Abdoulaye Daouda Diallo «accuse» le sommet de la Francophonie et les bourses familiales
GONFLEMENT DE 32 MILLIARDS DU BUDGET DE LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE
Sous le feu nourri des critiques de l’opinion fortement indignée par les décrets d’avances, les autorités gouvernementales multiplient les déclarations pour arrêter la tempête politico-médiatique qui les éclabousse. Après le communiqué du ministère de l’Economie et des Finances, le ministre du Budget est monté hier au créneau pour justifier le bien-fondé de la prise des fameux décrets. Et contrairement à qui se dit, soutient Abdoulaye Daouda Diallo, le budget de la Présidence n’a pas connu d’augmentation. Il y a juste eu une réaffectation de crédits à des structures rattachées à la Présidence comme la Délégation générale à la solidarité nationale et à la protection sociale (Dgsnps) et la Délégation générale de la francophonie.
Pour couper court au tollé suscité par les 26 décrets d’avances pris par le Président Macky Sall en l’espace de 15 mois, le ministre du Budget a tenu hier à s’expliquer sur la question. C’était en marge de l’atelier national sur l’état de mise en œuvre des réformes de l’Uemoa. D’entrée, Abdoulaye Daouda Diallo indique qu’un décret d’avance est une disposition prévue par la loi de finance de 2001 en son article 12. Et, selon lui, c’est dans le respect de cette disposition que le chef de l’Etat a été amené à prendre quelques décrets d’avances pour faire face à l’urgence. «Les 26 décrets ont été pris entre 2012 et début 2013 parce qu’il y a eu des situations qui les ont justifiés. Ce n’est pas une augmentation du budget de la Présidence. Il y a eu des dépenses qui sont plus urgentes que d’autres et nous avons eu à réaffecter ces crédits-là, c’est aussi simple que cela», tente d’évacuer le ministre du Budget.
Aussi, Abdoulaye Daouda Diallo balaie-t-il d’un revers de main les allégations faisant état de la réduction du budget du ministère de la Santé lors de la Loi de finances rectificative. «Ce n’est pas le cas ! En effet, une enveloppe de 10 milliards a été affectée à la Caisse autonome de protection sociale universelle (Capsu) logée au ministère de la santé. Il s’est trouvé qu’au niveau de cette caisse, il y avait deux éléments qu’il fallait prendre en compte ; le premier est relatif aux bourses familiales et le second à la Couverture maladie universelle», détaille-t-il. Or il appartient à la Délégation générale à la solidarité nationale et à la protection sociale (Dgsnps) logée à la Présidence de la République de procéder à la distribution des bourses familiales. «C’est ainsi que les 5 milliards qui sont affectés à cette structure et antérieurement logés au ministère de la Santé ont été réaffectés à la Délégation à la solidarité nationale. Conséquemment, il y a eu une diminution d’égal montant du budget du ministère de la Santé», explique Abdoulaye Daouda Diallo.
Il indique, par ailleurs, que l’affectation des fonds pour les préparatifs du prochain sommet de la Francophonie fait croire à une augmentation du budget du président de la République. Explications du ministre du Budget : «Il y a l’organisation du sommet de la Francophonie dont le budget n’était pas prévu dans la Loi de finances initiale parce que la décision a été prise bien après. Nous avons le devoir de tout faire pour être au rendez-vous au mois de novembre 2014. A cet effet, un budget de 14 milliards a été affecté à la Délégation de la Francophonie qui dépend de la Présidence».
En raison de tous ces réajustements, il juge tout à fait normal que le budget de la Présidence connaisse une certaine augmentation. «Toutefois, même si ces fonds sont réaffectés à la Présidence, ils ne sont pas sous contrôle direct du président de la République», jure le ministre du Budget.