LA CHARTE DE KURUKAN FUGA PAR DJIBRIL DIALLO FALEME
La charte du Manden ou charte du Mandé, charte de Kouroukan Fouga ou charte de Kurukan Fuga, ou encore en langue malinké Manden Kalikan, est la transcription d’un contenu oral, lequel remonterait au règne du premier souverain Soundiata Keita
Avec le déclin de ce vaste empire (1076), l’Afrique de l’Ouest connut une période d’anarchie de plus de 150 ans : insécurité, famine, guerres entre royaumes nés de la dislocation de l’Empire, brigandage et agressions par des bandes armées et ainsi, Sosso, le plus puissant de ces royaumes (parce qu’il était dirigé par des forgerons qui fabriquent des armes),soumit à son autorité beaucoup de ses voisins, dont le Mandé et cela jusqu’en 1235, date à laquelle Soundiata vainquit son chef, Soumaorou Kanté à la bataille de Kirina
Ainsi vit le jour l’Empire du Mandé : le plus vaste Etat de notre histoire qui à son apogée s’étendait sur près de 3 millions de Km2. L’Empire du Mandingue atteignit son apogée dans la première moitié du XIV ième siècle sousle règne du célèbre empereur Kankou Moussa. Il développe l’économie de l’empire avec l’exploitation aurifère des mines du Bambouk et du Bouré, construisit des écoles coraniques et des mosquées comme celle de Djenné avec l’apport de nouveaux architectes. Kankou Moussa fut célèbre pour son pèlerinage à la Mecque. Il est raconté qu’il voyagea avec plus de trois tonnes d’or et une suite de dix mille personnes. Toute cette quantité d’or fut distribuée généreusement tout au long de son voyage, provoquant ainsi une chute vertigineuse du cours pendant plusieurs années. Il ramena de ce voyage fastueux, deux chérifs Koraïchites et un architecte arabe, Abou Ishak Ibramim surnommé Es Sahili, auteur de nombreuses œuvres architecturales. Un nouveau style apparut : le style soudanais. Kankou Moussa fit régner dans son Empire, l’ordre et la justice. Carte de l’empire du Mali à son apogée (au début du XIVème siècle sous le règne de Kankou Moussa : 1312-1332)
A retenir
Vers 1230, Soundiata devient roi et il réunit les clans malinkés à Siby. Selon les traditions orales, il aurait organisé une armée composée de dix mille cavaliers et de cent mille fantassins et entreprit la guerre contre le roi du Sosso. Après plusieurs batailles, c’est vers 1235 que Soundiata Keïta vainc l’armée de Soumaoro Kanté à Kirina. Selon la légende, Soumaoro disparaît dans les montagnes autour de Koulikoro. Soundiata Keïta conquiert alors tous les royaumes de la région qu’il unifie pour former l’Empire du Mali. Il est proclamé « Mansa » ce qui signifie « Roi des rois ». Il met en place une organisation administrative et militaire. La population est répartie en 30 clans : 16 clans d’hommes libres ; 4 clans de griots ; 5 clans maraboutiques, et 5 clans d’artisans. Pour rassembler ces clans, il instaure le système de parenté à plaisanterie. Il met en place deux gouvernements militaires : au Nord à Soura et au Sud à Sankaran. Il établit la capitale de l’Empire à Niani. La parenté à plaisanterie, ou sinankunya au Mali, rakiré chez les Mossis du Burkina Faso, toukpê en Côte d’Ivoire, dendiraagal chezles Halpulaaren, kalir ou massir chezles Sérères, Kal chezles wolofs, est une pratique sociale, observable dans toute l’Afrique occidentale, qui autorise et parfois même oblige des membres d’une même famille (tels que des cousins éloignés), ou des membres de certaines ethnies entre elles, à se moquer ou s’insulter, et ce sans conséquence ; ces affrontements verbaux étant en réalité des moyens de décrispation sociale. Cette parenté à plaisanterie occupe une importance particulière dans la Charte de Kurukan Fuga
Qu’est-ce que la Charte de Kurukan Fuga ? Que dit cette Charte ?
La charte du Manden ou charte du Mandé, charte de Kouroukan Fouga ou charte de Kurukan Fuga, ou encore en langue malinké Manden Kalikan, est la transcription d’un contenu oral, lequel remonterait au règne du premier souverain Soundiata Keita qui vécut de 1190 à 1255. Elle aurait été solennellement proclamée le jour de l’intronisation de Soundiata Keïta comme empereur du Mali à la fin de l’année 1236. Il existe plusieurs textes de la Charte. Celui décrit ci-dessous qui remonterait à 1222 et provient destravaux menés à partir des années 1970 par Wa Kamissoko et Youssouf Tata Cissé (respectivement griot et chercheur malien décédé en 2016), est inscrit en 2009 par l’UNESCO sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Ce texte est considéré comme l’une des plus anciennes références concernant les droits fondamentaux de l’homme. Sa reconnaissance confirmerait sa valeur juridique et sa portée universelle.