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24 avril 2025
Diaspora
par Ndiaga Loum et Ibrahima Sarr
MOMAR-COUMBA DIOP, LE MISSIONNAIRE LAÏC
EXCLUSIF SENEPLUS - Notre souhait ardent est que l’État lui rende un hommage officiel posthume pour offrir son exemple à la jeunesse qui mérite de connaitre l’ampleur et la qualité de la contribution scientifique de ce chercheur hors-pair
Ndiaga Loum et Ibrahima Sarr |
Publication 21/08/2024
« Vivant, je veux bien être modeste, mais mort, il me paraît naturel qu’on reconnaisse mon génie... » - Michel Audiard
Quarante jours déjà que Momar-Coumba Diop a été mis en terre. Sa disparition a été un choc brutal pour sa famille biologique et sa « famille très étendue », selon les termes de son ami Jean Copans dans la préface de l’ouvrage Sénégal 2000-2012. Les institutions et politiques publiques à l’épreuve d’une gouvernance libérale (Karthala, 2013, 836 p.). Le vendredi 19 avril dernier, comme à son habitude, Momar nous envoya une photo prise par son ami Charles Becker, à l’issue d’un déjeuner dans un restaurant parisien, vers Port Royal-Bertholet, et sur laquelle il était en compagnie de Robert Ageneau, le fondateur des éditions Karthala, devenu son ami depuis leur première rencontre en 1989. Sur l’image, Momar nous semblait en pleine forme. Et nous étions loin d’imaginer que l’irréparable allait se produire quelques semaines plus tard. Lorsqu’à partir du 28 mai dernier nous n’avions plus de ses nouvelles, nous avions pensé qu’il lui était arrivé quelque chose car Momar ne restait pas une journée sans faire signe.
Nous discutions quotidiennement avec lui de la situation politique nationale, surtout avec la crise qui a opposé depuis mars 2021 le pouvoir central et l’opposition dite « radicale ». L’avenir du Sénégal le préoccupait au plus haut point. La décision du président Macky Sall de reporter la présidentielle de février-mars 2024, à la veille de l’ouverture de la campagne électorale, menaçait sérieusement la stabilité du pays. Dans ce contexte préélectoral, le pays est resté debout à l’issue de cette rude épreuve, surtout grâce au Sénégal laïc et citoyen célébré par Pathé Diagne dans Le Sénégal sous Abdoulaye Wade. Le sopi à l’épreuve du pouvoir (Paris, Karthala, 2013, 840 p.), ouvrage publié sous la direction de Momar. Ce Sénégal laïc et citoyen, qui avait fait échec à la tentative du président Wade d’exercer un troisième mandat, a cette fois-ci fait face à la pression de grande envergure exercée par le président Macky Sall. L’alternance du 24 mars 2024 traduisait un rejet de ce dernier et de ses hommes, mais aussi de l’opposition classique. Elle marquait également ce que Pathé Diagne a appelé « la fin du cycle senghorien ». Cette alternance enthousiasma Momar. C’est parce qu’il souhaitait surtout une transformation qualitative des conditions de vie des Sénégalais. Et le rêve lui semblait permis.
Nous avons connu Momar à la fin de nos études doctorales grâce à notre ami, l’archéologue Ibrahima Thiaw de l’IFAN. Nous connaissions bien les travaux de Momar. Notre ami Thiaw estimait qu’il nous fallait collaborer avec Momar et bénéficier de ses conseils avisés. Ce que ce dernier accepta de bon cœur. Ainsi, nous avons vécu avec Momar près d’une vingtaine d’années de compagnonnage. Nos relations avaient fini par déborder le cadre de la recherche pour devenir amicales voire fraternelles.
Nous appartenons aux sciences de l’information et de la communication considérées comme une « inter-discipline » car situées au carrefour des sciences humaines et sociales auxquelles elles empruntent leurs concepts et leurs méthodes. Nos objets sont ceux des médias et de la culture. Nous privilégions une démarche pluridisciplinaire pour les analyser. L’interrogation d’une part de leurs conditions de production et d’émergence, et d’autre part des conditions de leur réception nous autorise à faire appel à la sociologie, à l’histoire, au droit, à la sémiotique, et à l’anthropologie, notamment celle des mondes contemporains chère à Marc Augé. Nous procédons donc à une traversée des disciplines que nous retrouvons non seulement dans les travaux de Momar, mais aussi dans les ouvrages collectifs qu’il a dirigés.
Le début d’une aventure
Après son recrutement à l’Université de Dakar, en 1981, Momar porta sur les fonts baptismaux un groupe de recherches, avec ses amis de la Faculté des Lettres et Sciences humaines comme les historiens Mohamed Mbodj, Mamadou Diouf et Babacar Diop dit « Buuba », les philosophes Souleymane Bachir Diagne et Aminata Diaw, les géographes Latsoucabé Mbow et Paul Ndiaye, le juriste Tafsir Malick Ndiaye et l’économiste François Boye. Leur aspiration, comme Momar l’a rappelé souvent dans ses écrits, était de forger une autonomie intellectuelle, d’être à même d’influencer les orientations, l’écriture et le déroulement des travaux menés sur le Sénégal. Ils avaient surtout bénéficié de l’appui de leurs aînés Boubacar Barry et Abdoulaye Bathily du Département d’Histoire. Leur rencontre avec (le défunt) Thandika Mkandawire, à l’époque directeur exécutif du Codesria, a été une étape importante dans le cheminement intellectuel et professionnel de Momar et de ses amis. En leur ouvrant les portes de son institution, Thandika Mkandawire leur a permis d’accéder à des travaux novateurs, de découvrir d’autres traditions de recherches et d’engager des confrontations scientifiques avec des chercheurs de l’Afrique francophone et de l’Afrique anglophone. Momar a toujours insisté sur le fait que si certains membres de ce groupe n’avaient pu terminer leurs thèses d’État ou avaient renoncé à les rédiger – une étape pourtant importante pour gravir de nouveaux échelons dans la hiérarchie universitaire - c’est parce qu’ils étaient engagés corps et âme dans leur agenda de recherches.
Ce groupe a publié en 1992, sous la direction de Momar, Sénégal. Trajectoires d’un État (Dakar, Codesria, 501 p.), un ouvrage axé sur une histoire économique et sociale du Sénégal, traduit en anglais sous le titre Senegal. Essays in statecraft (Dakar, Codesria, 1993, 491 p.). Mais Momar s’était déjà révélé en 1990 à travers la publication, avec son ami Mamadou Diouf, de Le Sénégal sous Abdou Diouf (Paris, Karthala, 1990, 439 p.) consacré au Sénégal post-senghorien. Momar remit ça en 1994 avec deux ouvrages collectifs : Le Sénégal et ses voisins (Dakar, Sociétés-Espaces-Temps, 326 p.) et La crise de l’agriculture africaine (Dakar, Sociétés-Espaces-Temps, 149 p.). Suit en 1999 Les figures du politique en Afrique. Des pouvoirs hérités aux pouvoirs élus ((Paris-Dakar, Codesria/Karthala, 444 p), co-édité avec Mamadou Diouf, et qui constitue une somme de travaux sur les systèmes de transfert du pouvoir en Afrique.
Après l’exil aux États-Unis d’Amérique de ses amis Mohamed Mbodj, François Boye, Mamadou Diouf et Souleymane Bachir Diagne, Momar sentit la nécessité de renouveler son groupe de recherches en faisant appel à de jeunes chercheurs. Au début des années 2000, il élabora un projet intitulé « Sénégal 2000 » dont l’objectif était de montrer, à partir de divers territoires de recherche, les changements et ruptures que le Sénégal a connus aux plans politique, socio-culturel et économique entre 1960 et 2000.
Momar se distingua par ce que Jean Copans a qualifié d’« activisme éditorial ». Nous ne pouvons énumérer ici la longue liste d’ouvrages collectifs publiés sous sa direction. Nous pouvons néanmoins en citer quelques-uns. En 2002, Momar a co-édité La construction de l’État au Sénégal (Paris, Karthala, 2002, 231 p.) avec Donal Cruise O’Brien et Mamadou Diouf. En outre, les résultats du projet de recherche « Sénégal 2000 » sont publiés en trois volumes par les éditions Karthala : Le Sénégal contemporain (Paris, 2002, 656 p.), La société sénégalaise entre le local et le global (Paris, 2002, 723 p.) et Gouverner le Sénégal (Paris, 2004, 301 p.).
Un passeur de connaissances exceptionnel
En 2004, Momar fonda avec un groupe d’amis - constitué entre autres de Charles Becker, Ousseynou Faye, Ibrahima Thioub, Ibou Diallo, Alfred Inis Ndiaye et Ndiouga Adrien Benga - le Centre de recherche sur les politiques sociales (Crepos). Un centre qu’il dirigea de manière bénévole jusqu’en 2009. Le Crepos lui a rendu hommage à travers l’ouvrage Comprendre le Sénégal et l’Afrique d’aujourd’hui. Mélanges offerts à Momar-Coumba Diop (I. Thioub et al., Paris, Karthala, 2023, 720 p.).
Les relations de Momar avec ses jeunes collègues et amis étaient surtout empreintes de respect et d’estime. Il jouissait d’une forte personnalité et faisait montre d’une grande intransigeance sur les questions d’éthique ou de morale. Il tenait aussi à sa liberté comme à la prunelle de ses yeux. Son agenda de recherches n’était pas inspiré ou dicté par une institution publique ou privée sénégalaise ou par une fondation étrangère. En outre, comment parler de Momar sans évoquer sa pudeur, sa discrétion légendaire, et sa grande modestie. Lorsque nous le félicitâmes, après la parution des « Mélanges », il nous remercia pour nos contributions respectives, en ajoutant : « J’essaie tout simplement de rester fidèle à ma fonction de missionnaire laïc ». Tel était Momar, loin du culte du moi, préférant les arias légers aux symphonies bruyantes, et toujours au service des autres.
Momar était un passeur de connaissances exceptionnel. Il tenait absolument à assurer la relève et consolider l’héritage scientifique africain et sénégalais. Il savait créer les contacts avec les grands éditeurs pour le compte des plus jeunes chercheurs et assurait personnellement le suivi éditorial. Sa rigueur scientifique était telle qu’aucun détail de forme ou de fond n’échappait à sa vigilance. Cette générosité intellectuelle spontanée, vraie, sincère est une source d’inspiration, mieux, une école de vie pour nous, ses jeunes frères. Nous ne pourrons rien faire sur ce plan qui pourrait égaler son investissement, son engagement, mais nous avons le devoir moral d’essayer de suivre son exemple pour honorer sa mémoire.
Comme le souligne avec raison notre collègue Abdourahmane Seck, dans un témoignage intitulé « Une lettre à ma nièce... », publié dans les « Mélanges » offerts à Momar, nous devons à ce dernier « une dette impossible à rembourser ». Momar nous a fait l’honneur de nous intégrer dans sa « famille très étendue ». Il nous coopta également dans l’équipe devant participer à la réédition de l’ouvrage Le Sénégal et ses voisins, projet qu’il n’a pu hélas boucler.
Cet intellectuel magnifique était notre ami. Nous tenons à lui rendre un hommage mérité. Ne soutenait-il pas, avec Mamadou Diouf, à travers une contribution intitulée « Amady-Aly Dieng. La trajectoire d’un dissident africain » [publiée en avril 2007 dans la presse quotidienne dakaroise, pour exalter le « Doyen », après que ce dernier a offert sa bibliothèque à l’Université Cheikh Anta Diop] que « la communauté universitaire doit honorer ses membres les plus éminents car l’hommage aux créateurs est une manière de constituer une communauté solide de chercheurs ». Dieu fasse que Momar puisse continuer à nous inspirer. Notre souhait ardent, à travers ce témoignage, est que l’État lui rende un hommage officiel posthume pour offrir son exemple à la jeunesse qui mérite de connaitre l’ampleur et la qualité de la contribution scientifique de ce chercheur hors-pair qui a su faire briller l’UCAD, l’IFAN et donc le Sénégal, partout où la science sans frontière a pu se rendre.
Ndiaga Loum, UQO (Canada)
Ibrahima Sarr, CESTI-UCAD (Sénégal)
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LE GOUVERNEMENT OUVRE LA CHASSE AUX ACCORDS LÉONINS
Une commission d'experts vient d'être mise en place pour passer au crible les contrats stratégiques du pays. Son objectif ? Redonner au Sénégal la maîtrise de ses ressources stratégiques, selon le Premier minsitre
Dans une démarche audacieuse, le gouvernement vient de dégainer son arme contre les contrats léonins : une commission d'élite composée des meilleurs experts du pays.
Sous la houlette d'Ibrahima Diop, cette dream team de hauts fonctionnaires s'apprête à passer au crible chaque virgule des conventions existantes. Leur mission ? Traquer les déséquilibres, débusquer les failles juridiques et redonner au Sénégal la place qui lui revient dans ses partenariats économiques.
"Nous ne sommes pas là pour faire table rase", prévient le Premier ministre Ousmane Sonko, "mais pour rééquilibrer intelligemment". Une approche qui promet de secouer le cocotier des habitudes bien ancrées dans les secteurs pétroliers, miniers et autres domaines stratégiques.
Alors que certains craignaient une nationalisation à tout-va, c'est une véritable opération commando qui se dessine. Avec pour mot d'ordre : rigueur, méthode et efficacité. Le message est clair : le Sénégal ne bradera plus ses richesses.
Cette initiative, fruit d'une promesse électorale longtemps attendue, marque un tournant dans la gouvernance économique du Sénégal.
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LE MINISTÈRE DE L'HYDRAULIQUE RÉPLIQUE À CHEIKH DIENG
Face aux accusations de corruption, Cheikh Tidiane Dièye contre-attaque. Il expose sa version des faits concernant le marché de curage de l'ONAS, listant une série de défauts, de la sélection des entreprises aux écarts de facturation alarmants
Le ministère de l'Hydraulique et de l'Assainissement sort de sa réserve dans l'affaire du marché de curage de l'ONAS. Une note explicative publiée ci-dessous, retrace la chronologie d'un contrat qui a failli tourner au désastre. Entre urgence climatique et gestion hasardeuse, le document révèle les coulisses d'un dossier explosif. Cette mise au point intervient alors que le ministre Cheikh Tidiane Dièye fait face à des accusations de corruption de la part du désormais ex-DG de l'ONAS, Cheikh Dieng.
"NOTE SUR LE MARCHE DE CURAGE N°S-DEM
024/2024 DE L'ONAS.
1. Rappel du contexte
Lors du conseil interministériel sur la prévention et la gestion des inondations en perspective de l'hivernage 2024 tenu le 16 mai 2024 à Diamniadio, Monsieur le ministre avait demandé de veiller à la finalisation, au courant du mois de juin 2024, des opérations pré-hivernage, notamment le curage de canaux, le faucardage de bassins et réceptacles, l'entretien de lacs et marigots, l'entretien et la maintenance du matériel et équipements de pompage.
A cet effet, il avait été recommandé au Ministre des Finances et du Budget (MFB) d'accélérer la passation des marchés d'opérations pré-hivernage dans les régions et pour les ouvrages de la première phase du Projet de Gestion des Eaux pluviales et d'Adaptation au Changement climatique (PROGEP), situés dans la banlieue dakaroise.
Toutefois lors de sa prise de service, Monsieur Cheikh Dieng avait constaté que son prédécesseur n'avait pas entrepris les diligences nécessaires à temps pour l'exécution des opérations pré-hivernage dans certaines zones de Dakar et dans les régions. Dès lors la seule issue était de recourir à des procédures d'urgences dérogatoires sur autorisations de la Direction centrale des Marchés publics (DCMP).
A ce titre, en appui à la démarche de l'ONAS de faire passer le marché de curage par appel d'offre restreint en procédure d'urgence, Monsieur le Ministre de l'Hydraulique et de l'Assainissement, avait saisi son homologue en charge des finances par lettre en date du 28 mai 2024 pour solliciter l'accompagnement de la DCMP.
Par la suite la DCMP a marqué son accord par lettre en date du 07 juin 2024 sur saisine de ONAS qui a ciblé 6 entreprises sur la liste restreinte (Gamma Construction et Travaux Publics, Entreprises KEBAS, Entreprise Mbeur Mi , Sénégalaise de l'Assainissement et de Transport, Entreprise Tawfekh Taysir et DELGAS. L'attribution des marchés par l'ONAS a été faite ainsi qu'il suit :
- Le lot 1 (région de Dakar) : TAWFEKH TAYSIR pour 649
413 000 FCFA TTC ;
- Le lot 2 (régions) : DELGAS pour 674 842 000 FCFA TTC.
Le montant total des deux marchés attribués étant de 1 324 255 000 FCFA TTC pour 720.000.000 FCFA TTC inscrits dans le Plan de passation de passation.
2. Constat de défaillances manifestes dans l'exécution des marchés
Près d'un mois après le début des travaux qui devaient durer 45 jours sur la base d'un planning défini de commun accord entre ONAS et les entreprises attributaires, des retards considérables ont été constatés à Dakar et pire une absence de démarrage des opérations dans plusieurs régions. Cette situation révélant l'incapacité des entreprises chargées des travaux a été mise en exergue par le dispositif de suivi rapproché mis en place par Monsieur le Ministre à travers :
- Les visites de terrain ;
- Les rapports des comités régionaux de gestion des inondations présidés par les gouverneurs ;
- Les réunions de suivi hebdomadaire de la gestion des inondations ;
- Les remontées des techniciens de l'ONAS sur le terrain.
En effet, à la date du 26 juillet 2024, soit après consommation de 66% des délais convenus, il a été constaté un faible niveau d'exécution d'à peine 10 % à Dakar et un peu plus 30% dans les régions.
Les investigations menées ont révélé que sur les six (6) entreprises consultées, seule DELGAS avait une expérience connue dans le sous-secteur de l'assainissement. D'ailleurs, les entreprises ayant une expérience et une capacité avérée dans le domaine n'ont pas été consultées.
En plus il a été constaté des écarts de facturation élevés par rapport aux prix moyens des prestations effectuées ces dernières années. A titre illustratif :
- le curage du bassin de la zone de captage est indexé dans le marché de 2024 à 300 000 000 CFA HTV, alors que le montant global du marché de clientèle 2021-2023 le concernant, était de 83 000 000 CFA TTC.
- Le prix unitaire du mètre linéaire « curage des canaux fermés largeur inférieur à 1,5 m avec ventilation » du marché des régions qui était à 1500 FCFA dans le marché de clientèle 2021-2023, est indexée 18 000
FCFA,
- le prix unitaire du mètre linéaire « curage des canaux fermés largeur supérieur à 1,5 m avec ventilation » qui était de 3000 CFA dans le marché de clientèle 2021-2023 du marché des régions, est facturé à 23000 FCFA
Il a été aussi noté que le DAO transmis par la Direction de l'exploitation et de la maintenance (DEM) de ONAS été modifié à son insu. Cela a engendré un écart sur le quantitatif de la rubrique « curage des canaux fermés largeur inférieur à 1,5 m » du marché des régions. En effet dans le devis attribué il est à 6000 ml alors que celui transmis par la DEM est de 40 000 ml. Ce qui engendrerait un surplus de travaux de 34 000 ml avec un impact financier de 612 000 000 FCFA, lequel porterait le cout global des travaux à plus de 1 900 000
000 FCFA en 2024 en lieu et place des 1 324 255 000 FCFA TTC attribués.
3. Mesures prises par le ministre pour remédier aux manquements
Face aux risques élevés d'inondations liés à cet état de fait et aux conséquences graves pouvant en découler, Monsieur le Ministre de l'Hydraulique et de l'Assainissement a, dans un premier temps, interpellé le DG sortant de l'ONAS en l'invitant à trouver d'urgence une solution.
Constatant qu'aucune diligence n'a été entreprise, Monsieur le Ministre a facilité la mise en place d'un groupe de travail technique composé des techniques de l'ONAS désignés par le
Dg sortant et des services du département pour accompagnement. C'est à ce titre qu'une rencontre s'est tenue le 27 juillet 2024 dans les locaux de l'ONAS, à laquelle ont pris part : Le Directeur de l'Assainissement ; le Directeur de la Prévention et de la gestion des inondations, le Directeur administratif et financier de l'ONAS, l'adjoint du Directeur de l'exploitation et de la maintenance (DEM) de ONAS, la Coordonnatrice de la Cellule de passation du Ministère et le Coordonnateur de la Cellule de passation de l'ONAS.
Lors de cette réunion qui avait pour objet d'évaluer le niveau d'exécution des opérations et de proposer des mesures correctives, il a été constaté la véracité de l'ensemble des défaillances citées plus hauts. A l'issu de ses travaux, ledit groupe, tenant compte de l'urgence caractérisée de la situation et de l'impossibilité à recourir aux procédures habituelles, a proposé au Ministre les solutions ci-dessous :
- Pour le lot 1 (Dakar) : l'arrêt de la procédure de contractualisation avec TAWFEKH qui visiblement n'avait pas les capacités requises pour exécuter les travaux et la relance du marché à travers une procédure d'entente directe avec des entreprises dont la capacité est reconnue.
- Pour le lot 2 (régions) : la résiliation partielle du marché.
DELGAS pourrait poursuivre les travaux dans les zones où les activités ont démarré et avancent. Par contre, pour Mbour, Joal, Diourbel, Touba Mbacke, Matam, Podor, une procédure d'entente directe est préconisée avec des entreprises dont la capacité est reconnue.
Toutefois les analyses ultérieures des projets de contrats ont révélé l'ampleur des écarts de prix par rapport aux coûts moyens en cours. Ce qui appelle une remise en cause desdits projets de contrats pour des raisons d'intérêt général et de bonne utilisation des deniers publics.
Sur la base de ce qui précède, Monsieur le ministre a demandé au Dg de l'ONAS par lettre en date du 29 juillet 2024, d'arrêter la procédure avec les deux entreprises concernées et de ne surtout pas signer les projets de contrats.
En outre, compte tenu de l'urgence impérieuse, Monsieur le ministre a saisi la DCMP le même jour pour solliciter l'autorisation de faire passer les marchés par une procédure dérogatoire prévue par le code des marchés publics avec les entreprises ayant la capacité requise et qui ont été proposées unanimement par les membres du groupe de travail.
A partir de ce moment, toutes les diligences devaient être entreprises par ONAS. Avec le changement intervenu à la tête de cette structure, Monsieur le ministre a écrit à la DCMP le 13 août 2024 pour lui signifier que c'est au nouveau DG de conduire la procédure."
par Amina Grâce
UNE RÉPUBLIQUE POUR LES SUBSTANTIFIQUES MÂLES
EXCLUSIF SENEPLUS - Le patriarcat est d'une perversité inouïe. Il ensevelit dans les tréfonds de l'histoire les efforts politiques des femmes, puis leur demande de prouver leur mérite, leurs efforts. Le Sénégal c'est : Des mâles-Un but-Une foi
Quelle surprise : "après l'élection de Diomaye-Sonko", plus rien n’est comme avant. Or tout est pareil, en pire. L'éclat de leurs discours et projets pré-électoraux auraient dû forcer les reconsidérations politiques les plus profondes, les débats exceptionnels et les mesures politiques drastiques, bref renverser le système une fois au pouvoir. Le système non pas en tant que mécanisme lointain dont des individus ténébreux et invisibles tirent les ficelles, mais comme des éléments de pouvoir de changer les choses, entre les mains d'un président élu par un peuple surtout composé de femmes assoiffées de justice et d'équité sociales, rêvant de voir une ère poser au moins les premières pierres de l'égalité sociale, économique et politique (les deux premiers s'intègrent dans le dernier) entre les hommes et les femmes.
Au lieu de ça, le système, il se maintient à l'identique et va très bien, merci. La suprématie mâle, le sexisme d'Etat vivent des jours ensoleillés sous le duo Diomaye-Sonko, malgré les caprices du climat politique qui concède aux femmes des morceaux de droits de temps en temps en leur disant :"Tenez, on vous a criminalisé le viol !". Comme pour leur demander de fermer leur gueule une bonne fois pour toutes. L'aumône offerte aux femmes par cette criminalisation devra couvrir et étouffer tous les forfaits moraux et physiques que les hommes commettront sur les femmes pendant au moins un siècle à venir et effaceront les précédents. La vengeance du féminin est actée par la loi 2020-05, qui n’a toujours pas transcendé les supports juridiques.
J'ai commencé cet article au mois d'avril, mais j'ai attendu comme toutes les filles et femmes sénégalaises qui s'intéressent à la politique, comme les femmes de la sous-région qui savouraient avec nous cette nouvelle promesse d'une nouvelle ère. J'ai attendu l'espoir au ventre que les nominations suivantes ne soient pas comme les premières : un club de phallus. J'ai attendu la révolution politique que Diomaye-Sonko faisait miroiter aux femmes dans leurs programmes et discours.
Hélas, elle ne viendra pas, du moins pas sous les coutures promises et souhaitées par les femmes. Diomaye-Sonko leur inflige une première gifle le 5 avril 2024 en nommant 25 ministres dont 4 femmes ; et 5 secrétaires d’État dont aucune femme. Le pire n'est pas tant cela, mais la suppression du ministère de la Femme et de l'égalité des genres. Ces phallocrates ont supprimé ce qui aurait pu servir à tenir leurs promesses électorales quant à un pan de l'équité sociale. Des féministes outragées et quelques femmes, quoique ces dernières un peu frileuses de devoir s'adresser à son éminence le nouveau jeune président, ont adressé un communiqué ou une tribune en y allant avec le dos de la cuillère pour d'abord ne pas froisser l'ego inviolable du duo, ensuite pour s'indigner, tendrement surtout, et quémander de maigres parcelles de visibilité. Je ne suis pas en train de jouer sur des tournures grammaticales pour vous émoustiller par la lecture. Non, j'étais dans un groupe de plusieurs centaines de personnes où se décidaient comment envelopper les phrases du communiqué dans un voile doucereux et un ton édulcoré pour ne pas offenser le duo et les hommes de ce pays. Des expressions aussi simples qu'une quête de visibilité claire et nette se sont vues rejetées par un groupe de femmes fébriles qui désiraient courber l'échine pour obtenir grâce. J'ai failli gerber plusieurs fois puis j'ai balancé un message et me suis retirée du groupe. J'ai appris à foutre le camp quand c'est nécessaire.
Des prises de position du même ordre de tendresse ont été observées sur les réseaux sociaux par des femmes et 2-3 hommes souffrants de crises de conscience. Tout de suite après, ces derniers pouvaient par conséquent se désintéresser après nous avoir offert une pensée, une émotion. La conscience claire des causalités de cette exclusion n'est pas suffisante pour combattre les tentacules du patriarcat. Ne parlons même pas de ces hommes qui abattent leurs écoutilles, mettent toutes leurs forces à ce que cette conscience ne leur parviennent pas ; persisteront à tenir ces décisions du duo pour un élément exogène, un coup du hasard ; s'esclaffent à l'idée que le sexisme et la misogynie auraient quoique ce soit à voir là-dedans. Mais alors, il faut bien que ces grands mâles justifient la domination et l'exclusion des femmes des cercles de pouvoir. La tautologie "un homme est un homme est un homme" ne saurait survivre en prétexte dans ce cas-là. Alors, ils nous ont distribué un mot sous nos posts et positions outragés, l'hostie, le corps du christ à avaler, l'assurance symbolique multirisques du pouvoir masculin, le mot censé dissoudre toute critique : la compétence. Il ne faut surtout pas laisser les femmes, présumées incompétentes depuis toujours, mais surtout depuis les faibles écarts à l'Assemblée nationale conquise par la loi sur la parité, souiller ce nouveau gouvernement par leur "incompatibilité crasse". Les hommes ont beau s'enchâsser dans la médiocratie générale et généralisée des indépendances à aujourd'hui, deux femmes qui faisant un Snap à l'Aassemblée actent pour eux l'incompétence et la non-compatibilité avec le pouvoir de toutes les femmes sénégalaises. Et puis enfin, ce nouveau duo ne va pas faire capoter le Projet en s'adonnant à la discrimination positive.
Mais la discrimination positive est celle qui permet aux hommes d'obtenir des postes. Elle est même très poussée. Jusqu'à la fin des années 1990, l'Etat sénégalais majoritairement masculin, tergiversait avec les organismes à l’origine du financement de l'éducation des filles. Les fonds internationaux passaient ailleurs, dans l'entretien de leur troisième proéminence inférieure et de sa sacralité.
Tous les jours, depuis des siècles, des hommes sont nommés à des postes parce qu'ils sont des hommes, ils accèdent aux études supérieures et autres strates de la société parce qu'ils sont des hommes. Faites semblant de l'ignorer, messieurs, mais bien souvent, si vous êtes en place, c'est parce que vous posséder un phallus. Elle est là, la discrimination positive. S'autoriser à l'exercer, à en bénéficier et à la nier, c'est toute la perversité du système sexiste. La preuve de ce que j'avance est d'autant plus manifeste que, le duo dans l'allégresse et l'ébriété du discours, avait promis placer les hommes et les femmes qu'il faut à la place qu'il faut en lançant des appels à candidature pour des postes importants. L'on se demanderait alors d'où leur vient l'audace de nommer un directeur de la société des mines qui bégaie en appelant Diomaye, père de la nation, s'énerve lorsqu'on lui demande de dresser à la télé le bilan des 100 jours de Diomaye. On se demanderait également d'où viennent ces nominations d'hommes dont les postes n'ont rien à voir avec leurs qualifications. Oon se demanderait que viennent faire ces hommes au casier judiciaire douteux dans les instances importantes du pouvoir même les moins essentielles.
Il n’est plus à prouver que de savoir-faire technique et intellectuel, il n’en a jamais été question. Ils commencent petit à petit à l’admettre publiquement pour les plus hardis et discrètement pour les plus couards, à commencer par les deux têtes présidentielles. Oui, maintenant que la fête est terminée, adieu les saints. Il faut à présent affubler d’un autre mensonge ces nominations hasardeuses - quoiqu’elles suivent toutes une logique propre - à ceux qui posent des questions. Il faut leur mettre quelque chose entre les dents, à ceux qui revendiquent. Alors “accidentellement”, ce qui se disait dans le secret des confidences intimes, exprimées ou tues, mais qu’ils savent lire dans tous les cas dans à travers l’esprit de leurs complices ;, ce qui fait leur stupidité commune, sort de la bouche de l’un de leur bête de portage, un ancien exilé politique sous Macky Sall. Le même qui bafouillait sur TV5 en s'énervant hystériquement pour une simple question, a lâché la semaine dernière lors d'un évènement du parti au pouvoir Pastef, sur une chaine de télévision sénégalaise : " Ce sont uniquement les gens du parti qui ont cru au Projet, alors ce sont eux que nous mettrons aux postes de moindre ou de grande envergure. Donc les appels à candidature se feront uniquement pour les postes de chef de quartier ou de météo. Il faut qu'on assume que c'est Pastef qui sera au coeur de l'Etat dans toute la chaîne..." Il n'a rien dit que le pouvoir en place ne soit en train d'appliquer au forceps. Ils sélectionnent sur des critères conformément à ceux qui qui auraient plus "souffert/milité" pour les mettre au pouvoir. La rupture donc dans la perpétuation du népotisme et du favoritisme. Tout copinage politique mérite salaire ; le dépeçage, loin d’être sur-mesure, des postes. Mais le patriarcat est d'une perversité inouïe. Il ensevelit dans les tréfonds de l'histoire hégémonique les efforts politiques des femmes puis leur demande de prouver leur mérite, leurs efforts. Depuis les années d'indépendance, les hommes politiques dès qu'ils sont élus, foutent aux calendes grecques leurs promesses faites aux femmes qui ont milité/souffert avec eux et celles qui ont voté pour eux. L'une des premières victimes meurtrières de la guerre entre Macky et Sonko est Mariama Sagna, violée et assassinée après un meeting de ce dernier. Je la cite pour la mémoire, mais je ne jouerai pas le jeu de ces charognes convaincus de leur propre sottise que les femmes ne méritent que d'exister dans la sphère privée. Parce que dans un Etat qui se veut démocratique et aspirant à l'égalité sociale dans tous les sens de l'expression, il n'est pas nécessaire de citer toutes les anonymes ayant souffert et voté pour un projet politique, pour prouver leur droit d’existence dans les positions de décision.
Ces hommes ministres, secrétaires d'Etat, secrétaires généraux, présidents d'administration entre autres, n'ont jamais eu besoin de se tremper dans la boue pour obtenir leurs postes. Si ces centaines d'hommes sont là où ils sont, actuellement, c'est parce que quelque part au Sénégal, des milliers de femmes, se sont vues refusées l'accès à l'école, aux études supérieures, aux places centrales dans les entreprises, aux positions d'envergure dans les mouvements politiques. C'est parce que quelque part, des pères et des mères ont éduqué leurs fils dans la pensée qu'avoir un phallus fait de facto mériter la part du loin dans cette société et qu'ils sont censés dominer les femmes et les enfants. Si ces hommes sont à ces postes actuels, c'est parce que le tamis social les as épargnés par des tris successifs de femmes qui sont/auraient pu être des rivales intellectuelles de taille.
D’ailleurs, la couardise masculine brille de mille feux sur ce coup-là ; elle fait les règles du jeu pour les mâles et s'étonne, puis les congratule d'être les seuls à gagner. Malgré tous les obstacles sociaux et politiques que les femmes vivent ou peuvent vivre, il y en a des milliers qui écrabouillent intellectuellement ces bons messieurs. Menteurs, Tricheurs, Incompétents...
Il pleut des nominations depuis qu'ils sont là et le bilan est fort décevant, mais pas surprenant pour certaines féministes : 65 femmes pour 356 hommes. Ce sont les chiffres et le visage du sexisme d'Etat. C'est ce qui est visible mais au fin fond des ministères et administrations, ces hommes s'entourent également d'hommes et laissent aux femmes les "postes alimentaires" et précaires, donc invisibles. La misogynie du premier prédateur, je veux dire du Ppremier ministre n'est plus à prouver. L'espoir porté sur le chef de l'Etat, qui au passage est d'une tendresse poétique envers ce dernier, c'est ce qui inspirait aux femmes de retenir leur souffle pour voir les nominations suivantes. Nous sommes de plus en plus au clair, et même à un degré qui frise le point de certitude. Le Sénégal c'est : Des mâles-Un but-Une foi.
LA PRESSE DANS L'ÉTAU DU POUVOIR
Alors que le président Diomaye appelle à un « dialogue rénové », son ministre de la Communication semble jouer la carte de la confrontation. Cette dissonance au sommet de l'État révèle les tensions persistantes dans un secteur médiatique en crise
Alors que la sortie du président de la République en Conseil des ministres, la semaine dernière, avait commencé à redonner espoir à tout un secteur dont l’horizon ne cesse de s’assombrir, celle du ministre chargé de la Communication remet tout en cause. À entendre Alioune Sall, les patrons perdent leur temps à aller solliciter l’arbitrage du chef de l’État.
‘’… Le président a appelé à un dialogue rénové avec la presse nationale, soulignant que la situation de la presse mérite une attention particulière du gouvernement et des mesures de redressement appropriées’’. Ainsi s’exprimait le président Bassirou Diomaye Faye, dans le communiqué du dernier Conseil des ministres, le mercredi 14 aout 2024. Deux jours après, au lieu de poser les jalons pour un dialogue, son ministre chargé de la Communication, profitant du lancement de la plateforme pour la déclaration des médias, s’est livré à un véritable exercice de déballage.
Même si l’exercice a son importance, pour avoir permis aux Sénégalais d’avoir des informations concrètes sur la gestion de leurs deniers publics, on peut s’interroger non seulement sur la méthode cavalière avec laquelle cela a été mené dans un contexte où le chef de l’État prône la désescalade, mais surtout sur les réelles motivations du ministre. C’est à croire que dans le gouvernement du président Diomaye, il est des voix qui n’ont aucune envie d’une normalisation des rapports.
La sortie du ministre de la Communication tend, en tout cas, à conforter une telle thèse. Face à la presse, Alioune Sall réduit la voix du chef de l’État à sa plus simple expression. Pour lui, les choses vont se décider au ministère et non à la présidence. ‘’J’ai dit aux patrons de presse et je le répète : l’interlocuteur premier, c’est le ministère de Communication. On a beau avoir des entrées à la présidence de la République, tout ce qu’on veut, mais c’est le ministère de la Communication qui va régler les problèmes avec le secteur. Et encore une fois, cette période où l’on va sauter le ministère pour aller régler les problèmes au niveau de la présidence, c’est révolu’’, peste-t-il.
Un patron averti en vaut mille
Seulement, le ministre oublie très vite. Lui-même a dit dans son intervention que depuis son installation à la tête du département, il a eu à rencontrer presque toutes les organisations de la presse. Les problèmes ont été exposés par tous les acteurs. Depuis lors, rien n’a bougé ; la situation n’a eu de cesse de se détériorer, conformément à la fatwa du Premier ministre Ousmane Sonko. Une fatwa réitérée à plusieurs reprises. Et la sortie du ministre s’inscrit plus dans cette logique que dans celle d’apaisement du président de la République.
‘’Le nœud du problème, fulmine Alioune Sall, c’est le fisc. On ne peut prendre ça pour alibi et créer des problèmes qui n’existent pas. Beaucoup m’ont appelé pour parler de médiation, mais je n’en vois pas la pertinence. Une médiation suppose des problèmes entre deux parties. Je le dis et je le répète : l’État du Sénégal n’a aucun problème avec un quelconque média’’.
Depuis le début de cette affaire, les tenants du régime ont tout fait pour assoir leur accusation selon laquelle le seul problème c’est que les entreprises de presse refusent de payer l’impôt. Pourtant, le Cdeps ne manque presque jamais une occasion de corriger : ‘’Le combat auquel le Cdeps est contraint exigeait de tous d’exprimer par ce moyen notre refus d’être indexés comme de mauvais contribuables ; ce qui est totalement faux et inacceptable.’’ La journée sans presse, insistait l’organisation, ‘’était aussi la réponse des médias sénégalais au refus de dialoguer des nouvelles autorités sur les problèmes de la presse’’.
En vérité, expliquent les patrons, le nouveau régime a posé des actes dont le dessein est d’étouffer économiquement et fiscalement les entreprises de presse privées. En guise d’exemple, ils énumèrent les poursuites fiscales, alors que, insistent-ils, ‘’les entreprises ne refusent pas de payer les impôts’’ ; il y a aussi le gel des créances sur l’État ; la résiliation unilatérale des contrats publicitaires ; le blocage de l’aide à la presse ; la confiscation des deux bouquets du groupe Excaf, etc.
Saluant l’appel du président de la République à ‘’un dialogue rénové avec la presse’’, le Cdeps se dit convaincu que ‘’la concertation est utile pour sortir de ce malentendu qui ne doit pas prospérer et de s’engager à trouver les solutions structurelles afin de permettre à l’entreprise de presse de se consolider’’. L’organisation se dit ‘’disponible comme par le passé à répondre favorablement à cet appel présidentiel’’ pour discuter sur ‘’les conditions à réunir pour une presse républicaine, libre et indépendante, viable économiquement’’.
Le ministre attend-il la bénédiction d’Ousmane Sonko ?
Si le président de la République et les patrons semblent disposés à aller vers une désescalade, il y a à ce jour une voix qui manque. C’est celle du Premier ministre Ousmane Sonko qui ne vaut pas moins que celle du président. À telle enseigne que certains s’interrogent même sur qui est le vrai chef.
Invité hier du ‘’Grand Jury’’ sur la RFM, l’ancien candidat à la Présidentielle, Thierno Alassane Sall, commentant la reproduction des pratiques du système par le régime actuel qui prônait l’antisystème, déclare : ‘’Avec les anciens régimes, on savait au moins qui était le chef. C’était le chef constitutionnel qui dirigeait l’Exécutif. Aujourd’hui, on a l’impression que nous avons un bicéphalisme qui ne dit pas son nom, avec des pouvoirs détenus par le Premier ministre, sans que la Constitution ne lui en confère les prérogatives. Cela pose problème. Les gens ne savent même pas à qui s’adresser, qui a le dernier mot dans ce pays.’’
Alors que le ministre de la Com met publiquement un bémol sur les instructions présidentielles, les actes du PM renseignent sur son omnipotence : lui qui est consulté par le ministre de la Justice sur des affaires banales touchant à des militants de son parti, lui qui impose son timing à l’Assemblée nationale et au président de la République pour la DPG, lui qui s’illustre dans des sorties sur des questions diplomatiques majeures, allant parfois à l’encontre de la ligne que semble tracer le président de la République. Même si, à chaque fois, il s’empresse de dire qu’il agit en tant que président de parti et non en tant que PM et n°2 de droit.
‘’Même quand le président de la République fait son discours lors du Concours général, il organise derrière sa cérémonie et on sait ce qui s’ensuit’’, informait Thierno Alassane Sall.
Il faudra peut-être son onction, pour que le ministre de la Communication daigne accélérer le processus, pour trouver enfin des solutions aux maux qui assaillent le secteur de la presse.
La société civile engage la médiation
Malgré les instructions du président de la République, c’est encore le statu quo. Depuis le dernier Conseil des ministres, aucun acte allant dans le sens d’un dialogue n’a été posé. En lieu et place, les parties continuent plutôt de se regarder en chiens de faïence, avec un ministre obnubilé par la tentative de légitimation des actes qui ont été posés par le gouvernement et une partie de la presse convaincue de la volonté du ministre de les livrer à la vindicte populaire.
Face à cette inertie du ministre qui tient à réaffirmer ses pleines compétences, mais qui ne fait rien pour recoller les morceaux, des acteurs de la société civile et de l’Assemblée nationale s’activent pour essayer de trouver des solutions de sortie de crise.
Selon nos informations, des organisations comme Amnesty International travaillent dans ce sens, tout comme le Collectif des organisations de la société civile pour les élections (Cosce) qui a déjà été rencontrer la Cap. Cette dernière, informe-t-on, préfère, pour le moment, se concentrer sur la finalisation du rapport des assises nationales de la presse. La remise des conclusions pourrait d’ailleurs servir de cadre ou de prétexte pour amorcer le dialogue entre l’Exécutif et la presse.
LE BAPTÊME DU FEU DU NOUVEAU RÉGIME
Grèves interminables, tensions au Port de Dakar, conflits à l'ONAS, frictions avec la presse. Les crises s'enchaînent. Au cœur de ces turbulences, une communication gouvernementale hésitante, oscillant maladroitement entre politique et service public
Depuis leur arrivée au pouvoir, les nouvelles autorités sénégalaises sont confrontées à une série de crises qui mettent en lumière leurs difficultés à gérer les affaires publiques de manière efficace. Entre la grève interminable des agents des collectivités locales, les tensions au Port autonome de Dakar, les conflits au sein de l'Office national de l'assainissement du Sénégal (Onas) et les accrochages avec la presse privée, les défis s'accumulent. En parallèle, la confusion entre communication politique et publique, exacerbée par des réponses souvent tardives et maladroites, illustre une gestion de l'État encore balbutiante.
Certains observateurs qualifient cette situation de prématurée pour un régime encore en phase d'installation. Mais ce qui retient davantage l'attention, c'est l'amalgame persistant dans la communication des autorités, entre communication politique et communication publique, deux sphères pourtant distinctes, mais poreuses, selon les spécialistes.
L'un des exemples les plus marquants de cette confusion communicationnelle s'est manifesté récemment au sein du ministère de l'Intégration africaine et des Affaires étrangères. Suite à une publication controversée de l'ambassade d'Ukraine à Dakar, en lien avec la bataille de Tinzaouatène, au nord du Mali, il a fallu une semaine pour que la ministre réagisse. Cette lenteur a suscité l'indignation des internautes pro-panafricains qui ont exigé que l'ambassadeur ukrainien soit convoqué immédiatement. "C’est vraiment désolant d’attendre une semaine pour convoquer l’ambassadeur. Cela aurait dû être fait depuis longtemps", a déploré un diplomate sous couvert de l'anonymat.
La vidéo incriminée, qui a depuis été supprimée, contenait des propos du porte-parole du renseignement ukrainien affirmant que son pays avait fourni des informations aux rebelles touaregs de la CSP (Coordination des mouvements de l'Azawad) dans leurs affrontements avec les forces armées maliennes et les instructeurs russes de Wagner.
L'absence de réaction rapide et cohérente de la part du ministère montre un manque flagrant de stratégie en matière de gestion de crises. Cette attitude réactive, plutôt que proactive, est symptomatique de nombreuses institutions publiques qui réduisent la communication à de simples communiqués de presse et conférences, oubliant l'importance d'une communication publique transparente et adaptée.
L'Affaire ONAS : communication contre information
La crise autour de l'Office National de l'Assainissement du Sénégal (ONAS) illustre parfaitement les lacunes communicationnelles du nouveau régime. Après le limogeage de Cheikh Dieng, ancien Directeur général de l'ONAS, ce dernier a répliqué par une sortie médiatique retentissante, accusant le ministre de tutelle, Cheikh Tidiane Dièye, de graves manquements. Ce silence prolongé de cinq jours de la part des autorités, au moment où les accusations de Cheikh Dieng circulaient librement, a laissé un vide communicationnel. Ce dernier a été rapidement comblé par des militants du parti au pouvoir, qui se sont emparés de la controverse pour défendre le ministre.
L'affaire a pris une tournure encore plus surprenante lorsque, ce dimanche, un communiqué officiel a été publié pour démentir les allégations de Cheikh Dieng. Lors d'une conférence de presse tenue le 16 août 2024, l’ancien directeur a déclaré que le véhicule, immatriculé à son nom et fourni par une entreprise impliquée dans le projet Collecteur Hann-Fann, avait été acquis dans le cadre de ce projet. Selon un communiqué de l’ONAS, cette affirmation est catégoriquement réfutée. Le projet Hann-Fann, financé par un partenariat public-privé (PPP), ne prévoit pas l’achat de véhicules pour le Directeur Général ou les membres de l’Unité de Gestion du Projet (UGP).
Cette révélation, qui soulève des questions sur la transparence des pratiques au sein de l'ONAS, a été l’un des rares points abordés publiquement par l'ancien DG, accentuant le flou entourant la gestion de cette crise par les autorités.
Pour Alassane Kitane, ancien chroniqueur de L'Obs, "Il n’est pas concevable que dans une République, de telles choses puissent être perçues comme relevant du fait divers. Cette banalisation de la non-transparence est une légitimation en amont de tous les abus futurs." Il poursuit : ‘’Cette affaire (qu’elle soit attestée ou non) prouve au moins une chose : les politiciens sont inconstants et bipolaires. Ils se comportent comme de véritables comédiens de la vertu, car entre le DG et le ministre, il y en a un qui nous ment (si tous les deux ne racontent pas des contrevérités!). La seule note positive de cette affaire, c’est qu’elle nous donne une idée de la cause de l’obstination des inondations à ne pas libérer nos quartiers et nos maisons, malgré les sommes colossales que nous y avons investies’’, se plaint-il dans sa page Facebook.
L'implication des militants politiques dans la défense du ministre, dans ce qui devrait être un débat public sur la transparence et la gestion des fonds publics, montre à quel point la frontière entre communication politique et communication publique est brouillée. Le public, quant à lui, est laissé dans l'incapacité de savoir où se situe la vérité, faute de réponses claires et objectives de la part des institutions concernées.
Selon Pape Ndour, expert en passation de marchés, les controverses qui entourent les décisions de l'ONAS, notamment en ce qui concerne la régularité des marchés publics, devraient impliquer la Direction centrale des Marchés publics (DCMP) et l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP). Ces deux institutions, chargées de veiller à la transparence et à la conformité des procédures, sont les plus à même de trancher cette question et de rétablir la confiance dans le processus.
Plutôt que de chercher à gérer ces crises de manière transparente et professionnelle, les autorités semblent parfois s'appuyer sur des stratégies de communication politique qui n'apportent que peu de clarté sur les véritables enjeux. Dans un tel contexte, le recours à des institutions indépendantes est essentiel pour assurer une gestion impartiale et crédible des affaires publiques, et éviter que les décisions ne soient perçues comme relevant d'intérêts politiques plutôt que de l'intérêt général, explique-t-il.
Port autonome de Dakar : un dialogue de sourds
Le Port autonome de Dakar (PAD) n'a pas non plus échappé à la confusion communicationnelle. Les accusations portées par l'Intersyndicale contre le nouveau directeur général Waly Diouf Bodian, concernant des irrégularités dans la passation d’un marché d’audit du personnel et la suspension de 700 contrats temporaires, ont d'abord été démenties par des militants et un humoriste proche du pouvoir. Ce n'est qu'ensuite que la cellule de communication du port a publié un communiqué suivi d'une intervention du DG sur une chaîne privée qui n'a fait qu'alimenter la controverse plutôt que de la résoudre.
Ce "ping-pong" communicationnel entre la direction et les syndicats montre une absence de dialogue constructif, où chaque camp cherche à tirer la couverture sur soi, au détriment de la transparence. Dans ce contexte, il devient difficile pour le public de discerner les faits réels et le risque de désinformation augmente, ce qui nuit à la crédibilité des institutions publiques.
La crise avec la presse privée
La crise avec la presse privée, quant à elle, a mis en exergue les limites du dialogue entre les autorités et les acteurs médiatiques. Il a fallu une journée sans presse pour que le président de la République Bassirou Diomaye Faye intervienne, en ordonnant au ministre de la Communication Alioune Sall de trouver une issue à la situation. Cette réaction tardive a été perçue comme un manque d'anticipation et de compréhension des enjeux médiatiques dans un pays où la liberté de la presse est un acquis précieux.
La grève des médias, en réaction à la série de mesures prises par les autorités, aurait pu être évitée si un dialogue franc et ouvert avait été engagé en amont.
La situation montre que les nouvelles autorités peinent à s'adapter à leur nouveau rôle où il ne s'agit plus seulement de faire de la politique, mais de gérer des institutions publiques avec doigté et ouverture.
La grève des collectivités locales
Dans ce contexte de crises successives qui secouent le nouveau régime, la grève des agents des collectivités locales se distingue par sa durée et sa complexité. Depuis plus de deux ans, cette grève persiste sans qu'une issue ne soit trouvée. La position inflexible du ministre des Collectivités locales, Balla Moussa Fofana, et les injonctions données aux préfets et sous-préfets pour recueillir les noms des grévistes n'ont fait qu'aggraver la situation, exacerbant les tensions plutôt que de les apaiser.
Malgré plusieurs tentatives d'apaisement, notamment à travers des appels au dialogue, les agents grévistes restent sur leurs positions, déplorant l'absence d'un interlocuteur qu'ils jugeraient crédible et capable de répondre à leurs préoccupations.
Lors d’une conférence de presse tenue à Dakar, Balla Moussa Fofana a tenté de clarifier la position du gouvernement, en rappelant sa détermination à trouver "une solution juste et équitable" aux revendications des fonctionnaires des collectivités territoriales, tout en affirmant la nécessité de protéger les intérêts de l’ensemble des citoyens.
Cependant, ces déclarations semblent avoir eu peu d'effet, les grévistes considérant que les propositions du gouvernement manquent de substance et ne répondent pas à leurs attentes. Le manque de confiance dans les autorités actuelles et la perception d'une communication plus politique que publique ont contribué à envenimer la situation.
Cette crise est symptomatique de l'amalgame persistant entre communication politique et publique, où les autorités peinent à instaurer un véritable dialogue, laissant la situation s'enliser davantage.
L'inadaptation des nouvelles autorités : une mue qui tarde
Les crises répétées et la confusion communicationnelle qui en découle révèlent un problème plus profond : l'inadaptation des nouvelles autorités à leur rôle de gestionnaires de l'État. En dépit de leur background politique, ils peinent à adopter une posture institutionnelle qui nécessite des stratégies de communication structurées, centrées sur l'intérêt public plutôt que sur les gains politiques immédiats. Cette transition semble tarder et les conséquences se font déjà sentir sur la scène publique.
Dans ce contexte, certains ministres, comme El Malick Ndiaye, tentent d'impulser une nouvelle dynamique. Chargé d'organiser les états généraux des transports publics, il a pris l'initiative d'organiser un séminaire pour harmoniser les positions des différents acteurs du secteur. Cette démarche, si elle est menée avec transparence et en concertation avec les parties prenantes, pourrait montrer une voie à suivre pour d'autres ministères.
Les nouvelles autorités sénégalaises sont confrontées à un défi de taille : réussir à gérer l'État dans un contexte de crises multiples, tout en réconciliant communication politique et communication publique. Les récents événements montrent qu'il y a encore un long chemin à parcourir pour instaurer une culture de transparence et de dialogue au sein des institutions publiques. La mue des autorités, de politiciens à gestionnaires responsables, est nécessaire pour restaurer la confiance des citoyens et assurer une gouvernance efficace et respectueuse des principes démocratiques.
Par Amadou Lamine SALL
QUELLE EST DONC CETTE TENACE QUERELLE TANT ENTRETENUE ENTRE SENGHOR ET CHEIKH ANTA DIOP ?
Enivrons-nous de leur héritage. Enseignons leurs œuvres à nos enfants. Méditons leurs pensées et servons-nous en, quand arrive la nuit de la peur et de l’angoisse. Ils ont, tous les deux, laissé la plus belle et la plus haute des pyramides dans la mémoire
Nous ne connaissons en Afrique, en son temps, exerçant une aussi profonde influence, aucun nom qui soit plus grand, plus doué, plus cultivé et plus étoffé que Senghor et Cheikh Anta Diop !
Comme Tocqueville en parlait pour le 18ème siècle, nous pouvons avouer aussi pour le 20ème siècle, qu’un immense homme de lettres et un savant, homme de pensées et de sciences de la recherche, Sédar Senghor et Cheikh Anta, sont «devenus les principaux hommes politiques du pays, et des effets qui en résultèrent.» Deux hommes qui ont forgé leur légende et « qui par le commerce de la pensée et de la plume, combiné avec l’intervention dans les affaires publiques, ont exercé la plus grande influence dans leur temps.» Cela relève de leur génie propre !Ils ont fait l’éclat du Sénégal !
Entre Senghor et Cheikh Anta, une «famille d’esprit» opposée, «mais au-delà de la diversité de leurs opinions, un esprit de famille qui fait de la politique, non une profession, mais un prolongement naturel de la vie intellectuelle et artistique d’une époque.» N’ont suivi et succédé à ces deux icônes que des «hommes politiques professionnels» et raides !»Avec eux, le Sénégal «a changé et nous a changés !» Il aurait même changé Dieu ! Nous semblons ne plus être doués que pour le malheur, l’inculture, la haine, l’indiscipline, l’insulte, l’indignité ! Nombre d’entre nous ont renoncé à nos valeurs ! Le peu qui nous sort encore la tête de l’eau, c’est cette honte de ne plus être les premiers, comme hier Senghor et Cheikh Anta l’étaient en Afrique ! Le Premier ministre du Mali, Choguel Kokalla Maïga, à sa manière, nous l’a rappelé en s’adressant à son petit frère, homologue du Sénégal, venu à Bamako leur rendre visite en ce mois d’août 2024. Son hommage à Senghor avec cette reconnaissance au pré-panafricaniste qui a inventé la Fédération du Mali et l’a mise en place avec Modibo Keïta, inaugurant ainsi l’unité régionale avec ses «cercles concentriques» avant l’unité panafricaniste à hauteur de tout le continent et aujourd’hui encore si lointaine, presque utopique. Choguel Maïga s’exprime devant Ousmane Sonko installé au pouvoir 65 ans après. Émouvant. Puisse Choguel Maïga, étiqueté brillantissime intellectuel à qui, vrai ou faux, Sédar avait attribué une bourse d’étude en France, lutter de toutes ses forces et au-delà, pour rendre aux Maliens la liberté des urnes etle chant de la démocratie.
Oui, certes Senghor n’a pas tout réussi, mais la démocratie sénégalaise tant chantée par le monde et qui a permis par des alternances apaisées à grandir le Sénégal, on la doit, si infime soit-elle, d’abord à Senghor qui a commencé par instituer des courants politiques au-delà du parti unique, courants qu’Abdou Diouf a ouvert et amplifié et qui ont fini par donner une République ouverte à tous, jusqu’à Diomaye aujourd’hui. Il fallait bien commencer par quelque chose ! Ne raccourcissons pas l’histoire ! Pour encore demain, la jeunesse doit savoir et ne rien ignorer de notre histoire démocratique ! «Le Noir est une couleur, le Nègre une culture. Il y a des Nègres qui ne sont pas des Noirs», dit-on. Depuis l’Égypte, les fils de l’Afrique prodigieuse n’ont pas encore construit plus grand que les pyramides ! Cheikh Anta Diop attend ! Puisse son mausolée à Thieytou être reconstruit sous forme de pyramide. Pour la mémoire et le symbole ! «Formez-vous, armez-vous de sciences jusqu’aux dents (…) et arrachez votre patrimoine culturel (…) La plénitude culturelle ne peut que rendre un peuple plus apte à contribuer au progrès général de l’humanité…» nous dit Cheikh Anta Diop ! «Accéder à la modernité sans piétiner notre authenticité», recommande Senghor. Sachons une fois pour toute que Senghor et Cheikh Anta Diop, sans l’affrontement politique de deux hommes différents de camp, mais intellectuellement «enflés » et complémentaires, se rencontrent, quelque part, dans leur théorie. Quand «l’humanisme de Senghor consiste à affirmer la complémentarité des cultures et des civilisations», Cheikh Anta Diop «rêvait d’une synthèse entre ancrage et métissage culturel ». Comme Sédar, il était à la fois marié avec l’Afrique et avec une française admirable. Cessons donc de les opposer, deux haches à la main, et prions pour avoir dans ce pays en mutation d’autres Cheikh Anta Diop à venir, d’autres Senghor à venir.
Les deux hommes s’appréciaient et se respectaient. Je les ai vu arriver au mariage de maître Boucounta Diallo. Ensemble, verre à la main, ils échangeaient. En paix et en fraternité. Sembene Ousmane, le rebelle, était là, lui aussi. Il fêtera Senghor au CICES, en maître de cérémonie, le recevant en grande pompe avec les écrivains membres de la section sénégalaise du Pen Club International. Sembene, ce jour-là, habilla Senghor, pour le symbole, d’un soyeux boubou de «maître des circoncis» Ramenons les choses au beau et pas toujours au laid et à la division !
Allez donc prendre connaissance également de l’émouvante dédicace de Cheikh Anta Diop à Senghor, en lui offrant un exemplaire de son mythique ouvrage : « Nations nègres et culture. » Lisez la touchante lettre de condoléance de Senghor à Madame Diop. Vous serez alors ému par le respect et l’affection qui unissaient les deux hommes ! C’est sur la ligne de feu de la politique pour accéder au pouvoir, qu’ils se sont opposés et avec un respect mutuel. Normal que Senghor défende son trône que Cheikh Anta Diop voulait conquérir. Normal que Cheikh Anta Diop marquât sa différence de programme politique avec Senghor pour conquérir et convaincre son propre électorat. Ce qui est la nature même de la lutte politique et de la conquête du pouvoir. D’ailleurs, à la vérité, que faisait Cheikh Anta Diop en politique ? Il était déjà entré dans l’histoire, grand dans l’histoire et plus grand encore que la politique !
Autre fait admirable que nous raconte feu Bara Diouf, patron du quotidien national Le Soleil, que je rapporte dans mon ouvrage «Senghor : ma part d’homme», édition 2006. C’était lors de sa conférence sur Senghor le 29 décembre 2006, à l’hôtel Novotel. Bara Diouf témoigne : « Cheikh Anta Diop me téléphone et me dit qu’il se rend au Caire, en Égypte, et qu’il souhaiterait être accompagné par la presse. Je lui réponds que je n’ai pas d’argent pour faire partir un journaliste pendant un mois. Voyez avec les Arabes s’ils ne peuvent pas faire un geste. – «Cela me sera difficile», me répond Cheikh Anta. Alors je prends mon téléphone et j’appelle Madame Alexandre la secrétaire du Président Senghor au Palais. Il me reçoit et je lui rends compte de la requête de Cheikh Anta. Il me remet cinq millions de Francs et me dit ceci : «Il faut couvrir son voyage et le faire accompagner. Je ne veux pas qu’il y ait des traces de mon intervention, donc je n’en parle pas à notre ambassadeur. Que tout soit discret. Vois-tu, mon cher Bara, je ne laisserais jamais seul Cheikh Anta sur les bords du Nil.»
En lieu et place de ceux qui, à longueur de cœur et de pensée, sont ensevelis dans la partialité, la rancœur et la revanche, et qui tentent, sans se lasser, de mettre en duel Senghor et Cheikh, de les opposer, de les séparer, de les diviser, prions plutôt pour que le Sénégal, ce grand petit pays dont la renommée dépasse ses frontières, voie naître d’autres Senghor et d’autres Cheikh Anta Diop. Enivrons-nous de leur héritage. Enseignons leurs œuvres à nos enfants. Méditons leurs pensées et servons-nous en, quand arrive la nuit de la peur et de l’angoisse. Ils ont, tous les deux, laissé la plus belle et la plus haute des pyramides dans la mémoire des hommes. Leur héritage est comme un puits inépuisable. Leur nom et leur contribution à la marche de l’humanité, sont entrés d’un même pas cadencé dans l’histoire et la postérité. Les opposer pour en faire un fonds de commerce intellectuel, ne conduit qu’au ridicule, à la petitesse, à l’oubli et au néant.
M’inspirant de l’enseignement de Al Makhtoum, évitons ce qui est malencontreusement arrivé au Dieu unique ! Il nous a donné le prophète Mohamed. Il ne peut plus nous en donner un autre d’identique ou de plus grand. Le voudrait-il, il ne le pourrait ! Dieu ne peut plus le faire et ne le fera plus jamais, jusqu’à la fin des temps ! Comme Jésus ! C’est acté. C’est écrit ! C’est ainsi ! Par contre, nous ses si humbles, si fragiles, si éphémères sujets, avons, de par sa grace et sa Générosité sans fin, la force de prier pour que naissent d’autres Senghor, d’autres Cheikh Anta Diop. Il s’agit de grandir son pays, l’Afrique, le monde et de laisser un héritage digne de l’humanité comme celui de ses deux fils étoiles du Sénégal !
Bien des idées reçues et qui perdurent hélas encore, nous trompent et montrent du doigt tant de mensonges et de manipulations ! Tenez, comment par ailleurs interpréter cette posture de Mamadou Dia, qui, dès sa sortie de ses très longues années de prison par grâce présidentielle de Senghor, est allé de lui-même rencontrer «son ami» qui l’avait ainsi fait punir. Dia embrassa Senghor et le remercia. Mamadou Dia est un saint ! Cet acte émouvant et d’infinie humanité de sa part, dépassa un Senghor surpris ! Il ne peut exister plus touchante grandeur ! Et pourtant on en a voulu à Dia d’être allé au Palais embrasser Senghor «qui l’a poignardé dans le dos avec la complicité de la France», comme l’a craché, odieusement, en direct à la RTS, tel quel, bave et haine à la bouche, l’invité habile, hostile et vengeur du courtois et pudique journaliste d’une RTS pourtant si professionnelle, respectueuse et éthique qui, en ce douloureux dimanche du 28 juillet 2024, ne méritait pas de faire subir à son public, sur sa chaine, la diffusion d’une telle sortie haineuse et si violemment sectaire ! Feu Mamadou Dia ne serait pas d’accord !
L’invité délirant rempile de plus belle face au journaliste de la RTS, presque médusé, en vomissant encore ceci : «Il faut cesser d’avoir à la tête de nos pays des hommes d’État comme Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, Macky Sall… Senghor est une calamité, un dictateur, un grand Blanc… Senghor et tous les autres, c’est kif-kif bourico !» Un être normalement constitué ne peut pas ainsi s’exprimer sur la chaine nationale, face aux Sénégalais ! Cela ne doit plus arriver !
De cette émission de la RTS du dimanche 28 juillet 2024, si suivie par attachement à un journaliste solide et humble, nous en avons rapporté ici, par respect et pudeur, le moins pénible, le moins reptilien, le moins tragique et gluant, le moins répulsif et lépreux, le moins déshonorant et indigne, le moins indécent des propos de l’invité récidiviste ! Il creuse toujours, sans se lasser, pour déterrer Senghor et brûler ses os ! Mais la tombe de Sédar est un puits au fond inatteignable ! N’insulte pas Senghor qui veut pour aller dormir ensuite en ronflant ! Et dire que des liens de sang ont scellé par la volonté de Dieu les Senghor à sa famille ! Nul n’est un chef-d’œuvre achevé, hormis Dieu ! Senghor est déjà «mémorisé», «mémorialisé» avant toute mémoire. Il est «Onussisé». Il est «panafricanisé». Il est mondial Il est une histoire ineffaçable, une grande et très belle histoire. Comme Cheikh Anta Diop !
Nous nous inclinons respectueusement devant la famille de ce cruel et hérétique pourfendeur de métier, une famille où veille un homme hors du commun, un immense, intense et bel esprit. Il est dans l’ombre. Il est dans le silence, la paix, la méditation, la prière et la lumière des livres. Il est bon et affectueux. Et nous l’aimons de tout notre cœur. La revanche et les insultes aux morts, ne sont dignes d’aucune créature humaine, à moins de s’être éloigné et des hommes et même des bêtes, loin, très loin du divin ! Que le Seigneur veille sur cet homme pierreux, à l’âme sèche. Qu’Il lui ôte ce poison du cœur. Qu’il éteigne en lui cet incendie qui l’habite et le consume ! En paix, revenons à Senghor et à Cheikh Anta Diop ! On peut facilement penser que «Les deux hommes n’étaient pas faits pour se rencontrer, ni même pour s’estimer.» Et pourtant, c’est ce qui est arrivé. Cela est dû à un seul mot, une seule soif, une seule quête : la culture ! Senghor, poète et homme d’État, «homme du destin et de l’Histoire.» Cheikh Anta : «la permanence de l’intelligence», l’énergie et la rage du chercheur chevillé à rendre à l’Afrique prodigieuse son éclat et sa grandeur. Un temps jadis gouverné par deux grands penseurs et chercheurs ! Ce printemps si rare, à la fois ensoleillé et givré quelque part, reviendra-t-il ? Nous en sommes profondément nostalgique ! Le futur vaudra-t-il ce passé si rempli, si puissant, si nourrissant ? Nous en doutons au regard de la course folle des hommes vers l’argent, l’inculture, le pouvoir.
Par-dessus les générations, ce que nous avons vu et vécu au Sénégal avec Senghor, Cheikh Anta Diop, Pathé Diagne, Birago Diop, Sembene Ousmane, Majmouth Diop, Abdoulaye Ly, Amadou Mokhtar Mbow, Assane Seck, Alioune Diop de Présence africaine, Alioune Sène, Bara Diouf, Moustapha Niasse, Djibo Ka, Mame Less Dia, Doudou Sine, Abdou Anta Ka, le sociologue Pierre Fougeyrollas, le mathématicien Souleymane Niang, Sémou Pathé Guèye le philosophe, le Professeur Alassane Ndao, et tant d’autres, comme époque d’un foyer ardent de culture et d’esprit de révolte et de contestation, jusque dans l’arène politique aujourd’hui si rabougrie et miséreuse, ne peut être comparé à nul autre temps. Senghor resta intraitable avec ses brillantissimes opposants, intellectuels émérites. Répressif - au sens où on laisse l’individu exercer sa liberté tout en lui assignant des limites dont la transgression entraîne une sanction pénale prononcée par une juridiction-il ne lâcha rien. Les opposants non plus. Ce fut un temps de belles et grandes gueules, de «grandes plumes, de rigueur, de mentorat, de grande exigence !» Les têtes étaient pleines, les acteurs charismatiques et brillants, cultivés jusqu’à la moelle et rebelles. Nul n’entendait parler d’argent, de corruption, de manque d’éthique et de dignité ! Seules les idées portées par une immense culture, l’engagement intellectuel, le courage politique, dominaient. Respect !
Sous Senghor et Cheikh Anta, les relations, les luttes et les combats entre l’élite intellectuelle et le pouvoir, étaient une délicieuse confiture. Senghor prenait sa plume, comme intellectuel et non comme chef d’État, pour répondre directement par presse interposée, à ses détracteurs. Ce fait est rare et unique ! Il ne serait pas inintéressant de se poser aujourd’hui, depuis le départ de Senghor, la question du «rapport des intellectuels et des ‘écrivains’ au pouvoir, et quel est le rapport du pouvoir aux intellectuels, ‘aux écrivains ‘» Ne serait-il pas utile que « les intellectuels et les écrivains empêchent que la direction du changement soit exclusivement l’affaire des hommes au/du pouvoir ?»
Toujours ou très souvent, partout, «Les intellectuels mettent en cause l’ordre établi et contestent la gestion de la vie sociale en dénonçant le manque de démocratie et de liberté, l’injustice sociale, la domination extérieure acceptée selon eux par le pouvoir. Exclus des lieux des décisions nationales, ces intellectuels réagissent à cette exclusion en se repliant sur des idéologies ou des positions doctrinales…»
Cheikh Anta Diop restera Cheikh Anta Diop. Senghor restera Senghor. Immortels et éternels tous les deux. Prions pour Sédar et Cheikh Anta. Qu’ils reposent en paix. Apprenons à nous élever, à grandir et à servir le beau ! Seul le beau rend beau ! Août 2024.
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LE COUP DE POKER FRANÇAIS EN GUINÉE
Sous couvert de formation militaire, des soldats français s'activent discrètement à l'est de la Guinée. Leur mission officieuse : garder un œil sur le Mali voisin, désormais territoire interdit
Chassée du Mali, la France revient par la fenêtre guinéenne. Dans un tour de passe-passe géopolitique, Paris mise sur le général Mamadi Doumbouya, ancien légionnaire devenu président par coup d'État, pour garder un pied dans la région.
Sous couvert de formation militaire, des soldats français s'activent discrètement à l'est de la Guinée. Leur mission officieuse : garder un œil sur le Mali voisin, désormais territoire interdit.
Mais l'Hexagone voit plus grand. Un projet de base militaire à Kouré Malé, à un jet de pierre de la frontière malienne, se dessine. Une vigie stratégique pour surveiller les mouvements djihadistes et l'influence russe grandissante.
Cette danse du chat et de la souris posent la question : jusqu'où ira la France pour maintenir son influence dans son ancien pré carré ? Et à quel prix pour les populations locales, prises en étau entre intérêts géostratégiques et aspirations démocratiques ?
L'Afrique de l'Ouest reste un échiquier complexe où la France, malgré ses revers, semble n'avoir pas dit son dernier mot.
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EN CASAMANCE, L'OR BRUN DE L'ANACARDE TOURNE AU PLOMB
Récolte médiocre, prix en hausse, armée d'exportateurs affamés... Les noix, autrefois abordables, sont devenues aussi précieuses que rares. Avec des pertes quotidiennes frôlant le million de francs, l'usine de Ziguinchor vacille
La région de Casamance, jadis fière de son "or brun", l'anacarde, fait face à une crise sans précédent. À Ziguinchor, le cœur battant de l'industrie, l'usine de transformation est désormais silencieuse, ses machines figées dans une attente qui semble interminable.
Les raisons ? Une récolte médiocre, des prix en hausse et une armée d'exportateurs affamés. Résultat : les noix d'anacarde, autrefois abordables, sont devenues aussi précieuses que rares.
Cette flambée des prix, loin d'être une bénédiction, menace de mettre à genoux l'industrie locale. Avec des pertes quotidiennes frôlant le million de francs, l'usine de Ziguinchor vacille, emportant avec elle l'espoir de plusieurs dizaines de familles.
Face à ce désastre économique, une lueur d'espoir émerge : un système de bonus inspiré du modèle ivoirien. L'État sénégalais, conscient de l'enjeu, vise à quintupler la transformation locale. Un pari ambitieux pour transformer cette crise en opportunité et redonner à la Casamance sa couronne d'or brun.
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L'OMBRE LUMINEUSE DE SERIGNE TOUBA
Dans les annales du Mouridisme, un nom reste dans l'ombre : Soxna Mbène Ngabou. Fille de Serigne Touba, éduquée dans la tradition coranique, a fait de l'enseignement religieux sa mission de vie
Dans l'ombre du grand Serigne Touba, une figure féminine a marqué l'histoire du mouridisme sans faire de bruit. Soxna Mbène Ngabou, née en 1922 dans le berceau même du mouvement, incarne la résilience et la dévotion.
Fille du fondateur, elle a grandi au rythme des versets coraniques, bercée par l'enseignement religieux . Orpheline à 5 ans, elle n'a pas baissé les bras, poursuivant son éducation avec une détermination de fer.
Connue comme "Soxna Abou", elle a transcendé son statut de fille de chef spirituel pour devenir une véritable disciple, au même titre que ses frères. Plus qu'un simple nom, Abou est devenu synonyme d'engagement et d'initiative.