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24 avril 2025
Développement
DES INTELLECTUELS AFRICAINS RÉAGISSENT AUX RÉFORMES DU FCFA
La monnaie doit être l’émanation des aspirations profondes des peuples d’Afrique qui doivent être en permanence associés aux processus en cours. Les critères de convergence ne constituent pas une approche appropriée - DÉCLARATION
SenePlus publie ci-dessous la déclaration datée du 6 janvier 2020 d’un collectif d’intellectuelsafricains, dont des figures quasi-historiques, sur les réformes du FCFA annoncées le 21 décembre dernier à Abidjan.
« Le 21 décembre 2019, le président ivoirien Alassane Ouattara et son homologue français Emmanuel Macron ont annoncé trois réformes du franc CFA, la monnaie coloniale créée le 26 décembre 1945 et qui circule encore dans quatorze pays africains dont les huit de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).
Les réformes prévues sont les suivantes : le franc CFA de l’Afrique de l’ouest sera renommé ECO ; la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) ne sera plus dans l’obligation de déposer ses réserves de change auprès du Trésor français ; la France n’aura plus de représentants au sein des organes de la BCEAO.
Nous précisons que ces évolutions ne résultent pas de la bienveillance du gouvernement français et de son allié ivoirien, eux qui ont longtemps défendu le statu quo. Le déclencheur a plutôt été la mobilisation pour l’abolition du franc CFA, portée depuis quelques années par des mouvements sociaux panafricanistes, des intellectuels, des citoyens ordinaires, etc. dans le continent et dans la diaspora. C’est donc l’occasion de féliciter et d’encourager ceux et celles qui œuvrent sans relâche à l’émancipation collective de l’Afrique.
Il serait cependant prématuré de crier victoire. Si certains symboles gênants, associés au franc CFA, vont disparaître, les liens de subordination monétaire sur le plan légal et sur le plan de la conduite de la politique monétaire restent en place.
Tout d’abord, la France maintient toujours le rôle officiel de garant ; un rôle, il faut le souligner, qu’elle n’a jamais vraiment exercé pour la simple raison que ce sont les Africains eux-mêmes et les ressources à leur disposition qui ont toujours permis l’émission et la convertibilité du franc CFA. Ensuite, la Banque de France abrite toujours l’essentiel du stock d’or monétaire des pays de l’UEMOA. Enfin, la parité du franc CFA vis-à-vis de l’euro est toujours maintenue. Ce qui est une façon non seulement d’accorder une préférence commerciale à la zone euro mais également de soumettre la politique monétaire des pays de l’UEMOA à celle de la Banque centrale européenne (BCE).
Par ailleurs, l’annonce que le franc CFA sera renommé « ECO » laisse perplexe. Rappelons que ECO est le nom retenu, en juin 2019, à Abuja, par les quinze pays de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest) pour désigner la monnaie unique régionale ouest-africaine en gestation. Ce projet a été initié au sein de la CEDEAO depuis 1983 et sa mise en œuvre a fait entretemps l’objet de plusieurs reports.
Pourquoi donc les pays de l’UEMOA devraient-ils s’arroger le droit de rebaptiser ECO le franc CFA alors qu’ils n’ont pas encore tous rempli les critères d’entrée dans la zone monétaire ECO définis au sein de la CEDEAO ? Comment comprendre cette déclaration hâtive de Macron et Ouattara qui maintient la France en tant que prétendu « garant » du franc CFA renommé ECO, ainsi que la parité fixe avec l’euro alors que la CEDEAO requiert pour le lancement de sa monnaie unique le retrait total de la France de la gestion monétaire des pays de l’UEMOA ? Sans mentionner que la CEDEAO a fait le choix d’adosser sa monnaie à un panier de devises.
Ne faudrait-il pas craindre une tentative de sabotage surtout au regard de la volonté maintes fois exprimée par le gouvernement français d’élargir l’usage du franc CFA aux pays anglophones ouest-africains et d’isoler le Nigeria ?
Devant la confusion actuelle, amplifiée plutôt que dissipée par les différents communiqués de la CEDEAO, de la BCEAO, de la République du Nigeria, de la République du Ghana, etc. nous invitons les citoyens des États membres de la CEDEAO à faire preuve de plus de vigilance concernant les récents développements liés au franc CFA et à l’ECO.
S’il faut saluer l’émergence d’un débat public, porté par des intellectuels et acteurs de la société civile en Afrique, sur la question du franc CFA, nous devons en même temps déplorer le mutisme inquiétant de nos chefs d’État et de gouvernement sur une question aussi importante sur le plan symbolique, politique, économique et psychosociologique.
Face au déficit de communication des gouvernements africains sur un sujet qui engage l’avenir de plus de 300 millions d’habitants en Afrique de l’ouest et celui de l’intégration régionale, nous demandons :- Aux chefs d’État de l’UEMOA et de la CEDEAO de prendre leurs responsabilités auprès de leurs peuples respectifs en ouvrant un débat populaire et inclusif sur les réformes en cours. En effet, la souveraineté est d’abord l’affaire des peuples qui, il faut le rappeler à nouveau, ont de leur propre initiative posé le débat sur le franc CFA et sur la souveraineté monétaire de l’Afrique de l’ouest.- Aux chefs d’État de l’UEMOA d’informer clairement leurs concitoyens sur les surprenantes déclarations d’Alassane Ouattara et d’Emmanuel Macron qui semblent les engager, sans qu’ils aient eu encore à en référer à leur parlement et aux autres institutions républicaines pertinentes.- Aux spécialistes des questions économiques et monétaires au sein de la CEDEAO, de l’UEMOA et de la BCEAO de participer activement au débat public sur les reformes en question, en confrontant leurs propositions aux objections soulevées par des chercheurs et leaders indépendants de la société civile.- Aux peuples des États membres de la CEDEAO de rester mobilisés dans le débat citoyen enclenché sur la sortie définitive de la France de la gestion monétaire de nos États et sur l’adoption de systèmes monétaires souverains au service des peuples et qui s’inscrivent dans la dynamique de mise en place d’une Fédération des États de l’Afrique de l’ouest.
Nous réaffirmons que la question de la monnaie est fondamentalement politique et que la réponse ne peut être principalement technique. Instrument et symbole de souveraineté, la monnaie doit être l’émanation des aspirations profondes des peuples d’Afrique qui doivent être en permanence associés aux processus en cours. A cet égard, nous sommes d’avis que les critères de convergence ne constituent pas une approche appropriée. Ils doivent être revus et éventuellement remplacés par des indicateurs de nature plus politique prenant en compte les défis de l’heure : l’industrialisation, l’autonomisation des producteurs locaux, la compétitivité des entreprises nationales de la zone CEDEAO, le plein emploi et la transformation écologique.
Si nous aspirons à une souveraineté économique et monétaire de la CEDEAO, c’est parce qu’elle est la voie royale pour mettre fin à l’extraversion économique, à l’endettement en devises étrangères, aux flux financiers illicites et aux autres facteurs contribuant à des formes de croissance économique non inclusive."
Listes des noms de personnalités qui ont signé le texte :
Makhily Gassama, Essayiste, Ancien Ministre Ancien Ambassadeur (Sénégal)
Boubacar Boris Diop, Écrivain (Sénégal)
Aminata Dramane Traoré, Écrivaine, ancienne Ministre de la Culture et Présidente du Groupe « États généraux du franc CFA et des Alternatives » (Mali)
Carlos Vamain, Jurisconsulte, Ancien Ministre (Guinée-Bissau)
George Klay Kieh, Jr., Universitaire (Libéria)
Momar Sokhna Diop, Professeur d’Économie et de gestion, Écrivain (Sénégal / France)
Cheikh Gueye, Géographe et Secrétaire permanent du Rapport Alternatif sur l’Afrique (Sénégal)
Lionel Zevounou, Maître de conférences en droit public (France)
Mouhamadou Ngouda Mboup, Enseignant-Chercheur en droit public (Sénégal)
Luc Damida, Chercheur ( Burkina Faso)
LE QUAI BRANLY EST "TROP BLANC"
Le 9 janvier, après 21 ans à la tête du Musée du Quai Branly, Stéphane Martin quittera ses fonctions de président de cet établissement voué aux arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques et voulu par Chirac. Il fait le bilan
Le Monde |
Philippe Dagen et Guillaume Fraissard |
Publication 06/01/2020
« Nous sommes trop blancs », estime Stéphane Martin, qui quittera, le 9 janvier, la présidence du musée.
A l’heure de quitter votre poste, quelle est, selon vous, l’une des grandes réussites du musée ?
Le désir d’ouverture et de tolé rance que nous portons depuis les débuts de l’établissement. Nous avons toujours laissé une liberté totale aux commissaires venus de tous les horizons, avec parfois des approches et des théo ries totalement différentes de celles des curateurs maison. C’est une des choses dont je suis le plus reconnaissant à l’équipe de con servation du musée. Cela n’existe quasiment nulle part ailleurs.
Comment définiriez-vous la spécificité du Musée du quai Branly ?
Je pense que la première sur prise aura été que l’on s’attendait à un grand musée pour les ama teurs, comme le sont les départe ments Afrique et Océanie du Metropolitan à New York et non à un établissement très ouvert à tous les types de regards qui peu vent se porter sur les cultures non occidentales. Il est exceptionnel qu’un musée ose donner autant de place à des expositions temporaires – et des expositions dont les commissaires sont exté rieurs au musée.
Sa création s’est aussi faite de manière originale...
Oui, car il n’y a pas eu d’établis sement de préfiguration. Le musée a été créé, avec tous ses droits, mais sans collection, ni lieu. C’est une situation à la quelle se compare seulement celle du Centre Pompidou : une création qui n’a pas été préparée de longue date par l’administration, qui naît d’une volonté politique au plus haut niveau et qui bouscule les habitudes. Je dois dire que nous étions alors dans une période de cohabitation et que notre projet était regardé avec sympathie par Lionel Jospin, alors premier ministre, si bien qu’il y avait une sorte de pacte tacite : « Pas de crises, pas de révolution de palais à l’intérieur de votre équipe, pas de drames et tout se passera bien. »
Le musée est-il né sous la protection de Jacques Chirac ?
C’est un peu plus compliqué que ça. Jacques Chirac avait une grande expérience de la haute administration, il avait pu observer la manière dont les choses s’étaient passées du temps de François Mitterrand – souvent dans la difficulté et les affrontements. Il y a eu relativement peu de réunions à l’Elysée, mais une concertation constante entre la présidence, le premier ministre et les ministres de la culture successifs. Mais il est vrai que nous avons été préservés des interventions parfois envahissantes des cabinets ministériels. Jacques Chirac voulait créer un choc symbolique et moderniser le rapport à ces arts, en échappant aux habitudes de pensée du primitivisme et en les montrant comme des arts en euxmêmes. Et non comme les références de Picasso, Derain ou des surréalistes.
Le musée a accueilli 1,3 million de visiteurs en 2018. Est-ce satisfaisant ?
Nous pouvons être assez fiers des résultats. En dehors de l’année d’ouverture, où nous avons eu 1,7 million de visiteurs, la fréquen tation a varié entre 1,2 et 1,45 million de personnes. C’est l’un des chiffres les plus importants pour un musée de ce type, à l’exception du TePapa Tongarewa Museum, à Wellington (Nouvelle Zélande), qui est un cas très particulier, et du Musée d’histoire naturelle de New York – mais ses visiteurs n’y viennent pas seulement pour ses collections indiennes. Ici, de sur croît, le contexte est très différent : l’idée initiale était d’ajouter un musée dans un ensemble pari sien déjà très riche et prestigieux. Une pierre nouvelle à un édifice qui jusquelà se consacrait pres que exclusivement – pas en tota lité heureusement – aux cultures indo-européennes.
Qui sont les visiteurs du Quai Branly ?
Trois publics cohabitent : scolaires, les gourmands de musées et un public qui ne vient qu’au Quai Branly, avec une majorité de gens jeunes, les uns issus des émigrations, les autres venus chercher les racines de leurs goûts : les chants inuits, le ta touage maori... Notre difficulté est moins de faire venir de nouveaux publics que de faire qu’ils reviennent. Les Parisiens ne forment qu’un tiers des visiteurs et ce que l’on peut regretter, c’est le taux relativement faible de touristes, jamais plus de 20 % alors que nous sommes au pied de la tour Eiffel.
Comment l’enrichissement des collections s’effectue-t-il ?
Il y a les acquisitions directes financées par la dotation budgétaire qui nous est attribuée à cette fin et par un petit pourcentage prélevé sur nos recettes, soit près de 1,5 million d’euros par an. Les dations sont une source importante, ainsi que les donations, à l’image de celle de Marc Ladreit de Lacharrière en 2018, exception nelle par sa richesse. C’est une politique ouverte au grand large, hé ritière d’une très longue histoire commencée au Cabinet des médailles du roi. Ce qui nous impose du reste des devoirs. Un exemple : la France est l’un des seuls pays à avoir constitué très tôt une collection de peintures aborigènes d’Australie. Cela nous commande de la poursuivre, de la maintenir en vie. Autre exemple : nous sommes les héritiers du Musée des colonies, avec ce qu’il y a là d’insupportable aujourd’hui par rapport à l’histoire de la colonisation. Mais cela nous impose d’y travailler, de la compléter à des fins historiques.
Les enjeux politiques sontils plus forts ici que dans d’autres musées ?
Pendant les premières années, on m’a beaucoup posé la question : allez-vous être un musée scientifique ou esthétique ? Je suis reconnaissant à Jacques Chirac car il nous a beaucoup protégés d’une fonction de célébration diplomatique. Nous avons toujours gardé une liberté complète de programmation vis-à-vis de nos tutelles.
La question des restitutions des œuvres occupe désormais une place centrale. Vous vous êtes opposé aux conclusions du rapport Savoy-Sarr qui prône une « restitution définitive et sans condition d’objets du patrimoine sur le continent africain ». Pourquoi ?
Au terme de restitution, je préfère celui de partage. La question de la propriété ne doit pas être négligée, mais le plus important est que les collections doivent être accessibles et partagées. Les transferts de propriété sont souhaitables dans des proportions qui ne doivent pas être celles qu’implique le rapport SavoySarr, qui sont celles d’une autoflagellation et d’une repentance. Il existe des œuvres dont la symbolique est telle que la question de la restitution ne se pose pas. Il faut donc définir des critères objectifs, faire la différence entre des pièces qui ont un statut tel que leur place n’est pas dans un musée et les autres. Mais déconstruire l’histoire de la collecte et des collections, c’est méconnaître ce qu’est une partie de l’histoire culturelle de l’humanité. Et je pense aussi que le musée n’est pas la réponse à tout. Il y a des moyens différents d’exprimer un sentiment patriotique. Le musée n’est qu’une réponse parmi d’autres.
Pensez-vous que le Quai Branly doit mener une politique d’expansion à l’extérieur de la France, comme le fait le Centre Pompidou ?
Dans quelques années, il y aura des Musées du quai Branly à l’étranger, j’en suis persuadé. Mais cela coûte beaucoup d’argent. Nous n’avons pas encore de demande, mais il y a des projets. C’est un problème de demande internationale. Notre musée a apporté ces cultures et ces arts là dans des pays où ils n’étaient jamais allés. Nous avons réalisé des expositions d’art africain en Chine, par exemple. Notre but, aujourd’hui, c’est l’Afrique. Nous l’avons fait à toute petite échelle car il manque des structures d’accueil. Cela va s’accélérer car le paysage muséal change considérablement. Des initiatives nationales et privées vont se multiplier. Je suis optimiste.
Les missions du musée doiventelles évoluer ?
Ce que je souhaite, c’est que le musée se « colorise », nous sommes trop blancs. Il est encore très compliqué de faire venir des conservateurs des pays d’origine. C’est l’étape d’après pour nous. Dans les musées australiens, néerlandais, ils ont franchi ce pas. Le fait que nous ayons aussi la tutelle du ministère de la recherche nous permet déjà d’accueillir des chercheurs du monde entier.
MACKY, IDY ET LA SUCCESSION
Les révélations de Cheikh Yérim Seck sur une entente entre le président Macky Sall et Idrissa Seck ne laissent pas indifférents les affidés du président du parti Rewmi, scandalisés
Le débat sur un probable troisième mandat du Président Macky Sall a conduit dans l’abîme plusieurs dignitaires du régime en place envoyés à l’échafaud sans état d’âme. Le Président Sall ne veut point qu’on en parle dans ses rangs. Et même lors de son entretien avec les journalistes après son discours à la Nation le 31 décembre dernier, le chef de l’Etat est resté dans le clair-obscur sur son dauphin, sa succession et sur un probable 3e mandat à lui prêté par ses contempteurs.
Par contre, Cheikh Yérim Seck, journaliste et analyste politique, a mis un fagot de bois de plus sur le lourd fardeau qui importune le Président Sall. Cheikh Yérim Seck s’est épanché sur l’horizon du Président Sall qui serait en train de préparer sa succession avec de multiples schémas. A l’émission «Face to face»avec Aïssatou Diop Fall sur la Tfm, ce dimanche, le journaliste-chroniqueur a révélé que Macky Sall a 4 collaborateurs dans l’attelage gouvernemental qui sont dans ses cordes pour sa succession, notamment Abdoulaye Daouda Diallo, ministre des Finances, son beau-frère Mansour Faye, ministre du Développement communautaire, Mouhamadou Makhtar Cissé, ministre de l’Energie et enfin Cheikh Oumar Hanne, ministre de l’Enseignement supérieur.
Cheikh Yérim Seck note aussi que le Président Sall discute au sein de l’opposition avec Idrissa Seck. Au téléphone, Cheikh Yérim a confirmé ses propos sur les échanges souterrains entre Idrissa Seck et Macky Sall qui se justifient par le silence bavard du président du Rewmi devenu aphone, malgré les débats sur l’augmentation du prix de l’électricité, le front social en ébullition, l’emprisonnement de son allié à la Présidentielle de 2019, Dr Babacar Diop, etc.
Cheikh Yérim Seck : «Je sais de science certaine que Macky et Idy se parlent»
Connu pour sa vivacité à tacler le Président Macky Sall, Idrissa Seck est devenu aphone depuis sa défaite à la Présidentielle de 2019. Il a été accusé, à tort ou à raison, d’avoir monnayé son silence avec le poste du chef de l’opposition, dont le statut reste encore à définir, même si une enveloppe de 2 milliards FCfa est avancée comme cagnotte à pourvoir. Cheikh Yérim Seck trouve le silence d’Idrissa Seck assez troublant. «Le dialogue vient juste de commencer, même si des actes ont été posés depuis presque 8 mois. Je sais de science certaine que Macky Sall et Idrissa Seck se parlent. Ils se sont parlés. Ils sont tombés d’accord. Idrissa Seck attend», confie-t-il au bout du fil. Cheikh Yérim Seck est convaincu que Macky Sall et Idrissa Seck émettent, aujourd’hui, sur la même longueur d’onde. «Je ne vais pas entrer dans les détails. Mais tout ce que je peux dire, c’est que le Président Macky Sall et Idrissa Seck sont en phase», indique-t-il.
Les vérités du camp de Idrissa Seck : «S’il y a des pas, c’est Macky Sall qui les pose…»
Les déclarations de Cheikh Yérim Seck ont soulevé un tollé général au sein du parti Rewmi. Certains proches collaborateurs d’Idrissa Seck ont tenté de les balayer d’un revers de la main, sans toutefois nier que le Président Macky Sall n’a jamais cessé de poser des pas pour se rapprocher d’Idrissa Seck. Yankhoba Diattara, directeur des Structures du parti Rewmi, chargé à la vie politique, est d’avis qu’Idrissa Seck n’a jamais posé, par contre, d’actes pour se rapprocher du Président Macky Sall. «Macky Sall et Idrissa Seck sont en phase par rapport à quoi ? Idrissa Seck n’a jamais été intéressé par le statut du chef de l’opposition. Ce n’est pas un sujet d’actualité. Idrissa Seck n’en a jamais fait cas. Parce que cela ne l’intéresse pas. Ce qui l’intéresse, c’est comment consolider son projet politique en commençant par la réorganisation de son parti et en élargissant sa coalition politique ‘’Idy Président 2019’’», confie Diattara.
Il fera remarquer qu’Idrissa Seck a de bons rapports avec les leaders politiques de l’opposition. «Ils mènent ensemble des activités. Maintenant, que Cheikh Yérim Seck dise que Macky Sall et Idrissa Seck sont en phase, qu’Idrissa est le seul candidat valide de l’opposition capable de le remplacer à la tête de l’Etat, tout cela est à l’honneur du parti Rewmi et de Macky Sall qui se rend compte qu’Idrissa Seck est le meilleur leader politique actuel du Sénégal. C’est à l’honneur du parti Rewmi que les gens se rendent compte qu’Idrissa Seck est le meilleur profil pour diriger le Sénégal. Nous n’avons jamais posé des actes pour aller vers Macky Sall. S’il y a des pas, c’est Macky Sall qui les pose. Idrissa Seck n’a jamais posé d’actes compromettants allant dans le sens de se rapprocher de Macky Sall. Idrissa Seck reste attaché sur ses principes et ses valeurs. Qu’il y ait des spéculations pour dire que Macky Sall se rapproche d’Idrissa Seck, cela ne nous ébranle pas », argue-t-il.
Interpellé Déthié Fall, vice-président du parti Rewmi, a préféré ne pas trop s’épancher sur les déclarations de Cheikh Yérim Seck. «Ce n’est pas encore le moment de se prononcer sur cette question. Mais le moment venu, on parlera», lâche-t-il. Par contre, Idrissa Seck, président du parti Rewmi, est injoignable.
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« LE DON DE SOI EST DEVENU UNE DENRÉE RARE... »
Le manque d’éthique se pose avec acuité dans nos sociétés. Certains se demandent même si cette valeur existe toujours au Sénégal. Alassane Samba Diop a posé le débat sur "Lr du Temps" avec Penda Mbow et Mouhamadou Lamine Sagna
e-media |
Babacar FALL & Pape D. DIALLO |
Publication 06/01/2020
Le manque d’éthique se pose avec acuité dans nos sociétés. Certains vont même jusqu’à se demander si cette valeur cardinale existe toujours au Sénégal. Alassane Samba Diop a posé le débat sur "Lr du Temps".
Pour l’historienne, Penda Mbow, cela pourrait se justifier par l’échec de la transmission de valeurs entre les générations. « Ce que l’on voit aujourd’hui est en train de ruiner notre société. Il va la décomposer », se désole la sociologue. « Nous n’assistons pas à une mutation qui peut générer du positif, mais à une décomposition de la société, poursuit-elle. Les adultes qui devaient servir de référence aux jeunes, quand on les entend parler, on est complètement désemparé. Leurs discours ne correspondent pas aux attentes et surtout à leur rôle de guide au sein de la société. »
Pour elle, l’esprit de vivre en commun est aujourd’hui reléguer au second plan. « Avant, on s’investissait pour le bien être de la communauté. C’était le bénévolat. Aujourd’hui, on ne s’engage pas pour le bien de la communauté. Tout ce que l’on fait maintenant, on y attend des dividendes, monétaires ou politiques. Le don de soi est devenu une denrée rare. Chacun essaie de se positionner par rapport au pourvoir de l’argent ou politique », a déploré Professeur Penda Mbow.
Son co-débatteur, Mouhamadou Lamine Sagna, est du même avis. Selon M. Sagna, lui aussi sociologue, il y a un vrai crise de transmission des valeurs d’éthique. « Il y a une crise de la transmission. L’éthique, c’est la position morale que j’ai aujourd’hui et que je veux préserver dans le futur. En Afrique, en général, on a tendance à retourner vers le passé. C’est pourquoi les personnes âgées sont respectées. Alors, si la transmission n’est pas bien assurée entre les générations, on perd les repères. C’est ce qu’elle (Penda Mbao) a appelé une société en décomposition », a-t-il développé.
Mais comment et pourquoi en on arrivé là ? « C’est l’importance que l’on a donné aux matériels. Ce niveau d’importance amène à se perdre dans le spirituel. En se perdant dans le spirituel on gagne de l’argent et ça se traduit par l’autodestruction », estime l’un des invités de l’émission d’Alassane Samba Diop.
par Barka Ba
MACKY SALL, NOUVEAU PARRAIN DE LA CEDEAO
Le président, homme très secret qui ne revendique jamais rien et passe son temps à envoyer des leurres aussi bien à ses proches qu’à ses adversaires, sera-il assez habile pour faire profiter ce « soft power » inédit au privé sénégalais ?
Une anecdote, une seule pour témoigner de l’incroyable influence que le Sénégal est en train d’exercer dans la sous-région: quelques jours seulement après le départ de Yahya Jammeh du pouvoir, sous la pression des forces de la Cedeao dirigées par le général Francois Ndiaye, Ousmane Bargie( Badji), l’inénarrable chef-d’Etat major de l’armée gambienne, vêtu d’un jean et d’un T-shirt, portant des tongs, au grand désespoir d’un jeune officier qui le supplie en vain de changer de tenue pour passer sur la Tfm, m’accorde un entretien exclusif dans les jardins de State House. Ceci, après m’avoir fait visiter le sidérant parc automobile du dictateur, le reste des bolides de luxe que Jammeh n’avait pas pu embarquer dans le Cargo que lui avait envoyé Idriss Deby. L’antre du satrape, qui aura régné d’une poigne de fer sur la Gambie pendant 22 ans, est désormais sous bonne garde des redoutables éléments du bataillon commando venus de la Casamance par Selety.
Quelques coups de semonce d’obus de 105 mm tirés à Kanilai par les artilleurs sénégalais et un survol de State House par un Alpha Jet nigérian sur ordre du président Buhari, ont eu raison des rodomontades de la terreur de Banjul qui n’a pas pu être sauvé par ses amis Mouhamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie et Alpha Conde de la Guinée venus à sa rescousse. Deux de ses rares amis avec Idriss Deby Itno du Tchad, qui ont tenté un ultime coup de poker pour lui sauver la mise.
En vain. Sentant que sa proie était désormais acculée et ferrée, le Président Macky Sall se montrera intransigeant: le départ de Jammeh ou un assaut frontal sur Banjul. Ayant réservé sa première visite à l’homme fort de la Gambie, le président sénégalais nouvellement élu était au début de son mandat plutôt décidé à s’accommoder du comportement erratique et des foucades de l’ex-lieutenant putschiste qui avait donné tant de fil à retordre à ses prédécesseurs Diouf et Wade.
En utilisant, entre autres méthodes peu orthodoxes, l’épouvantail du Mfdc, offrant notamment le gite et le couvert à Salif Sadio, le plus radical des chefs de guerre de la rébellion casamançaise (...)
Mais, une provocation de trop avait scellé le sort de Jammeh et il l’ignorait: l’exécution à Banjul de la dame Tabara Samba et d’un autre jeune compatriote, condamnés à mort, avait été très durement ressentie à Dakar. Ce jour-là, dans une colère rentrée, de retour d’Afrique du Sud, répondant à un conseiller qui lui demandait s’il resterait sans réagir à ce camouflet , Macky Sall lui répondra calmement : « Ce n’est pas le moment mais il ne perd rien pour attendre!» Aussi bien les militaires que les politiques attendaient en effet depuis belle lurette l’occasion en or qui leur permettrait de se débarrasser d’un président devenu une menace permanente contre la sécurité nationale du Sénégal, sans violer les lois internationales (...) Ainsi, dans son tout premier entretien à la presse accordé à l’auteur de ces lignes, le Président Adama Barrow ne cessera de donner des gages au Sénégal. Au point que sa propre sécurité est assurée aujourd’hui encore par les éléments du Gign sénégalais (...)
En Guinée-Bissau, j’ai eu l’impression d’assister à un bégaiement de l’histoire, en décrochant un autre entretien exclusif avec Umaro Sissoco Embalo, dans des circonstances qui ne relèvent absolument en rien de la prouesse journalistique mais purement et simplement d’une veine de pendu. Au départ de l’aéroport de Diass, mon cameraman Khaly Ndiaye et moi avions réussi un exploit peu commun: rater tous les deux le vol d’Air Sénégal en direction de Bissau, moi pour avoir présenté dans la précipitation un passeport expiré, lui pour une simple erreur d’orthographe sur son billet, le « Khaly » étant devenu un « Khady » ! Résultat des courses: nous avons été obligés de nous rabattre le lendemain sur Transair pour atterrir à Ziguinchor et continuer sur Bissau par la route en négociant très difficilement le passage de Mpack, les militaires Bissau-guinéens ayant fermé la frontière le jour du scrutin. C’est un coup de fil donné par une connaissance très bien introduite à Bissau qui nous fera passer exceptionnellement. Et à 18 h, un autre coup de fil d’une dame très proche de Sissoco Embaló nous vaudra le jackpot. Une interview reprise par la Bbc et Rfi au cours de laquelle Embaló avait expliqué les relations très anciennes qui le liaient à Macky Sall dont il était un membre presque fondateur de son parti l’APR quand il était en galère à Dakar et était alors hébergé par l’opposant au président Wade dans sa résidence de Mermoz.
Mais, surtout un passage dans l’entretien avait retenu l’attention: la forte inimitié qui l’opposait à son désormais homologue et voisin Alpha Condé. (...) Évidemment, l’impétrant au keffieh palestinien avait réservé sa première visite de chef d’Etat à Macky Sall. Tout comme George Weah du Liberia et Julius Maada Bio de la Sierra Leone, appuyés discrètement pendant leurs campagnes électorales par le président sénégalais.
Une politique souterraine d’influence au sein de la Cedeao, coachée par des hommes de l’ombre, qui échappe pour le moment aux radars de la diplomatie occidentale. Macky Sall, homme très secret qui ne revendique jamais rien et passe son temps à envoyer des leurres aussi bien à ses proches qu’à ses adversaires, sera-il assez habile pour faire profiter ce « soft power » inédit au privé sénégalais ? Pour le moment, c’est le plus grand talon d’Achille de l’homme qui est en train de redessiner la carte politique et diplomatique de la Cedeao. Sans tambour, ni trompette.
Ps: Ceci est juste un extrait d’un bouquin à paraître bientôt in challah, où je reviens sur les anecdotes, coulisses et entretiens recueillis dans mes différentes pérégrinations au Mali, en Guinée, Guinée Bissau, Gambie, Burkina Faso et au Rwanda, etc.
par Abdoulaye Cissé
AUDIO
NOS MILLE ET UNE CONTRADICTIONS
Si on sort de cette journée de lancement du cleaning Day, sans avoir l'impression que nos villes sont plus propres qu'avant, c'est qu'on doit s'interroger
Voilà comment apparait notre pays dans ses contradictions sociétales.
Même les lieux communs, les choses d'une plate évidence, n’arrivent pas à fédérer les énergies.
Même le besoin universel d'hygiène n'y fait rien.
Triste constat, Abdoulaye Cissé
Il n’est pas un seul sénégalais, et parfois même parmi ceux qui n’ont jamais franchi les limites de diamniadio par les airs, qui ne connaissent pas et ne théorisent pas les clés du succès de Kigali à qui on colle on ne sait trop par quelle étude comparative, l’étiquette de ville la plus propre du continent.
Et quand il s’agit alors de faire pareil, par un exercice citoyen de propreté par tous, les Kagamé boys trainent le balai . . . C’est vrai, Macky n’est pas Kagamé encore qu’il faudrait que le président sénégalais le revendique car l’exigence d’hygiène publique est une valeur universelle qui ne saurait prendre sa source dans la seule vallée du Rusizi qui afflue vers le lac Tanganyika.
D’autant qu’une maxime bien de chez nous atteste que celui qui t’appelle à la propreté ne te veut que du bien.
Alors, si on sort de cette journée de lancement du cleaning Day, sans avoir l’impression que nos villes sont plus propres qu’avant, c’est qu’on doit s’interroger et résoudre nos propres contradictions. Et on n’en est pas à une contradiction près.
A tout le moins, les relais ont brouillé le message présidentiel qui voulait une initiative citoyenne, sans forcer la main à quelqu’un, sans faire sauter la banque, sans rivaliser à qui investirait le plus de moyens ou mobiliserait plus de partisans.
Parfois, on a plus vu des caravanes de folklore que de vrais soldats de la propreté à pied d’œuvre. On est vite sorti du défi citoyen quand aux 1éres heures, le ministre de l’environnement pour ne citer que celui-là fait étalage des moyens colossaux qu’il a investi dans son patelin de Mbao pour mobiliser sa « jeunesse », sous-entendu ses partisans.
Dès lors, on en vient à des considérations pour que ceux qui ne sont pas du même bord rangent leur balai pour ne pas lui offrir un succès politique à revendiquer par la suite.
Voilà tout le problème. Et pourtant le président avait averti qu’il n’y avait pas un kopeck à investir : mais ça aussi, c’est un problème. Il vaut peut-être mieux investir des moyens ici que ailleurs, par exemple dans un accueil populaire du chef de l’État à l’université où le COUD de Cheikh Oumar Hann a claqué plus de 80 millions. Le président Macky Sall lui-même trouve que si le conseil d’administration a autorisé une telle dépense, il n’y a pas de quoi épingler l’ancien DG promu ministre. Drôle de façon de promouvoir la gestion sobre et vertueuse.
On n’est vraiment pas à une contradiction près, et la veillée de la Saint sylvestre nous a encore offert l’occasion de le constater.
Quand le chef de l’État semble prendre la mesure de la gravité de l’accidentologie en faisant foi aux chiffres l’OMS pour une estimation à plus de 2000 morts sur nos routes, les techniciens du ministère notamment le directeur des Transports Routiers jouent au maitre camoufleur pour récuser ces chiffres.
Il faudrait qu’il nous présente ses chiffres car les près de 600 morts seulement ne concernent que les cas de décès enregistrés sur le coup, selon l’expression consacrée.
Allez ôter des statistiques un blessé grave, dans le coma et qui se réveille tétraplégique et qui crève au bout de 6 mois de souffrance pour lui et plus encore pour sa famille qui le veille en prières nuit et jours dans l’espoir de le récupérer . . . Allez dire à cette famille que cette victime n’est pas comptée parmi les morts par accident.
Il faut qu’on soit un peu plus sérieux pour venir à bout de nos tares.
Un discours clair, qui prennent la vraie mesure de nos difficultés doit être le fondement des diagnostics pour l’élaboration de politique publique.
Sinon, le mensonge, le déni de réalité, le saupoudrage, la filouterie, la ruse, l’escroquerie et la duperie n’ont jamais développé un pays.
En arithmétique, on ne résout jamais mieux un problème que quand l’opération est bien posée. Autrement, les règles de calculs, les théorèmes, les axiomes n’y feront rien.
Pythagore n’est pas interchangeable avec Thalès, et on ne fera pas de miracle en pensant que tout est juste un jeu de verbe et de discours tout fiel tout miel pour doper la conscience collective citoyenne.
MOUHAMMAD DIONNE, L'EMBONPOINT DE LA TAILLE
Si dans la forme, le Secrétariat général de la Présidence de la République est à un palier en dessous du Cabinet présidentiel. Dans le fond, le service géré actuellement par l’ex-Premier ministre est devenu une vraie institution
Si dans la forme, le Secrétariat général de la Présidence de la République est à un palier en dessous du Cabinet présidentiel. Dans le fond, le service géré actuellement par l’ex-Premier ministre est devenu une vraie institution. Il serait même aujourd’hui, selon plusieurs spécialistes, une créature spéciale.
Le cérémonial est exécuté à la perfection. Mardi 12 novembre 2019. Sur le tarmac de l’aéroport Léopold Sédar Senghor (Lss), le ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence de la République, Mahammad Boun Abdallah Dionne, en costume de rigueur, conduit la forte délégation devant accompagner le chef de l’État Macky Sall, lauréat du prix «Medays» décerné par l’institut marocain Amadeus à Tanger, au pays de Sa Majesté le Roi Mouhamed VI. En présence des patrons de ministères de souveraineté tels que le ministre de l’Intérieur Aly Ngouile Ndiaye, le ministre de la Justice, Me Malick Sall et le ministre Directeur de cabinet du président de la République, c’est l’ancien Premier ministre (Pm) qui dirige le cérémonial, flanqué du Président Sall. Un quart d’heure après le ballet protocolaire, l’avion présidentiel s’envole en direction du Maroc. Mahammad Boun Abdallah Dionne et son escorte rebroussent chemin. Deux jours plus tard, dans la soirée du 14 nombre 2019, c’est encore l’ancien Premier ministre et sa suite qui sont allés accueillir le «Medays» 2019, Macky Sall, à son arrivée à l’aéroport Lss.
Le scénario n’est pas anodin. Il reflète une réalité d’État. Et la question qui taraude les esprits est de savoir si le ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence de la République aurait-il les mêmes attributs d’un Pm ? Les experts sont unanimes sur la question. Dans la forme, l’architecture institutionnelle offre ce schéma : un poste de Premier ministre supprimé, avec en ligne de mire le resserrement et le recentrage des missions essentielles de l’État au sein de l’Exécutif. Pour aller dans ce quinquennat en mode «Fast track» dans la mise en œuvre de la phase 2 du Pse (Plan Sénégal émergent), avait expliqué le Président Sall, le 6 avril 2019, pour justifier la suppression du poste de Pm. Mais dans le fond, la suppression du poste de Premier ministre (Pm) de l’architecture institutionnelle du pays, votée le 4 mai 2019 par les députés à l’Assemblée nationale, sonne comme un saupoudrage. Puisque l’ancien chef du gouvernement Mahammad Boun Abdallah Dionne, nommé ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence de la République, continue de… coordonner l’action gouvernementale.
«Centre névralgique»
Du Palais présidentiel où il tient désormais ses locaux et ses services, le successeur de Maxime Jean Simon Ndiaye assurerait et assumerait toujours ses prérogatives d’ancien Pm. Mahammad Boun Abdallah Dionne a même été renforcé par deux Secrétaires généraux adjoints qui l’accompagnent dans sa lourde tâche, afin de diligenter son travail. Mouhamed Sall Sao, expert international en Administration publique : «C’est la charge de travail qui justifie la présence de deux Secrétaires généraux adjoints à la Présidence. En tout état de cause, dès lors qu’il n’y a plus de poste de Premier ministre, le poste de Secrétaire général de la Présidence de la République prend une dimension plus grande. Ce poste n’a plus les mêmes attributions et responsabilités que du temps de Jean Maxime Ndiaye (nommé Secrétaire général du gouvernement). Ce poste de Secrétaire général de la Présidence de la République est devenu plus important, parce que justement il n’y a pas de Premier ministre.»
Sur le plan protocolaire, l’ancien Premier ministre demeure toujours le numéro 2 de l’Exécutif sénégalais. De même que sur le plan logistique. Mahammad Boun Abdallah Dionne bénéficie encore des mille et un avantages qu’il avait lorsqu’il dirigeait la Primature. Un palier qui a certes disparu de l’architecture institutionnelle, mais dont la pertinence de son contenu demeure de facto. «La nature, comme la vie institutionnelle, a horreur du vide», souligne le journaliste Cheikh Yérim Seck. L’analyste politique, ancien journaliste au magazine panafricain «Jeune Afrique» de conforter ses propos : «Le travail gouvernemental a un besoin impératif de coordination. Mahammad Boun Abdallah Dionne s’en occupe d’autant plus naturellement qu’il a acquis des réflexes de collaboration avec le président de la République, au bout de plusieurs années de compagnonnage. Du haut de sa position de ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence, Dionne est une sorte d’interface entre le gouvernement et le président de la République. Ce qui fait de lui un entonnoir entre les deux entités. A défaut de diriger le gouvernement, il en centralise l’activité en l’absence d’un Premier ministre. Dans toutes les Républiques, toute action gouvernementale a besoin de planification, d’exécution, de coordination», explique-t-il.
Au-dessus du cabinet
Ancien Directeur de cabinet et Premier ministre du Président Abdoulaye Wade, Souleymane Ndéné Ndiaye maîtrise les arcanes de la République du Sénégal. Il en connaît les rouages pour avoir longtemps cheminé dans ses coursives, seul à seul avec l’ex-chef de l’Exécutif sénégalais. Il dit : «Dans un régime où il n’y a pas de poste de Premier ministre, le président de la République peut parfaitement confier au Secrétaire général de la Présidence de la République les attributions qui étaient initialement dévolues au Premier ministre. Mais, le Secrétaire général de la Présidence de la République n’a pas toutes les attributions d’un Premier ministre. Par exemple, quand il va accueillir le Président de retour de voyage, il passe sur le tapis rouge et devant les militaires qui lui donnent le salut. Ce qui n’est pas le cas pour le Secrétaire général de la Présidence.» Et Souleymane Ndéné Ndiaye d’ajouter : «Le Premier ministre et le Secrétaire général de la Présidence n’ont pas les mêmes rôles. Moi, j’ai été ministre d’État, directeur de Cabinet du président de la République. Et si vous regardez le décret 2001 portant réorganisation du gouvernement, le Secrétaire général de la Présidence travaille sous l’autorité du ministre d’État, directeur de Cabinet du président de la République. Le Secrétaire général de la Présidence coordonne les services de la Présidence de la République, en dehors des services rattachés au Cabinet du président de la République. Évidemment le président de la République est le patron de son cabinet, mais il délègue à son directeur de Cabinet le soin de coordonner le cabinet.»
«Chambre forte du Pouvoir»
Ce qui n’est pas le cas pour Dionne qui, dans la pratique de tous les jours de l’Etat, est au-dessus du Cabinet présidentiel. Selon plusieurs spécialistes, le titre de ministre d’Etat avec portefeuille (Secrétaire général de la Présidence de la République) indique une prééminence protocolaire du Secrétaire général de la Présidence Mouhammad Boun Abdallah Dionne sur le (simple) ministre, directeur de Cabinet du président de la République, Augustin Tine. «Dans les normes, le Secrétariat général de la Présidence est un palier en-dessous du Cabinet présidentiel, mais sur ce cas d’espèce, c’est le Secrétariat général qui englobe même le cabinet présidentiel. De facto, avec la suppression du poste de Pm, le Secrétariat général de la Présidence est devenu le lieu des grandes décisions, la chambre forte du Pouvoir», explique-t-on.
Convoquant l’histoire récente, avec le cas Jean Collin, ancien ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence de la République, numéro 2 du pouvoir sous Diouf, où il n’y avait pas, non plus, de Premier ministre, l’expert en management de l’Administration publique, Mouhamed Sall Sao, en convient : «En principe, le Secrétariat général de la Présidence coiffe presque tous les services rattachés à la Présidence, à l’exception du Cabinet et de la Grande Chancellerie. C’est lui qui médiatise les relations entre les services rattachés à la Présidence et le Président lui-même. Le Bureau organisation et méthodes, le Contrôle financier et l’Inspection générale d’État (Ige), tous ces services sont sous la supervision du Secrétaire général de la Présidence. Même si par ailleurs, on dit que ce sont des services rattachés à la Présidence.»
Sur le site www.presidence.sn, même si le Secrétariat général vient, selon l’organigramme affiché, après le Cabinet présidentiel, il est clairement fait mention de la relation de travail direct entre Mouhammad Dionne et Macky Sall. Même si le texte ne couvre pas assez les immenses prérogatives de l’ancien Premier ministre. «Le Secrétariat général de la Présidence de la République est dirigé par un Secrétaire général, nommé par décret et placé sous l’autorité du président de République, dont il peut recevoir délégation de signature. Il assiste aux Conseils des ministres, aux Conseils présidentiels et aux Conseils interministériels. Il participe aux séances de travail dirigées par le président de la République et dispose d’un chef de Cabinet, d’un Secrétariat et de chargés de missions», explique l’article 11 portant décret 2019-769 portant répartition des services (…) de la Présidence de la République. Mouhammad Dionne a été renforcé, entre-temps, avec la nomination de deux autres ministres Secrétaires généraux adjoints pour assister et renforcer le pool du Secrétaire général de la Présidence. Une annonce qui a été faite par le président de la République, qui faisait face, le 31 décembre dernier, à un pool de journalistes triés au volet. Une déclaration qui renseigne sur le volume de travail au Secrétariat général de la Présidence, mais aussi sur le poids institutionnel qu’a pris Mouhammad Boun Abdallah Dionne, qui est devenu un super «Premier ministre». Sans le nom.
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"LA MONNAIE UNIQUE DE LA CEDEAO N'EST PAS L'ALTERNATIVE"
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PAPE ALÉ NIANG, LA CONNIVENCE ASSUMÉE
Taxé aujourd'hui de pro-Sonko pour sa proximité avec le leader de Pastef, Pro-Macky et Tanor Boy hier, le journaliste de la Sen TV jongle entre connivence et neutralité journalistique
"Un journaliste ça lèche, ça lâche puis ça lynche", disait le journaliste français, Jean-François Kahn parlant de la "connivence irréversible" entre journalistes et politiques. La proximité tant décriée entre le journaliste Pape Alé Niang et le leader politique Ousmane Sonko serait à ranger dans ce registre. Pour beaucoup, notamment le camp du pouvoir, entre la nouvelle recrue de la Sen Tv et le leader de Pastef, les relations repoussent les bornes de la neutralité journalistique et semblent épouser les formes d'un "Je t'aime, moi aussi". Au point qu'ils se demandent si les deux hommes ne sont pas des "associés".
Le journaliste a fini de faire de Sonko son client favori dans les différentes émissions politiques qu'il anime. Que ce soit à la 2Stv ou à Sen Tv et même à Walf Tv où il a fait un bref passage le temps de la présidentielle du 24 février 2019, Pape Alé est l'un des rares, sinon le seul journaliste à qui Ousmane Sonko accorde la primeur de ses sorties. Le 31 décembre 2019, bis repetita ! Le député a décrypté pour Sen Tv, le message à la nation du président de la République, sur invitation du même Pape Alé Niang qui avait fait de lui le premier invité de son émission Face à Pape Alé, il y a moins de deux mois.
De quoi raviver les suspicions sur leur "supposée" connivence, après l'épisode Dakar matin, le site qu'Ousmane Sonko a cédé (avec le même nom de domaine et le même hébergement) à Pape Alé Niang. La plaidoirie à décharge de Moustapha Diakhaté sur Facebook semble enfoncer davantage le journaliste- supposé être à équidistance- plus qu'elle ne le dédouane. "Macky Sall bénéficiait du même traitement de la part de Pape Alé quand il était à l'opposition". Ce témoignage de Diakhaté met à nu la propension de l'animateur d'émission politique à tisser des relations très huilées avec les personnalités politiques, notamment celles de l'opposition.
Ami des opposants, adversaire des gouvernants
A l'instar de Franz-Olivier Giesbert (FOG), le connivent et assumé ancien directeur du Figaro et du Point, Pape Alé gère ses sources, peut importe les critiques. Ce qui l'importe en dernier ressort, ce sont les informations dont il peut bénéficier de leur part. "Un homme politique c'est une source, non ! Bah, alors ! Ce que ces gens racontent ne m'ébranle guère. Je fais les choses comme je les sens", rouspète-t-il, foulant au pied les principes sacro-saints de la neutralité journalistique.
L'auteur du livre-révélation sur la vie privée de son ami Jacques Chirac intitulé 'La tragédie du président' (2006) avait en son temps décidé de flirter avec le pouvoir, en déclarant ouvertement : "moi, je baise avec le pouvoir". Pape Alé Niang, lui, a décidé de fricoter avec l'opposition et les plus en vue d'entre eux : hier Macky Sall et Tanor Dieng, aujourd'hui Ousmane Sonko et Khalifa Sall.
A chaque moment de la vie politique, il a un leader de l'opposition de premier plan avec qui il entretient des relations privilégiées, et très souvent de façon ouverte. Un choix clairement assumé par le concerné. "Qu'on me taxe de connivent ne me dérange point. Ce genre de pression ne m'empêchera pas de faire ce que je veux faire. Ils m'ont taxé de pro-Tanor quand j'étais à Sud Fm, ils m'ont taxé de pro-Idy, Pro-Macky, maintenant c'est pro-Sonko, demain peut-être ce sera pro quelqu'un d'autre. Les partisans de Macky Sall qui soutiennent ces propos aujourd'hui, quand je les fréquentais de 2011 jusqu'en 2013, ils ne m'ont jamais critiqué, alors que les gens du pouvoir me taxaient de connivent", peste-t-il.
Quitter la presse
Pour se défendre, Pape Alé Niang rappelle que "comme Sonko en 2019, le 31 décembre 2011, Macky Sall était sur mon plateau, il a fait deux heures de temps et cela n'avait pas créé tout ce tollé". Et lorsque toutes les télévisions refusaient d'inviter Moustapha Cissé Lô, lors du congrès d'investiture de Macky Sall, ajoute-t-il, c'est lui qui lui a aménagé le plateau de l'émission Çamedit mag pour qu'il lise la résolution. "Quand on remettait à Macky Sall la légion d'honneur en France, je suis le seul journaliste à avoir filmé la cérémonie, c'est vous dire qu'on était très proche", confie-t-il.
C'est que Pape Alé Niang a fini de se faire une religion en matière de journalisme. Sa conviction est qu'une amitié haut placée ne saurait entacher la liberté d'un journaliste. "Un homme politique est une source d'information. Maintenant, le traitement qu'on fait des informations qu'il nous donne dépend de nous journalistes", rembobine-t-il.
Titulaire d'un diplôme supérieur de journalisme et communication ainsi que d'une maîtrise en sociologie, Pape Alé qui prépare un master en relations internationales n'écarte pas de quitter la presse. L'une des principales raisons, c'est cette posture d'éternel incompris qui lui colle à la peau depuis le début de sa carrièrre.
Par Seydina Bilal DIALLO
BONNES ACTIONS ET OSTENTATIONS
Le «cleaning day» s’est vite transformé en «cleaning challenge » des responsables de la mouvance présidentielle, notamment des apéristes. En lieu et place d’une pédagogie par l’exemple, les politiciens ont rivalisé d’ardeur sur « Facebook »
Un esprit malsain dans un corps d’apparence saine. Sinon rien ne peut justifier que tous ces gens veuillent politiser la Journée nationale de nettoiement avec des interventions dans tous les sens. Si cela ne pouvait manquer, le seul discours symbolique du chef de l’Etat pourrait suffire en cette journée qui devrait marquer un nouveau départ dans le processus de changement de comportements et de préservation de l’environnement et du cadre de vie.
En demandant à ses ouailles de ne pas venir chez lui, Macky Sall a bien compris que ces derniers pourraient dévoyer son initiative et la transformer en une tribune politicienne. Malgré les mises en garde du chef de l’Etat, c’était tout comme. En effet, les responsables politiques du pouvoir, pour la plupart, n’ont pas osé faire le déplacement à Mermoz. Cependant, ils ont mal décrypté le message du chef de l’Etat ou n’ont pas bien compris l’essence d’une telle journée. Que l’on veuille ou pas, ils ont politisé l’affaire.
Le «cleaning day» s’est vite transformé en «cleaning challenge » des responsables de la mouvance présidentielle, notamment des apéristes. L’ostentation a ainsi pris le dessus sur la bonne action. En lieu et place d’une pédagogie par l’exemple, les politiciens ont rivalisé d’ardeur sur « Facebook »; chacun feignant d’être plus actif que l’autre sur le terrain des ordures. Ils ont de ce fait pollué le réseau social, armés de pelles, râteaux, et entourés de leurs différents états-majors politiques. Des mises en scène pour occuper l’espace public, chacun tentant de jeter son grain de sel dans l’affaire. Une manière de dire : «Me voilà chef ! J’ai suivi le mot d’ordre !» Ils pouvaient nous épargner des discours et surtout aider à ne pas donner l’image que c’est une affaire «apéro-apériste».
Rien que par l’accoutrement de certains, on pouvait comprendre que leur objectif était moins de rendre propre leur espace que de se rendre visibles. On n’a pas besoin d’être technicien de surface pour savoir que nettoyer exige un certain code vestimentaire. Mais comment porter un Caftan et être à l’aise dans cette action citoyenne ? De tout cela ressort une réflexion : faire de sorte que ces actions soient alliées à un travail d’éducation et de sensibilisation. Ces valeurs d’hygiène et de propreté doivent être inculquées à toutes les couches de la société même si l’accent doit être mis sur la jeunesse. Cette éducation au civisme est fondamentale. Le défi est aujourd’hui d’éduquer les gens au patriotisme et au don de soi pour la nation. Si ce pari est réussi, les actes seront légion et les mots économisés.
out compte fait, l’initiative demeure bonne et son organisation n’en serait que plus bénéfique pour le pays. Du reste, les grandes artères et autres points centraux de la capitale font peau neuve. Cependant, l’appropriation de l’action, l’engouement populaire à l’image du Set Setàl des années 1990 reste un défi. Aujourd’hui, on est loin de cet élan populaire où tout le monde sortait pour nettoyer les rues et ruelles, peindre les murs, construire des monuments etc.
Pourtant les bras ne manquent pas avec ces milliers de jeunes sans emplois dans les différents quartiers de la banlieue. Peut-être qu’une meilleure implication des imams, chefs de quartiers, chefs coutumiers et traditionnels, mouvements associatifs aurait eu plus d’impact que cette course des politiciens pour plaire au chef de l’Etat. Plutôt que de laisser croire que c’est un effet de mode, il faudrait préparer les Sénégalais à la préservation de l’environnement et du cadre de vie. Des secteurs qui d’ailleurs peuvent être transformés en de puissants leviers économiques.