L'OBSESSION PRÉSIDENTIELLE DU CONSENSUS RELIGIEUX
L'annonce récente de Diomaye marque une nouvelle étape dans la longue tradition de coordination des affaires religieuses au sommet de l'État. Cette quête de l'équilibre entre politique et religion reflète la complexité du paysage spirituel sénégalais
Les pouvoirs qui se sont succédé au Sénégal ont essayé de trouver un élément fédérateur par la création d’une structure de coordination des affaires religieuses. Du président Abdoulaye Wade à Bassirou Diomaye Faye, en passant par Macky Sall, chaque chef d’Etat a essayé d’imprimer son label à la gestion très spéciale des affaires religieuses au Sénégal.
«D’ici quelque temps, je mettrai la dernière touche sur le choix de la personnalité qui fera, j’en suis sûr, l’unanimité pour coordonner la pratique religieuse au Sénégal », a déclaré le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, en visite dans la cité religieuse de Tivaouane qui s’apprêtait à célébrer la naissance du prophète Mouhamed, le dimanche 15 septembre 2024.
Selon Bassirou Diomaye Faye, « il s’agit de nommer une personnalité qui va parcourir tous les foyers religieux, afin de susciter une démarche commune, qui conduit une vision qui rassemble en rassurant”, a indiqué le chef de l’Etat. Le 17 avril dernier, en Conseil des ministres, il a été décidé la création d’une Direction des Affaires religieuses logée à la Présidence. La création d’une direction pour les affaires a toujours été constatée au fil des régimes. Macky Sall avait ainsi créé une Inspection des daara au sein du ministère de l’Éducation nationale qu’il a par la suite transformée en Direction logée au sein du même ministère, quelques semaines avant son départ, à l’issue de la deuxième édition de la Journée des daara qu’il a présidée à Diamniadio.
Créée par un décret du 6 décembre 2023, cette Direction avait pour objectif de matérialiser « la volonté de l’État de faire de la modernisation des daara un levier d’inclusion et un socle primordial de valorisation du capital humain national », selon le communiqué du Conseil des ministres. Elle devrait ainsi dérouler un programme de renforcement de capacités des acteurs professionnels pour « donner des outils pédagogiques aux maîtres coraniques », avait indiqué Macky Sall. Mieux, l’ancien président de la République, Macky Sall, pour maintenir de bons rapports avec les différentes familles religieuses, avait un programme spécialement destiné à la modernisation des cités religieuses. Plusieurs infrastructures sont ainsi construites à Tivaouane, Ndiassane, Kaolack, Popenguine entre autres. Les villes à connotation religieuse ont également bénéficié du programme d’assainissement.
A Touba plusieurs milliards ont été investis dans la lutte contre les inondations et l’assainissement. Abdoulaye Wade, président de la République avait également nommé un ministre conseiller chargé des Affaires religieuses en la personne de Feu Mamadou Bamba Ndiaye, journaliste. C’était une première au Sénégal. Cette décision avait été prise dans un contexte de controverse entre le chef de l’Etat et des religieux, en rapport notamment avec la construction du monument de la Renaissance africaine. La création de ce ministère sous Abdoulaye Wade est intervenue après que Jean Paul Diaz, leader politique et opposant au régime, avait été arrêté à la cathédrale alors qu’il assistait à une messe du vendredi saint.