DITES MONSIEUR TANGUISCH !
SALIOU AÏDARA, 25 ANS, VENDEUR DE TANGANA

Marié et père de deux enfants, le Malien Saliou Aïdara est un vendeur de Tangana aux Hlm Grand-Yoff. Agé de 25 ans, il gagne bien sa vie avec ce commerce.
Sa timidité est frappante. Pour un rien, l’homme sourit et baisse le regard. Mais sitôt qu’un acheteur fait sa commande, Saliou Aï- dara se ressaisit. D’un coup de maître, le client est servi. Le jeune Aïdara se veut «professionnel». Il fait preuve d’une grande habileté dans son travail.
Le tangana, c’est sa vie. Un amour pour lui. Cet amour qui l’a poussé à quitter son village natal au Mali pour migrer au pays de la Téranga. C’était en 2003. «J’ai toujours pratiqué ce métier dans mon pays, cependant j’ai décidé de venir au Sénégal pour y faire valoir mes talents en matière de cuisine et pour y gagner beaucoup d’argent», fait savoir le Malien, sans sourciller.
Comme tout début est difficile, Saliou Aïdara joue la carte de la prudence. Loin de vouloir faire ses affaires tout seul afin de prendre son destin en main, le vendeur de tangana ne se précipite pas. Il est accueilli par son frère Assane Aï- dara aux Hlm Grand-Yoff. Ce dernier s’activant dans ce domaine depuis plusieurs années. Là, Saliou Aïdara va apprendre d’autres astuces.
«C’est grâce à Assane Aï- dara que j’ai appris ce travail et aujourd’hui, je le fais bien, mieux que quiconque d’ailleurs. A mes débuts, je n’étais qu’un amateur», reconnaît-il, le sourire aux lèvres. Pourtant même s’il était en «apprentissage » chez son frère, ce dernier lui remettait une somme à la fin de chaque mois.
Les années passent et le commerce des frères Aïdara se fructifie davantage. Le besoin de recruter d’autres travailleurs se fait sentir avec l’affluence des clients. L’endroit est bien prisé. «Nous avons des employés qu’on paye tous les mois. Ils proviennent du Mali comme nous. Je peux dire que nous sommes des parents», a-t-il soutenu.
Avant de faire remarquer : « maintenant, mon frère et moi, nous nous partageons les bénéfices de la vente alors que je n’ai dé- boursé aucun franc au début. Je suis devenu son associé». Le succès aidant, Saliou Aï- dara se retrouve dans le téléfilm, «Un Café Avec» diffusé à la Tfm. Comme vendeur de…tangana. Encore. Son apparition dans la série fait la promotion des Tanganas.
En fait, avec la conjoncture, certaines personnes ne mangent plus à la maison. Elles préfèrent aller dans ces lieux pour se nourrir. Le constat est là : c’est rapide et pas cher. Mieux, c’est la gent masculine qui occupait plus les places. Toutefois, depuis chez «Tanguisch», la donne a changé.
Les filles ne se gênent pas d’aller dans les tanganas. Lesquels sont, en ce moment, très prisés. Pour autant, Saliou Aïdara précise : « Notre tangana a toujours eu du succès. Pour dire que ce n’est pas à cause du téléfilm. Si j’y ai participé, c’est par l’intermédiaire d’un ami qui s’appelle Vieux, il fait partie du Staff.
A la suite de leur demande, je suis resté pendant presque un mois avant de donner mon accord. C’est après qu’il m’a mis en rapport avec les producteurs». Néanmoins, le vendeur déclare que beaucoup de choses ont changé. Une amélioration.
« On a plus de clients ce qui fait que notre chiffre d’affaires augmente de jour en jour», dit-il. Mais, il y a un prix à payer. « Jouer dans la série n’est pas une chose facile. C’était difficile pour moi de faire correctement mon travail alors que je le maîtrise bien. J’ignore même la raison. Peut-être, c’est à cause des caméras.
En sus, quand on doit tourner des séquences, on s’arrange à ce que les clients quittent plus tôt que prévu le tangana pour tout organiser avant l’arrivée des acteurs. Parfois, on enregistre vers 3 heures du matin», raconte ce marié et père de deux enfants, bien assis dans son local spacieux et décoré.
De plus, le tangana respire la bonne humeur et la propreté. «Il faut de la propreté dans ce travail car cela attire la clientèle. Il n’y a pas de secret», lance-t-il, d’un ton calme et serein. De teint noir, vêtu d’un tee-shirt rouge avec un pantalon bleu dévalé, le jeune Aïdara est dans son milieu.
Ce fan du footballeur malien Seydou Keita et du Lionel Messi du Baça parvient à subvenir aux besoins de sa famille avec son boulot. Rien que ça ? Non ! Saliou Aïdara vise plus loin. Il est ambitieux. «Je veux avoir des maisons grâce à ce travail».
Son ambition se réalisera un jour. Pour l’instant, une demoiselle s’impatiente. Elle demande son café au lait. L’entretien s’arrête là. Et le cliquetis du verre au contact de la cuillère redémarre…