DES DEPUTES S’ENGAGENT A LUTTER CONTRE LA «XESSAL»
FREQUENCE DE 52 A 67% DE LA DEPIGMENTATION AU SENEGAL

Des femmes députées se sont engagées dans la lutte contre la dépigmentation en portant le combat de l’Aiida. Elles prônent d’ailleurs l’interdiction des importations des produits dermatocoïde.
Lutter contre les produits de dépigmentation est désormais un combat auquel se sont engagés des parlementaires. Sensibilisées, hier, par l’Association internationale d’information sur la dépigmentation artificielle (Aiida), ces députés comptent combattre les produits nocifs qui impactent négativement la santé des populations. Pour y arriver, ces femmes élues du peuple demandent aux autorités de veiller sur le contrôle de la circulation du corticoïde, une substance cancérigène sur le marché et qui est à la base de tous les produits pour le «xessal».
Dans sa présentation, Fatoumata Ly, présidente d’Aiida et dermatologue, a renseigné que les adolescentes et les femmes âgées sont les plus vulnérables à ce produit, avec une fréquence de 5 à 20% des dermatoses infectieuses et troubles pigmentaires. Et l’utilisation du dermatocoïde est la première cause de l’hospitalisation liée aux maladies de la peau. Alors que le traitement est très coûteux, puisque pouvant aller jusqu’à 2 millions de francs Cfa, soit 19% des revenus ménagers. Cet usage des produits de dépigmentation pour le «xessal» favorise, en outre, des maladies contagieuses comme la gale.
«De plus en plus, les hommes se dépigmentent»
Raison pour laquelle, dit-elle, «le choix des parlementaires n’est pas fortuit. Ce n’est qu’un premier pas et on espère qu’on arrivera à une loi réglementaire sur la cosmétologie. Les gens ne pensent pas qu’il y a des risques de cancer dus aux complications dermatologiques, mais ils existent», a déclaré Mme Ly qui souligne, par ailleurs, que «maintenant on se rend compte que de plus en plus, les hommes se dépigmentent. Cette dépigmentation n’est certes pas aussi massive comme les femmes, mais on sonne l’alerte avec le syndrome de l’agnelle avec 25% des cas. Il fait des ravages sous forme d’injection dont le coût du traitement est extrêmement élevé».
Pour éradiquer le produit du marché, la dermatologue invite les autorités à s'engager. «Le ministère de la Santé et l’Ordre des médecins doivent interdire aux cosméticiens de mettre l’enseigne au niveau des tableaux d’affichage ou banderoles, mais aussi les publicités mensongères qui favorisent la pratique», préconise la dermatologue.
Quant à Awa Dia Thiam, présidente de la Commission santé à l’Assemblée nationale, elle est d’avis que «la dépigmentation devient banale. Et pourtant, ajoute-t-elle, 52 à 67% des femmes la pratique. La femme sénégalaise aime se faire belle et être coquette, alors qu’elle ignore les conséquences de la pratique. Le problème, c’est on ne sait pas ce qu’on nous donne comme produit. C’est pourquoi, il est important que les députés sachent tous les méfaits de la dépigmentation, qu’ils aient toutes les informations vu que nous sommes des vecteurs diffuseurs de messages».
Le «xessal» expose à des maladies contagieuses comme la gale
«Nous allons sensibiliser sur les problèmes de la dépigmentation, mettre un frein à la circulation de la dermatocoïde. Venir vers les professionnels pour les appuyer à lutter contre ceux qui se disent cosméticiens et qui font autre chose. C’est très choquant, les fréquences montrent que c’est plus de la moitié des gens qui font la pratique», a déploré Mme Thiam qui demande de «veiller à réduire cette demande économique». Surtout que cela véhicule «des maladies contagieuses comme la gale qui est très fréquente chez les femmes qui font la dépigmentation. Il faut une synergie des actions pour aller de l’avant, pour stopper l’entrée de ces produits».
D’après la députée, «une loi, c’est bien. Mais c’est la mise en œuvre qui demeure un petit souci. Il faut boucher les failles. Mais c’est vrai que la dépigmentation est interdite au ministère de la Santé. Là, nous invitons le ministère à être plus engagé dans la lutte contre ces produits». «C’est les effets secondaires que les femmes recherchent avec cet usage des ces produits dangereux et on espère arriver à les conscientiser sur les dangers», conclut-elle.