CHERCHEURS ET DECIDEURS POLITIQUES EN CONCLAVE
UTILISATION DES RESULTATS DE LA RECHERCHE POUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE
Dakar a abrité hier, mardi, la première édition du forum national de vulgarisation des résultats de la recherche économique et sociale sur le Sénégal et les pays de l’Afrique de l’Ouest. Lors de la cérémonie d’ouverture de cette rencontre présidée par le Premier ministre, un chercheur a indiqué que le Pib du Sénégal suivra sa trajectoire des années 2000-2005 et n’augmentera que de 4% sur une période de 11 ans, si aucune politique de relance de l’agriculture n’est envisagée.
Présentant les résultats d’une étude intitulée «Croissance agricole et options d’investissement pour une réduction de la pauvreté au Sénégal», dans le cadre de la tenue du Forum de vulgarisation des résultats de la recherche économique et sociale, ouvert hier, mardi à Dakar, Fatou Cissé, chercheure et membre du Cres, a indiqué que l’agriculture sénégalaise « restera la principale source de croissance et de réduction de la pauvreté, aussi bien au niveau national qu’au niveau rural au cours des 15 prochaines années. »
Cependant, a-t-elle précisé, cette croissance du Produit Intérieur Brut (Pib) « suivra sa trajectoire des années 2000-2005 et n’augmentera que de 4% sur une période de 11 ans, si aucune politique de relance de l’agriculture n’est envisagée. »
Pis, elle a indiqué que «La poursuite des tendances passées du secteur de l’agriculture ne mène pas à la réduction de moitié de l’incidence de la pauvreté nationale en 2015».
Ainsi, pour anticiper sur cette tendance baissière, elle a prôné la mise en œuvre du Programme détaillé de développement de l’agriculture en Afrique (PDDAA). L’exécution de ce plan qui prévoit une hausse du budget alloué à l’agriculture de 4% à 10%, assurerait, selon elle, une réduction de moitié de l’incidence de la pauvreté.
Organisée dans le cadre du partenariat entre le Consortium pour la recherche économique et sociale (CRES) et la Stratégie de croissance accélérée (SCA), cette rencontre,première du genre organisée par les deux structures, vise à créer un cadre d’échange entre le monde de la recherche et celui de la prise de décision économique et sociale dont «les relations ont évolué pendant longtemps de façon assez parallèle», selon Abdoulaye Diagne, directeur général du Cres. Autrement dit, elle vise à rendre accessibles les résultats des recherches aux décideurs politiques afin de mieux les outiller pour «agir vite et mieux» dans la mise en œuvre de politique de qualité pour une croissance et un développement durables.
Ainsi, dans son allocution, le professeur Abdoulaye Diagne a plaidé la création d’espaces de communication et de partenariat propices au développement d’une recherche qui contribue à l’application de politique de qualitépour rendre plus efficace cette relation de partenariat entre décideurs politiques et chercheurs.
Mimi Touré engage les différents départements ministériels
De son côté, le Premier ministre, Aminata Touré a salué la plateforme d’échanges initiée par le Consortium pour la recherche économique et sociale (CRES) et la Stratégie de croissance accélérée (SCA). De son avis, elle «offre l’occasion de lancer un appel aux acteurs du monde de la recherche pour qu’ils s’intéressent davantage aux questions clés du développement de notre pays».
A ce titre, elle a engagé les différents départements ministériels à accorder une importance particulière aux résultats de la recherche dans les différents domaines de l’économie et du social, mais également de veiller à leur exploitation judicieuse dans leurs activités de tous les jours.
«Par la qualité des recherches menées dans les différents secteurs comme l’éducation, l’agriculture, la protection sociale, les institutions comme le CRES donnent aux décideurs des preuves et des points d’appui dont ils ont besoin pour formuler et conduire des politiques publiques efficaces“, a-t-elle soutenu.
Poursuivant, elle ajoute que face à la multiplicité et à la complexité des problématiques économiques et sociales « auxquelles nos gouvernements sont de plus en plus confrontés, des problématiques exacerbées par les mutations rapides des économies mondiales, il faut reconnaître que les différences entre les nations sont fortement influencées par la place accordée à la recherche et à l’innovation dans la conduite des politiques, notamment des politiques publiques de développement».
Le Premier ministre a par ailleurs invité les acteurs du monde universitaire et de la recherche à s’impliquer fortement dans la nouvelle dynamique engagée par le gouvernement à mettre en œuvre un ensemble d’initiatives et de réformes pour un Sénégal émergent.