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24 avril 2025
Développement
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L' ÉCHEC D'UN MODÈLE POLITIQUE
Invité du Groupe D-média Ousmane Sonko analyse le message à la nation du Président de la république Macky Sall. Pour le leader du parti Pastef le discours de Macky met à nue l’incompétence du gouvernement symbolisée par l'échec du Plan Sénégal Émergent
Invité du Groupe D-média Ousmane Sonko analyse le message à la nation du Président de la république Macky Sall. Pour le leader du parti Pastef le discours de Macky met à nue l'imcompétence du gouvernement symbolisée par l'échec du Plan Sénégal Emergent sur le plan économique, social et politique.
2010-2020 : "LA DÉMOCRATIE A RECULÉ EN AFRIQUE"
Que retenir de cette décennie en Afrique ? La chute de Kadhafi, le terrorisme au Sahel. Mais il y a eu bien d'autres faits marquants. L'historien, politologue et philosophe camerounais, Achille Mbembe répond aux questions de Christophe Boisbouvier
Les années 2010 se terminent ce soir. Que retenir de cette décennie en Afrique ? La chute du colonel Kadhafi la montée du terrorisme islamiste au Sahel. Mais il y a eu bien d'autres faits marquants. À la fois historien, politologue et philosophe, le grand essayiste camerounais Achille Mbembe va publier Brutalisme, aux éditions La Découverte. En ligne d'Afrique du Sud, où il enseigne, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier.
RFI: La décennie qui s’achève a-t-elle été positive ou négative pour l’Afrique?
Achille Mbembe: Disons que la décennie qui s’achève aura été marquée, de mon point de vue, par trois processus d’une très grande ampleur. D’un côté, par la poursuite des politiques d’austérité qui avaient été mises en branle au début des années 80 et qui ont conduit tout de même à un extraordinaire recul et à une grande marginalisation des économies africaines. Je dirais que 30 ans plus tard, beaucoup de pays ont à peine retrouvé le niveau de richesse qu’ils avaient atteint dans les années 70. La décennie aura été également marquée par l’intensification de « l’extractivisme » et de la prédation, et par ce que j’appellerais une transnationalisation des élites au pouvoir, dans le sens où elles ne sont plus du tout contraintes de rendre des comptes à leurs sujets. Et c’est une décennie qui aura été marquée aussi par une aggravation des luttes sociales sous la forme du terrorisme islamique, par exemple dans la région du Sahel, des luttes pour le droit à la circulation et à la mobilité, et par des luttes notamment ethniques visant dans la plupart des cas à mieux partager le pouvoir.
Vous parlez de la logique de «prédation» sur le continent. Cette décennie a été marquée par une ruée mondiale sur l’Afrique, on pense notamment à la Chine. Est-ce que ce n’est pas aussi une bonne nouvelle?
Tout cela est ambigu. Tous ces processus sont ambigus. Il y a une ruée mondiale effectivement. La Chine, elle est là. Au fond, la Chine est devenue une grande question africaine. Mais il y a aussi des puissances comme la France qui fait face en ce moment à une aggravation de la crise de légitimité de sa présence sur le continent.
«La crise de légitimité» dont souffre la France en Afrique, est-ce la raison pour laquelle Emmanuel Macron vient de pousser à une réforme du franc CFA?
Mais cette réforme n’en est vraiment pas une. La politique française à l’égard du franc CFA aura consisté d’une part à dénier l’existence d’un problème, et ensuite à essayer de torpiller une initiative interne aux pays de l’Afrique de l’Ouest qui consistait à mettre en place une monnaie commune.
Donc, pour vous, le fait que la moitié des réserves de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) ne soit plus logée au Trésor français, ça n’est pas une réforme significative?
Disons que ce n’est pas ce que les Africains demandent. Les Africains demandent que la France arrête de déterminer ce que doit être la politique monétaire de ces pays. C’est ça la demande. La demande de décolonisation financière et pas de paternalisme financier.
Le retour des militaires français en Afrique que vous dénoncez, j’imagine, n’est-ce pas dû à ce que vous appelez «l’aggravation des luttes sociales» et à la montée du terrorisme islamiste au Sahel?
L’idéal aurait consisté à ce que les Africains prennent en charge ces questions. Le vide prévalant évidemment, la France est intervenue. Donc, il n’y a pas de consensus à ce sujet, c’est un problème. Tout comme la présence des bases militaires américaines, l’idée est que l’Afrique puisse se prendre en charge elle-même, y compris dans les questions militaires.
Donc, vous n’êtes pas étonné par la montée d’un sentiment anti-français dans certaines régions africaines?
Il n’y a pas de sentiment anti-français. Je crois que le président Macron se trompe lorsqu’il caractérise ce qui se passe de cette manière-là. Il y a une demande de décolonisation qui n’est pas dirigée contre la France. Elle est une demande positive de la part des Africains de se prendre en charge 60 ans après la décolonisation.
La montée du jihadisme que vous soulignez au Sahel et au Nigeria, est-ce à votre avis un phénomène qui va passer ou qui va durer au contraire?
Mais, non. C’est un phénomène très grave qui est un phénomène structurel qui se nourrit d’autres luttes locales très anciennes au demeurant, d’autres greffées aux turbulences du monde contemporain. Donc, c’est un phénomène de longue durée qui exige plus que les interventions militaires pour qu’on en vienne à bout.
Au Burkina, certains ont la nostalgie de Blaise Compaoré, est-ce que vous craignez que ce jihadisme puisse générer un retour à une certaine forme d’autoritarisme en politique?
Mais l’autoritarisme, il ré émerge à peu près partout, y compris dans les démocraties occidentales. Au fond, le moment il est à ça, à la demande de plus d’autorité, de plus d’exercice de la force, malheureusement, souvent contre les plus démunis, les plus faibles d’entre nous. Donc, cette demande de violence et cette demande de sécurité s’expriment au Burkina comme ailleurs par cette nostalgie des dictatures.
Peut-on parler d’une «Donald trumpisation» de l’Afrique?
Je ne dirais pas « trumpisation de l’Afrique ». Je dirais moment de recul des conquêtes démocratiques qui avaient été enregistrées au début des années 90. Tous les présidents en place cherchent à changer les articles de la Constitution qui limitent les mandats, d’autres s’efforcent de préparer la route pour leurs descendants. Donc il y a un énorme recul, notamment en Afrique centrale, le pays des ténèbres de la démocratie en Afrique.
N’y a-t-il pas eu le départ de Joseph Kabila en République démocratique du Congo?
Joseph, il est bien malin. Il est parti sans partir. Il essaie d’actualiser à l’échelle du Congo la solution que Poutine a trouvée en Russie. Joseph, c’est un peu le Poutine de l’Afrique équatoriale.
Vous dénoncez le recul des démocraties. Mais tout de même, on a noté depuis dix ans la chute de certains autocrates comme Mouammar Kadhafi en Libye, Blaise Compaoré au Burkina Faso, Robert Mugabe au Zimbabwe, et tout récemment Omar el-Béchir au Soudan…
Oui, il y a ces petites poussées. Mais ce n’est pas systémique. Ce sont des gens qui partent et qui sont remplacés par des plus médiocres qu’eux-mêmes. Les progrès les plus remarquables en Afrique au cours des dix dernières années, c’est quand même ce qui se passe au niveau du renouveau d’un internationalisme panafricain, mené à la fois par des intellectuels et des activistes. C’est ça qui a débouché sur les petites réformes concernant le franc CFA par exemple. C’est aussi le renouveau des idées, mené par exemple en Afrique francophone par les Ateliers de la pensée de Dakar. C’est le renouveau artistique, le fait que petit à petit, on se rende compte du fait que les arts du 21e siècle risquent d’être africains. Donc cette espèce de retour aux signes africains, cette contestation autour du « je signe » me semblent absolument iconique pour la décennie qui vient.
Votre prochain ouvrage s’appellera « Brutalisme ». Vous allez le publier aux éditions La Découverte disponible à partir du 6 février 2020. Malgré ce mot très pessimiste. Vous fondez beaucoup d’espoir dans la société civile africaine ?
Je fonde beaucoup d’espoir dans la capacité des Africains à produire des signes et des objets qui parleraient à l’humanité tout entière. C’est l’importance par exemple du débat initié par mon ami Felwine Sarr, par exemple, sur la question de la restitution des objets d’art africains. Je fonde beaucoup d’espoir sur cette reprise critique des arts africains comme clé possible des contradictions du 21e siècle.
MODOU LÔ, LA VALEUR-ÉTALON DE LA LUTTE AVEC FRAPPE
Le lutteur des Parcelles Assainies semble défier la crise qui s’est emparée du secteur de la lutte, lui qui réussit toujours contre le cours des choses à toujours gagner des combats alors que les ténors accumulaient les années blanches
Modou Lô, le leader de l’écurie Rock Energie, est devenue la valeur-refuge de la lutte avec frappe qui traverse des moments difficiles avec la raréfaction des sponsors qui garantissaient aux ténors des contrats juteux pour leurs combats.
Le lutteur des Parcelles Assainies semble défier la crise qui s’est emparée du secteur de la lutte, lui qui réussit toujours contre le cours des choses à toujours gagner des combats alors que les ténors accumulaient les années blanches, 2019 ne faisant pas exception à la règle.
Contre toute logique sportive, Modou Lô, battu par Balla Gaye 2, en janvier, a réussi un rebond spectaculaire en réussissant à convaincre le promoteur de lui concocter un combat contre Eumeu Sène de Pikine.
La tête de file de l’écurie de Pikine, détenteur du titre de ‘’Roi des arènes’’ après sa victoire contre Bombardier, a fait illusion avant de se faire envoyer face contre terre par un uppercut de Modou Lô synonyme de KO.
L’honneur de l’un des lutteurs les plus populaires de l’arène est sauf avec cette victoire spectaculaire contre l’une des valeurs sûres de la lutte avec frappe.
Cerise sur le gâteau, Modou Lô remporte ainsi un deuxième succès sur le même adversaire, gommant du coup ses deux revers enregistrés contre Balla Gaye 2.
Alors que le MMA (Mixed martial arts) tente de se frayer un chemin dans l’arène sénégalaise qui peine à faire face à la conjoncture économique, le ‘’Rock des Parcelles Assainies’’, a lui a déjà trouvé un adversaire pour la saison 2019-2020.
L’homme d’affaires Luc Nicolaï, actuellement en détention pour une affaire de drogue, et sa société ont réussi à ficeler un combat de Modou Lô contre Ama Baldé, jeune loup aux dents longues.
Alors que certains ténors et des jeunes pousses s’essaient aux MMA, lui a trouvé un combat en attendant que tout soit validé par le Comité national de gestion de la lutte avec frappe.
1,7 MILLION DE TOURISTES ÉTRANGERS ONT VISITÉ LE SÉNÉGAL EN 2019
Selon le ministre du Tourisme, Alioune Sarr, ‘’les Français représentent 7,5 % de l’ensemble des touristes étrangers qui visitent le pays
Au total, 1,7 million de touristes étrangers ont visité le Sénégal en 2019, relève le ministre du Tourisme et des transports aériens Alioune Sarr, dans le troisième numéro du magazine ’’SkyDakar’’, édité par l’Aéroport international Dakar Blaise Diagne de Diass.
’’1,7 million de touristes étrangers sont venus au Sénégal cette année’’, indique Alioune Sarr, dans une interview accordée à ’’SkyDakar’’ dans son numéro de décembre.
Le Sénégal table sur ‘’5 millions (de touristes) à horizon 2023-2025’’, poursuit-il, ajoutant que le gouvernement met tout en œuvre pour atteindre cet objectif ‘’ambitieux’’.
Le gouvernement y associe tous les acteurs liés aux différents segments du secteur. Lors du récent salon du tourisme de Paris, 47 patrons avaient voyagé avec la délégation ministérielle, rappelle t-il.
Selon Alioune Sarr, ‘’les Français représentent 7,5 % de l’ensemble des touristes étrangers qui viennent au Sénégal’’.
Il souligne la nécessité de ‘’consolider’’ les acquis du Sénégal et de ‘’conquérir de belles parts de marché’’.
Le ministre du Tourisme a signé des conventions de partenariat, lors de ce salon du tourisme à Paris en octobre dernier, et a mis en place un plan d’action précis qui accroît le nombre de touristes et privilégie la destination Sénégal.
En plus du tourisme balnéaire, qui n’est ‘’pas la seule offre du Sénégal’’, le Sénégal peut compter sur le tourisme d’affaires, qui ‘’positionne clairement le pays comme une destination capable d’accueillir les plus grands évènements mondiaux, qu’ils soient sportifs ou économiques’’.
Le Sénégal accueillera plus de 4 000 athlètes et autant d’officiels lors des Jeux olympiques de la jeunesse, en 2022, a-t-il noté à titre d’exemple.
Le pays présente aussi une offre diversifiée en termes de tourisme culturel et mémoriel, avec le Musée des civilisations noires de Dakar ou l’île de Gorée.
Le delta du Sine-Saloum, une des ‘’44 plus belles baies du monde’’, est une zone précurseur sur l’écotourisme, note-t-il encore, non sans souligner l’importance de promouvoir le ‘’tourisme éthique et responsable, qui permet aux populations de devenir des actrices du secteur touristique et non pas des victimes du tourisme’’.
Ce créneau touristique est devenu une ‘’demande du public’’, selon Alioune Sarr.
LE CNRA PUNIT LA SEN TV
Le gendarme de l'audiovisuel annonce avoir décidé de suspendre les programmes de la chaîne de télévision pour 7 jours à partir de ce mardi minuit, "suite à ses mises en demeure restées sans effet sur des programmes diffusés par le média" de Bougane Gueye
Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) annonce avoir décidé de suspendre les programmes de la Sen Tv pour 7 jours à partir de ce mardi minuit, "suite à ses mises en demeure restées sans effet sur des programmes diffusés par ladite télévision".
Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a mis récemment en demeure la Sen tv, Zik fm et la Tfm de "mettre définitivement un terme à la publicité des produits de dépigmentation".
Dans un communiqué rendu public, le CNRA soulignait que "le non-respect de cette mise en demeure expose les éditeurs concernés aux sanctions prévues par la loi".
’’La diffusion des programmes de la SEN TV est suspendue pour sept (07) jours, durant la période allant du mardi 31 décembre 2019 à minuit au mardi 7 janvier 2020 à minuit", a annoncé le CNRA dans un communiqué.
Selon la même source, "la décision a été prise ce mardi 31 décembre 2019 par le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel comme suite à ses mises en demeure restées sans effet sur des programmes diffusés par ladite télévision".
Elle rappelle qu’entre novembre et décembre 2019, "tous les éditeurs audiovisuels ont été saisis en procédure de rappel des dispositions de la loi portant interdiction de diffusion de messages publicitaires relatifs aux produits cosmétiques de dépigmentation".
Le CNRA signale que "les différents rappels n’ont certes pas été sans réaction de la part des éditeurs, ces derniers invoquant chacun de leur côté, les contrats déjà passés avec des annonceurs".
Le régulateur "étant, au même titre que les médias, tenu au respect de la Loi qui définit ses prérogatives, le Collège a pris la décision qui s’impose".
Selon le communiqué, "le Groupe DMédia est à ce jour le seul, après avoir été mis en demeure, à refuser d’obéir à l’injonction faite à tous les éditeurs d’arrêter la diffusion des messages visés (…)".
Le Groupe futurs médias (GFM), par exemple, a annoncé qu’il mettait fin, à compter de ce lundi 30 décembre 2019, à toute diffusion de publicité de produits cosmétiques de dépigmentation sur ses supports audiovisuels, RFM, King FM et TFM.
par Birane Diop
L’ADMINISTRATION SÉNÉGALAISE DOIT FAIRE SA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE
La maîtrise des technologies de l’information numérique ainsi que des savoir-faire en matière de gestion publique doivent être au cœur des préoccupations de l’Etat
L’administration 2.0 peut-être définie comme l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) avec en toile de fond Internet, dans l’optique de rénover la gestion des affaires publiques.
Elle est un ferment de concorde dans la relation administration et citoyen. En fait, l’administration électronique permet de proposer une offre de service publique plus efficace et efficiente mais aussi d’accroître la notion de transparence administrative lit du salut collectif en ces temps, où les plus fragiles d’entre nous sont laissés sur le carreau par un système politique figée et une économie qui profite en premier lieu qu’aux gens du système.
Cela dit, la maîtrise des technologies de l’information numérique ainsi que des savoir-faire en matière de gestion publique doivent être au cœur des préoccupations de l’Etat sénégalais.
Aujourd’hui, à l’ère du numérique surtout de l’économie immatérielle, le retard pris par l’administration sénégalaise pour intégrer la société de l’information est énorme. Le gap est inouï. La dématérialisation bat son plein, le Sénégal traine des pieds. A ce rythme, il sera obligé de passer les sessions de rattrapage prévues en 2030 au Rwanda. Pays connu pour ses innovations, d’ailleurs, classé deuxième en Afrique subsaharienne au classement Doing Business 2018 de la Banque mondiale.
Un Etat responsable est un Etat qui donne l’exemple. C’est pourquoi, la transformation numérique doit être engagée dans l’administration vaille que vaille car elle constitue à la fois une nécessité et une opportunité. Si ce travail est fait avec exigence et rigueur, le Sénégal aura des managers publics autonomes mieux ils pourront aller dans le sens de la transparence susmentionnée à l’entame de mon propos. La numérisation des services publics facilitera le quotidien des sénégalais et améliorera l’efficacité de l’administration.
Un autre point positif de la digitalisation de l’Etat en particulier la dématérialisation des services est que l’administration jugée trop prodigue pourra maîtriser les dépenses publiques.
Pour réussir ce challenge de numérisation des services de l’administration, l’Etat pourra travailler en parfaite synergie avec des start-up nationaux sérieux ainsi que des managers de l’information numérique comme par exemple des chefs de projet GED et dématérialisation, consultants des systèmes d’information, dans une logique collaborative dite open innovation. Du coup, ce capital immatériel permettra à l’Etat d’avoir une marge de manœuvre. En sus de cela, il pourra mettre en place une politique de gouvernance des données personnelles, à l’aune de l’explosion quantitative des données numériques.
L’administration sénégalaise doit accélérer sa révolution numérique si elle veut devenir le carrefour technologique de la sous-région dans les années à venir.
Birane Diop est étudiant en Master 2 Stratégies informationnelles et documents numériques à l’Université Jean Moulin Lyon 3.
QUELQUES FAITS SAILLANTS DE L’ACTUALITÉ POLITICO-SOCIALE DE L'ANNÉE
Réélection de Macky Sall, polémique sur les contrats gaziers, retrouvailles Wade-Macky Sall, libération de Khalifa Sall, dialogue national, ont été, entre autres faits marquants de l’actualité politico-sociale en 2019
Réélection de Macky Sall, polémique sur les contrats gaziers, retrouvailles Wade-Macky Sall, libération de Khalifa Sall, dialogue national, ont été, entre autres faits saillants de l’actualité politico-sociale en 2019.
L’année 2019 a été marquée par l’élection présidentielle du 24 février 2019, la onzième depuis l’indépendance du pays.
Ce scrutin a été fortement marqué par le système de parrainage intégral, un mécanisme de rationalisation des candidats à la candidature.
A l’arrivée, cinq candidats ont été retenus : Macky Sall, Idrissa Seck, Ousmane Sonko, Madické Niang et Issa Sall.
Les candidatures de l’ex maire de Dakar, Khalifa Sall et de l’ancien ministre, Karim Wade ont été rejetées.
La campagne électorale a été marquée par le retour de Abdoulaye Wade, l’ancien président qui comptait s’opposer à la tenue du scrutin avant de se raviser.
Macky Sall sera réélu au premier tour avec 58,27% des suffrages, suivi par Idrissa Seck, qui obtient 20,50% des suffrages, Ousmane Sonko, 15,67% des voix.
Des résultats rejetés par les quatre candidats malheureux qui, dans une déclaration commune, accusent le président sortant d’avoir ’’confisqué la volonté des Sénégalais’’. Ils font également savoir qu’ils ne le reconnaîtront pas comme chef de l’Etat et ne déposeront pas de recours non plus auprès du Conseil constitutionnel, organe habilité à statuer en la matière.
Le président réélu prête serment le 2 avril et annonce, deux jours après, à la surprise générale, la suppression du poste de Premier ministre, une mesure censée fluidifier le fonctionnement du gouvernement.
L’opposition et les organisateurs de la société civile y voient une tentative de mainmise sur les principaux rouages de l’Etat.
Le projet de loi portant suppression du poste de Premier ministre est adopté, non sans polémiques par les députés, le 4 mai, à une très large majorité.
Le président réélu fera face par la suite à une polémique sur les contrats gaziers impliquant son frère. Tout est parti d’une enquête de la BBC, dénommée "un scandale à dix milliards de dollars", diffusée le 2 juin.
Une vidéo de 28 minutes dans laquelle, la chaîne anglaise fait état de pots-de-vin dans l’attribution de deux champs pétroliers et gaziers à l’homme d’affaires Frank Timis, en 2012, un versement de 250 mille dollars, à la société Agitrans, une SARL fondée par Aliou Sall en 2011, dont la gérance avait été confiée à Abdoulaye Timbo, son oncle.
Aliou Sall, maire de Guédiawaye réfute les accusations et annonce une plainte contre la BBC. Le chef de l’Etat balaie ces accusations, suivi du gouvernement, le jour de la célébration de la Tabaski.
C’est dans ce contexte que voit le jour la plateforme "Aar li ñu bokk « (préserver ce que nous avons en commun) dont les membres appellent à une grande mobilisation pour dénoncer les contrats pétroliers et gaziers signés par le régime en place et exiger plus de transparence dans la gestion des ressources naturelles.
Des partis d’oppositions, des organisations de la société civile et des personnalités indépendantes regroupés autour de la plateforme ’’Aar Li Nu Book’’ se donnent rendez-vous le vendredi 14 juin à Dakar, à partir de 15 h, à la Place de la Nation pour dénoncer ce qu’ils appellent "le scandale du siècle".
Côté judiciaire, le procureur Serigne Bassirou Guèye lance le 13 juin un appel à témoins sur les allégations de corruption contenues dans l’enquête de la BBC.
’’Tous ces experts, analystes et grands connaisseurs du pétrole et du gaz qui s’agitent sur les plateaux de télévision et à travers les réseaux sociaux ont ainsi une occasion de diriger leurs efforts vers la Division des investigations criminelles (DIC) pour, à cet effet, parler de façon officielle sur la question et éclairer la lanterne des Sénégalais’’, a déclaré Serigne Bassirou Guèye au cours d’une conférence de presse, promettant dans la foulée qu’une ’’enquête complète et approfondie’’ sera menée par la Division des investigations criminelles (DIC).
Il assure que la Section de recherches de la gendarmerie est chargée de traquer les ’’diffuseurs du rapport de l’IGE’’ sur l’attribution de ces contrats qui n’était pas censé ’’se retrouver sur la place publique’’.
Face à la pression, Aliou Sall a annoncé le lundi 25 juin sa démission de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), institution financière qu’il dirigeait depuis septembre 2017.
Les activistes n’ont pas fini avec la contestation. Après la plateforme "Aar Li nu Bokk", voit le jour ’’Nio Lank’’ (nous disons Non’’ pour s’opposer à la hausse des prix de l’électricité.
Le nouveau coordonnateur du mouvement ‘’Aar li nu bokk’’, Guy Marius Sagna, et l’universitaire Dr Babacar Diop, sont arrêtés le 29 novembre devant les grilles du palais présidentiel où il était venu manifester contre la hausse annoncée du prix de l’électricité.
Depuis la plateforme multiplie les marches et les tentatives de marches pour dénoncer la hausse en vigueur depuis le 1er décembre du prix de l’électricité et le placement sous mandat de dépôts des activistes.
L’année 2019 a été aussi marquée par l’inauguration de la Mosquée de Massalikoul Djinane, un édifice religieux présenté comme la plus grande mosquée en Afrique de l’Ouest, construit sur fonds propre, par la communauté mouride, sur une surface de 4,5 ha, à Bopp, un quartier populaire de Dakar.
Des milliers de fidèles en provenance de tous horizons ont effectué le déplacement pour assister à la grande prière marquant l’ouverture officielle de cette maison de Dieu qui compte notamment une bibliothèque et une résidence Serigne Touba.
Cette journée aura été marquée par la réconciliation entre le président Macky Sall et son ex-mentor, l’ancien président Abdoulaye, suite aux bons offices du Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké.
Deux jours plus tard, l’ex maire de la ville de Dakar, Khalifa Sall, emprisonné depuis plus de deux ans pour les délits d’escroquerie et faux et usage de faux portant sur des deniers publics, dans l’affaire dite de la Caisse d’avance, est libéré par grâce présidentielle.
Cette fin d’année a été marquée par l’installation du comité de pilotage du dialogue national présidé par l’ancien ministre Famara Ibrahima Sagna.
Dans la foulée de sa réélection pour un second mandat à la tête du pays, le président de la République avait annoncé le 5 mars la tenue d’un dialogue national.
Macky Sall avait émis le souhait de convier à ce dialogue républicain "toutes les forces vives de la nation, sans exclusive", des discussions auxquelles ses prédécesseurs Abdou Diouf et Abdoulaye Wade "pourraient apporter leur contribution".
Le dialogue national doit aborder les questions électorales (calendrier, parrainage, statut du chef de l’opposition...), économiques et sociales (gestion des futures ressources pétrolières et gazières, emploi des jeunes et des femmes...) et environnementales, ainsi que de paix et de sécurité.
Le comité doit présenter ses conclusions dans trois mois.
par MAMADOU NDIAYE
QUÊTE PERMANENTE DE LUCIDITÉ
Le Sénégal, avons-nous dit, souffre d’une indiscipline généralisée. Un mal récurrent qu’il convient de conjurer au plus vite et avec vigueur
Le Président de la République s’adresse ce soir à la nation pour ses traditionnels vœux de nouvel an. Il ne manquera pas de relever les faits saillants de 2019 non sans s’attarder sur sa réélection au mois de février à la magistrature suprême du pays grâce justement à l’expression par le vote en sa faveur du suffrage démocratique. Le choix fut indiscutable. Même si quelques velléités ont été notées ici ou là. Normal, l‘opposition existe. Et puis, l’unanimité n’est pas de ce monde.
En face de lui donc, il y a un peuple qui fronde son pouvoir sans aller à la révolte. Si la fermeté prévaut en toutes circonstances, elle se relâche par moment, donnant le sentiment d’un « privilège de robe » accordé à certains alors que d’autres ne voient d’issue que dans une « guerre des Lorrains ». Nous n’y sommes pas. Mais l’ordre et la discipline sont affaiblis chez nous. Parfois, une hausse des prix (de l’électricité) ou des prélèvements fiscaux provoquent des remous. Des évènements sociaux s’en suivent. Des forces sociales s’en saisissent, forment des alliances dans le but de peser de façon décisive, voire frontale, sur les politiques publiques.
Un resserrement des rangs s’impose toutefois. Car, bien que résiduelle, la menace sécuritaire plane sur nous. Preuve que la question est prise au sérieux : le gouvernement cherche par tous les moyens à faire des économies d’échelle pour supporter l’effort de défense et de préservation de notre stabilité. Preuve supplémentaire : une hausse conséquente du budget de la sécurité à la dernière session budgétaire, relègue au second plan ceux de la santé et de l’éducation…
Ne nous y trompons pas : nous sommes dans une nouvelle conjoncture politique dictée par des considérations géopolitiques dans la sous région. Sauf effet de surprise, nous ne devons pas être surpris. Le politique mise sur l’anticipation en alignant par hypothèses des scénarios. Sous ce rapport, la décision, quelle qu’elle soit, incombe à ceux qui exercent des responsabilités. La confiance placée en eux justifie les actes qu’ils posent avec courage, lucidité et détermination. Quant aux opposants, leur rôle est tout autre : critiquer, alerter, avertir, contester des choix, en proposer et construire un discours de rupture en prenant l’opinion à témoin des efforts qu’ils fournissent.
Les acquis démocratiques du pays ont mis du temps à se dessiner. Aucune génération ne s’est abstenue de prendre part aux élans de conquête qui nous valent aujourd’hui notre notoriété doublée de respectabilité.
Le Sénégal, avons-nous dit, souffre d’une indiscipline généralisée. Un mal récurrent qu’il convient de conjurer au plus vite et avec vigueur. Car, sa persistance favorise le désordre parce que l’esprit d’indiscipline s’est déjà installé. Comment comprendre que des citernes d’hydrocarbures empruntent les mêmes voies que les particuliers aux heures de pointe, se faufilent dans les embouteillages sans qu’aucune indignation ne fuse ! Est-il acceptable de tolérer en plein jour la circulation des camions de ramassage d’ordures, klaxonnant à tue-tête dans les étroites ruelles des cités défigurées par les outrages du temps ? Non seulement les odeurs pestilentielles incommodent mais l’empressement à enlever les déchets recrée les conditions d’une insalubrité indescriptible. On salit plus en voulant rendre propre.
Par ailleurs, que doivent nous inspirer ces hordes « sans loi » qui s’en sont prises l’autre jour à Mbour, aux forces de police, obligées, pour éviter le carnage, d’opérer un recul, de se retirer de la zone de tension, gestes perçus par la pauvre opinion comme une reculade, une fuite, une honte. Ce repli policier, d’ordre tactique, mérite d’être salué en dépit de la rebuffade de la foule, excitée et qui voulait coûte que coûte en découdre avec les éléments dépêchés sur les lieux. Réfléchissons avant de poser des actes : la police veille sur nous. Tout comme nous devons la protéger. Ici, devoir et droit se conjuguent pour accoucher d’une culture de civilités.
Parce qu’elle est républicaine, la police agit selon la loi qui constitue sa seule boussole quand bien même elle est chahutée. En fondant sa démarche sur la légalité, la police couvre son action d’une onction de légitimité. Entre la population et les forces de défense –oui c’est le concept approprié maintenant- il doit y avoir ouverture, dialogue et compréhension. Ni affront, ni confrontation encore moins vexation, mépris ou haine à l’égard des hommes dont la délicatesse de la mission n’a d’égale que l’incompréhension qu’elle suscite.
A la police de se vêtir d’habits neufs pour se faire aimer. Aux citoyens d’accepter le sacerdoce tout en nuançant leur jugement sans appel d’un corps toujours mal compris. Pour corriger ce sentiment, il urge de le modifier en l’assouplissant avec une nette propension à privilégier une approche de proximité. Le mur de méfiance est à abattre pour étouffer les ferments d’hostilité.
En cette veille de fin d’année, notre monnaie commune le CFA vit ses derniers instants. Le vacarme qui accompagne sa « sortie de piste » témoigne d’une situation ubuesque : ceux qui savent se taisent et ceux qui ne savent pas parlent ! Ce paradoxe ôte au CFA tout crédit en même temps qu’il ruine la confiance des usagers. Quand une devise perd la confiance, elle devient une monnaie de singe, sans valeur, délaissée pour non convertibilité. Ce contexte de cacophonie n’arrange pas non plus l’arrivée prochaine de l’ECO appelée à remplacer le CFA.
Quand le président Alassane Ouattara saisit l’opportunité de la visite de Macron à Abidjan pour annoncer la « fin d’un compagnonnage », ses pairs se retrouvaient à Abuja pour un sommet consacré à l’avenir monétaire de la Cedeao. Indiscipline ? Certes le président ivoirien assure la présidence en exercice de l’Uemoa et, à ce titre, exprime une position consensuelle. Mais, la prépondérance de la voix ivoirienne aurait eu plus d’écho et d’impact sur une scène régionale avec l’assentiment des chefs d’Etat présents dans la capitale nigériane. La locomotive de l’économie sous régionale veut afficher son leadership. Cependant, à l’échelle régionale, Abidjan nourrit la crainte de se voir suppléer par le géant Nigeria qui, en duo avec le Ghana, tentent de peser sur les options fondamentales d’une monnaie en gestation. Va-t-on vers des axes basés sur des affinités ? Un jeu à somme nulle ?
DÉNIS SASSOU-NGUESSO DÉSIGNÉ CANDIDAT DE SON PARTI À LA PRÉSIDENTIELLE DE 2021
Agé de 76 ans, le chef de l’Etat congolais cumule trente-cinq ans à la tête du pays et peut se représenter jusqu’en 2026
Au Congo-Brazzaville, le président Denis Sassou-Nguesso a été désigné candidat à la présidentielle de 2021 à l’issue du congrès du Parti congolais du travail (PCT). « Les 2 588 congressistes ont décidé unanimement que le camarade Denis Sassou-Nguesso soit reconduit à la tête du comité central [du parti] et qu’il soit notre candidat à l’élection présidentielle de 2021 », a indiqué Pierre Ngolo, secrétaire général sortant du PCT, dans la nuit du lundi 30 au mardi 31 décembre.
Agé de 76 ans, le président Sassou-Nguesso cumule trente-cinq ans à la tête du Congo, un pays riche en pétrole mais dont la majorité des habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Selon la Constitution, il a le droit de se présenter à la présidentielle de 2021 et, pour la dernière fois, en 2026. « Ce choix n’est pas un choix de trop. Nous avons dit que le choix de Denis Sassou-Nguesso était un choix inéluctable. C’est un choix du changement dans la continuité, le choix de la stabilité et le choix de la paix », a commenté auprès de l’AFP Léonidas Mottom, député PCT et deuxième questeur à l’Assemblée nationale.
Un nouveau secrétaire général
Jeudi, le principal parti d’opposition, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads), avait estimé que les conditions ne seraient pas réunies pour que le Congo organise une élection présidentielle en 2021. L’Upads a proposé une transition et un scrutin en 2023, sans la participation du président Sassou-Nguesso.
Le PCT, qui fête ses 50 ans d’existence ce mardi, a organisé son cinquième congrès ordinaire du 27 au 30 décembre. Le parti a désigné 727 nouveaux membres de son comité central, qui ont à leur tour élu Pierre Moussa, 78 ans, au poste de secrétaire général pour un mandat de cinq ans. M. Moussa remplace à ce poste Pierre Ngolo, 65 ans, qui est également président du Sénat. Né en 1941, M. Moussa est un économiste qui a travaillé par le passé dans des institutions financières internationales comme la Banque mondiale. Plusieurs fois ministre entre 1997 et 2012, il a été président de la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) entre 2012 et 2017. « Pierre Moussa est un homme capable de rassembler ce qui est épars », a estimé le député Mottom.
OUATTARA-SORO, CHRONIQUE D'UN DIVORCE ANNONCÉ
Alors que pour Soro, la perspective de participer à la présidentielle de 2020 semble s’éloigner, tout comme la possibilité de retourner dans son pays, l’éventualité d’une réconciliation entre le «fils » rebelle et le « père » en colère paraît impossible
Jeune Afrique |
André Silver Konan |
Publication 31/12/2019
D’un côté, on crie à la trahison ou à l’infanticide, de l’autre à la félonie ou au parricide. Entre Guillaume Soro, le « fils », et Alassane Ouattara, le « père », la guerre est désormais déclarée. Les choses se sont précipitées le 23 décembre, à l’occasion du retour manqué de l’ex-chef rebelle en Côte d’Ivoire. Retour sur les étapes de ce divorce annoncé.
Février 2019. Guillaume Soro vient de démissionner de la présidence de l’Assemblée nationale, sous la pression du président Alassane Ouattara. Pomme principale de discorde : le refus du premier d’adhérer au Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), parti nouvellement créé par le second.
L’objectif de Soro est de s’allier à Henri Konan Bédié, inamovible patron du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), dans la perspective de la présidentielle d’octobre 2020. Ce dernier a, lui aussi, refusé de faire adhérer son parti au RHDP et a rompu son alliance avec Ouattara. Toujours dans la perspective de la présidentielle.
Dans une interview accordée à Radio France internationale (RFI), Ouattara ne cache pas sa frustration et met en garde Soro contre une adhésion à la plateforme de l’opposition que comptent créer Bédié et d’autres dissidents du RHDP, ainsi que des partisans de Laurent Gbagbo. « Je pense que ce n’est pas dans l’intérêt de Guillaume Soro de le faire. Et je lui ai dit », assène le président ivoirien, d’un ton ferme.
« Je suis un homme libre », lui rétorque Soro, qui se rend par la suite à Daoukro pour rencontrer Bédié dans son fief. Une provocation ? Le bras de fer vient en tout cas d’éclater au grand jour.
Depuis que l’ancien président de l’Assemblée nationale a quitté le pays en mai 2019, ses sorties répétées ainsi que celles ses proches ont fini par exaspérer le camp présidentiel, Ouattara en tête. En octobre, depuis l’Espagne où il a dit avoir échappé à une tentative d’enlèvement dans sa chambre d’hôtel, accusant directement Abidjan, Soro a envoyé la pique de trop, selon le camp Ouattara.
« Moi Guillaume Soro, je ne suis pas un messie ; je ne suis pas “Soro Solutions” [allusion à “ADO Solutions”, l’un des slogans de campagne de Ouattara en 2010, NDLR]. Non, je ne connais pas tout. Mais quand quelqu’un se lève, [et dit] : “J’ai la solution à tous vos problèmes”. Tu es Dieu ? Un homme mortel et imparfait qui vient vous dire : “J’ai solution à tous les problèmes”, c’est un “djinamori” [magicien, en malinké, NDLR]. Il n’y a pas quelqu’un qui est super-intelligent et nous autres sommes super-bêtes », avait alors attaqué Soro.
Fort du soutien de son mouvement politique Générations et peuples solidaires (GPS) nouvellement créé et qui connaît un succès relatif – plus de 50 000 adhérents en quatre mois – , Soro comptait retourner en Côte d’Ivoire, en vue de lancer sa pré-campagne, depuis le Nord, chasse gardée de Ouattara…
Une longue histoire filiale
On est loin de l’époque où l’idylle politique a commencé entre les deux hommes. Nous sommes en 1998. Guillaume Soro, surnommé « Bogota » dans le milieu estudiantin, doit céder son fauteuil de secrétaire général de la puissante Fédération estudiantine et scolaire (Fesci). Alors que le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo soutient la candidature de Charles Blé Goudé, le Rassemblement des républicains (RDR) d’Alassane Ouattara, soutient celle de Yayoro Karamoko, candidat de Soro.
Charles Blé Goudé, qui deviendra plus tard le « ministre de la Rue » de Gbagbo, après l’éclatement de la rébellion de Soro en septembre 2002, est élu. Au détriment de Karamoko, qui se consolera avec la présidence des jeunes du RDR.
Cette époque marque le rapprochement entre Ouattara et Soro et, évidemment, la rupture entre Gbagbo et Soro.
Commence alors une longue histoire filiale entre les deux fils du Nord, originaires tous les deux de la région sénoufo du Tchologo. En 2000, Soro est même colistier d’Henriette Diabaté, secrétaire général du RDR, aux élections législatives à Port-Bouët (une commune d’Abidjan), avant que le parti ne décide de boycotter le scrutin suite à l’élimination de la candidature de Ouattara par la Cour suprême, alors contrôlée par des proches de Gbagbo.
A la tête des forces nouvelles
En 2002, quand éclate la rébellion des Forces nouvelles (FN) contre Laurent Gbagbo et que Soro se présente comme le secrétaire général de ce mouvement, le FPI désigne tout de suite Ouattara comme « le père » de la rébellion.
Une accusation démentie par Soro à plusieurs reprises, quand bien même les FN reprenaient les revendications du RDR, dont la lutte contre l’Ivoirité, ce concept défendu par Henri Konan Bédié, destiné selon lui à promouvoir la culture ivoirienne et présenté par ses pourfendeurs comme une arme d’élimination de ses adversaires politiques du Nord.
Dix-huit ans plus tard, Affoussiata Bamba-Lamine, ex-porte-parole de la rébellion désormais en rupture de ban avec le pouvoir Ouattara, comme Soro, son patron, affirme autre chose. « Soro tient à rassurer les Ivoiriens qu’il reconnait une seule déstabilisation, celle du 19 septembre 2002, pour le compte de l’actuel Président, M. Alassane Dramane Ouattara », a annoncé, le jour de Noël, Bamba-Lamine. Cette fois, la rupture est vraiment consommée.
La nouvelle Constitution, pomme de discorde
« En réalité, la pomme de discorde remonte à novembre 2016, à la faveur du vote de l’adoption de la nouvelle Constitution », assure le journaliste politique Jules Claver Aka. Avant cette date, le président de l’Assemblée nationale prenait la présidence en cas de vacance du pouvoir. La nouvelle Constitution, promue par Alassane Ouattara, a écarté cette disposition pour faire du vice-président, un poste nouvellement créé, l’intérimaire constitutionnel du président.
Pour Jules Claver Aka, « Guillaume Soro a sans doute compris qu’il n’était plus dans le schéma de succession de son mentor, d’autant que ce dernier avait pris soin de faire monter en puissance le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly », natif, lui aussi, du Nord.
En mai 2017, les relations se sont encore tendues. La Côte d’Ivoire est alors secouée par une deuxième mutinerie d’ex-soldats rebelles qui ont été intégrés à l’armée nationale après la chute de Laurent Gbagbo, en avril 2011.
Ceux-ci réclament des millions de francs CFA à Alassane Ouattara, au nom, selon eux, d’une promesse de guerre non tenue.
Alors que l’armée loyaliste s’apprête à mater la contestation dont l’épicentre est Bouaké, une ville qui fut de 2002 à 2011 le quartier général de Soro et de ses chefs de guerre, les mutins sont orientés vers une cache d’armes, au domicile de Kamarate Souleymane Koné dit « Soul To Soul », directeur du protocole de Soro.
Les armes de guerre dont s’emparent les mutins inversent le rapport de force. Les loyalistes sont freinés net dans leur élan et les mutins obtiennent gain de cause. Ouattara se sent trahi. Tout de suite, il soupçonne Soro d’avoir été à la manœuvre. Ce que ce dernier nie, la main sur le cœur. Soul To Soul est arrêté et jeté en prison, il sera libéré un an plus tard, à la faveur de l’amnistie présidentielle d’août 2018, qui a vu, par ailleurs, la libération de Simone Gbagbo.
Réconciliation impossible ?
Alors que, pour Soro, la perspective de pouvoir déposer sa candidature pour la présidentielle d’octobre 2020 semble s’éloigner, tout comme la possibilité de retourner dans son pays, l’éventualité d’une réconciliation entre le «fils » rebelle et le « père » en colère paraît impossible.
Ironie du sort, « Guillaume Soro se trouve aujourd’hui dans la même situation que son ex-mentor Ouattara, il y a de cela vingt ans, avant le coup d’État de Noël 1999 qui a fait tomber Bédié. Il est visé par un mandat d’arrêt, est accusé de vouloir déstabiliser le pouvoir et est contraint à l’exil. L’histoire, en Côte d’Ivoire, semble un perpétuel recommencement », note l’analyste politique Sylvain N’Guessan.