VIDEO 17 MILLIONS D’AFRICAINS MORTS, DÉPORTÉS OU CASTRÉS PAR LES ARABES
“Les Noirs étaient les peuples les plus adaptés à l’esclavage du fait de leur niveau inférieur d’humanité” - Enquête historique de l’anthropologue Tidiane Ndiaye
Frédéric ATAYODI |
Publication 20/05/2013
La traite négrière - transatlantique - dans laquelle les puissances européennes se sont illustrées, est bien connue. On en parle beaucoup dans les débats, les manuels d’histoire, etc. Mais celle pratiquée par les pays arabes et qui n’était pas moins atroce, est très peu connue, volontairement occultée par les élites noires, constate l’anthropologue Tidiane N’diaye.
Dans une enquête historique publiée chez Gallimard, intitulée «Le génocide voilé ou la traite négrière arabo-musulmane », l’anthropologue Tidiane N’diaye met en exergue la traite arabe que les intellectuels africains se refusent d’évoquer «par solidarité religieuse». Bien qu’il s’agît d’une extermination savamment programmée d’une race considérée comme inférieure.
Tout compte fait, Tidiane N’diaye considère la traite arabe plus dévastatrice que la traite transatlantique, qui d’ailleurs est reconnue comme « crime contre l’humanité ».
«Le traite négrière pratiquée par les arabo-musulmans fut un véritable génocide parce que le sort qui était réservé aux captifs africains apparait aujourd’hui avec le recul comme une sorte d’extinction ethnique à terme, et programmé par castration massive », tranche Tidiane N’diaye.
« On sait aujourd’hui qu’ils (les Noirs) ont pratiquement tous disparus en dépit des masses énormes d’Africains qui déportés dans les pays arabo-musulmans. Il y avait cette volonté d’éliminer un peuple», ajoute le chercheur.
Se basant sur des témoignages directs d’explorateurs comme Livingston et Stanley, des témoignages directs de marchands arabes et des travaux récents d’autres chercheurs, Tidiane N’diaye a pu établir un bilan lourd de cette traite pratiquée par les pays arabes. «Globalement, on arrive à 17 millions de morts, de déportés ou de castrés par les Arabes».
Selon lui, rien qu’au Sahara, ce sont 9 millions de captifs qui sont déportés dans «des conditions inhumaines», dont 2 millions ont péri ou sont restés en bordure du désert. Quant à la traite orientale qui s’est déroulée dans les régions proches de la mer rouge et de l’Océan indien, toujours pratiquée par les Arabes, le bilan est évalué à 8 millions de victimes.
Toutefois, du fait de la castration, on ne rencontre qu’une petite minorité de Noirs qui a survécu. Beaucoup ont d’ailleurs disparu en Turquie, en Iran, au Yémen, en Arabie saoudite… Inversement, dans le cadre de la traite transatlantique, il y a aujourd’hui 70 millions d’individus qui sont descendants ou Métis africains, qui peuplent les Amériques, des Etats Unis au Brésil, en passant par les Caraïbes. « Alors que dans les pays arabo-musulmans, on ne trouve pas de traces », se désole M. N’diaye.
Pourquoi donc y a-t-il un silence aussi assourdissant de la part des intellectuels noirs sur ce pan de l’histoire? Pour le chercheur, «cette amnésie volontaire de la part des élites noires sur la question peut s’expliquer par le fait que beaucoup de chercheurs ont encore du mal a passé d’une vision mémorielle affective de cette histoire, à une approche distanciée et scientifique d’une histoire qui ne traite que des fait avérés».
Les élites arabes aussi n’ont jamais défendu les Noirs de ce racisme. Même face à des « inepties » d’érudits arabes comme Ibn Khaldoum qui prétend que les Noirs étaient les peuples les plus adaptés à l’esclavage du fait de leur niveau inférieur d’humanité, «aucune voix sérieuse dans le monde arabe n’a réagi pour les défendre», s’étonne le scientifique.
Tidiane N’diaye s’offusque de ce que ce génocide continue aujourd’hui encore au Darfour sous les yeux de la communauté internationale. De son point de vue, le génocide et la traite négrière arabe doivent être examinés et versés au débat au même titre que la ponction transatlantique qualifié, elle «à juste titre de crime contre l’humanité» "Pour l’Afrique noire, la traite arabe a été plus décasteurs que la traite transatlantique"
Ecrivain, anthropologue, économiste Tidiane N'Diaye est le premier chercheur africain dont les travaux (Traite négrière arabo-musulmane, Le génocide voilé, à propos de la traite arabe) ont été nominés au Prix Renaudot de l'essai en 2008. Il est membre du jury du prix littéraire La Mamounia. Professeur d'économie descriptive, il est Directeur de Recherches à Sup de Co Caraïbes.
