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24 avril 2025
Diaspora
par Hamath Sow
SENGHOR, HÉRO OU FÉLON ?
Vingt-trois ans après sa mort, le premier président du Sénégal continue de diviser. Poète adulé, politicien décrié, figure de proue de la Négritude et fervent défenseur de la francophonie, il incarne à lui seul les paradoxes de l'Afrique postcoloniale
Léopold Sédar Senghor, ce nom vous est sans doute familier, mais quoi de plus normal ? Père de la nation sénégalaise, poète de renommée internationale, académicien, père fondateur de la francophonie (entre autres), un des chantres du mouvement de la négritude, pour ne citer que ces casquettes, car notre homme en a arboré une multitude. Si d’aucuns le voient comme une figure archétypale de l’intelligentsia africaine, d’autres, en revanche, jettent sur lui un regard accusateur, le considérant comme le suppôt des potentats néocolonialistes. Cependant, une chose est sûre : ce personnage historique dont nous nous proposons de parler dans cet article fait sans doute partie de ces astres qui n’apparaissent que très rarement dans l’humaine constellation. Pourtant, rien ne prédestinait notre président-poète à une carrière aussi haute en couleur. Né à Joal, une petite bourgade à l’extrémité de la Petite-Côte sénégalaise, un 9 octobre 1906, son père, Basil Diogoye, est un commerçant d’obédience catholique, et sa mère, Gnilane Ndiémé Bakhoum, est la troisième épouse du père Senghor, avec laquelle il aura quatre filles et deux garçons. Son nom sérère, « Sédar », est une parfaite prémonition de ce que sera la vie du jeune Léopold plus tard. En effet, ce nom signifie dans cette langue vernaculaire : « Qu’on ne peut humilier ». Il faut dire que, toute sa vie durant, Senghor luttera à couteaux tirés contre le regard goguenard que posera sur lui l’Occident du fait de sa condition d’homme noir dans un milieu intellectuel qui, à cette époque, était bourré de préjugés facétieux ; sans oublier le procès d’aliénation que fomenteront ses pairs à son encontre.
Ce violent tiraillement, notre agrégé en grammaire le laissera transparaître dans toute son œuvre. Son célèbre poème « Ndéssé », dans Hosties noires, écrit dans des circonstances toutes autres certes, en dit long sur le maelström dans lequel il est tenaillé. Ainsi, il écrira ces vers d’une triste beauté : « Mère, je suis un soldat humilié qu’on nourrit de gros mils. Dis-moi donc l’orgueil de mes pères. »
Vingt-trois ans après sa mort, alors que les admirateurs du premier président du Sénégal libre rasent paradoxalement les murs, que peut-on retenir de Léopold Sédar Senghor ? Est-il resté « Sédar » comme l’auraient voulu ses parents ? Pour répondre à cette question, il faudrait sans doute se délier de toute complaisance dictée par le devoir de révérence envers les idoles, ne pas tomber dans le piège de la démarche hagiographique, essayer de « tuer le père » tout en respectant son héritage, comme nous l’enseigne Tchicaya U Tam’si, interroger l’homme avec ses tares et ses imperfections sans filtre aucun tout en évitant, bien évidemment, de jeter le bébé avec l’eau du bain.
Senghor et la « panamite »
Le mot « panamite » est un néologisme apparu pour la première fois sous la plume d’Ousmane Socé dans Mirages de Paris. Ce mot désigne l’attrait que certains étrangers peuvent éprouver envers la Ville Lumière, « Panam » étant un sobriquet de Paris. Force est de reconnaître que ce mot pourrait parfaitement qualifier le père du regretté Philippe Maguilien. En effet, tous ceux qui ont eu la chance de côtoyer Senghor à un moment donné de sa vie sont d’accord pour dire qu’il éprouvait pour la France, sa culture et sa langue, un amour inconditionnel. Le poète lui-même ne s’est jamais caché de sa francophilie et a, toute sa vie durant, chanté cette langue qu’il considère comme « une arme très puissante que l’on a ramassée dans les débris de la colonisation ». D’ailleurs, ses détracteurs n’hésitent pas à s’appuyer sur cet amour qu’ils jugent incestueux, du fait d’un passé colonial qui ne passe toujours pas, pour asséner leur salve de critiques. Bien que ces critiques soient pour la plupart très bancales et d’une bassesse à faire pâlir les Marianne, allant de sa vêture à sa phraséologie, s’attardant sur les quelques malheureux « r » qu’il se faisait un grand plaisir de rouler à foison, il faut cependant admettre que certaines de ces critiques mériteraient que l’on s’y attarde, l’objectif n’étant pas de s’arrêter au frontispice du chef-d’œuvre.
Parmi les détracteurs de Senghor, on peut citer des intellectuels noirs qui l’ont regardé en chiens de faïence du fait de ses prises de position jugées incommodes pour un Nègre. Ainsi, Marcien Towa écrira Senghor : Négritude ou Servitude en 1976, pointant du doigt la négritude de ce dernier qu’il juge séparatiste et pas assez virulente, à l’opposé de celle de Césaire. Il y a aussi, parmi tant d’autres, le prix Nobel de littérature Wole Soyinka qui ne pardonnera pas à Senghor son poème « Prière de la paix », dans lequel le poète sénégalais semble absoudre l’Europe de son inhumanité à une période où la plaie laissée par la colonisation reste béante. Ainsi, ces sinistres vers ont fini de confirmer, aux yeux des intellectuels africains hostiles à la pensée senghorienne, que ce dernier porte bel et bien « un masque blanc » : « Et je veux singulièrement prier pour la France. Seigneur, parmi les nations blanches, place la France à la droite du Père. »
Il serait ainsi très pertinent de se demander quelle est la position de la jeunesse sénégalaise, et africaine de surcroît, face à ces accusations. La réponse à cette question est pourtant on ne peut plus évidente. Dans une Afrique en perpétuelle émulation panafricaniste, il vaudrait sans doute mieux se revendiquer d’une figure iconoclaste plutôt que d’un poète qui a voué son œuvre à chanter une utopique civilisation de l’universel. Ainsi, dans un pays comme le Sénégal, il n’est pas rare de voir, dans des joutes oratoires endiablées, toute l’œuvre de Senghor vouée aux gémonies par une ou deux citations de son éternel rival (je veux nommer Cheikh Anta Diop) fièrement brandies par de jeunes gens qui se veulent exégètes même si la plupart d’entre eux n’ont jamais vu la couverture de Nations nègres et culture. Le fait est qu’au Sénégal, c’est à la mode d’aimer Cheikh Anta Diop et de traiter Senghor de « Babtou ». D’ailleurs, cette rivalité que le sociologue et écrivain sénégalais Elgas se plaît à appeler, dans une magnifique formulation, « détestation cordiale » (même si je ne suis pas tout à fait d’accord) est un bon prétexte pour attaquer notre prochain chapitre.
Senghor et Cheikh Anta Diop : Esaü et Jacob
Comparer Senghor et Cheikh Anta Diop aux deux frères du récit biblique, Esaü et Jacob, peut pour le moins paraître un peu loufoque. Mais il suffit de bien observer le cheminement de ces deux intellectuels africains, sénégalais, pour savoir que la comparaison n’est pas mal trouvée.
Dans un article publié sur Seneplus, Boubacar Boris Diop avait bien raison d'affirmer ceci : « Que deux personnalités d’une telle envergure et si radicalement différentes aient émergé au sein d’une même nation en dit beaucoup sur l’ambiguïté de celle-ci. C’est également un problème, et il faut oser l’affronter. »
Mais quel pourrait bien être l’objet du différend qui oppose ces deux intellectuels ? Pour résoudre cette équation, il faudrait remonter à 1951, date à laquelle Cheikh Anta Diop, âgé alors de 27 ans, préparait une brillante thèse à la Sorbonne. Son titre : « De l’antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l’Afrique noire d’aujourd’hui ». Cette thèse fut malheureusement refusée par la Sorbonne. Mais Diop, très tenace, décida de publier ses travaux sous forme de livre en 1954. Ainsi parut Nations nègres et culture, édité par Présence africaine, et de ce livre, Aimé Césaire affirma que c’était « le livre le plus audacieux qu’un Nègre n’ait jamais écrit ». Contre toute attente, la Sorbonne accepta enfin que le jeune étudiant rebelle soutienne sa thèse le 9 janvier 1960. Le jury attribua la mention honorable aux travaux de Diop. En clair, il ne pourra pas enseigner à l’université. Ainsi, ce qui devait être une consécration s’est avéré être une honteuse sanction. Cependant, celui qui fut surnommé le pharaon noir n’a pas totalement perdu la bataille, car cette thèse, qui a fait écho partout au Quartier Latin, lui vaudra une admiration sans borne de la part de la communauté estudiantine afro-diasporique de l’époque, qui voyait dans ses travaux un moyen de se libérer des entraves civilisationnelles.
Senghor et Diop n’ont peut-être de commun que la nationalité sénégalaise et le taux de mélanine. Les deux hommes ont une pensée sur l’Afrique foncièrement distincte. Si Senghor est favorable à une hybridation culturelle et parle de rendez-vous du donner et du recevoir, Cheikh Anta Diop, lui, prône une renaissance africaine en mettant en avant l’héritage négroïde de l’Égypte antique. Quand Senghor laissa tomber cette phrase qui devint le fer de lance de ses détracteurs : « L’émotion est nègre, la raison hellène », la réponse de Diop ne se fit pas attendre. Sans surprise, il accusa le poète de félonie, opposant un niet catégorique à cette dichotomie qui voudrait qu’il y ait « une prétendue dualité du Nègre sensible et émotif, créateur d’art, et du Blanc fait surtout de rationalité ».
Leur rivalité, cependant, n’est pas qu’intellectuelle. Elle est surtout politique, voire syntaxique, aussi invraisemblable que cela puisse paraître. Senghor lui-même qualifiera cette dualité d’« opposition crypto-personnelle » (d’où ma réticence concernant cette notion de détestation cordiale dont parlait Elgas). Au retour de Cheikh Anta au Sénégal, les portes de l’Université de Dakar, qui portera plus tard son nom (ironie du sort), lui seront fermées par Senghor. Il sera ainsi confiné à l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN) en tant que chercheur. Mais loin d’être oisif, le disciple de Frédéric Joliot-Curie se lancera dans la politique. Là aussi, il se heurtera à un Senghor qui semble décidé à lui barrer la route. Il verra son parti, le Front national sénégalais (FNS), dissout par Senghor ; très entêté, il en créera un autre, le Rassemblement national démocratique (RND), qui, cette fois-ci, ne recevra pas d’agrément, étant « sans aucune identification aux courants politiques autorisés », selon le père de la nation. Et comme si cela ne suffisait pas, son journal Siggi fut suspendu pour un malheureux « g », car le brillant grammairien considérait que Siggi, qui est un mot wolof, ne s’écrit qu’avec un seul « g ».
On pourrait croire que cet antagonisme serait de l’histoire ancienne après que les deux jumeaux siamois aient passé l’arme à gauche. Mais une sorte de rivalité atavique naîtra derrière eux par disciples interposés. L’exemple de Boubacar Boris Diop et de Souleymane Bachir Diagne est le plus patent. Le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne a hérité de l’universalisme senghorien, tandis que l’auteur de Murambi, qui se revendique disciple de Cheikh Anta Diop, est plus du côté de l’afro-renaissance et revendique un retour progressif aux langues africaines. Comment oublier ce brûlot fait d’une politesse sarcastique intitulé « Bachir Diagne tu permets ? » que Boris taillera sur mesure en réponse à l’article de Bachir Diagne « In the Den of the Alchemist », qui pourrait être traduit par « Dans l’antre de l’alchimiste », publié dans la revue Chimurenga de Cape Town. Cette boutade de Boubacar Boris Diop laissera dans la mémoire des Sénégalais une sensation de déjà-vu. Il semblerait en effet que la rivalité entre Senghor et Cheikh Anta ait repris de plus belle et se transmettra désormais de génération en génération.
Le brillant homme de lettres, l’exécrable homme politique
S’il y a vraiment une chose que les détracteurs de Léopold Sédar Senghor lui accordent sans conteste et à l’unanimité, c’est son génie littéraire. Le natif de Joal avait littéralement habité la langue française. Rappelons-nous que l’homme avait la prétention d’aller en France « pour apprendre aux Français le français ». Apprendre aux Français le français, Senghor l’a bel et bien fait, mais pas que. Il fera partie de ceux qui auront la lourde tâche de perpétuer l’héritage du Cardinal Richelieu en intégrant l’Académie française en mars 1984, lui, le nègre aux puissants gènes sérères. Là aussi, ses détracteurs y verront une belle occasion de crier au loup. Il faudrait cependant avoir l’honnêteté d’admettre que cette nomination n’est en aucun cas usurpée. Le frère d’arme d’Aimé Césaire savait titiller les muses. Qui de mieux pour reconnaître un génie qu’un autre génie ? C’est ce que fera Jean-Paul Sartre en adoubant Senghor dans Orphée noir, la préface de l’Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache. Ce serait d’ailleurs une très grande lapalissade de dire que Senghor est un brillant homme de lettres. Cependant, s’il m’était permis de laisser s’exprimer ma subjectivité sur la question, moi qui ai déclamé Femme noire, lu Hosties noires et pleuré devant « Élégié pour Philippe Maguilien Senghor », je crierais jusqu'à ce que mes lecteurs voient ces lettres se mouvoir, cette phrase d’Alexandre Dumas après sa lecture des Misérables de Victor Hugo : « Béni soit le Dieu qui fait souffrir, puisqu’il permet à la douleur de jeter de pareils cris ».
Quant à la carrière politique de Senghor, de ce point de vue-là, il semblerait que les reines d’un pays ne soient pas aussi légères que la plume de l’écrivain. S’il fut un brillant poète qui a fait rêver des générations de Sénégalais, Senghor n’en demeure pas moins l’un des présidents les plus critiqués dudit pays. Il est vrai qu’en tant que président, il a eu à prendre des décisions aussi impopulaires et fourbes les unes que les autres. En effet, il semblerait que Senghor ait eu un sérieux problème avec l’opposition, aussi démocratique fût-elle. Nous avons déjà parlé de son différend avec Cheikh Anta Diop, qui semble être une liquidation politique pure et simple. Mais c’est le soupçon de liquidation, physique cette fois-ci, du jeune normalien sénégalais Omar Blondin Diop à l’historique île de Gorée, qui constituera une tache indélébile dans son œuvre. Omar Blondin Diop était un jeune intellectuel sénégalais qui, comme Senghor, a fait ses études à Paris. Décrit par son entourage comme un révolutionnaire passionné, Blondin poussa Senghor jusqu'à ses derniers retranchements pour faire entendre sa voix panafricaniste. Il est utile de rappeler que le premier normalien sénégalais de l’histoire est le père du mouvement des jeunes marxistes-léninistes du Sénégal et cofondateur avec Daniel Cohn-Bendit du mouvement du 22 Mars, qui sera à l’origine des événements de Mai 68. Après son incarcération à l’île de Gorée suite à une de ses nombreuses protestations (une histoire qui mérite un article entier), Blondin fut déclaré mort par suicide le 11 Mai 1973 par le ministre de l’intérieur Jean Colin ancien administrateur colonial devenu membre du gouvernement après les indépendances. La mort tragique d’Omar Blondin Diop a ainsi suscité de vives interrogations. Nombreux sont ceux qui pensent jusqu'à présent, qu’il s’agit là d’un meurtre perpétré par le gouvernement de Senghor. On ne saura peut-être jamais la vraie histoire derrière cette mort prématurée.
Mais aujourd’hui, bon nombre de Sénégalais vouent un véritable culte à ce jeune révolutionnaire intellectuel, photogénique, cigarette entre les doigts, qui rappelle à s’y méprendre un autre jeune révolutionnaire argento-cubain du nom d’Ernesto Guevara (Le Che). Cette histoire d’Omar Blondin Diop vient s’ajouter à d’autres, comme l’incarcération de Mamadou Dia, et entache l’image du père de la nation sénégalaise, qui est devenu, bien malgré lui, un bourreau désigné.
S’il y a un enseignement que l’on peut tirer de la vie de Léopold Sédar Senghor, c’est que les génies n’en demeurent pas moins des hommes. L’« Homo sum » de Térence est parfaitement applicable à eux. Il ne faut surtout pas oublier qu’il fut un père à qui la vie a arraché son bien- aimé fils dans un tragique accident de voiture, un soldat capturé par l’Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale. Et malgré ces innombrables coups que la vie lui a assénés, il a trouvé le courage de tremper sa plume et de faire rêver des générations entières de lecteurs.
Il n’est certes pas interdit de critiquer Senghor ; lui-même encouragerait sans doute cette démarche. Mais c’est là une démarche totalement galvaudée que de vouloir cloisonner toute son œuvre dans ces cas isolés. Que ferons-nous du combat porté par le mouvement de la négritude ? Que dire de la culture africaine qu’il a eu à promouvoir partout dans le monde ? De ce rire Banania qu’il s’est juré de déchirer partout dans les murs de France ? Voilà autant de questions qui méritent à elles seules une ode à cet astre qu’est Senghor.
par Cheikh Faye
HALTE AUX ATTAQUES AD HOMINEM
Les propos de Lansana Gagny Sakho à propos de Thierno Alassane Sall sont indignes, inadmissibles et intolérables dans l’espace politique. Peut-on continuer à faire semblant de n’avoir rien vu ni entendu ?
«Une boule sur le front est une pathologie fréquente qui peut avoir plusieurs origines. Le plus souvent, il peut s’agir d’un lipome frontal, d’un kyste sébacé ou d’un ostéome ostéoïde. Même si leur origine est différente, leur traitement est dans tous les cas chirurgical. La bosse de TAS serait par contre due à un paquet de frustrations. Malheureusement, une opération chirurgicale n’y peut rien, il faut donc le prendre comme un frustré.» - Lansana Gagny Sakho
Il a fallu moins de deux (2) petites heures, après avoir dénoncé la violence des responsables du régime actuel, pour qu’une nouvelle preuve vienne conforter mon propos. Attaquer une personne sur la base de ses traits physiques constitue une violence verbale au regard de bon nombre de législations en vigueur dans le monde, mais aussi au plan scientifique. En effet, les propos dégradants ou humiliants participent à la violence verbale. C’est reconnu et admis dans le monde civilisé.
Les propos de Lansana Gagny Sakho sont indignes, inadmissibles et intolérables dans l’espace politique. Peut-on continuer à faire semblant de n’avoir rien vu ni entendu comme si rien ne se passe au Sénégal lorsque les dirigeants actuels sont en cause ? Nous sommes,par notre silence complice, dicté principalement par la peur et/ou le partisanisme, en train de cultiver les germes d’une confrontation majeure aux conséquences préjudiciables pour le Sénégal et pour les sénégalais(es).
par Jean Pierre Corréa
THIAROYE 44 ET DAKAR 2021 POUR L’HISTOIRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le décret de répartition des services de l’État aurait pu rationaliser les dépenses et réduire le train de vie de l’État en attendant qu’une loi intervienne pour les réformes constitutionnelles
« Il faut que les citoyens changent de posture pour que cette alternance soit une alternative. Avoir un regard critique à l'endroit du nouveau régime est une exigence voire une nécessité. Le Sénégal vient de sortir d'une crise politique sans précédent qui a détruit des vies et fait beaucoup de victimes. » - L'ex coordinateur de Y en a marre, Fadel Barro.
La suppression du Haut Conseil des Collectivités territoriales (HCCT) et du Conseil économique social et environnemental (CESE) hautement souhaitée et envisagée par le président de la République est en examen à l'Assemblée nationale en session extraordinaire, ce jeudi 29 août 2024. L’urgence n’était-elle pas de décliner une vision claire aux Sénégalais qui se perdent face à la cacophonie d’un pilotage à vue et au « waw-waw-souba », adoptés en principe de gouvernance.
Si la volonté de réduire le train de vie de l’État est à ce point sérieuse, cela aurait dû commencer par la suppression des agences reconduites et qui n’auront servi qu’à caser une clientèle politique.
"Thiaroye 44, un récit peu pris en charge par les historiens sénégalais, privés des archives, dont notre absence de sens de la sauvegarde aura favorisé la volatilité."
Quiconque a entendu le son lancinant et métallique de cet harmonica restera longtemps habité par les images atroces qu’il accompagne, celles de mitrailleuses crachant la mort sur des corps affolés et sans défense. Camp de Thiaroye, le film des Sénégalais Ousmane Sembène et Thierno Faty Sow tourné en 1988, s’achève, après plus de deux heures de tension, dans un déferlement de violence inouï.
Et il fallait bien une fiction de cette ampleur, dont la musique est signée Ismaël Lô, pour donner à voir la réalité du massacre de Thiaroye, survenu le 1er décembre 1944, au cours duquel l’armée française n’hésita pas à ouvrir le feu sur des tirailleurs sénégalais, anciens prisonniers de guerre, qui avaient osé réclamer le paiement de leur pécule, de leur prime de démobilisation et de leurs arriérés de solde. « Gloire à vous tirailleurs noirs, gloire à vous les étoiles du jour sur qui aucun soleil ne se couche », a ainsi conclu Amadou Lamine Sall dans un poignant poème qu’il a consacré à cette terreur historique.
Le premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a réagi opportunément et vivement à la décision de Paris de reconnaître « morts pour la France » à titre posthume six tirailleurs exécutés sur ordre d’officiers de l’armée française à Thiaroye en 1944, tenant à rappeler à la France « qu’elle ne pourra plus ni faire ni conter seule ce bout d’histoire tragique. Ce n’est pas à elle de fixer unilatéralement le nombre d’Africains trahis et assassinés après qu’ils ont contribué à la sauver, ni le type et la portée de la reconnaissance et des réparations qu’ils méritent ».
Pendant des décennies, le Sénégal a enterré le sujet de l’histoire coloniale. Le travail de mémoire n’a pas été fait comme il fallait. Aujourd’hui, il faut s’y atteler, et c’est ce que le Premier ministre Ousmane Sonko a eu raison et vision de réveiller, rappelant avec fierté, que « l’entretien de « notre mémoire devait être fait par nous-mêmes, Sénégalais ». Nous avons su attendre 64 ans, il n’y avait point d’urgence à secouer notre mémoire oublieuse, mais ne boudons pas notre plaisir, mieux vaut tard que jamais.
Qui peut le plus peut le moins…Thiaroye 44 versus Dakar 2021
Au moment de sa prestation de serment, qui coïncidait avec la célébration de notre indépendance, le chef de l’État appelait de ses vœux, qu’au-delà de la patrie, notre Nation se réconcilie, et recouse son tissu social lacéré par deux années ponctuées d’horribles drames humains et de désastres économiques, anni horribili, causées par le fait que des millions de Sénégalais n’avaient pas su accepter ce que l’opposition de l’époque les avait convaincus ne procéder que d’un complot ourdi par le pouvoir de Macky Sall, et qui aboutit alors à mettre des milliers de jeunes gens en révolte dans les rues des grandes villes du Sénégal, déterminés à laver et défendre l’honneur selon eux bafoué d’Ousmane Sonko. Ce que le Sénégal a traversé durant ces deux années, et qui a énormément contribué au rejet sans appel du pouvoir de Macky Sall, le président de la République a le devoir d’éclairer les populations sur la réalité d’un complot, dont les noms des prétendus cerveaux avaient été jetés en pâture à l’appétit de savoir la vérité des Sénégalais. Thiaroye 44, c’est bien, Dakar 2021, c’est mieux.
Le président de la République, dans son rôle de prendre des initiatives, a toute la latitude d’utiliser l’article 63 qui peut aussi permettre de convoquer une session extraordinaire afin d’introduire un projet d’abrogation de la loi d’amnistie sur les récentes émeutes au Sénégal. Plus de 80 personnes ont été tuées et leurs familles réclament encore justice. Que les responsabilités soient situées et que justice soit faite. Nous avons le droit de savoir si Antoine Diome, Maître Dior Diagne et autres magistrats cités alors comme complices morbides de ce complot aux conséquences sanglantes, devront être poursuivis pour forfaiture et jetés en prison. Chiche ? La résilience et la concorde appelées de vos vœux est à ce prix. Une impérieuse urgence… Plus attendue par les Sénégalais que le coût du CESE ou du HCCT, le décret de répartition des services de l’État aurait pu rationaliser les dépenses et réduire considérablement le train de vie de l’État en attendant qu’une loi intervienne pour les réformes constitutionnelles, dans le cadre d’une Assemblée nationale nouvellement composée.
Mais on fait comme tous les Sénégalais quand ils arrivent au boulot : Ils traitent d’abord du « facile » avant de partir à l’assaut de l’urgent. On ne se refait pas.
RAMA YADE RÊVE D'UN PARIS DE L'ACCESSIBILITÉ
L'ancienne ministre française appelle à saisir l'opportunité des Jeux paralympiques pour métamorphoser la ville lumière. Elle voit dans cet événement planétaire un levier pour propulser Paris au rang de capitale mondiale de l'inclusion
(SenePlus) - Dans une tribune publiée par Le Monde, mercredi 28 août, l'ancienne secrétaire d'État Rama Yade lance un appel vibrant pour que Paris saisisse l'opportunité des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 afin de devenir un modèle d'accessibilité pour les personnes en situation de handicap. Au-delà de l'événement sportif, elle voit dans ces Jeux un catalyseur potentiel pour une transformation profonde et durable de la capitale française.
L'ancienne ministre propose un plan ambitieux : rendre Paris intégralement accessible d'ici 2030. Ce projet titanesque impliquerait non seulement l'adaptation des infrastructures publiques, mais aussi une révolution dans les mentalités. Yade insiste sur la nécessité de changer le regard sur le handicap, appelant à une véritable prise de conscience collective.
La tribune met en lumière des chiffres alarmants : 12 millions de Français seraient concernés par le handicap, dont 80% de manière invisible. Face à ce constat, Yade plaide pour une approche globale, intégrant accessibilité physique et inclusion sociale.
Rama Yade dessine les contours d'un héritage olympique qui dépasserait largement le cadre sportif. Elle invite à saisir l'occasion des Jeux pour faire de Paris un modèle mondial d'accessibilité, transformant ainsi un événement éphémère en un catalyseur de progrès durable pour tous les citoyens.
CHEIKHOU OMAR DIAGNE, SOUFI RÉFORMATEUR OU ANARCHISTE TÉMÉRAIRE ?
Son refus d'héberger des délégations étrangères pour le Magal de Touba à mis le feu aux poudres. Mais qui est vraiment cet homme aux multiples facettes : essayiste, expert financier, idéologue musulman et critique acerbe des confréries ?
Depuis le Magal de Touba, son nom est sur toutes les lèvres. En effet, le directeur des Moyens généraux suscite la polémique après qu'il a refusé l'hébergement à certaines délégations étrangères venues pour les soins du Malgal. Mais qui est vraiment Cheikhou Omar Diagne ? Polémiste, ami de fortune du président de la République Diomaye Faye, et qui depuis plusieurs années profère des critiques sévères sur la manière de pratiquer l'islam dans les confréries, tout en clamant toutefois son appartenance à ces cercles soufis.
La direction des Moyens généraux est un poste qui passait presque inaperçu dans l'architecture gouvernementale. Seuls les initiés pouvaient avoir une prise certaine sur les tenants et aboutissants de cette direction logée au Palais de la République. Mais avec Cheikhou Omar Diagne, cette donne va manifestement changer. Son parcours, ses prises de position antérieures vont certainement le rattraper. Et en guise d'illustration, il faut juste voir sa lette-réponse suite à une demande de la commission des relations extérieures du comité d'organisation du Magal pour une prise en charge de certaines délégations étrangères venues pour le Magal de Touba, et qui fait couler beaucoup d'encre. Plusieurs disciples mourides voient dans ce refus le prolongement de son aversion pour cette confrérie qu'il voue aux gémonies, disent-ils depuis plusieurs années.
Une analyse excessive peut-être de cette affaire ! Mais force est de dire que Cheikhou Omar Diagne n'y va pas de main morte par rapport aux confréries. Essayiste, expert financier et spécialiste des questions monétaires, Cheikh Omar Diagne n'en demeure pas moins un féru des sciences religieuses. Il se définit comme un soufi, disciple de Cheikh Ibrahima Niasse. Mais le fondateur du cabinet Zafir Consulting est loin d'accepter toutes les pratiques dans les familles religieuses. Il critique vertement les chefs religieux et dénonce ce qu'il appelle la ''mafia religieuse
''. À l'en croire, elle fait partie des goulots qui étranglentle Sénégal. Cheikhou Omar Diagne pense sans langue de bois que le Sénégal s'achemine vers une ''ère des post-confréries'' au Sénégal. Une position osée dans un pays où l'islam soufi est ancré dans les mœurs etfait vibrer des millions de Sénégalais. Et son avis sur cette question n'est pas partagé par tout le monde, et battu en brèche par d'autres spécialistes.
Porteur d'un projet religieux
Par ailleurs, l'auteur de Confidences Soufies et de la Révolution de l’argent dans l’espace franc est considéré par certains observateurs comme un idéologue musulman qui a son propre agenda de réforme religieuse. Lors de la dernière élection, le directeur des Moyens généraux était prêt à aller à la conquête du pouvoir avec son parti Rassemblement pour la Vérité/ And Ci Deug (Rv/And Ci Deug). Et Cheikhou Omar Diagne qui a longtemps dénoncé l'influence des loges maçonniques, des homosexuels et de la laïcité héritée de la France et qui inhibe le fait religieux au Sénégal, avait déclaré à qui veut l'entendre qu'il est porteur d'un projet islamique basé sur les enseignants du dernier Messager, le Prophète Mouhamed (PSL). '' Au Sénégal, il y a une influence des idéologies socialistes, des libérales et centristes dans les partis politiques.
Tout ça, ce sont des idéologies occidentales. Le RV quant à lui est un parti islamique'', faisait-il savoir lors d'une conférence de presse, il y a quelques mois. Et même s’il a soutenu la coalition Diomaye par la suite pour la présidentielle, apparemment Cheikhou Omar Diagne compte imprimer sa marque dans le gouvernement.
Ainsi, après sa nomination comme ministre, il avait encore fait parler de lui en affirmant que bientôt, il y aurait l'érection d'une mosquée au Palais. Un crime de lèse-majesté pour les militants de la laïcité qui avaient tiré à boulets rouges sur lui. Il était aussi le premier à répondre à Abbé Latyr Ndiaye après sa lettre incendiaire au Premier ministre Ousmane Sonko sur le voile à l'école. Devenu proche du président Bassirou Diomaye Faye, après avoir partagé avec le nouveau chef de l'Etat les rigueurs de l'emprisonnement suite à son arrestation pour offense au chef de l'Etat, et des militants du Pastef avec qui il partage les idées de panafricanisme, Cheikhou Omar Diagne aura fort à faire avec sa nouvelle fonction. Cette polémique sur son refus d'hébergement des délégations étrangères risque de ne pas être la dernière.
Pour lui, les relations financières entre l'Etat et les familles religieuses doivent être transparentes et le budget devrait être voté à l'Assemblée nationale.
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LE WOLOF, NOUVEAU VECTEUR D'ÉDUCATION AU SÉNÉGAL
Fini le tout-français. Des salles de classe aux maisons d'édition, en passant par les géants du web, c'est tout un pays qui se mobilise pour renouer avec ses racines linguistiques
Dans un élan audacieux visant à révolutionner son système éducatif, le Sénégal s'apprête à faire du wolof et d'autres langues locales les piliers de l'enseignement national. Cette initiative, prévue pour 2029, promet de transformer radicalement le paysage scolaire du pays.
Les autorités misent sur le multilinguisme pour booster les performances des élèves. L'idée ? Permettre aux enfants d'apprendre dans leur langue maternelle, un gage de réussite selon les experts.
Cette révolution linguistique ne se limite pas aux salles de classe. Des maisons d'édition innovantes émergent, produisant des ouvrages en langues locales. Parallèlement, les géants de la technologie s'y mettent : Google Traduction a récemment intégré le wolof et une trentaine d'autres langues africaines.
DÉMISSION MASSIVE CHEZ TAXAWU
Vingt-six cadres et responsables de la plateforme présidée par Khalifa Sall annoncent leur départ, invoquant notamment le refus de s'aligner sur un rapprochement avec l'ancien régime. Ils entendent ainsi marquer leur volonté de cohérence politique
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration des membres de la Cellule des Cadre (CAPS) de Taxawu Sénégal, annonçant ce mercredi 28 août 2024, leur démission collective de la plateforme présidée par Khalifa Sall.
"Chers compatriotes,
Cinq mois après l'élection présidentielle du 24 mars 2024 qui a vu l'avènement de la troisième alternance démocratique au Sénégal, nous avons pris le temps d'analyser les résultats de cette élection et de réfléchir aux perspectives de notre plateforme politique, Taxawu Sénégal.
Les résultats de cette élection ont clairement démontré que le peuple sénégalais dans une large majorité a fait le choix d'une rupture dans la gouvernance politique, économique et sociale du pays.
Pour la première fois dans l'histoire politique du Sénégal, les populations ont élu, dès le premier tour, un candidat de l'opposition, sanctionnant ainsi de la plus explicite des manières le régime sortant du président Macky Sall.
Nul besoin de revenir sur le lourd passif que ce régime sortant a laissé aux Sénégalais et dont nous n'avons pas fini de découvrir l'ampleur des dégâts.
Notre engagement pour le pays a justifié le combat que nous avions vaillamment mené durant ces 12 dernières années contre le régime BBY. Nous demeurons plus que jamais déterminés et constants dans cet engagement tant que la défense des libertés démocratiques et le combat pour le bien-être de nos compatriotes le justifieront.
Au regard du contexte actuel, nous tenons à informer l'opinion nationale et internationale de notre refus d'adhérer aux nouvelles orientations de la plateforme Taxawu Sénégal qui se matérialisent en particulier par une tendance à un rapprochement avec un ou des démembrements de la coalition Benno Bok Yaakar (BBY) que nous avions pourtant combattue pendant 12 ans.
Par conséquent :
1. Réaffirmant notre volonté et notre détermination à privilégier la cohérence dans l'expression de nos convictions et la pratique de nos principes ;
2. Rappelant notre constant et indéfectible attachement à la défense et à la préservation des intérêts supérieurs et exclusifs du Sénégal en toutes circonstances ;
3. Après avoir procédé à une analyse minutieuse de la situation nationale du pays, sous l'angle des nombreux défis présent et futur à relever.
Nous avons décidé de démissionner de Taxawu Sénégal et de toutes nos responsabilités au sein de la Cellule des Cadre (CAPS) de cette plateforme.
Nous tenons à rendre un vibrant hommage au président Khalifa Ababacar Sall, pour son leadership reconnu et son esprit républicain. Nous lui sommes grandement reconnaissants pour sa générosité intellectuelle et la contribution importante qu'il a apportée dans la formation politique de beaucoup d'entre nous.
Notre décision procède de la conviction ainsi que de la certitude que nous devons faire de sorte que cette troisième alternance ne puisse pas décevoir les Sénégalais qui sont déjà fatigués de leur classe politique. Cette classe qui, depuis plusieurs décennies peine à trouver des solutions à leurs préoccupations.
Nous sommes conscients du rôle que nous avions joué depuis la création de Yewwi Askan wi (aux locales et aux législatives de 2022) pour semer l'espoir chez les Sénégalais qu'un autre
Sénégal était possible.
Nous avons alors la responsabilité collective de veiller à ce que cet espoir ne soit pas déçu et que cette nouvelle alternance tienne ses promesses d'un Sénégal meilleur.
Dans ce sillage, nous allons très prochainement procéder au lancement d'un nouveau parti politique qui reflétera nos idéaux et nos valeurs de Travail, d'Equité et de Solidarité.
Notre mission est de contribuer à trouver des solutions aux grands défis de développement politiques, sociaux, et économiques auxquels notre pays est confronté, par une action politique innovante et réaliste.
"Tous ensemble, un autre Sénégal est possible"
Les signataires,
1. M. Made Codé Ndiaye, ex Coordonnateur des cadres de Taxawu Sénégal, Ingénieur Télécoms et sales manager dans une multinationale des Télécoms, responsable politique à Fatick
2. Dr Ousmane Kane, ex Pdt Commission Communication Numérique, Dr en Economie et cadre supérieur en gestion des entreprises, responsable politique à Thiès
3. M. Racine Gueye, Chef d'entreprise, responsable politique à Rufisque
4. M. Souleymane Sy, Administrateur civil principal de classe exceptionnelle, ex pdt Commission Administration publique et modernisation de l'Etat de CAPS, responsable politique à Kolda
5. Dr Soukeye Gueye, ex Pdte Commission Diplomatie et de la Cellule Finances de CAPS, juriste fiscaliste, responsable politique à Keur Massar
6. Pr. Abouna Mbaye, ex Pdt Cellule Strategie et méthode de CAPS, spécialiste en analyse de données, responsable politique à Bruxelles (Belgique)
7. Mme Ngoné Diankha, ex membre cellule Comm de CAPS, comptable, responsable politique à Kaolack
8. M. Talla Ngor Biss Ngom, ex Pdt Cellule Veille et Stratégies politiques de CAPS, Ingénieur Télécoms, responsable politique à Dakar
9. M. Jules FAYE, administrateur de société, responsable politique à Thiès
10. M. Ahmed Tidiane Daff, Juriste, responsable politique à Dakar
11.M. Manga Ndiaye, Ingénieur statisticien économiste, responsable politique à Fatick
12.M. Cheikh Oumar Bâ, ex chargé des relations publiques de CAPS, supply chain manager, responsable politique à Louga
13.Dr Khalifa Ababacar Mbaye, Médecin
14. M. Amady Baro Faye, ex Vice Pdt commission Transport et aménagement du territoire de CAPS, Ingénieur Transport, responsable politique à Fatick
15.M. Tamsir Amadou Seck, Sociologue, responsable politique à Keur Massar
16.Mme Marianne Diaffé Cissé, Ingénieur en Finance, militante à Fatick
17. Mme Bineta Diminga Ndiane, agent administratif des Finances publiques, militante à Paris
18. Dr Alioune Badara Ndior, ex Pdt Cellule formation de CAPS, enseignant chercheur, responsable politique à Fatick
19.Dr Coumba Faye, Dr en Pharmacie, responsable politique à RUFISQUE
20.M. Désiré Youssoupha Ngom, agent humanitaire au sein d'une organisation internationale
21.M. El Hadji Seyni Wade, Enseignant, responsable politique à Mbour
22.M. Sada Wane, Actuaire, spécialiste en protection sociale, responsable politique à Podor
23.M. Ndongo Dieng, ex membre Commission Economie de CAPS, Auditeur/ Banque, responsable politique à Fatick
24. M. Abdoulaye Diallo, Ingénieur Télécoms, responsable politique à Dakar
25. M. Sory Thiam, Ingénieur Informatique, responsable politique à Dakar
26. Etienne Gueye, Ingénieur Télécoms, responsable politique à Kaolack"
par Abdou Fall
POURQUOI LES DÉPUTÉS DOIVENT VOTER CONTRE LA DISSOLUTION DU CESE ET DU HCCT
EXCLUSIF SENEPLUS - Nombre de ceux qui approuvent une telle initiative, le font pour des mobiles autres que ceux déclarés. Rien ne justifie cette logique de coup de force dans le traitement de sujets qui nous concernent tous
J'avoue que je trouve pour le moins curieux les termes dans lesquels les questions institutionnelles sont actuellement abordées au Sénégal.
Nous étions dans l'attente de la réalisation, depuis lors, de la promesse du président nouvellement élu, Monsieur Bassirou Diomaye Faye, de placer la réforme en profondeur de nos institutions parmi les priorités de son quinquennat.
Les institutions relevant de la Constitution, mère des lois, il était attendu que des consultations nationales fussent convoquées sur ce sujet de fond.
D'autant que le débat sur cette question est rendue encore plus actuelle par la confusion manifeste et pour le moins gênante qui règne au sommet de l'État par rapport à des légitimités si fortes l'une comme l'autre, entre les deux têtes de l'exécutif.
Le Sénégal fait face en effet à un cas de figure inédit du point de vue politique entre République et démocratie.
Entre un chef de l'État installé à la tête du pays à la faveur du suffrage universel par une majorité acquise à partir de la volonté d'un chef de parti qui en a décidé.
Et qui se retrouve lui même soumis, du point de vue des règles de la République, à l'autorité de celui qui lui doit sa place à la tête du pays.
Ce bicéphalisme curieux et paradoxal devant se gérer au demeurant dans le contexte d'une cohabitation de fait entre une nouvelle majorité exécutive faisant face à une majorité parlementaire qui échappe totalement à son contrôle.
Cette situation insolite, à notre avis, si sérieuse au point de faire l'objet de toutes les attentions parmi les élites politiques et intellectuelles du pays, on aurait tort de l'aborder autrement que dans la plus grande sérénité.
A cette question centrale est venue s'ajouter celles déjà soulevées sur le chapitre des reformes institutionnelles arrivées depuis longtemps à maturité sur la nature du régime politique obsolète qui continue de nous gouverner.
Ces questions fondamentales devraient plutôt constituer, en ce moment precis, les sujets de fond qui auraient dû actuellement mobiliser les élites et les citoyens de notre pays.
Le président Bassirou Diomaye Faye en a décidé autrement en convoquant dans l'urgence le parlement, juste pour la dissolution de deux institutions de la République, le Conseil Economique Social et Environnemental et le Haut Conseil des Collectivités Territoriales.
Cette nouvelle donne de la volonté déclarée du président de la République de dissolution de ces institutions consacrées par loi constitutionnelle trouve pour principal motif, pour l'instant déclaré, le souci de réaliser des économies budgétaires évaluées de l'ordre de 15 milliards par les uns, 20 milliards par les autres.
Des montants certes significatifs dans notre contexte de pays en développement, mais qui n'en restent pas moins marginaux pour tout ce qu'en retour ces institutions apportent en termes d'inclusion, d'intégration nationale et de régulation.
Le professeur Souleymane Bachir Diagne rappelait, il y a quelques temps, que les institutions sont les organes inventées par l'homme moderne pour marquer la rupture entre la société des humains et la jungle des espèces animales.
C'est pourquoi le plus dangereux dans cette optique de soit disante économie budgétaire, c'est qu'il est su de tout le monde que pour nombre de ceux qui approuvent une telle initiative, ils le font pour des mobiles autres que ceux
déclarés.
Le débat politique dans l'espace public reste largement dominé de nos jours par le discours populiste violent qui parle plus aux tripes qu'il n'interpelle nos consciences sur les problèmes et enjeux de notre époque.
Il est temps qu'on renoue avec les considérations politiques de type doctrinal adossées à une vision du monde et à une philosophie qui structure une pensée politique avec des finalités déclinées en programme et projets au service de la transformation qualitative de la société et de l'économie.
Nous ne saurions continuer de subir la fatalité d'un débat politique de violence entre acteurs plus préoccupés à se détruire les uns les autres qu'à se distinguer dans des efforts d'élaboration d'une argumentation nourrie qui participe de l'élevation du niveau culturel, technique et scientifique des citoyens.
Savoir que dans l'optique des logiques de confrontations, ce ne sont pas les relais qui manquent pour nous installer au quotidien dans la permanence de tensions propres à entretenir dans nos sociétés démocratiques une ambiance généralisée de carnage fratricide sans répit.
Dans le contexte historique des bonds technologiques sans précédent dans le secteur particulier des médias, où chaque homme ou femme a la possibilité d'être citoyen/média, capable de diffuser au quotidien toutes les insanités du monde sur d'autres citoyens sans que rien ne leur en coûte, la voie est alors royale pour une mort programmée et sans delai de la démocratie et de nos sociétés modernes tout court.
Pendant qu'on y est, pourquoi s'arrêter en si bon chemin pourrait on dire ...!
On peut bien aller plus loin encore dans la négation des institutions de la République en décretant la mort dans la foulée de toutes, y compris la présidence de la République dont on peut autant, et avec superbe, justifier le caractère budgétivore.
Tous les résultats réalisés à la tête du pays sont à l'arrivée systématiquement et radicalement constestés et niés à chaque occasion de compétition électorale majeure.
La même logique pourrait bien s'appliquer tout autant sur l'utilité de l'avion présidentiel.
Avec encore force arguments sur la table. Ce qui serait de mon point de vue tout aussi irresponsable !
Il faut rappeler qu'il n'a pas manqué, dans l'histoire et jusqu'à nos jours, des courants idéologiques et politiques se réclamant d'une telle affiliation...
Comme qui dirait, au regard de nos taux d'échecs et de déperditions scolaires, que les investissements sur l'école n'ont qu'à être supprimés ou réduits au minimum pour être reversés sur le coût de la vie et l'emploi des jeunes ...!!
Autrement dit, " l'éducation nous coûte trop cher, on n'a quà essayer l'ignorance ! "
Les citoyens de bonne volonté ont bien envie d'être édifiés sur les vrais mobiles d'une telle urgence à détacher cette question d'autres, de loin plus beaucoup plus importantes sur le même sujet ....
Pour faire effet facile, on enjambe l'institution pour pointer du doigt sans le nommer l'homme politique ou le soi-disant privilégié qui est derrière.
Il convient à cet égard de nous rappeler à nous tous et à nos nouvelles autorités que dans toutes les sociétés humaines sans exception, il existe des hommes et des femmes, travailleurs et travailleuses, pères et mères de familles, citoyens et citoyennes comme tout le monde ; mais qui, pour certains, soit par vocation tout court, soit par engagement personnel pour diverses raisons qui peuvent être aussi variées les unes que les autres, décident au surplus de se consacrer au collectif.
Quel que soit par ailleurs le choix du lieu de transfert d'un certain humanisme qui les habite. Ce lieu de transfert peut relever du social syndical, du social humanitaire, du spirituel, du culturel, du sportif comme du politique...
Dans le cas du politique dont il est ici question, des circonstances peuvent advenir pour que, pour des raisons que d'autres assimilent à la folie, un tel engagement justifie aux yeux de l'homme politique qu'il mette en jeu sa santé, sa liberté, toutes ses ressources, sa sécurité et celle de sa famille, y compris le péril de sa vie pour la défense de la cause à laquelle il se consacre.
Autrement dit, nous avons des hommes et femmes, pas comme les autres, qui accomplissent dans une parfaite dignité leurs devoirs de père, de mère, de travailleur, de citoyen tout en se consacrant pleinement à ce qu'on appelle dans les démocraties saines à leurs tâches de "professionnels de la représentation populaire " dont certains, par leur altruisme dans leur sacerdoce social, bénéficient du statut privilégié de notables reconnus et respectés dans leurs lieux de vie.
J'aimerais bien qu'on m'explique ce qui peut justifier que ceux là qui s'investissent autant au service de leurs communautés ne puissent bénéficier en retour de la reconnaissance de la nation par des distinctions honorifiques ou en leur confiant des missions de représentation dans des instances étatiques de consultation ou de décisions sur des sujets qu'ils vivent dans leur quotidien avec les citoyens dans leurs lieux de vie et de travail.
Qu'il me soit prouvé que l'Etat du Sénégal n'a pas besoin du regard avisé de ces chefs d'entreprises, de ces cadres et experts émérites, de ces représentants des travailleurs, des mouvements de jeunesses, des associations féminines, de ces notables de toutes confessions religieuses, et de toutes les régions du pays pour croiser leurs regards entre eux et avec les décideurs finaux sur tout ce qui est sujet économique, social et environnemental ...
Une manière d'associer le savoir des uns, les ingénieries, habiletés et expériences des autres pour mettre tout ce réservoir immense de savoir et de compétences au service des décideurs.
Qu'on me prouve que ces missions , parmi d'autres, du Conseil Economique Social et Environnemental ne sont d'aucun intérêt pour ces dirigeants actuels dont la plupart d'entre eux font leur baptême du feu dans la décision politique au niveau le plus élevé de notre Etat.
Les mêmes démarches et procédures sont aussi valables pour la gouvernance de nos territoires dans un contexte de fortes aspirations des peuples et des nations à une gouvernance inclusive, de type horizontal qui place le citoyen au coeur des processus de décisions sur les politiques publiques.
Je me permets ce plaidoyer que j'assume pour une double raison.
La première est que j'ai eu la chance à titre personnel d'avoir exercé toutes les fonctions politiques, le niveau local en tant que maire, celui de parlementaire pour avoir été élu trois fois député et enfin comme membre de plusieurs équipes gouvernementales.
Cette expérience m'a donné l'occasion de me frotter avec ces grandes institutions de la République pour savoir ce qu'elles valent et ce qu'elles peuvent apporter dans un Etat confronté à des défis aussi redoutables et complexes que ceux de nos jours
La seconde raison qui me met à l'aise dans ce plaidoyer tient au fait que je n'ai aucune prétention d'exercice dans le futur, à titre personnel, de fonctions d'ordre public. Mes engagements du moment se situent ailleurs
C'est juste par conviction intime et devoir patriotique que j'invite les députés à refuser le vote de ce projet de loi.
En gardant, au fond de moi, l'espoir que le chef de l'Etat et son chef de gouvernement se ravisent au dernier moment pour son retrait de la table de l'Assemblée nationale.
Encore une fois, il ne se passe rien dans ce pays qui justifie cette logique de coup de force qui semble prévaloir dans le traitement de sujets qui nous concernen tous, et sur lesquels tellement de Sénégalais devraient avoir de bons mots à dire.
C'est pour toutes ces raisons que j'ai envie de dire, en toute humilité, aux autorités actuelles de notre pays que les priorités du moment sont plutôt ailleurs.
Sur le terrain strictement politique, il est attendu qu'elles veillent avant tout à garantir à notre pays une transition pacifique ordonnée.
Ceci doit passer par un dialogue serein avec les dirigeants des principales institutions avec lesquels elles partagent encore la gouvernance de l'Etat. Et avec les personnalités de bons conseils qui ont l'avantage d'une bonne connaissance du pays.
Que le Premier ministre, par respect des institutions, des parlementaires et des citoyens, sacrifie à son devoir constitutionnel de présentation de sa déclaration de politique générale devant la nation.
Qu'un large consensus soit recherché et obtenu avec tous les acteurs politiques et du système démocratique, la presse en particulier, sur les meilleures conditions de préparation et d'organisation des prochaines élections législatives, déterminantes pour la paix et la stabilité du pays.
Ces élections devraient être précédées par un grand débat national sur les réformes des institutions de maniere à ce qu'au sortir des législatives le pays puisse entrer résolument dans l'ère du renouveau démocratique et républicain, et la poursuite d'un bon programme de prospérité largement
partagée.
Le Sénégal devra continuer de jouer pleinement son rôle sur le continent en faisant réinscrire parmi les surpriorités de l'agenda de l'Union africaine, la question fondamentale d'une Afrique rassemblée pour réaliser son unité politique.
Ce sont là, pour nous, les bons sujets sur lesquels tous peuvent s'engager sans réserve !
Abdou Fall est ancien ministre d'État, ancien député.
LE PASTEF ET LE SPECTRE DE L'INTOLÉRANCE
Le nouveau pouvoir incarné par Diomaye et Sonko est confronté à un défi inattendu : celui d'accepter la critique qu'il prônait autrefois. La virulence des réactions aux récents propos d'Alioune Tine soulève des inquiétudes sur la santé du débat public
Les réactions sur la sortie du président de Africajom center Alioune Tine sont quasiment une antienne depuis l'accession au pouvoir du nouveau régime. Chaque critique est violemment réprimandée par les inconditionnels du ''Projet''. Pour une formation qui a bâti toute sa stratégie de conquête du pouvoir sur la critique des tares de l'ancien régime, le tandem Diomaye-Sonko et leurs acolytes doivent faire visiblement des efforts pour permettre l'avènement d'un espace public de qualité.
C'est connu. Entre le Pastef et le président du Rewmi ce n'est pas le parfait amour. Mais manifestement, les militants du Pastef doivent faire siens les conseils que le président Idrissa Seck, féru des formules grandiloquentes en politique, avait donnés à l'ex président de la République. ''Il faut dilater ta poitrine'', lui avait dit avec un brin d'humour l'ancien Premier du Sénégal. Les critiques et les réactions virulentes ne manquent pas sur Alioune Tine depuis sa sortie sur les ondes de RFM. Invité de l'émission Grand Jury, il faut dire que le président d’AfrikaJom Center a été tout sauf tendre avec le régime. À l'en croire, c'est le Premier Ministre Ousmane Sonko qui gouverne le pays.
Soulignant dans la foulée aussi qu'un ''État du Pastef'' est en train de s'installer au Sénégal. Des appréhensions sur le nouveau régime qui ne sont pas du goût des militants qui le vouent aux gémonies depuis cette interview. Et ces attaques sur des personnalités de la société civile ou de l'espace politique qui critiquent les premières actions du nouveau régime sont récurrentes. Toutefois, les tenants de ce nouveau régime devraient être les derniers à être allergiques à la critique.
Ils ont joui d'une liberté d'expression et d'une liberté de ton jamais égalées peut-être dans l'histoire politique du Sénégal. Et même après leur accession à la magistrature suprême, certains d'entre eux continuent toujours à être des maîtres dans ce domaine, à commencer par le Premier ministre Ousmane Sonko qui, dans une récente sortie, a raillé ce qu'il appelle la ''nouvelle opposition''. Même si à sa décharge, il a invité ses militants à être plus enclins à la critique, le nouveau régime gagnerait à être moins autoritaire comme le subodore Alioune Tine, et permettre l'émergence d'un espace médiatique plus tenu sur les affaires de la cité. Et en disséquant les premiers pas du nouveau régime incarné par le tandem Diomaye-Sonko, la société civile et certains membres de l'opposition ne font que prendre au mot le président du Parti Pastef qui déclarait quand il était dans l'opposition, qu'une fois arrivés au pouvoir, lui et ses partisans ne voulaient profiter aucunement d'un délai de grâce.
Une bonne nouvelle pour la transparence
Par ailleurs, comme l'a souligné récemment l'ex coordinateur de Y en a marre Fadel Barro sur TV5, il faut que les citoyens changent de posture pour que cette alternance soit une alternative. Avoir un regard critique à l'endroit du nouveau régime est une existence voire une nécessité. Le Sénégal vient de sortir d'une crise politique sans précédent qui a détruit des vies et fait beaucoup de victimes. Donc alerter très tôt le régime actuel sur des dérives ou d'éventuels népotismes et gabegies ne fera qu'aider le tandem Diomaye-Sonko à se concentrer sur les promesses de rupture qui ont fait qu'ils ont gagné l'élection à 54% dès le premier tour. Le président de la République Bassirou Diomaye Faye a d'ailleurs demandé, lors de sa rencontre avec la Convention des Jeunes Reporters au Palais, que la presse doit jouer son rôle et sortir les '' cafards'' si ces cafards existent bien évidemment et lui, il en tirera les conséquences qu'il faut.
Mais il faut au préalable que le gouvernement et les militants de la coalition au pouvoir jouent le jeu et acceptent les critiques ou du moins apportent des contre-arguments à la hauteur de l'exigence démocratique prônée dans le ''Projet''. Macky Sall a été sanctionnée pour ses dérives autoritaires et l'arrogance de certains des cadres de l'APR. Ce nouveau régime ne doit pas reprendre les mêmes erreurs.
Néanmoins, de l'autre côté, le débat doit évoluer car les insultes et les débats de caniveaux sont contre-productifs. Même si le sarcasme et l'autodérision sont les engrais d'un espace démocratique salace.... Ousmane Sonko ne va dire le contraire.
MAFIA AU CŒUR DU SYSTÈME DE L’ASSAINISSEMENT
Cheikh Tidiane Dièye a violé la loi en attribuant litigieusement les marchés publics de l’ONAS. Le Procureur de la République tient là une affaire grave qui doit être traitée avec le sérieux qui sied - COMMUNIQUÉ DE LA RÉPUBLIQUE DES VALEURS
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du parti La République des valeurs/Réewum Ngor appelant à une enquête approfondie sur l'affaire l'ONAS née de l'attribution de marchés publiques.
"La période sombre traversée, récemment, par notre pays nous rappelle constamment notre devoir citoyen de rester vigilants face à la gestion de nos gouvernants. Après avoir vécu ce traumatisme, les Sénégalais ne peuvent pas tolérer qu’une autorité étatique, quelle qu’elle soit, fasse l’objet d’accusations sérieuses d’une gestion douteuse et se soustrait à l’obligation de reddition des comptes. L’actualité relative à l’affaire de l’attribution litigieuse de marchés publics à l’Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS) montre clairement que les hautes autorités de notre pays concourent à empêcher l’éclatement de la vérité sur ce dossier polémique. Cette affaire est par ailleurs grave parce qu’elle semble accréditer l’idée profondément ancrée dans la mentalité collective que les pouvoirs publics, en dépit des changements de régimes, conservent le même système fait de mépris des difficultés des Sénégalais et de rivalités personnelles pour des prébendes. Une analyse holistique du dossier révèle, à tout le moins, une gestion corrompue ; l’histoire, les faits et le droit convergent vers un scandale.
Il est indéniable que l’intervention du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement dans le dossier d’attribution de marchés publics par l’ONAS est illégale, à plusieurs égards. L’ONAS est un établissement public à caractère industriel et commercial, conformément à l’article 1er de la loi n° 96-02 du 22 février 1996. La gestion administrative et financière de l’ONAS est donc autonome. La tutelle exercée par le ministre chargé des Finances et le ministre chargé de l’Assainissement, au titre de l’article 20 du décret du 7 août 1996 fixant les règles d’organisation et de fonctionnement de l’ONAS, ne saurait servir de prétexte pour écorner cette autonomie. En vertu de l’article 2 du Code des marchés publics, l’ONAS est une autorité contractante compétente pour mener une procédure de passation de marché public. Le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, M. Cheikh Tidiane Dièye, ne dispose juridiquement d’aucune prérogative lui permettant d'intervenir directement dans la procédure d’attribution de marchés publics par l’ONAS, en particulier d'en imposer l'arrêt. En dehors de l’autorité contractante, ici l’ONAS, seul le Comité de règlement des différends (CRD) de l’ARCOP (ex. ARMP) peut suspendre une procédure de passation de marché public. Il en résulte que le ministre Dièye s’est arrogé un pouvoir que la loi ne lui donne pas.
En outre, le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement ne disposait pas de la compétence pour sélectionner deux entreprises en vue de l’attribution directe d’un marché public de l’ONAS. Selon l’article 77 du Code des marchés publics, « Les marchés sont passés par entente directe lorsque l’autorité contractante engage directement les discussions avec un ou plusieurs opérateurs économiques et attribue le marché au candidat qu’elle a retenu ». L’autorité contractante étant l’ONAS, le ministre Cheikh Tidiane Dièye n’avait ni le pouvoir de solliciter l’autorisation de la Direction centrale des marchés publics (DCMP), ni la compétence de choisir les entreprises attributaires. Tout l’argumentaire construit autour de l’urgence, des supposées surfacturations et de la mise en place d’une commission mixte (composée de représentants du ministère et de l’ONAS) n’y fait absolument rien. Il est évident que le ministre Cheikh Tidiane Dièye a violé la loi en attribuant litigieusement les marchés publics de l’ONAS.
Il est légitime de se poser la question des motifs qui auraient poussé Monsieur Dièye à se substituer à l’ONAS dans cette affaire. Aucun des arguments avancés pour justifier cette facturation n’est crédible. De plus, pourquoi DELTA et VICAS ? Les hauts fonctionnaires mandatés par le ministre pour porter sa parole (qui ne se gênent pas d’avouer qu’au moment de la nomination du M. Cheikh Dieng comme DG, rien n’a été entrepris à l’ONAS comme au ministère) ont essayé de justifier les capacités singulières de ces deux entreprises à exécuter les marchés litigieux dans les délais prévus sans donner un seul élément technique ; tout ce que nos hauts fonctionnaires ont trouvé à dire c’est que VICAS et DELTA en ont les capacités au regard de la présence dans les rues de la ville de leurs véhicules et de leurs agents. Désormais, toute entreprise pourra prouver ses capacités à exécuter convenablement un marché public en distribuant plusieurs tee-shirts et en louant des véhicules sur lesquels sont floqués ses marqueurs d’identité. Quel désastre !
L’histoire nous offre des révélations inattendues sur ces deux entreprises, VICAS et DELTA. Nous avons été surpris de découvrir que pendant la période 2019-2020, lorsque l’ONAS était sous la direction de M. Lansana Gagny Sakho (actuel PCA de l’APIX), beaucoup de marchés publics attribués par l’ONAS à VICAS et DELTA ont été annulés, soit par le Comité de règlement des différends de l’ARMP (aujourd’hui ARCOP), soit par la Cour suprême. Il est intéressant de constater que l’ONAS a décidé d’attribuer les marchés publics à VICAS et DELTA, parfois en ignorant les décisions des autorités compétentes.
Première affaire : Par décision n° 16/ARMP/CRD/DEF du 30 janvier 2019, le Comité de règlement des différends avait annulé l’attribution provisoire et ordonné la reprise de l’évaluation concernant un marché public de l’ONAS pour des travaux d’entretien et d’exploitation des réseaux d’eaux usées et d’eaux pluviales à Dakar et dans les autres régions. On précisera que les cinq lots que comprenait ce contrat ont été tous attribués à VICAS et DELTA, qui avaient agi tantôt individuellement, tantôt en Groupement (DELTA/VICAS). Au lieu de reprendre l’évaluation, l’ONAS a procédé à une nouvelle publication de l’avis d’attribution provisoire des marchés aux mêmes soumissionnaires, selon les mêmes critères et dans les mêmes circonstances. Alors que rien n’a été changé par rapport à sa décision précédente, le Comité de règlement des différends valide quand même cette nouvelle attribution. N’étant pas convaincue par ce changement de position du Comité, une entreprise soumissionnaire concurrente décide d’attaquer la décision du Comité de règlement des différends devant la Cour suprême. Par un arrêt du 12 mars 2020, La société « DELGAS ASSAINISSEMENT » c/ L’autorité de régulation des marchés publics dite ARMP, la Cour suprême annule la décision litigieuse, en considérant que la nouvelle attribution du marché a été faite en méconnaissance de la loi. Ayant obtenu gain de cause auprès de la Cour suprême dont les arrêts s’imposent à toutes les parties, donc à l’ONAS ici, l’entreprise soumissionnaire lésée n’est pas encore au bout de ses peines. En effet, l’ONAS avait littéralement refusé d’exécuter l’arrêt de la Cour suprême du 12 mars 2020. L’entreprise lésée se tourne vers l’ARMP pour obtenir la soumission de l’ONAS ; mais par lettre en date du 15 mai 2020, l’ARMP répond qu’elle ne disposait d’aucun pouvoir de coercition et de sanction contre l’autorité contractante, l’ONAS. En dernier recours, l’entreprise lésée saisit la Cour suprême à nouveau pour qu’elle contraigne l’ONAS à exécuter son arrêt du 12 mars 2020. La Cour suprême rejette la requête à travers son arrêt du 2 juillet 2020, La Société « DELGAS » c/La Direction centrale des Marchés Publics dite DCMP et autres, au motif que la loi ne lui donne pas des pouvoirs pour contraindre et mettre sous astreinte l’ONAS. En somme, l’ONAS dirigé par M. Lansana Gany SAKHO avait fait dans le banditisme juridique en se soustrayant à l’exécution d’un arrêt de la Cour suprême… pour attribuer des marchés publics à VICAS et DELTA.
Seconde affaire : Il s’agit aussi de l’une des plus sombres affaires rendues publiques dans la gestion de Monsieur Sakho, en tant que DG de l’ONAS. Il faut lire la décision n°152/19/ARMP/CRD/DEF du 29 septembre 2019 du Comité de règlement des différends pour s’en rendre compte. En l’espèce, l’ONAS avait lancé un marché public de curage et de faucardage réparti en trois lots. Au terme de l’évaluation des offres (au nombre de cinq au total), l’ONAS avait proposé d’attribuer provisoirement le lot 3 à VICAS. Saisi par une entreprise soumissionnaire, le Comité de règlement des différends avait ordonné la reprise de l’évaluation des offres (décision n°034/19/ARMP/CRD/DEF du 27 février 2019). Après la réévaluation, le marché a été attribué à DELTA, le partenaire de VICAS (rappelons que sur plusieurs marchés de l’ONAS, ces deux entreprises se sont constituées en groupement pour soumissionner ensemble). Par une autre décision, le Comité de règlement des différends a ordonné l’annulation de la seconde attribution provisoire du marché et la reprise de l’évaluation (décision n°070/ARMP/CRD/DEF du 29 avril 2019). Dans cette affaire, il est curieux de constater que l’ONAS tenait coûte que coûte à attribuer le marché à VICAS ou à DELTA, alors que l’offre de leur concurrent aurait été meilleure. Ainsi, refusant de se conformer à cette dernière décision du Comité de règlement des différends, l’ONAS saisit la Direction centrale des marchés publics (DCMP) pour avis afin de classer sans suite le marché. N’ayant pas pu attribuer légalement le marché à VICAS, l’ONAS avait simplement décidé de l’abandonner. La DCMP répond par un courrier en date du 19 juin 2019 en recommandant à l’ONAS de se conformer à la décision du Comité de règlement des différends.
Il est bon de se rappeler que ces affaires rocambolesques impliquant les entreprises VICAS et DELTA ont eu lieu, alors que Monsieur Lansana Gagny Sakho était le directeur général de l’ONAS. On peut se demander qui étaient les fonctionnaires procédant aux évaluations/attributions des marchés alors invalidés par l'ARMP ? Serait-ce (en partie au moins) les mêmes qui portent la parole du ministre ?
Il est primordial de ne pas sous-estimer la probabilité qu’il y ait des lobbies qui pourraient mettre l’ONAS en échec. Deux entreprises qui ont été attributaires de l’essentiel des marchés publics de l’ONAS ces dernières années (sans résultats probants au regard de l’état des ouvrages confirmé par les inondations chroniques) ont été subitement plébiscitées en grandes entreprises capables de procéder au curage des canaux à Dakar et dans les régions en un temps record. M. Cheikh Dieng, ex. DG de l’ONAS, a pourtant fait état de l’existence de défaillances graves dans l'exécution des marchés au cours de ces dernières années.
Le Procureur de la République tient là une affaire grave qui doit être traitée avec le sérieux qui sied. Il avait fait preuve d’une diligence remarquée dans des affaires mineures pour réparer l’orgueil chatouillé du président de la République ou du Premier ministre. L’affaire qui défraie la chronique est un test bienvenu sur la volonté de rupture. Cette volonté ne saurait être que des incantations psalmodiées au cours d’Assises. La vraie rupture est d’instruire cette affaire dans la plus grande rigueur et le maximum de transparence pour redonner confiance en la Justice. Il s’agit d’une affaire grave en ce qu’elle engage les ressources publiques mais surtout, elle touche à la raison fondamentale d’être des pouvoirs publics : offrir des services de base aux populations, garantir leur confort et prévenir les maladies et épidémies qui peuvent survenir lorsque des eaux stagnent. Nous voulons bien croire à la justice de notre pays. C’est pourquoi nous avons déposé une plainte contre X au bureau du Procureur de la République le 21 août 2024.
Au-delà de la Justice, il est essentiel de mettre en place une culture de rigueur et d’orthodoxie républicaine dans notre administration. L’intégration d’une telle culture aurait évité à M. Cheikh Dieng de se lancer dans une procédure douteuse pour acquérir une voiture.
À l’endroit du président de la République et de son chef de gouvernement, nous rappelons cette paraphrase de Martin Luther King : « Soyez fidèles à vos écrits, à vos promesses et engagements d’être justes. »