LA ZONE DES PALMIERS RETROUVE LE SOURIRE ET SCRUTE LE DEVELOPPEMENT
Après le dépôt des armes, les ex-combattants de Diakaye et les populations de la zone des palmiers entament le processus de réconciliation à travers des forums qui se tiennent dans les villages de cette entité géographique de la commune de Djignaky.
Après le dépôt des armes, les ex-combattants de Diakaye et les populations de la zone des palmiers entament le processus de réconciliation à travers des forums qui se tiennent dans les villages de cette entité géographique de la commune de Djignaky. Des rencontres au cours desquelles les aspirations des habitants, longtemps meurtris par le conflit armé en Casamance et où tout est à refaire, sont soulevées.
Une danse du Kumpo pour célébrer le dépôt des armes et la pacification de la zone des palmiers, située dans le nord du département de Bignona, devant les autorités administratives et locales, l’armée et les ex-combattants du mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) ; symbole ne pouvait être plus significatif pour manifester l’espoir d’une nouvelle ère qui se dessine dans la zone des palmiers. Cette entité d’une dizaine de villages, située dans le nord du département de Bignona, a abrité pendant des décennies la base des rebelles de Diakaye et des cantonnements satellites. Elle a été longtemps meurtrie par le conflit armé en Casamance. Les accords de paix signés entre l’État du Sénégal et cette faction du mouvement irrédentiste ayant conduit au dépôt des armes, ont fait germer un immense espoir chez les populations de cette zone du Fogny. «C’est un sentiment de soulagement et surtout d’espoir qui anime toutes les populations de la zone des palmiers, qui ont beaucoup souffert de la crise en Casamance. Quand on a été mis au courant de la volonté de Diakaye de déposer les armes, nous étions certes contents, mais la joie était mesurée jusqu’au jour où l’acte a été matérialisée officiellement à Mongone, en mai dernier. Et là, tout le monde, particulièrement la jeunesse, a poussé un grand ouf de soulagement», déclare Youba Coly, président du collectif des jeunes de la zone des palmiers.
La base de Diakaye a été installée dans la zone des palmiers dans les années 90 par Souahibou Kamoungué Diatta, alors jeune lieutenant de Sidy Badji (premier chef de la branche armée du mouvement des forces démocratiques de la Casamance). Elle a été dirigée par plusieurs chefs de guerre, dont les plus célèbres sont Ismaila Magne Diémé (mort dans les liens de la détention, en Gambie), Lamarana Sambou qui a quitté, il y a quelques années, le maquis et Fatoma Coly (principal artisan des accords de paix signés en mai dernier avec l’Etat du Sénégal). La cohabitation entre les désormais ex-combattants et les populations de la zone des palmiers n’était pas des meilleures durant les années sombres du conflit. D’où l’initiative d’organiser des forums dans les différentes localités de la zone pour entamer le processus de réconciliation et renforcer le climat de confiance. Cette initiative saluée par tous est appuyée par l’Usaid, à travers le programme Alwili 2 que déroule le CRS.
L’ETAT CIVIL, UNE URGENCE
Le conflit armé en Casamance a complètement décimé l’état civil dans plusieurs Collectivités territoriales impactées par la crise. C’est le cas de Djignaky, commune dans laquelle se trouvent les localités de la zone des palmiers. «Ici les gens étaient plus guidés par l’instinct de survie que par les questions de l’état civil. C’est pourquoi des centaines de personnes se retrouvent aujourd’hui sans acte de naissance», souligne Youba Coly. «Il y a même des chefs de village qui n’ont pas d’extrait de naissance», insiste Henri Ndecky, coordonnateur de la dynamique de paix et facilitateur entre la faction de Diakaye et l’État du Sénégal. Cette question qui est une préoccupation majeure des populations a été inscrite en priorité dans les accords de paix, à la demande des ex-combattants du mouvement irrédentiste. Celle-ci est en voie de trouver solution. «Nous remercions le président de la République qui a accédé à cette requête en donnant des instructions à son gouvernement et aux différents maillons de la chaîne pour faciliter aux populations l’obtention des pièces d’état civil», renseigne M. Ndecky. Il informe que plus de 50 000 demandeurs ont déjà été répertoriés. Aussi, se réjouit-il de la promptitude de l’USAID qui a décidé d’accompagner le processus d’enrôlement pour permettre aux ayants droit de retrouver leur «sénégalité». L’enclavement est la plus grande contrainte qui étouffe les populations de la zone des palmiers.
Pour se rendre à Essom Silatiaye, il faut effectuer un véritable parcours du combattant sur une piste sablonneuse parsemée de gros nids-de-poule. Pendant l’hivernage, il est difficile, voire impossible de s’y rendre en voiture. «C’est une zone qui a de fortes potentialités agricoles et maraîchères. Mais hélas ! les populations ne peuvent pas en jouir à cause de cet enclavement», dixit Alphousseyni Diémé, maire de la commune de Djignaky.
Dans la zone des palmiers, les infrastructures sociales font aussi défaut. L’insécurité qui régnait dans la zone annihilait toute initiative de développement dans cette contrée du département de Bignona. «À chaque fois que nous réclamons quelque chose, la réponse qui nous est servie est que la zone n'a pas de sécurité», souligne le coordinateur des associations de la zone des palmiers. M. Coly pense qu’avec cette nouvelle donne, la cadence de l’émergence économique et sociale de la zone des palmiers sera accélérée.
LES PROCHAINS CHANTIERS DE L’ETAT
Ces aspirations sont légitimes, selon le préfet de Bignona qui annonce un vaste programme que l’État va dérouler dans la zone pour accompagner la dynamique de paix. « Pour le désenclavement, bientôt les travaux de bitumage de la route RN5- Diounoum-Bitibiti, sur 23 kilomètres, vont démarrer. La piste Bitibiti-Balonguine-Kakéré-RN5, la piste BITIBITIESSOM SILATIAYE et la piste Braranlir-Balonguine seront aussi faites. Dans le secteur de la santé, un bâtiment R+1 sera réalisé pour le poste de santé de Bitibiti. Des salles de classe seront réalisées pour le lycée du même village. Le renforcement du réseau hydraulique est aussi en cours. Plein d’autres projets sont en cours d’études pour améliorer les conditions sociales des populations de la zone des palmiers», précise Maguette Diouck, chef de l’exécutif départemental de Bignona. La réalisation de ces infrastructures permettra à la zone des palmiers de respirer et de tourner la page de la précarité et de la peur pour s’orienter vers le développement.