UN VOYAGE A TRAVERS LE TEMPS ET LES CONTEXTES DE L'ARMÉE-NATION
C’est une réalité bien ancrée au Sénégal : les forces de défense et de sécurité sénégalaises sont dévouées à leur pays. Elles incarnent l’exemple parfait de discipline, de patriotisme et d’engagement civique.
L’engagement des forces armées dans le développement national a évolué de manière significative au Sénégal, passant d’un soutien limité à une participation active et stratégique dans différents domaines. À la faveur de la 8é édition de la Journée de mobilisation citoyenne «Setal sunu reew» placée sous le thème « Setal sa gox, aar sa yaram, les Forces armées s’engagent», Le Soleil revisite le concept Armée-Nation et son évolution dans le temps.
C’est une réalité bien ancrée au Sénégal : les forces de défense et de sécurité sénégalaises sont dévouées à leur pays. Elles incarnent l’exemple parfait de discipline, de patriotisme et d’engagement civique. Profondément républicaines, elles entretiennent des relations étroites avec la population. C’est ainsi que s’impose le concept d’Armée-Nation, qui a connu des variations de 1960 à aujourd’hui, influencées par divers facteurs politiques, économiques, environnementaux et sociaux. Jouant un rôle fondamental dans le modèle de développement du Sénégal, il met en lumière le lien privilégié entre les forces armées et les populations. Mieux encore, il symbolise une vision intégrative où les forces armées, au-delà de leurs missions de défense et de sécurité, participent activement au développement national.
Ce modèle s’est forgé au fil des décennies pour répondre aux besoins de la nation en matière de sécurité, de cohésion sociale et de renforcement des infrastructures. Dans un document intitulé : « Concept Armée-Nation rénové », le général de corps aérien Mamadou Mansour Seck indique que les forces armées ont, de 1960 à 1970, c’est-à-dire sous l’ère senghorienne, joué un rôle important dans le développement socio-économique du pays. Leur rôle consistait principalement à apporter un soutien ponctuel aux infrastructures, à l’agriculture et aux secours en cas d’urgence ou de crise. Leur priorité restant la défense du territoire et de l’État constitutionnel.
Le même document mentionne qu’entre 1970 et 1980, les militaires ont été mobilisés pour des projets d’urgence et des missions spécifiques de développement, comme la construction d’infrastructures hydrauliques, les campagnes de vaccination et l’extension des périmètres agricoles, en particulier dans des zones stratégiques ou en cas de besoins urgents. Leur implication directe dans le développement se limitait ainsi à des interventions occasionnelles, surtout en cas d’urgence ou de crises.
Sous la présidence de Abdou Diouf, entre 1980 et 2000, l’implication des forces armées dans le développement a diminué, se restreignant à des interventions d’urgence. Cette situation était due à plusieurs facteurs, notamment une crise économique marquée par des programmes d’ajustement structurel imposés par le Fmi et la Banque mondiale, entraînant des coupes budgétaires et une réduction des dépenses publiques, y compris dans les secteurs militaires. De plus, la crise casamançaise pesait sur la sécurité intérieure.
Sous la présidence d’Abdoulaye Wade, l’accent a été mis sur les partenariats publics-privés et les financements internationaux pour réaliser de grands projets, ce qui a conduit à une diminution notable de l’implication des forces armées dans le développement. Leur rôle s’est alors limité à des missions spécifiques (comme le Plan Reva et Goana) et à des interventions en cas de crises telles que les inondations et les sécheresses. En somme, d’après notre source, entre 1960 et 2012, les forces armées jouaient un rôle limité dans le développement socio-économique du Sénégal.
Leur mission principale était axée sur la défense du territoire, la sécurité nationale et la protection des institutions de l’État. Leur contribution au développement socio-économique était donc marginale et souvent liée à des situations d’urgence ou de crise, comme les catastrophes naturelles. C’est sous la présidence de Macky Sall (2012-2024) que l’engagement des forces armées dans le développement a considérablement augmenté grâce à un renforcement des ressources humaines, matérielles et financières. Le Président Macky Sall a redéfini le concept d’Armée-Nation pour établir une implication stratégique et multisectorielle des forces armées dans le développement socio-économique, en soutien au Plan Sénégal Émergent.
Ainsi, les forces armées ont-elles commencé à contribuer activement aux infrastructures, à l’agriculture, à la santé et à l’éducation, notamment dans les zones reculées. Cette approche a renforcé leur rôle en tant qu’acteurs de développement intégrés et proactifs, dépassant largement leurs missions militaires traditionnelles et contribuant à la modernisation du Sénégal. Le concept d’Armée-Nation « nouveau » se poursuit et se développe sous la présidence de Bassirou Diomaye Diakhar Faye, dans le cadre du Projet de Souveraineté et de Développement Endogène Sénégal 2050. Le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye voit les forces armées comme un acteur clé dans le développement national et encourage leur participation active à des projets économiques et sociaux.