«NOUS N’IRONS PAS FAIRE DE LA FIGURATION AU MONDIAL»
Sélectionneur des U-20 du Sénégal, Malick Daf distille les secrets de la victoire du Sénégal à la CAN U-20 et affiche ses ambitions avant la Coupe du Monde de cette catégorie
Sélectionneur des U-20 du Sénégal, Malick Daf distille les secrets de la victoire du Sénégal à la CAN U-20 et affiche ses ambitions avant la Coupe du Monde de cette catégorie. Après trois finales successivement perdues, Malick Daf est l’homme qui a conduit le Sénégal à la victoire en Coupe d’Afrique des Nations U-20. Une première pour le pays de la Teranga. Ancien entraîneur des U-17, le Sénégalais connaît parfaitement les joueurs qu’il a à sa disposition. Initié à l’art du coaching par le regretté Joseph Koto – « il ne se passe pas un seul jour sans que je pense à lui » – Daf caresse le doux rêve de ramener le trophée de la Coupe du Monde au Sénégal. Daf s’est entretenu avec FIFA.
La sélection U-20 du Sénégal est enfin sacrée championne d’Afrique, on se rappelle les trois finales successivement perdues en 2015, 2017 et 2019. Quels sont les sentiments qui vous animent ?
Nous sommes premièrement satisfaits du travail que nous venons d’accomplir. C’est toujours très important pour un entraîneur de gagner des trophées. Deuxièmement, je dirais que nous sommes soulagés. Je ne dirais pas que nous étions sous pression mais nous nous devions de gagner ce tournoi et de briser le signe indien.
Tout au long de cette CAN U-20, les Lionceaux de la Teranga ont été impressionnants : 6 matches joués, 6 victoires, 14 buts marqués, aucun encaissé. Le Sénégal repart avec tous les prix individuels, meilleur joueur (Lamine Camara) meilleur buteur (Pape Demba Diop) et meilleur gardien (Landing Badji). Quels sont les secrets de la réussite de votre équipe?
Le travail. J’ai un groupe de bosseurs. Ils sont très jeunes, ils ont déjà acquis beaucoup d’expérience et l’une des mes principales satisfactions est qu’ils comprennent les exigences du haut niveau. Ils sont toujours à l’écoute et appliqués. Ce sont des amoureux du jeu et, pour aller plus loin, je dirais même du beau jeu. Ils parlent beaucoup de football entre eux. Ils sont passionnés par ce qu’ils font et ils se donnent les moyens de progresser. On voit des sensibilités qui se dégagent. Il y en a un qui sera l’apôtre du 4-3-3 avec ses arguments, l’autre va objecter avec ses arguments. On a à faire à de sacrés débats dans cette sélection (rires). C’est agréable de les voir s’exprimer hors et surtout sur le terrain. Un autre avantage, c’est que nous avons grandi ensemble. J’ai eu à ma charge la plupart de ces joueurs en U-17. On se connaît. Nous étions à la Coupe du Monde au Brésil, où nous avons perdu en huitième de finale contre l’Espagne 2-1. Il est bon de suivre une génération. Cette continuité est aussi un des facteurs de notre réussite à cette CAN.
Vous dites constamment que vous vous préférez vous concentrer sur les forces et les atouts de son équipe plutôt que de prendre en considération les facultés de l’adversaire. Quelle est la philosophie de jeu de Malick Daf ?
(Il sourit) Lorsque vous construisez une équipe, vous devez connaître parfaitement tous les éléments qui la composent et surtout avoir confiance en eux. Nous, les entraîneurs des catégories juniors, nous sommes encore des éducateurs. Notre rôle est de les galvaniser. Je veux que lorsque mes joueurs entrent sur un terrain, ils se disent qu’ils sont les meilleurs, peu importe l’adversaire qui est en face. C’est la règle numéro 1. Ils se disent qu’ils sont les meilleurs parce que je pense qu’ils sont les meilleurs. Si en tant qu’entraîneur je n’ai pas foi dans les capacités de mon équipe, mon rôle est vain. Ce gain de confiance permet d’imposer notre identité de jeu. Un joueur en confiance va tenter plus de choses, va réussir plus de choses et la probabilité de gagner est plus grande.
Longtemps considéré comme un colosse aux pieds d’argile, le Sénégal vient d’empocher quatre titres de champion d’Afrique en 13 mois (CAN, CAN de Beach Soccer, CHAN et CAN U20). Comment expliquez-vous cette métamorphose ?
Après 65 ans sans rien gagner, il fallait bien se réveiller. (Rires). Nous avons longtemps porté ses costumes de favoris et trébuché sur la dernière marche. Ces 13 derniers mois sont le résultat d’une remise en question, d’une prise de conscience. La fédération a fait son travail en nous mettant dans de bonnes dispositions (stages, nouveaux moyens technologiques, ateliers…). Entre entraîneurs nous échangeons beaucoup. Lors de notre tournoi, Mame Moussa Cissé le sélectionneur des féminines, Pape Thiaw l’entraîneur des Lions locaux vainqueurs du CHAN, sont venus nous voir. On a discuté, on a échangé nos expertises et on s’entraide. Cette solidarité est essentielle pour le développement de notre football.
Qu’attendre du Sénégal pour la Coupe du Monde U-20 ?
On n’y va pas pour faire de la figuration. Nous voulons représenter dignement l’Afrique et le Sénégal. On a beaucoup d’ambitions tout en restant humbles. Nous sommes présents dans la cour des grands en compagnie de très grandes nations du football. Nous avons l’équipe qui faut pour aller le plus loin possible. Quand je dis le plus loin c’est-à-dire jusqu’à la victoire finale.
Vous vous projetez déjà ?
Oui, j’ai déjà rangé le trophée de la CAN dans l’armoire. Mon esprit est maintenant dans la préparation de ce Mondial. C’est une compétition de grande envergure, il faudra bien la préparer, car en tant que champions d’Afrique nous n’avons pas le droit à l’erreur.