"On devait me décorer parce que j’ai fait gagner de l’argent à la Sar"
SAMUEL SARR FACE AUX ENQUETEURS DE LA BRIGADE DES AFFAIRES GENERALES
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L’ancien ministre de l’Energie n’est pas resté les bras croisés à écouter les limiers de la Brigade des Affaires Générales (Bag) de la Division des Investigations Criminelles (Dic) lui mettre sur le dos la perte de 9,7 milliards subie par la Société Africaine de Raffinage (Sar) à cause de la fameuse cargaison de brut qui a été facturée avec 40% d’eau. Au contraire, à en croire nos sources proches de l’enquête, durant les 7h (9h-16h) de son audition, il aurait estimé qu’on devait le décorer d’avoir fait gagner la rondelette somme 5 milliards à la Sar qui pendant 30 ans (de 1976 à 2006) , n’est jamais arrivée à sortir la tête hors de l’eau.
Samuel Sarr n’avait pas un avocat ses côtés mais face aux enquêteurs de la Brigade des Affaires Générales (Bag) de la Division des Investigations Criminelles (Dic), il se serait bien défendu, selon des sources proches du dossier. D’ailleurs l’ancien ministre de l’Energie a estimé, durant sa longue audition qui a démarré à 9h pour ne prendre fin qu’à 15h 53 mn, que pour avoir fait gagner en 2007, cinq (5) milliards à la Société Africaine de Raffinage (Sar) qui n’avait pas fait de bénéfice de 1976 à 2006, on devait au contraire le décorer au lieu de lui chercher des poux dans la tête. Mieux, il a permis à la boîte d’obtenir un financement pour combler son déficit de 89 milliards enregistré entre 2000 et 2006. Sans compter un autre financement de 250 millions d’euros, soit 160 milliards de francs Cfa.
Pour ce qui est de l’affaire qui lui a valu une seconde comparution hier, nos sources bien au fait du dossier révèlent que Samuel Sarr est revenu hier sur des explications qu’il avait fournies le mois dernier. Ces justifications écrites étaient contenues sur 16 pages, accompagnées de 100 annexes.
Dans le détail, Samuel Sarr aurait dit qu’il est impossible que la cargaison ait été réceptionnée avec un taux de 40 % d’eau. Si c’était le cas, la Sar n’aurait pas pu se retrouver 122.000 tonnes de carburant raffiné. En réalité, aurait expliqué l’ancien ministre de l’Energie, la cargaison ne vaudrait que 73.000 tonnes soit 40 milliards de francs Cfa. Une situation qui rendrait impossible le remboursement de la lettre de crédit de 65 milliards de francs Cfa avalisé par la Banque nationale de Paris (Bnp).
Il aurait continué à démonter le rapport de l’Inspection générale d’Etat (Ige) en indiquant que la perte de 9,7 milliards de francs Cfa n’a été retracée dans aucun état financier de la Sar. Mieux, une telle perte ne peut pas échapper à toute la chaîne de contrôle qui va de la Bnp à la douane.
Samuel Sarr qui était entendu à titre de témoin est reparti libre.
L’ancien ministre de l’Energie sous Wade, visiblement éprouvé par la longueur de l’audition, n’a pas jugé utile de livrer les détails de son face à face avec les limiers. Samuel Sarr a demandé que la presse lui laisse le temps de rendre compte à son parti avant de faire face à la presse. «Vous serez informés», a-t-il seulement lancé malgré les nombreuses relances des journalistes.