KIRSTY COVENTRY, L’HEURE DE L’AFRIQUE ET DES FEMMES
« Libérer le pouvoir transformateur du sport avec un mouvement olympique plus fort, plus durable et plus pertinent ». C’est l’ambition clairement affichée par la Zimbabwéenne, Kirsty Coventry, candidate à la présidence du Comité international olympique
« Libérer le pouvoir transformateur du sport avec un mouvement olympique plus fort, plus durable et plus pertinent ». C’est l’ambition clairement affichée par la Zimbabwéenne, Kirsty Coventry, candidate à la présidence du Comité international olympique (CIO). Une belle opportunité qui s’offre aux 110 membres du CIO pour matérialiser un vœu cher au Barron Pierre de Coubertin. Des JOJ en Afrique. Une africaine au perchoir et de surcroit une femme. L’heure de la révolution a sonné pour justifier les cinq anneaux. Au CIO donc de montrer encore une fois, la voix à la Fifa, a l’UEFA et à la CAF, autant d’organisations faîtières accusées à tort ou à raison de misogynie.
Qui du Prince Feisal Al Hussein, David Lappartient, Johan Eliasch, Juan Antonio Samaranch, Kirsty Coventry, Lord Sebastian Coe et Morinari Watanabe succèdera au Thomas Bach a la tête du Comité international olympique (CIO) ?
Le patron de l’olympisme mondial sera connu lors de la 144eme session du CIO prévue du 18 au 21 mars prochain en Grèce. Plus exactement le 20 mars.
Tour à tour, les 7 candidats ont été appelés a présenter leurs programmes à l’ensemble des membres du CIO lors d'une réunion qui s’est tenue à huis clos à Lausanne (Suisse) le 30 janvier dernier.
Une candidate sort du lot. D’abord parce qu’il s’agit d’une femme. Deuxièmement, elle est africaine. Ce sera donc extraordinaire si les 110 membres du CIO venaient à porter leur choix sur Kirsty Coventry
Mme Coventry a été élue membre du CIO en tant que membre de la commission des athlètes de 2013 à 2021 ; puis élue membre du CIO en tant que membre individuelle en 2021 (Charte olympique, Règle 16.1.1.1).
Née en 1983, elle a l’avantage de pouvoir se être réélue membre du CIO jusqu'à ce qu'elle atteigne la limite d'âge de 70 ans en 2053.
Conformément aux Règles 16.3.3.2.1 à 16.3.3.2.4 de la Charte olympique, elle peut même être proposée pour une prolongation de quatre ans de l’âge limite, à savoir jusqu'en 2057
Contrairement à d’autres candidats en lice, Kirsty Coventry remplit aussi toutes les conditions contenues dans les directives de la commission d’éthique du CIO présidée par le Sud-Coréen, Ban Ki-moon et publiées le 9 septembre 2024.
Kirsty Coventry qui siège egalement au comité exécutif communément appelé le « saint des saints », aux cotes de Denis Oswald (Suède) Thomas Bach (Allemagne) Docteur Robin E. Mitchell (Iles Fiji), Madame Nawal EL Moutawakel (Maroc), Juan Antonio Samaranch (Espagne), S.A l’émir Cheik Tamin Bin Hamad Al-Thani (Qatar), Madame Nicole Hoevertsz (Aruba), S.A.S le Prince Feisal Al Hussein (Jordanie), Docteur Gerardo Werthen (Argentine), Madame Lingwei LI (Chine), Mme Mikaela Cojuangco Jaworski (Philippines), Monsieur Nenad Lalovi (Serbie), Monsieur Ivo Ferriani (Italie), Madame Kristin Kloster (Norvège) et Madame Emma Terho (Finlande) joue la carte des athlètes.
Ce qui n’étonne personne. Et pour cause, l’ancienne nageuse du Zimbabwe, souvent présentée comme la candidate de Thomas Bach, reprend également certaines des priorités du dirigeant allemand, dont l’importance de l’intelligence artificielle et l’urgence d’engager les nouvelles générations, via les réseaux sociaux et les sports électroniques.
« Je serai au service des athlètes en maintenant un dialogue ouvert et en veillant à ce que leurs besoins soient prioritaires », a-telle déclaré.
Ayant toujours l’esprit du Barron Pierre de Courbin en bandoulière, elle fait partie des trois candidats (avec David Lappartient et Feisal Al Hussein) qui ont présenté leur programme en trois langues internationales (française, anglaise et espagnole)
Avec un programme qui repose sur cinq priorités clés, l’ancienne ministre des sports du Zimbabwe, sept fois médaillée olympique, dont 2 en or,4 en argent et 1 en bronze, compte « mobiliser la force du sport ; maximiser la collaboration et l’engagement ; renforcer les partenariats en vue d’une croissance mutuelle ; relever le défi du développement durable ; faire progresser la crédibilité et la confiance ».
Elle envisage aussi de « déployer l’expertise des FI (Fédérations internationales) pour renforcer la portée de chaque évènement ; de mettre les Jeux olympiques entre les mains et dans le cœur de chacun ; de construire un monde meilleur grâce au sport ; avec une tolérance zéro pour la corruption, le dopage et les comportements contraires à l’éthique ».
Au mouvement olympique, elle déclare ceci : « Je suis parce que nous sommes »
Kirsty Coventry est aussi connue pour son courage et sa lutte contre la discrimination. Le site Francs Jeux, a rappelé a juste titre qu’elle faisait en effet partie du comité qui a validé la participation de Lin Yu-ting et Imane Khelif aux Jeux de Paris 2024 alors que l’IBA, se basant sur un test de genre, avait disqualifié les deux boxeuses des Championnats du monde 2023. Face aux polémiques, la presse l’a invitée à s’expliquer. « C’est un sujet compliqué. On gérerait peutêtre les choses différemment si on revenait en arrière », avaitelle répondu, pointant que le problème ne s’était pas manifesté avant – Lin et Khelif avaient boxé aux JO 2020, sans soulever une telle polémique. « En tant que sportive, vous voulez être sur un terrain d’égalité. Notre travail est de créer un tel environnement. Nous allons tirer des enseignements et mettre en place de meilleures réglementations avec le temps », avait promis la candidate.
IL EST TEMPS D’ADOPTER « UN CNO, UNE VOIX »
Depuis la création du CIO en 1894, neuf présidents se sont succédé. Du Grec Dimitrios Vikelas (1894-1896) a l’Allemand Thomas (Depuis 2013) en passant par le Baron Pierre de Coubertin (1896-1925) et Marquis Juan Antonio Samaranch (1980-2001), il n’y a qu’un seul président qui n’est issu du vieux continent. Il s’agit de l’Américain Avery Brundage (1952-1972). Mais c’est plutôt au niveau du m o d e d’élection de son président que le CIO est qualifié d’institution rétrograde, archaïque, réfractaire au changement et à la démocratie. E t dire qu’il a été l’une des premières instances faîtières à instituer les limitations des mandats (un p r e m i e r mandat de 8 et un second de 4 ans) depuis J a c q u e s R o g g e (2001-2013). Il serait donc temps que le CIO s’arrime au mode d’élection plus démocratie, plus participatif et plus inclusif en option pour le système un CNO, une voix, a l’instar de la Fifa, la CAF etc. et d’arrêter de faire subir ses 206 associations, le diktat de 110 membres du CIO.
En attendant cette autre révolution, Kirsty Coventry devrait retrousser les manches, pour convaincre ses collègues qu’audelà de son « africanité » et de l’aspect genre, elle a des épaules suffisamment larges pour maintenir la flamme olympique toujours plus vite, plus haute, plus forte. Et ensemble !