LA FIDH SALUE L’INCULPATION DE MOUSSA DADIS CAMARA
MASSACRE DU 28 SEPTEMBRE 2009 A CONAKRY

La fédération internationale des Droits de l’homme (Fidh) et ses organisations partenaires en Guinée, l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme et du citoyen (Ogdh), l’Association des victimes, parents et amis du 28 septembre (Avipa) se sont félicitées de l’inculpation de Moussa Dadis Camara, suite au bouclage des enquêtes sur le massacre des civils le 28 septembre 2009 à Conakry. C’est ce que nous apprend un communiqué reçu hier à notre rédaction.
«Nos organisations se félicitent de l’inculpation de Moussa Dadis Camara, attendue depuis longtemps par les victimes aux côtés desquelles nos organisations sont constituées parties civiles. Cette avancée majeure dans le dossier du 28 septembre constitue un pas décisif vers la tenue d’un procès crédible et nos organisations se félicitent que la justice ait pu accomplir son travail en toute indépendance», peut-on lire dans ledit communiqué. Selon le même document, Me Drissa Traoré, vice-président de la Fidh, «l’inculpation de Moussa Dadis Camara constitue l’aboutissement de plusieurs années d’enquête.
«L’inculpation de Dadis Camara démontre que tous les citoyens de ce pays sont égaux devant la loi. Surtout, elle est la preuve que la justice guinéenne est aujourd’hui plus forte. Notre espoir est grand qu’un procès à la hauteur de nos attentes pourra bientôt se tenir dans notre pays», a déclaré Mme Asmaou Diallo, présidente de l’AVIPA. Selon la source d’information, «Une commission rogatoire internationale avait été émise par les juges en charge de l’affaire en 2011, afin qu’il soit entendu en qualité de témoin par les autorités judiciaires du Burkina Faso». Cette audition, nous renseigne toujours le texte, «avait finalement eu lieu en 2013».
Mais «une nouvelle commission rogatoire internationale visant à l’inculper avait été émise dès le mois de février 2015, bien avant que Dadis Camara ne déclare vouloir se présenter à l’élection présidentielle», ajoute le communiqué.
«La FIDH, l’OGDH et l’AVIPA, aux côtés d’une vingtaine d’organisations de la société civile guinéenne, avaient immédiatement dénoncé cette candidature, qui n’a pas d’autre objet pour Dadis Camara que de se soustraire à la justice guinéenne et de négocier les conditions de son impunité. Nous nous félicitons que cette candidature n’ait pas entravé la bonne marche de la justice et que celle-ci ait pu poursuivre son travail en toute indépendance» a déclaré Mme Souhayr Belhassen, présidente d’honneur de la FIDH.
En effet, il était déjà établi dès décembre 2009 par la commission d’enquête internationale mandatée par les Nations Unies quelques semaines après les évènements du 28 septembre «qu’en raison de sa qualité de chef d’État militaire, la responsabilité pénale directe de Dadis Camara pouvait être engagée». Toutefois, la situation politique au Burkina Faso avait rendu difficile «l’exécution de la commission rogatoire internationale décidée par les magistrats en charge de cette affaire».
«Nos organisations rappellent que les crimes commis au stade du 28 septembre puis au cours des jours qui ont suivi, notamment dans les principaux camps militaires de Conakry, les camps Alpha Yaya et Koundara, ont causé la mort de plus de 157 personnes», déclare le communiqué. «Plus d’une centaine de femmes ont été violées, d’innombrables personnes ont été violentées, torturées ou portées disparues. Quinze personnes sont aujourd’hui inculpées pour ces faits, parmi lesquelles les anciens plus hauts responsables de la junte du CNDD», conclut la source.