et chercheurs africains qui ont dénoncé cette monnaie de la servitude. Oui, la suppression du compte des opérations, le retour des réserves dans leur totalité ainsi que le retrait des représentants de la France au conseil d’administration de la BCEAO constituent des avancées significatives qui sonnent la fin d’une flagrante ingérence monétaire. Je dis donc qu’il ne faut pas cracher sur cette réforme. C’est un grand pas vers la souveraineté et elle sonne le glas du banditisme économique de la France.
Cependant, le combat continue pour que l’Eco (en tant que monnaie unique de la CDEAO) puisse profiter d’abord aux africains. Je n’ai aucun doute que le Nigeria et le Ghana feront le nécessaire pour empêcher le ‘hijacking’ de cette monnaie par la France et ses subalternes en Afrique francophone.
Certes, La France conserve son statut de prêteur de dernier ressort que lui confère son rôle de garant de la convertibilité de l’ECO, mais cela ne diminue en rien l’importance des concessions obtenues. Toutefois, nous pouvons nous poser la question de savoir pourquoi la France a intérêt à se porter garant de la convertibilité de l’Eco ? Est-ce par pur altruisme ? Ou comme disait le General De Gaulle : « les États n’ont pas d’amis mais ils n’ont que des intérêts ».
Il advient ici de faire une analyse historique de la présence française en Afrique. En tant que pays colonisateur, la France voulait s’approprier de nos richesses. Cette logique d’expropriation avait conduit à la création du franc CFA, entre autres stratagèmes. Le rôle assigné à nos économies était et reste celui de fournisseur de matière première et de consommateurs de certains produits manufacturés en métropole. C’est ainsi que la France a pu développer son tissu industriel en important des matières premières à bas coûts et en trouvant des débouchés pour ses produits manufacturiers au-delà des frontières de l’Hexagone.
Ainsi, notre intégration dans le système capitaliste international ne permettait pas le développement économique de nos pays. Il est important de revisiter les travaux de Samir Amin sur le sous-développement. Il avait identifié les différences cruciales dans la dynamique d’accumulation au centre (entendons la France dans ce cas) et à la périphérie (les colonies) : différences qui favorisent le développement dans les métropoles et l’inhibent en Afrique.
Aujourd’hui, presque rien a changé, la France est le partenaire commerciale numéro 1 de tous les pays de la zone CFA et détient une balance commerciale excédentaire avec chacun de nos pays. D’après les chiffres du trésor français, en 2018 : « la France affichait un excédent commercial global avec la zone en progression (1,2 Md EUR, +15,8% en g.a.). Au total, les pays de la zone ont absorbé 35% des exportations françaises destinées à l’Afrique subsaharienne, avec un taux de couverture des importations françaises par les exportations à 304 % ». Ceci représente des dizaines de milliers d’emplois en France. D’où la bénévolence de la France tout au moins sur le court terme à garantir la convertibilité de l’ECO. Alors vue l’implantation des entreprises françaises dans la zone CFA, la France a tout à gagner en faisant tout son possible pour garder une monnaie forte et stable en Afrique.
Il faut également reconnaitre que nos économies actuelles sont tellement dépendantes de ces entreprises françaises, qu’une rupture brusque les déstabilisera de manière significative. Donc, il est sage d’accepter cette parité fixe et le statut de prêteur de dernier ressort de la France. La situation actuelle est du « gagnant-gagnant » sur le court terme. Sur le moyen terme, il faudra couper le cordon ombilical qui nous lie à la France.
C’est un débat plus profond, plus technique qu’il faudra engager, sans émotion, pour le bien de nos populations. Après plus de 60 ans de « coopération » et de stabilité monétaire, nous sommes toujours dans une pauvreté endémique. Aucune croissance économique significative et soutenue n’a pu être enregistrée dans les pays de la zone avec notre régime de change actuelle (parité-fixe). Ainsi, il nous faut engager une discussion sereine pour revoir le régime de change à adopter dans la zone ECO.
Évidemment, il serait très réducteur de désigner cette coopération monétaire comme la seule responsable du sous-développement de nos pays, mais elle doit être inévitablement mise au ban des accusés. Cette monnaie, telle qu’elle fut conçue, n’avait pas pour mission de favoriser le développement du continent, et les réformes successives de -1973, 1994 et 1999- n’ont jamais adressé ce problème fondamental qui est une mal formation congénitale de la relation France-Afrique.
Aujourd’hui, les étoiles sont toutes bien alignées pour que nous autres africains avec des alliés improbables tels que les nationalistes en occident puissent défaire la mainmise de la France sur nos économies. Qui aurait pu penser que la droite italienne serait à nos côtés pour dénoncer les agissements de la France en Afrique ? Saisissons ce moment inédit pour gagner notre combat contre le projet d’expropriation mise en place par la France avec la complicité d’une oligarchie locale africaine.
En sommes, ne vous y trompez pas, nous devons nous réjouir de notre victoire. Nous avons réussi à forcer la France à faire un ‘soft- exit’ et c’est tant mieux. Préparons-nous pour les prochaines victoires d’étapes.
Medoune M. Seck est Diplômé de sciences économiques : option Monnaie et finance, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, Master of Arts Economics, George Mason UniversitéVirginie, Etats-Unis
Professeur d’économie : John Abbott Collège
Montréal, Canada.
THOMAS SANKARA, L'IMMORTEL !
Le capitaine burkinabè est devenu la référence de la jeunesse africaine. Trente-deux ans après sa mort, ses idées sont plus vivantes que jamais
Le Monde Afrique |
Pierre Lepidi |
Publication 01/01/2020
Que serait devenu Thomas Sankara ? Comment aurait vieilli le capitaine panafricain qui mena la révolution au Burkina Faso de 1983 à 1987 ? Le leader charismatique n’est plus là, mais il a légué un héritage qui ne s’évalue ni en réserves d’or ni en palais somptueux. Ce qu’il a laissé à ses héritiers, d’Afrique ou d’ailleurs, c’est l’image d’un président panafricain et tiers-mondiste, un homme intègre et pragmatique qui a dessiné un projet de société et l’a mené, même si ce fut à marche forcée et au prix de certaines libertés.
Thomas Sankara a prouvé que venir d’un des pays les plus pauvres au monde n’empêchait ni d’être ambitieux ni d’être digne. Les Burkinabés en conservent une fierté. De Ouagadougou à Bobo Dioulasso, le sourire du capitaine se retrouve aujourd’hui sur des tee-shirts, des autocollants, des pagnes. Dans les esprits, Sankara reste vivant. Il a survécu à la « rectification », cette campagne initiée par Blaise Compaoré qui lui a succédé et dont le but était d’effacer toute trace de lui.
« Nous voulions le venger »
« Tuez Sankara, des milliers de Sankara naîtront ! », avait prédit le leader révolutionnaire. « Thom’ Sank’», comme on le surnomme, est revenu sur le devant de la scène à la faveur de l’insurrection de 2014 au Burkina Faso. Celle-ci est née d’un mouvement populaire destiné à rejeter la révision constitutionnelle qui aurait permis à Blaise Compaoré de se présenter pour un cinquième mandat après vingt-sept ans de règne. Les manifestants étaient alors animés par une forte volonté de dégagisme politique mais pas seulement. « L’esprit de Thomas Sankara était là, au milieu des cortèges, se souvient Eric Kinda, porte-parole du Balai citoyen, un mouvement issu de la société civile qui a joué un rôle décisif en 2014. Son nom revenait sans cesse dans nos débats et nos discussions. Il nous guidait, nous motivait. Si cette insurrection a abouti, c’est aussi parce que nous voulions le venger. »
Blaise Compaoré, exilé en Côte d’Ivoire où il a acquis la nationalité ivoirienne, est le principal suspect dans l’assassinat de son ancien frère d’armes. Depuis sa chute, une enquête a été ouverte et vingt-trois personnes ont été inculpées, dont le général Gilbert Diendéré, homme de confiance de l’ex-président Compaoré. Il est poursuivi pour « atteinte à la sûreté de l’Etat, séquestration, terrorisme et crime contre l’humanité ». Deux mandats d’arrêt internationaux ont par ailleurs été émis à l’encontre de Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando, pour « meurtre » et « complicité d’attentat ». Ce dernier est accusé d’être le chef du commando de six militaires qui a tué Sankara et douze de ses collaborateurs, le 15 octobre 1987 au Conseil de l’entente de Ouagadougou. Un procès doit se tenir en 2020, le Burkina Faso veut savoir.
Si Thomas Sankara reste présent dans les esprits, c’est aussi parce que la situation sécuritaire de son pays s’est gravement détériorée. Depuis début 2015, les attaques attribuées à l’organisation Etat islamique au grand Sahara (EIGS), Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), Ansaroul Islam et les conflits intercommunautaires ont fait quasiment 700 morts et 500 000 déplacés. Les Burkinabés regrettent l’époque où leur pays était sous la protection de ses Comités de défense de la révolution (CDR), chargés d’exercer le pouvoir au nom du peuple, même s’ils ontentraîné parfois des dérives et un climat oppressant au cours de l’année 1987.
Les idées sankaristes ont dépassé les frontières de l’ancienne Haute-Volta, rebaptisée par Sankara Burkina Faso, littéralement « pays des hommes intègres » en moré et en dioula, les deux principaux idiomes du pays. Figure de l’anti-impérialisme et farouche défenseur de la libération des peuples, Thomas Sankara est cité comme le président de référence de la jeunesse africaine, chanté sur des airs de reggae par les Ivoiriens Alpha Blondy et Tiken Jah Fakoly, cité dans les raps du Burkinabé Smockey ou du Sénégalais Didier Awadi, qui a même lancé un appel pour que l’idéologie sankariste soit enseignée dans toutes les écoles du continent. En France, il a aussi ses fans comme le rappeur Nekfeu qui, dans son titre Vinyle, promet : « J’peux devenir un homme en or comme Sankara. » Enfin, à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), c’est une fresque de 33 mètres qui lui rend hommage sur le mur d’un immeuble de la cité Pierre-et-Marie-Curie.
« Oser lutter, savoir vaincre »
Le capitaine burkinabé est perçu comme le « Che Guevara africain », celui qui s’est dressé contre les injustices, celles des puissances occidentales et de leurs multinationales. A l’heure où un sentiment antifrançais se propage dans le Sahel, jusqu’à demander le retrait des militaires français de l’opération « Barkhane », ses discours anticolonialistes refont surface : « Un peuple conscient ne saurait confier la défense de sa patrie à un groupe d’hommes quelles que soient leurs compétences. Les peuples conscients assument eux-mêmes la défense de leur patrie. »
Et ailleurs ? Dans un monde où du Chili au Liban et de la France à l’Irak, les citoyens dénoncent, souvent violemment, les collusions entre les élites économiques et politiques, on retient de Thomas Sankara l’image d’un président obsédé par la bonne gouvernance et l’exemplarité de son gouvernement. Celui qui préférait « faire un pas avec le peuple que 1 000 pas sans le peuple » a réduit drastiquement le train de vie de l’Etat pour construire des hôpitaux, des écoles, des puits, lancer des campagnes de vaccination… Aujourd’hui, son portrait apparaît régulièrement au cœur des manifestations. A Bordeaux comme à Dakar ou à Bamako, le capitaine surgit parfois avec son béret rouge orné d’une étoile. Ses slogans ont traversé les luttes : « Quand le peuple se met debout, l’impérialisme tremble », « Oser lutter, savoir vaincre », « Seule la lutte libère », « Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple »…
Abattu à 37 ans par des rafales de kalachnikov, « Thomas Sankara est devenu une icône, un mythe, assure Francis Simonis, maître de conférences « Histoire de l’Afrique » à l’université d’Aix-Marseille. Sa mort violente donne de lui une image quasiment christique qui a fait oublier certains aspects plus sombres de sa révolution. » Alors qu’il aurait eu 70 ans, Le Monde Afrique s’est intéressé à son côté visionnaire, lui le protecteur de l’environnement, le défenseur de l’émancipation des femmes, le promoteur de projets de développement… « On peut tuer un homme mais pas ses idées », disait Sankara. Trente-deux ans après sa mort, elles semblent plus vivantes que jamais.
1960, L'ANNÉE MAGIQUE DES SOLEILS DES INDÉPENDANCES
Entre le 1er janvier et le 31 décembre 1960, 17 pays dont 14 sous administration française acquirent leur indépendance. Retour sur les circonstances de ces émancipations groupées que les populations africaines appelaient de tous leurs vœux
Il y a soixante ans, la plupart des ex-colonies françaises d’Afrique subsahariennes accédaient à la souveraineté. Entre le 1er janvier et le 31 décembre 1960, 17 pays dont 14 sous administration française acquirent leur indépendance. Retour sur les conditions et les circonstances de ces émancipations groupées que les populations africaines appelaient de tous leurs vœux.
Dominées, esclavagisées, colonisées pendant près de trois cents ans par l’Europe, les populations africaines ont pris leur destin en main au XXe siècle, avec les 55 pays que compte le continent accédant à l’indépendance politique au fil des années. Or, si les indépendances africaines s’échelonnent sur sept décennies, dans l’inconscient collectif c’est l’année 1960, au cours de laquelle on a vu 17 pays d’Afrique subsaharienne se libérer, qui symbolise le tournant de la sortie du continent de la tutelle européenne. Au point que, dans la mythologie historiographique africaine, 1960 est désignée comme l’« année magique », l’« année du chiffre des choses », selon l’expression du poète et l’homme politique Léopold Sédar Senghor.
Sur les 17 pays africains qui sont devenus indépendants en 1960, 14 étaient issus de l’ancien empire colonial français : Cameroun, Togo, Madagascar, Bénin, Niger, Haute-Volta (Burkina Faso), Côte d’Ivoire, Tchad, Centrafrique, Congo, Gabon, Sénégal, Mali et Mauritanie. Les trois autres pays qui accèdent à l’indépendance au cours de cette même année sont : le Nigeria, la Somalie et la RD Congo, respectivement ex-colonies britannique, italienne et belge. La contagion émancipatrice de 1960 ne manquera pas de s’étendre à l’ensemble du continent au fil des années qui suivent, faisant exploser les derniers bastions du colonialisme et de domination européenne avant le tournant du millénaire. Le Zimbabwe en 1980 et la Namibie en 1990 furent les tous derniers pays africains à s’émanciper de la domination européenne.
Cet enchaînement des événements fait dire aux historiens qu’il y a désormais un avant et après 1960. En effet, quand débute l’année 1960, l’Afrique sub-saharienne était encore pour l’essentiel composée de colonies et de protectorats administrés par les grandes puissances européennes. La vague d’indépendances qui a déferlé sur le continent au cours de cette « année-charnière » a changé l’équilibre géopolitique du continent et par ricochet celui des Nations unies où l’arrivée en masse des nouveaux États indépendants d’Afrique fit entrer l’organisation multilatérale résolument dans l’ère post-coloniale.
Un nouveau rapport de force dans le monde
Hormis le Liberia, fondé au XIXe siècle par les esclaves américains rapatriés en Afrique et libre depuis 1847, et l’Éthiopie qui n’a jamais été colonisée sauf la parenthèse de l’occupation italienne entre 1935 et 1941, la marche vers l’indépendance du continent africain a commencé en 1922 avec l’Égypte. Elle s’est accélérée dans les années 1950 avec l’émancipation de la Libye en 1951, du Soudan, du Maroc et de la Tunisie en 1956 et du Gold Coast, sous le nom africanisé de Ghana en 1957. C’est ce dernier qui a ouvert le bal des indépendances dans l’Afrique sub-saharienne. Au grand dam d’ailleurs du gouvernement français de l’époque.
Les chroniqueurs rapportent qu’à Accra, lors de la cérémonie de la passation de pouvoirs entre l’ancienne puissance coloniale et le nouvel État indépendant, la France était représentée par son Garde des Sceaux, un certain François Mitterrand. Ce dernier « ne pouvait supporter le fait que le Ghana proclame son indépendance » et « incriminait la Grande-Bretagne qui l’aurait favorisé uniquement pour susciter des problèmes dans l’empire de son rival français », écrit Catherine Coquery-Vidrovitch dans sa préface à un ouvrage consacré au cinquantenaire des indépendances (1).
Or pour les historiens, l’accélération de la décolonisation à laquelle on assiste en Afrique dans les années 1950-1960 s’explique moins par un sentiment de rivalité quelconque entre puissances coloniales que par la montée d’une nouvelle classe politique africaine depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, une élite particulièrement sensible aux mutations en cours de l’environnement international. Cette nouvelle élite politique était composée, de plus en plus, d’intellectuels et de militants, formés pour ce que concerne les colonies françaises, par le syndicalisme ou par les universités parisiennes. Attentifs à l’évolution générale du monde, ceux-ci comprenaient que les événements tels que l’indépendance de l’Inde en 1947, la victoire de Mao Tsé-Toung en Chine, la défaite subie par l’armée française à Dien-Bien Phu en Indochine, ou encore le succès moral de l’Égypte à Suez avaient instauré un nouveau rapport de force entre colonisateurs et colonisés, dominateurs et dominés.
Rien n’illustre mieux ce nouveau rapport de force que la tenue en 1955 de la Conférence afro-asiatique de Bandoeng (Indonésie), du 18 au 25 avril, sous l’égide de l’Indien Nehru, l’Indonésien Sukarno et l’Égyptien Nasser. Cette rencontre inédite des anciens colonisés réunissait des délégations venues de 29 pays d’Afrique, d’Asie et du Proche-Orient. L’Afrique avait envoyé six délégations à Bandoeng, alors que l’Asie, très largement engagée sur la voie de la décolonisation, fournissait le plus gros des participants. Ces délégations avaient toutes en commun d’appartenir au monde anciennement dominé par les Empires européens, qui faisaient ainsi irruption sur le devant de la scène et accédaient à la visibilité. C’était le baptême du feu de ce que le démographe français Alfred Sauvy a désigné sous le terme du « tiers monde ». Pour Senghor, envoyé officiel français et futur président du Sénégal, cette conférence était comme « un coup de tonnerre ». Un coup de tonnerre qui n’allait pas tarder à retentir dans les cieux de l’Afrique.
De Gaulle et la décolonisation française
À l’origine de ces nouveaux rapports de force entre les métropoles et les anciens pays colonisés, la Seconde Guerre mondiale. Celle-ci fut sur le continent africain également le point de départ de la décolonisation. L’accession à l’indépendance de 17 pays d’Afrique sub-saharienne au cours de l’année 1960 était en partie, rappellent les historiens, le résultat du processus entamé une quinzaine d’années plus tôt dans le tumulte de la guerre, avec l’entrée en scène des tirailleurs sénégalais et autres goumiers marocains.
La contribution en hommes demandée aux colonies par leurs puissances tutélaires, arguant qu’il s’agissait de lutter contre le racisme, avait subtilement changé la donne dans les rapports colonisés/colonisateurs. Elle avait accéléré la prise de conscience par les Africains, partis faire la guerre en Europe, des injustices dont ils étaient victimes chez eux. Une prise de conscience à laquelle avait donné voix à l’époque un député noir à l’Assemblée nationale française en des termes mémorables : « En vous aidant à vous dégager des bottes hitlériennes, nous avons mordu au pain de la liberté et ne croyez surtout pas que vous pourrez nous en ôter le goût. »
Du côté des dirigeants français, personne n’avait mieux compris les enjeux de l’appel fait aux colonisés pour venir en aide à la mère-patrie que le général de Gaulle. Comme l’a écrit le journaliste Claude Wauthier, « l’homme du 18 juin » n’oubliera jamais que sans le ralliement des territoires de l’Afrique équatoriale française (AEF) à la cause de la France libre dès les premiers jours de l’été 1940, il « n’aurait sans doute pas pu jouer pleinement le rôle historique qui fut le sien ».
Brazzaville était devenue la capitale de la France libre. Conscient du rôle que les forces de l’empire colonial avaient joué dans la libération nationale, de Gaulle prit l’initiative d’organiser dès 1944 la conférence de Brazzaville, une rencontre fondatrice où il laissait entendre qu’il était temps pour la France, de s’engager « sur la route des temps nouveaux ». Cette rencontre où les représentants de l’Afrique n’avaient toujours pas voix au chapitre et où il n’était pas encore question d’indépendance, est considérée comme un tournant dans la politique coloniale de la France en Afrique car les débats qu’elle accueillit jetèrent les fondements des réformes que Paris s’apprêtait à engager pour consolider les liens entre la métropole française et ses possessions africaines.
De l’Union française à la Communauté
Deux ans plus tard, l’empire colonial français fut remplacé par une Union française, approuvée par un référendum le 27 octobre 1946. La nouvelle entité gomma les aspects les plus humiliantes de la colonisation tels que le code de l’indigénat, désigné aussi sous le nom de « travail forcé » et fit voter des lois transformant les « sujets » de l’Empire en citoyens à part entière.
La Constitution prévoyait également une représentation pour les Africains dans les institutions, notamment dans les deux chambres du Parlement. Mais le nombre des élus africains restait trop limité, sans commune mesure avec l’importance de la population noire. Les pères fondateurs de la IVe République avaient craint, semble-t-il, comme l’ont écrit les chroniqueurs de l’époque cités par Claude Wauthier (2) que si une totale égalité de représentation était admise, le Code civil ne soit voté « par une majorité de polygames » et le Code pénal « par des fils des anthropophages » !
Il va falloir attendre le retour aux affaires du général de Gaulle en 1958 pour que les Africains se voient proposer dans le cadre de la Constitution de la Ve République, une Communauté franco-africaine, qui proposait une alliance plus ambitieuse d’États autonomes, avec la possibilité de transfert de compétences communes entre la métropole et les pays membres ainsi que le maintien dans la Communauté des États indépendants.
Le projet fut voté en 1958 par 11 des 12 anciennes colonies africaines de la France sauf la Guinée de Sékou Touré. Or la Communauté n’aura qu’une existence éphémère suite à la proclamation de leur indépendance par la plupart des États membres africains au cours de l’année 1960, vidant ainsi l’entité de sa substance.
Selon nombre d’observateurs avisés, ce sont les guerres coloniales successives menées par la France en Indochine, en Algérie, mais aussi au Cameroun où l’armée française était engagée depuis 1956 à réprimer une agitation d’inspiration populaire et marxiste, qui ont eu raison du rêve métropolitain d’une fédération franco-africaine. Pour l’historien africain Joseph Ki-Zerbo, c’est « l’ambiguïté de desseins » qui a marqué toute la politique coloniale française à cause de « la double exigence du moment, qui consistait à maintenir le pouvoir colonial tout en ménageant des ouvertures vers le progrès », qui est la principale cause de la faillite de la Communauté gaullienne.
Toujours est-il que c’est l’éclatement de la Communauté franco-africaine qui a ouvert la voie à l’indépendance des anciennes colonies françaises survenue pour l’essentiel au cours de cette année fatidique de 1960. Cette évolution fut à la fois le résultat de négociations intenses entre la France et ses anciennes colonies et de pressions internationales favorables à la décolonisation qui poussaient Paris comme Londres à réformer leurs empires depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Enfin, les recherches historiographiques récentes ont montré que la conquête de l’indépendance fut aussi un combat mené par les mouvements politiques, associatifs, socio-professionnels locaux et les leaders autochtones, écartelés entre des tendances modérées et radicales qui ont toujours coexisté. La guerre que se livraient les militants radicaux tels que Maghemout Diop (Sénégal), Djibo Bakary (Niger), Ruben Um Nyobé (Cameroun) et le camp modéré incarné par les Léopold Sedar Senghor (Sénégal), Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire), les Modibo Keita (Mali), les Ahmadou Ahidjo (Cameroun) ou encore les Philibert Tsiranana (Madagascar), témoignent de l’ampleur des luttes politiques dans les colonies françaises.
« La France n’aurait certainement pas reconnu l’indépendance si elle n’y avait
pas été contrainte par l’action politique africaine », écrit Catherine Coquery-Vidrovitch.
(1) Les indépendances en Afrique : L’événement et ses mémoires, 1957/1960., par Odile Goerg, Jean-Luc Martineau et Didier Nativel. Presses universitaires de Rennes, 2010. Avec une préface de Catherine Coquery-Vidrovitch.
(2) Quatre présidents et l’Afrique, par Claude Wauthier. Seuil 1995
Anniversaires du soixantenaire des indépendances africaines : les dates-clefs
1er janvier 1960 : Indépendance du Cameroun
4 avril 1960 : Indépendance du Sénégal
27 avril 1960 : Indépendance du Togo
26 juin 1960 : Indépendance de Madagascar
30 juin 1960 : Indépendance de la RD Congo
1 juillet 1960 : Indépendance de la Somalie
1 août 1960 : Indépendance du Bénin
3 août 1960 : Indépendance du Niger
5 août 1960 : Indépendance du Burkina Faso
7 août 1960 : Indépendance de la Côte d’Ivoire
11 août 1960 : Indépendance du Tchad
13 août 1960 : Indépendance de la Centrafrique
15 août 1960 : Indépendance du Congo
17 août 1960 : Indépendance du Gabon
22 septembre 1960 : Indépendance du Mali
1 octobre 1960 : Indépendance du Nigeria
28 novembre 1960 : Indépendance de la Mauritanie
VIDEO
L'AFRIQUE ET LE SPECTRE DE LA CRISE IDENTITAIRE
René Lake fait le bilan de l'année écoulée sur le plateau télé de VOA : Sénégal, Côte d'Ivoire, Guinée, Cameroun, Afrique du Sud, fin du CFA, garantie française pour l’Eco, Sadio Mané, mise en examen de Trump, présidentielle américaine de 2020…
Sur VOA Télé depuis Washington, René Lake fait le bilan de l'année écoulée - Le Sénégal, la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Cameroun, l'Afrique du Sud, la fin du CFA, les inquiétudes par rapport au refus de la France de se retirer du jeu monétaire de ses ex-colonies, Sadio Mané, la mise en examen de Trump, le procès en destitution au Sénat, la présidentielle de novembre 2020 aux Etats-Unis...
Tous les sujets sont discutés avec l'analyste René Lake dans l'émission télé phare de la VOA présentée par John Lindon.
LE GHANA CRITIQUÉ POUR SA POISTION SUR L'ÉCO
Une partie de la population ghanéenne a décrit l’annonce du gouvernement, qui s’est dit prêt à accepter l’Eco comme monnaie unique pour tous les pays d’Afrique de l’Ouest en 2020, estimant que c’est un gaspillage de l’argent du contribuable
Le rappeur controversé et membre du Nouveau parti patriotique (NPP, au pouvoir), Kwame Asare Obeng, connu sous le nom de A Plus, s’est joint au débat critiquant le gouvernement pour ce qui est, selon lui, un gaspillage de l’argent public après avoir imprimé de nouveaux billets de cedi.
En réponse aux nouvelles concernant la volonté du gouvernement d’accepter une monnaie unique pour tous les pays de la CEDEAO, Asare Obeng s’est demandé pourquoi le gouvernement NPP a alors introduit de nouveaux billets dans l’économie s’il savait qu’il finirait par la laisser tomber en faveur de l’Eco.
« Le gouvernement affirme que d’ici 2020, nous utiliserons l’Eco. Huit (8) pays utiliseront cette monnaie. Vous saviez que vous seriez éventuellement d’accord avec cela, mais vous avez quand même imprimé de nouvelles coupures de 100 et 200 cédi ghanéen qui pèse sur l’économie du pays », a-t-il dit à un média local à Accra mardi.
Kofi Gyakye, un journaliste économique, a également soutenu que si le gouvernement accepte la monnaie unique de la CEDEAO, cela signifie que les nouveaux billets imprimés il y a environ un mois seront gaspillés et que quelqu’un devrait être tenu responsable des pertes financières subies par l’Etat.
Ama Clara Mensah, un petit commerçant, a également formulé des plaintes similaires.
D’autres comme Yaw Okyere Boahene, un opérateur de transport a déclaré que le gouvernement n’est peut-être pas sûr d’accepter la monnaie unique, c’est pourquoi il a imprimé les nouveaux billets et que lorsque cela sera nécessaire, ces billets pourraient être retirés au profit de l’Eco.
Le gouvernement du Ghana a indiqué dans un communiqué de presse lundi avoir pris note de la récente déclaration faite le samedi 21 décembre 2019 par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), par l’intermédiaire d’Alassane Ouattara, le président de la Côte d’Ivoire, sur la décision prise par les huit Etats ouest-africains membres du bloc régional d’adopter une monnaie unique, l’Eco, à partir de 2020.
« C’est une décision que le Ghana applaudit chaleureusement. C’est un bon témoignage de l’importance qui est accordée non seulement à l’établissement d’une union monétaire, mais aussi à un plus large agenda d’intégration ouest-africaine », a-t-il déclaré.
Le gouvernement ghanéen dit être déterminé à faire tout son possible pour permettre au Ghana de se joindre aux membres de l’UEMOA dans l’utilisation de l’Eco parce que cela contribuera à éliminer les obstacles commerciaux et monétaires, à réduire les coûts de transaction, à stimuler l’activité économique et à élever le niveau de vie.
Le Ghana exhorte les autres États membres du groupement régional à œuvrer rapidement à la mise en œuvre des décisions des autorités de la CEDEAO, notamment en adoptant un régime de taux de change flexible, en instituant un système fédéral pour la Banque centrale de la CEDEAO, et d’autres critères de convergence connexes convenus afin de garantir la réalisation des objectifs de la monnaie unique.
"IL FAUT VENIR EN AIDE AUX ENFANTS TALIBÉS"
Patrick Vieira, le champion du monde de football 1998, ancien footballeur international, est aujourd'hui entraîneur de l'OGC Nice. Originaire du Sénégal il a décidé de s'engager auprès des enfants talibés, ces enfants qui mendient dans les rues
Patrick Vieira, le champion du monde de football 1998, ancien footballeur international, est aujourd'hui entraîneur de l'OGC Nice. Originaire du Sénégal il a décidé de s'engager auprès des enfants talibés, ces enfants qui mendient dans les rues. Patrick Vieira est au micro de Caroline Pastorelli.
RFI: Vous avez décidé de vous engager et de devenir parrain d’une association qui s’occupe d’enfants talibés au Sénégal, ces enfants des rues qui mendient. Pourquoi?
Patrick Vieira: Déjà, d’une, par rapport à mes origines. Le fait d’être parti au Sénégal très tôt, il est important pour moi de soutenir cette association, par rapport au message qu’elle véhicule. Venir en aide aux enfants qui ont besoin d’être soignés, qui ont besoin d’être éduqués, qui ont besoin d’être guidés tout simplement… Et par rapport à l’expérience de vie que je peux avoir, cette association représente mes valeurs. Quand je suis retourné au Sénégal, après vingt ans, ce qui m’avait vraiment choqué, c’était le nombre d’enfants qu’il y avait dans la rue en train de mendier. C’est-à-dire les talibés. Et ce sont des enfants qui sont exploités, ce sont des enfants qui ont besoin de continuer à rêver et ce sont des enfants qui ont besoin de nos aides. C’est pour cela que j’invite les gens à aller voir ce que fait l’association www.pouruneenfance-senegal.com C’est vrai qu’avec la notoriété du foot, on peut faire pas mal de bruit et à partir de là, l’objectif reste de mobiliser le plus d’enfants possible, le plus de personnes possible, avoir le plus d’aides possible, pour justement aider tous ces enfants à profiter de leur enfance et à avoir le sourire.
Vous êtes né au Sénégal. Vous y avez passé une partie de votre enfance. Quels liens gardez-vous avec votre pays d’origine?
J’ai encore de la famille au Sénégal. J’essaie d’y retourner le plus souvent possible. C’est vrai qu’avec le métier d’entraîneur, c’est un peu plus compliqué, mais j’espère y retourner dès cet été. J’ai quitté le Sénégal à l’âge de 8-9 ans et j’y suis retourné vingt ans après, avec Bernard Lama, JimmyAdjovi-Boco et Saer Seck pour créer l’école de football Diambars, qui utilisait le foot pour moteur de l’éducation, justement. Quand j’y suis retourné, j’ai découvert le pays. Je m’y suis vraiment senti très bien et j’adore y retourner. J’aime beaucoup le Sénégal et les Sénégalais.
Est-ce que vous êtes un supporter de l’équipe du Sénégal?
Oui, oui, je suis supporter de l’équipe du Sénégal par rapport aux copains et par rapport surtout à ce qu’ils sont en train de faire, dernièrement. Je trouve qu’ils ont un entraîneur qui correspond très bien à l’image du Sénégal et du football sénégalais.
Lors de la Coupe du monde 2002, vous étiez l’un des piliers de l’équipe de France. Est-ce que vous avez accusé le coup, après votre défaite face au Sénégal?
Oui, cela a été digéré depuis une longue période et cela a été l’une des belles pages du Sénégal.
Vous n’avez pas été trop déçu?
Trop déçu ? Bien sûr, on est toujours déçu de perdre un match de Coupe du monde, mais comme c’était contre le Sénégal, j’étais un peu moins déçu.
Sadio Mané, seulement 4e du Ballon d’or 2019… Est-ce que vous trouvez cela injuste?
Je trouve cela injuste. Je trouve cela injuste par rapport à ce qu’il a fait, par rapport au nombre de matchs qu’il a joués, par rapport au nombre de fois où il a été décisif. Les implications qu’il a eues dans les buts, mais surtout la manière dont il s’est comporté sur le terrain… Je pense qu’il méritait beaucoup plus que cette 4e place.
Vous êtes le coach de l'OGC Nice, mais beaucoup de supporters d’Arsenal vous demandent de prendre en main leur équipe où vous avez joué pendant neuf ans. Est-ce que cela vous tente?
Si cela me tente… Non, non, je ne me suis jamais sincèrement posé la question, à savoir si je dois aller ou pas, entraîner Arsenal. Je suis dans un club - sincèrement -, où je suis très content, où je suis vraiment très heureux. Il y a un projet ici, à l'OGC Nice, qui est extraordinaire. Je suis vraiment fier et heureux de faire partie de ce projet et d’être le garant de ce projet. À partir de là, tout ce qui se passe autour ou tout ce que les gens peuvent dire, oui c’est flatteur, mais à l’arrivée cela ne me disperse pas du tout.
C’est flatteur, mais aussi on pense à vous parce que c’est le club de votre cœur…
Parce que j’ai passé neuf ans là-bas, et après, on parle de moi comme on parle d’autres personnes. Mais sincèrement, je suis vraiment concentré sur ce que j’ai envie de faire et sur le projet de l'OGC Nice, qui est un projet comme je l’ai dit excitant. Après, tout ce qui se passe autour… J’écoute, je lis… Mais le reste cela passe seulement à côté.
Arsenal est très mal en point. Si on met à part l'OGC Nice, ce ne serait pas naturel que vous en preniez les rênes?
Je ne pense pas que l’on doit faire un choix d’un entraîneur par rapport au fait qu’il ait porté le maillot ou pas. Je pense qu’un choix d’entraîneur doit être fait par rapport à ce qu’il peut apporter au club, par rapport à ses idées de jeu et sa philosophie qu’il veut mettre en place. Après, ma concentration et mon énergie, c’est pour l'OGC Nice et je suis très heureux et très content du projet que j’ai ici, à l'OGC Nice.
LE RÉAJUSTEMENT DES TARIFS DE L’ÉLECTRICITÉ NE TOUCHE PAS LES ABONNÉS DE LA TRANCHE SOCIALE (MACKY SALL)
L’ajustement des tarifs de l’électricité en vigueur depuis le 1er décembre "n’entrainera aucune hausse du prix de l’électricité pour tous les abonnés relevant de la tranche sociale", a assuré le chef de l’Etat Macky Sall.
Dakar, 31 déc (APS) – L’ajustement des tarifs de l’électricité en vigueur depuis le 1er décembre "n’entrainera aucune hausse du prix de l’électricité pour tous les abonnés relevant de la tranche sociale", a assuré le chef de l’Etat Macky Sall.
Dans son message à la Nation à la veille du nouvel an, Macky Sall est revenu sur la réduction de la subvention au secteur de l’électricité, à l’origine d’un "ajustement des tarifs pour certaines catégories d’abonnés".
Il a assuré que "cette mesure n’entrainera aucune hausse du prix de l’électricité pour tous les abonnés relevant de la tranche sociale".
Depuis l’annonce de la hausse du prix de l’électricité, des citoyens et organisations sociales réunies au sein de la plate-forme "Nio Lank" multiplie les manifestations pour demander l’annulation de cette mesure.
Dans son adresse, le chef de l’Etat a rappelé que l’énergie "est un autre pilier essentiel de l’émergence".
"Grâce aux efforts soutenus d’investissement et de réforme, nous avons redressé le secteur et nettement amélioré ses performances, avec une puissance installée de 1229 MW", a-t-il dit.
Il a souligné qu’après l’hydroélectricité et le solaire, le Sénégal "entre dans l’ère de l’éolienne, avec la mise en service de 55 MW sur les 158 MW prévus à la centrale de Taïba Ndiaye", dans le département de Tivaouane.
Macky Sall a signalé qu’en outre, "le gouvernement est en train de mettre en place une stratégie de conversion du gaz en électricité ; ce qui nous permettra, dès le démarrage de notre propre production de gaz, en 2022-2023, d’être à l’abri des fluctuations des prix de l’électricité dues à la conjoncture internationale".
D’ici là, a-t-il indiqué, le gouvernement devra "investir 600 milliards de FCFA afin que nos compatriotes qui vivent encore à l’ère de la bougie et de la lampe à pétrole accèdent, enfin, à l’électricité". "C’est cela aussi le Sénégal pour tous", a soutenu Macky Sall.
S’y ajoute que selon lui "c’est dans ce contexte que la subvention au secteur a été réduite ; d’où un ajustement des tarifs pour certaines catégories d’abonnés".
Il a insisté sur le fait que "cette mesure n’entrainera aucune hausse du prix de l’électricité pour tous les abonnés relevant de la tranche sociale".