LES PISTES DE SORTIE DE CRISE DU HCCT
La grève de l’Intersyndicale des travailleurs des collectivités territoriales préoccupe au plus haut point le Haut-conseil des collectivités territoriales (Hcct)
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La grève des travailleurs des collectivités territoriales perdure et pose de nombreux problèmes dans le fonctionnement des municipalités. Pour mettre fin à ce mouvement d’humeur, l’Etat doit trouver les moyens de procéder à la revalorisation des salaires de ce personnel.
La grève de l’Intersyndicale des travailleurs des collectivités territoriales préoccupe au plus haut point le Haut-conseil des collectivités territoriales (Hcct). La deuxième session de cette institution, qui porte sur «La fonction publique locale, enjeux et perspectives pour une meilleure gouvernance des territoires», a servi de prétexte pour étudier cette question. Ainsi, depuis le 13 mars, les membres du Hcct ont réfléchi sur la fonction publique locale et sur le contexte de la grève de l’Intersyndicale des travailleurs des collectivités territoriales. Ces travaux, qui ont été clôturés hier, ont permis de retenir deux avis sur cette grève qui commence à perdurer et causer un lourd préjudice aux populations sénégalaises.
D’après Ives Lamine Ciss, président de la Commission des études de planification, du suivi et de l’évaluation des politiques de décentralisation, de développement et d’aménagement du territoire, «ces avis concernent l’effectivité de la fonction publique locale, mais aussi comment on peut aider à faire la promotion du centre national de la fonction publique locale et de la formation». Concernant le premier avis portant sur l’effectivité de la fonction publique locale, les membres du Hcct sont partis de la loi 2011-08 du 30 mars 2011, qui est à l’origine de tous ces problèmes. «Ses articles 29 et 30 disent clairement que quand on augmente les salaires des agents de la Fonction publique d’Etat, on doit augmenter aussi les salaires des agents territoriaux. C’est ça qui a causé le problème, parce qu’on a augmenté les salaires des agents de l’Etat, mais on ne l’a pas fait pour les travailleurs des collectivités territoriales», a-t-il avoué. Mais, selon lui, les raisons de cette situation sont nombreuses. «Quand on a fait l’analyse, cela est dû à plusieurs raisons, parce qu’il y a beaucoup de communes ou de conseils départementaux qui ne peuvent pas prendre en charge la revalorisation des agents des collectivités», a-t-il précisé.
Mais, pour mieux situer les responsabilités, le Haut-conseil des collectivités territoriales a procédé à un recensement des agents. «Il y a 16 mille 536 agents au niveau des collectivités territoriales. Sur les 16 mille 536, il y a 635 aujourd’hui qui sont en règle. Pour ceux qui sont en règle, nous demandons à l’Etat de revaloriser leurs salaires et de les payer. Nous avons constaté aussi qu’il y a 50 collectivités territoriales qui peuvent payer effectivement la revalorisation des salaires. Nous demandons à l’Etat, au président de la République, de prendre un décret pour payer les agents qui sont en règle. Il y a près de 7000 agents qui sont en voie de régularisation. Je pense qu’on doit demander aux collectivités territoriales de régulariser rapidement ces agents pour que l’Etat puisse les prendre en charge. Concomitamment à ça, on a demandé aux collectivités qui peuvent payer de le faire. On demande aussi à l’Etat d’aider les communes qui ne peuvent pas payer, pour que tous les agents des collectivités territoriales puissent être pris en charge par cette loi. L’autre aspect est qu’il y a des agents, au nombre de 2776, qui sont dans le panier rouge. Ce sont des gens qui sont irréguliers. Nous demandons aussi un plan social pour aider ces gens à sortir des collectivités territoriales, pour qu’on ait un effectif adéquat pour les collectivités territoriales», a-t-il détaillé. Pour Ives Lamine Ciss, «l’Etat doit revaloriser les salaires». C’est dans ce sens qu’il invite les autorités à prendre un décret pour autoriser les agents du Trésor à payer ces gens qui sont plus que déterminés à bénéficier des mêmes avantages que les travailleurs de l’Etat. «Pour les collectivités qui peuvent payer, que l’Etat fasse un décret pour que les percepteurs et le Trésor paient les gens. Pour celles qui ne peuvent pas le faire, que l’Etat les prenne en charge pour que cette grève, qui cause du tort aux populations sénégalaises, cesse. Il est temps que cette grève s’arrête», a-t-il suggéré.
Le second avis émis par le Hcct concerne le Centre national de la fonction publique locale et de la formation. Créé en 2002, il tarde à être opérationnel. «C’est pourquoi on a demandé à l’Etat d’augmenter les moyens en ressources humaines et financières pour que le centre puisse vraiment dérouler un plan d’actions», a dit Ives Lamine Ciss.
Pour résoudre de manière définitive ces problèmes, le Hcct invite le chef de l’Etat à prendre en charge ces avis. «Nous lançons aujourd’hui un appel crucial au président de la République pour qu’il prenne en charge ces avis que nous allons déposer bientôt. Pour nous, ce sont les populations qui souffrent de cette grève, particulièrement les élèves. Aujourd’hui, l’avenir de certains apprenants est en jeu. Si un élève doit faire un concours ou aller étudier à l’extérieur, il a des difficultés pour accéder aux papiers, extraits de naissance et autres. Nous pensons que la position des collectivités territoriales est très claire. Ils ont dit qu’il n’y a pas de plan d’actions en réalité», a-t-il fait savoir.
POUR SERVICES «RENDUS» A LA NATION : 8 CONSEILLERS DECORES
Le Hcct ne s’est pas seulement penché sur la situation des travailleurs des collectivités territoriales. Il a été également très reconnaissant à l’endroit de certains membres qui se sont illustrés par les loyaux services rendus à la Nation, en les décorant dans l’Ordre national du Lion et dans l’Ordre du mérite. 8 membres ont ainsi été distingués par l’institution. «Ces distinctions représentent un témoignage public de reconnaissance pour les bons et loyaux services que vous avez rendus à la Nation sénégalaise dans les différentes positions que vous avez occupées durant vos riches carrières professionnelles. La Nation, sachant apprécier votre dévouement à la chose publique et votre apport à la communauté en tant que citoyens, vous récompense à travers cette cérémonie officielle de remise de décorations», a dit Aminata Mbengue Ndiaye. La présidente du Hcct a encouragé les récipiendaires à porter fièrement ces insignes qu’elle vient d’accrocher à leur poitrine et qui donnent l’image de leurs qualités, mais aussi les encouragements de la République. «Il faut toujours continuer à servir», a-t-elle ajouté.