ALIOU SANÉ, PLUS HUMAIN QUE REBELLE
Portrait du nouveau coordonnateur de Yen à marre, qui a la lourde charge de succéder à Fadel Barro
Bientôt 36 ans et Aliou Sané est désormais le nouveau visage du mouvement citoyen « Y en a marre ». Une semaine à peine qu’il a succédé à son compagnon et prédécesseur Fadel Barro, découvrez avec nous toute l’humanité de ce nouveau coordonnateur.
«Chez nous, on ne compte pas les bouts de bois de Dieu». Aliou Sané refuse de réduire ses frères et sœurs à un nombre. D’un père ingénieur et d’une mère enseignante, il fait passer sa «très grande famille» avant toutes ses nombreuses revendications de citoyen. Mais mieux, Aliou, musulman et monogame, ne jure que par sa petite famille au quartier Ngor (à Dakar), «mon épouse et nos deux enfants», évoque-t-il avec affection.
Avec un papa ingénieur des eaux et forêts, il est d’un peu partout au Sénégal. Il est né à Thiès, alors que sa maman faisait son stage d’enseignante. Son papa sera alors affecté à Ziguinchor, ensuite à Tambacounda. Ils iront ensuite vivre dans l’arrondissement de Dabo (à Kolda). Il y apprendra à parler peulh et s’imprégnera de la culture peulh qui a beaucoup marqué sa vie. Il y aura également l’étape de Kolda.
Et «quand j’ai eu mon Bfem, j’ai été mis dans un colis et expédié à Dakar pour des vacances dont je ne reviendrai jamais», se souvient-il dans un rire. Il sera désormais sous l’aile protectrice de son oncle, et ira au lycée Blaise Diagne où il obtiendra son Bac.
Plus communicant que journaliste…
Journaliste de formation avec une spécialité en communication, ce diplômé de l’ISSIC a fait 5 ans de presse écrite au journal Le Quotidien. Mais il virera totalement vers son penchant, la communication, car «je ne me voyais pas m’éterniser en journalisme,» remarque-t-il simplement.
Communiquer, personne ne pourra refuser cette vocation à Aliou Sané ! Il parle tout de même 9 langues : «Je parle mandingue, wolof, bambara, toucouleur, peulh et j’ai taquiné le créole quand j’étais à Ziguinchor. Ensuite, je parle français, bricole l’anglais et parle un excellent espagnol».
Echangeant la presse contre la communication, il va intégrer un programme panafricain de l’ONG internationale « Enda Tiers Monde », où il travaillera d’abord comme assistant à l’information. Au bout de quelques mois, il sera chargé de la communication d’un projet transnational entre le Sénégal et le Mali, sur le changement climatique et son impact sur les quotidiens des populations. Au bout d’un an, il sera porté à la tête du département de communication.
Aujourd’hui, Aliou fait de la consultance auprès des organisations en matière d’audit communicationnel et en stratégies de communication.
Aliou, cet éternel militant…
Une fois, alors qu’il était au lycée, un camarade s’est mis à crier en classe. Quand le prof s’est retourné, vert de colère, il a juré de coller un zéro à tout le monde. Voyant ses camarades obtempérer, Aliou se lève et dit : «Non, Monsieur ! Je ne suis pas d’accord avec vous. Je ne prendrai pas un zéro pour une faute que je n’ai pas commise.» Et ses camarades se lèveront un à un pour faire de même, jusqu’à ce qu’ils trouvent un consensus avec le prof.
Cette anecdote en dit long sur lui. D’ailleurs, confie-t-il, «j’ai toujours milité pour une cause. Et je pense que mon activisme à Y en a marre, c’est un prolongement de ce que j’ai pu faire en tant que journaliste.»
Aujourd’hui, quand ses amis du collège ou du lycée le croisent, ils ne peuvent pas s’empêcher de lui dire : «Mon gars, tu n’as pas raté ta vocation. Tu devais être soit un avocat, soit un journaliste de surcroît activiste. Quand on te voit dans « Y en a marre », on te reconnaît.»
A écouter Aliou Sané parler, on croirait entendre Martin Luther King. Aliou Sané a un rêve : «Voir ses enfants grandir dans un Sénégal où le fils du président, le fils du ministre, le fils du cultivateur sont d’égale dignité et ont les mêmes chances de pouvoir aller à l’école, réussir et pouvoir servir dignement ce pays.»
Il est un pur produit de l’école sénégalaise. Il a toujours vécu au Sénégal et ne se voit pas vivre ailleurs. En bon mandingue, il raffole du Mafé…