LA POPULATION PAS SUFFISAMMENT INFORMEE
PASSAGE DE L’ANALOGIQUE AU NUMERIQUE

Le règne de l’analogie prend fin le 17 juin 2015, place au tout numérique. Au Sénégal, à un peu plus de deux mois du basculement, les populations ne se sentent même pas concernées par un sujet aussi important qui, pourtant, les interpelle directement. Elles n’ont aucune idée de ce qui les attend et ne croient pas, du moins pour le moment, à l’effectivité de l’application de cette directive de l’UIT qui risque de faire perdre l’image à beaucoup de ménages disposant encore de téléviseurs analogiques.
A moins de trois mois de la date butoir pour le basculement vers le «tout numérique» le 17 juin 2015, la population Sénégalaise n’est pas suffisamment préparée à cette perspective, même si l’Etat se dit prêt. Les quelques quartiers de Dakar, notamment Grand Yoff, Sicap, Niarry Tally, Ben Tally, que nous avons visités nous édifient à cet effet. Dans la majorité des maisons où nous sommes rendus, les habitants n’ont aucune idée de ce qui peut leur arriver à partir du 17 juin. Non seulement, ils n’ont aucune information à ce sujet, mais ignorent que les téléviseurs analogiques qu’ils utilisent jusque-ici vont perdre l’image.
Allez leur parler de passage vers le numérique, ils vous rétorqueront: «c’est quoi le tout numérique ? A quoi rime le passage de l’analogie au numérique ?», demandent certains. Après explication, ces populations lancent: «notre préoccupation, c’est d’abord le manger. Nous n’avons pas de quoi nous payer un décodeur, le cas échéant». D’autres diront que c’est à l’Etat de leur trouver des décodeurs pour éviter le scénario des écrans noirs. «Nous refusons catégoriquement d’en acheter, car c’est à l’Etat de le faire à notre place. Nous payons nos impôts convenablement», confient-ils.
Ce genre de raisonnement en dit long sur le niveau d’information de la population qui ne sait pas véritablement de quoi il s’agit. On n’aurait dit qu’il y a une sorte de fossé entre gouvernants et gouvernés, la communication n’est pas passée. Les masses sont toujours dans l’ignorance en ce qui concerne cette nouvelle ère du numérique. «Il fallait au moins ouvrir une vaste campagne de publicité pour informer et sensibiliser les Sénégalais sur les tenants et aboutissants de ce basculement. Mais il n’en est rien», ont suggéré d’aucuns, dans la foulée.
Le Secrétaire d’Etat à la communication M. Yaham Mbaye qui présidait la 8ème session ordinaire de l’Union africain de la radiodiffusion (UAR) le 14 mars dernier sur l’avenir de la radiodiffusion en Afrique, avait certifié qu’au soir du 17 juin prochain, le passage de l’analogie au numérique sera opérée sur tout le territoire national. Car, le gouvernement a pris toutes les dispositions nécessaires pour que la transition soit effective à ce jour. Le président de l’UAR, Khelladi Tewfik, en ce qui le concerne, avait dit que pour survivre et éviter que les chaines de télévision étrangères nous envahissent, nous sommes obligés de fournir des efforts pour entrer dans l’ère du numérique.