DES ENSEIGNANTS-CHERCHEURS APPELLENT A DES REFORMES MAJEURES
Dans le cadre d’un projet visant à stimuler le débat public pré-électoral, le Think Tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest-Wathi a organisé hier une table ronde réunissant des enseignants-chercheurs sénégalais.
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Dans le cadre d’un projet visant à stimuler le débat public pré-électoral, le Think Tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest-Wathi a organisé hier une table ronde réunissant des enseignants-chercheurs sénégalais. L’objectif était clair : identifier les priorités nationales et les réformes nécessaires que les candidats à la Présidentielle devraient prendre en compte avant l’élection.
A quelle date la prochaine élection présidentielle aura-t-elle lieu au Sénégal ? Devons-nous repenser l’éducation et l’enseignement supérieur dans sa globalité ? Quelles perspectives politiques, économiques, sociales, culturelles du pays pendant au moins cinq ans ? C’est pour répondre à ces questions que le Think Tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest-Wathi a organisé hier une table ronde permettant à des enseignants-chercheurs sénégalais de se pencher sur les priorités nationales avant l’élection présidentielle. C’est en tout cas l’avis de Dr Gilles Olakunlé Yabi, Directeur exécutif de Wathi. «Notre objectif est de contribuer à la création d’un espace pour un débat public pré-électoral impliquant les enseignants-chercheurs des universités sur ce que devraient être les priorités et les orientations de l’action publique en matière de réformes institutionnelles, de politiques économiques, éducatives, sociales, culturelles, environnementales», a dit Dr Gilles Olakunlé Yabi, lors de la table ronde que son laboratoire a organisée à Dakar. D’après lui, les recommandations qui seront formulées par ces experts devraient servir de base solide pour orienter les politiques à venir et garantir un avenir meilleur pour le Sénégal. «Le travail de recherche est extrêmement important. Et nous essayons en tant que think tank, laboratoire d’idées, d’apporter notre contribution par ce type d’initiatives, en espérant que les idées ou les propositions concrètes des enseignants-chercheurs ne restent pas lettre morte, mais façonnent véritablement les politiques à venir. Et que cela va permettre aussi à la Société civile de continuer, après l’élection, à faire pression pour que ces messages-là soient entendus. C’est notre rôle collectif de faire ce travail à nouveau de pression douce sur les décideurs», a-t-il expliqué.
De son côté, Dr Mamadou Bodian, enseignant en sociologie des religions à l’université Assane Seck de Ziguinchor, en sociologie politique à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et en sécurité à l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane, a apporté une perspective critique sur l’état actuel de l’éducation supérieure au Sénégal. «L’université est minée par des grèves cycliques témoignant d’un dysfonctionnement institutionnel profond», a-t-il affirmé. Membre du Comité scientifique du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, il a plaidé en faveur d’une réforme en profondeur, basée sur les conclusions des Assises nationales de l’enseignement et de la formation. Selon lui, une gouvernance plus transparente et une meilleure allocation des ressources sont indispensables pour stabiliser l’université et assurer son ouverture sur le monde. «Je pense que la réforme de l’enseignement supérieur ne peut devenir une réalité que quand on pacifie l’espace qui, malheureusement aujourd’hui, est très politisé. Et toutes les réformes qui ont été engagées depuis plusieurs décennies n’ont jamais connu une mise en œuvre effective. Donc, je pense que, si on veut aller vers une réforme en profondeur de l’université, il faudrait s’inscrire dans la continuité des conclusions qui ont émané des Assises nationales de l’enseignement et de la formation, qui ont proposé de réfléchir à la manière dont l’éducation et l’enseignement supérieur sont gouvernés», a-t-il laissé entendre.
«IL EST IMPERATIF DE RESTAURER L’ETAT DE DROIT»
Quant à Zeynab Kane, enseignante-chercheuse en Droit public à l’université Alioune Diop de Bambey, elle a souligné la nécessité de procéder à un rééquilibrage des pouvoirs des institutions de la République, afin de favoriser une bonne gouvernance et un dialogue institutionnel. Dans son speech, elle a mis en lumière les risques potentiels de crise institutionnelle liés à l’élection à venir. «Il est impératif de restaurer l’Etat de Droit et de protéger la Constitution», a-t-elle martelé. L’enseignante-chercheuse en Droit public a appelé à un dialogue national inclusif et constructif, mettant en garde contre les conséquences désastreuses d’une polarisation politique excessive. Elle n’a pas manqué d’inviter le futur successeur de Macky Sall, de concert avec les autres acteurs, à œuvrer pour renforcer les capacités de l’Assemblée nationale en termes de propositions, de missions et de prérogatives. «On a besoin de députés capables, qui comprennent bien les enjeux et qui maîtrisent les missions de l’Assemblée, notamment le contrôle de l’action du gouvernement et l’évaluation des politiques publiques», a-t-elle fait savoir. Il faut le rappeler, l’intervention de ces enseignants-chercheurs a soulevé plusieurs points cruciaux nécessitant une attention «urgente» car, pour Dr Mamadou Bodian, la réforme de l’éducation supérieure est incontournable pour répondre aux besoins du marché de l’emploi et stimuler la recherche et l’innovation. «La finalité de l’enseignement supérieur, c’est de mettre à la disposition de l’Etat ou de la société, une masse critique qui dispose un capital humain de qualité pour relever les défis de développement sur le plan économique, social et aussi à tous les niveaux qui requièrent un capital humain», fait-il savoir.