VIDEOLES ÉLECTIONS EN AFRIQUE, ENTRE DÉMOCRATIE DE FAÇADE ET INGÉRENCE NÉOCOLONIALE
Pour l'économiste Ndongo Samba Sylla, la démocratie réelle n'existe pas là où les choix économiques échappent aux électeurs. Les élections servent avant tout à mettre en place des élites acquises aux intérêts de l'ancienne puissance coloniale
Dans son dernier ouvrage co-écrit avec la journaliste Fanny Pigeaud, "La démocratie en Françafrique", l'économiste sénégalais Ndongo Samba Sylla déconstruit le mythe des élections démocratiques en Afrique francophone. Selon lui, loin d'être l'expression de la volonté populaire, elles servent surtout à légitimer des régimes inféodés à la France.
Sylla dénonce le "jeunisme électoral" dont sont victimes les nouvelles générations, massivement exclues des listes électorales. Il pointe également les fraudes électorales à répétition, permises par des fichiers taillés sur mesure, comme au Sénégal entre 2012 et 2019.
L'ingérence française est patente, à l'image du forcing militaire en Côte d'Ivoire en 2011 pour imposer Alassane Ouattara. Les observateurs internationaux ferment souvent les yeux, au nom d'une prétendue "maturité démocratique" africaine.
Pour Ndongo Samba Sylla, la démocratie réelle n'existe pas là où les choix économiques échappent aux électeurs. Les élections servent avant tout à mettre en place des élites acquises aux intérêts de l'ancienne puissance coloniale. Elles sont l'ultime avatar de la "Françafrique".
Il appelle à rompre avec ce "droit impérial" et d'inventer une démocratie panafricaine authentique, au service des aspirations populaires du continent. Les peuples africains, estime l'économiste, s'y emploient, à défaut d'une élite intellectuelle encore trop timorée.