VIDEOUNE HOMONYMIE AUX CONSÉQUENCES TRAGIQUES
Le corps d'Ibrahima Traoré, décédé en France, a été confondu avec celui d'un autre défunt et inhumé à Dakar. Sa famille, sans nouvelles depuis plus de deux semaines, témoigne de son désarroi face au silence des autorités

La famille Traoré vit un véritable cauchemar depuis plus de deux semaines. Selon leur témoignage, le corps d'Ibrahima Traoré, décédé le 2 mars dernier d'un arrêt cardiaque au Centre Hospitalier de Corbeil-Essonnes, a été confondu avec celui d'un autre défunt et envoyé par erreur au Sénégal où il aurait été inhumé.
"Il est où mon mari ? Il est où Ibrahim Traoré ?" Ces questions déchirantes, Fatumata Traoré les répète depuis que sa famille a découvert avec stupeur l'absence du corps de son époux lors de la toilette mortuaire prévue avant l'inhumation. La scène décrite par les proches est traumatisante : ils se sont retrouvés face à un corps qui n'était manifestement pas celui d'Ibrahima.
"Mon père faisait 1,85m, il était chauve," explique l'une des enfants du défunt. "On nous montre un homme avec les cheveux afro, qui ne ressemble pas du tout à ça." Face à cette découverte, la confusion a rapidement fait place à la colère et à l'incompréhension.
Selon les explications fournies par l'établissement hospitalier, une erreur d'identification aurait été commise, possiblement en raison d'une homonymie partielle. Les deux défunts portaient le nom de Traoré. Le corps d'Ibrahima aurait ainsi été envoyé à Dakar le 7 mars et y serait enterré depuis, loin de sa terre natale du Mali où il souhaitait reposer, près de sa mère à Sikasso.
"Ils nous ont détruit, ils ont détruit ma famille," témoigne sa fille. Plus de deux semaines après cette terrible méprise, la famille n'a toujours aucune nouvelle concernant le rapatriement du corps, malgré une lettre du Centre Hospitalier Sud-Francilien reconnaissant l'erreur et promettant "de tout mettre en œuvre pour organiser un rapatriement rapide".
"Comment peut-on faire notre deuil ?" s'interroge un autre membre de la famille. "Je n'arrive même plus à dormir." Pour Fatumata, son épouse depuis 40 ans, la douleur est double : "La mort nous a vraiment séparés, mais une autre douleur s'y ajoute : la perte du corps."
Face à cette situation exceptionnelle et dramatique, la famille exige désormais un test ADN pour confirmer l'identité du corps enterré à Dakar. Elle a également engagé un avocat pour porter plainte contre l'hôpital, la morgue et la société de pompes funèbres impliquées dans cette affaire.
"C'est trop, même dans un film, même dans une série, jamais, jamais je n'ai entendu ça. Improbable," la fille du défunt.