IMMORTEL
DE LA PARTICULE FANTÔME À LA DÉCHARGE PUBLIQUE, MANDELA DÉJÀ HONORÉ DE SON VIVANT
JOHANNESBURG, 12 déc 2013 (AFP) - Un fossile d'oiseau, une particule nucléaire qui n'existe pas, des chrysanthèmes, moult rues et avenues dans le monde entier et même une décharge publique... Nelson Mandela est sans doute la personne qui a été la plus honorée de son vivant.
Au-delà des traditionnelles plaques de rues, Mandela a eu droit à des hommages particulièrement variés, bien avant sa mort.
En 2012, des biologistes français et allemands ont baptisé "Australopicus nelsonmandelai" le fossile d'un pic, le plus ancien oiseau jamais trouvé sur le continent africain qui appartient à une espèce fossile jusqu'alors inconnue, "un peu comme un cadeau scientifique pour son 94ème anniversaire".
L'histoire ne dit pas si des chrysanthèmes "Madiba" seront déposés sur sa tombe, à son enterrement dimanche. Mais une société d'horticulture néerlandaise a donné son nom de clan --affectueusement adopté par la majorité des Sud-Africains et désormais mondialement connu--, à une série de petits chrysanthèmes de sa conception, blancs, crèmes, jaunes, pourpres, rouges ou roses, en 2005.
On trouve aussi dans les parcs sud-africains un protéa Madiba (Protea cynaroides), de la série la plus noble des "king proteas": sa fleur rouge vif éclot entre août et octobre.
Le jardin botanique de Kirstenbosch, au Cap, a également dédié au premier président noir du pays une variété de strelitzia (ou oiseau de paradis) jaune en 1994, l'année de son élection, le "Mandela's Gold".
Des chercheurs de l'université britannique de Leeds avaient déjà honoré Mandela en baptisant une particule nucléaire à son nom en 1973, alors qu'il croupissait sur l'île-bagne de Robben Island depuis déjà dix ans. Mais leur découverte n'en était pas une, car leur matériel était défectueux.
Après cet épisode scientifique, Leeds a à nouveau célébré Nelson Mandela en 2001. A peine arrivé pour la réouverture d'un parc public portant son nom, il y a lancé aux 5.000 personnes venues l'applaudir à quel point il était heureux d'être à... Liverpool. Agé à l'époque de 82 ans, il a remercié le "peuple de Liverpool" de l'avoir fait citoyen d'honneur de "cette ville renommée", mais éloignée de 120 kilomètres de Leeds.
Ancienne puissance coloniale, le Royaume-Uni a très tôt contribué à cette prolifération d'hommages à Mandela, notamment pour soutenir la lutte anti-apartheid et s'opposer à la complaisance du Premier ministre Margaret Thatcher envers le régime ségrégationniste blanc. Une statue lui a finalement été élevée en 2007 devant le Parlement, à Londres.
Favela Mandela
Ailleurs à l'étranger aussi, on ne compte plus les rues, stades et jardins à son nom, de Bamako à une favela pauvre de Rio de Janeiro. Sans oublier l'aéroport international de Praia au Cap Vert.
A Georgetown, capitale du Guyana, l'avenue Nelson Mandela mène depuis plusieurs années à une "décharge Mandela", qui brûle régulièrement, incommodant les riverains.
Et ce n'est pas fini. Le futur jardin des Halles, au centre de Paris, s'appellera Mandela. Tout comme la place du château royal de Berlin, qui doit être reconstruit d'ici 2019.
En Afrique du Sud --où la plupart de ses logements successifs sont devenus des musées--, de très nombreuses avenues ont déjà été rebaptisées à son nom depuis que l'ANC, son parti, est arrivé au pouvoir en 1994. Mandela a un bout d'autoroute au Cap, un pont suspendu à Johannesburg...
A Pretoria, le cortège funèbre transportant sa dépouille jusqu'à l'amphithéâtre Nelson Mandela à la présidence a emprunté la rue Madiba, croisant l'avenue Nelson Mandela.
L'agglomération de Port Elizabeth (sud) est même devenue Nelson Mandela Bay, siège de l'Université Nelson Mandela. Une quinzaine de townships s'appellent aussi Mandela dans tout le pays.
En Italie, un village de 900 habitants situé à 50 km de Rome s'appelle Mandela, mais son nom était déjà cité par le poète Horace --qui avait une villa à proximité-- dans ses Epîtres, en 19 avant JC: "Pour moi, toutes les fois que je me repose sur les bords de la Digence, ce frais ruisseau qui abreuve le bourg de Mandela, où le froid est toujours si vif, que penses-tu, ami, que je sente et que je désire?"