«DANS L’ORDRE NORMAL DES CHOSES», SELON DES AVOCATS DE LA DEFENSE
CHAMBOULEMENT AU NIVEAU DE LA COUR SUPREME

La nomination de Mamadou Badio Camara à la tête de la Cour suprême, en remplacement à Pape Ousmane Sakho, appelé à faire valoir ses droits à la retraite, n’est que l’ordre normal des choses. Prenant à contrepied Me Seydou Diagne, qui se dit inquiet du changement opéré au sein de la Cour suprême surtout avec le nouveau Procureur général Cheikh Tidiane Coulibaly, dans un contexte politique lourd de suspicions, une source judiciaire proche du dossier Karim wade, joint par la rédaction, a estimé qu’il n’y a pas de « quoi fouetter un chat ». Me Baboucar Cissé, l’un des avocats de Bibo Bourgi, a dit espérer simplement, pour sa part, que le droit sera dit.
«Il y a un premier président qui est parti à la retraite et qui a été remplacé. Le procureur général ayant pris la place du premier président a été remplacé, c’est tout. C’est l’ordre normal des choses». Ces propos sont d’un des conseils de Karim Wade, joint au téléphone par la rédaction. Notre interlocuteur qui a préféré gardé l’anonymat a trouvé qu’il n’y a d’acte politique ou politicien dans le changement opéré au niveau de la Cour suprême, le vendredi 27 mars dernier, au sortir de la réunion du Haut conseil supérieur de la Magistrature, présidée par le président de la République, Macky Sall.
Le remplacement du magistrat Pape Ousmane Sakho par Mamadou Badio Camara à la tête de la Cour suprême, et les nominations qui l’ont accompagné, est survenu après l’introduction du pourvoi en cassation au niveau de cette juridiction par les avocats de la défense. De l’avis de notre source, «d’habitude, les gens voient des problèmes partout. Alors qu’en fait, il y a ce qu’on appelle l’ordre normal des choses». A l’en croire, le magistrat Pape Ousmane Sakho est atteint par la limite d’âge et il n’est pas question de remaniement, bien que cela est arrivé au moment où Karim Wade et cie sont condamnés. «Celui-là, il faut bien qu’on le remplace», trouve-t-il tout naturellement avant de renchérir que «les hommes passent, les institutions demeurent».
Me Baboucar Cissé, avocat de Bibo Bourgi, un des complices de Karim Wade, a de son coté fait part de l’espoir qu’il fonde sur la Cour suprême. Se refusant de faire tout commentaire de ce changement opéré à la tête de ladite Cour et en interne, Me Cissé a indiqué qu’il espère simplement que le droit sera dit. Pour le conseil de Bibo Bourgi, « avec les éléments de droit et les motifs qu’on a invoqués pour la cassation, nous espérons que la Cour suprême va nous suivre».
N’affichant aucune appréhension dans ces changements au sein de la Cour suprême, l’avocat a estimé toutefois que demander une quelconque grâce serait reconnaitre sa condamnation. Qui plus est, Me Cissé a indiqué qu’il est «vraiment prématuré de parler de grâce».
A l’en croire, «c’est comme si on y allait avec un esprit défectif», allusion faite à l’introduction du pourvoi en cassation au niveau de la Cour suprême par les avocats de la défense.
Le nouveau premier président de la Cour suprême, rappelons-le, aura la redoutable tâche de dire si la Crei qui a condamné Karim Wade à six ans de prison, a bien appliqué la règle de droit, sans se prononcer sur les faits.