«MON COMBAT POUR LA CRIMINALISATION DU VIOL …»
Députée à l’Assemblée nationale, membre du groupe parlementaire Benno Bokk Yakar, agricultrice de renom à Kolda, Coumba Baldé, rencontrée dans son terroir, le Fouladou, s’est prêtée aux questions du Témoin.
Députée à l’Assemblée nationale, membre du groupe parlementaire Benno Bokk Yakar, agricultrice de renom à Kolda, Coumba Baldé, rencontrée dans son terroir, le Fouladou, s’est prêtée aux questions du Témoin. Les violences faites aux femmes, la question des enfants de la rue, la construction de l’université de Kolda, le lycée technique et la réhabilitation de la boucle du Fouladou ont constitué les points essentiels de sa plaidoirie dans cet entretien.
Témoin : Mme la députée. Le marathon budgétaire 2020 vient de s’achever avec son lot de cacophonie et de guéguerre notée surtout entre les députés de la mouvance présidentielle. Cela ne confirme-t-il pas la thèse avancée par plus d’un et selon laquelle, cette 13eme législature est la plus médiocre de l’histoire politique du Sénégal ?
Coumba Baldé - Attendez ! Il ne faut pas juger le travail de toute une Assemblée par rapport aux querelles que se livrent deux ou trois parlementaires au sein de l’hémicycle. Bien que ces querelles soient déplorables, il faut quand même reconnaitre que des esclandres entre députés ne sont pas nouveaux dans l’histoire politique du Sénégal. Et puis, quelques fois même cela peut se comprendre par ce que nous sommes en démocratie. Le groupe parlementaire Benno Bok Yakkar auquel j’appartiens a fait un excellent travail. D’ailleurs, j’en profite pour féliciter son président, Aymérou Gningue, qui n’a ménagé aucun effort pour nous faciliter notre rôle de législateurs et de contrôleurs de l’exécutif. C’est pourquoi, les Sénégalais qui ont suivi tout le marathon budgétaire savent qu’il y a eu beaucoup de députés qui ont joué pleinement leur rôle avec des interventions qui cadrent avec les préoccupations des populations qu’ils représentent.
Justement, par rapport à ces préoccupations, actuellement la situation économique du pays est décriée partout avec des marches de protestation contre la hausse du prix de l’électricité. Ici, dans le monde rural, vous êtes témoins des affres de la précarité, non ?
Pas comme vous le prétendez quand même. Depuis l’arrivée du président Macky Sall au pouvoir, le gouvernement a consenti beaucoup d’efforts pour sortir le monde rural de la pauvreté. Plusieurs projets et programmes ont été lancés en ce sens. Les bourses de sécurité familiales et le PUMA constituent des exemples illustratifs de ces politiques qui visent essentiellement l’amélioration des conditions de vie dans les zones reculées du pays. Actuellement, il y a la seconde phase du Plan Sénégal émergent qui a été lancée par le chef de l’Etat. Et au niveau de Kolda, dans le cadre du PUDC, beaucoup de projets d’électrification et d’aménagement de pistes de production sont prévus. D’ailleurs, les études ont déjà démarré. Il ne reste que la finalisation pour débuter les travaux. Donc, il faut admettre que les populations de ce terroir ne sont pas oubliées par le Président Macky Sall.
Pourtant l’exode rural, l’émigration clandestine et le manque d’infrastructures de qualité continuent de plomber le Fouladou qui est réputé être une région riche en ressources naturelles. S’agit-il d’un échec des politiques publiques ou celui des représentants de cette zone au niveau des instances de prise de décisions ?
C’est vrai qu’il reste des choses à faire. En tant que porte-parole des populations de cette région, j’ai fait état de cette situation à l’hémicycle. L’année passée, j’avais constaté qu’un budget avait été alloué pour la construction du lycée technique de Kolda. Or, jusqu’à présent, cet établissement tarde à être effectif. Des élèves y sont orientés alors que les filières ne sont pas exhaustives. En ce qui concerne également l’extension de l’université Assane Seck de Ziguinchor à Kolda, les infrastructures n’ont toujours pas vu le jour alors qu’une telle réalisation va constituer un grand soulagement pour les nouveaux bacheliers de la région. Par ailleurs, des lenteurs sont aussi notées dans la construction, depuis 2016, du pont de Ilel situé dans la zone de Sikilo. Il y’a également la réhabilitation de ce qu’on appelle la boucle du Fouladou. A savoir la route qui relie Kolda et des commune comme Pata, Medina Yoro foula, Dabo et Fafacourou. En outre, la route de Salikegné qui traverse trois communes jusqu’à la frontière avec la Guinée Bissau doit être construite pour faciliter la mobilité dans cette zone. Toutes ces doléances de ma communauté, je les ai soumises à l’Assemblée nationale afin que des mesures idoines soient prises par l’Etat en ce sens.
Toujours à l’Assemblée, face au ministre de la Famille, du Genre et de la Protection de l’enfance, vous avez plaidé pour le retrait immédiat des enfants de la rue. Des enfants qui, selon vous, proviennent en majorité de la région de Kolda dont vous êtes issue. N’est-ce pas là un cri de cœur chronique ?
Effectivement ! La situation des enfants de la rue est devenue très inquiétante au Sénégal. Mais nous, de la région de Kolda, je pense que nous sommes plus concernés par ce fléau. Lors du dernier jour de vote des projets de budget, j’ai interpellé le ministre en charge de la protection de l’enfance sur la question. Car, l’un des constats que j’ai faits sur ce phénomène est le fait qu’à Dakar tous les enfants qui circulent dans les rues pour la mendicité, sont originaires de ma région. D’ailleurs, il suffit juste de s’adresser à eux pour se rendre compte qu’ils parlent le pulaar de Kolda et ses environs. La plupart de ces enfants proviennent aussi de la Guinée Bissau, dans la zone frontalière de Kolda. Cependant, le ministre m’a rassuré sur le projet de retrait des enfants de la rue qui bientôt sera relancé. L’autre problématique qui est une préoccupation majeure de la gent féminine et particulièrement du réseau des femmes parlementaires, ce sont les violences faites aux femmes. Aujourd’hui, Al hamdoulillah ! Le projet de loi portant criminalisation du viol est annoncé à l’Assemblée nationale. Moi, en ce qui me concerne, née dans une région où cette barbarie est banalisée, mon combat pour la criminalisation du viol est date de longtemps. C’est de nos jours que les gens jugent la situation intolérable car les cas de viol sont devenus monnaie courante et défraient la chronique mais en réalité la pratique est ancienne
Selon vous, pourquoi dès l’annonce de ce projet de loi, une controverse s’est-elle installée à propos du texte et de son fond ?
Vous savez, très tôt, moi j’ai compris que pour mettre fin à ces actes qui portent atteinte à la dignité de la femme, il fallait que je travaille avec les associations féminines de ma localité pour une large sensibilisation. Ceci permet aux populations une meilleure compréhension des problèmes et conséquences qui résultent du viol. Donc, j’estime que c’est juste une question de compréhension des enjeux. C’est pourquoi, en tant que parlementaire, je suis disposée à accompagner les autorités en charge de la question pour mieux sensibiliser les acteurs concernés. Mais au delà de ca, il y a d’autres fléaux comme l’excision et les mariages précoces qui sévissent dans le monde rural. Les femmes en souffrent également dans cette région.
En tant qu’agricultrice, quelle note accordez-vous à la politique du président Macky Sall dans ce secteur ?
L’agriculture est au cœur de la politique du chef de l’Etat Macky Sall. Sa volonté est de moderniser ce secteur considéré depuis longtemps comme étant l’apanage des pauvres. Sur ce, beaucoup d’investissements ont été faits dans ce secteur à travers le PSE. Une des mesures phares prises par le chef de l’Etat a été la subvention du prix des tracteurs au profit des agriculteurs. Le prix de la machine s’élevait à 30 millions de FCFA. Actuellement, l’Etat subventionne les 2/3 de cette somme, en plus des intrants agricoles. Et puis, en ce qui concerne le volet financement, les prêts sont accordés pour une durée de quatre ans. Donc il faut saluer les avancées notées dans le domaine de l’agriculture depuis l’arrivée du président Macky Sall au pouvoir.