VIDEOLE PÈLERINAGE À LA MECQUE, UN FARDEAU DE PLUS EN PLUS LOURD
Entre l'augmentation constante du prix des billets d'avion, la taxation accrue du royaume saoudien et les effets de la dévaluation monétaire, le coût du hajj flambe pour les fidèles. Un véritable frein à l'accomplissement de ce cinquième pilier de l'islam
(SenePlus) - Le hajj, cinquième pilier de l'islam, est un devoir sacré pour tout musulman qui en a les moyens physiques et financiers. Comme le rappelle le Coran : "Et aux gens, l'accomplissement du pèlerinage de la Maison est une obligation envers Allah pour tous ceux qui en ont la possibilité." (Sourate 3, verset 97). Chaque année, l'Arabie Saoudite délivre des quotas de pèlerins par pays en fonction de leur population musulmane. Pour cette édition 2024, le Sénégal peut envoyer jusqu'à 13 000 fidèles, la Côte d'Ivoire près de 10 000. Le Nigeria, nation la plus peuplée d'Afrique, dispose logiquement du contingent le plus important avec près de 90 000 pèlerins autorisés.
Ces dernières années pourtant, accomplir ce grand pèlerinage est devenu un véritable fardeau financier pour de nombreux croyants. "Les packages de voyages organisés à la Mecque comprennent les billets d'avion, la nourriture, l'hébergement sur place. Au Sénégal par exemple, leurs prix ont littéralement doublé depuis le Covid" explique RFI. Cette année, un pèlerin doit débourser en moyenne 4 300 000 francs CFA pour effectuer le hajj.
Plusieurs facteurs expliquent ces tarifs exorbitants. "Il y a d'abord eu l'augmentation généralisée du prix des billets d'avion ces derniers mois. Ensuite, la chute de valeur de certaines monnaies face au dollar renchérit mécaniquement les coûts sur place en Arabie Saoudite" analyse Aminata Touré, économiste. Le royaume lui-même a aussi augmenté récemment les taxes appliquées, comme la TVA. Une stratégie délibérée car comme le souligne RFI: "Le hajj est aussi une source de revenus considérable pour l'Arabie Saoudite. Avant le Covid, le pèlerinage rapportait entre 10 et 15 milliards de dollars par an à l'Etat."
Le tourisme religieux s'inscrit d'ailleurs pleinement dans le plan Vision 2030 visant à préparer l'après-pétrole pour l'économie saoudienne. "L'organisation des pèlerinages tout au long de l'année est désormais la deuxième source de recettes pour le royaume, loin derrière les exportations d'hydrocarbures mais c'est un secteur en pleine expansion" la radio française. Une perspective peu réjouissante pour les fidèles musulmans qui peinent déjà à financer leur pieux voyage...