VIDEOL'HEURE DE LA RADIOGRAPHIE INSTITUTIONNELLE
Alioune Tine prône la nécessité impérieuse d'un audit organisationnel global du système administratif sénégalais. Une opération de déminage indispensable pour "identifier les pathologies" d'une bureaucratie minée par les dérives et la corruption
C'est un plaidoyer à la fois lucide et ambitieux qu'a livré Alioune Tine, fondateur d'Afrikkajom Center, dans l'émission dominicale "Point de Vue" sur la RTS ce 5 mai 2024. Invité à s'exprimer sur les premiers pas du nouveau régime, l'expert des Nations Unies a dressé un constat sans concession des défis majeurs auxquels le Sénégal doit faire face, tout en traçant des pistes audacieuses pour renouer avec l'espoir.
Son message phare : la nécessité impérieuse d'un "audit organisationnel global" du système administratif sénégalais. Une opération de déminage indispensable pour "identifier les pathologies" d'une bureaucratie minée par des années de dérives et de corruption systémique. Seul ce préalable, juge M. Tine, ouvrira la voie à de véritables réformes structurelles et à l'avènement d'un "État neutre et impartial".
L'orateur a par ailleurs salué les premières mesures prises, notamment en matière de bonne gouvernance, de reddition des comptes et de protection du littoral. Mais il appelle sans détour à s'attaquer frontalement à l'urgence que constitue l'emploi des jeunes et la vie chère, en renégociant au besoin les accords internationaux défavorables.
Au chapitre des réformes politiques, Alioune Tine prône une cure de jouvence de la démocratie sénégalaise. Exit l'hyper-présidentialisme ; place à une justice transitionnelle, une participation citoyenne accrue et une "démocratie délibérative". Une remise à plat indispensable après les années de dérive qui ont mené aux tragiques événements de 2021-2024.
Mais c'est peut-être sur la scène internationale que l'analyste voit le plus grand défi à relever pour le Sénégal. Face à "l'impuissance des puissances" désormais patente dans la région, il incite le nouveau régime à embrasser un rôle d'équilibriste diplomatique. Une mission à laquelle Dakar serait idéalement positionnée pour apporter sa pierre, du Mali au Burkina Faso en passant par le Niger, contribuant à "recoller les morceaux" face à la déferlante terroriste.