DES MAUX QUI GANGRENENT L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR EN AFRIQUE
FINANCEMENT LIMITE, FAIBLE CAPACITE DE RECHERCHE DU SYSTEME, INADEQUATION DE LA PRODUCTION DES CONNAISSANCES.

Le financement limité, l’inadaptation de la production des connaissances, sont entre autres les principaux maux dont souffre le secteur de l’enseignement supérieur en Afrique et plus particulièrement en Afrique subsaharienne.
Dakar abrite, depuis hier, le sommet de l’enseignement supérieur en Afrique. Cette rencontre est une occasion pour les participants d’entamer des réflexions sur les problèmes qui sévissent dans le secteur de l’enseignement supérieur. Et d’après la note d’orientation, l’agenda de développement post-2015 se dessine dans un contexte de demande toujours accrue d’enseignement supérieur en Afrique et de baisse des dépenses publiques, de faibles niveaux de croissance économique et de pauvreté généralisée.
L’approche instrumentalisée à l’enseignement supérieur est un peu susceptible de répondre à l’objectif central de développer et de valoriser les nouvelles connaissances. L’approche économique du savoir qui situe la croissance économique dans les idées nouvelles débouchant sur des innovations scientifiques, techniques, organisationnelles, environnementales ou sanitaires et qui n’est pas dépendante des ressources naturelles a plus de chance de favoriser le développement durable à long terme de l’Afrique.
Parmi la myriade de défis que l’enseignement supérieur Africain doit relever, le document a identifié les quatre domaines qui exigent une attention urgente. Il s’agit du financement limité de l’enseignement supérieur, de la faible capacité de recherche du système, de l’inadéquation de la production des connaissances en relation avec les besoins nationaux et régionaux et de la bureaucratie excessive et la faiblesse des systèmes administratifs dans les établissements universitaires et de recherche. A cela s’ajoute, la fuite des cerveaux, qui est un risque important pour le développement socio-économique de l’Afrique. Car remplacer les professionnels est une lourde entreprise financière. Entre 1990 et 2004, l’Afrique a perdu plus de 20 000 professionnels par an. En 2008, l’Afrique subsaharienne avait 223 000 étudiants inscrits dans les établissements d’enseignements supérieurs hors de leur pays.
Le financement est également un problème majeur. Une étude menée par la Communauté de développement d’Afrique Australe (Sadc) en 2008 a constaté que les niveaux de financements n’avaient pas évolué au cours des dernières années et qu’il existait peu de données sur le soutien du secteur privé à l’enseignement supérieur. La massification due à des inscriptions non prévues, la hausse des étudiants et les défis qui l’accompagnent comme des installations physiques surchargées, des ressources d’enseignement et d’apprentissage inadéquates, un contact réduit entre les enseignants et les élèves et l’ engagement personnel moins qualifié impactent également la qualité.
La massification a abouti à l’émergence et à l’expansion de campus satellites et de fournisseurs privés de qualité variable. Sur le plan de la pertinence, la massification a abouti à l’émergence de la diversification des cours, dont certains ne semblent pas avoir été très pertinents par rapport aux besoins du marché du travail, de l’économie nationale, continentale, ou mondiale. L’absence de formation aux compétences entrepreneuriales a été identifiée comme une déficience majeure. Ces facteurs combinés ont abouti à une augmentation du chômage des diplômés, indiquant un décalage entre la qualité, la pertinence de l’éducation universitaire par rapport aux demandes du marché du travail. Comparée à d’autres continents, l’Afrique investit peu dans la recherche contribuant donc à de faibles résultats. Pour réaliser l’excellence, il est important que les universités africaines mènent et participent à la recherche au niveau national et mondial et diffusent des résultats qui profiteront à l’innovation et au développement.
C’est sous ce rapport que les scientifiques ont émis les recommandations telles que la formalisation d’un Conseil africain de la recherche (Car) doté d’antennes nationales, l’amélioration de la disponibilité de financements des études post licence et de la recherche, l’amélioration de la supervision des études de troisième cycle ; les incitations pour développer et retenir les talents et les capacités locaux. En effet, ces recommandations seront discutées en travaux durant ces trois jours à Dakar. Et pour y remédier, bon nombre de recommandations ont été soumises à l’assemblée afin de permettre de revitaliser l’enseignement supérieur en Afrique.