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27 novembre 2024
Société
DIOMAYE A KEDOUGOU VENDREDI ET SAMEDI
Le président de la République a annoncé, mercredi en Conseil des ministres, qu’il se rendra, vendredi et samedi dans la région de Kédougou, pour ‘’notamment visiter les zones sinistrées le long de la Falémé et apporter la solidarité de la Nation ...
Dakar, 16 oct (APS) – Le président de la République a annoncé, mercredi en Conseil des ministres, qu’il se rendra, vendredi et samedi dans la région de Kédougou, pour ‘’notamment visiter les zones sinistrées le long de la Falémé et apporter la solidarité de la Nation aux populations concernées’’.
Lors de la réunion hebdomadaire du gouvernement, le chef de l’Etat ‘’est largement revenu sur l’assistance de l’Etat aux populations sinistrées par les crues des fleuves Sénégal, Gambie et leurs affluents et sur la nécessité d’actualiser les plans de prévention et de résilience contre les risques de catastrophes naturelles’’, rapporte le communiqué du Conseil des ministres.
Bassirou Diomaye Faye ‘’a exprimé la compassion de la Nation aux populations sinistrées et demandé au Gouvernement d’intensifier la mise en œuvre du Plan d’urgence de riposte et de secours ainsi que la préservation des cultures, du bétail et des différentes activités économiques des zones touchées’’.
Le communiqué signale qu’au regard ‘’des dégâts importants constatés et des risques de récurrence du phénomène lié aux changements climatiques’’, le chef de l’Etat ”a indiqué au gouvernement la nécessité d’actualiser les dispositifs nationaux de protection civile adaptés’’.
A ce titre, ajoute la même source, ‘’il a relevé l’urgence d’intégrer le principe directeur de la prévention des risques par un suivi systématique de la situation hydrologique nationale en relation étroite avec l’OMVS et l’OMVG’’.
D’où, poursuit le texte, ‘’la nécessité de concevoir des plans d’aménagement adaptés des localités établies le long des fleuves et de leurs affluents et de mettre en œuvre des plans de résilience pour endiguer les effets des crues sur les habitations et les activités économiques’’.
CHAMOISEAU DÉFIE LE STATUT EN MARTINIQUE
Face à la crise que traverse la Martinique, le lauréat du Prix Goncourt 1992 esquisse les contours d'une île réinventée, libérée du carcan de l'assimilation et propulsée vers un avenir émancipé
(SenePlus) - Dans une tribune publiée mercredi 16 octobre sur le site de Marianne, Patrick Chamoiseau, écrivain et lauréat du prix Goncourt 1992, lance un appel vibrant à une transformation radicale de la société martiniquaise. Face à la crise que traverse l'île, il voit une opportunité unique de repenser en profondeur les structures politiques, économiques et culturelles qui, selon lui, étouffent le développement et l'épanouissement de la Martinique.
"Toute crise demeure une opportunité", affirme Chamoiseau, soulignant que les moments de tension peuvent catalyser des changements jusqu'alors jugés impossibles. L'écrivain appelle à "changer la focale" et à adopter une approche globale des défis auxquels fait face la Martinique, rejetant les solutions partielles qui, selon lui, ne font que perpétuer le "système-outremer" en vigueur.
Il dresse une liste ambitieuse de défis à relever, allant de la lutte contre la précarité à l'anticipation des impacts du changement climatique, en passant par la modernisation du cadre institutionnel et l'élaboration d'une stratégie culturelle englobante. Il insiste sur la nécessité de traiter ces urgences "ensemble, dans une intensité égale, circulaire, inter-rétroactive".
Au cœur de son analyse se trouve une critique acerbe du modèle d'assimilation qui, depuis 1946, structure les relations entre la Martinique et l'Hexagone. "L'assimilation est à la colonne vertébrale historique des Antilles dites françaises", écrit-il, dénonçant une "relation de déresponsabilisation institutionnelle, d'assistanat et de dépendances" qui a transformé l'île en une "terre d'hyperconsommation".
Pour sortir de cette impasse, Patrick Chamoiseau appelle à une émancipation qui ne se limite pas à une simple autonomie formelle ou à une indépendance redoutée, mais qui vise à "forger sa propre vision du monde". Cette émancipation passe, selon lui, par un renouvellement profond des processus démocratiques, inspiré notamment par des modèles comme l'e-démocratie estonienne. "De nouvelles ingénieries de participation populaire sont à expérimenter", propose-t-il, évoquant l'idée d'une "démocratie moléculaire" qui reconnecterait les citoyens aux processus de décision.
Sur le plan économique, Chamoiseau plaide pour un modèle "plus égalitaire, basé sur une intention sociale, culturelle, écologique, numérique, circulaire et solidaire". Il met particulièrement l'accent sur l'importance de la souveraineté alimentaire, appelant à la création de "filières agricoles et maraîchères diversifiées, ancrées dans des pratiques agroécologiques et soutenues par des logistiques numériques".
L'écrivain insiste également sur la nécessité pour la Martinique de s'inscrire fortement dans le tissu régional caribéen et de s'étendre vers le reste des Amériques. Il envisage une Martinique qui, "loin d'un nationalisme obsolète, se transformerait (dans un premier temps) en une entité politique sub-nationale, reconnue par les organismes régionaux et internationaux".
Pour concrétiser cette vision, Chamoiseau propose l'élaboration d'une "Charte-pays" qui servirait de base à une révision de la Constitution française. Cette charte viserait à "formaliser une ambition politique intégrant les défis immédiats" tout en inscrivant la Martinique dans une "métapolitique où les enjeux intérieurs et globaux, échappant aux simplifications, conserveraient l'échelle de leur inextricabilité".
La culture, selon l'auteur de Texaco, doit jouer un rôle central dans cette transformation, devenant "le système nerveux de cette émancipation". Il appelle à un renouvellement des pratiques culturelles, les rendant "plus transversales, mieux territorialisées, moins enfermées dans des raideurs essentialistes, en résonance avec les fluidités relationnelles globales".
Enfin, l'écrivain souligne l'importance cruciale de la transition écologique pour l'avenir de la Martinique. Face aux menaces du changement climatique, il plaide pour "la mise en place des énergies de troisième type, de l'économie écologique, sociale et circulaire, et d'un plan-catastrophes" comme "des impératifs de survie collective".
LES HERITIERS DE OUSMANE MBENGUE CIBLENT DE HAUTS FONCTIONNAIRES
L’affaire du titre foncier 1451/R de Rufisque est relancée. Les héritiers de feu Ousmane Mbengue ne sont pas au bout de leurs peines.
L’affaire du titre foncier 1451/R de Rufisque est relancée. Les avocats des héritiers de feu Ousmane Mbengue ont saisi le parquet financier pour enquêter sur «d’importantes sommes d’argent qui auraient été encaissées par des structures ou personnes tierces à leur insu avec la complicité de hauts fonctionnaires de l’Etat».
Les héritiers de feu Ousmane Mbengue ne sont pas au bout de leurs peines. Et, pour cause, malgré la décision rendue le 18 mars 2024 en audience publique par le tribunal de grande instance hors classe de Dakar qui a ordonné la radiation de la pré-notation sur le titre foncier 1451/R à Rufisque, un bien d’une superficie initiale de plus de 200 hectares, leurs avocats dont Assane Dioma Ndiaye ont saisi le 15 octobre dernier le parquet financier. «Il a été relevé aux termes d’un rapport de l’Ofnac que d’importantes sommes ont été encaissées par des structures ou personnes tierces à leur insu et avec la complicité de hauts fonctionnaires de l’Etat du Sénégal», lit-on dans leur plainte.
Partie civile
Dans cette affaire, les héritiers veulent se constituer partie civile. Leurs avocats l’ont signifié au procureur financier et souhaiteraient qu’une enquête soit rapidement ouverte et que la loi puisse s’appliquer dans toute sa rigueur. Les héritiers de feu Ousmane Mbengue visent les délits d’escroquerie, faux et usage de faux. «Suite à l’arrêt rendu le 09 février 2012 par la chambre civile et commerciale de la Cour d’appel de Kaolack, confirmé par arrêt de la même Cour en date du 17 mars 2021, et 1’état de droits réels délivré le 27 mai 2024 par le Conservateur de la Propriété et des droits foncier de Rufisque après que le Tribunal de Grande Instance Hors classe de Dakar le lui ait enjoint suivant jugement rendu le 16 mai 2022, les droits des propriétaires ont été définitivement consacrés sur le titre foncier 1451/R», ont-ils rappelé. Ils ajoutent : «Corrélativement, la prétendue cession du droit à l’indemnité d’expropriation dont se prévalait la société SOFICO SA a été déclarée nulle et de nul effet par le Tribunal de Grande Instance Hors classe de Dakar suivant jugement en date du 15 novembre 2016 confirmé par arrêt de la Cour d’appel de Dakar en date du 11 janvier 2023. Que nonobstant tout ceci, il a été relevé aux termes d’un rapport de l’Ofnac que d’importantes sommes ont été encaissées par des structures ou personnes tierces à leur insu et avec la complicité de hauts fonctionnaires de l’Etat du Sénégal.»
Une affaire politisée
Pour rappel, l’actuel chef du gouvernement avait entamé une bataille pour rétablir la justice et venir en aide à cette famille «démunie et spoliée». A noter que cette affaire qui dure environ trois décennies a pris la tournure d’un conflit politique lorsque le leader de Pastef, Ousmane Sonko, s’en est mêlé. De même que Tahirou Ndiaye et Mamour Diallo. A l’origine, il s’agissait d’un contentieux judiciaire opposant les héritiers de feu Ousmane Mbengue (héritier avec la famille de feue Mbougour Diagne), au défunt Djily Mbaye. L’objet du litige était une parcelle de 258 ha situés dans la zone de Rufisque et évaluée à 94 milliards de francs CFA.
L’ARABIE SAOUDITE FIXE DES CRITERES SANITAIRES STRICTS POUR LE PROCHAIN PÈLERINAGE
Le ministère saoudien du Hajj et de la Umra a émis un avis sanitaire plus strict pour les pèlerins du Hajj 2025
Les autorités saoudiennes ont pris des mesures sanitaires strictes pour le Hajj 2025. Elles exhortent les groupes vulnérables à reporter leur pèlerinage car pouvant être confrontés à un risque plus élevé de complications de santé, en particulier lors de marches pénibles allant jusqu’à 25 km par jour sous une chaleur extrême. Les potentiels visiteurs doivent respecter plusieurs exigences pour obtenir un visa d’entrée pour le Hajj et la Umra.
Le ministère saoudien du Hajj et de la Umra a émis un avis sanitaire plus strict pour les pèlerins du Hajj 2025. Selon le site khaleejtimes.com, le ministère saoudien de la Santé a recommandé aux personnes âgées de plus de 65 ans, souffrant de maladies chroniques, telles que des problèmes cardiaques, rénaux ou respiratoires, ou de diabète, souffrant de déficiences immunitaires, qu’elles soient congénitales ou acquises, atteintes d’un cancer, en phase terminale, enceintes ou enfants de moins de 12 ans d’envisager de reporter leur pèlerinage au Hajj et à la Umra cette année. «Cette recommandation est faite pour la sécurité des pèlerins, car ces groupes peuvent être plus à risque de complications de santé, en particulier dans le contexte des défis posés par l’environnement du pèlerinage», a-t-il souligné. Le ministère saoudien de la Santé a précisé plusieurs exigences que les visiteurs doivent respecter pour obtenir un visa d’entrée pour le Hajj et la Umra. Tous les voyageurs en provenance de pays ou de zones à risque de fièvre jaune doivent présenter un certificat de vaccination contre la fièvre jaune en cours de validité attestant que la personne a été vaccinée au moins dix jours et au plus dix ans avant son arrivée à la frontière. En l’absence d’un tel certificat, la personne sera placée sous surveillance stricte pendant six jours à compter de la date de vaccination ou de la dernière date d’exposition potentielle à l’infection, selon la première de ces éventualités. Les visiteurs arrivant dans le cadre du pèlerinage de la Umra ou du Hadj ou pour un travail saisonnier doivent présenter un certificat de vaccination avec le vaccin quadrivalent (ACYW135) contre la méningite, délivré au plus tard trois ans et au moins dix jours avant leur arrivée en Arabie saoudite. Les autorités compétentes du pays d’origine du visiteur doivent s’assurer que les adultes et les enfants de plus de deux ans reçoivent une dose du vaccin quadrivalent polysaccharidique (ACYW135).
Des comprimés de ciprofloxacine pour les visiteurs en provenance du Sénégal
Pour les visiteurs en provenance des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali, en plus des exigences mentionnées, une chimioprophylaxie à base de comprimés de ciprofloxacine (500 mg) sera administrée au port d’entrée. Il est conseillé aux pèlerins internationaux de se faire vacciner contre la grippe saisonnière avant leur arrivée en Arabie saoudite, en particulier ceux qui présentent un risque élevé de complications graves liées à la grippe. Les pèlerins du Hajj et de la Umra ne sont pas autorisés à apporter des aliments frais en Arabie saoudite. Seuls les aliments en conserve ou scellés de manière appropriée ou les aliments stockés dans des récipients facilement accessibles pour inspection sont autorisés en petites quantités, suffisantes pour une personne pendant toute la durée de son voyage. Les autorités saoudiennes justifient ces décisions suite au bilan macabre du Hajj 2024 ou plus de 1300 pèlerins seraient morts lors du pèlerinage, en raison de la chaleur extrême qui a sévi dans le pays et dans la ville sainte de la Mecque. «Les températures ont atteint 51,8°C et ont frappé de plein fouet les quelque deux millions de personnes qui se sont rendues à la Mecque pour le pèlerinage de cette année. Ces décès sont dus à des longues distances à pied, sous le soleil, sans abri ni confort adéquats», a dit le ministère de la Santé, soulignant que parmi les victimes, figurent également des personnes âgées et des personnes souffrant de maladies chroniques.
LE FLEUVE SÉNÉGAL SOUS HAUTE SURVEILLANCE
Les relevés montrent des variations significatives par rapport à l'année précédente, avec des hausses à plusieurs stations clés. À Matam et Podor, on observe une tendance à la montée, tandis qu'à Bakel, le niveau reste au-dessus de la côte d'alerte
La Direction de la gestion et de la planification des ressources en eau (Dgpre) informe avoir constaté ce mardi 16 octobre 2024, que « sur la Falémé à Kidira, le plan d’eau, à la côte de 10 m, 30 le 15 octobre 2024 à 8 h 00, est passé à la côte de 10m, 17 contre 4 m, 71 en 2023 à pareille moment ». D’où une tendance à la baisse de 13 cm. Sur le Bakoye à la station de Oualia, où une tendance à la baisse de 8 cm est [aussi] observée, comme l’indique la source, « le plan d’eau [qui] était à la côte de 5 m, 36 hier à 8 h 00, est de 5m, 28 ce matin, contre 1 m, 83 en 2023 à pareil moment ».
A la station hydrologique de Bakel, où la côte d’alerte est de 10 mètres, « le plan d’eau est passé de 11 m, 66 hier à 8 h 00 à la côte de 11 m, 59 ce matin. La tendance est à la baisse de 7 cm », selon la DGRPE qui note que sur la même période en 2023, le niveau du fleuve à Ba kel était de 4 m, 09
Du côté de la station de Matam, où la côte d’alerte se situe à 8 m, « le niveau d’eau est passé hier de 8m, 65 à 8 h 00, à 8 m, 74 ce matin, contre 3m, 96 en 2023 à pareille heure.. La tendance est à la montée de 09 cm ». Le bulletin indique qu’à la station de Podor, le plan d’eau qui était à « la côte de 5 m, 55 le 15 Octobre 2024 à 8 h 00 est passé ce matin à la côte de 5 m, 57 contre 3 m, 36 en 2023 à pareil moment. La tendance est à la montée de 2 cm ».
Le bulletin relève qu’à la station hydrologique de Richard Toll, où la côte d’alerte se situe à 3 m,35, le plan de l’eau qui était à la côte de 3 m,34 il y a un jour, est passé ce matin à 3 m,30. contre 2 m, 77 l’année dernière à 8 heures. Au niveau de la station, une tendance à la baisse de 4 cm est observée. A Diama (Amont Barrage), « le niveau du fleuve Sénégal est à 1m, 70 ce 16 Octobre 2024 à 8 h 00. A la même période de l’année dernière, le niveau du fleuve était à la côte 2m, 12 IGN. Le débit lâché est égal à 1832 m3 /s actuellement, contre 804 m3 /s en 2023 », souligne la source. Informant que « globalement le niveau amont est en train d’être abaissé pour préparer le passage de la crue sans grande conséquence sur Saint Louis ». Et que, « Cet abaissement permet de moduler les eaux vers Saint-Louis et l’embouchure, sa proximité favorise l’évacuation rapide des eaux ».
Au niveau de Saint-Louis, « le niveau du fleuve Sénégal est présentement à la côte de 1 m, 30 à l’échelle ce 16 Octobre 2024 à 8 h 00 , contre 0 m, 85 en 2023 à la même heure ». Il faut rappeler que la côte d’alerte à la station de Saint - Louis est de 1m, 75.
En ce qui concerne la retenue d’eau au niveau de Manantali (Amont Barrage), « le niveau du Bafing est de 208, 28 m ce jour à 8 h 00. A la même date de l’année dernière, le niveau était à la côte 204, 57 m. Le débit lâché par Manantali est de 1269 m3/s contre 266 m3/s à la même date l’année dernière »
Pour rappel, la côte normale de la retenue est de 208,05 m IGN et la côte exceptionnelle est de 211 mètres.
LES PLANTES OUBLIEES, UNE SOLUTION DURABLE POUR LA SECURITE ALIMENTAIRE
SOS Sahel a souligné l'importance de ces cultures anciennes qui, bien que délaissées au profit de céréales comme le riz, le maïs et le blé, présentent des avantages nutritionnels, environnementaux, ainsi qu’un lien profond avec notre patrimoine culturel.
À l'occasion de la Journée Internationale de l'Alimentation célébrée hier, mercredi, sous le thème : « Le droit aux aliments au service d’une vie et d’un avenir meilleurs », l'Organisation Non Gouvernementale (ONG) SOS Sahel a mis à l'honneur les plantes oubliées, véritables trésors des terroirs et solutions clés pour une sécurité alimentaire durable.
Lors d'un déjeuner de presse organisé à Dakar hier, mercredi, SOS Sahel a souligné l'importance de ces cultures anciennes qui, bien que délaissées au profit de céréales comme le riz, le maïs et le blé, présentent des avantages nutritionnels, environnementaux, ainsi qu’un lien profond avec notre patrimoine culturel.
Madame Ange Grenier, responsable du plaidoyer de l’ONG, a rappelé dans ce cadre que le fonio, l'une des plantes mises à l'honneur, est une céréale sans gluten, riche en fer, et adaptée aux sols secs. Le fonio, longtemps négligé, est aujourd'hui cultivé par plus de 1 200 producteurs dans les régions de Kolda, Tambacounda et Kédougou, majoritairement des femmes qui ont hérité cette pratique de leurs ancêtres. « Ce que nous voulons aujourd'hui, c'est promouvoir la consommation de ces plantes oubliées et mobiliser les acteurs pour soutenir leur production. Le fonio, par exemple, représente une source essentielle de revenus pour des milliers de producteurs et productrices, tout en contribuant à la préservation des écosystèmes fragiles du Sahel », a déclaré Madame Grenier.
Grâce à des partenariats solides avec des organisations locales, des communes et des partenaires financiers tels que l'Agence Française de Développement, SOS Sahel œuvre depuis près de 50 ans pour restaurer durablement les écosystèmes et soutenir les filières agricoles. À travers ses actions, l'ONG vise à transformer le secteur agricole sahélien en un levier de croissance inclusive, de prospérité partagée et de résilience culturelle. Depuis trois ans, l'organisation a redynamisé la filière du fonio, contribuant ainsi à la valorisation des savoirs endogènes et à la professionnalisation de cette filière. Cette initiative s'inscrit dans une stratégie globale visant à promouvoir les plantes oubliées, notamment via le lancement de l'Alliance des Cultures Africaines, une coalition de partenaires publics et privés mise en place en juin dernier. SOS Sahel appelle à un engagement accru des partenaires locaux et internationaux pour renforcer les actions en faveur de la sécurité alimentaire et de la durabilité environnementale.
par Ibrahima Élimane Kane
DRAGUER LE FLEUVE
L’OMVS perd l’équilibre écologique. Diama et Manantali ne font pas barrage, désarmés, inondent la tine du général. L’omerta est d’Or. L’alerte jaune est frappée Sec. Une calamité prévue confond le duo
insuffle une saine synergie. Une salvatrice riposte s’organise.
qui optimise l’Anacim,
prévient les dégâts structurels ,
résoud les difficultés conjoncturelles.
La mode emporte le succès.
En l’honneur du Japon,
le Petit Prince brûle de l’encens ,
suscite un engouement passager.
En matière de gestion des catastrophes,
l’expérience nippone inspire.
Il est temps d’agir.
par kRISTIAN LAUBJERG
LE MYTHE DE LA DÉCOLONISATION
Il vaut la peine de spéculer sur la façon dont le développement aurait pu progresser et apporter du bien-être aux populations d'Afrique de l'Ouest si la France n'avait pas interféré avec les véritables intérêts nationaux de ces anciennes colonies
Comment la France maintient ses anciennes colonies africaines piégées dans une servitude éternelle
« La France sans l'Afrique, c'est comme un véhicule sans carburant. »[1]
L'histoire prédominante de la France concernant l'Afrique s'affiche dans ses efforts inlassables pour défendre les intérêts de l'Afrique au Conseil de sécurité de l'ONU ; il s'agit de la France qui promeut la civilisation parmi les tribus primitives d'Afrique dans le contexte d'une culture européenne supérieure, promouvant la démocratie et les droits de l'homme. Le discours de Nicolas Sarkozy devant des étudiants sénégalais en 2007 suggère que cette perception est encore forte. Il a conclu ses déclarations à la génération des futurs dirigeants du Sénégal en déclarant que l'Afrique ne s'est pas encore développée ni entrée dans l'histoire, montrant ainsi son ignorance du patrimoine culturel de l'Afrique.
Nous entendons rarement les nombreux récits de dirigeants assassinés qui ont donné la priorité au bien-être et au développement de leur peuple et de leur nation plutôt qu'à la France. Jamais on n'entend parler de la manipulation des campagnes électorales en faveur des candidats pro-français, et rarement on entend parler du carcan du système monétaire mis en place par la France pour maintenir ses anciennes colonies dans une servitude éternelle. Le colonialisme a surtout été présenté comme un acte humanitaire commis par des Européens civilisés et cultivés, alors que le fait est que des nations entières ont été déchirées par le colonialisme, poursuivant ainsi la destruction de l'Afrique qui a commencé avec l'asservissement des Africains des siècles plus tôt. Ce que l'esclavage et le colonialisme n'ont pas détruit est aujourd'hui la cible de l'impact économique puissant des économies occidentales promues au nom d'une idéologie néolibérale par les institutions financières internationales, telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, et les agences d'aide bilatérale.
En dehors de l'Afrique, la France a l'image d'une nation qui défend le meilleur de la civilisation humaine, en particulier dans les arts, y compris la littérature, la cuisine, la mode, le vin et la philosophie. La France est également fortement associée à l'élaboration de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Elle se vante d'être le berceau de la démocratie et expose les valeurs fondamentales de la démocratie dans sa devise nationale : liberté, égalité et fraternité. C'est l'une des destinations touristiques les plus populaires au monde. Mais rares sont les visiteurs de ce pays attrayant qui connaissent l'oppression et l'exploitation continues de ses anciennes colonies africaines par la France et, dans de nombreux cas, sa neutralisation d'individus perçus comme une menace pour les intérêts français.
Contexte
L'exploitation européenne de l'Afrique a commencé dès le XVIe siècle, lorsque les Africains réduits en esclavage ont commencé à arriver dans les Amériques. Depuis lors, il y a eu de nombreux récits de rébellion contre les commerçants et les propriétaires de plantations européens. Ces rébellions, qui témoignent de la résilience et de la volonté des Africains à déterminer leur destin, se sont souvent poursuivies sur le sol africain lorsque les dirigeants locaux se sont sentis menacés par les envahisseurs européens. L'assujettissement de l'Afrique par l'Europe ne s'est pas arrêté à l'asservissement de son peuple. Il s'est étendu à l'extraction des ressources naturelles telles que le sucre, le café, l'huile de coton, le pétrole, le cuivre, le chrome, le platine, le tabac, l'or et l'uranium. L'industrialisation des pays européens dépendait en grande partie du raffinage des matières premières importées d'Afrique.
Jusqu'à la fin du 19ème siècle, l'Afrique était à la portée de tout le monde sur le principe du premier arrivé, premier servi. Les puissances européennes ont convenu que diviser l'Afrique entre elles serait une meilleure solution. La conférence de Berlin en 1884, un événement charnière qui a eu un impact significatif sur l'Afrique, a facilité la colonisation de l'Afrique et a ouvert la voie à l'exploitation extensive de ses vastes ressources. Quatorze pays ont participé à la conférence. Les grands « gagnants » ont été la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et le Portugal. Les États-Unis y ont participé, ainsi que plusieurs petits pays européens, comme le Danemark et les Pays-Bas. Les frontières ont été définies sans tenir compte des caractéristiques nationales et ethniques, provoquant ainsi des frictions et des guerres qui se poursuivent jusqu'à ce jour.
La France prend possession de la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest et centrale. Dans le même temps, l'Angleterre a colonisé les pays d'Afrique de l'Est et australe, le Nigeria et le Ghana en Afrique de l'Ouest. L'Allemagne prend le contrôle de la Tanzanie, du Togo, du Cameroun et de la Namibie, tandis que le Portugal prend le contrôle du Mozambique, de l'Angola, de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert.
Après la création des Nations Unies à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les mouvements d'indépendance ont balayé l'Afrique. Les élites africaines éduquées ont facilité la diffusion d'idées sur le droit à l'indépendance nationale, libre de l'exploitation et du contrôle des puissances coloniales européennes. Ainsi, dans les années 1960, la plupart des colonies africaines sont devenues nominalement indépendantes, à l'exception de celles gouvernées par le Portugal, qui a obtenu son indépendance au milieu des années 1970 lorsque la dictature de Salazar au Portugal a pris fin en 1974. Avec sa défaite dans deux guerres mondiales, l'Allemagne a perdu ses colonies à la fin de la Première Guerre mondiale. La Société des Nations a transféré la responsabilité de ces anciennes colonies allemandes à d'autres puissances européennes, à l'exception du Sud-Ouest africain (Namibie), qui a été remis au pouvoir par la population de la minorité blanche de l'Union d'Afrique du Sud.
Dans de nombreux cas, en particulier dans les territoires sous domination française, la décolonisation a évolué vers un état permanent de néocolonialisme. Depuis 2021, cela s'est traduit par des coups d'État militaires dans les trois pays d'Afrique de l'Ouest que sont le Mali, le Burkina Faso et le Niger, où les nouveaux dirigeants, avec un soutien important des populations, ont exigé une rupture totale de l'influence néocoloniale de la France, qui ont formé depuis septembre 2023 une Alliance des États du Sahel (ASS). L'ancien président sud-africain Thabo Mbeki qualifie les putschistes de patriotes africains luttant contre le néocolonialisme français. Les trois pays rebelles à l'ingérence française dans les affaires des pays souverains ont été rejoints par le Sénégal en mars 2024, lorsque le Parti Pastef.[2], qui s'était jusque-là opposé au président soutenu par la France, a accédé à la présidence. Pastef a mené la campagne électorale en exigeant la renégociation de tous les contrats conclus avec la France et ses entreprises transnationales et la mise en place d'un système monétaire national, rompant ainsi avec celui mis en place par la France, lorsque les territoires étaient encore des dépendances de la France.
Notre argument
Dans cet essai, c'est un point significatif de notre argumentation que la France n'a jamais accordé d'indépendance réelle à ses anciens territoires africains. Les observations sur les efforts de la France pour décoloniser les territoires africains au cours des 60 dernières années suggèrent que Paris, avec le soutien de ses alliés occidentaux et agissant souvent comme un instrument pour les intérêts occidentaux, continuera son opposition à tout gouvernement africain qui accorde plus d'attention au bien-être de son peuple et aux intérêts nationaux qu'à la coopération avec la France telle que définie par les accords de coopération signés au moment de l'octroi du statut d'indépendance. Le statut international de la France et les gains financiers de ses entreprises transnationales dépendent du maintien du contrôle de ses anciens territoires africains. La France s'appuie également sur ses anciens territoires pour justifier son adhésion permanente au Conseil de sécurité, où l'Occident considère la France comme l'ambassadrice de l'Afrique.
Fini le temps où la France, impunément, assassinait impunément des dirigeants nationalistes et entreprenait des interventions militaires pour assurer son autorité. Aujourd'hui, nous remarquons une tendance croissante de la France à changer sa stratégie de contrôle, passant d'une ingérence ouverte dans les élections, de l'élimination des dirigeants nationalistes et des interventions militaires à une exploitation plus subtile de ces pays par son contrôle du système monétaire. Par le biais d'accords avec l'ensemble des pays du CFA, la France contrôle l'ensemble des liens financiers entre les pays du CFA et l'extérieur.
Au cours des soixante dernières années, depuis que l'indépendance a été accordée aux colonies africaines, nous avons remarqué peu d'amélioration dans leur développement. La principale différence est que pendant la domination coloniale, ces pays étaient dirigés par des représentants du gouvernement français, mais aujourd'hui, les élites nationales ont pris le relais en tant qu'agents de la domination et de l'exploitation étrangères.
Des rêves de coopération panafricaine à la dépendance néocoloniale
L'indépendance des colonies africaines est rarement venue de soi. La résistance armée, en particulier en Afrique occidentale française, a souvent précédé l'octroi de la souveraineté nationale. L'indépendance comportait l'attente et la promesse de l'autonomie politique et économique, de l'autosuffisance et de l'africanisation des affaires, du panafricanisme et du non-alignement. Malgré cela, la France a souvent réussi à faire gouverner ces nouvelles nations par ses candidats malgré une résistance intense et généralisée organisée par des groupes d'opposition. Le Cameroun illustre bien la difficulté de la transition vers l'indépendance nationale. Ruben Um Nyobé a été tué dans la brousse par l'armée française en 1958. La lutte pour une véritable autonomie s'est poursuivie au Cameroun tout au long des années 1960 contre un gouvernement considéré comme une marionnette de la France. Le dernier chef de l'opposition a été condamné et exécuté en 1971.
Les puissances coloniales des pays d'Europe occidentale ont justifié leur conquête et leur domination des pays africains par leur impact « civilisateur » sur les sociétés africaines primitives. L'impact civilisateur était destiné à justifier leur massacre et leur assujettissement pour les rendre conformes aux valeurs occidentales, prétendant soutenir le bon ordre, la liberté, l'égalité et la justice. Les avantages pour l'Europe de l'exploitation des ressources naturelles de l'Afrique ont été rarement mentionnés, bien qu'ils aient joué un rôle très important dans le contrôle continu de la France sur les anciennes colonies. Les atrocités commises sous l'égide de la culture et de la civilisation européennes ont été soigneusement documentées au cours des nombreux siècles où l'Europe a gouverné le monde, imposant son ordre de patriarcat misogyne, d'esclavage et de racisme, de colonialisme, d'intolérance religieuse, de répression de la pensée et de destruction de l'environnement au service de l'exploitation économique.[3].
Mise en œuvre des politiques de décolonisation de la France
Dès le début de la présidence du général Charles de Gaulle en 1958, il est devenu évident qu'il pensait que la France n'avait rien à gagner à accorder l'indépendance à ses colonies en Afrique et ailleurs. Le continent africain constitue un fournisseur indispensable de ressources naturelles pour les industries manufacturières en France. Au début des années 1980, les importations de minéraux critiques d'Afrique vers la France se répartissaient comme suit : Uranium 100 % (Gabon et Niger), 90 % de bauxite (Guinée), 76 % de manganèse (Gabon et Afrique du Sud), 59 % de cobalt (Zaïre, Zambie), 57 % de cuivre (Zaïre et Zambie), Phosphate 56 % (Maroc et Togo). Par ailleurs, 70 % de l'essence est extraite dans le monde par Total en Angola, au Cameroun, au Congo et au Gabon. Il n'est donc pas étonnant que le président de Gaulle ait choisi comme principal conseiller pour les affaires africaines une personne qui ne s'est pas abstenue de commettre des assassinats pour promouvoir les intérêts économiques et politiques de la France. L'homme chargé d'assurer la domination continue de la France sur l'avenir de ses anciennes colonies était Jacques Foccart. Sous sa supervision directe, on estime que la France, de la manière la plus brutale et la plus inhumaine, a été directement responsable de l'assassinat de sept dirigeants sur un total de seize. La principale préoccupation de Foccart était d'assurer des ressources pour les sociétés transnationales françaises. Il a développé des contacts personnels avec tous les présidents africains des anciennes colonies françaises. Il a su manipuler quelques-uns d'entre eux – comme les présidents du Gabon et de la Côte d'Ivoire – pour servir d'intermédiaires avec leurs collègues présidentiels dans l'intérêt de la France. Celle-ci est devenue connue sous le nom de Françafrique, qui est définie comme la sphère d'influence de la France sur ses anciennes colonies d'Afrique subsaharienne. De cette manière, la Françafrique est devenue un instrument dans la mafia des affaires française et son exploitation des ressources naturelles de l'Afrique. Pendant près de 40 ans, jusqu'à sa mort en 1997, Jacques Foccart a eu une influence directe sur la politique de la France dans ses territoires africains. Son impact se fait encore sentir aujourd'hui.
En examinant l'approche de la France pour rester au pouvoir, nous pouvons détecter plusieurs procédures qui se chevauchent parmi les mesures privilégiées par Foccart pour assurer son leadership. La première serait d'influencer le choix du chef de l'État et des individus aux postes clés du gouvernement.[4]. Si la France ne parvenait pas à obtenir le soutien populaire pour son choix de leadership, elle avait recours à un contre-plan, consistant souvent en un complot visant à éliminer le dirigeant national concerné. Un tel complot était exécuté dans le plus grand secret et de préférence présenté comme résultat de conflits locaux, comme ce fut le cas lorsque Thomas Sankara du Burkina Faso a été tué par son « ami » et compagnon d'armes, Blaise Campaoré, en 1987. Dans quelques cas, Focccart n'a pas réussi à obtenir l'approbation présidentielle pour ses plans visant à éliminer un président déloyal. C'est ce qui s'est passé avec le président Touré en Guinée après qu'il ait demandé à la population guinéenne si elle souhaitait conclure un accord de coopération avec la France. Le résultat du référendum a été un rejet clair de la proposition. Touré développa alors un système monétaire national. Foccart a d'abord conseillé au président de Gaulle de le tuer, mais de Gaulle a eu une autre idée, ce fût de mettre le pays à genoux. La France a imprimé des millions de faux billets du jour au lendemain et en a inondé la Guinée.
L'impact a été catastrophique et se fait encore sentir aujourd'hui en Guinée. La réaction de la France a servi d'avertissement aux autres pays en quête de souveraineté nationale. Sékou Touré jouissait d'une reconnaissance positive parmi les dirigeants africains. Le président du Togo, Sylvanus Olympio, l'a désigné comme l'un de ses principaux conseillers. Olympio n'a pas vécu assez longtemps pour le regretter. Il a été tué et éliminé devant l'ambassade des États-Unis à Lomé.
Accords de coopération et de défense avec les anciennes colonies africaines
Avant d'obtenir l'indépendance, Foccart exigeait que tous les pays signent un accord de coopération couvrant les questions culturelles, économiques et de défense. Au début de 1957, la France conçoit la création d'une organisation qui assurerait la gouvernance française des régions africaines. Le rêve d'établir un Sahara français a subi un coup final avec l'issue de la guerre d'Algérie en 1962, qui a conduit à l'indépendance de l'Algérie.
Sur la base des expériences de l'Algérie et de la Guinée, la France n'accorderait son indépendance qu'après avoir signé des accords de coopération et de défense garantissant un accès continu aux ressources naturelles essentielles. Lors de l'indépendance dans les années 1960, la France a conclu des accords de défense et de coopération avec 23 anciennes colonies. La formation des armées nationales a permis à la France de réduire sa présence militaire de 30 000 soldats dans les années 1960 à 15 000 dans les années 1980. De 1945 à 2005, la France a mené plus de 130 interventions militaires en Afrique, la plupart dans ses anciennes colonies. Depuis l'indépendance de ses colonies dans les années 1960, la France est intervenue militairement plus de 50 fois sur le continent.
La puissance terrorisatrice de la France
Tout dirigeant africain qui s'est montré plus intéressé par le développement de son pays plutôt que par le soutien aux politiques néocoloniales de la France a commis une grave erreur et s'est placé dans la ligne de mire des programmes d'élimination de Foccart. Il ne fait guère de doute que le succès de la stratégie Foccart repose sur la peur et la terreur. Foccart avait un pouvoir énorme et exécutait parfois des décisions sans demander l'approbation présidentielle préalable, comme dans le cas de Mamadou Dia, le chef du premier gouvernement indépendant au Sénégal. La France pensait qu'il était plus intéressé par le développement des zones rurales et le renforcement de la coopération du Sénégal avec d'autres pays africains. Le président français de la Chambre de commerce de Dakar a conseillé à Mamadou Dia de limiter tous ses discours sur le socialisme africain aux masses rurales appauvries et de céder les zones les plus rentables au secteur privé géré par les entreprises françaises. D'accord avec le président Senghor, Mamadou Dia a été accusé d'un coup d'État. Pour contrer toute résistance de Mamadou Dia, Foccart alerte les parachutistes français sur les bases sénégalaises. Des mesures similaires ont été prises au Gabon lorsque l'armée a tenté de renverser le président Mba.
Foccart a fait intervenir l'armée française parce que le président Mba était loyal aux intérêts de la France. En 1963, il fait tuer le président togolais Sylvanus Olympio. Tout en plaidant pour des liens plus forts avec le monde anglophone, en particulier avec le Royaume-Uni, les États-Unis et le Nigeria, Olympio a fait plusieurs efforts pour renforcer les forces anticoloniales entre les pays africains. En tant que Premier ministre du Togo, il a été une épine dans le pied des Français lorsqu'il a nommé Sékou Touré, de Guinée, conseiller spécial de son gouvernement. Foccart a bloqué la grâce du président Pompidou à l'égard du chef de l'opposition camerounaise Ernest Ouandié, condamné à mort et exécuté en 1971. En 1987, Foccart a orchestré l'assassinat de Thomas Sankara, le président populaire du Burkina Faso. La décision de le faire tuer aurait été prise lors de la visite du président Mitterrand en 1986. Lors d'un dîner officiel, Sankara a critiqué la France pour sa collaboration avec l'Afrique du Sud de l'apartheid. Son discours est devenu le dernier clou dans son cercueil lorsque les services de renseignement français, en collaboration avec la CIA, ont décidé de se débarrasser de Sankara. En 1994, Foccart organise la réhabilitation de Mobutu, qui, depuis l'assassinat de Patrice Lumumba, avait maintenu le Congo dans une pauvreté abjecte alors que sa richesse personnelle équivalait à plusieurs décennies d'aide financière à son pays.
On espérait que la néo-colonisation de ses anciens territoires africains aurait pris fin à la mort de Foccart en 1997. Mais cela n'a pas été le cas. La France a continué ses crimes contre les intérêts et le bien-être de populations entières de ses anciennes colonies. Sa dernière intervention militaire a eu lieu en Côte d'Ivoire en 2011, lorsque l'armée a ouvert la voie au candidat à la présidence française.
CFA : L'arme invisible
L'héritage du général de Gaulle pèse lourdement sur les efforts de la France pour adapter ses procédures de décolonisation aux évolutions de l'environnement politique. Heureusement pour la France, elle dispose encore d'un atout puissant, à savoir celui du CFA - Communauté Financière Africaine. De plus, cette carte est pratiquement impossible à tracer pour ses utilisateurs et ne laisse aucun lien entre ses victimes et la cause de leur misère. Le CFA s'est avéré être une arme aussi efficace que toutes les tentatives précédentes de contrôle des pays d'Afrique de l'Ouest et centrale. Par conséquent, la monnaie CFA a été ciblée par les dirigeants nationaux et les économistes panafricains. La question de la monnaie nationale a également fait son entrée dans la récente campagne présidentielle d'Ousmane Sonko du parti Pastef. Initialement, le CFA a été promu sous le slogan de promouvoir la stabilité économique et sociale dans les anciennes colonies, alors que la réalité est que le CFA continue de maintenir ces pays dans une pauvreté servile et sans aucun moyen disponible pour le développement des industries locales, laissant tous les bénéfices à l'État français et à ses entreprises privées, telles que Bolloré, Total, Areva, Bouygues, Auchan et bien d'autres. Un examen mondial des économies suggère que pratiquement aucun pays n'a progressé économiquement avec son système monétaire contrôlé par une puissance étrangère. C'est le cas du CFA mis en place par le ministre français des Finances en décembre 1945 pour renforcer la faiblesse du franc d'après-guerre. Contrairement à la réalité, la France a introduit le CFA avec la raison de sa garantie en l'arrimant au franc français. Même les experts tiennent pour acquis l'idée que les deux banques centrales CFA de Dakar et de Yaonde émettent le franc CFA et bénéficient d'une « garantie illimitée » du Trésor français. Dans une publication récente, un économiste sénégalais bien connu affirme que cette « soi-disant « garantie » est un mythe commode qui légitime l'ingérence continue du gouvernement français dans les affaires économiques et monétaires des pays africains dans l'ère postindépendance[5] ».
L'accord monétaire avec ses anciens territoires africains permet à la France de contrôler toutes les importations et exportations. Cet accord donne à la France le contrôle total des économies de ses anciennes colonies. Les bénéficiaires de ce système sont, en premier lieu, les entreprises françaises. Les réserves de devises étrangères appartenant aux pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre sont détenues à la Banque de France. La quantité de principe détenue par ces pays était estimée à 36,5 tonnes en 2017[6]. Les prêts obtenus en CFA pour financer des projets, comme le développement d'infrastructures, favorisent les multinationales françaises opérant sur le continent au détriment du développement des entreprises locales.
Le gouvernement français est représenté dans les conseils d'administration des deux banques centrales CFA pour l'Afrique de l'Ouest et centrale avec un droit de veto, ce qui permet à la France d'utiliser la monnaie CFA comme une arme. Cela se fait en instaurant un embargo financier : restreindre l'accès du gouvernement dissident à ses comptes bancaires à la banque centrale ou arrêter le refinancement du système bancaire national et des opérations financières avec le monde extérieur. La France a utilisé ce pouvoir efficacement pendant la guerre civile en Côte d'Ivoire, lorsque le président Gbagbo a été chassé du pouvoir. Le Trésor français a empêché la Côte d'Ivoire d'utiliser le compte d'opérations.
Lorsque cela n'a pas suffi à empêcher le président Gbagbo de faire avancer les plans de développement d'une monnaie nationale, la France est intervenue militairement pour placer le candidat préféré de la France à la tête du pouvoir. L'armée française a fait arrêter le président Laurent Gbagbo en avril 2011, puis l'a traduit devant la Cour pénale internationale de La Haye en 2011. Gbagbo était devenu trop proche du colonel Kadhafi de Libye, notamment avec les projets de développement d'un système monétaire alternatif au CFA. À la demande de la France, les forces de l'OTAN ont fait tuer le président Kadhafi moins de six mois plus tard, en octobre 2011. La France a éliminé deux menaces importantes qui pourraient entraver son utilisation continue de la monnaie CFA, maintenant ainsi la domination néocoloniale des pays d'Afrique de l'Ouest et centrale. Plus récemment, la France a utilisé le potentiel militaire de la monnaie CFA au début de l'année 2022 avec le gouvernement militaire du Mali.
Le développement humain dans les anciennes colonies françaises
Il faut s'attendre à ce que les accords de coopération avec un pays industriel européen avancé comme la France ait eu une incidence positive substantielle sur tout pays partenaire africain. Plus de 60 ans de tutelle française et de contrôle néocolonial continu auraient dû avoir un impact positif sur les pays partenaires, les faisant arriver à un niveau de développement humain plus élevé que les autres pays africains sans un tel accord.
Cependant, un coup d'œil aux statistiques du rapport sur l'indice de développement humain préparé par les Nations Unies montre que c'est loin d'être le cas. Pendant des années, l'ONU a appliqué une mesure sommaire du développement humain. L'indice de développement humain a été créé pour souligner que les personnes et leurs capacités devraient être le critère ultime d'évaluation du développement d'un pays, et non pas seulement la croissance économique. Le dernier classement publié en 2024 montre que les pays sur lesquels se concentre cet essai se classent parmi les plus pauvres du monde.
Alors que la France occupe la 28e place, le Niger, qui satisfait les besoins de la France en uranium, est classé 189e, à seulement quatre places de la dernière place occupée par la Somalie, qui connaît des années de guerre civile. Le Gabon, qui est à la base des plus grandes entreprises d'exploration pétrolière de France, occupe un nombre modeste, 124, tandis que le Mali et le Burkina Faso se classent respectivement 188e et 185e. Le Sénégal, qui a connu une période de relative stabilité depuis son accession à l'indépendance, n'est classé qu'à la 169e place.
Il est ironique et tragique que la France, qui se vante d'être à l'origine de la revendication d'un monde meilleur et plus égalitaire par ses actes d'activités néocoloniales, ait contribué à la pauvreté généralisée et à l'aggravation des inégalités mondiales.
Que serait l'Afrique aujourd'hui sans la France ?
Il vaut la peine de spéculer sur la façon dont le développement aurait pu progresser et apporter du bien-être aux populations d'Afrique de l'Ouest si la France n'avait pas interféré avec les véritables intérêts nationaux de ces anciennes colonies. Une question similaire pourrait être posée partout où une puissance coloniale a imposé sa volonté. Que serait-il arrivé à la RDC, anciennement le Congo, si Lumumba n'avait pas été tué par les Belges en connivence avec la CIA en 1961, quelques mois seulement après l'indépendance ? Quel cours l'histoire aurait-elle pu prendre si Mamadou Dia, au Sénégal, avait pu poursuivre son œuvre, et comment le Burkina Faso aurait-il pu se développer si Thomas Sankara n'avait pas été éliminé en 1987 ? Bien que la France se soit immiscée dans les intérêts nationaux de ces chefs d'État et les aspirations de leurs populations respectives, leur pensée et leurs actions ont effectivement influencé les générations futures de dirigeants.
Soixante ans se sont écoulés depuis que les idées politiques du premier Premier ministre du Sénégal, Mamadou Dia, l'ont amené sur une trajectoire de collision avec son président, Senghor, et la France. Sous l'influence de la pensée politique de Mamadou Dia, le capitaine Thomas Sankara devient président du Burkina Faso en 1983. Dia et Sankara ont grandement influencé les dirigeants actuels des quatre pays que sont le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Sénégal. Ces dirigeants expriment des relations plus étroites avec les cultures africaines qu'avec celle de la France gréco-romaine de Senghor. En tant que tels, ce sont des militants anticolonialistes. Tout comme Dia et Sankara ont recherché l'amitié et l'alliance avec le bloc soviétique et la Chine, les quatre pays cherchent à développer de nouveaux partenariats avec les gouvernements pour les aider à se libérer du piège de la France.
Compte tenu de ce contexte, il semble raisonnable de conclure que le développement souverain en Afrique de l'Ouest et du Centre a été stoppé pendant au moins un demi-siècle. Supposons que les pensées politiques de Mamadou Dia et de Sankara aient eu la chance de se développer et d'être mises en œuvre. Dans ce cas, on peut conclure sans risque de se tromper que bien des tragédies, comme en témoignent les taux élevés de mortalité infantile et maternelle ainsi que le pourcentage élevé de jeunes fuyant vers l'Europe, auraient été évitées. Les pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre auraient pu jouir d'un état de bien-être semblable à celui connu dans les pays européens.
Il est donc grand temps que les trois pays de l'ASS et le Sénégal, avec d'autres pays africains, redéfinissent leurs relations avec la France.
France - Dégagez !
Un mouvement populaire fondé par Guy Marius Sagna a contribué à sensibiliser le peuple sénégalais aux problèmes liés à sa dépendance continue vis-à-vis de la France. Sagna a fondé en 2017 un mouvement populaire nommé FRAPP.[7] Ce mouvement s'est rapidement étendu à l'ensemble du pays. Guy Marius Sagna a su mobiliser des centaines de milliers de sympathisants, en particulier des jeunes, sous le slogan « France, dégage ». Il ne fait guère de doute qu'il a contribué à fertiliser le terrain pour la victoire du Pastef d'Ousmane Sonko. Son mouvement a alimenté les promesses de campagne de Sonko d'une monnaie nationale et a probablement également contribué à renforcer le soutien aux changements de régime dans les trois pays de l'ASS. FRAPP a exigé la révision des codes miniers et des contrats avec les entreprises transnationales étrangères. Depuis la création de FRAPP, son fondateur, Guy Marius Sagna, a passé un temps disproportionné en prison sur ordre de l'ancien président Macky Sall. Aujourd'hui, il est membre de l'Assemblée nationale du Sénégal, représentant Pastef, le parti au pouvoir. Comme le nom du mouvement populaire de Sagna le suggère, la France n'est pas la seule à être visée. Il se concentre sur l'autonomie politique et le développement économique de l'Afrique et, en tant que tel, son mouvement est un véritable mouvement panafricain qui va au-delà du pays d'origine. Les slogans de FRAPP ont également résonné parmi les jeunes des trois pays de l'ASS. Par conséquent, les gouvernements militaires bénéficient d'un soutien populaire pour leurs programmes d'autonomie et de souveraineté.
La blessure de la décolonisation
Cet essai montre que le développement n'est pas encore arrivé dans les anciennes colonies françaises d'Afrique. Nous avons documenté une ligne directe entre le président guinéen Sékou Touré et le chef du premier gouvernement indépendant du Sénégal, Mamadou Dia, en passant par Thomas Sankara, jusqu'à la politique panafricaine d'Ousmane Sonko en solidarité avec les trois pays ayant formé l'Alliance des États du Sahel. Ce que ces dirigeants et d'autres avaient en commun, c'était leur souhait de promouvoir le bien-être des populations africaines en collaborant avec d'autres pays africains en partenariat avec cette partie de la communauté internationale, qui respecte le droit souverain de l'Afrique au développement national. De tels droits ne peuvent être exercés que lorsque les forces impériales institutionnalisées par les grandes entreprises transnationales et les organisations financières internationales, telles que la Banque mondiale et le FMI, ont été brisées.
En tant que seule ancienne puissance coloniale européenne, la France a d'énormes difficultés à aider ses anciennes colonies à obtenir leur souveraineté. Malgré sa devise nationale « Liberté, égalité, fraternité », les inégalités ont considérablement augmenté dans ses anciennes possessions en Afrique de l'Ouest et centrale, tant en termes de comparaison avec les pays développés qu'à l'intérieur des pays. Le combattant américain contre l'inégalité raciale, Malcolm X, a décrit l'impact de l'esclavage comme une blessure qui ne peut pas être guérie parce que « le couteau est toujours dans notre dos."[8]. La métaphore de l'esclavage de Malcolm X s'applique tout aussi bien aux victimes de la colonisation. Pour réparer le mal causé, le couteau doit être retiré et la plaie doit être cicatrisée. Cela s'est avéré impossible pour la France en raison de son manque de volonté politique et de l'influence des entreprises transnationales. Le système d'asservissement du passé a trouvé de nouvelles formes d'exploitation sous le patronage du capitalisme néolibéral commercialisé auprès des pays « indépendants » comme une démocratie enveloppée dans l'habit des droits de l'homme.
Le système capitaliste reste plus que jamais dépendant de l'exploitation du monde. Supposons que l'Afrique puisse exiger un prix équitable des ressources ; Le système implose. L'inégalité mondiale néocoloniale est une condition préalable au maintien du niveau de vie de l'Occident. Par conséquent, le capitalisme néolibéral n'accordera jamais la liberté aux nations africaines car cela entraînerait une perte de profit. La liberté, l'égalité et la justice fraternelle ne seront jamais données à l'Afrique puisque la richesse et le bien-être de l'Europe et de l'Occident dépendent de l'appauvrissement continu des masses africaines.
La seule solution est donc de faire comme les quatre pays d'Afrique de l'Ouest : exiger que la France se retire et coupe toutes les conditions à Paris, ce qui bloquerait leur développement souverain. Ces quatre pays ne sont pas seulement menacés par le bloc des pays occidentaux, mais aussi par leur jeune électorat. Nous pensons que la période électorale de cinq ans ne suffira pas à remplacer les structures coloniales établies au cours du siècle dernier, y compris plus de 60 ans de gouvernance néocoloniale, renforçant la dépendance vis-à-vis de la France et de l'Occident. Des mesures doivent être prises pour permettre aux pays africains de développer des structures économiques et politiques qui soutiennent des pays et des administrations souverains, mettant ainsi fin aux injustices commises depuis le début de l'esclavage. Le monde ne s'améliorera pas tout seul.
Kristian Laubjerg a passé la majeure partie de sa vie professionnelle dans le domaine du développement, d'abord pour l'Agence danoise de développement, puis pour l'UNICEF. En 2008, il a créé la première association de soins à domicile au Sénégal - Keur Baax -, qui fournit des soins aux personnes en perte d'autonomie. Il a obtenu un doctorat en psychologie sociale à l'Université de Copenhague en collaboration avec les Universités de Glasgow et de Dar es Salaam.
[1] Déclaration attribuée au président gabonais Oumar Bongo Ondimba dans une interview accordée à Antoine Glaser (citée from AfricaFrance, Quand les dirigeants africains deviennent les maîtres du jeu. Fayard 2014.).
[2] Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité.
[3] Pierre Vespirini : Que faire du passé. Article publié par New Left Review, n° 146 (2024)
[4] Fanny Pigeaud, Ndongo Samba Sylla: De la Démocratie en Françafrique. Une Histoire de l’Impérialisme électoral, La Découverte, 2024,
[5] Enjeux contemporains du commerce africain et du financement du commerce, CIAT Volume 8 • Numéro 1, décembre 2023
6 La « garantie » française de la convertibilité du franc CFA : aspects politiques et économiques d'un mythe, par Ndongo Samba Sylla.
7. Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla : la dernière monnaie coloniale de l'Afrique. L'histoire du franc CFA, 2020
[7] Le front révolutionnaire pour un panafricanisme populaire et anti-impérialiste.
[8] Le couteau est toujours dans notre dos : le lavage des réparations et les limites des campagnes de justice réparatrice par Kehinde Andrews, publié dans Développent and Change, 16 août 2024.
par l'éditorialiste de seneplus, Amadou Elimane Kane
UN HYMNE POUR UN NOUVEAU TYPE DE CITOYEN SÉNÉGALAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - Il ne suffit pas de montrer du doigt l’élite politique qui n’honorerait pas les règles républicaines. C’est en chacun de nous que le cœur citoyen doit battre sans faiblir
Amadou Elimane Kane de SenePlus |
Publication 17/10/2024
Incarner un nouveau type de Sénégalais, c’est bâtir une attitude comportementale juste qui soit en rupture avec un système obsolète qui ne produit que de l’immobilisme et un enfermement dénué de créativité.
Cette démarche de rupture doit s’accompagner d’une véritable prise de conscience de notre dimension sociale, culturelle et humaine. La civilisation africaine porte des valeurs de justice, de démocratie et d’unité qu’il convient aujourd’hui d’exploiter pour mener le développement continental. Il s’agit de remettre au centre l’ensemble des valeurs que nous portons dans notre patrimoine culturel, social et d’en faire un atout pour la croissance et la renaissance africaine. Ces richesses culturelles doivent nous aider à construire un nouveau type d’individus, des êtres conscients de leur potentiel, des hommes qui ne regardent plus seulement vers le passé, des hommes qui s’emparent de la science et des nouvelles technologies, des hommes qui croient aux valeurs panafricaines sans se replier, des hommes et des femmes responsables de leur destin. Il s’agit de mettre à terre certains comportements misérabilistes qui sont nos propres ennemis et nous empêchent de nous développer. Les Etats africains sont de jeunes États et nous avons beaucoup à construire pour enfin réaliser ce en quoi nous croyons depuis fort longtemps : l’indépendance économique, l’unité politique et culturelle, le développement par l’exploitation de nos richesses naturelles, la valorisation de notre patrimoine historique qui doivent nous servir à l’émergence de la dynamique de la renaissance africaine. Ces exigences doivent être au cœur de nos actions et cela passe aussi par un changement radical du fonctionnement de notre société et des individus qui la constituent.
Les leviers pour conduire la renaissance africaine sont nombreux et il en est un qui est essentiel pour la réussite de cette dynamique. Je veux parler de l’exercice de la citoyenneté qui concerne l’ensemble des citoyens d’une nation, d’une sous-région et au-delà de tout un continent.
Si l’on regarde la définition de la citoyenneté, c’est « la qualité de citoyen » d’un Etat ou d’un ensemble d’États, « qui s’ajoute à celle des citoyens de chaque pays membre ». La citoyenneté se définit aussi par l’appartenance à une communauté politique et par l’allégeance à un État. En 1236, dans la Charte du Mandé, la Charte de Kouroukan Fouga, par exemple, elle est liée à l’idée de respect de la vie humaine, de droit à la vie, de sécurité alimentaire, de paix sociale dans la diversité, les principes d’égalité, de justice cognitive, d’équité, de solidarité et de démocratie, et elle s’inscrit dans l’histoire de la construction de la nation. Dans une démocratie, chaque citoyen est détenteur d’une part de la souveraineté politique ; directement ou par ses représentants, il participe aux choix et aux décisions qui concernent l’intérêt général. Le citoyen est titulaire de droits et d’obligations, qui obéissent au principe d’égalité, indépendamment de ses appartenances particulières ou de ses convictions. Dans chaque État, la loi détermine les conditions qui définissent le statut de citoyen.
Ainsi, c’est bien un ensemble de valeurs qui unit une population, et plus largement ce qui rassemble les peuples au-delà des frontières géographiques. Chaque nation doit s’inspirer de son processus historique pour inscrire ses principes de citoyenneté et bâtir ses propres symboles qui permettent une unité et un comportement commun.
Être un bon citoyen, c’est faire respecter ses droits mais également observer ses devoirs de manière absolue. Autrement dit, c’est adopter une attitude comportementale qui est en adéquation avec les règles républicaines.
Le citoyen a le droit d’exprimer ses idées, de manifester contre une politique mise en œuvre, par exemple, mais il doit également faire preuve de civisme et de loyauté à l’égard de l’appareil public et ce dans les moindres détails de son existence.
Être un bon citoyen, c’est être capable de s’approprier la notion de citoyenneté au sens plein en s’alliant à une volonté politique républicaine et exemplaire.
L’esprit citoyen, c’est le respect de la chose publique, c’est le civisme à l’égard du bien commun, c’est partager l’espace construit d’une nation qui respecte un ensemble de valeurs défendues par tous.
Ainsi, nous sommes tous concernés par l’exercice de la citoyenneté dans chacun des actes de notre vie. Il ne suffit pas de montrer du doigt l’élite politique qui n’honorerait pas les règles républicaines. C’est en chacun de nous que le cœur citoyen doit battre sans faiblir.
Le Sénégalais d’aujourd’hui doit combattre autour de lui, et à l’intérieur de lui-même, la corruption, le népotisme, les attitudes miséreuses qui consistent à ne penser qu’à remplir son assiette personnelle alors que l’enjeu est celui d’un pays tout entier.
Il faut absolument sortir des fonctionnements misérabilistes qui déséquilibrent le développement. Sans la conduite de ces valeurs, le continent tout entier continuera sur le chemin de la famine, sur la terre des guerres et de la destruction.
L’exemple de la citoyenneté républicaine doit d’abord, bien entendu, s’inscrire dans la sphère des dirigeants politiques et économiques, c’est la condition sine qua non d’une nation saine.
Celui qui est en charge des affaires publiques doit aussi avoir à l’esprit qu’il est fondamental d’adopter une conduite irréprochable à l’égard du bien commun, l’espace rassemblé de la nation. Il doit combattre la corruption, le népotisme et garantir les droits et les devoirs de chacun. Celui qui est aux responsabilités et qui s’octroie une fortune considérable pour sa réussite personnelle, et qui s’étale dans un luxe injustement acquis, n’est pas un citoyen.
Celui qui détourne un centime des deniers publics condamne un citoyen à mourir devant l’hôpital. Il condamne un citoyen qui n’ira pas à l’école et qui demeurera analphabète toute sa vie. Celui qui détourne l’argent public condamne tout un peuple à la misère et à la mort.
Ainsi, nous devons combattre toutes les postures criminelles qui n’ont pas la priorité citoyenne dans la conduite politique et économique.
Mais il en va de même pour chaque Sénégalais. Le policier doit exercer son métier sans chercher à arrondir ses fins de mois en taxant injustement le contrevenant, pour encaisser de l’argent qui ne lui revient pas de droit. L’enseignant doit seulement se soucier de la réussite des jeunes qu’il a en charge sans tenter de faire des compromissions qui lui permettraient d’améliorer son train de vie. Le juge ne doit pas accepter des pots de vin pour construire sa villa s’il veut faire respecter la loi et seulement la loi. Le promoteur immobilier doit tenir ses engagements contractuels jusqu’au bout sans calculer comment il pourrait voler le contribuable ou encore alourdir malhonnêtement des charges inventées de toute pièce. L’agent public doit respecter son temps de service et observer le règlement lié à ses fonctions sans chercher, par de multiples combines, à augmenter son salaire illégalement.
Oui, les droits et les devoirs sont l’affaire de tous et sont les mêmes pour chaque citoyen. Il n’y a pas d’exception pour construire une belle nation, une république modèle.
Le Sénégalais d’aujourd’hui doit bien comprendre cela s’il veut que son pays soit un exemple de démocratie citoyenne.
L’apprentissage de la citoyenneté doit être au cœur de l’éducation. Tout comme les sciences, les langues ou l’histoire, la citoyenneté est une discipline à apprendre. L’éducation à la citoyenneté doit s’appuyer sur les programmes d’éducation civique qui doivent s’inscrire tout au long du cursus scolaire. L’appropriation de l’exercice de la citoyenneté pour les jeunes générations passe par une éducation forte et modèle. C’est le rôle des dirigeants politiques en charge de l’éducation nationale, c’est le rôle des recteurs, c’est le rôle des inspecteurs, c’est le rôle des parents et celui des enseignants. Transmettre les bases fondamentales de l’éducation à la citoyenneté, voilà le défi qu’il faut engager. Il s’agit ici de former de véritables citoyens et non pas des consommateurs dans un système défaillant et usurpé.
Ne craignons pas de nous élever dans des comportements qui nous honorent, avec force et courage. Il ne faudrait pas céder à la puissance de l’immédiateté et du plaisir personnel. Car comme dit le proverbe, à vaincre sans honneur, on triomphe sans gloire. Et c’est à nous de repenser notre système de valeurs.
Le nouveau Sénégalais est celui qui croit en lui-même et qui n’a pas besoin d’ourdir pour réussir. Il œuvre de manière collective en exploitant ses compétences et ce pas seulement pour des raisons personnelles et matérielles. Les possibilités aujourd’hui sont nombreuses. Beaucoup de Sénégalais sont honnêtes, compétents mais ils sont rongés par des méthodes corrompues qui ne les protègent pas, qui ne les défendent pas.
Aujourd’hui, tout réside dans le travail, dans la solidarité entre les uns les autres, dans la loyauté, dans la considération des valeurs communes, dans le civisme au quotidien, dans le ménagement à l’égard de l’espace public qui appartient à tous mais qui est construit par chacun d’entre nous.
Il faut en finir avec les démarches égocentriques, illégales et véreuses qui ne mènent qu’au chaos, à la luxure et à l’effondrement des valeurs et de l’éthique.
Le nouveau type de Sénégalais doit assumer son humanité. Il ne doit plus ressentir de complexe d’infériorité, les valeurs qu’il porte sont universelles, celles de construire un monde juste. La science, les éléments positifs de l’humanité, les nouvelles technologies appartiennent au monde, ils sont le résultat des êtres humains rassemblés. Il n’existe pas de frontières pour s’approprier ce qu’il y a de beau, ce qu’il y a d’équitable, ce qu’il y a de moral.
Le Sénégalais d’aujourd’hui doit œuvrer dans l’intérêt de son peuple, dans l’intérêt de la jeunesse et des générations à venir, dans l’intérêt de la nation, dans l’intérêt du schéma collectif et du vivre ensemble sous une bannière unitaire et légitime.
Notre pays est une grande nation qui porte des valeurs de justice, de fraternité et de solidarité, alors soyons fiers de ce que nous sommes et portons ensemble le bel espoir d’une république citoyenne.
Ainsi, on voit bien que l’exercice de la citoyenneté est l’affaire de tous. Elle est un élément fondateur de la construction de la dynamique de la renaissance africaine.
C’est une démarche qui doit s’engager au Sénégal mais aussi un peu partout sur le continent si l’on veut réussir le développement.
La renaissance Africaine qui exige l’exercice d’une citoyenneté intègre et debout, c’est l’assurance de la croissance continentale qui constituera un poids international et permettra un rayonnement africain sur le monde, rassuré par l’équité et la justice défendues par nos peuples.
Amadou Elimane Kane est enseignant et chercheur en sciences cognitives, poète écrivain.
AMADOU MAKHTAR M'BOW, PIONNIER ET MARTYR
La disparition du Sénégalais marque, selon Adekeye Adebajo, la fin d'une ère de leadership africain combatif et visionnaire, loin des "nobodies glorifiés" actuels, "souvent ternes, extrêmement prudents et politiquement conservateurs"
(SenePlus) - Dans un article publié dans Business Day et bientôt dans The Guardian, le professeur Adekeye Adebajo rend hommage à Amadou-Mahtar M'Bow, figure emblématique sénégalaise décédée le 24 septembre 2023 à l'âge de 103 ans.
Adebajo brosse le portrait d'un homme aux multiples facettes, né le 20 mars 1921 à Dakar. "M'Bow était ainsi l'incarnation vivante du 'triple héritage' d'identités africaine, musulmane et occidentale décrite par le chercheur kényan Ali Mazrui", écrit-il. Son parcours exceptionnel l'a mené de l'école coranique aux bancs de la Sorbonne, en passant par l'engagement dans les Forces françaises libres pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le professeur souligne la vision novatrice de M'Bow à la tête de l'UNESCO, citant ses propos avant sa prise de fonction : "Je me méfie un peu d'un humanisme universaliste qui masque souvent l'eurocentrisme. Je préfère le pluralisme, qui acceptent l'identité distinctive de chaque peuple". Cette philosophie a guidé son action à la tête de l'organisation.
Adebajo met en lumière les initiatives audacieuses de M'Bow, notamment son soutien au "Nouvel ordre mondial de l'information et de la communication" (NOMIC). Il explique que l'idée était de "réduire la domination des agences médiatiques occidentales dans le reportage des nouvelles mondiales", ainsi que de lutter contre "la représentation souvent culturellement insensible, stéréotypée et négative du Sud global".
Le professeur qualifie Makhtar M'Bow de "visionnaire" pour ses actions en faveur de la restitution des biens culturels. Il note : "M'Bow a été visionnaire en poussant le 'Comité intergouvernemental pour la promotion du retour des biens culturels à leur pays d'origine ou de leur restitution en cas d'appropriation illicite' en 1978 : des actions que les gouvernements européens ne commenceraient à prendre que dans les années 2010."
Cependant, Adebajo rapporte que cette vision progressiste a suscité une vive opposition de la part des puissances occidentales. Il décrit une campagne de dénigrement sans précédent, accusant M'Bow de délit d'être "anti-occidental et antisémite". Le professeur dénonce : "Le gouvernement américain - soutenu par la Heritage Foundation d'extrême droite et des médias d'entreprise complaisants - a alors lancé une chasse aux sorcières coordonnée contre M'Bow qui avait le même niveau de véracité que les procès des sorcières de Salem au 17e siècle."
L'auteur va plus loin en critiquant la couverture médiatique biaisée de l'époque. Il cite une étude révélant que "61% des sources pour les articles privés des médias grand public américains provenaient de sources officielles de Washington, 14,5% de sources occidentales hostiles 'anonymes', et seulement 21,1% de l'UNESCO elle-même". Il ajoute : "Ironiquement, la campagne médiatique diffamatoire menée par l'Occident a prouvé le bien-fondé de l'argument de M'Bow sur la nécessité de diversifier les sources d'information mondiales."
Malgré ces attaques, Adekeye Adebajo souligne l'héritage considérable d'Amdou Makhtar M'Bow. Il évoque son projet phare, une histoire de l'Afrique en huit volumes.
En conclusion, Adebajo dresse une critique parallèle entre la génération de M'Bow et les représentants africains actuels à l'ONU, qu'il qualifie de "nobodies glorifiés". Il les décrit comme «souvent ternes, extrêmement prudents et politiquement conservateurs, plus intéressés par le prestige, les avantages et les indemnités journalières de leur fonction que par le fait de dire la vérité au pouvoir».
La disparition d'Amadou-Mahtar M'Bow marque, selon Adebajo, la fin d'une ère de leadership africain combatif et visionnaire sur la scène internationale. Son combat pour la diversité culturelle et l'équité mondiale, bien que contesté de son vivant, résonne aujourd'hui avec une acuité renouvelée dans un monde en quête de pluralisme et de justice.